Le plus puissant lobby
des patrons européens
veut saboter
les engagements climatiques de l’UE
Soutenir publiquement pour mieux saboter officieusement
BusinessEurope,
le lobby
des patrons de grands groupes
en Europe
Le memo a été révélé par Euractiv, un réseau de médias consacré aux affaires européennes financé par des partenaires publics et privés. Il dévoile la stratégie de BusinessEurope, une association patronale européenne qui défend les intérêts d’entreprises sur la scène européenne, face aux annonces de l’UE pour revoir à la hausse ses ambitions climatiques.
Ironie du sort, certains des partenaires privés d’Euractiv font également partie de BusinessEurope. Parmi eux, des acteurs de la tech comme Microsoft, Facebook, Huawei, mais aussi de l’agro-chimie comme Bayer (qui a racheté Monsanto) et Dow. BusinessEurope regroupe aussi les intérêts de leaders dans le domaine de l’énergie comme Engie, Siemens et EDF. Au total, BusinessEurope regroupe les associations patronales de 34 pays européens. Est-ce grâce à la fuite interne d’une de ces compagnies qu’Euractiv a pu se procurer le memo ? Une chose est sûre : la stratégie qui y est annoncée pour contrer les efforts de l’Union Européenne vers des objectifs climatiques ambitieux fait froid dans le dos.
Soutenir publiquement
pour mieux saboter officieusement
Ce memo a été écrit suite à plusieurs prises de paroles d’officiels européens allant dans le sens de plus grands objectifs pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
En juin 2018, Miguel Arias Canete, commissaire européen à l’action climatique, a ainsi proposé de les relever de 40 % à un peu plus de 45 % d’ici 2030. Alors que la chancelière allemande Angela Merkel ne s’était pas positionnée en faveur de cette annonce, le président de la commission européenne Jean-Claude Juncker a validé cette suggestion, lors de son discours du 12 septembre, en précisant que cette demande est « scientifiquement exacte et politiquement nécessaire ».
Miguel Arias Canete – Shutterstock
Le memo très court, qui ne fait qu’une seule page, ne laisse aucune place au doute sur le manque de volonté des plus grands acteurs privés de l’Union Européenne pour respecter cet objectif climatique. Ils veulent tout bonnement les empêcher. Le memo conseille ainsi aux lobbyistes de soutenir de « façon positive toute déclaration publique tant qu’elle ne sera suivie d’aucune législation » et d’utiliser « les arguments habituels » selon lesquels l’Union Européenne ne peut pas assumer la compensation carbone du monde entier, et que de nouveaux objectifs sont inutiles sans une cohésion mondiale.
On assiste ici à des professionnels de la désinformation tellement désabusés qu’ils ne se donnent même plus la peine d’apporter des arguments scientifiques et techniques. Alors même que les européens commencent à souffrir sur leur territoire des effets du changement climatique.
Pour Tara Connolly, activiste chez Greenpeace :
« La Commission européenne a la responsabilité d’avancer, d’ignorer les boniments, les mensonges et les tactiques de retardement des dinosaures que sont les corporations européennes. Il serait irresponsable de tomber dans le panneau des déclarations alarmistes et de ne pas prêter attention aux dangers économiques, sanitaires et environnementaux du changement climatique. »19 septembre 2018 - Laurie Debove
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