Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

mercredi 31 juillet 2013

Sahorre : Exposition Michel Hadji

Bonjour à tous 

voici une invitation pour :

"l'inauguration de l'exposition du mois d'août au musée de la mine à Sahorre"

le lundi 5 août 2013 à 18h au musée de la mine à Sahorre


NDDL : Obélix était là !

JEUDI 25 JUILLET 2013

Heureusement, Obélix veille !




Avec le sens du dialogue et de la concertation qui caractérise tout membre du PS qui se respecte, M. Grosvalet, président du Conseil Général, a ordonné la désaffection de la route départementale D281. Le jeudi 20 juin 2013, la maréchaussée accompagnait ces messieurs de l’équipement pour condamner la route. Les gros moyens sont déployés : tranchées de 50 cm dans lesquelles sont mis en place des gros blocs de pierre pesant plusieurs tonnes…

les grands moyens...




Ceci a été fait sans consulter les habitants de la zone d’où des situations ubuesques pour les agriculteurs que nous sommes. Ainsi, nous n’avons plus accès à des parcelles de terre cultivées, certaines n’étant même pas situées dans la ZAD. Nous ne pouvons donc pas récolter le foin. D’autres ont été semées en céréales et en maïs et l’accès n’est plus possible !

Comme par hasard, cette intervention se fait le lendemain d’une autre opération plus discrète et n’ayant pas nécessité 30 cars de CRS ! Effectuée la veille par le COPAIN appuyé par des habitants de la zone, elle a permis le rétablissement de la circulation transversale dans la ZAD et de l’accès à des parcelles.
En ces temps apaisés, les habitants de ce territoire aspirent à ce qu’il reste un lieu ouvert, un lieu d’échange…
Pour cela, 2 jours plus tard, nous avons sollicité Obélix qui en deux temps et trois mouvements a rouvert la route !


la voie est libre!

mardi 30 juillet 2013

NDDL : 'On en est où ?' Rassemblement des 3 et 4 août 2013


APPEL NOTRE DAME DES LANDES 2013



ENTERRONS DÉFINITIVEMENT
LE PROJET DE NOTRE DAME DES LANDES !

Nous constatons qu’un coup d’arrêt à l’avancée d’AGO/Vinci et de l’Etat est bien réel sur le terrain depuis quelques semaines déjà.

Fortes des avancées acquises ces derniers mois (voir ci-dessous), l’ACIPA et la Coordination des opposants entendent  augmenter la pression sur les décideurs en organisant le grand rassemblement estival devenu traditionnel mais qui, cette année, va prendre une ampleur inégalée. Elles invitent l'ensemble des comités de soutien à organiser largement l'information et la mobilisation pour le rassemblement NDL 2013 comme ils ont su le faire au lendemain de l'invasion policière du 16 octobre sur la ZAD. La formidable et inventive force collective qu'ils représentent construira avec nous la réussite.
affiche3-4aout-247Pour autant, le projet d’aéroport est loin d’être définitivement stoppé !
La victoire, c'est maintenant... qu'il faut l'arracher ! C'est possible, les porteurs du projet s'étant obstinément fourvoyés dans une impasse politique majeure, tant par leurs exactions sur la ZAD (expulsions, destructions de maisons, agressions policières...) que par leurs mensonges répétés et leur mépris affiché des conclusions des trois commissions, en particulier celles du Comité scientifique !
Le week-end des 3 et 4 août sera festif et militant.
Militant : Dans la continuité de nos rassemblements des précédents étés, nous poursuivrons la réflexion sur des thèmes qui nous sont chers car liés à ce projet d'aéroport de Notre Dame des Landes. De nombreux forums de discussion nous rassembleront :
  • autour des Grands Projets Inutiles Imposés partout en France et hors de France,
  • autour des terres nourricières,
  • autour de la Transition écologique et énergétique,
  • autour de l’Urbanisation, de l’Aménagement du territoire, des Transports,
  • autour de l’Eau et de la biodiversité, ..

 Réflexions actives, pour inventer, construire des alternatives...
Festif : après les collectifs d’élu-e-s, de pilotes, de géographes, de juristes et de naturalistes, ce sont les artistes musiciens qui ont souhaité prendre leur part dans la lutte de Notre Dame des Landes. Près de 30 groupes de tous genres musicaux participeront ainsi à l’évènement de l’été 2013.  Les enfants ne seront pas oubliés : des lieux de jeux et de détente seront aménagés pour eux et des spectacles leur seront aussi proposés.
Une semaine après le  3ème Forum européen contre les Grands Projets Inutiles et Imposés qui se tiendra à Stuttgart,
Le Rassemblement 2013 de Notre Dame des Landes sera
LE rassemblement incontournable de l'été
pour la défense des terres et des emplois agricoles menacés,
pour une meilleure utilisation de l’argent public
et pour l’arrêt des projets aussi inutiles que destructeurs,  ici comme ailleurs !
Mais incontournable aussi pour inventer et mettre en œuvre de manière solidaire
les alternatives indispensables :
Pour la transition énergétique, la lutte contre le réchauffement climatique
et le retour à une solide représentation citoyenne, confisquée par les classes politiques dirigeantes.

L'HEURE DE LA VICTOIRE PEUT SONNER BIENTÔT !

ON NE LÂCHE RIEN ! NI ICI, NI AILLEURS !


L’ACIPA et la Coordination des opposants               juin 2013


Où en est le projet ?

Le 16 octobre 2012 l’Etat tentait de vider la zone dédiée au projet d’aéroport de ses habitants dits « illégaux » mais tout à fait légitimes !  L’opération César, annoncée pour une durée de 36 heures,  n’a jamais pu venir à bout d’une résistance immédiate, qui n’a fait que monter en puissance comme lors de la grande manifestation de ré-occupation qui a rassemblé 40 000 personnes le 17 novembre 2012 :
  • Dans toute la France de très nombreux comités voient le jour en soutien à la lutte
  • De nouveaux habitants sont venus nombreux s’installer sur la zone au plus fort de l’hiver
  • Mi- janvier 2013, c’est la Ferme de Bellevue qui est sauvée de la destruction par le Collectif des Organisations Professionnelles Agricoles INdignées par le projet d’aéroport (COPAIN) et remise en exploitation.
  • Mi-avril ce sont des installations pérennes - de maraîchage principalement – qui sont réalisées lors de l’opération Sème ta ZAD
  • Le 11 mai, ce sont encore près de 40 000 personnes qui viennent encercler la zone pour la protéger en enterrant le projet (grande chaîne humaine).

 Les opposants accumulent aussi les avancées du côté des procédures juridiques et administratives en cours :
  • Fin janvier 2013 : la Cour de Cassation a rejeté la demande faite par AGO/Vinci pour accélérer le jugement ”pourvoi en cassation ” contre l’ordonnance des expropriations, ce qui a repoussé les expulsions des habitants et paysans présents sur la zone.
  • Le 17 mars 2013 : c’est la Commission des Pétitions européenne qui a pris le dossier NDL en main et a gardé ouvertes les 2 pétitions des opposants ACIPA/CéDpa et FNE/Bretagne Vivante. Une commission d’enquête pourrait se déplacer sur Nantes Atlantique et sur Notre Dame des Landes pour étudier la situation…
  • Fin mars 2013 : c’est le rendu des 3 commissions :
    • Celle dite du ” dialogue” qui valide la justesse de nos arguments et propositions de solutions alternatives avancées depuis le débat public de 2003 : étude d’un nouveau PEB, étude économique sur l’optimisation de Nantes Atlantique, …
    • La commission agricole confirme nos chiffres sur le gaspillage de terres agricoles et rassure les paysans en expropriation : ils pourront continuer d’exploiter leurs terres et en vivre décemment encore cette année !
    • La commission d’expertise scientifique ne valide pas les propositions d’AGO/Vinci et de l’Etat faites dans le cadre des enquêtes publiques ” Loi sur l’Eau” : tout le dossier en matières de compensations environnementales est à revoir !

Tout ceci a pour effet immédiat, l’arrêt des fouilles préventives archéologiques, l’arrêt des expulsions, l’arrêt des démolitions des habitations et le retrait des forces de police de la zone. Des enquêtes environnementales complémentaires vont être réalisées.
Forts de tous nos soutiens, nous suivons avec calme et détermination l'avancée du dossier, en particulier auprès des instances européennes qui peuvent faire pression sur les décideurs français. Le succès de notre rassemblement accentuera cette pression.

L'ESPOIR EST DÉSORMAIS DANS NOTRE CAMP !




lundi 29 juillet 2013

OGM et ADN

http://www.nouvelordremondial.cc/2013/07/15/les-ogm-reprogramment-ils-notre-adn/

Les OGM reprogramment-ils notre ADN ?


De nouvelles études en recherche cellulaire soulèvent de nouvelles questions alarmantes concernant les OGM, et l’une d’elles en particulier fait ressembler l’insuffisance hépatique ou le cancer à un jeu d’enfant comparée aux choquantes possibilités soulevées si nous commençons à analyser la manière dont les aliments génétiquement modifiés peuvent altérer notre ADN.

D’abord, mettons les choses au clair. Toutes sortes de choses peuvent altérer notre ADN, pour le meilleur ou pour le pire. Bruce Lipton, un scientifique pionnier en biologie, a prouvé que les émotions peuvent altérer l’ADN; la recherche a montré que même l’exercice ou la chimiothérapie peuvent altérer notre ADN ; les anciennes cultures savaient que le son peut affecter notre ADN, et les recherches les plus récentes déclarent que nous ne sommes pas condamnés à un destin spécifique par nos gènes, mais il semble que nos cerveaux soient reprogrammés via l’ADN pour devenir des humains nouveaux.
Notre ADN contient deux brins de nucléotides qui lui donnent sa structure en escalier. Chaque nucléotide contient une des quatre bases (adénine, thymine, guanine, cytosine), une molécule formée par un groupe phosphate et un sucre. Les bases contiennent de l’azote, reliée de manière très spécifique. La façon dont les quatre bases vont se connecter pour une espèce donnée sera très différente de celle qui s’organise dans une autre espèce.
En fait, un OGM à double hélice d’ARN (ARNd) créé par Monsanto peut censément désactiver certains signaux génétiques et en activer d’autres. Habituellement, en insérant un gène de Roundup Ready dans une plante, il faut une protéine qui peut fabriquer une plante Roundup Ready pouvant résister au Roundup et continuer à grandir. Le nouveau ARNd peut survivre sans synthèse de protéine. Ce qui permet au dARN de modifier les gènes.
Chez des souris nourries avec cet ARNd, le foie a complètement changé son organisation cellulaire, et les souris se sont développées bizarrement. On a trouvé cette même désorganisation quand ces ARNd ont été ajoutés à des cellules humaines. On suppose que cette alimentation avec OGM peut activer des gènes provoquant le cancer, ou affaiblir notre système immunitaire. Dans un contexte différent, le blé que nous consommons est tellement différent d’un blé biologique qu’il nous rend « accro ». Certains nomment cela du bioterrorisme pour cette raison.
Les plantes alimentaires OGM fabriquent ces nouveaux ARNd pour faire taire ou amplifier la structure génétique de manière très spécifique. La FDA (Food and Drug Administration = organisme américain de contrôle des produits alimentaires et pharmaceutiques) n’a pas fait d’évaluation sur ces ARNd et la manière dont ils vont affecter nos gènes, et Monsanto travaille sur la technologie ARNd, en rachetant des compagnies qui l’utilisent pour l’introduire en tant que prochaine série d’aliments OGM à nous balancer contre notre gré.
Des chercheurs d’Australie et de Nouvelle Zélande dévoilent ce problème. Une simple inhalation des pulvérisations d’OGM peut changer la manière dont nos corps produisent l’ADN et les protéines associées. Le plus effrayant est le fait que cet ARNd peut se transmettre à la descendance de ceux qui y sont exposés. Au Canada, une nouvelle recherche montre que le sang de femmes enceintes contenait des traces des toxines trouvées dans des produits alimentaires OGM. Qui sait quelles seront les conséquences à long terme du bricolage de notre structure génétique, mais elles ne peuvent pas être prometteuses étant données les performances archivées jusqu’à aujourd’hui de Monsanto.
« Découvrir que des toxines génétiquement modifiées et aussi des résidus d’herbicides sont absorbés dans le sang de consommateurs et par des fœtus, montre qu’une alimentation biologique et sans OGM devrait être le premier choix pour les familles et surtout pour les femmes enceintes », a dit Steffan Browning, porte parole de « Terre et Santé – Le Bio ».
Il y a des projets d’introduction de cet ARNd dans l’alimentation, les médicaments, les vaccins et les épandages de pesticides. A moins de vouloir jouer au jeu de « attendre et voir » avec votre évolution génétique personnelle, il serait temps de passer au tout biologique jusqu’à ce qu’il y ait davantage d’informations données sur le sujet des OGM et de l’altération de l’ADN.

dimanche 28 juillet 2013

Vie Privée et Nouveaux Compteurs Intelligents

http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=423

Humanité 2.0


Linky, l’Enfer Vert et le techno-totalitarisme


Afin d’offrir aux écologistes de son gouvernement des prétextes pour y rester, et d’ouvrir un nouveau marché à l’innovation, Jean-Marc Ayrault annonce mardi 9 juillet 2013 le remplacement de tous les compteurs électriques par des compteurs intelligents Linky pour un montant de 5 milliards d’euros.

« Trois millions de compteurs Linky seront installés par ERDF d’ici 2016 et tous les logements en seront équipés d’ici 2020 ».
Pour Pascal Durand, numéro 1 d’Europe-Ecologie Les Verts, « c'est une vraie rupture et le début d'une transition ». On ne saurait mieux dire. Avec Linky, l’Enfer Vert (1) s’installe à domicile. Un progrès pour le techno-totalitarisme dans notre pays, dont le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, refuse l’asile à Edward Snowden, traqué par les Etats-Unis pour avoir étalé leur programme d’espionnage électronique mondial.

Logique : la France, comme son allié américain, ramasse de façon légale et illégale (quelle différence ? sauf pour les niais qui tiennent avant tout à être espionnés dans les formes) des milliards de données sur notre vie privée. Quelle importance, diront les radicalistes, « la vie privée, c’est politique ».
Les données sont la matière première de la police des populations par le pouvoir politique et économique : suivi des individus, profilage des consommateurs. Et voilà comment, en effet, la vie privée devient politique sous l’œil du pouvoir, et des voyeurs du voisinage réunis en assemblée générale.

Le comptage intelligent du troupeau


Équipé d’une puce électronique à radio-fréquences (RFID), Linky transmet à distance nos données personnelles de consommation électrique. Soit, dans un monde où tout fonctionne à l’électricité, le détail de votre vie domestique. Vous prenez votre douche le matin. Vous avez des invités à la maison. Vous regardez trop la télévision. Vous avez changé de rythme de vie. Etc.
Ce mouchard à domicile fait partie des « Technologies-clés » recensées par les décideurs pour doper l’industrie.
Dans le rapport « Technologies-clés 2015 » remis en son temps au gouvernement Fillon, Linky figure au chapitre 74 : « Comptage intelligent ». Ainsi défini par les technocrates : « Le comptage intelligent consiste en la mise en réseau de fonctions clés liées au bâti (ventilation, chauffage, fluides, etc.), par la mise en place de capteurs, actionneurs et logiciels. (…) Il s’agit de compteurs communicants, capables de recevoir et d’envoyer des données sans intervention humaine, pour la mesure et la gestion des flux. De tels compteurs permettent de suivre en temps réel la consommation énergétique d’un bâtiment, foyer ou entreprise. » Avec cette précision : « En termes d’acceptabilité, le problème de l’atteinte à la vie privée est soulevé par plusieurs associations de consommateurs. La question de la rétention des données doit donc être traitée de manière attentive. »

Parmi les acteurs français de ce marché porteur figurent le Commissariat à l’énergie atomique, STMicroelectronics, ERDF, Schneider Electric ou Google Power Meter. Le CEA et Google dans nos maisons pour enregistrer notre activité sur le vif : un gage d’optimisation pour le flicage électronique.


Un projet poussé par la ministre Furioso



Présenté comme un projet de maîtrise des consommations énergétiques, le compteur Linky constitue l’une des mailles du filet électronique qui se referme peu à peu sur nous. Soutenu par les Verts – comme les cartes de transports pucées -, il est promu depuis des années par le techno-gratin grenoblois, toujours à la pointe de l’accélération technologique.
Dans son rapport « Economie, industrie et énergie » rédigé en 2011, alors qu’elle était députée, la ministre grenobloise de la Recherche Geneviève Fioraso recommandait de « rendre obligatoire et gratuite la transmission des données collectées par les compteurs électriques communicants ». Depuis 2011, Grenoble teste Linky sur les cobayes volontaires de deux quartiers intelligents à forte population d’ingénieurs et de techniciens : la Caserne de Bonne et la Presqu’Ile scientifique. L’expérimentation, baptisée GreenLys, consiste à connecter la distribution de l’électricité à l’informatique ambiante pour savoir qui consomme quoi, qui produit combien et quelle capacité électrique on peut dégager des « nouveaux usages ». En bref : afin de nous faire consommer toujours plus d’électricité pour alimenter les objets communicants qui colonisent nos vies, le pouvoir a besoin d’optimiser le réseau, en traquant nos usages. Société numérique, société nucléaire. C’est ça aussi, l’Enfer Vert.


La tyrannie de la rationalisation



Linky illustre la « planète intelligente », le programme de pilotage global et cybernétique de la société, vendu depuis des années par IBM au pouvoir pour gérer la réduction des « ressources » à l’époque de l’effondrement écologique et social. (2)

 Non seulement il espionne chacun de nos gestes, non seulement il supprime l’intervention des humains qui jusqu’ici relevaient nos compteurs (on parle de 6000 emplois), qui se laissaient (parfois) fléchir et laissaient le courant aux mauvais payeurs, mais il nous asservit à la rationalisation. Finis l’imprévu, la surprise, la négociation entre humains. La machine pilote nos vies de la crèche aux maisons de retraites, décide à notre place, au nom de la fonctionnalité, de la rentabilité, de la gestion optimale des flux et des stocks – c’est nous, les flux et les stocks.

À quoi bon vivre, la machine le fait tellement mieux que nous. Elle le fait sans temps mort, sans entrave ni erreur. L’humain est l’erreur.

Pas plus que le sort d’Edward Snowden, le pillage des données personnelles via Internet et les moyens de communication électroniques ne suscite de révolte.

Il est juste que les Verts applaudissent à l’invasion des mouchards RFID dans chaque objet terrestre, à leur interconnexion via « l’Internet des objets » et à la rafle illimitée de données sur nos vies, nos relations, nos habitudes, nos idées : c’est leur projet.

Quant aux « antifascistes », encore faudrait-il qu’ils aient ouï parler de l’informatique ambiante et de la « planète intelligente ». Pour les radicalistes comme pour les citoyennistes - tous également progressistes - « la technologie est neutre, tout dépend de l’usage qu’on en fait. » C’est-à-dire qu’une autre machine est possible, avec de bons drones pour chasser « les fascistes » ; des ordinateurs vertueux pour recenser « les dominants » suivant des statistiques identitaires ; des robots-chirurgiens pour échapper à « l’assignation » au corps natal ; des utérus artificiels, des procédés de reproduction technifiés et le clonage, pour en finir avec la malédiction de la maternité et de la naissance entre les fèces et l’urine.

Quant à la technocratie post-moderne et « multiculturelle », une autre machine lui permet d’imposer sa propre domination, son « droit à la différence », à «l’augmentation technologique » et eugéniste ; sa conception d’« une autre humanité » ou sa « conception ouverte de l’humanité » - c’est-à-dire ouverte au cyborg et à l’homme-machine. D’accomplir ses pulsions biophobes et anthropophobes. Si vous ne savez pas ce que signifie une humanité « à deux vitesses », voyez ce que produit déjà « une médecine à deux vitesses ».

C’est un bien petit dispositif qu’un compteur Linky, mais l’indice le plus ténu, pourvu qu’on le suive, vous mène au fin mot de l’histoire – et d’ailleurs ce n’est qu’un indice parmi des myriades, tous concordants.

Hier les moutons, aujourd’hui les hommes. Si vous êtes de ceux qui s’indignent du puçage électronique des ovins (après les chiens, les chats, les chevaux, etc.), peut-être vaut-il encore la peine de s’indigner du puçage électronique du troupeau humain via le compteur Linky, l’Internet des objets et la prolifération des puces RFID.

Pièces et main d’œuvre

Grenoble, le 11 juillet 2013

NOTES

(1)
 Lire L’Enfer Vert, un projet pavé de bonnes intentions, par Tomjo (éditions L’Echappée, 2013) et sur www.piecesetmaindoeuvre.com

(2)
 Cf. « IBM et la société de contrainte », in L’industrie de la contrainte, de Pièces et main d’œuvre
(éditions l’Echappée, 2011) et sur www.piecesetmaindoeuvre.com

vendredi 26 juillet 2013

Larzac = Notre Dame Des Landes

http://www.midilibre.fr/2013/07/19/manifester-ou-pas-divergences-sur-le-larzac,736365.php

Larzac : Manifester ou pas ? Divergences sur le plateau


MATHIEU LAGOUANÈRE
20/07/2013, 06 h 00



Après quelques bousculades, les partisans de la Zone à défendre ont érigé une cabane pour bloquer la route, malgré les gendarmes et... Pierre Burguière. (Photos M. LA.)



Si la prolongation du bail accordée à la Société civile des Terres du Larzac ravissait tout le monde, jeudi, sur le plateau du Larzac, certains ont voulu manifester leur mécontentement à l'encontre du projet d'aéroport sur le site de Notre-Dame-des-Landes. 
Qui l’eût cru ? Qui aurait imaginé voir un jour Pierre Burguière et Léon Maillé, figures emblématiques de la lutte du Larzac, pousser aux côtés des gendarmes, face à des manifestants opposés au bétonnage de terres agricoles ? C’est pourtant cette scène inattendue qui s’est jouée, jeudi, en parallèle à la visite du ministre de l’Agriculture Stéphane Le Foll, venu prolonger le bail accordé par l’État à la Société civile des Terres du Larzac (SCTL). Explications.
Contre l’avis de la plupart des membres de la SCTL et de la Confédération paysanne, les comités Zad (pour Zone à défendre) aveyronnais ont tenu à se rassembler sur le plateau pour demander à Le Foll de "prendre publiquement position contre le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes", près de Nantes. Peu de chance qu’il y consente.
Mais vers 11 h 30, ils sont une cinquantaine, visages masqués pour certains, à laisser le cortège ministériel s’engager vers la ferme des Baumes avant d’envahir la seule route qui y mène. Pour cela, les manifestants feintent la poignée de gendarmes massés au carrefour en coupant à travers champ avant de forcer le passage face aux militaires, façon mêlée de rugby, pour prendre possession du bitume. Quelques vrombissements de visseuse électrique plus tard, une cabane est debout. Et des grosses pierres placées en travers de la route. Fini : on ne passe plus.
"Si on commence par “agresser” les gens, ils se braquent"
"Signer la prolongation du bail de la SCTL, c’est super, on est tous d’accord là-dessus et personne ne veut l’empêcher, martèle Christine Thelen. Mais on est là pour tout ce qui se passe ailleurs, pour dire qu’il faut protéger les terres agricoles. Des Zones à défendre, il y en a partout en France !" Une revendication "de manière militante" assumée. Au grand dam de certains historiques de la lutte du Larzac, donc.
Plus d’une heure avant l’arrivée programmée du ministre, Pierre Burguière est déjà venu à la rencontre des manifestants, pour leur faire savoir son désaccord. "Il fallait réclamer un entretien au lieu de chercher à le bloquer, explique l’ancien paysan. Si on commence par “agresser” les gens, ils se braquent et plus aucun dialogue n’est possible. Il faut savoir ce qu’on veut. La lutte nous a appris à faire des compromis. Mais là, il s’agit peut-être d’un conflit de générations."
"Un non-événement" selon José Bové
Julien Durand, porte-parole de l’Acipa (Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes) est présent lors de la signature du bail. S’il n’a pas pu prendre la parole publiquement, il se serait entretenu en privé avec le ministre, selon José Bové. "Le représentant de Notre-Dame-des-Landes était là, il ne faut pas être plus royaliste que le roi", lance le député européen. Et la manifestation alors ? "Par rapport à la signature du bail, c’est un non-événement, tranche Bové. Mais ce n’est pas très correct."
Pour réussir à quitter la ferme des Baumes, le cortège ministériel a été contraint d’emprunter un petit chemin de terre en direction du Cun. "Monsieur Le Foll a préféré s’enfuir par la petite porte", constate Pierre Mazars, porte-parole de comités Zad qui se sont dispersés dans le calme. Oui au bail, non à l’aéroport : sur le Larzac hier matin, tout le monde était d’accord sur le fond. Mais les divergences de vue sur la forme, qui divisent les militants, risquent de faire longtemps sujet de débat.

jeudi 25 juillet 2013

Mélenchon et le Pérou

Et toujours l'excellent blog de Fabrice Nicolino 





Mélenchon et le Pérou (une triste histoire si ordinaire)

 Je ne sers que de relais à une information parue ailleurs, en l’occurrence Mediapart. Et je précise que je ne partage pas les illusions de son auteur. Ce dernier semble appartenir à cette gauche altermondialiste qui estime que, même quand il se trompe aussi gravement, Mélenchon fait partie du même espace politique et moral. Ce n’est évidemment pas mon cas, ainsi qu’en attestent plusieurs articles consacrés à ce monsieur. Pour être sincère, je ne me donne pas même le droit d’écrire sans détour ce que je pense de lui, car alors, on m’accuserait sans nul doute d’aller trop loin. Il est vrai que je vais fort loin, mais il vaut mieux que cela reste dans ma tête.
En tout cas, voici. C’est un texte militant, pour sûr. Mais il contient des faits qu’il est loisible à chacun d’explorer. Pour ce qui me concerne, j’en sais assez sur la famille Humala pour être bien certain que M.Mélenchon, adorateur de l’Amérique latine, plutôt d’une Amérique latine frelatée, fantasmée, reconfigurée pour les besoins de ses exhibitions françaises, continue sa route en direction du Grand Rien, son vrai destin.
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Mélenchon en Amérique Latine, Mélenchon citoyennement à côté de la plaque !

 |  Par Antoine (Montpellier)

COMMUNIQUÉ : Mr Mélenchon et le Pérou
COMITÉ DE SOLIDARITÉ AVEC CAJAMARCA : LES DÉCLARATIONS DE JEAN-LUC MÉLENCHON SUR LE GOUVERNEMENT D’OLLANTA HUMALA
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Photo. Pérou : répression des opposants à la mine de Conga. 5 morts, Jean-Luc Mélenchon !
Le dimanche 14 juillet 2013, Jean-Luc Mélenchon, un des leaders du Parti de Gauche, était au Pérou où il s’est entretenu avec le président de la République péruvienne, Ollanta Humala. Cette visite cordiale d’une des figures de la gauche française a été relatée par Mr Mélenchon lui-même sur son blog et sur le site du Parti de Gauche. S’il fallait n’en retenir que quelques mots, elle se résumerait ainsi : « Ollanta Humala, le président du Pérou, fait vite et bien ce que le président d’un pays riche comme le nôtre se montre incapable de commencer ». [le texte de JL Mélenchon sur son blog]
Eloge du gouvernement péruvien d’un côté et critique au gouvernement français de l’autre, la manœuvre est simple et efficace. Problème : il semble que Mr Mélenchon ait été mal renseigné sur la politique menée par le président péruvien. Rappelons que « la création d’une retraite » évoquée par Mr Mélenchon est en fait un programme social « Pension 65 » - et non un système de retraite – qui, jusqu’à présent, n’est opérationnel que sur 5% du territoire et se trouve déjà entaché d’un scandale de corruption. La croissance n’est pas de six points mais de sept pour l’année 2012, largement soutenue par les exportations du secteur minier (60% des exportations nationales en 2012). Or, les principales régions d’extraction des matières premières coïncident encore et toujours avec les régions les plus pauvres du pays (Cajamarca en est l’exemple).
Ceci ne nous semble pas « être le chemin du développement humain ». L’est encore moins la violente répression s’exerçant dans le cadre des nombreux conflits sociaux agitant le pays. Selon un rapport de la CIDH : depuis 2011, année de l’arrivée d’Ollanta Humala au pouvoir, 24 manifestants ont été assassinés et 649 personnes ont été blessées par la police et l’armée, qui ont utilisé même des armes de guerre contre eux. Au Pérou, on ne se réjouit peut-être pas de l’existence des riches mais on en subit autant qu’ailleurs l’emprise, le peuple de Cajamarca dans sa lutte contre la multinationale Newmont-Buenaventura-Yanacocha en sait quelque chose : il y est le spectateur quotidien de l’acoquinement du gouvernement d’Humala avec le grand capital.

Le président Ollanta Humala perpétue la même politique et suit le même chemin que ses prédécesseurs Alberto Fujimori ou Alan Garcia, par ailleurs critiqués par Jean-Luc Mélenchon, c’est-à-dire l’octroi sans limites de concessions et de droits à des sociétés multinationales dans l’extraction des ressources du pays et ce au détriment des industries et des populations locales. Actuellement plus de 50% du territoire péruvien est sous concession d’entreprises minières ou pétrolières, essentiellement des multinationales et dans leur majorité Nord-Américaines, c’est une étrange manière d’être indépendant quand on sait que la loi permet aux multinationales de louer les services de la police nationale.

Qu’un homme de gauche comme Mr Mélenchon se retrouve soudainement à soutenir un gouvernement de droite est suffisamment grave pour être dénoncé par les acteurs qui, depuis la France, travaillent activement pour dénoncer les dérives de la politique néolibérale de Mr Humala. Le Comité de Solidarité avec Cajamarca, formé il y a presque deux ans, en soutien à un des mouvements sociaux les plus importants en Amérique Latine actuellement (le mouvement du « No à Conga » né de l’opposition au mégaprojet minier Conga), se déclare préoccupé par cette utilisation politicienne que Mr Mélenchon fait de la politique péruvienne.
Cette manœuvre de désinformation des citoyens français et des militants du Parti de Gauche nous paraît d’autant plus scandaleuse que Mr Mélenchon peut difficilement nier que plusieurs tentatives de sensibilisation sur la situation péruvienne ont été menées par le Comité de Solidarité avec Cajamarca auprès du Parti de Gauche. D’ailleurs, des représentants parisiens du PG avaient participé à une mobilisation devant l’ambassade du Pérou l’an dernier pour dénoncer la répression du gouvernement ayant tout de même coûté la vie à cinq manifestants. Cependant et depuis lors, le Parti de Gauche s’est abstenu – à la différence des 23 organisations politiques, syndicales et sociales signataires du communiqué du premier juin 2013 adressé au président Humala  -  de toute participation aux actions ou communications publiques réalisées par le Comité. Ce silence, puis les dernières déclarations de Mr Mélenchon, laissent penser que l’intérêt de ce dernier pour le Pérou est des plus superficiels et ne vise qu’à une chose : multiplier les déclarations d’opposition envers le gouvernement français. Pire, Mr Mélenchon, loin de méconnaître le cas péruvien, le balaie d’un revers de main en faisant le jeu de la droite péruvienne et en délégitimant la lutte des peuples originaires qui défendent sans relâche leurs terres et une autre vision du développement humain depuis déjà presque deux ans. C’est le cas, entre autres, des Gardiens des lacs de la région de Cajamarca.
Le Comité de Solidarité avec Cajamarca invite Mr Mélenchon, mais aussi tous les militants du Parti de Gauche, à reconsidérer cette prise de position qui va à l’encontre du travail réalisé par le Comité et les organisations signataires et qui alimente des pratiques aussi condamnables que celle de la désinformation. Notre Comité et ses alliés redoubleront d’efforts pour surmonter tous les  obstacles  à cette tâche indispensable, à cet engagement solennel avec le peuple de Cajamarca dans sa lutte légitime que nous avons pris ensemble, au compte des intérêts finalement de l’ensemble des peuples du Pérou.
Non à l’imposition du projet minier Conga par l’État péruvien et la multinationale minière Newmont-Buenaventura-Yanacocha !
Non à la répression violente exercée par le gouvernement Humala !
Vive les Gardiens des lacs et le peuple de Cajamarca !
Conga No Va, ni ahora ni nunca !
Publié par CS Cajamarca
A lire aussi 
 Nous écrivions sur ce blog, il y a peu, les lignes ci-dessous à propos du soutien du PG à la politique de Rafael Correa en Equateur. Ces remarques s’appliquent au cas du Pérou et, de manière générale, interrogent l’absence de recul critique dont font preuve le PG et Jean-Luc Mélenchon vis-à-vis des “révolutions citoyennes” d’Amérique Latine. Le dérapage sur le Pérou illustre caricaturalement un travers qui “oublie” que des populations, loin du paradis démocratique évoqué, subissent parfois des répressions bien peu …citoyennes au coût parfois dramatique !
Un exemple d’unilatéralisme analytique : le PG et l’ Equateur 
Le Parti de Gauche développe un soutien sans faille à la politique de Rafael Correa. On pourra lire dans le “kit militant” équatorien qu’il a édité, à l’occasion de cette présidentielle, comment ce parti fait l’impasse, dans son analyse du processus politique de ce pays, sur les limites, voire les graves carences, que pointe Alberto Acosta. […]
En Equateur, comme d’ailleurs au Venezuela, le rôle des mouvements sociaux est borné par les structures politiques (assemblées mais aussi parti du pouvoir) qui cherchent à garder toujours l’ascendant sur ceux-ci dans une dialectique de mobilisation “avec les élus”, “par les élus”, dérivant en mobilisation “pour les élus”, “pour le président” lesquels, bien entendu, incarnent univoquement l’intérêt du peuple. Circularité argumentative dont on n’est pas obligés de penser qu’elle est la quintessence d’une politique pour la rupture écosocialiste et d’une démocratie par et pour le peuple (pardon pour la redondance) !

mercredi 24 juillet 2013

Gaz de schiste et bulle financière

Le Monde diplomatique – MARS 2013
  
Bouleversement énergétique ou feu de paille financier ?

Gaz de schiste, la grande escroquerie.
Énergie bon marché contre pollution prolongée : aux Etats-Unis, le dilemme relatif à l’exploitation des gaz et pétroles de schiste n’a tourmenté ni les industriels ni les pouvoirs publics. En moins d’une décennie, ces ressources nouvelles auraient aiguillé l’Amérique sur les rails de la croissance, dopé l’emploi, rétabli la compétitivité. Et si cette « révolution » n’était qu’une bulle spéculative sur le point d’éclater ?
Par Nafeez Mosaddeq Ahmed
(Politiste, directeur de l’Institute for Policy Research and Development de Brighton - Royaume-Uni.)

À en croire les titres de la presse américaine prédisant un essor économique dû à la « révolution » des gaz et pétroles de schiste, le pays baignera bientôt dans l’or noir. Le rapport « Perspectives énergétiques mondiales 2012 » de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) annonce en effet qu’à l’horizon 2017 les Etats-Unis raviront à l’Arabie Saoudite la place de premier producteur mondial de pétrole et accèderont à une « quasi autosuffisance » en matière énergétique. Selon l’AIE, la hausse programmée de la production d’hydrocarbure, qui passerait de quatre-vingt-quatre millions de barils par jour en 2011 à quatre-vingt-dix-sept en 2035, proviendrait « entièrement des gaz naturels liquides et des ressources non conventionnelles » (essentiellement le gaz et l’huile de schiste), tandis que la production conventionnelle amorcerait son déclin à partir de… 2013.

Extraites par fracturation hydraulique (injection sous pression d’un mélange d’eau, de sable et de détergents destinés à fissurer la roche pour en chasser le gaz), grâce à la technique du forage horizontal (qui permet de fouailler plus longuement la couche géologique voulue), ces ressources ne s’obtiennent qu’au prix d’une pollution massive de l’environnement. Mais leur exploitation aux Etats-Unis a entraîné la création de plusieurs centaines de milliers d’emplois et offre l’avantage d’une énergie abondante et bon marché. Selon le rapport 2013 « Les perspectives énergétiques : un regard vers 2040 » publié par le groupe ExxonMobil, les Américains deviendraient exportateurs nets d’hydrocarbures à partir de 2025 grâce aux gaz de schiste, dans un contexte de forte croissance de la demande gazière mondiale.

Et si la « révolution des gaz de schiste », loin de fortifier une économie mondiale convalescente, gonflait une bulle spéculative sur le point d’éclater ? La fragilité de la reprise autant que les expériences récentes devraient inciter à la prudence vis-à-vis de tels engouements. L’économie espagnole, par exemple, naguère si florissante – quatrième puissance de la zone euro en 2008 –, se délabre depuis que la bulle immobilière à laquelle elle s’accrochait aveuglément a éclaté sans prévenir. La classe politique a tiré peu d’enseignements de la crise de 2008 ; la voilà sur le point de répéter les mêmes erreurs dans le secteur des énergies fossiles.

Une enquête du New York Times de juin 2011 révélait déjà quelques fissures dans la construction médiatico-industrielle du « boom » des gaz de schiste, en ébruitant les doutes nourris par divers observateurs – géologues, avocats, analystes des marchés – quant aux effets d’annonce des compagnies pétrolières, soupçonnées de « surestimer délibérément, et même illégalement, le rendement de leurs exploitations et le volume de leurs gisements (1) »« L’extraction du gaz depuis les schistes du sous-sol, écrivait le quotidien, pourrait se révéler moins facile et plus coûteuse que ce que prétendent les compagnies, comme l’indiquent des centaines de courriers électroniques et de documents échangés par les industriels à ce sujet, ainsi que les analyses des données recueillies sur plusieurs milliers de forages. »

Début 2012, deux consultants américains tirent la sonnette d’alarme dans Petroleum Review, la principale revue de l’industrie pétrolière britannique. Tout en s’interrogeant sur « la fiabilité et la durabilité des gisements de gaz de schiste américain », ils relèvent que les prévisions des industriels coïncident avec les nouvelles règles de la Securities and Exchange Commission (SEC), l’organisme fédéral de contrôle des marchés financiers. Adoptées en 2009, celles-ci autorisent en effet les compagnies à chiffrer le volume de leurs réserves comme bon leur semble, sans vérification par une autorité indépendante (2). 

Pour les industriels, la surestimation des gisements de gaz de schiste permet de faire passer au second plan les risques liés à leur exploitation. Or la fracturation hydraulique n’a pas seulement des effets délétères sur l’environnement : elle pose aussi un problème strictement économique, puisqu’elle génère une production à très faible durée de vie. Dans la revue Nature, un ancien conseiller scientifique du gouvernement britannique, David King, souligne que le rendement d’un puits de gaz de schiste décroche de 60 à 90% au terme de sa première année d’exploitation (3). 

Une chute aussi brutale rend évidemment illusoire tout objectif de rentabilité. Dès qu’un forage s’épuise, les opérateurs doivent à toute vitesse en creuser d’autres pour maintenir leur niveau de production et rembourser leurs dettes. Quand la conjoncture s’y prête, pareille course en avant peut faire illusion pendant quelques années. C’est ainsi que, combinée à une activité économique chétive, la production des puits de gaz de schiste – atone sur la durée, mais fulgurante à brève échéance – a provoqué une baisse spectaculaire des prix du gaz naturel aux Etats-Unis, passés de 7 à 8 dollars par million de BTU (British Thermal Unit) en 2008 à moins de 3 dollars en 2012.

Les spécialistes en placements financiers ne sont pas dupes. « L’économie de la fracturation est une économie destructive, avertit le journaliste Wolf Richter dans Business Insider (4). L’extraction dévore le capital à une vitesse étonnante, laissant les exploitants sur une montagne de dettes lorsque la production s’écroule. Pour éviter que cette dégringolade n’entame leurs revenus, les compagnies doivent pomper encore et encore, en compensant les puits taris par d’autres qui le seront demain. Hélas, tôt ou tard, un tel schéma se heurte à un mur, celui de la réalité. »

Géologue ayant travaillé pour Amoco (avant sa fusion avec BP), M. Arthur Berman, se dit lui-même surpris par le rythme « incroyablement élevé » de l’épuisement des gisements. Évoquant le site d’Eagle Ford au Texas – « la mère de tous les champs d’huile de schiste » – il indique que « la baisse annuelle de la production dépasse les 42% ». Pour s’assurer des résultats stables, les exploitants vont devoir forer « presque mille puits supplémentaires chaque année sur le même site. Soit une dépense de 10 à 12 milliards de dollars par an… Si on additionne tout cela, on en arrive au montant des sommes investies dans le sauvetage de l’industrie bancaire en 2008. Où est-ce qu’ils vont prendre tout cet argent ? (5) ».

La bulle gazière a déjà produit ses effets sur quelques-unes des plus puissantes compagnies pétrolières de la planète. En juin dernier, le président-directeur général d’ExxonMobil, M. Rex Tillerson, criait famine en expliquant que la baisse des prix du gaz naturel aux Etats-Unis était certes une chance pour les consommateurs, mais une malédiction pour sa société, victime d’une diminution drastique de ses revenus. Alors que, devant ses actionnaires, ExxonMobil prétendait encore ne pas avoir perdu un seul centime à cause du gaz, M. Tillerson a tenu un discours presque larmoyant devant le Council of Foreign Relation (CFR), l’un des think tanks les plus influents du pays : « On est en train d’y laisser notre chemise. On ne gagne plus d’argent. Tout est dans le rouge (6). »

À peu près au même moment, la compagnie gazière britannique BG Group se voyait acculée à une « dépréciation de ses actifs dans le gaz naturel américain à hauteur de 1,3 milliards de dollars », synonyme de « baisse sensible de ses bénéfices intermédiaires » (7). Le 1er novembre 2012, après que la compagnie pétrolière Royal Dutch Shell eut enchaîné trois trimestres de résultats médiocres, avec une baisse cumulée de 24% sur un an, le service d’information du Dow Jones rapporta cette funeste nouvelle en s’alarmant de « préjudice » causé par l’engouement pour les gaz de schiste à l’ensemble du secteur boursier.
De la panacée à la panique
Pourtant pionnière dans la course aux gaz de schiste, Chesapeake Energy n’échappe pas non plus à la bulle. Écrasée sous le poids de ses dettes, l’entreprise américaine a dû mettre en vente une partie de ses actifs – des champs gaziers et des pipelines pour une valeur totale de 6,9 milliards de dollars – afin d’honorer les traites de ses créanciers. « La compagnie réduit un peu plus ses voiles, alors que son président-directeur général en avait fait l’un des leaders de la révolution des gaz de schiste », déplore le Washington Post (8).

Comment les héros de cette « révolution » ont-ils pu tomber aussi bas ? L’analyste John Dizard observait dans le Financial Times du 6 mai 2012 que les producteurs de gaz de schiste avaient dépensé des montants « deux, trois, quatre, voire cinq fois supérieurs à leurs fonds propres afin d’acquérir des terres, de forer des puits et de mener à bien leur programme ». Pour financer la ruée vers l’or, il a fallu emprunter des sommes astronomiques « à des conditions complexes et exigeantes », Wall Street ne dérogeant pas à ses règles de conduite habituelles. Selon Dizard, la bulle gazière devrait pourtant continuer de croître, en raison de la dépendance des Etats-Unis à cette ressource économiquement explosive. « Compte tenu du rendement éphémère des puits de gaz de schiste, les forages vont devoir se poursuivre. Les prix finiront par s’ajuster à un niveau élevé, et même très élevé, pour couvrir non seulement les dettes passées, mais aussi des coûts de production réalistes. »

Il n’est pas exclu néanmoins que plusieurs grosses compagnies pétrolières se retrouvent confrontées simultanément à une même débâcle financière. Si cette hypothèse se confirmait, dit M. Berman, « on assisterait à deux ou trois faillites ou opérations de rachats retentissantes, en vertu de quoi chacun reprendrait ses billes et les capitaux s’évaporeraient. Ce serait le pire des scénarios »

En d’autres termes, l’argument selon lequel les gaz de schiste prémuniraient les Etats-Unis ou l’humanité toute entière contre le « pic pétrolier » – niveau à partir duquel la combinaison des contraintes géologiques et économiques rendra l’extraction du brut insupportablement difficile et onéreuse – relèverait du conte de fée. Plusieurs rapports scientifiques indépendants parus récemment confirment que la « révolution » gazière n’apportera pas de sursis dans ce domaine.

Dans une étude publiée par la revue Energy Policy, l’équipe de King parvient à la conclusion que l’industrie pétrolière a surévalué d’un tiers les réserves mondiales d’énergies fossiles. Les gisements encore disponibles n’excèderaient pas huit cent cinquante milliards de barils, alors que les estimations officielles parlent de quelques mille trois cents milliards. Selon les auteurs, « si d’immenses quantités de ressources fossiles restent certainement nichées dans les profondeurs de la Terre, le volume de pétrole exploitable aux tarifs que l’économie mondiale a l’habitude de supporter est limité et voué à décliner à court terme (9) ».

En dépit des trésors de gaz arrachés aux sous-sols par fracturation hydraulique, la diminution des réserves existantes se poursuit à un rythme annuel estimé entre 4,5 et 6,7% par an. King et ses collègues récusent donc catégoriquement l’idée selon laquelle l’exploitation des gaz de schiste pourrait résoudre la crise énergétique. De son côté, l’analyste financier Gail Tverberg rappelle que la production mondiale d’énergies fossiles conventionnelles a cessé de progresser en 2005. Cette stagnation, dans laquelle il voit l’une des causes majeures de la crise de 2008 et 2009, annoncerait un déclin susceptible d’aggraver encore la récession actuelle – avec ou sans gaz de schiste (10). Ce n’est pas tout : dans une recherche publiée dans la foulée du rapport de l’AIE, la New Economics Foundation (NEW) prévoit l’émergence du pic pétrolier pour 2014 ou 2015, lorsque les coûts d’extraction et d’approvisionnement « dépasseront le coût que les économies mondiales peuvent assumer sans porter un dommage irréparable à leurs activités (11) ».

Ces travaux n’ont retenu l’attention ni des médias ni des milieux politiques, submergés par la rhétorique publicitaire des lobbyistes de l’énergie. C’est regrettable, car leur conclusion se comprend facilement : loin de restaurer une quelconque prospérité, les gaz de schiste gonflent une bulle artificielle qui camoufle temporairement une profonde instabilité structurelle. Lorsqu’elle éclatera, elle occasionnera une crise de l’approvisionnement et une envolée des prix qui risquent d’affecter douloureusement l’économie mondiale.
(1) « Insiders sound an alarm amid a natural gas rush », The New York Times, 25 juin 2011. 
(2) Ruud Weijermars et Crispian McCredie, « Inflating US shale gas reserves », Petroleum Review, Londres, janvier 2012 
(3) James Murray et David King, « Climate policy : Oil’s tipping point has passed », Nature, n°481, Londres, 26 janvier 2012.
(4) Wolf Richter, « Dirt cheap natural gas is tearing up the very industry that’s producting it », Business Insider, Portland, 5 juin 2012. 
(5) « Shale gas will be the next bubble to pop. An interview with Arthur Berman », Oilprice, 12 novembre 2012, https://oilprice.com.
(6) « Exxon : ‘‘Loosing our shirts’’ on natural gas », The wall Street Journal, New York, 27 juin 2012.
(7) « US shale gas glut cuts BG Group profits », Financial Times, Londres, 26 juillet 2012.
(8) « Debt-plagged chesapeake energy to sell $6,9 billion worth of its holding », The Washington Post, 13 septembre 2012. 
(9) Nick A. Owen, Oliver R. Inderwildi et David A. King, « The status of conventional world oil reserves – Hype or cause for concern ? », Energy Policy, vol. 38, n°8, Guildford, août 2010. 
(10) Gail E. Tverberg, « Oil supply limits and the continuing financial crisis », Energy, vol. 37, n°1, Stamford, janvier 2012.
(11) « The economics of oil dependence : A glass ceiling to recovery », New Economics Foundation, Londres, 2012.


lundi 22 juillet 2013

OGM : Reculer ... pour mieux Sauter... ?

Monsanto recule sur les OGM en Europe


Le Monde.fr |  • Mis à jour le  |Par 

Vue d'une parcelle de maïs transgénique cultivé en plein champ près de Vic-Fezensac, à quelques kilomètres d'Auch, dans le Gers. | AFP/ERIC CABANIS

C'est un nouveau coup porté aux OGM en 
Europe. Le géant américain des biotechnologies Monsanto va retirer toutes ses demandes d'homologation en cours pour de nouvelles cultures transgéniques dans l'Union européenne. En cause : l'absence de perspectives commerciales dans un continent globalement hostile aux biotechnologies.

"Nous retirerons les homologations dans les mois qui viennent", a déclaré à Reuters, mercredi 17 juillet, Jose Manuel Madero, président et directeur général de Monsanto pour l'Europe. L'information a été confirmée par la Commission européenne qui a dit "prendre note de cette décision".

RETRAIT DE SEPT DEMANDES
Sont concernées cinq demandes d'homologation pour du maïs, une concernant du soja et une autre de la betterave à sucre. Par contre, Monsanto ne compte pas retirer sa demande de renouvellement de l'autorisation pour son maïs MON 810 résistant aux insectes – le seul OGM actuellement cultivé à des fins commerciales en Europe depuis 1998.
Le groupe d'agrochimie a indiqué qu'il comptait se recentrer sur son activité traditionnelle de semences en Europe, en investissant 300 millions de dollars (230 millions d'euros) dans la décennie à venir dans "l'amélioration génétique des semences et la production de semences". Il veut également s'employer à obtenir les autorisations d'importation dans l'UE de variétés de semences OGM dont la culture est généralisée aux Etats-Unis et en Amérique du Sud.

HOSTILITÉ EUROPÉENNE

Cette décision reflète les difficultés rencontrées par de nombreuses entreprises de biotechnologies face à un système européen d'homologation des OGM long et complexe. L'Union européenne délivre en effet les autorisations de mise sur le marché ou de mise en culture des organismes génétiquement modifiés après une évaluation, au cas par cas, des risques pour la santé publique et l'environnement réalisée par l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA), ainsi qu'une consultation des Etats membres. Ces derniers peuvent ensuite faire jouer une clause de sauvegarde pour interdire sur leur territoire l'un de ces OGM.

Résultat, seulement trois variétés ont reçu un feu vert pour être cultivées sur le vieux continent : le MON810 – contre lequel huit pays européens ont toutefois pris des moratoires –, la pomme de terre Amflora – dont le producteur allemand BASF a arrêté le développement en janvier 2012 avant de déménager ses activités de recherche aux Etats-Unis – et le maïs T25 – tolérant à un herbicide mais qui n'a jamais été cultivé en Europe.

Au total, les cultures OGM, en baisse depuis des années, couvrent aujourd'hui 132 000 hectares en Europe, à 95 % en Espagne et au Portugal, soit moins de 1 % de l'ensemble des champs du continent. Conséquence : Monsanto réalise moins de 2 % de ses 2 milliards d'euros de chiffre d'affaires européen grâce aux OGM, selon le Financial Times.

"Quant il est arrivé en Europe il y a quinze ans, Monsanto ne s'attendait pas à une telle résistance des Européens. Il pensait pouvoir se développer comme aux Etats-Unis", estime Christophe Noisette, chargé de mission pour l'association Inf'OGM. Le lobbying agressif de l'entreprise n'y aura rien changé.

POURSUITE DE L'IMPORTATION D'OGM

Malgré l'hostilité du public, les OGM restent présents en Europe par le biais des importations. Au total, 41 OGM sont autorisés à la mise sur le marché, selon Inf'OGM : du maïs, du coton, de la betterave, de la pomme de terre et surtout du soja. L'Union européenne est ainsi l'un des grands acheteurs mondiaux de céréales génétiquement modifiées : elle importe chaque année plus de 40 millions de tonnes de soja transgénique pour alimenter son bétail, dont 4 millions de tonnes pour la France.

"Si une majorité d'Etats européens n'ont pas envie de cultiver des OGM sur leur territoire, ils ne peuvent pas s'opposer à leur importation car ils ne sont pas autonomes en protéines végétales pour nourrir le bétail, analyse Christophe Noisette. L'Europe ne pourra pas sortir de la dépendance au soja transgénique sans une réelle implication des pouvoirs publics pour faciliter l'émergence d'une filière qui nous soit propre."

D'ici là, Monsanto a enregistré 26 nouveaux dossiers d'OGM qui attendent une autorisation pour être importés en Europe.