Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

dimanche 31 décembre 2017

Café l'Alchimie réouverture mardi 2 janvier et activités prévues à partir du 9 janvier

CHER(E)S ADHERENT(E)S

Nous espérons que vous avez passé un bon Noël !!

Plus que 3 jours et l'année se termine, nous vous la souhaitons paisible et douce et que la nouvelle vous émerveille !

Le café rouvrira ses portes mardi prochain le 2 janvier !

Et en prévision dès le 9 janvier........

Des cours de tango !
Avec Guy
Tous les lundis de 18h à 19h
Première rencontre le lundi 9 janvier

Des cours de japonais !
Avec Tchié (06 41 88 40 06)
Tous les vendredis de 18h à 19h
Première rencontre - découverte le vendredi 12 janvier

Des cours de yoga dynamique de l'étirement
Avec Anne
Tous les samedis de 10h30 à Midi
Date du 1er cours non décidée pour l'instant....

Un atelier d'écriture
« Le verbe et le geste »
Avec Sacha Steurer (06 75 00 47 78)
Tous les mercredis de 18h à 20h
Première rencontre le mercredi 17 janvier

Un atelier cuisine
Avec Morgane (07 82 04 98 28)
Un mardi sur deux à partir de 18h
Première rencontre le mardi 9 janvier

Un atelier « chansons francophones » et du reste du monde
Avec Jean Christophe (07 83 36 77 31)
Tous les 1ers dimanches du mois
Prochaine session le 7 janvier à 17h


3 rue de l'Hospice à Prades
07 83 36 77 31

MERCREDI
De 11h à 15h
MARDI ET SAMEDI
De 9h à 15h
JEUDI
De 18h à 23h

samedi 30 décembre 2017

Lutter contre le chômage ou le chômeur ? #BalanceTonChomdu

Lutter contre le chômage ou lutter contre le chômeur ?


#BalanceTonChomdu



Le




Fainéants, fraudeurs, parasites sociaux, ça suffit ! Il est urgent de dénoncer et de mieux punir tous ces chômeurs qui, selon Christophe Castaner, alors porte-parole du gouvernement, « bénéficient des allocations chômages pour partir deux ans en vacances » [1].

C’est contre ces suspects que s’engage courageusement Emmanuel Macron en prévoyant de supprimer plus durement les allocations en cas de recherche insuffisante, de refus de formation ou de refus d’une offre d’emploi « raisonnable ». Ces mesures existent déjà mais elles seront durcies et renforcées. Le chômeur devra également fournir un rapport d’activité régulièrement. Un gentil cadeau de Noël au président du Medef, Pierre Gattaz, qui exigeait que tout chômeur subisse « un contrôle journalier ou hebdomadaire » [2].

Ainsi, à l’exclusion et à l’humiliation que subit déjà toute personne privée d’emploi, Emmanuel Macron ajoute la suspicion contre les 6 300 000 inscrits à Pôle Emploi. Mesures d’autant plus cyniques qu’en réalité, Emmanuel Macron et son gouvernement savent parfaitement que 86 % des « bénéficiaires » remplissent leurs obligations. Un contrôle mené par Pôle Emploi depuis 2015 et publié en novembre 2017 montre que seulement 14% ont été radiés et que parmi ces radiés, 60 % ne touchaient déjà plus d’allocation chômage ! [3]

La fraude à l’allocation chômage était estimée à 58 millions en 2013 sur les 33 milliards d’allocations versées, soit moins de 0,6 % [4].

Ne doutons pas que le justicier Macron va « en même temps » durcir les mesures contre les fraudeurs fiscaux (soit 3,4 milliards d’euros) et les évadés fiscaux (60 milliards d’euros) car sinon, de mauvais esprits pourraient l’accuser de faire la chasse aux pauvres et d’épargner les riches, ce qui serait fort calomnieux.

Bien souvent, ceux qui dénoncent l’assistanat bénéficient eux-mêmes de confortables allocations. Ainsi Laurent Wauquiez dénonce sur toutes les tribunes « le cancer de l’assistanat », alors qu’il bénéficie lui-même de treize années de droits à la retraite pour avoir passé deux mois au Conseil d’État en 2004 [5] !

La chasse au mauvais pauvre est une vieille coutume. Lors de la campagne pour les primaires de 1976, Ronald Reagan racontait l’histoire de la Welfare Queen à chacun de ses meetings. Une chômeuse de Chicago qui avait 80 noms d’emprunt, trente adresses postales, 12 cartes d’assurance maladie, qui touchait les pensions de réversion de ses quatre anciens maris, qui touchait au total 150 000 dollars de revenus (non fiscalisés) et qui roulait en Cadillac. Un énorme bobard, mais qui a très bien marché pour stigmatiser les assistés (chômeurs, immigrés, malades), parasites responsables de tout les maux.

Opposer « ceux qui travaillent » contre « ceux qui profitent » est une vieille recette qui permet de détourner le ressentiment populaire contre les « mauvais pauvres » et qui désamorce la lutte contre l’oligarchie. Le terme de Welfare Queen (« la reine des allocs ») est resté dans le langage courant avec une connotation raciste. Comme Reagan la situait dans le South Side de Chicago, le quartier noir, chacun comprenait que la Welfare Queen était une mère de famille noire.

Nos chasseurs de chômeurs n’en sont pas encore là, leur com’ est moins énorme mais les principes et les buts sont les mêmes : en finir avec l’État-providence, diviser la classe populaire, affaiblir les luttes et les solidarités…

À ceux qui dénoncent les « assistés », on peut aussi utilement rappeler le montant du « non-recours », c’est à dire les allocations qui ne sont pas réclamées par les ayants droit et dont le total est estimé à 12 milliards d’euros ! Non réclamés par manque d’information, par découragement ou par honte de demander des aides.

Mais ce que vise Macron en la matière, c’est le modèle allemand. Il le répète avec enthousiasme, « l’Allemagne a formidablement réformé » [6]. En effet, en dix ans, grâce au plan HARTZ, le chiffre du chômage en Allemagne a été réduit de moitié. Une grossière astuce qui consiste à transformer les chômeurs en travailleurs pauvres. Surveillance constante, renforcement des contrôles, réduction et suppression des allocations ; des millions de chômeurs allemands ont été réduits à accepter n’importe quel boulot minable et sous-payé, sortant ainsi des statistiques du chômage. Car si le taux de chômage en Allemagne est d’environ 5 %, le taux de travailleurs pauvres est de 22 %, alors qu’il est de 8,8 % en France pour un chômage voisin de 10 %. 

Mais c’est LE CHIFFRE du chômage qui compte, non pas les travailleurs pauvres, pas plus que les chômeurs d’ailleurs, pas plus que le chômage. Seul compte LE CHIFFRE. Peu importe les moyens employés pour le faire baisser. Les médias ne diffuseront que LE CHIFFRE et l’opinion ne retiendra que LE CHIFFRE.

Faut-il rappeler que chaque année en France, le chômage tue cent fois plus que le terrorisme ? En novembre 2014, au terme d’une longue étude auprès de 6 000 chômeurs de 35 à 64 ans, l’Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale (INSERM) indiquait que le chômage tue 14 000 personnes chaque année [7] .

Qu’est-ce qu’on fait, on s’indigne ou on réagit ?

Daniel Mermet


Notes

[1Christophe Castaner, BFMTV, 16 octobre 2017
[2Pierre Gattaz, conférence de presse mensuelle, 17 octobre 2017
[6Ouest France, 13 juillet 2017


 Source : https://la-bas.org/la-bas-magazine/textes-a-l-appui/balancetonchomdu


vendredi 29 décembre 2017

Tirage de maillot : carton jaune pour De Rugy


Tirage de maillot : 

carton jaune pour De Rugy



 Par Clémentine Autain, Députée de Seine-Saint-Denis (FI), membre du bureau de l’Assemblée nationale



François Ruffin en maillot à l'Assemblée, le 7 décembre. Capture d'écran. DR


Pour avoir revêtu le maillot d'un petit club de football, François Ruffin s'est vu infliger une amende par le président de l'Assemblée nationale. A la veille du bureau de l'Assemblée, Clémentine Autain pointe le ridicule de la situation et la disproportion d'une telle décision.



La sanction fut inédite, sévère, immédiate. Sans peur du ridicule, le président de l’Assemblée nationale a exigé 1 378 euros d’amende à un député, sine die. Une première. Monsieur de Rugy s’est emporté, il a énoncé cette décision avant même toute consultation du bureau, instance pourtant légitime pour ce type de sanction. Il n’aura échappé à personne que le député mis en cause, François Ruffin, appartient à un groupe d’opposition, et pas n’importe lequel, celui qui tient particulièrement la dragée haute à la macronie.

Qu’a bien pu faire le député de la Somme ? Aurait-il proféré des cris de chèvre alors qu’une députée intervenait dans l’hémicycle ? A-t-il omis de déclarer des comptes offshore à la Haute autorité pour la transparence de la vie publique ? Injurié violemment un collègue ? Improvisé un meeting à la buvette de l’Assemblée ? Envoyé à l’hôpital son rival aux législatives en lui donnant des coups ? Rien de tout cela.

Mais, aux yeux du Monsieur de Rugy, François Ruffin a commis un crime de lèse-majesté : jeudi 7 décembre, il a porté dans l’hémicycle le maillot d’un petit club de football pour soutenir la proposition de loi UDI-Agir de taxer les gros transferts pour financer le sport amateur. Notre collègue Ruffin est monté à la tribune de l’Assemblée et, dévoilant le maillot vert de l’Olympique Eaucourt, a dénoncé la folie du sport business et énoncé la réalité des bénévoles «qui lavent, plient et rangent les maillots pour pas un rond», révélant «le don de soi dans une société où tout se marchande». Une belle démonstration au service d’une proposition simple : prendre une partie de l’argent généré en haut pour l’affecter aux petits clubs qui en ont besoin, et donc mieux répondre aux besoins de la population. Digne.

C’en fut trop pour monsieur de Rugy qui a crié à l’indignité vestimentaire, au non-respect de l’institution. Il serait assez ahurissant qu’une assemblée qui prétend se mettre à l’heure de la modernité, celle où les réseaux sociaux permettent une diffusion grand public des interventions parlementaires, se braque contre le port d’un simple tee-shirt qui fait sens avec le propos, qui offre une performativité au discours. On peut politiquement discuter de ce choix et du fond de la proposition. Mais que le président de l’Assemblée ait vu rouge au point de sanctionner financièrement François Ruffin est stupéfiant.

Surtout au moment même où le président de la République, Emmanuel Macron, n’a pas hésité à porter une tenue de pompiers ou de l’armée de l’air pour rendre hommage à certains corps de métiers ! Personne n’a décelé là une extravagance vestimentaire. Personne n’a hurlé pour rappeler la dignité due à la fonction. Cherchez l’erreur…

La réglementation, l’indignation, la sanction ne peuvent être à géométrie variable. Le pouvoir du président de l’Assemblée ne saurait être exercé au mépris des règles ou en vue de combattre l’opposition. Or aucune précision sur la tenue vestimentaire exigée n’est contenue dans le règlement de l’Assemblée. Pour mémoire, suite aux plaintes exprimées par certains groupes parlementaires attachés à une certaine forme de tradition dans l’hémicycle, François de Rugy, interrogé par les journalistes du Lab (Europe 1), avait défendu une «liberté vestimentaire». Celle-ci a vite trouvé sa limite… De façon unilatérale, contre La France insoumise. La ficelle est trop grosse pour ne pas être ridicule. Elle ne serait que ridicule si le respect dû à notre groupe et au règlement de l’assemblée n’était pas bafoué par un usage totalement disproportionné de la police des débats. Gageons que le bureau de l’Assemblée, mercredi 20 décembre, remettra à l’endroit ce que De Rugy a mis à l’envers.


Clémentine Autain Députée de Seine-Saint-Denis (FI), membre du bureau de l’Assemblée nationale


Source : http://www.liberation.fr/debats/2017/12/19/tirage-de-maillot-carton-jaune-pour-de-rugy_1617726

jeudi 28 décembre 2017

Le loup a le droit d'exister à l'état sauvage ! Et pourtant...



http://www.cap-loup.fr/actualites/bilan-des-loups-tues/

Gazoduc Step : la connexion au marché européen de l’énergie


Gazoduc Step : la connexion 

au marché européen de l’énergie


 Publié le

Une concertation « avec garant » a démarré fin novembre autour du projet de gazoduc Step, entre le Perthus et Barbaira. Ce gazoduc renforce la connexion franco-espagnole des réseaux et, au-delà, s’insère dans la politique européenne de grand marché de l’énergie.



Pose de conduite dans le Bordelais (photo TIGF).



Avec le feu vert du président Macron, TIGF se prépare à lancer le projet Step, nouvelle interconnexion, prévue pour 2022, des réseaux de transport de gaz français et espagnol avec la réalisation du tronçon Hostalric (province de Girona)-Barbaira (Aude).
 
Au préalable a lieu une concertation « avec garant » agréé par la Commission nationale du débat public (CNDP) (1). La concertation est menée par TIGF depuis le 21/11/2017 jusqu’au 23/01/2018 (voir les dates en fin d’article). L’enquête publique devrait suivre en 2020.

Dans sa partie française, STEP (South Transit East Pyrenees, Trajet Sud par l’Est des Pyrénées) donnera lieu à la construction, à partir de 2021, d’une canalisation enterrée (1 m de profondeur minimum) d’un diamètre de 90 cm pour relier la station de compression existante de Barbaira (Aude) à la frontière espagnole, soit 120 km environ jalonnés par sept à huit « postes de sectionnement« , qui servent à la surveillance et à la maintenance du réseau (ils peuvent aussi permettre la connexion à une nouvelle conduite).

TIGF note que si Step (et l’interconnexion avec l’Espagne) n’aboutissait pas, des travaux seraient nécessaires pour renforcer le réseau régional Aude/Pyrénées-Orientales, qui à terme aura du mal à répondre aux besoins.

L’un des objets de la concertation portera sur le tracé. Une aire d’étude de 2 800 km² a été pré-établie ; elle va de la région du Perthus à Barbaira par la région de Thuir et de Baixas, Tautavel-Opoul, les Basses Corbières (entre Durban, Fitou, Portel, Saint-André-de-Roquelongue, Boutenac et Ferrals) et le nord de l’Alaric. Avant d’établir cette aire d’étude, sept zones d’exclusion ont été identifiées : la partie la plus accidentée du massif des Corbières, la montagne d’Alaric, le massif de Fontfroide, la zone littorale incluant l’agglomération narbonnaise, l’agglomération perpignanaise, la partie la plus accidentée du massif pyrénéen et le Haut-Vallespir.



L’aire d’étude de Step (Illustration TIGF).


A partir de l’aire d’étude seront définies successivement des zones de plus en plus précises, jusqu’à la sélection d’un ou plusieurs fuseaux de 1 km de large. La concertation publique commence à partir de ce niveau.

TIGF assure prendre en compte au maximum la protection de l’environnement naturel et de la biodiversité. La phase des travaux est celle susceptible d’apporter le plus de dérangements. Les préjudices causés aux agriculteurs seront indemnisés selon un barème « établi avec les chambres d’agriculture« . Après travaux, le sol est remis en place et « la nature et les cultures reprennent leurs droits« . Il reste une bande de servitude de 10 m sur laquelle ne peuvent pas être replantés des arbres de haute futaie.

L’investissement de TIGF est estimé à 290 M€. A la suite de la concertation, TIGF ouvrira un dossier de demande de subvention à l’Union européenne (la sélection du projet comme Projet d’Intérêt Commun européen ouvre droit à ce financement) et à l’Etat. Les collectivités locales ne participent pas au financement. 

Au nom de la sécurité d’approvisionnement et de la concurrence

Dans sa présentation du projet, TIGF note que, selon la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie, la consommation de gaz naturel devrait baisser en France métropolitaine de 16 % entre 2012 et 2013. Mais, poursuit-il, « le gaz naturel reste l’énergie fossile la moins émettrice de CO2 » et devrait donc avoir « un rôle important à jouer dans la transition énergétique« . Il cite l’exemple de l’hiver 2016-2017, au cours duquel « la production d’électricité grâce au gaz naturel est venue compenser l’arrêt simultané de plusieurs centrales nucléaires françaises.« 

Il ajoute : « La production d’électricité grâce au gaz naturel« , plus souple, « permet aussi d’accompagner le développement des énergies renouvelables : les centrales électriques fonctionnant au gaz naturel peuvent prendre le relais des installations éoliennes ou photovoltaïques lorsqu’il n’y a pas de vent ou de soleil.« 

TIGF souligne aussi que « à l’avenir, le réseau de transport de gaz accueillera de plus en plus de gaz d’origine renouvelable. La loi de transition énergétique pour une croissance verte fixe un objectif d’injection de biométhane dans les réseaux de gaz de 8 térawatt-heure en 2023. Notre pays souhaite également atteindre une part de 10 % de la consommation de gaz couverte par une production de gaz renouvelable à l’horizon 2030. Le gaz participera de la même façon au développement d’une mobilité durable avec l’apparition du bio-GNV (gaz naturel véhicule) en tant que nouveau carburant écologique.« 

Les arguments de TIGF reprennent le discours officiel. Les objectifs de Step s’inscrivent dans la politique européenne visant à construire un marché intérieur de l’énergie et c’est à ce titre que Step a obtenu le statut PIC (Projet d’Intérêt Commun) auprès de la Commission européenne.

Cette politique européenne s’appuie officiellement sur la sécurité d’approvisionnement, sur la mise en compétition des expéditeurs gaziers censée assurer de meilleurs prix aux consommateurs (entreprises et particuliers) et sur l’intégration des énergies renouvelables.

Step, concrètement, reliera la France au réseau espagnol et donc potentiellement au gaz algérien qui arrive par le gazoduc sous-marin MedGaz à Almeria (en provenant de Beni Saf), mais aussi aux terminaux portuaires espagnols (Barcelona, Sagunt et Cartagena), où arrive du GNL (gaz naturel liquéfié) provenant du Qatar, du Nigeria et de Trinidad et Tobago.


Carte des réseaux TIGF/Enagas (illustration TIGF).

L’Espagne est également reliée au Maroc par le gazoduc sous-marin Tanger-Tarifa, qui traverse le nord du Maroc et est également connecté aux champs gaziers algériens.

Mais jusqu’à présent l’actuelle connexion inter-frontalière par l’Ouest des Pyrénées a été utilisée uniquement dans le sens France-Espagne, pour les importations espagnoles.

Comme la connexion THT (très haute tension) entre la France et l’Espagne par le Perthus, la connexion gazière participe de la mise en place du grand marché européen de l’énergie impulsé par l’Union européenne. Elle a commencé, à partir de 2004, par l’ouverture du marché de l’électricité et du gaz aux entreprises puis aux particuliers, c’est-à-dire par le début de la fin du service public.

L’UE met en avant l’intérêt de la « mutualisation » de l’énergie entre ses États membres. En réalité, le « marché européen de l’énergie » n’est autre que l’ouverture au marché mondial, qui facilite l’approvisionnement en énergies fossiles venant de Russie, du Proche et du Moyen-Orient, d’Afrique du Nord et au-delà. Un marché qui n’est plus contrôlé par les grandes entreprises d’État mais par des opérateurs privés (producteurs, fournisseurs, courtiers, transporteurs, distributeurs).

Dans un article du Monde Diplomatique d’octobre 2011, « Enquête sur une industrie contestée. L’ouverture du marché de l’électricité ou l’impossible victoire du dogme libéral« , le journaliste Tristan Coloma dresse un constat qui peut aussi s’appliquer au marché du gaz. Il estime que la libéralisation du marché européen de l’électricité, contrairement à ses promesses, n’a pas fait baisser les prix à la consommation, au contraire. Certes, elle a favorisé la concurrence entre les sociétés de production mais avec un effet pervers, qui est la forte concentration de ces entreprises, par fusion et acquisition, ce qui tend à créer une situation de monopole.

Ainsi, tout en participant par ses États membres aux objectifs de l’Accord de Paris Cop21, sur un discours de transition énergétique, l’Europe poursuit dans les faits le développement du marché des énergies fossiles. Step, qui est présenté comme indépendant du grand projet MidCat (lire ci-dessous), se situe pourtant dans la logique de l’Union européenne qui est de perpétuer l’exploitation des énergies fossiles parce que c’est elle, pour l’heure, qui représente la plus grande opportunité de profit pour les multinationales de l’énergie.

Ph.C.

1) Cette concertation préalable, non obligatoire, répond à la nouvelle ordonnance de 2017. TIGF a choisi de saisir la CNDP pour qu’elle lui permettre d’organiser cette concertation avec garant. Ce garant remettra un rapport à la CNDP. Comme pour le débat public ses conclusions ne sont pas contraignantes en matière de validation du projet mais elles peuvent comporter des engagements de la part du maître d’ouvrage.

En savoir plus :


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Dates et lieux des réunions publiques

Elles ont lieu, chaque fois à 18 h, à Thuir (MJC, 27/11), Rivesaltes (Salle des Dômes, 28/11), La Palme (Salle Jean Moulin, 29/11), Saint-Jean-Pla-de-Corts (salle socio-culturelle, 30/11), Estagel (Salle Arago, 12/12), Fabrezan (salle des fêtes, 13/12), Tuchan (Foyer Jean Jaurès, 14/12).

Réunions de clôture à Perpignan le 22 janvier à 18 h (Palais des Congrès) et à Narbonne le 23 janvier à 18 h (Montplaisir, salle des foudres).

La concertation en ligne est ouverte sur http://www.step-tigf.fr, rubrique « concertation ».
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TIGF et Enagas

Le projet de connexion franco-espagnole est porté par deux maîtres d’ouvrages, l’un côté français, TIGF, l’autre côté espagnol, Enagas, première société espagnole de transport de gaz naturel, responsable de la gestion du réseau gazier.
TIGF (Transport et Infrastructures Gaz de France), gestionnaire d’infrastructures de transport et de stockage de gaz dans le grand Sud-Ouest et sur l’ensemble du massif pyrénéen, est une ancienne filiale de Total, créée en 2005 par ce groupe pour reprendre les activités précédemment assurées par le service transport de Gaz de France. Total l’a cédée en 2013 à un consortium constitué par l’opérateur italien Snam (45 %), le fonds de l’État de Singapour GIC (35 %) et EDF (20 %).

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Mobilisation des opposants en Espagne…

En Espagne, la construction en 2011 du gazoduc MidCat (avec lequel Step va se connecter) entre Martorell, près de Barcelona, et Hostalric (au sud de Girona), a soulevé l’opposition d’associations locales. Elles se sont récemment fédérées dans la Plateforme de Riposte au MidCat (Plataforma Resposta al MidCat). Elles font valoir que, dans le Vallés (à l’ouest de Barcelona), les travaux du gazoduc ont créé « de sévères dégâts à l’environnement » et que le plan de revégétalisation prévu n’est pas appliqué.

 
Une mobilisation coordonnée en Espagne.


Ces opposants soulignent aussi que la fracturation hydraulique est légale en Algérie depuis 2013 et que du gaz issu de fracturation hydraulique arrive des États-Unis en Espagne sous forme de GNL.

Pour leur part, « Ecologistas en acción », membres du Réseau (franco-espagnol) de Soutien Mutuel en Réponse aux Mégaprojets Énergétiques, s’oppose « à l’Union énergétique (européenne) à cause du modèle énergétique qu’elle défend, hyper-centralisé et obsolète, et à cause de ses objectifs et conséquences : un marché unique sans régulation adéquate et aux mains des grands groupes, qui perpétue le modèle basé sur les combustibles fossiles et nucléaire.«



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…et en France

Une plateforme de vigilance sur le projet MidCat-Step, le « Collectif contre le gazoduc transfrontalier », vient de se constituer le 11 décembre à Perpignan ; il regroupe les associations de l’Aude et des Pyrénées-Orientales, opposées au projet (Alternatiba, Amis de la Terre, Attac). Contact : vigilance.midcatstep@gmail.com

Le collectif demande à la garante de la concertation d’organiser le débat sur l’intérêt même de Step du point de vue de la politique énergétique.

Par ailleurs, les opposants au projet soulignent l’importance des fuites lors de l’extraction du gaz et sa forte nocivité en matière d’effet de serre.


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Michel Boche (TIGF) : « Step est individualisé par rapport à MidCat« 

Pour Michel Boche, responsable à TIGF du projet Step, ce projet a été « individualisé » par rapport à MidCat : en 2015 avait eu lieu une rencontre entre les gouvernements français et espagnol pour renforcer la sécurité énergétique de l’Europe, faciliter la fluidité des échanges et la compétitivité sur le marché de l’énergie. Un programme global, dénommé MidCat, d’un montant de 3 milliards d’euros dont 2 pour la France et 1 pour l’Espagne, avait été évoqué. Il prévoyait un ensemble de projets comme la nouvelle interconnexion entre l’Espagne et la France par l’est des Pyrénées, le renforcement de la compression en France, le projet Eridans dans la Vallée du Rhône…

En France, la Commission de Régulation de l’Énergie, dans son rapport de juin 2016, estimait que le bien fondé du projet de connexion gazière restait à démontrer, au regard de son coût élevé ; elle soulignait la surcapacité existant sur le marché du gaz et craignait un surcoût pour le consommateur du fait de la construction de ces infrastructures.

Pour Michel Boche, à ce jour « il n’y a pas de lien automatique entre MidCat et Step « . Eridans, notamment, a été pour l’heure repoussé, du fait de l’opposition des élus de la Vallée du Rhône. Step (South Transit East Pyrenees, Trajet Sud par l’Est des Pyrénées) vit donc sa vie de son côté, avec l’aval de la Commission européenne. Son budget s’élève à 442 M€, dont 290 pour la partie française et 152 pour la partie espagnole.

TIGF, pour la partie française, a lancé fin novembre le long processus qui doit aboutir en 2020 à l’enquête publique : concertation préalable, bilan du garant (qui sera rendu public), prise en compte des éléments de la concertation par TIGF pour faire évoluer le projet, poursuite du dialogue et recherche d’accords amiables avec les personnes impactées (comme les agriculteurs), puis ouverture de l’enquête publique.



Les travaux en zone agricole, ici en Guyenne (Photo TIGF).


Michel Boche insiste par ailleurs sur l’aspect volontaire de la concertation : « elle serait obligatoire à partir de 200 km de réseau, on en est très loin. Nous avons saisi la CNDP pour donner du crédit à l’information sur le projet ; c’est vraiment une saisine volontaire (…) Nous avons une volonté de discuter très en amont du projet avec les parties prenantes, les gens concernés du territoire pour recueillir toutes les demandes d’information, les inquiétudes, et y répondre (…) Nous le faisons toujours. Nous obtenons toujours 90 % d’accords de servitude à l’amiable avant le dépôt du dossier. Nous sommes dans une méthode de concertation pour identifier tous les enjeux et les éviter.« 

La concertation, poursuit-il, « retiendra l’option de passage la moins impactante puis sera suivie d’études très détaillées, faunistiques, floristiques pendant quatre saisons, études domaniales, géotechniques, sur la problématique de l’eau…« 
Les principaux critères d’évitement (des effets impactants du passage du gazoduc) sont, pour TIGF, « l’environnement, les facteurs humains et sociétaux, la sécurité, l’urbanisation, les paysages, les facteurs techniques (dévers, types de roche), mais il n’y a pas de critère économique.« 

Concernant la construction, elle est interdite sur la bande de servitude de 10 mètres (5 m de chaque côté de la canalisation) mais il n’y a aucune contrainte au-delà de ces 10 mètres. Les cultures peuvent être replantées après la fermeture de la tranchée ; pour les vignes et les vergers, on évite que des pieds se situent à la verticale de la canalisation, celle-ci passera plutôt au milieu du rang ; le tuyau est de toutes façons protégé par un revêtement polypropylène ou polyéthylène de 8 mm et l’épaisseur de la canalisation, en acier, est comprise entre 9 et 20 mm.

Pour le passage des ruisseaux, « selon leur taille, leur débit et le risque de crues, la canalisation passe en forage dirigé sous le lit du ruisseau, assez profondément pour ne pas créer d’impact sur les berges.« 

Nous avons par ailleurs demandé à Michel Boche si Step sera susceptible de transporter du gaz de schiste algérien : « La prospection de gaz de schiste en Algérie », dit-il, « est à peine en cours de lancement. Quoi qu’il en soit, la consommation de l’Algérie en gaz est très forte et réduit sa capacité d’exportation. Step n’a pas vocation à faire remonter du gaz algérien vers la France, ni du gaz de schiste : l’Espagne a besoin de gaz et le gaz algérien ne suffit pas ; par ailleurs, le GNL est cher en Europe, les bateaux préfèrent livrer l’Asie, qui a une grosse demande. Que se passera-t-il dans 30 ans je ne le sais pas et je n’ai aucune idée de ce que sera alors la réglementation. »

Autre question sur le biométhane : TIGF met en avant la compatibilité de Step avec le développement de cette source d’énergie et se dit prêt à l’encourager.
 Nous avons demandé des précisions à Michel Boche : « Nous avons lancé« , dit-il, « au printemps 2017 une étude sur la méthanisation avec l’association Solagro. Il s’agit d’identifier, dans l’Aude et les PO, les potentiels de gisements de méthanisation pour injecter du biométhane dans le réseau. Quand l’option de passage (la validation du projet Step) sera choisie, on pourra se rapprocher des agriculteurs pour voir s’ils sont favorables à créer des unités de méthanisation. Nous pourrons alors intervenir, comme nous l’avons fait par exemple dans les Pyrénées-Atlantiques avec le collectif d’agriculteurs Methalayou, pour faciliter le montage financier du dossier et la réalisation de l’unité d’injection. Et de manière générale nous faciliterons les possibilités de raccordement.« 

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Réaction : Miser sur les ressources locales

Nous publions intégralement cette réaction d’Albert Cormary, qui apporte un bon complément d’analyse :

« Décidément, nous vivons une époque où se télescopent les contradictions ! D’un côté, nous apprenons que le projet d’interconnexion des réseaux gaziers européens suit son cours avec le volet franchissement des Pyrénées, à travers le massif des Corbières. De l’autre, les projets locaux de méthanisation émergent et nous commençons à entrevoir la production locale d’hydrogène susceptible d’être injectée dans le réseau de gaz.

L’interconnexion est une idée séduisante à première vue puisqu’elle permet une certaine sécurisation des approvisionnements. Cependant, elle repose sur le postulat que les approvisionnements sont issus de grands pays producteurs. Pays producteurs exploitant des ressources conventionnelles ou non (par exemple gaz de schistes en Algérie) ayant le caractère rédhibitoire d’être fossiles.
De l’autre côté, la méthanisation des ressources locales : déchets ménagers, distilleries, stations d’épuration, etc. est une réalité dans de nombreux pays avancés et peine à émerger chez nous. Un projet de centre de recherche sur le site Lambert à Narbonne doit être regardé comme un encouragement sur la voie à suivre.

Autre ressource locale potentielle : l’hydrogène. La conversion de l’énergie éolienne en gaz est un procédé industriel qui arrive à maturité et est très prometteur pour l’avenir. Cela sur plusieurs voies dont la dilution dans le gaz « de ville » à hauteur de 10 %.

Ces deux ressources sont décentralisées et donc à l’opposé du postulat énoncé au début.

Dans sa plaquette de présentation, TIGF ne s’y est pas trompé et affirme que son projet va faciliter ceux sur les énergies renouvelables promettant même à travers lui de participer au financement de leur raccordement (chantage ?).

La filière gaz est importante pour préparer la transition énergétique. L’énergie fossile la moins émettrice de gaz à effet de serre aura un avenir pour le XXIe siècle comme le montre le scénario Negawatt, à condition que sa production décarbonée progresse significativement. Ainsi, les probablement 300 millions qui seront consacrés au projet d’interconnexion seraient assurément plus utiles, investis dans la recherche sur la méthanisation sèche ou les procédés d’électrolyse par exemple. Quant aux coûts actuels de ces énergies renouvelables, qui aurait parié, il y a 20 ans, que le coût de production de l’éolien serait comparable à celui (officiel) du nucléaire ?

Les promoteurs d’une Europe de l’énergie ont libéralisé le marché de l’électricité en misant sur les interconnexions et ses fantasmes : L’Espagne manque d’électricité, la Suède va lui en vendre proclamait leur slogan. Sauf qu’un MW injecté dans le réseau par la Suède a peu de chances d’arriver en Espagne. Moralité, c’est à l’Espagne de définir ses besoins et adapter sa production avant d’aller acheter ailleurs ce qui passe par les THT honnies.

Ici, c’est un peu la même chose. Nous avons besoin de gaz ? C’est à nous à définir ce que nous voulons et adapter notre production sans aller chercher du gaz de schiste en Algérie !

Cet article a abordé la dépendance aux grands groupes mais il faut y ajouter les enjeux géopolitiques. C’est la dépendance et le coup de main que nous donnons à de riants pays comme l’Azerbaïdjan, le Qatar, etc.

Sur le volet impact environnemental, le gazoduc actuel est une balafre dans le paysage des garrigues. Ce sont des centaines d’ha de pelouses sèches qui ont disparu. Vous en avez un aperçu au nord de Salses. Parfaitement visible depuis l’autoroute ou l’ex RN9. Donc, le maître d’ouvrage a peu de crédibilité là dessus quand il dit que c’est sans incidence… »

Albert Cormary


Source : https://eclairagespublics.wordpress.com/2017/10/30/gazoduc-step-la-connexion-au-marche-europeen-de-lenergie/

mercredi 27 décembre 2017

Quel avenir pour la Zad de Notre-Dame-des-Landes





 Mediapart

Ajoutée le 22 déc. 2017

Si l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes est abandonné, que pourrait devenir la Zad ?

Une zone d'expérimentations où cohabiteraient paysan.ne.s et anciens squatteurs défend le mouvement qui s'est battu contre l'aérogare.

Discussion entre Thomas et Camille, deux habitant·e·s, Angélique, paysanne et Jean-Marie, naturaliste en lutte.



Source : https://www.youtube.com/watch?feature=youtu.be&v=gMyQk4Vt5KE&app=desktop

mardi 26 décembre 2017

« Évacuer la Zad » ? Et si on se calmait, plutôt ?

« Évacuer la Zad » 

Et si on se calmait, plutôt ?

22 décembre 2017 / Françoise Verchère

 



À peine les médiateurs avaient-ils remis leur rapport sur le projet de Notre-Dame-des-Landes que les médias s’obsédaient de l’« évacuation de la Zad », explique l’auteure de cette tribune. Qui juge cette prise de position malhonnête et simpliste. D’autant qu’une évacuation immédiate serait, selon elle, illégale.

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Françoise Verchère est membre du Collectif d’élus doutant de la pertinence de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (CéDpa).

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« Évacuer la Zad » : trois petits mots répétés sur tous les tons pour ajouter à la confusion et empêcher une sortie non violente de l’impasse de Notre-Dame-des-Landes. À peine le rapport des médiateurs sur le projet de nouvel aéroport était-il rendu et analysé — et parfois déformé — que beaucoup de médias sont passés au seul sujet qui leur semble d’importance : l’évacuation de la Zad, quel que soit le choix du gouvernement.

Balayé le fond même du dossier, c’est-à-dire la preuve enfin faite que le processus de décision a été pipé dès 2003. Que l’on n’avait pas étudié l’alternative de l’optimisation de Nantes-Atlantique, et que des mensonges (pardon, des « constats erronés », page 19 du rapport des médiateurs), sont à la base de la déclaration d’utilité publique.

Oubliée aussi la proposition des médiateurs de donner du temps à la négociation pour permettre que se continuent les expériences les plus intéressantes sur un territoire qui serait rendu à sa vocation agricole et naturelle. Sujet trop technique ? Ou trop politique, qui obligerait à s’interroger enfin sur le pouvoir qui décide pour les citoyens mais enrobe ses décisions du voile de la merveilleuse « démocratie participative », avec force débat public, enquêtes publiques et autres garants et commissaires ? Sujet pas assez croustillant, en tout cas. Car, ce qui ferait de belles photos, de beaux reportages à l’heure du JT, et de beaux discours sur l’ordre et l’État de droit, ce serait l’affrontement entre les forces de l’ordre et les gueux, les voyous, les ultraviolents, les ZADISTES.

En France, il y a partout des zones de non-droit

 

On parle donc d’« évacuation, quelle que soit la décision prise sur l’aéroport ». Comme on a parlé de « référendum » en juin 2016 alors qu’il s’agissait d’une « consultation pour avis », on utilise le même mot pour deux cas de figure différents, ajoutant ainsi au malheur du monde en nommant mal les choses.

Il y aurait bien évacuation si le gouvernement décidait malgré tout de construire le nouvel aéroport, évacuation de tous, agriculteurs, habitants anciens et nouveaux, vaches et tritons sans compter les milliers de soutiens qui viendront avec d’autant plus d’incompréhension et de colère qu’aujourd’hui on sait inutile la destruction de ce bocage si précieux. Évacuation, donc, avec un lourd tribut à payer, destruction de toutes les habitations et bétonnage.

Mais, si le gouvernement décide d’arrêter ce mauvais projet, la Zone à défendre change immédiatement de statut. Plus besoin de défendre 1.600 ha de la destruction. Plus besoin de barrages.
Les chemins sont déjà ouverts à tous, la seule route qui ne le soit pas à ce jour, vestige de l’épisode « opération César », s’ouvrira de nouveau, car c’est la logique. La libre circulation fait partie des droits de tous, zadistes ou pas. Mais les cabanes illégales, les voyous qui occupent illégalement des terrains qui ne leur appartiennent pas, diront les tenants de l’ordre ?

Eh bien, oui, ils sont de fait dans l’illégalité, comme tant d’autres en France et en Navarre. Quel maire — je l’ai été — n’a pas à faire face à ces difficultés de stationnement et/ou de constructions illégales ? Le bocage serait-il la seule zone de non-droit ? Le seul où il faille intervenir ? Vaste programme que de rétablir l’ordre et la loi partout… Chacun s’accordera, je l’espère, pour admettre d’abord que, dans un État de droit, seule la justice peut autoriser une intervention.

Il n’est donc pas possible en janvier, toutes affaires cessantes, d’envoyer la troupe nettoyer la Zad parce que ce ne serait pas légal. Pour admettre ensuite que la même sévérité doit valoir pour tous les squatteurs, et toutes les infractions, caravanes et autres yourtes sans autorisation, belles résidences agrandies sans permis, propriétaires des bords de l’Erdre — la plus belle rivière de France coulant à Nantes — qui refusent, malgré la loi, le droit de passage sur leurs terrains (mais il faut dire que ceux-là sont des gens bien, qui peuvent payer les astreintes de la justice qui les a condamnés…).


Ces expériences ont leur place dans un futur apaisé


Ancienne élue, je sais la difficulté de l’équilibre à respecter pour vivre ensemble, j’ai passé des décennies à expliquer la nécessité des règles et à faire face « en même temps », comme on dit aujourd’hui, à la réalité qui oblige à trouver des solutions acceptables. La Zad est née de la volonté de défendre un territoire face aux mensonges et à l’obstination coupable des partisans du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes ; elle a vu naître et croître de belles expériences, n’en déplaise à ceux qui en parlent sans rien connaître réellement de cet espace de vie. Ces expériences-là, de production, de solidarité, de rapports différents à la nature et aux autres ont leur place dans un futur apaisé.

Parce que je ne suis ni naïve ni angélique, je dis aussi qu’il y a sur la Zad des gens avec qui je ne passerais pas une journée ni même une heure, de même que je ne passerais pas une heure avec des tas de gens apparemment bien sous tous rapports (je ne donnerai pas de noms…), mais je dis qu’il y a aussi d’autres habitants, beaucoup d’autres dont je serais fière qu’ils soient mes enfants pour les plus jeunes, parce que je suis admirative de leur créativité et de leurs valeurs. Je constate aussi que chaque jour nous apporte son lot de faits divers, parfois très glauques, sur Nantes et l’agglomération, que je vois dans les rues toujours plus de mendiants, de gens visiblement malades, de pauvres. Dans une indifférence générale. Notre vie collective me semble pourtant plus menacée par cette réalité et notre impuissance collective que par ce qui se passe sur la Zad.

Le verbe est créateur : à force de parler des « armes de destruction massive » que l’Irak était censé avoir (on le savait, on le répétait de source sûre, on y croyait, donc c’était vrai, n’est-ce pas ?), on a eu la guerre. La vérité a fini par être révélée, il n’y avait pas d’armes de destruction massive. Ceux qui présentent la Zad comme un repaire de quasi-terroristes, ne devraient-ils pas s’en souvenir ?

Avec un peu d’avance sur le calendrier, je forme le vœu que le gouvernement abandonne ce projet destructeur et inutile, et qu’il fasse preuve de lucidité et de réalisme en donnant du temps au temps pour trouver les meilleures solutions locales. Qui peut honnêtement penser que cela mettrait en péril la République, à part des fous, des pyromanes ou des journaux comme Le Journal du dimanche et Valeurs actuelles ?



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Lire aussi : Un plan de sortie heureux pour le conflit de Notre-Dame-des-Landes

Source : Courriel à Reporterre

Photos :
. chapô : Une des voies d’accès de la Zad de Notre-Dame-des-Landes. Flickr (Non à l’aéroport de NDDL/CC BY-NC-ND 2.0)

. portrait : DR

- Dans les tribunes, les auteurs expriment un point de vue propre, qui n’est pas nécessairement celui de la rédaction.

- Titre, chapô et intertitres sont de la rédaction.

 


Source : https://reporterre.net/Evacuer-la-Zad-Et-si-on-se-calmait-plutot

lundi 25 décembre 2017

FakeNews sur Notre-Dame-des-Landes



FakeNews sur Notre-Dame-des-Landes



Quand le JDD publie de faux scoops avec des images volées ou détournées

 paru dans lundimatin#127, le 19 décembre 2017


Quand il s’agit de ramener des cliques et des lecteurs, ou d’aller dans le sens d’un certain vent, il peut arriver à certains de nos confrères de prendre leurs aises avec la déontologie. C’est bien ce qu’il semble s’être passé pour le Journal du Dimanche ce 17 décembre avec la publication d’un article intitulé « Notre-Dame-des-Landes : les photos secrètes de la ZAD » (le titre a été modifié depuis).



Le tweet original





Malheureusement pour eux, une photographe indépendante a reconnu dans l’article l’une de ses photos qui n’était pas secrète mais recadrée, altérée, et accessoirement utilisée sans son accord. Elle s’est donc intéressée à l’origine de ces photos présentées au lecteurs du JDD comme « secrètes ». Ce qu’elle a découvert est aussi comique que compromettant pour le journal du dimanche. Nous publions ci-dessous sa contre-enquête publiée sur twitter.

Gageons que ce genre de manipulations risque de se multiplier à mesure que le gouvernement annonce son intention d’expulser les occupants de Notre-Dame-des-Landes. [1]



Le Décryptage

 
























[1Notons que depuis que cette désintoxication a été publiée, le JDD s’est fendue d’une explication peu convaincante sur son site.




Source : https://lundi.am/fake-JDD-ZAD