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jeudi 3 juillet 2025

« Une écologie populaire, décoloniale, féministe… peut renverser la table »

« Une écologie populaire, 

décoloniale, féministe… 

peut renverser la table »

27 juin 2025

Mélissa Camara le 23 juin 2025 au Parlement européen à Bruxelles.

 

Difficile d’être une eurodéputée féministe et antiraciste dans un Parlement européen qui se droitise inexorablement. Depuis un an, Mélissa Camara y défend sans relâche une écologie ancrée dans les luttes.

Un an après son arrivée au Parlement européen, Mélissa Camara, eurodéputée écologiste, revient sur un mandat marqué par la montée de l’extrême droite. Conseillère municipale à Lille, cette élue féministe, antiraciste, lesbienne et issue des quartiers populaires nous raconte comment lutter et garder espoir.



Reporterre — Voilà un an que vous avez été élue au Parlement. Comment vous sentez-vous en tant qu’eurodéputée porteuse d’une écologie féministe, queer, antiraciste, dans un monde — et un Parlement — de plus en plus à droite ?

Mélissa Camara — J’évolue dans le Parlement le plus réactionnaire de son histoire. On compte trois groupes d’extrême droite [Patriots for Europe (PfE), Europe of Sovereign Nations (ESN) et European Conservatives and Reformists (ECR)], auxquels s’ajoutent des non-inscrits parfois plus extrémistes encore. La droite classique elle-même s’aligne sur leurs obsessions.

Je le savais avant d’arriver. C’est même pour cela que je me suis portée candidate. En tant que femme racisée, lesbienne, féministe et écologiste, je savais que cette lutte devait être menée de l’intérieur. Il fallait amener un autre regard, une perspective intersectionnelle. C’est un enjeu démocratique fondamental.

Bien sûr, c’est dur. Il y a quelques jours, un député d’extrême droite polonais m’a demandé en séance si je comptais venir à la Pride [la marche des fiertés] de Budapest avec une laisse et une muselière. Et ce n’est pas un cas isolé.

Je rencontre aussi des personnes formidables. Partout en Europe, il y a des gens qui ne baissent pas les bras. Et parfois, ils gagnent. En Pologne, l’extrême droite a perdu les législatives. Elle peut être battue.

Quel bilan tirez-vous de cette première année ?

Le recul est net, sur tous les fronts. Prenez la commission des droits des femmes (FEMM), historiquement progressiste : elle est aujourd’hui infiltrée par l’extrême droite, qui y diffuse des discours transphobes, racistes, antiféministes. On entend parler de patriarcat importé via l’immigration, dirigé contre les femmes européennes. La droite et l’extrême droite s’allient sur le langage. Même le mot « féministe » devient un tabou.

Sur le climat, on assiste à un détricotage méthodique. Des textes comme la directive déforestation, le devoir de vigilance et le reporting climat sont attaqués. On repousse des mesures clés du Pacte vert sous prétexte de laisser plus de temps aux entreprises.

Côté migrations, j’ai été rapporteuse fictive [1] sur le « règlement retour » qui propose l’allongement de la durée de rétention, l’externalisation des frontières. Pour l’établir, on prend l’Italie de Meloni comme modèle ! Ce texte aurait été inimaginable il y a cinq ans.

L’ambiance vous semble-t-elle plus violente qu’attendu ?

Clairement. Il ne se passe pas une semaine sans conférence abjecte dans les locaux du Parlement : sur la « remigration », sur « les trans contre les femmes et les enfants », sur Orbán [le Premier ministre hongrois d’extrême droite] comme avenir de l’Europe… On n’arrive pas à les faire interdire. Mais à chaque fois, on réagit. On organise des contre-événements, on manifeste, on se soutient entre élus progressistes.

Que peuvent encore les forces de gauche dans un Parlement aussi hostile ?

Restons lucides : ce sont des mandats de résistance. L’enjeu n’est plus de conquérir de nouveaux droits, mais de freiner les reculs. Cela ne veut pas dire qu’il faut renoncer. On peut encore faire bouger les lignes, à condition de s’appuyer sur la société civile. L’exemple de Gaza est parlant : grâce à la mobilisation populaire, le sujet a enfin été inscrit à l’agenda du Parlement européen, et l’accord d’association avec Israël [en matière de respect des droits humains] est aujourd’hui remis en cause.

« L’enjeu n’est plus de conquérir des droits, mais de freiner les reculs »

De même, deux initiatives citoyennes européennes que je soutiens — l’une pour garantir l’accès à l’avortement partout en Europe, l’autre pour interdire les thérapies de conversion — ont atteint le seuil requis de signatures. Mon rôle, désormais, est de les faire aboutir. C’est du concret. Et la preuve que la mobilisation citoyenne peut fonctionner.

Vous avez dit sur vos réseaux sociaux : « J’existe avec un corps, un vécu, une voix qu’on ne voit pas souvent dans les institutions. » Est-ce une force ou un poids dans un lieu comme le Parlement européen ?

C’est un peu des deux. En tant que femme issue d’un milieu ouvrier, mon premier combat, chaque jour, est contre le syndrome de l’imposteur. Cette peur de devoir prouver deux fois plus que les autres ne me quitte pas.

Il y a aussi les humiliations ordinaires. On m’a empêchée plusieurs fois d’entrer dans certaines salles parce qu’on ne croyait pas que j’étais députée. On m’a confondue plus d’une dizaine de fois avec une autre collègue noire, Nela Riehl. Et bien sûr, il y a les agressions frontales. Des propos homophobes, racistes ou méprisants, y compris dans les couloirs du Parlement. Une affiche sur la porte de mon bureau, « Strasbourg pour l’égalité », a été arrachée.

Mais c’est aussi une force. Je suis ici pour porter d’autres vécus. Quand j’écris un amendement sur les droits des familles homoparentales, je le fais en tant que mère lesbienne. Quand Giorgia Meloni retire les droits des mères lesbiennes en Italie, je le ressens dans ma chair. Parce que je sais que demain, un gouvernement d’extrême droite pourrait me retirer tout lien légal avec ma fille. Alors je fais de la politique avec une urgence existentielle.

Il y a une expression que j’entends souvent ici, quand il faut céder sur un amendement ou un vote : « I can live with it. » Moi, sur beaucoup de choses, je ne peux pas « vivre avec », je ne peux pas faire de compromis. Quand on discute de l’enfermement de personnes migrantes dans des centres de rétention, ce n’est pas théorique. Mon père est arrivé ici à 17 ans.

Qu’est-ce que cette année vous a appris sur le fonctionnement réel du Parlement européen ? Y a-t-il eu des surprises ?

Le Parlement européen repose sur la recherche permanente de compromis. C’est très différent de la culture politique française, marquée par une opposition binaire majorité/opposition. Ici, il faut construire des accords au dernier moment, y compris sur des sujets très conflictuels.

Parfois, je me retrouve à coopérer avec Renaissance, alors qu’en France, on est frontalement opposés. Ici, quand ils sont présents et qu’ils refusent, par exemple, de voter une mesure d’extrême droite sur l’expulsion des migrants, je suis presque soulagée — ça dit tout du glissement de l’échiquier politique vers la droite.

«  On n’a plus le luxe d’être divisés. Il faut un sursaut. Une gauche responsable, lucide, rassemblée.  » © Alexandre-Reza Kokabi / Reporterre

Un autre point frappant, c’est le poids de l’anglais. On a des traductions officielles, mais beaucoup de choses se jouent autour d’un café, dans des réunions informelles. Et si on ne parle pas anglais, on est exclu. Moi, je l’ai appris malgré un collège ZEP [2] où je n’ai pas eu de prof d’anglais pendant deux ans. Cette barrière linguistique reflète une réalité sociologique : le Parlement reste peu accessible aux élus issus de milieux populaires.

Comment reconstruire une force écologiste crédible face à la montée de l’extrême droite ?

Je viens des luttes. Je me suis politisée au moment de la Manif pour tous. Voir l’extrême droite dans la rue lutter contre mes droits, ça a été un déclencheur. Je me suis engagée dans des associations féministes et LGBT, puis j’ai découvert la justice environnementale. C’est comme ça que je suis arrivée à l’écologie politique.

Il faut commencer par revenir à ce qu’elle est : un mouvement ancré dans les luttes. Les actions contre les OGM, le Larzac, les manifestations antinucléaires, les fauchages, les zad… L’écologie, ce sont d’abord des résistances populaires. Aujourd’hui, face à une extrême droite qui gagne du terrain, il faut se reconnecter avec la rue, avec les colères, avec les mouvements sociaux. Il n’y aura pas de victoire dans les institutions sans ces luttes — et il n’y aura pas de victoire dans la rue si personne ne porte ces combats dans les institutions.

« L’écologie, ce sont d’abord des résistances populaires »

Ce qu’il faut faire, c’est créer les conditions d’un front commun écolo, féministe, antiraciste, LGBT. C’est comme ça qu’on résistera, qu’on arrivera à mener la bataille culturelle qui se joue.

Quelle écologie doit être portée pour renverser la table ?

L’écologie que je défends, c’est celle de la dignité. J’ai compris ce qu’était vraiment l’écologie en rencontrant des femmes roms vivant sur des terrains pollués, en découvrant le racisme environnemental, en voyant que dans mon quartier, Lille-Sud, le taux d’asthme chez les enfants est effarant.

J’ai longtemps cru que l’écologie, c’était le bio, le vélo, les petits gestes. En réalité, il y a des luttes écolos partout : dans les quartiers populaires, aux Antilles, dans les associations de terrain. Ce sont des gens qui luttent pour respirer, pour vivre dignement. Mais on ne les retrouve pas dans les partis.

Lire aussi : Banlieues Climat, Ghett’up… Ces collectifs bousculent le mouvement écologiste

Je ne dis pas qu’il faut remplacer l’écologie de centre-ville. Elle est légitime aussi. Mais il faut ouvrir l’écologie politique. La désenclaver. Sortir d’une écologie perçue comme blanche, urbaine, de classe moyenne, pour porter une écologie populaire, décoloniale, féministe, antiraciste, ancrée dans ces luttes. Pas perchée au-dessus d’elles. Une écologie qui s’attaque aux racines des injustices. C’est cette écologie-là qui peut renverser la table.

Concrètement, que faire à l’échelle d’un parti ?

Ça suppose de faire notre autocritique. On a eu ce débat chez Les Écologistes : comment devenir vraiment représentatifs de la société dans sa diversité ? Il y a cette phrase magnifique d’Audre Lorde [une essayiste étasunienne féministe et antiraciste] : « On ne détruit pas la maison du maître avec les outils du maître. » Si on change le personnel politique, si on a une représentation plus fidèle, plus diverse, alors là, on peut changer plus de choses en créant d’autres imaginaires politiques.

J’ajouterais que ça passe aussi par des relations différentes entre nous, par des façons différentes d’exercer le pouvoir. On ne peut pas régler la violence du monde en recréant, dans les institutions, les dynamiques de domination.

« Notre écologie a été perçue comme urbaine, blanche, classe moyenne »

Enfin, il faut s’unir. Je vois, ici, ce que produit l’extrême droite : elle dicte le débat, impose ses termes, fait reculer les droits. On n’a plus le luxe d’être divisés. Il faut un sursaut. Une gauche responsable, lucide, rassemblée. La planète, les gens, le vivant nous le demandent. Si on ne veut pas que ce cauchemar de société qu’ils préparent devienne notre quotidien, il faut qu’on gagne.

Qu’est-ce qui vous donne, en ce moment, de l’espoir ?

Ma fille, d’abord. Louison. Elle a 3 ans. Je veux qu’elle grandisse dans une société où sa famille est protégée, avec ses deux mamans. Je veux qu’elle soit libre, sur une planète encore vivable.

Et puis, il y a les gens. Les visages, les résistances, les solidarités. À Istanbul, un militant LGBT m’a dit : « La résistance, c’est une forme de thérapie. » Et c’est vrai. Même dans la nuit la plus noire, il y a toujours des petites lumières qui brillent. Ce sont elles qui me font tenir.

Notes

[1En droit européen, un rapporteur fictif (ou «  shadow rapporteur  » en anglais) est un député européen qui, pour un groupe politique autre que celui du rapporteur principal, suit de près les travaux sur un rapport en commission parlementaire, et participe aux négociations en vue de parvenir à un compromis.

[2On parle désormais de collèges en REP (réseau d’éducation prioritaire).

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mercredi 2 juillet 2025

5 choses à savoir sur la circulaire Retailleau

5 choses à savoir 

sur la circulaire Retailleau


Bruno Retailleau en déplacement à la gare du Nord à Paris, le 18 juin, après avoir déployé 4 000 forces de l’ordre sur 48h pour contrôler des personnes sans papiers dans les gares et bus en France. Une opération qui, en plus d’être indigne, est attentatoire aux principes d’égalité et de non-discrimination / © Photo Martin LELIEVRE via AFP

Bruno Retailleau, ministre de l’Intérieur, ne cesse de durcir sa politique contre les personnes exilées depuis qu’il occupe la place Beauvau. Dans une circulaire envoyée aux préfets le 23 janvier 2025, il donne des instructions pour durcir les conditions de régularisation des personnes étrangères. Analyse.

Nous analysons ici la circulaire de Retailleau du 23 janvier 2023 concernant les conditions d'« admission exceptionnelle au séjour » (AES), des personnes étrangères. Rappelons le : les termes juridiques « admission exceptionnelle au séjour » sont ici à comprendre au sens de « régularisation ».

1. Une circulaire n’a pas valeur de loi  

Dans les faits, une circulaire n’agit qu’à titre de recommandation du ministre. C’est un texte administratif rédigé pour informer les différents services d’un ministère ou préfectures sur les dispositifs à appliquer.  

Les circulaires n’ont pas valeur de loi et ne sont donc pas contraignantes.  

La circulaire du 23 janvier 2025 a pour objet « les orientations générales relatives à l’admission exceptionnelle au séjour ». Elle renvoie aux articles L. 435-1 et suivants du Code de l’entrée et du séjour des étrangers et du droit d’asile (CESEDA) qui encadrent juridiquement cette procédure.

2. Une augmentation de la durée de séjour requise sur le territoire à 7 ans 

Avec la circulaire Retailleau, ce qui était avant exceptionnel devient la norme.  

Ce texte remplace la circulaire Valls de 2012 qui plaçait à 5 ans le nombre d’années minimum à passer sur le territoire français avant d’obtenir une régularisation (ancienneté de séjour qui pouvait être de trois ans sous certaines conditions). Désormais avec la circulaire Retailleau, la régularisation n’interviendra qu’au terme de sept années de présence. À noter que toutes les périodes de travail précédemment effectuées dans d’autres conditions (avec le statut de demandeur d’asile par exemple) ne comptent pas dans le nombre d’années passées à travailler sur le territoire français, ce qui signifie qu’une personne pourrait avoir passé bien plus de sept années en France sans titre de séjour avant de pouvoir bénéficier de l’AES.

Décryptage : La loi « asile et immigration » de 2024, le recul historique de la France

3. Un refus de séjour s’accompagne d’une OQTF 

La circulaire de Retailleau donne des instructions qui durcissent drastiquement les suites d’un refus d’une AES. Le ministre de l’Intérieur demande aux préfets d’accompagner systématiquement leur refus de séjour par des OQTF (Obligation de quitter le territoire français, une décision administrative d’éloignement qui peut être délivrée pour diverses raisons, notamment suite à un refus de délivrance de titre de séjour). 

Or, la délivrance d’une OQTF est une faculté de l’administration, elle n’a donc pas à être systématique. Dans la lignée de la loi Darmanin, la circulaire Retailleau incite donc fortement à faire de cette faculté une automaticité, une pratique qui, si elle est mise en œuvre sur tout le territoire, augmentera certainement le nombre d’OQTF délivrées en France à des personnes en situation irrégulière.

4. La circulaire Retailleau renforce le pouvoir des préfectures 

En axant sa circulaire sur le volet « exceptionnel » de la procédure de demande de régularisation, la circulaire Retailleau renforce le pouvoir des préfectures. Rappelons-le : les termes juridiques « admission exceptionnelle au séjour » sont ici à comprendre au sens de « régularisation ». 

Le texte ne donne pas de définition précise du caractère « exceptionnel » d’une situation individuelle. C’est donc un texte qui est dans son ensemble beaucoup moins protecteur pour les personnes étrangères en situation irrégulière puisqu’il donne une large place à l’interprétation.

Concernant la « menace à l’ordre public », un axe central de la circulaire pour justifier le refus de l’AES, il augmente le caractère vague et incertain des instructions qui sont données aux préfectures. En enlevant les précisions que posaient la précédente circulaire, celle de Retailleau laisse de nouveau plus de place à l’interprétation, en raison du caractère vague de cette notion, pouvant conduire à des violations des droits.

Lire aussi : Comment la France viole le principe de non refoulement

5. La circulaire ne respecte pas le droit international  

Au nom des exigences juridiques générales de la conformité avec le droit international, si une circulaire porte atteinte à un traité ou à une norme internationale, elle pourrait être contestée et jugée incompatible. 

La circulaire de Retailleau pourrait porter atteinte aux :

Droit à la vie privée et familiale

* Enoncé dans l'article 8 de la Cour européenne des droits de l'Homme (CEDH) et article 7 Charte des droits fondamentaux de l’UE

Avec la nouvelle circulaire, il n’y a plus de garanties que les cas explicitement couverts par la circulaire Valls (parents d’enfants scolarisés, conjoints d’étrangers en situation régulière, mineurs devenus majeurs...) puissent toujours donner lieu à une AES en pratique. Cela pourrait, par exemple, conduire à des séparations de famille.

Droit au travail

* Enoncé dans les articles 6 et 7 du Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels (PIDESC)

Choisir librement son travail est un droit. Dans la circulaire Retailleau, l’accent est explicitement mis sur la régularisation pour les personnes occupant des emplois couverts par la liste des métiers dits « en tension » – les autres situations de travail n’étant plus mentionnées dans le texte, cela laisse plus de marge de manœuvre aux préfectures pour ne pas attribuer de régularisation à une personne en situation irrégulière exerçant une activité professionnelle salariée ne figurant pas dans cette liste.

Droit à un recours effectif

* Enoncé dans les articles 8 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et l’article 6 de la CEDH

En cas de refus de délivrance d’un titre de séjour, la personne concernée a la possibilité d’attaquer cette décision administrative par différentes voies : un recours gracieux devant le préfet, par un recours hiérarchique devant le ministre de l’Intérieur ou par un recours contentieux par devant le tribunal administratif compétent, dans un délai de deux mois suivant la notification du refus de titre de séjour.  

Mais lorsque le refus de séjour est suivi d’une OQTF - tel que préconisé par la circulaire Retailleau - la personne peut procéder uniquement à un recours OQTF et ne peut contester la décision de refus de délivrance du titre de séjour. Il y a là un risque d’entrave à la possibilité de la personne de faire un recours pour contester le refus de délivrance du titre de séjour en tant que tel. 

Amnesty International s’inquiète des politiques françaises de plus en plus répressives et stigmatisantes envers les personnes exilées. Dans ce contexte, nous appelons les préfectures à conduire des examens les plus individualisés et exhaustifs possibles et de veiller à la bonne prise en compte de la potentielle situation de vulnérabilité dans lesquelles peuvent se trouver des personnes en situation irrégulière. Parce que le droit international protège les personnes exilées, nous continuerons, plus que jamais, à nous battre pour défendre leurs droits.

Source : https://www.amnesty.fr/focus/immigration-circulaire-retailleau-les-choses-a-savoir?utm_source=newshebdo&utm_medium=email&utm_campaign=newshebdo-27062025

mardi 1 juillet 2025

Le Fastac, un pesticide interdit depuis 2020, identifié dans une usine du groupe allemand BASF en France

Le Fastac, 

un pesticide interdit 

depuis 2020, 

identifié dans une usine 

du groupe allemand BASF 

en France

Cet article est paru dans Le Monde (site web)

 

Jeudi 26 juin 2025

  Le géant allemand de l’agrochimie continuerait à produire cet insecticide toxique pour l’exporter vers la Russie ou l’Ukraine. Une pratique « illégale », réagit le ministère de la transition écologique.

 

A gauche : une palette de 250 kg de Fastac. La date de fabrication indique janvier 2025. A droite : un fût de 50 kg de sa substance active, l’alpha-cyperméthrine. L’étiquette indique une fabrication en Inde, en janvier 2025. A l’usine BASF de Genay (Rhône), le 23 juin 2025.

Au petit matin du lundi 23 juin, une trentaine de militants du collectif des « Faucheuses et faucheurs volontaires » se sont introduits dans l’usine du groupe BASF à Genay (Rhône), près de Lyon. L’« inspection citoyenne » n’a duré que quarante minutes avant l’arrivée des gendarmes. Suffisant, toutefois, pour constater que le géant allemand de l’agrochimie continuerait à fabriquer des pesticides interdits en France pour les exporter en dehors de l’Union européenne (UE), dans des pays aux réglementations moins regardantes.

La loi Egalim interdit pourtant depuis 2022 sur le territoire français, « la production, le stockage et la circulation de produits phytopharmaceutiques contenant des substances actives non approuvées pour des raisons liées à la protection de la santé humaine ou animale, ou de l’environnement ».

Un produit découvert par les « Faucheuses et faucheurs volontaires » tombe sous le coup de la loi. Il s’agit du Fastac, un insecticide longtemps utilisé sur les vignes ou les céréales, retiré du marché français en octobre 2020. Avant de se faire interpeller, les militants ont pu prendre des photos, transmises au Monde et à Mediapart. Elles montrent la présence d’au moins une palette de 250 kg de Fastac. La date de fabrication indique 1er janvier 2025, soit trois ans après l’entrée en vigueur de la loi. Au moins un fût de 50 kg d’alpha-cyperméthrine, la substance active à partir de laquelle il est fabriqué, a également été identifié. Elle n’est plus autorisée dans toute l’Union européenne depuis 2021. L’étiquette indique une fabrication en Inde, en janvier 2025.

Une opération similaire

« BASF est hors la loi » affirment les « Faucheuses et faucheurs volontaires » dans un communiqué diffusé jeudi 26 mai. « La fabrication ou la détention du produit Fastac ou de tout autre produit phytosanitaire contenant de l’alpha-cyperméthrine est illégale en France, y compris si ces produits sont destinés à l’exportation », indique au Monde le ministère de la transition écologique. « Nous allons mobiliser les inspections locales, notamment les DREAL [Directions régionales de l’environnement et de l’aménagement du territoire], pour effectuer des contrôles et vérifier la conformité des pratiques industrielles avec le droit en vigueur ». De même source, on indique que « des suites seront engagées en cas de manquement ».

Contacté par Le Monde, BASF se contente de « réaffirmer que la société opère dans le respect des différentes réglementations qui encadrent son activité ». Ce n’est pas la première fois que la firme allemande est mise en cause. Lors d’une opération similaire menée en mars 2022 sur le site de Genay, les activistes avaient déjà découvert des bidons de 700 litres de Régent TS, à base de fipronil, un insecticide néonicotinoïde interdit en France depuis 2005 en raison de sa toxicité pour les pollinisateurs.

Deux ans plus tard, le Fipronil est retrouvé en grande quantité dans les rejets aqueux dans une autre usine du groupe allemand, à Saint-Aubin-lès-Elbeuf, en Seine-Maritime. En 2023, soit un après l’entrée en vigueur de la loi, cette installation produisait encore plus de 1 400 tonnes de Fipronil à destination des marchés extra-européens. « Le fipronil est une substance active et sa fabrication en France n’est donc pas réglementée par la loi », assurait au Monde BASF en septembre 2024.

A l’instar d’autres géants de l’agrochimie comme Syngenta ou Corteva, BASF s’est en effet d’abord engouffrés dans une brèche laissée par le législateur : le texte stipulait que l’interdiction s’appliquait aux produits « contenants » des substances non autorisées mais pas aux substances actives elles-mêmes. Concernant le Fastac et sa substance active l’alpha-cyperméthrine, le ministère assure ne disposer d’« aucune notification d’exportation depuis la France en 2024 ». L’association suisse Public Eye traque depuis plusieurs années les exportations de pesticides interdits depuis les pays européens. Elle n’a pas encore pu analyser l’ensemble des notifications pour l’année 2024. Elle a toutefois identifié des exportations de Fastac depuis les Pays-Bas et l’Allemagne en 2024. Des exportations principalement à destination de la Russie et des pays de l’ex-bloc soviétique (Ukraine, Kazakhstan, Bélarus).

L’embarras du choix

Responsable agriculture et alimentation à Public Eye, Laurent Gaberell privilégie une hypothèse : « BASF, comme Syngenta et les autres géants de l’agrochimie disposent de filiales et d’infrastructures sur tout le continent. Ils peuvent très bien continuer à produire en France tout en déclarant leurs exportations depuis un pays qui n’a pas la même réglementation. » Les fabricants ont l’embarras du choix. La France, est, avec la Belgique, le seul pays à interdire sur leur territoire la production et l’exportation de pesticides dont l’usage est prohibé en Europe. Mardi 24 juin, une coalition de plus de 600 organisations a demandé à la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, de « tenir sa promesse de 2020 » d’interdire la production et l’exportation de pesticides interdits dans l’UE pour en finir avec un « commerce toxique qui a doublé depuis 2018 ».

« Agnès Pannier-Runacher a interpellé à plusieurs reprises la Commission pour qu’elle respecte cet engagement, notamment lors d’un conseil des ministres de l’environnement de l’UE fin 2024, indique-t-on au ministère de la transition écologique. Seule une action à l’échelle communautaire est de nature à réellement progresser sur le sujet. »

Source : https://www.lemonde.fr/economie/article/2025/06/26/le-fastac-un-pesticide-interdit-depuis-2020-identifie-dans-une-usine-du-groupe-basf_6616044_3234.html

lundi 30 juin 2025

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