Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

jeudi 30 août 2012

Le maire de Marinaleda en première ligne


Un "Robin des bois" en Andalousie

LE MONDE | • Mis à jour le

José Manuel Sanchez Gordillo entame une marche de trois semaines pendant laquelle il sillonera l'Andalousie, encourageant d'autres maires à ne plus obéir à la politique d'austérité du gouvernement.  
 
José Manuel Sanchez Gordillo entame une marche de trois semaines pendant laquelle il sillonnera l'Andalousie, encourageant d'autres maires à ne plus obéir à la politique d'austérité du gouvernement. | REUTERS/JON NAZCA

Héros ou vandale ? Humaniste au grand coeur ou marxiste mégalomane ? Juan Manuel Sanchez Gordillo, maire depuis trente-trois ans de la petite commune de Marinaleda dans la province de Séville, en Andalousie, député au Parlement régional pour Izquierda Unida, la gauche unie (écolo-communistes, IU), et membre du Syndicat andalou des travailleurs (SAT), concentre au moins autant de critiques que de louanges sur sa personne.

Connu pour avoir mené, dans les années 1980 et 1990, des campagnes d'expropriation visant à redistribuer la terre aux paysans ou pour avoir développé l'autoconstruction de logements sociaux loués 15 euros par mois, celui que la presse a vite surnommé le "Robin des bois andalou" est revenu sur le devant de la scène médiatique en août, après avoir conduit une opération symbolique du SAT dans deux supermarchés de la région. Le 7 août, à Arcos de la Frontera et à Ecija, des dizaines de personnes ont rempli une vingtaine de chariots de denrées de première nécessité avant de partir sans payer. Ils ont ensuite distribué le butin à différents services sociaux et aux habitants dans le besoin de La Corrala Utopia, à Séville, un ensemble de quatre immeubles vides squattés depuis trois mois par trente-six familles en situation de "danger social", selon les termes des "indignés" qui ont organisé l'occupation et leur relogement.

"CE N'EST PAS UN VOL"

"Ce n'est pas un vol, se défend M. Gordillo.  

Un vol, c'est ce que font les banques qui achètent de la dette à la Banque centrale européenne à 0,7 % et la vendent à l'Espagne à 7 %. Ce que nous avons fait est un acte d'insoumission pour dénoncer le fait qu'il existe des familles qui ne peuvent pas se payer de quoi manger."

L'action, qui plus est menée par un élu, a provoqué un vif débat dans une Espagne rongée par la crise où les actes de désobéissance civile, certes pacifiques mais qui touchent tous les échelons de la société, se multiplient à mesure qu'augmente la pauvreté et que grandit un sentiment d'injustice sociale.

Occupations d'édifices privés à l'abandon par des personnes dans le besoin, rassemblement massif pour empêcher les huissiers d'appliquer les ordres d'expulsion immobilière, opposition de médecins et d'infirmiers à la consigne de ne pas soigner les immigrés sans papiers comme l'exige une nouvelle loi, ou encore refus de plusieurs présidents de région d'appliquer les coupes, dans la santé et l'éducation, que demande le gouvernement central, sont autant de signes de la colère des Espagnols, de leur désespoir aussi, alors que 25 % de la population active est sans emploi et qu'1,7 million de foyers comptent tous leurs membres au chômage.

En Andalousie, la situation est encore plus dramatique. Région touristique et agricole ayant subi de plein fouet l'explosion de la bulle immobilière, elle est la plus frappée par la crise, avec un taux de chômage de 34 % et même de 63 % chez les jeunes de moins de 25 ans.

Mais cela justifie-t-il le vol de supermarchés ?
Les deux grands partis ont rapidement condamné l'action de M. Gordillo, et le parquet andalou a ouvert une enquête. Mais une majorité d'Espagnols a approuvé son geste, comme en témoigne le sondage réalisé sur le site du journal pourtant conservateur El Mundo, selon lequel 54 % des internautes ont considéré que "le hold-up" était "justifié".

50 % DES TERRES DÉTENUES PAR 2 % DES PROPRIÉTAIRES

M. Gordillo, de son côté, a décidé de surfer sur le vent de rébellion qui souffle en Andalousie et a organisé des "marches ouvrières" à travers les provinces andalouses pour exiger "l'abolition des coupes budgétaires et de la réforme du travail" - le gouvernement de Mariano Rajoy prétendant économiser plus de 100 milliards d'euros en deux ans, par le biais de l'augmentation de la TVA, de la baisse du salaire des fonctionnaires ou encore de la réduction des aides aux chômeurs.
M. Gordillo plaide aussi pour "la cession des terres publiques aux travailleurs", "la fin des expulsions immobilières", ou encore pour que "les dettes des banques soient payées par les banques", en référence à l'aide de 100 milliards d'euros sollicitée par le gouvernement auprès de l'Union européenne pour recapitaliser le secteur.

La troisième "marche ouvrière" a eu lieu lundi 27 et mardi 28 août, dans la province de Cadix, puis ce sera celles de Grenade, Malaga et enfin Séville, du 5 au 7 septembre. L'occasion de sensibiliser l'opinion sur la situation des travailleurs agricoles.

"Avec l'éclatement de la bulle immobilière et la destruction des emplois dans la construction, il y a deux fois plus de personnes qui postulent pour travailler dans les champs. Mais il n'y a pas de travail pour tout le monde", explique Lola Alvarez, responsable du SAT de Cordoue, qui coordonne l'occupation du domaine public de Somonte.
Propriété du gouvernement andalou, ce terrain de 400 hectares inutilisé, avec trois bâtiments vides, est occupé illégalement depuis le 4 mars par vingt-cinq personnes qui y cultivent de quoi se nourrir.  

"Il n'est pas acceptable, alors que des familles sont contraintes de faire les poubelles à la sortie des supermarchés, qu'une terre aussi fertile ne soit pas exploitée", poursuit Mme Alvarez.

"En Andalousie, 50 % des terres sont détenues par 2 % des propriétaires", dénonce aussi M. Gordillo, qui soutient les "récupérations de terres".

 En 1991, le maire avait obtenu du gouvernement andalou l'expropriation du duc del Infantado, jusqu'alors principal propriétaire terrien à Marinaleda.
 Il en a fait une coopérative municipale employant plus de quatre cents personnes, devenue le symbole de sa gestion particulière.
Aujourd'hui, le mouvement d'expropriation connaît un nouveau souffle, alors que l'Andalousie s'enfonce dans la misère.

sandrine.mo@gmail.com

mercredi 22 août 2012

Claude Bourguignon nous raconte la terre


Nous avons dégradé en 6000 ans 2 milliards d'hectares de terres agricoles. Lorsque nous avons commencé l'agriculture, les déserts couvraient 11% de la planète, ils en recouvrent maintenant 32%. 

Claude Bourguignon
Dans cette vidéo (lien ci-dessous) vous allez apprendre :
  • Pourquoi l'agro-industrie a violé les lois biologiques des sols
  • Pourquoi 90% des animaux ont disparu en France
  • Pourquoi les rivières du monde charrient de la boue
  • Pourquoi nous sommes carencés
  • Pourquoi la famine augmente
  • Pourquoi il faut désormais 8.5 calories fossiles pour produire 1 calorie agricole
  • Et bien d'autres choses sur l'état de la Terre 
  • http://www.youtube.com/watch?v=2zdYkhs5Oco

A faire circuler au plus grand nombre
Bien à vous
Colette, Les Jardins du Soleil

Marinaleda : une ville sans chômage

http://www.courrierinternational.com/article/2012/08/21/une-utopie-anti-crise-en-andalousie

ESPAGNE 

Une utopie anti-crise en Andalousie

Marinaleda est une ville sans chômage et aux loyers modiques. Alors que la politique d'austérité bat son plein en Espagne, son maire, Juan Manuel Sanchez Gordillo, a pris la tête d'un mouvement de résistance populaire.

21.08.2012 | Luis Giménez San Miguel |

Osuna, Espagne - Juan Manuel Sanchez Gordillo (au centre) discute avec des activistes lors d'une action de protestation, août 2012
Osuna, Espagne - Juan Manuel Sanchez Gordillo (au centre) discute avec des activistes lors d'une action de protestation, août 2012

Juan Manuel Sánchez Gordillo a fait la une des journaux ces derniers jours après avoir mené une “expropriation forcée” de produits alimentaires dans plusieurs supermarchés, au côté de ses camarades du Syndicat andalou des travailleurs (SAT), pour les distribuer aux plus défavorisés. C’est dire si cet homme est un dirigeant singulier au sein de la classe politique espagnole. Anticonformiste, il a été critiqué pour ses dernières actions, y compris dans les rangs de la coalition de gauche Izquierda Unida [l’équivalent du Front de gauche français], dont son organisation, le Collectif uni des travailleurs-Bloc andalou de gauche, fait partie depuis 1986.

Sánchez Gordillo est un dirigeant historique du Syndicat des ouvriers agricoles (SOC), colonne vertébrale de l’actuel SAT. En outre, depuis 1979, il est maire de Marinaleda, une petite localité [de près de 3 000 habitants] de la région de Séville. Là, grâce à la participation et au soutien des habitants, il a lancé une expérience politique et économique originale qui a fait de ce village une sorte d’île socialiste dans la campagne andalouse.

Avec la crise économique, Marinaleda a eu l’occasion de vérifier si son utopie sur 25 kilomètres carrés était une solution viable face au marché. Son taux de chômage actuel est de 0 %. Une bonne partie des habitants sont employés par la Coopérative Humar-Marinaleda, créée par les ouvriers agricoles eux-mêmes après des années de lutte. Longtemps, les paysans ont occupé les terres de l’exploitation agricole Humoso [qui appartenaient à un aristocrate] et à chaque fois ils étaient dispersés par la Guardia Civil [la gendarmerie espagnole]. “La terre est à ceux qui la travaillent”, clamaient-ils. En 1992, ils ont fini par obtenir gain de cause : ils sont désormais propriétaires de l’exploitation. Sur leur site web, ils précisent que leur “objectif n’est pas de faire des bénéfices, mais de créer des emplois par la vente de produits agricoles sains et de qualité”.

Ils produisent des fèves, des artichauts, des poivrons et de l’huile d’olive vierge extra. Les travailleurs eux-mêmes contrôlent toutes les phases de la production, la terre appartient à “l’ensemble de la collectivité”. L’exploitation comprend une conserverie, un moulin à huile, des serres, des équipements d’élevage, un magasin. Quel que soit leur poste, les travailleurs reçoivent tous un salaire de 47 euros la journée et travaillent 6 jours par semaine, soit 1 128 euros par mois pour 35 heures par semaine [le salaire minimum est de 641 euros].

En pleine saison, la coopérative emploie environ 400 personnes, une centaine au minimum. Mais chaque poste de travail n’est pas attribué à tel ou tel habitant : ils effectuent une rotation afin de s’assurer tous un revenu. “Travailler moins pour que tous aient du travail”, tel est le principe. Par ailleurs, certaines personnes travaillent de petites parcelles dont elles sont propriétaires. Le reste de la vie économique est constitué par des boutiques, des services de base et des activités sportives. Pratiquement, tous les habitants du village touchent autant qu’un travailleur de la coopérative.

Dans un entretien accordé à Público le mois dernier, Gordillo lui-même expliquait les répercussions de la crise à Marinaleda : “Elle se fait un peu sentir dans les prix des produits agricoles, dans le financement. Nous avons des problèmes de trésorerie, mais nous vendons bien les produits… D’une façon générale, la crise a été moins sensible dans l’agriculture et l’alimentation, souligne-t-il. Ce qui se passe, c’est que les gens qui avaient quitté la campagne pour travailler dans le bâtiment reviennent et cherchent du travail. Résultat, il faut non seulement maintenir l’emploi existant, mais l’augmenter, tout en sachant que l’agriculture bio crée plus d’emplois que l’agriculture traditionnelle. Pour sauver l’agriculture de la crise et de l’enchérissement des moyens de production agricole, nous essayons un commerce horizontal, avec un dialogue de coopérative à coopérative, et nous établissons des relations avec d’autres pays où il existe des expériences de ce type.”


Pendant les dernières décennies, dans une Espagne en proie au “boom de l’immobilier”, la spéculation s’est emparée du bâtiment. Marinaleda a décidé d’aller résolument à contre-courant. Il est possible d’y louer une maison en bon état, de 90 mètres carrés, avec terrasse, pour 15 euros par mois. Seule condition : chacun doit participer à la construction de son logement, suivant la philosophie horizontale qui préside à toutes les activités de Marinaleda. La municipalité a obtenu des lotissements en alternant achats et expropriations. Ainsi, elle propose des terrains et fournit le matériel nécessaire à la construction du logement. Celle-ci est confiée aux locataires eux-mêmes, à moins que ces derniers ne rémunèrent des gens pour les remplacer. Par ailleurs, la mairie emploie des maçons professionnels pour qu’ils conseillent les habitants et réalisent les travaux les plus compliqués. Dernier point, les futurs locataires ne savent pas d’avance quel logement va leur être attribué, ce qui favorise l’entraide.
“Quand on travaille à construire une maison, on est payé 800 euros par mois”, note Juan José Sancho, un habitant de Marinaleda. “La moitié du salaire sert à payer le logement.” Du haut de ses 21 ans, ce jeune homme fait déjà partie du “groupe d’action” de la municipalité, lequel a pour mission, via l’assemblée, de gérer les affaires courantes de la municipalité. Selon lui, “cette mesure a été prise pour qu’on ne puisse pas spéculer sur l’immobilier”.

Autrefois, une grande partie des ouvriers agricoles savaient à peine écrire. Ils disposent aujourd’hui d’une maternelle, d’une école primaire et d’un collège-lycée qui va jusqu’à la classe de seconde. La cantine ne coûte que 15 euros par mois. Toutefois, au dire de Sancho, “le taux d’échec scolaire est un peu élevé. Les gens ont un logement et un travail assurés, si bien que beaucoup ne voient pas l’intérêt de faire des études. C’est l’un des points que nous devons améliorer.”

L’engagement citoyen et la conscience politique des habitants de Marinaleda dépassent ceux de n’importe quel autre village de la région. “C’est aussi quelque chose de très présent parmi les jeunes, assure Sancho. Ici, tous les jeunes ont des idées politiques. Mais nous ne sommes tout de même pas aussi engagés que nos parents en leur temps. Eux, ils ont tout donné pour conquérir ce que nous avons.”

A Marinaleda, il n’y a pas de police, et les décisions politiques sont prises par une assemblée à laquelle tous les habitants sont appelés à participer. Quant au “groupe d’action”, il “traite toutes les questions urgentes, au jour le jour, explique Sancho. Ce n’est pas un groupe d’élus, ce sont des gens qui décident ensemble de la répartition des tâches qu’il faut mener à bien dans l’intérêt du village”.

En ce qui concerne les impôts, “ils sont très bas, ce sont les plus bas de toute la région”, à en croire Sancho. Les budgets sont décidés lors des réunions plénières de l’assemblée, au cours desquelles sont approuvés les différents postes. Ensuite, on procède quartier par quartier, car chacun d’entre eux comprend sa propre assemblée d’habitants, et c’est à cet échelon qu’on décide à quoi va être investi chaque euro du poste défini par la mairie.

CONTEXTE La révolte gronde
Après la forte mobilisation des mineurs de charbon – toujours en lutte contre la réduction de 63 % des aides publiques –, c’est au tour des ouvriers agricoles andalous de crier leur colère contre la politique du gouvernement. Menés par le charismatique Juan Manuel Sánchez Gordillo, ils sont passés à l’offensive de manière pacifique en procédant à des réquisitions dans des supermarchés, en campant une dizaine de jours dans des terres agricoles propriété du ministère de la Défense, ou encore en occupant brièvement des succursales bancaires. Depuis le 16 août, plusieurs centaines d’entre eux ont entamé une marche de seize jours jusqu’à                                  
Séville. Ils souhaitent dénoncer les mesures d’austérité et la politique économique menée par le Premier ministre conservateur Mariano Rajoy. Le gouvernement prévoit d’économiser 102 milliards d’euros d’ici à la fin de 2014, un total qui inclut le plan de rigueur de 65 milliards déjà annoncé en juillet qui a pour principales mesures la hausse de la TVA, la baisse des allocations chômage et des coupes dans la fonction publique ainsi que dans les budgets régionaux de la santé et de l’éducation. L’Andalousie est une des régions d’Espagne les plus touchées par la crise, avec 33,92 % de sa population au chômage.

Le Revenu de Base Inconditionnel : un film

 On l'appelle aussi Revenu Universel
Un film a été fait sur le sujet, on peut le voir et le télécharger ici  

Un message de Colette

Bonjour,
Est-ce que le sujet a déjà été abordé lors d'un Café Repère du Conflent ?
L'idée d'une soirée ciné-débat autour du film ??
Ci-joint 5 liens pour celles et ceux qui ne les ont pas encore visités :
CadresAcc.html

kultkino/besonderes/le_revenu_
de_base_film_francaise

info/2011/01/le-revenu-de-
base-en-france.html 

15/le-revenu-de-base

Bonne lecture, à bientôt
Amicalement
Colette
Les Jardins du Soleil




http://le-revenu-de-base.blogspot.fr/2009/10/le-revenu-de-base-inconditionne.html


Le revenu de base inconditionnel

Le revenu de base inconditionnel est une vieille idée. Elle est apparue pour la première fois dans les utopies de la Renaissance, chez Thomas More par exemple.
On la retrouve en marge des Lumières, en marge de la fondation des Etats-Unis et de la révolution française.
Dans les années 60, le revenu de base a été sérieusement discuté aux Etats-Unis avec les idées de Juliet Rhys-Williams et le modèle d’impôt négatif de Milton Friedman. Des essais in situ montrèrent qu’avec le revenu de base, seul un groupe de population avait tendance à rester plus volontiers à la maison : les mères qui élevaient seules leur enfant. Un autre phénomène fut constaté : le nombre de divorce augmenta parce que la dépendance financière n’était plus un motif de vie commune.
Le revenu de base inconditionnel est une idée neuve. Il remplace des idées transmises de génération en génération et des notions devenues fausses. Il dissout la sclérose qui fait que l’on s’accroche désespérément à ce que l’on a : à ses idéologies, à ses opinons bien arrêtées, à son poste conquis de haute lutte. Il dissout les blocages du travail, les blocages empêchant une redéfinition de la valeur des prestations, les blocages contre la société future dans laquelle la responsabilité de la personne aura plus de valeur. Et sa vitalité aussi.
Le revenu de base, sans conditions, est une avancée culturelle devenue réalisable grâce à la rationalisation, à la productivité des machines, à la globalisation. Devenue nécessaire à cause de l’individualisation, de l’évolution des parcours de vie et des bouleversements dans le monde du travail. Devenue indispensable pour que le progrès libère l’être humain plutôt que de le marginaliser. Le revenu de base renforce l’être humain face aux systèmes.
Il est changement de paradigme. Il éclaire d’un jour nouveau tous les domaines de la vie, il fait évoluer sa propre manière de voir les choses, il ouvre des perspectives à toutes les fonctions personnelles ou sociales.
Il n’est pas solution à tous les problèmes, mais il rend possible beaucoup plus de solutions.
Il est droit civil économique, comme il n’y en a encore jamais existé dans l’histoire. Il est prolongement de la démocratie dans laquelle le droit à la vie est aussi un droit au revenu. Dans laquelle le droit à développer ses propres capacités suppose un droit au revenu.
Un revenu pour chacun, pour chaque personne sans condition, sans exigence ou mise sous tutelle, suffisamment élevé pour pouvoir vivre modestement.
La fin de prestations sociales qui excluent, la fin du chômage incontournable, la fin des prestations complémentaires, des subventions et de la burocratie qui va avec. À hauteur de son montant, le revenu de base remplace tous les revenus de transfert payés par l’État. Il a des répercussions sur les rémunérations, les salaires et les honoraires dans l’économie privée. Le travail devient moins cher mais est mieux estimé. Le travail volontaire augmente, les initiatives et l’engagement personnel aussi.
Et qu’en est-il des travaux qui doivent être effectués, mais que plus personne ne veut faire car chacun a un revenu de base ?
Il doivent alors être payés suffisamment pour trouver preneur. Car ce travail a forcément de la valeur, vu qu’il est tellement indispensable et que vous ne voulez pas le faire vous-même.
Et qui doit payer ce revenu de base ? D’où vient l’argent ?
Qui est motivé pour être performant ? Et la discipline ?
Et les étrangers, viennent-ils tous ici pour en profiter ?
Et ceux qui ne font que trainer aujourd’hui, ne sont-ils pas totalement exclus de la société ?
Et ceux qui ont déjà beaucoup d’argent, doivent-ils aussi recevoir un revenu de base ?
Est-ce que le revenu de base est un thème libéral ? Ou bien de gauche ? Ou bien des chrétiens?
Est-ce que les hommes sont mûrs pour plus de liberté ? Pour plus d’égalité ? Pour plus de fraternité ?
Quel travail feriez-vous, si votre revenu était assuré ?
« Le revenu de base, une impulsion culturelle », le film, 100 mn. Il suscite beaucoup de questions, il répond à beaucoup de questions, il jette un regard étonnant sur des choses que l’on n’a pas envie de voir.
Bientôt sur ce site, à regarder ou télécharger.

Dans la presse germanophone :
« Le film laisse une impression profonde. Il fait réfléchir et provoque le désir d’agir. L’inconfort de la réflexion disparait. Il suscite un vif intérêt envers l’organisation de la société et la rend partie prenante de notre conscience. Une impulsion culturelle au-delà de l’idéalisme, un défi ! »
Nadine Josche, Info 3

« Le film sur le revenu de base est beaucoup plus qu’une succession de questions, de réponses et d’arguments. Il est vrai qu’on y voit et y entend de nombreux témoins contemporains, qu’il y a des graphiques et tout ce qu’il se doit dans un documentaire ayant vocation à convaincre, mais il y a aussi dans ce film des considérations utopiques et surprenantes.
Lorsque chacun est son propre roi, personne n’est le roi des autres. »
Michael Sennhauser, Radio DRS

« C’est un petit film intelligent sur l’état de notre monde. Un peu comme l’émission « C’est pas sorcier » sur le fonctionnement du revenu de base, comment il pourrait être financé et quelles en seraient les conséquences. »
Michael Krogerus, brand eins
On peut voir et télécharger le film ici  

Compte-Rendu du Café Repaire du Conflent 16 août 2012

Bonjour tout le monde

Nous étions un peu plus d'une trentaine,
au frais, sous le platane du Bar du Canigou.

Georges Lapierre nous a parlé du Mexique pendant plus de deux heures.

Il y a eu des questions et des réponses.


C'était passionnant et nous remercions Georges Lapierre de nous avoir consacré autant de temps.

Pour les gens qui voudraient plus d'informations ils peuvent aller sur le site : 'La Voie du Jaguar'

http://www.lavoiedujaguar.net/_Georges-Lapierre_

Prochain Café Repaire le jeudi 20 septembre 2012 19h30 au bar du Canigou à Villefranche de Conflent.

2- Muriel Avillach : quand une citoyenne résiste à un abus de pouvoir

Un premier article au titre mensonger qui fait croire que la justice a donné raison au maire du Barcarès

http://www.lindependant.fr/2012/08/15/expulsion-au-marche-la-decision-du-maire-confirmee,158786.php



Expulsion au marché : la décision du maire confirmée

 

Le 15/08/2012 à 06h00 par Martial Mehr 


Dans une ordonnance rendue le 8 août 2012, le Tribunal administratif de Montpellier a rejeté la requête de Muriel Avilach, possédant un stand sur le marché.
Cette requête faisait suite à la décision du maire Alain Ferrand de faire voter un arrêté d'expulsion suite à des insultes proférées sur le marché (voir notre édition du 19 juillet dernier).
Pour rappel, la genèse du contentieux entre la commerçante et Alain Ferrand remonte à la décision prise au printemps par le maire d'augmenter sensiblement le prix du mètre linéaire sur le marché.
Une volonté politique qui a fait polémique. Et contre laquelle Muriel Avilach n'a eu de cesse de se battre. Mais depuis la mise en application de la délibération, des mouvements de protestation sur le marché n'ont eu pour effet que d'envenimer la situation entre le maire et la commerçante. Jusqu'à ce que le maire ne durcisse le ton et publie un arrêté d'expulsion. Expulsion contestée par Muriel Avilach qu'elle juge "illégale", mais que le TA a donc confirmée. En insistant sur le fait "(... ) qu'en tout état de cause, il n'est pas établi que l'intéressée ne pourrait écouler sa production par d'autres voies ou en d'autres lieux ; ainsi qu'il n'est pas établi que les conséquences psychologiques économiques et financières de l'arrêté contesté caractériseraient une situation d'urgence".





Un second article "droit de réponse" qui rétablit la vérité

 http://www.lindependant.fr/2012/08/18/expulsion-au-marche-la-decision-du-maire-confirmee,159271.php


 Expulsion au marché : la décision du maire confirmée

 

Le 18/08/2012 à 06h00   
LE BARCARES. 

Droit de réponse de Mme Muriel Avillach suite à l'article "» du mercredi 14 août 2012 : 

 "La présentation de l'ordonnance du 8 août 2012, sur la base des seules allégations du maire du Barcarès sans recueillir préalablement les observations de Mme Muriel Avillach, nécessite un bref mais ferme rappel de l'état du droit.

En aucun cas, le Tribunal administratif de Montpellier n'a jugé légal l'arrêté d'exclusion de 2 ans des marchés de la ville. 

Le 8 août 2012, le juge du référé liberté a juste rejeté la demande pour suspendre les effets dudit arrêté pour absence d'urgence au sens de l'article L. 521-2 du code de justice administrative.
Voici pour la vérité !
Nous savions pertinemment les risques de rejet d'une telle demande de référé liberté au regard non seulement des conditions très restrictives de cette procédure d'urgence mais également de la période estivale.

Mais la requérante n'avait pas le choix pour suspendre le plus rapidement possible les effets de son exclusion car nous sommes pleinement confiants sur l'annulation en devenir dudit arrêté.

A cet égard, Mme Avillach ne fait qu'exercer son droit constitutionnel d'ester en justice."

mercredi 15 août 2012

Festival Féminin Pluriel-le à Prades



Pour plus de lisibilité cliquez sur l'agenda


Communautés Indigènes Contre Capitalisme Vert

Article écrit par Georges Lapierre invité demain jeudi 16 août 2012, au Café Repaire du Conflent.

http://www.lavoiedujaguar.net/Dans-la-gueule-du-requin

Isthme de Tehuantepec

Dans la gueule du requin

mardi 9 août 2011, par Georges Lapierre

C’est une petite île dans la lagune de l’isthme de Tehuantepec, sur la côte pacifique au sud du Mexique. Cette petite île avec son cordon ombilical, la barre de Tileme (se prononce tilémé), qui la relie en saison sèche à la terre ferme du côté d’Alvaro Obregón, partage la lagune en deux parties, la lagune supérieure et la lagune inférieure. La lagune inférieure communique par une passe étroite avec l’océan. D’un côté de cette passe se trouve San Francisco del Mar, de l’autre Santa Maria, à la pointe d’une bande de terre étroite qui sépare la lagune du Pacifique, sur cette bande de terre ferme se trouvent d’autres zones de peuplement comme San Mateo del Mar. Toute cette partie de l’Isthme en direction de l’océan Pacifique est habitée par les Ikoots (ou Huaves), peuple sans doute venu du lointain Pérou via l’Amérique centrale dans des temps immémoriaux. Le peuple ikoot, qui se consacre principalement à la pêche dans la lagune et parfois dans le Pacifique à l’aide de cerfs-volants [1], entretient des relations de voisinage étroites, et parfois problématiques [2], avec son voisin immédiat, le peuple binnizá (ou zapotèque). Mais revenons à notre petite île.

Elle connaissait un peuplement important au XVIe siècle au moment de la première conquête espagnole comme en témoignent les ruines d’une imposante église dominicaine de 46 mètres de longueur. Elle domine encore de toute sa superbe, héritée des temps passés et tragiques que nous pouvions croire révolus, une trentaine de maisons de pêcheurs ikoots dispersées dans la verdure entre les collines boisées, ou cerros, et une petite plage donnant sur la lagune inférieure. Au cours des années relativement récentes une grande partie de la population s’est déplacée par vagues continues sur la rive occidentale de la lagune pour former un nouveau village beaucoup plus important, San Dionisio del Mar, devenu le chef-lieu municipal, l’ancien village de l’île, ou Pueblo Viejo, n’étant plus qu’une agence municipale, avec tout de même son assemblée et ses « autorités », l’Honorable Conseil. En 2004, l’Assemblée agraire ou assemblée des comuneros de San Dionisio, réduite pour l’occasion à trois cents membres (sur plus de mille comuneros) a accordé la disposition entière de l’île et de la barre de Tileme à l’entreprise espagnole Preneal, par le biais de sa filiale, ou prête-nom, mexicaine, Demex.

Du temps de la colonie, les rois d’Espagne avaient tenté de protéger, assez vainement, il faut le dire, l’Espagne étant bien loin du Mexique, les peuples indiens de la convoitise effrénée des colons en leur accordant la reconnaissance de leurs territoires, par des « titres primordiaux », los titulos primordiales ; il semblerait qu’aujourd’hui, depuis le traité de libre commerce signé en 1992 entre le Mexique et les États du Nord, États-Unis et Canada, et la modification de l’article 27 de la Constitution, plus rien ne protège les peuples des prédateurs venus d’ailleurs. Nous pouvons nous poser la question : qu’y a-t-il de changé sous le soleil mexicain ? Au pouvoir, la même oligarchie entièrement dévouée à ses intérêts confondus avec ceux des entreprises marchandes transnationales dites encore capitalistes ; dans la société, le même incommensurable mépris pour les peuples originaires et, plus généralement, pour la population autochtone ; dans le pays, une nation tout entière sous la férule d’une armée de plus en plus visiblement au service des puissances étrangères.

La guerre de conquête de la vie sociale par les grands marchands capitalistes n’a jamais cessé, même si elle a pu parfois donner l’impression d’hésiter face à l’ampleur des luttes qu’elle a suscitées. Elle n’a marqué le pas que pour reprendre de plus belle avec une force et un élan que nous ne soupçonnions pas. Aujourd’hui, cette guerre menée contre les peuples apparaît dans toute sa violence comme un incendie longtemps retenu, travaillant en secret, et qui éclate soudain, dévorant tout dans le grondement des flammes. Nous sommes revenus, ici, au Mexique, aux temps de Porfirio Diaz. Il ne s’agit pas seulement pour les entreprises capitalistes de s’emparer des territoires, de la terre, des ressources, de l’or, de l’argent, du fer, des métaux rares et précieux, du pétrole, du vent, des arbres, des plantes médicinales, de l’eau... ; il ne s’agit pas seulement de voir dans la présence des peuples autochtones, une gêne, un obstacle à écarter d’un revers de manche. Non, plus fondamentalement, la fin ultime de cette guerre, son objectif véritable, est la destruction de toute vie sociale autonome, de toute vie collective, comme si le pouvoir du monde marchand, ou encore, le pouvoir des grands marchands sur le monde, se nourrissait et se renforçait de la désagrégation sociale qu’il engendre. Nous sommes face à la dynamique du pouvoir, le pouvoir de la pensée du grand marchand sur tout autre forme de pensée ; et cette pensée est effective, non seulement elle transforme le monde, mais, et c’est là sa fin dernière, elle s’assujettit l’ensemble de l’humanité. La résistance d’une vie sociale autonome, aussi réduite soit-elle, met en péril cette dynamique du pouvoir. Là se trouve le front de la lutte de l’humanité contre le totalitarisme.

L’offensive contre les peuples indigènes du Mexique et de l’Amérique centrale s’est intensifiée dès la fin du XXe siècle avec le Plan Puebla Panama, rebaptisé « Projet pour l’intégration et le développement de Mésoamérique ». Le projet de mettre en mouvement six mille aérogénérateurs dans l’isthme de Tehuantepec appelé Corrido Eolico del Istmo (Couloir éolien de l’Isthme) s’inscrit dans cette stratégie de conquête concoctée dans les hautes sphères du pouvoir. Dès le départ ce fut une affaire de famille, c’est-à-dire de gros sous, avec aussi ses non-dits, ses zones d’ombre, ses secrets de famille. La revue Proceso avait rappelé en son temps le lien familial qui unissait le ministre de l’Intérieur du gouvernement de Felipe Calderón, Juan Muriño, au Groupe énergétique du Sud-Est (Groupo Energetico del Sureste, GES) et celui-ci aux entreprises espagnoles chargées de la construction des aérogénérateurs (Gamsa, Iberdrola, Preneal, Endesa, etc.). Juan Muriño a trouvé la mort dans un « accident » d’avion des plus suspects. Était-ce lui qui était visé ou José Santiago Vasconcelos, ex-titulaire du ministère de la Justice chargé de la délinquance organisée, disons, pour simplifier, de la lutte contre les narcos ? Le gouvernement s’est empressé de clore le dossier : circulez, il n’y a rien à voir.

Tout a été mis en œuvre pour tromper les gens et les amener à signer des contrats léonins. Ce sont des régions de culture orale, où la parole compte et garde un certain poids, ce qui ne veut pas dire qu’il n’y a pas de « baratin », de mensonges, de trahisons, mais cela signifie aussi que les rapports restent des rapports entre sujets, que ces sujets soient des sujets collectifs ou des individus, chacun peut réagir, a les moyens de se défendre, de faire marche arrière s’il se rend compte qu’il est en train de se faire avoir, cela reste une relation entre des personnes ; l’écrit, en l’occurrence les contrats en bonne et due forme, fait intervenir un tiers, l’État garant du droit, des lois et des accords passés, dans les termes définis par les lois, entre les deux partenaires d’un échange bien particulier : l’échange marchand. Nous avons affaire à deux cultures différentes, sinon opposées : une culture orale où les échanges ne se font pas nécessairement dans un esprit de gain et qui privilégie les rapports de réciprocité ; une culture du contrat où la recherche du profit ou d’un avantage devient le moteur d’une relation dite d’affaire ou encore une relation d’échange de type marchand.

Un tel décalage ne pouvait que bénéficier aux entreprises transnationales, qui ont joué la carte de l’oral, de l’amitié, de la tape sur l’épaule, de la promesse, de la confiance, de la main sur le cœur, pour ensuite, dans un tour de passe-passe, sortir la carte de l’écrit et faire signer des contrats incompréhensibles ou même, purement et simplement, des contrats en blanc comme à Unión Hidalgo : « Como éramos muchos nos dijo : “Firma aquí, luego lo rellenamos” » (comme nous étions beaucoup, on nous a dit : signe ici, ensuite nous le remplissons). Quand les petits propriétaires d’Unión Hidalgo se sont rendu compte qu’ils avaient été abusés, vingt-cinq d’entre eux en colère ont bloqué le passage des engins, la police est intervenue et l’entreprise a porté plainte, pour l’instant les travaux ont été arrêtés mais des poursuites à l’égard des petits propriétaires sont en cours, pourtant ceux-ci sont bien décidés à empêcher la construction des éoliennes et à dénoncer le contrat inique qui les lie à l’entreprise. Affaire à suivre.

Face à des collectivités, moins faciles à manœuvrer que des individus, la stratégie des transnationales s’est faite plus tortueuse et, dans une certaine mesure, plus politique car elles ont eu le soutien inconditionnel des trois grands partis, le PRI, le PRD, le PAN, et des organismes d’État censés protéger les populations, mais qui agissent visiblement en collaboration avec les entreprises comme la Procuraduría Federal de Protección al Ambiente (Profepa), la Secretaría de Medio Ambiente y Recursos Naturales (Semarnat), la Secretaría de Desarrollo Social (Sedeso), ainsi que le Manifiesto de Impacto Ambiental (MIA). C’est en s’appuyant sur ces forces de l’État et en subornant certaines autorités communales qu’elles ont pu faire pression sur les assemblées agraires avec parfois falsification des signatures ou des actes d’assemblées ejidales comme à La Venta, à cela s’ajoute le conseil donné aux autorités municipales de ne pas divulguer le contrat auprès de la population.

C’est à la suite de tels agissements que la trentaine de familles de pêcheurs de Pueblo Viejo eurent un mal de chien à se procurer le contrat qui les dépossède de leur île : la compagnie de construction espagnole Preneal a l’usufruit de l’ensemble de l’île et de la barre de Tileme pour trente ans. Les surfaces indiquées dans le contrat correspondent parfaitement. Elle se prépare déjà à obtenir des dividendes de la forêt qui recouvre l’île dans le cadre des accords de Kyoto sur le climat, cela depuis 2004, date de la signature du contrat. Pourtant ce sont des générations de pêcheurs qui ont pris soin de leur environnement et en particulier des manglares [3], qui jouent un rôle important dans la reproduction des espèces et en particulier des crevettes. Notons qu’il n’est pas fait allusion aux mangroves dans le contrat, ce qui est assez louche. Déjà des biologistes ont débarqué sur l’île pour faire l’inventaire de ses richesses et de ses ressources, qui sont nombreuses, chevreuils (shucuauj), iguanes (ish), armadillos [4]..., sans parler de la flore. Au cours d’une réunion des habitants, une « autorité » de Santa Maria del Mar présente précisait que Preneal commençait à louer des concessions sur la lagune. Il ne restera bientôt plus aux pêcheurs que leur lancha [5] pour... partir et quitter l’île.

Objectif atteint ?

Toute la forêt va être saccagée, les tours en métal des éoliennes sont fixées sur des socs en ciment de plusieurs milliers de tonnes profondément enfoncés dans le sol, les excavations sont gigantesques, il faut voir à l’œuvre ces entreprises pour se rendre compte des dégâts qu’elles occasionnent. Sur la barre de Tileme, qui sépare la lagune en deux parties, une partie supérieure et une partie inférieure et qui joue un rôle essentiel dans la dynamique de la lagune, l’échafaudage de deux cents aérogénérateurs va être catastrophique, cet ensemble va modifier d’une manière radicale tout l’équilibre écologique de l’ensemble, modifier les courants, atteindre les cycles vitaux ; la barre de Tileme, où, jusqu’à présent, paissent en liberté des troupeaux de vaches, ne sera plus qu’un immense bourbier et une plaie de ciment. En fin de compte ce projet d’éoliennes est aussi destructeur de vie qu’un barrage ou une mine à ciel ouvert. Objectif atteint ?

Le 25 septembre 2005 eut lieu à Unión Hidalgo le premier forum de la société civile afin d’analyser l’impact du Couloir éolien de l’Isthme sur l’environnement. Si la plupart et des membres des associations indigènes et les militants écologistes présents (nous devons pourtant mettre en exergue l’attitude très ambiguë des militants de Greenpeace, favorables au projet « sous certaines conditions ») étaient fort conscients des dégâts que ce projet allait occasionnés, en particulier concernant les oiseaux migrateurs, nous ne touchions pas encore du doigt, si je puis dire, la réalité. Celle-ci allait apparaître peu à peu dans toute son horreur au fur et à mesure de l’avancée des travaux, toute la région de Juchitan, et en particulier La Venta et La Ventosa, est désormais envahie de molinos. En février 2006, au cours de l’initiative zapatiste de l’Autre Campagne, le sous-commandant Marcos a exprimé la solidarité des zapatistes envers la population de la région en lutte contre le Couloir éolien de l’Isthme. Le président du Mexique, Felipe Calderón, et le gouverneur de l’État, Ulises Ruiz, durent inaugurer le parc éolien, la Venta II (premier objectif atteint), en avril 2007 sous haute protection militaire. Au cours du forum organisé en novembre 2008 à Juchitan, les participants ont pris la décision de se transformer en Assemblée des peuples de l’Isthme pour la défense de la terre (Asamblea de Pueblos del Istmo en Defensa de la Tierra).

Tout récemment, fin juillet 2011, s’est tenue à Unión Hidalgo la dernière Assemblée des peuples de l’Isthme pour la défense de leur terre et de leur territoire, elle regroupait outre les petits propriétaires d’Unión Hidalgo en rébellion, des délégués de San Dionisio, de San Mateo, de San Francisco, d’Alvaro Obregón... La résistance s’organise. Objectif atteint ?

Pas encore.

Oaxaca, le 6 août 2011,
Georges Lapierre

Notes

[1] Technique originale qui permet de transporter les filets au-delà de la vague ou barre côtière en profitant du courant d’air de l’Isthme.
[2] Concernant surtout les limites de terre.
[3] Mangroves.
[4] Tatous.
[5] Barque utilisée dans la lagune.

Deux autres articles font suite :

http://www.lavoiedujaguar.net/Bien-le-bonjour-d-Oaxaca-le-15

http://www.lavoiedujaguar.net/Rencontres-a-San-Dionisio-del-Mar

samedi 11 août 2012

Gaz de schiste et résistance en Pennsylvanie

http://blogs.mediapart.fr/blog/iris-deroeux/070812/frack-attack-en-pennsylvanie

Frack Attack en Pennsylvanie

Aux Etats-Unis, en Pennsylvanie, rien ne semble pouvoir arrêter la ruée vers le gaz de schiste, quels que soient les coûts humains et environnementaux d’une telle exploitation. Une poignée de militants a décidé de se battre. Les voici en images, accompagnés de quelques points de repère sur le désastre en cours dans l’Etat.

La Pennsylvanie est déjà marquée, balafrée pourrait-on dire, par l’exploitation tout azimuts des gaz de schiste. Comme si l’Etat n’avait aucun égard pour les risques environnementaux et humains d’une telle entreprise. Et le rythme de croissance des forages et des chantiers qui défigurent la région ne devrait pas ralentir : il est de bon ton aux Etats-Unis de défendre l’indépendance énergétique et les techniques dites « propres » d’exploitation du charbon ou du gaz. Car, oui, certains voient l’extraction des gaz de schiste via les méthodes du forage horizontal dirigé et de la fracturation hydraulique comme propre. Rappelons que le « fracking » fut interdit en France en 2011 car considéré comme une technique hautement polluante.

Mais en Pennsylvanie, l’appel du gisement de Marcellus était trop fort.

Cette zone qui s’étend sur plusieurs Etats -la Pennsylvanie, la Virginie Occidentale, l’Ohio et New York- regorgerait de gaz de schiste. Shell, Exxon, Halliburton, Anardako, Chesapeake Energy et consors n’ont pu résister. Les autorités de Pennsylvanie ont déroulé devant eux un tapis rouge. Et se sont servies au passage. La Pennsylvanie offre une version aboutie d’une démocratie en panne, où le système de collusion entre les grandes entreprises et les élus –finançant ainsi leur campagne- fonctionne à la perfection.
En 2010, le gouverneur de l’Etat, le républicain Tom Corbett, aurait touché 1.3 millions de dollars de l’industrie pétrolière et gazière pour financer sa campagne, selon le National Institute on Money in State Politics.
Au début de cette ruée vers l’or, en 2008, les habitants n’ont pas tout compris au film. Les propriétaires terriens ont vu arriver des représentants des grandes firmes déjà citées, leur proposant d’exploiter leurs sous-sols contre un chèque et des royalties sur les bénéfices réalisés. Dans cette région pauvre, où la crise de 2008 n’a rien arrangé, ils ont dit « oui » en masse.

En février dernier, le gouvernement local est allé jusqu’à voter l’Act 13.

Certaines provisions de cette loi ont déjà été considérées anti-constitutionnelles et la Cour suprême de l’Etat doit statuer prochainement sur son sort.
Prévoyant un système de taxation des plus légers (et dégressif) sur l’exploitation de puits, elle sert surtout à confisquer un peu plus aux municipalités leur droit à l’aménagement du territoire.
Et ce, pour aider les entreprises gazières. Elle prévoit même une clause de confidentialité que les entreprises pourraient imposer aux médecins ayant à soigner des patients exposés aux produits chimiques servant au fracking.
Leur interdire de parler sous prétexte de protéger leurs « formules secrètes ». Les fameuses « formules secrètes » qui rendent le fracking si suspect ...
La fracturation hydraulique nécessite des tonnes d’eau chargée de produits chimiques - dont un certain nombre d’éléments radioactifs - envoyées dans les sous-sols afin de « libérer » le gaz de schiste. Pour avoir une idée des possibles effets d’une telle méthode , visionner ou revisionner le documentaire GasLand (ICI).

« Trop, c’est trop », hurlent certains.

La mobilisation citoyenne s’organise voire se radicalise, même si elle reste minoritaire et peu relayée par les médias traditionnels. Les voici en images du côté de Williamsport, dans le comté de Lycoming, au nord-est de la Pennsylvanie. Au cœur du sujet.

© I.D
Dans le comté Lycoming, les camions et les hélicoptères génèrent une pollution sonore continue tandis que les travaux ravagent le paysage. Impossible d’échapper aux forages, stations de retraitement des eaux ayant servi au fracking, stations de compressions du gaz et chantiers de construction de gazoducs. A côté d’habitations.
© I.D


© I.D

Des militants manifestent au bord de la route entre Jersey Shore et Williamsport :

© I.D
Ils ont choisi ce lieu car ici se trouvait l’ancien parc à mobil homes de Riverdale, devenu un symbole de la lutte contre les gaz de schiste depuis juin dernier.

Début 2012, Aqua America a racheté ce terrain afin d’y construire une station de pompage de l’eau de la rivière voisine, la Susquehana, pour ses opérations de forage.
Et les 32 familles ont appris par le journal local qu’elles allaient donc devoir partir …
Mais un mouvement de soutien est né, relayé par les militants d’Occupy Wall Street de la région et d’associations prônant l’action directe comme Earth First !.
En juin, ils ont campé ici pendant douze jours, tenant tête à Aqua America, et ils ont suscité la sympathie de nombreux habitants du coin.
Puis ils ont été expulsés, mais en ayant réussi à attirer des médias nationaux et obtenu une compensation plus importante qu’initialement prévue pour les familles.

En ce mois de juillet, ils reviennent militer pour que le symbole perdure. Des automobilistes klaxonnent en signe de soutien.
© I.D

Kevin (ci-dessous) est un ancien habitant de Riverdale. Il s’est réinstallé dans un mobil home situé à une centaine de mètres de son ancienne maison. « En février, j’ai appris dans le Sun Gazette que notre terrain était vendu à Aqua America. J’ai demandé de l’aide sur Facebook, je n’y connaissais rien, je voulais savoir si un avocat pouvait nous aider à protéger nos droits. Et petit à petit, des associations opposées au fracking m’ont contacté, ces gens sont venus nous aider. »

© I.D

Le 1 août, les militants anti-gaz de schiste poursuivent leur action à l’entrée du stade de Williamsport, à l’heure du match de baseball. Un policier passe, leur indique qu’ils peuvent rester du moment qu’ils n’encombrent pas le trottoir.

© I.D
© I.D
© I.D
© I.D

Les réactions des passants en disent long sur la manière dont est perçue cette « ruée vers le gaz ». Certains expriment un soutien timide ou lancent : « Nous sommes avec vous ! ». D’autres disent leur tristesse et ponctue leur échange avec les militants d’un, « mais où doit-on aller vivre alors, sur la lune ? ». Certains sont agressifs et hurlent : « Le gaz est la meilleure chose qu’on ait jamais eue ! ». La majorité ne montrent que désintérêt et résignation.



© I.D

L’Etat de Pennsylvanie vient d’octroyer à Anadarko les droits miniers pour exploiter ce coin de nature particulièrement apprécié des amoureux de la marche. Des tests sont en cours afin de repérer où se trouve le gaz :

© I.D

« Maintenant, je sais ce qu’on ressent lorsqu’on vit au Nigéria. Le fait d’être simplement une colonie pour des multinationales libres de venir puiser dans vos ressources naturelles, les emmener avec elles, leur faire prendre de la valeur, puis vous les revendre », déclarait récemment Doug Shields, ancien membre et président du Conseil municipal de Pittsburgh, Pennsylvanie.

Dévaliser les supermarchés et partager la nourriture

ZORRO – Des Espagnols dévalisent des supermarchés pour distribuer de la nourriture




Que se serait-il passé si Robin des bois avait fait ses courses au supermarché ?
Les étals bien garnis de ces temples de la consommation ont en tout cas donné des idées à une centaine de membres du Syndicat andalou des travailleurs (SAT).
Les militants sont allés mardi 8 août se servir dans les rayons de deux supermarchés sans passer par la caisse.
L'objectif : redistribuer leur vingtaine de chariots remplis de produits alimentaires à des ONG locales. Un moyen de protester contre la vie chère et les inégalités sociales, alors que l'Andalousie est une des régions d'Espagne les plus touchée par la crise, avec 33,92 % de sa population au chômage.  "Est-ce du vol ? Un acte symbolique ? Une atrocité ? Un fait violent ?" s'interrogeait mardi 8 août El Pais, en relatant la scène.

"Le moment est arrivé de mener des actions qui frisent l’illégalité, parce qu’il y a des gens pour qui tout va mal, et nous ne pouvons pas rester les bras croisés", a commenté un syndicaliste. Mais pas question pour autant de faire les choses dans le désordre. "La consigne était claire. L'objectif était de ne pas saccager. Prendre seulement des produits de première nécessité. Ni chocolats, ni yaourts,  ni desserts, mais du sucre, de l'huile, des légumes, du lait" explique ainsi le sécrétaire général du SAT, Diego Cañamero.

Et le scénario ne s'est pas déroulé de la même manière dans les deux supermarchés visés. Dans le premier, des affrontements entre les militants et la police ont eu lieu, tandis que le second supermarché a finalement accepté de lui-même d'offrir une dizaine de chariots remplis de provisions, pour une valeur de 1 000 euros.

http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=3nEm2WztO6I



Mais ce qui provoque le plus de débats dans les médias espagnols, c'est la présence d'élus parmi les militants.
José Manuel Sanchez Gordillo, député régional du parti de gauche Izquierda Unida, a en effet dirigé les opérations armé d'un mégaphone.
Un journaliste de la radio ABC a ainsi fait la morale à l'élu :  "J'espère que c'est la dernière fois que j'interroge un élu qui vole dans les supermarchés". "C'est un acte répréhensible à 100 % !" a-t-il insisté.
José Manuel Sanchez Gordillo n'a pas manqué de répartie."C'est cette crise qui est un vaste vol !" a-t-il lancé, à grand renfort de chiffres et de statistiques.

Un acte "intolérable" pour le ministre de l’intérieur, Jorge Fernandez Diaz, qui a lancé un mandat d’arrêt contre les militants. "Nous sommes tous conscients que ça va mal pour les gens, mais la fin ne justifie pas les moyens. Ce serait la loi de la jungle" a-t-il justifié. Un constat partagé par le président socialiste de la Junte d’Andalousie, José Antonio Grinan, "C’est une atrocité d’attaquer un supermarché quand on est député."

"Prendre de la nourriture et la donner aux familles en grande difficulté, si cela c’est du vol, alors oui je suis coupable" a répliqué le militant Francisco Molero, 23 ans. Après avoir passé une nuit au commissariat de Séville avec un autre militant, il a été remis en liberté hier mais sera poursuivi pour vol et action sous la contrainte. L'élu José Manuel Sanchez pourrait aussi être entendu par un juge. "Si je finis en prison parce que j’ai pointé du doigt les effets de la crise, ce sera un honneur pour moi" a-t-il réagi.

D'après El Mundo, la police a également été dépêchée dans une exploitation agricole du ministère de la défense occupée depuis plus de deux semaines par ces mêmes militants pour réclamer une meilleure répartition des terres dans cette région où se perpétue la tradition des grands propriétaires. L'évacuation s'est faite "sans le moindre incident" note le quotidien.

Elle refuse la Légion d'Honneur

Une chercheuse contre le crime industriel

mercredi 8 août 2012 par Pièces et main d’œuvre 

« La reconnaissance que j’appelle de mes vœux serait de voir la justice française condamner les crimes industriels à la mesure de leurs conséquences, pour qu’enfin la prévention devienne réalité ».

C’est en ces termes qu’Annie Thébaud-Mony, directrice de recherche à l’Inserm, spécialiste de la « santé au travail », a refusé le 31 juillet 2012 la légion d’honneur proposée par la ministre Duflot.

Le parti industriel et les tenants de la réindustrialisation française, les sections CGT d’Arkema, de Peugeot et du volailler Doux n’ont pas réagi.

Nous profitons de ce geste de décence minimal – quoique exceptionnel – de la part d’une chercheuse en santé publique pour rappeler cette évidence : l’emploi tue, mais c’est en son nom que toutes les forces « progressistes », écolo-techniciennes, syndicalistes, « de gauche » réclament le « redressement productif » du pays.
Quitte à se couvrir parfois d’une opportune conversion à la décroissance, sans jamais s’attaquer au tabou de l’emploi ni à la course à l’innovation – c’est-à-dire à la destruction de nos vies - que celui-ci exige.(1)
Or chacun sait, grâce à Michel Destot, le maire PS-CEA de Grenoble que « à travers [l’innovation] apparaît le développement des activités économiques qui génère lui-même des emplois pour l’ensemble de nos concitoyens. Il y a là une véritable mine d’or, prenons-en conscience. » (2)

Depuis trente ans, Annie Thébaud-Mony documente ce que nous avons résumé par la formule « Nos emplois valent plus que nos vies ».
En 2007, elle écrit : « Le chômage, perçu comme principal problème social, a tendance à masquer les atteintes à la santé liées au travail. (…) En France, le travail tue, blesse et rend malade, à raison de deux morts par jour dus à des accidents, de huit morts par jour dus à l’amiante, de deux millions et demi de salariés exposés quotidiennement à des cocktails cancérigènes, de millions d’hommes et de femmes constamment poussés aux limites de ce qu’un être humain peut supporter, moralement et physiquement. » (3)

Surprise : cette critique de l’emploi paraît dans le Monde diplomatique, aujourd’hui porte-parole de la gauche du parti industriel - qu’on se rappelle son récent appel en faveur des nanotechnologies, des biotechnologies et des technologies convergentes, au nom d’une « nouvelle révolution productive ». (4)

Depuis trente ans, syndicalistes, associatifs citoyens et foules de gauche n’ont pas plus tiré de leçons que depuis un siècle, et continuent à réclamer plus d’encadrement du risque et de normes de protection des salariés. Or la notion même de risque professionnel, rappelle l’historien Jean-Baptiste Fressoz, fait partie de ces dispositifs conçus par l’industrie pour rationaliser son activité, pour incorporer et soumettre les ouvriers à sa comptabilité.

« Il ne faut donc pas penser le risque professionnel comme un dispositif de régulation d’un monde auparavant libéral, mais bien au contraire, comme la solution promue par les industriels et les assureurs à la crise d’une régulation préalable beaucoup plus contraignante (…). En reconnaissant que les accidents étaient intrinsèques à la société technologique, la doctrine du risque permettait à la fois de libéraliser les formes techniques et de gouverner de manière plus efficace. (…) Plutôt que la naissance de "l’Etat-providence", le risque professionnel désigne une nouvelle forme de laisser-faire, plus efficace, car faisant l’économie de la morale ». (5)

Bref, la notion de norme sous-entend un quota de pertes autorisé, avec calcul de leur coût.

Cette économie a fait l’affaire des industriels aussi bien que des syndicats, qui, en « courtiers de l’assujettissement à l’économie » (6), n’ont cessé de marchander l’encadrement des nuisances, dans leur alliance avec l’industrie pour la défense d’un modèle de production toujours plus meurtrier.

« Dans les années 1970, ce sont finalement l’analyse coût/bénéfice (on tolère un risque en fonction de l’intérêt économique des substances) et la définition de seuils qui s’imposèrent dans les instances de régulation. Les nouvelles normes internationales telles que « doses journalières admissibles » pour les aliments ou « concentration maximale autorisée » pour l’air opéraient un travestissement subtil : étant donné l’inexistence d’effet de seuil, elles consacraient de fait l’acceptation, pour des raisons économiques, d’un taux de cancer acceptable. » (7)

Qui a accepté ? Les salariés des usines polluantes, les habitants et les élus des « territoires » bénéficiaires des retombées de ces « mines d’or », une population résignée devant le progrès-qu’on-n’arrête-pas et les impératifs de la compétition économique.

Prenez Tarente, en Italie.
Quand l’Ilva, énorme aciérie, s’y installe en 1960, seuls les obscurantistes adeptes du retour à la bougie regrettent le remplacement des moutons par les hauts-fourneaux.
Même le Pape bénit ce complexe industriel qui fournit 40 000 emplois aux locaux.  

« C’était notre fleuron, évoque le maire actuel Ippazio Stefàno, mais, peu à peu, nous avons subi les désagréments de la grande industrie, l’augmentation des tumeurs et, ces dernières années, nous avons également constaté la croissance des maladies cardio-vasculaires, même chez des adultes de 45-50 ans. » (8)

Surmortalité supérieure de 10 à 15 % à la moyenne nationale, malformations, maladies respiratoires, interdiction de consommer la viande locale et pour les enfants de jouer dehors : la dioxine règne à Tarente, et il aura fallu 52 ans de crime industriel pour que la justice mette sous séquestre une partie de l’usine, le 26 juillet 2012.

Nos emplois valent plus que nos vies.

Annie Thébaud-Mony : « Au terme de trente ans d’activité, il me faut constater que les conditions de travail ne cessent de se dégrader, que la prise de conscience du désastre sanitaire de l’amiante n’a pas conduit à une stratégie de lutte contre l’épidémie des cancers professionnels et environnementaux ».

Nous perdons depuis trente ans, faute de nommer les maux qui nous affligent.

Ceux qui ne font que leur boulot font un sale boulot, et les crimes industriels sont aussi commis par ceux-là.

On ne se lamentera pas sur la fermeture de PSA et du groupe Doux.

Brisons les machines à produire le cancer.


Lire aussi : Le cancer de l’industrie – Syndicalisme et chimiothérapie, Pièces et main d’œuvre, mai 2012


NOTES

- 1 Cf Sous le soleil de l’innovation, rien que du nouveau !, Pièces et main d’œuvre, mai 2012
http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=378

- 2 In L’espace alpin et la modernité, bilan et perspectives au tournant du siècle, sous la direction de Daniel J. Grange, PUG 2002

- 3 Le travail, lieu de violence et de mort, Le Monde diplomatique, juillet 2007

- 4 Industrie, le socle de la puissance, Le Monde diplomatique, mars 2012

- 5 Jean-Baptiste Fressoz, L’Apocalypse joyeuse, une histoire du risque technologique (le Seuil, 2012)

- 6 Encyclopédie des Nuisances, Adresse à tous ceux qui ne veulent pas gérer les nuisances mais les supprimer, 1990

- 7 Jean-Baptiste Fressoz, op. cité

- 8 La Libre Belgique, 4/08/12


http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=382

samedi 4 août 2012

Thème du prochain CaféRepaire du Conflent

Le thème du prochain CaféRepaire du Conflent sera :

"Le Mexique : 


Une offensive sans précédent ; où en sont les résistances ?
Rencontre avec un témoin de passage : Georges Lapierre"

Bienvenue à tous ce jeudi 16 août 2012, 19h30, au bar du Canigou, Villefranche de Conflent.


Bonjour,
J'ajoute au message ci-dessus que Georges Lapierre est l'auteur d'un remarquable petit livre intitulé "La voie du Jaguar", (L'Insomniaque Editeur, 2008) dans lequel il mène une conversation passionnante avec quelques représentants du mouvement social dans l'Etat de Oaxaca au Mexique. 
Il pointe notamment le rôle de la communication dans ce mouvement, l'opposition au concept de "développement", la construction de l'autonomie à partir de valeurs communes de reconnaissance de l'autre et de réciprocité, etc ...
SE

vendredi 3 août 2012

Le purin de cochon au service des énergies renouvelables, une utopie ?

Nous avons reçu ça

 
hola !

connaissez-vous La Chaîne Parlementaire ?
elle est composée de deux canaux qui alternent à l'antenne
-LCP Assemblée nationale  www.lcp.fr
-Public Sénat www.publicsenat.fr

bien que leurs sites internet ne soient pas très bien tenus à jour, leur programmes à l'antenne sont souvent des plus intéressants et ce ne sont certes pas les séances de réflexion des commissions qui le sont le moins … à entendre la qualité de certains débats, on se demande comment les décisions qui en résultent sont si souvent indigentes …

j'ai vu par exemple ce matin même (alors que mes articulations me clouent à la maison)
 

... une émission qui ferait rêver plus d'un écolo :
 
la communauté de communes du Méné à Saint-Gouéno en Bretagne 
à décidé de parvenir à l'autonomie énergétique en 2025
 
et s'emploie très activement à y parvenir tout en développant ses activités économiques
 
 
http://www.publicsenat.fr/vod/les-pieds-sur-terre/la-bretagne/jacky-aignel,dominique-rocaboy/70485

Merci à Marcel pour son envoi