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lundi 17 février 2025

Autoroute A69 : l’ultime chance de stopper l’installation des usines à bitume

Autoroute A69 : 

l’ultime chance 

de stopper l’installation 

des usines à bitume

 
15 février 2025

 

Le site de l'usine d'enrobé de Puylaurens, où devrait être montée l'usine prochainement. Il s'agirait d'une des plus importantes d'Europe.

 

Deux centrales d’enrobés doivent bientôt s’installer le long du chantier de l’A69. Les riverains, qui dénoncent leur toxicité et des nuisances, attendent une ultime audience, le 18 février, qui pourrait annuler l’autoroute.

Tarn, reportage

En arpentant les collines presque désertes de la vallée du Girou, près du petit village de Péchaudier dans le Tarn, il est difficile d’imaginer qu’à quelques kilomètres de là, une usine à bitume produira bientôt plusieurs centaines de milliers de tonnes d’enrobés pour l’autoroute A69.

Cette usine, située à l’extérieur de Puylaurens, à une vingtaine de kilomètres de Castres, est censée s’installer à partir de mars, selon le planning du concessionnaire Atosca. Une autre doit s’implanter plus à l’ouest, à la frontière entre le Tarn et la Haute-Garonne, à Villeneuve-lès-Lavaur.

Alors qu’une audience capitale se tient le 18 février au tribunal administratif de Toulouse pour déterminer si l’autorisation environnementale de l’A69 doit être annulée et le chantier arrêté, l’installation de ces centrales à enrobés est pour l’instant en sursis. Sans attendre une potentielle décision de justice favorable, les habitants du territoire s’organisent pour prendre en main une véritable question de santé publique.

Le site de l’usine d’enrobés de Puylaurens, où devrait être montée l’usine prochainement. © Antoine Berlioz / Reporterre

 

« Savoir ce qu’on respire »

« Je vous présente le capteur Zéphyr », lance Jean-Noël, en pointant du doigt un petit objet blanc et sphérique posé sur la table de son salon à Péchaudier, une bourgade de moins de 200 habitants. Cet ancien ingénieur chez Airbus, aujourd’hui à la retraite, est depuis deux ans impliqué dans la lutte des « sans bitume », qui regroupe une dizaine de collectifs opposés à l’installation de ces centrales le long du tracé de l’autoroute. « C’est un capteur pour mesurer la qualité de l’air. On l’a développé en interne et il nous permettra de surveiller les émanations des usines à bitume », détaille-t-il.

Face au manque d’information et de transparence concernant l’installation de ces centrales d’enrobés à chaud, qui doivent produire 500 000 tonnes d’enrobés pour l’A69, les collectifs sans bitume ont organisé des réunions publiques fin 2023 dans les villages qui bordent l’autoroute.

Les mesures des capteurs sont collectées en temps réel et peuvent être visualisées sur une application. © Antoine Berlioz / Reporterre

« Au départ, personne ne savait rien, tout cela était bien caché au fond d’un dossier de plusieurs milliers de pages, détaille Marc, un autre opposant à l’installation des usines. Il a fallu organiser plusieurs réunions publiques pour faire comprendre à la population les risques pour notre santé et les nuisances qu’impliquent ces centrales à bitume. »

Le syndicaliste poursuit : « Il y a par exemple des écoles à proximité des centrales, et les parents d’élèves n’ont aucune information sur ces potentiels effets sur la santé de leurs enfants. C’est pareil pour les agriculteurs bio ou les personnes fragiles. »

Lire aussi : Usines à goudron de l’A69 : les agriculteurs craignent la pollution de leurs champs

Face à cela, les « sans bitume » ont fait preuve d’intelligence collective pour bricoler leur propre outil et « savoir ce qui se passe et ce qu’on respire, tout simplement », selon Jean-Noël. Connecté à un réseau Wi-Fi, ce capteur transmet en temps réel sur l’ordinateur les niveaux de particules fines, les composés organiques volatils et les oxydes d’azote.

70 capteurs ont déjà trouvé preneurs et permettent un maillage complet des zones à proximité des centrales. « On en a vendu à certaines mairies, qui ont équipé leurs écoles », raconte Jean-Noël, qui a directement participé à l’élaboration de cet outil.

De son côté, le concessionnaire Atosca a prévu un programme de surveillance de l’air qu’il finance en partenariat avec la Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement (Dreal) pour rassurer la population, mais cela est « largement insuffisant », selon lui.

Catherine vit en colocation dans cette bâtisse où elle a installé un capteur. Comme beaucoup d’habitants, elle craint que les mesures officielles ne reflètent pas la réalité de qualité de l’air. © Antoine Berlioz / Reporterre

 

« Des particules sur leur linge »

À l’ouest, dans le petit village de Villeneuve-lès-Lavaur, qui compte 150 âmes, Sabine et Catherine ont équipé la façade de leur maison d’un capteur Zéphyr. Opposées à l’installation de la centrale, à environ 2 km de la bâtisse qu’elles louent, elles se disent extrêmement inquiètes des futures nuisances.

« Il y a un silence des élus à ce sujet. Pourtant, c’est une véritable question de santé publique. On se sent abandonnées, raconte Sabine. On a entendu des témoignages terribles de personnes qui ont déjà eu ce type de centrales dans leur commune. Certains retrouvaient des particules sur leur linge ou leur voiture, d’autres étaient contraints de s’enfermer chez eux quand les odeurs étaient très fortes. »

À moins de 1 km de l’usine d’enrobés de Villeneuve-lès-Lavaurs, des habitants craignent pour leur santé. © Antoine Berlioz / Reporterre

Dans le petit village, quatre capteurs sont déjà opérationnels, disposés chez des particuliers. « On croit en la justice, et j’espère encore qu’ils vont arrêter ce projet, mais on se prépare au pire », assure Catherine.

Des arbres fruitiers devant la maison habillent le parvis de la bâtisse. Quelques mésanges se chamaillent. « Elles sont vraiment bien ici avec tous ces arbres… Jusqu’à maintenant en tout cas », souffle Sabine.

Le site de l’usine d’enrobés de Puylaurens.
Des habitantes du territoire s’équipent de capteurs pour mesurer la pollution de l’air.

 Les mesures des capteurs sont collectées en temps réel et peuvent être visualisées sur une application.
Aujourd’hui, près de 70 capteurs sont déployés le long du tracé pour permettre une couverture importante des zones de pollution de l’air potentielles.
La conception des capteurs est opensource et les applications utilisées sont issues du logiciel libre.
Le site de l’usine d’enrobés de Puylaurens.
Le site de l’usine d’enrobé de Puylaurens, où devrait être montée l’usine prochainement.


Source : https://reporterre.net/Autoroute-A69-l-ultime-chance-de-stopper-l-installation-des-usines-a-bitume?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne


dimanche 16 février 2025

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samedi 15 février 2025

En Norvège, les élevages de visons et de renards appartiennent désormais au passé.

 En Norvège, 

les élevages de visons 

et de renards appartiennent 

désormais au passé.


Alain UGUEN
11/02/2025 

Le pays vient d'interdire officiellement les élevages pour la fabrication de fourrure animale. La décision avait été votée au Parlement norvégien en 2019, mais devait entrer en vigueur à l'horizon 2025, le temps à l'industrie de se reconvertir, ce qui est désormais chose faite ! 

Ce pays a pourtant été l’un des principaux producteurs de fourrure au monde. 

En 2019, il y avait encore 250 fermes à fourrures sur le sol norvégien, soit 610 000 visons et 150 000 renards exploités pour leur pelage.

En France, seuls les élevages de visons sont interdits depuis 2021. 

Les élevages de lapins angoras sont, eux, toujours autorisés, souligne l'association L214. 

L'ONG renvoie vers une pétition pour interdire les fermes à fourrure en Europe. 


https://www.30millionsdamis.fr/jagis/signer-la-petition/je-signe/28-pour-la-fermeture-des-fermes-a-fourrure-en-europe/

Source :
En Norvège, les élevages de visons et de renards appartiennent désormais au passé.
 

vendredi 14 février 2025

Viols à Bétharram : Bayrou a menti, Mediapart publie de nouveaux documents


Viols à Bétharram : 
Bayrou a menti, 
Mediapart publie de nouveaux documents
 
Le premier ministre a déclaré, mardi 11 février à l’Assemblée, n’avoir « jamais » été informé des violences commises dans cet établissement catholique de la région de Pau. Mediapart publie un courrier avec son accusé de réception ainsi qu’une photo d’archive qui font voler en éclats sa défense.

Interrogé ce mardi à l’Assemblée, François Bayrou a affirmé n’avoir « jamais » été informé des violences physiques et pédocriminelles commises dans l’établissement privé sous contrat Notre-Dame-de-Bétharram.
Le premier ministre a annoncé porter plainte en diffamation.
Mediapart publie de nouveaux documents prouvant les mensonges du premier ministre devant la représentation nationale.
 
En mars 2024, François Bayrou a reçu un courrier avec accusé de réception à la mairie de Pau d’une victime ayant subi plusieurs viols et reconnue comme victime depuis par l’Église. Il n’a jamais répondu.
 
En 1996, François Bayrou s’était lui-même exprimé sur Notre-Dame-de-Bétharram pour défendre l’institution mise en cause pour des violences physiques. Mediapart publie une archive de Sud Ouest relatant sa visite au sein de l’établissement.
 
En 1998, François Bayrou était de nouveau alerté après des accusations de violences sexuelles pesant sur le directeur de l’institution mis en examen pour viol sur mineur. Le premier ministre avait même rencontré le juge d’instruction saisi de l’affaire pour l’interroger de manière totalement officieuse.
 
Sûr de son fait, François Bayrou l’a répété à deux reprises devant l’Assemblée nationale. « J’affirme que je n’ai jamais été informé de quoi que ce soit de violences ou de violences a fortiori sexuelles. Jamais », a déclaré le premier ministre, mardi 11 février, face à la représentation nationale. Le chef du gouvernement venait d’être interrogé par le député La France insoumise (LFI) Paul Vannier sur les révélations de Mediapart portant sur ses mensonges pour défendre l’établissement catholique Notre-Dame-de-Bétharram, dans la région de Pau, où ont été scolarisés ses enfants.
 
L’institution est au cœur d’un immense scandale de violences physiques et pédocriminelles – 112 plaintes pour des faits s’étalant des années 1950 aux années 2010 – que l’élu béarnais n’a jamais dénoncées.
 
« Pourquoi n’avez-vous pas protégé les élèves de l’école Notre-Dame-de-Bétharram victimes de violences pédocriminelles ? […] Avez-vous depuis reçu d’autres alertes ? Voulez-vous l’impunité de cet établissement financé sur fonds publics ? », a aussi demandé le député du Val-d’Oise, spécialiste des questions d’éducation, poussant le premier ministre à s’enferrer dans le mensonge.
 
Or, le premier ministre n’a pas reçu une mais au moins trois alertes.
 
Une récente alerte ignorée par François Bayrou 
 
Un nouveau courrier que révèle Mediapart prouve en effet que François Bayrou a été directement saisi par une victime de Bétharram en mars 2024. La lettre en question lui a été adressée par Jean-Marie Delbos, un ancien élève aujourd’hui âgé de 78 ans, ayant subi plusieurs viols de la part d’un religieux dans les années 1950, lorsqu’il était adolescent. Son témoignage est difficilement contestable, puisque cette victime a été reconnue comme telle par l’Église. L’homme a même été indemnisé à la suite de la signature d’un protocole d’accord signé le 20 mars 2023 avec la Commission reconnaissance et réparation (CRR).
 
Un an plus tard, le 16 mars 2024, Jean-Marie Delbos entreprend d’écrire au maire de Pau, qui règne sur le département depuis des décennies (ancien ministre, député, président du conseil général…), pour dénoncer son silence et l’inviter à écouter les témoignages sur les violences au sein du pensionnat. 
Orphelin, la victime a rejoint Bétharram en 1956, à l’âge de 10 ans. « Tout aurait pu être idyllique, dormir et manger sans prétentions, je connaissais », témoigne Jean-Marie Delbos dans son courrier à François Bayrou, avant de poursuivre : « Sauf qu’en 1957 arrive au dortoir un jeune ecclésiastique dont nous avions une peur irraisonnée. La suite, vous la subodorez… »
 
L’ancien pensionnaire raconte les « attouchements » et « fellations » subis, commis par ce prélat qui le rejoint la nuit, « soutane ouverte », en lui répétant : « Rendormez-vous, c’est rien. » « Cela a duré jusqu’en fin 1961 où nous avons décidé de nous plaindre à notre directeur de conscience… », appuie Jean-Marie Delbos dans sa lettre. Le septuagénaire y rappelle enfin toutes les étapes de son long combat jusqu’à la reconnaissance de son statut de victime. 
Précautionneux, il envoie son courrier au maire de Pau avec un accusé de réception, prouvant que le document a été remis le 20 mars 2024. 
 
Mais malgré la précision de ce témoignage écrit, et la souffrance qui s’en dégage, la victime n’a jamais reçu la moindre réponse. « Moi je ne suis qu’un pauvre baylet [un domestique, en béarnais – ndlr], je subodore que Bayrou n’en a rien à faire de moi », analyse-t-il auprès de Mediapart. Dans son courrier, déjà, Jean-Marie Delbos relevait la responsabilité de « notables locaux » – pendant des décennies, Notre-Dame-de-Bétharram a attiré les enfants de bonnes familles de toute l’Aquitaine – dans l’omerta ayant permis aux violences de se répéter sur des décennies.
 
Sollicitées par Mediapart, les équipes de Matignon n’ont pas répondu à nos questions quant à l’absence de réponse à ce courrier, qui contredit formellement les déclarations du premier ministre devant l’Assemblée nationale. 
 
La deuxième alerte ignorée par François Bayrou
 
Dans sa réponse au député Paul Vannier, François Bayrou a également énoncé des contre-vérités sur d’autres alertes ignorées. « Lorsque la première plainte [dénonçant des violences à Betharram – ndlr] est déposée, j’ai quitté déjà le ministère de l’éducation nationale depuis des mois, puisque c’est en décembre 1997-1998 et que j’ai quitté le ministère en mai 1997 », a par exemple affirmé le maire de Pau.
 
C’est faux. La première condamnation d’un surveillant général pour des faits de violences date de juin 1996, à une période où le Béarnais était donc bien au gouvernement. Comme nous l’avions raconté, le ministre avait même cru bon d’organiser une visite officielle dans l’établissement en mai 1996, un mois après le dépôt de la plainte de la victime et alors que l’affaire était largement commentée dans les médias, y compris nationaux.
 
Il avait alors fait directement référence à cette première plainte et défendu Bétharram. « Nombreux sont les Béarnais qui ont ressenti ces attaques [contre Bétharram] avec un sentiment douloureux et un sentiment d’injustice », avait-il déclaré dans Sud Ouest. Avant d’engager sa responsabilité pour défendre l’établissement : « Toutes les informations que le ministre pouvait demander, il les a demandées. Toutes les vérifications ont été favorables et positives. Le reste suit son cours. Les autres instances qui doivent s’exprimer le feront. »
 
À la même période, une enseignante en poste à Bétharram de septembre 1994 à septembre 1996 déclare elle aussi avoir alerté celui qui cumulait alors les casquettes de président du conseil général et de ministre de l’éducation nationale.
 
Françoise Gullung, ancienne professeure de mathématiques, explique avoir parlé de violences physiques contre des élèves à Élisabeth Bayrou, qui assurait le catéchisme dans l’établissement, puis avoir prévenu son époux à l’occasion d’une remise de médaille. « Il a minimisé en disant que j’exagérais sans doute un peu, a-t-elle témoigné en juillet 2024 dans Le Point. Je sais que l’infirmière de l’école lui a aussi écrit des courriers. » 
 
Des affirmations qu’elle maintient auprès de Mediapart, malgré les dénégations du premier ministre, en racontant avoir tiré la sonnette d’alarme auprès de toutes les autorités, civiles comme religieuses. « Le problème, c’est que nous sommes dans un monde extrêmement clos », appuie-t-elle. L’avocat historique de Bétharram, Serge Legrand, autour duquel une grande partie du barreau palois a fait bloc lors de l’affaire de 1996, était aussi engagé en politique à l’Union pour la démocratie française (UDF), le parti de François Bayrou.
 
Quand on est aux responsabilités, on s’explique, on assume et on ne profite pas de son pouvoir pour continuer à tout étouffer.
Jérôme, père de la première victime
 
Pendant trente ans, François Bayrou n’avait d’ailleurs eu aucun mot pour les victimes ou les plaignants de cette affaire. Ce mardi, à l’Assemblée, il les a évoqués pour la première fois en exprimant sa « sympathie » et ses « premières pensées » pour « les hommes ou les garçons qui ont été en souffrance dans ces affaires-là ». Interrogé par Mediapart, Jérôme, père de la première victime de violences physiques de 1996 dont l’enfant a perdu l’audition depuis, ne décolère pas. Son fils était dans la même classe que Calixte Bayrou lorsqu’il avait alerté tout l’établissement des violences qui y existaient.
 
« En tant que ministre de l’éducation nationale, il était responsable. Qu’a-t-il fait de nos alertes ? rien », dénonce-t-il encore, accusant François Bayrou de « cacher le fait de ne rien avoir fait à l’époque ». « Aujourd’hui, François Bayrou doit s’expliquer et arrêter de se réfugier derrière son amnésie. Quand on est aux responsabilités, on s’explique, on assume et on ne profite pas de son pouvoir pour continuer à tout étouffer, implore-t-il. Et s’il est véritablement amnésique, Bayrou ne peut plus assumer ses fonctions et doit quitter son poste. »
 
La troisième alerte ignorée par François Bayrou 
 
Il y a bien eu une affaire judiciaire, datant de 1998, qui est survenue alors que François Bayrou n’était plus ministre, comme il l’a souligné devant les député·es : un directeur de Notre-Dame-de-Bétharram, le père Carricart, mis en examen pour viol. Mais là encore, si François Bayrou prétend ne jamais avoir été alerté, des éléments prouvent le contraire.
 
Comme nous l’avons déjà écrit, le maire de Pau, qui n’était effectivement plus ministre, avait rencontré le juge d’instruction saisi de l’affaire pour évoquer ce dossier pourtant couvert par le secret de l’instruction. « Notre rencontre de l’époque ne portait pas sur autre chose, c’était spécifiquement sur ce dossier, notamment parce que l’un de ses enfants était scolarisé à Notre-Dame-de-Bétharram », a confirmé le juge Christian Mirande à Mediapart. François Bayrou avait d’abord démenti cette rencontre, avant de la reconnaître, tout en la minimisant. 
 
Auprès de Mediapart, Thierry Sagardoytho, avocat du plaignant pour viol, estimait d’ailleurs « évident » que François Bayrou « ait été avisé de la plainte ». Et ce, d’autant plus qu’Élisabeth Bayrou s’était rendue aux obsèques du père mis en cause pour viol, qui s’était suicidé juste avant une nouvelle convocation par le juge d’instruction. 
 
François Bayrou persiste à blanchir Notre-Dame-de-Bétharram
 
Devant la représentation nationale et sous certains applaudissements, le premier ministre a annoncé porter plainte pour diffamation et posé cette question comme « deuxième preuve » du fait qu’il n’était au courant de rien : « Est-ce que vous croyez que nous aurions scolarisé nos enfants dans des établissements dont il aurait été soupçonné ou affirmé qu’il se passe des choses de cet ordre ? »
 
Par cette interrogation, François Bayrou blanchit une nouvelle fois l’établissement de ses enfants. Pourtant, il y avait bien plus que des soupçons ou des affirmations sur Notre-Dame-de-Bétharram, puisqu’un surveillant a été condamné pour des violences physiques en 1996. En 2000, lorsque l’élu questionnait le juge Mirande, le directeur de l’établissement était lui mis en examen pour viol. Si François Bayrou assume avoir laissé son enfant dans une institution gravement mise en cause, il l’a fait en toute connaissance de cause.
 
David Perrotin et Antton Rouget (Via Mediapart)