Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

mercredi 30 novembre 2016

Pourquoi j’ai secouru des réfugiés

Pourquoi j’ai secouru des réfugiés

Pierre-Alain Mannoni est poursuivi en justice pour avoir secouru des réfugiés, son procès se tiendra au Palais de Justice de Nice a la date confirmé du mercredi 23 novembre 2016 à 13h30 Voici son message : 
J’ai 45 ans et 2 enfants. Je suis fonctionnaire de l’Education Nationale, Ingénieur d'Etude dans un laboratoire de recherche du CNRS / Université Nice Sophia Antipolis et enseignant à la Faculté des Sciences. Je n'étais pas jusqu’à présent militant politique ou associatif.

Dans ma famille on est Corse. J’ai passé toutes mes vacances au village de Pero-Casevecchie dans la maison de mon grand-père, le médecin du canton qui faisait ses visites à cheval. Au village, presque 50 ans après sa mort, les gens en parlent encore car que ce soit en pleine nuit à l’autre bout du canton, que ce soit un bandit blessé ou un paysan qui n’ait pas de quoi payer, il soignait. Dans les récits que me racontait mon père et dans les expériences que j’ai vécu là-bas, j’ai appris et compris qu’on ne laisse pas quelqu’un en danger sur le bord de la route, d’abord parce que c’est la montagne mais aussi parce que c’est une question de dignité. Ou d’honneur comme on dit.

J’ai la chance d’avoir des enfants et en tant que père avec la garde partagée, j’ai pris cette tâche pas évidente très au sérieux. Pas évidente car aujourd’hui le monde va mal que ce soit d’un point de vue social ou environnemental alors au delà d’une “bonne situation”, ce que je souhaite pour mes enfants, c’est qu’ils soient l’espoir d’un monde meilleur.

Le Dimanche 16 octobre en rentrant en voiture de la fête de la brebis à la Brigue avec ma fille de 12 ans, nous avons secourus 4 jeunes du Darfour. La Brigue est un village français dans la vallée de la Roya qui est frontalière de Vintimille en Italie. C’est dans cette vallée que sont régulièrement secourus hommes mais surtout femmes et enfants qui se trouvent sur ces routes de montagnes et qu’on appelle migrants. Ces 4 jeunes étaient complètement perdus et se dirigeaient à pied, certains en bermuda, vers les montagnes enneigées. Avec ma fille on les a ramené à Nice, ils ont mangés et dormi avec nous dans mon appartement de 40m2. Le lendemain comme tous les jours d’école nous nous sommes levés à 6h15. Ils sont venus avec moi déposer ma fille à l’école puis je les ai déposé dans une petite gare peu surveillée par la police et je leur ai payé un billet de train pour la première partie du trajet. Ils devaient retrouver leur famille à Marseille.

C’était ma première action de secours envers ces “migrants”. Pourquoi je l’ai fait ce jour là ? Jusqu’à présent avec mes enfants j’avais déposé des vêtements à la croix rouge à Vintimille, des chaussures, un sac à dos, pour aider mais aussi pour leur montrer qu’il y a des injustices dans le monde et que chacun de nous peut faire quelque chose... Là c’était la deuxième fois que je voyais un groupe sur le bord de la route. La première fois j’avais hésité, je n’avais pas eu le courage, mais cette fois-ci il y avait ma fille et j’ai pu lui montrer l’exemple.

Le lendemain lundi 17 octobre, après une soirée chez des amis dans cette même vallée, sur le retour vers Nice, je décide de m'arrêter dans ce camp pour migrant à St Dalmas de Tende, un bâtiment désaffecté pour colonies de vacances de la SNCF qui a été ouvert en urgence quelques heures auparavant, sans autorisation, par un collectif d’associations dont la Ligue des Droits de l’Homme, Amnesty International et un tas d'associations nationales et locales. L’ouverture de ce lieu à fait l’objet d’un communiqué de ces associations dans les médias. Je sais bien que mon retour vers Nice est une opportunité d’en sortir quelques-un de ce lieu sans eau ni électricité et ou la température en pleine nuit ne doit pas dépasser 10 degrés. Je décide d’en ramener chez moi et de les déposer à la gare le lendemain.

Ce sont 3 filles qu’on vient d’aller chercher à l’étage. Elles sont contentes de ma proposition me dit on car elles sont attendues par une association à Marseille pour être soignées. Quand je les vois mon coeur se déchire. Elles ont peur, elles ont froid, elles sont épuisées, elles ont des pansements aux mains, aux jambes, l’une boite en faisant des grimaces de douleurs et l’autre ne peut pas porter son sac avec sa main blessée. J’apprendrais plus tard que l’une d’elles est la cousine de la jeune fille tuée sur l’autoroute vers Menton quelques semaines avant. Elles ne parlent ni français, ni anglais. Il faut marcher une centaine de mètres pour rejoindre ma voiture et cela prend très longtemps car l’une marche très difficilement. J’en profite pour essayer de savoir de quel pays elles sont. Erythrée. Une fois dans la voiture, je constate qu’elles n’ont jamais utilisé de ceinture de sécurité. Je suis dans l’embarras de m’approcher d’elles qui ont peur pour leur mettre la ceinture. Elles n’ont pas peur de moi mais dans leurs yeux je lis qu’elles savent que rien n’est gagné. Il ne faut pas être un génie pour comprendre qu’au long des 6000 km qu’elles ont fait pour arriver jusqu’ici, elles ont fréquenté la mort et le cortège d’horreurs qu’on n’ose imaginer. Je démarre avec à mon bord ces filles dont je dois prendre soin et que je dois amener à bon port. J’éteins la radio, la situation est suffisamment incroyable.

Nous n’arriverons pas à Nice. Au péage de la Turbie les gendarmes nous arrêtent et nous conduisent à la Police de l’Air et des Frontières. Ils m’ont séparé des Érythréennes. Ce n’est pas clair ce qu’ils ont fait d’elles mais je ne crois pas qu’elles aient été soignées. Elles auraient été renvoyées au sud de l’Italie comme ça se fait souvent. Les policiers m’ont dit qu’au moins l’une d’elle était mineure. Je n’ai pas réussi à les protéger.

Après 36h de garde à vue, j’ai été libéré sous contrôle judiciaire. Ma voiture a été saisie ainsi que mon téléphone et je n’ai pas le droit de quitter Nice sauf pour emmener mes enfants à l’école mais il n’y pas de transport en commun à moins de les réveiller à 5h30 du matin. Mon procès sera  renvoyé à une date ultérieure, à la même date que celui de Cédric Herrou membre d’associations humanitaires qui secourent les personnes en danger dans la vallée de la Roya et qui est également poursuivi pour avoir aidé des étrangers.

Le lendemain de ma libération, alors que, coup du sort, je me retrouvais à secourir un accidenté de la route qui se vidait de son sang en bas de chez moi, un “jeune migrant” est mort percuté par une voiture sur l’autoroute à Menton, il a été projeté par dessus le parapet du viaduc et a fait une chute de plusieurs dizaines de mètres. Venu du bout du monde, perdu sur l’autoroute et mort à 20 km de chez moi.

Mon geste n’est ni politique, ni militant, il est simplement humain et n’importe quel citoyen lambda aurait pu le faire et que ce soit pour l’honneur de notre patrie, pour notre dignité d’hommes libres, pour nos valeurs, nos croyances, par amour ou par compassion nous ne devons pas laisser des victimes mourir devant nos portes. L’histoire et l’actualité nous montrent suffisamment que la discrimination mène aux plus grandes horreurs et pour que l’histoire ne se répète plus, nous devons valoriser la solidarité et éduquer nos enfants par l’exemple.

Pierre-Alain Mannoni 
Une pétition à signer pour que toutes les personnes qui ont aidé et sont en procès soient relaxées :

Source : https://blogs.mediapart.fr/pierre-alain-mannoni/blog/111116/pourquoi-j-ai-secouru-des-refugies

mardi 29 novembre 2016

Nucléaire : la CRIIRAD lance un appel à soutien exceptionnel.

Non content de confier la bio aux agro-industriels 
 http://lemurparle.blogspot.fr/2016/11/laurent-wauquiez-confie-la-bio-aux-agro.html
 Laurent Wauquiez s'attaque à la CRIIRAD en lui supprimant toute subvention. 
Nous avons vraiment besoin d'un laboratoire indépendant concernant la radioactivité.
Soyons solidaires !

On a reçu ça : 


Bonjour,

Ici Jean Monestier.

 Je suis membre de la CRIIRAD, vous savez, cette association qui, fondée en 1986 par Michèle Rivasi, a démontré scientifiquement que le nuage de Tchernobyl ne s'était pas arrêté aux frontières de la France.

 Soutenue par des milliers de citoyens devenus adhérents, la CRIIRAD, dont le laboratoire est agréé, équilibre son budget par des contrats avec des collectivités locales, soit pour des études ponctuelles de pollutions radioactives, soit pour la gestion de balises de surveillance de l'atmosphère.

La Région Rhône Alpes vient de rompre unilatéralement et brutalement un tel contrat. Il est probable que le nouveau président soutienne le lobby qui préfère que l'on ne sache pas ce qui se passerait en cas de nouvelle catastrophe nucléaire.

 Mais, au dessus des partis, il y a la République, dont le peuple est souverain.

 Après Tchernobyl, connaissant toutes les manoeuvres édulcorantes dont fait preuve le gouvernement japonais à Fukushima, préféreriez vous bénéficier, pour vous mêmes et les vôtres, de l'existence d'un laboratoire indépendant des gouvernements, de l'OMS, de l'AIEA, et autres Agences qui manoeuvrent clairement pour que vous trouviez normale une vie en milieu radioactif. Votre ignorance est leur objectif.

 Si la CRIIRAD disparaissait, ou au moins son laboratoire et ses experts, ce serait pour les nucléocrates un grand pas vers votre soumission. C'est le moment de choisir en tant que citoyen et de faire un chèque en fonction de vos capacités. Il n'y a pas de gros ou de petits chèques. C'est leur nombre qui fait leur force. Lisez donc ce qui suit et sauvegardez vos chances de savoir au cas où...

Merci de faire suivre si vous le jugez bon.

Amicalement.

*********************************************************

Chère Adhérente, cher Adhérent,
Vous avez pu constater combien l’actualité est actuellement forte pour la CRIIRAD. Si le travail ne manque pas, l’arrêt sans préavis de la subvention de la région Auvergne Rhône-Alpes et du soutien de certaines collectivités, placent notre association en situation financière difficile. Sur l’exercice 2016 ce sont plus de 100.000€ qui manqueront.
Toute l’équipe s’emploie activement à trouver des solutions : recherche de nouveaux partenaires, financement participatif, prospection de prestations pour le laboratoire, etc. Mais toutes ces démarches nécessitent du temps.
Nous vous remercions encore pour la contribution que vous apportez déjà aux activités de notre association. Nous ne sommes pas coutumiers de cette méthode, mais notre recours le plus immédiat dans la situation où nous nous trouvons est d’émettre un appel exceptionnel en direction de tous ceux qui soutiennent ou suivent nos actions.
Environ 5.500 particuliers ou personnes morales soutiennent l’association en fonction de leurs possibilités. Si chacun d’entre nous apportait une contribution supplémentaire exceptionnelle de 10€ (3,40 après déduction) en moyenne, nous pourrions combler environ la moitié de notre déficit. Avec 20€ (6,80€ après déduction), nous serions proches de l’équilibre ! Une valeur supérieure augmenterait les chances de combler le déficit.
Les menaces s’accumulent sur notre santé et sur notre environnement et il indispensable pour nous de disposer des moyens nécessaires pour :
·        combattre les plans de gestion des situations post-accidentelles qui obligent à vivre en zone contaminée, et à consommer des aliments également contaminés
·        empêcher la délivrance de dérogations autorisant la dissémination de produits radioactifs dans notre environnement quotidien,
·        dénoncer les mensonges, les falsifications,  les expertises biaisées, les consultations alibi ayant pour unique objet de cautionner des décisions déjà prises,
·        développer des actions de formation et d’assistance auprès des citoyens et des associations de terrain, en France comme à l’étranger, pour amplifier nos actions et contrer la puissance du lobby nucléaire,
·        rechercher la vérité sur l’impact environnemental et sanitaire des catastrophes nucléaires, Tchernobyl et Fukushima,
·        évaluer l’impact des rejets radioactifs des installations nucléaires et dénoncer les carences des systèmes de contrôles officiels.

En dehors de notre conviction, de notre engagement et de notre travail à tous, c’est « le nerf de la guerre » qui permet d’alimenter ces actions. C’est pourquoi la CRIIRAD
​ ​
a besoin de votre soutien exceptionnel et compte sur vous pour diffuser largement cet appel dans votre entourage et pour développer des initiatives qui contribueraient à cet objectif.
 
Un grand merci par avance, avec toute notre amitié,   

Le Président                                
Roland Desbordes



* Comment faire ? effectuez votre don sur http://www.criirad.org/soutenir/don.html ou adressez-nous un chèque (joindre vos coordonnées pour recevoir votre reçu fiscal).
* Réduction d’impôts : le don est déductible des impôts (pour ceux qui y sont soumis) à hauteur de 66% ;  un don de 20€ ne coute que 6,80€, un don 50€ ne coûte que 17€ !






lundi 28 novembre 2016

A la frontière italienne, ceux qui aident les réfugiés sont harcelés et à bout


A la frontière italienne, 

ceux qui aident les réfugiés 

sont harcelés et à bout

Par Louise Fessard
Dans la vallée de la Roya, à la frontière franco-italienne, depuis mai 2016, un réseau de citoyens secourt les migrants, pour beaucoup des enfants, qui tentent de rejoindre le nord de l’Europe par les voies ferrées, sentiers et autoroutes. Un enseignant doit être jugé mercredi 23 novembre à Nice. Arrêté et placé en garde à vue, un agriculteur fait également l'objet de poursuites. 


À l’entrée de la vallée de la Roya, juste après la frontière italienne, un tag souhaite la bienvenue aux réfugiés. © LF
À l’entrée de la vallée de la Roya, juste après la frontière italienne, un tag souhaite la bienvenue aux réfugiés. © LF
 De notre envoyée spéciale.- Dans la vallée de la Roya, proche de la frontière italienne, certains habitants ont pris l’habitude de toujours avoir un peu de nourriture dans leur voiture. Pour aider, au cas où ils croiseraient sur la route des migrants affamés après une nuit de marche depuis Vintimille (Italie). Depuis la fermeture de la route des Balkans, en février 2016, cette vallée des Alpes-Maritimes se retrouve à l’avant-poste du flux migratoire. Chaque mois des centaines de migrants y passent, pour la plupart érythréens et soudanais. « Ils arrivent dans la nuit en tongs, les pieds ensanglantés, transis de froid », explique Richard, 61 ans, fresquiste à Saorge, un village perché dans la vallée.

 
Dans le dédale des ruelles, Richard mène jusqu’à une maison amie où sont hébergés, le temps de souffler avant de reprendre leur route vers l’Allemagne ou le Luxembourg, trois jeunes Érythréens. À leur arrivée dans la vallée, le 6 novembre, après six heures de marche, Semir*, 18 ans, et ses deux compatriotes de 17 ans se sont cachés dans la forêt aux abords du village. « Je savais que nous étions en France car nous avons vu un panneau de la douane, mais nous avions peur de la police », explique, en anglais, le jeune homme, qui a fui le service militaire perpétuel de cette dictature.
Lancey, 26 ans, et Amadou, 18 ans, deux jeunes Guinéens reviennent du camp de la Croix-Rouge à Vintimille, où ils n'ont pas trouvé de place. © LF
Lancey, 26 ans, et Amadou, 18 ans, deux jeunes Guinéens reviennent du camp de la Croix-Rouge à Vintimille, où ils n'ont pas trouvé de place. © LF

C’est la faim et la soif qui, au bout de deux jours, ont fini par les pousser à monter au village. « Ils ont frappé à plusieurs portes en disant “Help !”, relate Richard. Moi j’étais parti dans un autre village soutenir quelqu’un qui a onze migrants chez lui, et je reçois un coup de fil d’un habitant de Saorge qui me dit : “Y a des migrants devant ma porte, alors fais ton boulot.” Le temps que j’arrive, une habitante les avait fait entrer chez elle. Ils ont eu de la chance car il est arrivé qu’un habitant prévienne la police municipale ou les gendarmes, s’ils sonnent à la mauvaise porte. »

De Vintimille (Italie), il faut remonter la départementale ou une étroite voie de chemin de fer sur 25 kilomètres vers le nord pour déboucher à Breil-sur-Roya, dans la partie française de la vallée. Sur cette départementale de montagne, on ne croise jamais aucun uniforme, contrairement à la frontière côtière, contrôlée depuis le 9 juin 2015 par les gendarmes français. Les contrôles policiers n’ont lieu qu’après : à la gare de Breil-sur-Roya et à celle de Sospel où les militaires patrouillent depuis juillet, ainsi qu'au péage de la Turbie sur l’autoroute de Nice.

Ces contrôles transforment la vallée de la Roya en un vrai cul-de-sac pour les migrants. S’ils la remontent vers le nord, ils retournent en Italie. S’ils tentent de descendre au sud, vers Menton et Nice, ils risquent d’être interpellés, remis aux policiers italiens et possiblement renvoyés en bus à Taranto dans les Pouilles, un des centres d’enregistrement voulus par l’Union européenne.

 
Selon les chiffres de la préfecture des Alpes-Maritimes au 17 novembre, 31.757 interpellations de migrants ont eu lieu dans le département depuis début 2016, souvent au mépris de la protection des mineurs isolés, renvoyés illégalement en Italie. Ce travail de Sisyphe mobilise de nombreux agents, puisque certains migrants rencontrés à Vintimille totalisent plus de quinze tentatives de passage. « C’est une chasse aux chiffres, estime Morgan Herrou, 40 ans, un agriculteur de la vallée dont le frère est poursuivi pour avoir aidé des migrants. Les policiers pourraient bloquer la frontière de la Roya comme ils font en bas, à Menton, mais les migrants ne passeraient plus, il n’y aurait plus de chiffres de retours à agiter. C’est pour ça qu’ils contrôlent après la frontière. »

À plusieurs reprises, des habitants de la vallée ont rattrapé des migrants qui partaient vers le nord, pensant se diriger vers Paris alors qu’ils allaient vers l’Italie. « Samedi 12 novembre, je suis passé à Breil à 7 heures du matin, j’ai rencontré deux jeunes Érythréens, dit Jean-Noël Fessy, sculpteur à Saint-Dalmas-de-Tende et trésorier de l'association Roya citoyenne. Ils tremblaient de froid, les yeux hagards. Leur premier mot ça été “help !”. C’est la première fois qu’on me dit ça. C’est sidérant, ces jeunes qui partent sans aucune notion géographique, sans un mot d’anglais, sans savoir lire notre alphabet, qui prennent les trains au hasard. »

« Ils étaient 50, dont une majorité de mineurs, dans la boue »


Côté italien, ils sont près d’un millier coincés à Vintimille, avec un fort turn over. « Ici, c’est le contraire de Calais, c’est la France qui bloque », explique Jean-Noël Fessy. Le camp de la Croix-Rouge, ouvert mi-juillet 2016 par la préfecture d’Imperia dans une zone ferroviaire, à quatre kilomètres du centre-ville, abrite uniquement les hommes, pour une durée maximale de sept jours. Prévus pour accueillir 360 personnes, ses préfabriqués en hébergeaient presque le double (596 personnes) mi-novembre.
« Certains dorment sur le sol ou sous le pont, dehors, faute de places, les toilettes sont très sales et l’eau glacée, mais c’est mieux que rien », décrit poliment Amer, un jeune Afghan de 18 ans. Passé par la Grèce et la Turquie, il a manifestement vu bien pire.

À Vintimille, la paroisse de San Antonio a ouvert son église aux familles, femmes seules et enfants isolés. © LF
À Vintimille, la paroisse de San Antonio a ouvert son église aux familles, femmes seules et enfants isolés. © LF
 
Les arrivants les plus vulnérables, familles, femmes et enfants seuls, trouvent refuge dans le sous-sol de l’église San Antonio, proche du centre-ville de Vintimille. Ils sont une soixantaine à dormir sur des lits superposés récupérés dans une prison, avec des arrivées et des départs tous les jours, au gré des passages en France.
« Certains ont tenté dix, quinze fois, explique le père Rito Julio Alvarez, prêtre de la paroisse. Les mineurs isolés, filles et garçons, érythréens et soudanais pour la plupart, sont si nombreux ! Et les femmes seules aussi, qui ont souvent été violentées en Libye. Leurs histoires sont toutes tragiques. L’idéal serait de faire un entretien à leur arrivée, sur leurs récits, leurs intentions, mais nous n’avons pas d’interprète, pas le temps. » Vers 17 heures ce lundi, alors que la nuit tombe, une femme seule, avec cinq enfants en bas âge, se présente au portail. C’est une Érythréenne qui arrive en train de Milan.
À Vintimille, des centaines d'hommes dorment sur les rives de la Roya, sous l'autoroute. © LF
À Vintimille, des centaines d'hommes dorment sur les rives de la Roya, sous l'autoroute. © LF
  L’ambiance est malgré tout joyeuse. En cuisine, Maureen, une Londonienne retraitée de 65 ans, et son mari italien, Ernesto, producteur d’huile d’olive, préparent la pasta avec plusieurs réfugiées. Habitant à Valbonne, à une dizaine de kilomètres, le couple vient régulièrement donner un coup de main, comme une trentaine de bénévoles italiens. « J’ai été surprise, en arrivant à l’église, de découvrir qu’il y avait tant de gens qui donnaient, dit Maureen. Ah !, tel boulanger, tel commerçant, et aussi tel pharmacien… C’est très rafraîchissant ! Dans les médias, on n’entend que les gens opposés aux réfugiés. Les gens bien ne font pas de bruit, contrairement aux mauvais. »

À proximité de l’église, sur les rives de la Roya, dorment des centaines d’hommes qui n’ont pas trouvé de place au camp de la Croix-Rouge ou ne veulent pas y aller. Chaque soir depuis mai 2016, une équipe de bénévoles français descend de la vallée de la Roya pour leur distribuer jusqu’à 250 repas. « Les habitants de la Roya viennent faire leurs courses à Vintimille, c’est moins cher et plus proche que Menton, explique Richard à la longue barbe blanche. Nous ne pouvions pas décemment passer devant ces personnes et les ignorer, alors en mai, nous avons repris les statuts d’une vieille association, Roya citoyenne, pour leur venir en aide. »

L’association revendique environ 200 membres actifs dans la vallée. Portant un thermos géant de thé et des sachets repas, les trois maraudeurs français se faufilent sous les ponts, au milieu des buissons, à la lueur d’une frontale. À leur retour sur le parking, une voiture banalisée de police s’arrête à leur hauteur. Un arrêté municipal de la commune de Vintimille interdit la distribution de repas, officiellement pour des raisons d’hygiène. En voyant la caméra d’Arte TV, les policiers italiens en civil se contentent de demander les papiers d’identité des bénévoles et des journalistes. « Je suis la figure la plus antipathique dans cette histoire, eux [les migrants – ndlr] ce sont des victimes, mais je dois faire respecter la loi », s’excuse leur chef, derrière ses petites lunettes rondes.

À Vintimille, les maraudeurs doivent jouer à cache-cache avec la police italienne pour aider les migrants, la distribution de repas étant interdite.

 Toutes les nuits, des petits groupes partent de Vintimille par les voies de chemins de fer, les sentiers ou la départementale pour tenter de rejoindre la France. L’itinéraire le plus dangereux est celui du Pas de la mort, un sentier littoral partant de Grimaldi et débouchant sur l’autoroute, juste avant la frontière italienne. C’est là que, le 7 octobre 2016, Milet, une Érythréenne de 16 ans, est morte, fauchée par un camion dans le dernier tunnel avant la frontière. Depuis septembre, au moins trois jeunes migrants y ont perdu la vie.

Cédric Herrou. © LF

Pour ceux qui remontent vers la vallée de la Roya, la ferme de Cédric Herrou est l’une des premières habitations qu’ils croisent, un kilomètre avant Breil-sur-Roya. Tout l’été, cet agriculteur, dont le combat a été médiatisé par le New York Times, est allé chercher les migrants « les plus fragiles » à l’église San Antonio pour les emmener dans sa camionnette C15 sur des quais de gare vers Nice. « Là, des associations féministes prenaient le relais vers l’Allemagne, dit-il. Ce qui me fait flipper, c’est qu’on laisse des gamines érythréennes de 14, 16 ans à la merci des réseaux et des passeurs. En une matinée, pendant que j’attendais dans les geôles de la souricière, à Nice, j’ai vu défiler cinq passeurs. »

Cet été, avant l'ouverture du camp de la Croix-Rouge mi-juillet, l'église San Antonio à Vintimille a hébergé près d'un millier de migrants. © LF
Cet été, avant l'ouverture du camp de la Croix-Rouge mi-juillet, l'église San Antonio à Vintimille a hébergé près d'un millier de migrants. © LF

  L’agriculteur estime avoir convoyé gratuitement en six mois près d’un millier de personnes, principalement des femmes et des mineurs. En août 2016, il est arrêté une première fois lors d'un contrôle routier avec, à bord de sa camionnette, huit Érythréens, dont trois femmes et deux enfants, et placé en garde à vue à Menton. Le parquet abandonne les poursuites à son encontre, pour immunité humanitaire. « Le procureur m’a même demandé pourquoi je n’avais pas un véhicule plus gros, alors on a acheté un Master 9 places, avec l’association Roya citoyenne. »

Mais l’agriculteur se retrouve aujourd’hui poursuivi pour aide à l’entrée, à la circulation et au séjour d’étrangers en situation irrégulière, et occupation illégale de locaux privés. Le prétexte a été l’ouverture par un collectif d’associations, le 17 octobre 2016, d’un ancien local SNCF à Saint-Dalmas. « Chez Cédric, ils étaient 50, dont une majorité de mineurs, dans la boue, il pleuvait, ils n'en pouvaient plus, donc nous avons cherché un toit pour les accueillir et médiatiser la situation », explique Jean-Noël Fessy, le trésorier de l’association Roya citoyenne.


« On a des humains face à nous, pas des chiffres »


Un enseignant niçois, Pierre-Alain Mannoni (lire son récit), est également poursuivi pour avoir transporté trois jeunes filles érythréennes blessées, de la vallée jusqu’au péage de la Turbie, où les gendarmes l’ont arrêté. Il sera jugé le 23 novembre au tribunal de grande instance de Nice. Placé sous contrôle judiciaire en attendant son procès – ses avocats ont demandé son report –, Cédric Herrou ne peut plus conduire, ni sortir des Alpes-Maritimes, « alors que je dois acheter deux tonnes de grain pour mes poules en Italie, tous les mois », dit-il. Son téléphone contenant tous ses contacts professionnels lui a été retiré. « Au mois d’août, les enquêteurs avaient constaté qu'il n’y avait pas de contrepartie et l’avaient relâché ; cette fois, ils le poursuivent parce que son action est devenue médiatique », estime l'un de ses avocats, Me Zia Oloumi.


En tongs, Chérif, un Ivoirien de 28 ans, s'éloigne du centre-ville de Vintimille où « il y a trop de policiers », avant de tenter de se rendre en France, de nuit, en suivant la voie ferrée. © LF
En tongs, Chérif, un Ivoirien de 28 ans, s'éloigne du centre-ville de Vintimille où « il y a trop de policiers », avant de tenter de se rendre en France, de nuit, en suivant la voie ferrée. © LF
 
Toutes les nuits, des petits groupes de jeunes hommes continuent d’arriver chez l’agriculteur. Ils dorment sous les oliviers, dans des tentes et caravanes. Le soir, c’est corvée de pluches et marmite commune, le repas se prend autour du feu. « Nous ne faisons pas ça par provocation. Je ne les ai pas invités, ils se sont passé le mot, dit Cédric Herrou, épuisé. Les flics me demandent : pourquoi vous ne les mettez pas dehors ? Mais nous, on a des humains face à nous, pas des chiffres. Ce serait de la non-assistance à personne en danger. »
 Depuis mai, l’agriculteur n’a plus une minute à lui. Alors que la récolte des olives commence en décembre, il n’a pas encore trouvé le temps de débroussailler sous ses arbres. Mais son compte bancaire et celui de Roya citoyenne est dans le vert, et les dons de nourriture et de vêtements ne cessent d’affluer. « C’est cette solidarité qui rend les policiers fous », estime Cédric Herrou. Mardi après-midi, il était convoqué à la gendarmerie de Breil-sur-Roya pour être descendu avec une cinquantaine de migrants hébergés chez lui à une fête de la liberté organisée le samedi au village. « Trois policiers de la police aux frontières étaient venus de Nice exprès pour me menacer : “On va te serrer, on va te la mettre.” L’État me reproche un travail qu’il devrait prendre en charge ! Pourquoi Ciotti et Estrosi ne se déplacent même pas ici pour voir ce que nous vivons ? »

 
Hossna, une Soudanaise de 36 ans, est hébergée depuis deux mois avec son mari et ses quatre enfants dans une maison de la vallée. © LF
Hossna, une Soudanaise de 36 ans, est hébergée depuis deux mois avec son mari et ses quatre enfants dans une maison de la vallée. © LF
Cédric Herrou n’est pas le seul de la vallée à avoir ouvert sa porte sans limites. Dans cette autre maison, accrochée à la montagne, « 500 à 600 réfugiés sont passés », explique, en anglais, Ahmed*, un Soudanais de 27 ans. À ses côtés, trois jeunes Érythréens, arrivés la veille, se reposent avant de reprendre la route d’ici quelques jours. L’un d’eux est blessé à la jambe. Ahmed, lui, est arrivé à l’été 2015. Il a passé une nuit sur les rochers au campement des No Border, à Menton, détruit à la fin de l’été, puis a atterri à Breil-sur-Roya avec un groupe de six personnes. « L’un de mes amis était blessé, on nous a donné à manger et soignés, deux d’entre eux travaillent aujourd’hui en Grande-Bretagne. »

Cet étudiant en économie et politique a décidé de rester dans la vallée car il s’y sent bien. Elle lui rappelle son village sur les flancs du massif montagneux Djebel Marra, au Darfour. « Ici, la vie est paisible, dans mon pays, c’est la guerre civile, mon gouvernement a utilisé des bombes au phosphore contre nos villages », explique-t-il en anglais. Le jeune homme dit avoir été emprisonné à deux reprises. À sa dernière sortie de prison, sa famille avait fui au Tchad, son oncle et des voisins avaient été tués.

Son principal but est aujourd’hui d’apprendre le français afin de lire Victor Hugo dans le texte – et non plus dans son dialecte –, avant, peut-être, de déposer une demande d’asile. Ahmed se trouve de fait assigné à résidence depuis plus d’un an, par peur des contrôles policiers. « Je reste ici pour traduire et trouver des solutions pour tous ces amis, et peut-être, un jour, je trouverai une solution pour moi. »


« Il y a déjà eu trois jeunes tués sur l’autoroute »

 
À Vintimille, trois jeunes Afghans franchissent le grillage séparant le camp de la Croix-Rouge de la départementale pour se rendre en ville. © LF
À Vintimille, trois jeunes Afghans franchissent le grillage séparant le camp de la Croix-Rouge de la départementale pour se rendre en ville. © LF
 Avec l’arrivée de l’hiver et du froid, l’angoisse monte pour ces citoyens « résistants ». Certains, comme Sylvie Begoin, 62 ans, retraitée de l’Éducation nationale, réclament l’ouverture urgente d’un camp de transit. « Il y a déjà eu trois jeunes tués sur l’autoroute, on ne veut pas que ça se passe dans notre vallée », redoute-t-elle. Fille de l’adjoint à la culture de Breil-sur-Roya Michel Masséglia, Nathalie, 42 ans, est une enfant de la vallée. « Tout le monde a peur parce que nous sommes dans une vallée de droite et qu’on nous lâche complet, dit cette clown de métier. Ça va mal tourner. Nous n’avons plus de vie, moi je vais travailler pour me reposer. Je voudrais arrêter de me substituer aux pouvoirs publics. L’humanitaire, c’est un vrai boulot, nous, nous portons juste assistance parce qu’on ne peut pas laisser des gens dans la merde. »
Nathalie Masséglia se souvient de tous les prénoms des personnes qu’elle a hébergées, parfois pendant des semaines. Les premiers, trois jeunes Soudanais de 19 ans croisés sur la route en mai 2016, ont été un choc pour elle et son fils, âgé de douze ans. « Ils nous ont expliqué qu’ils étaient partis en 2013 du Soudan du Sud, qu’ils étaient restés une semaine dans le Sahara, qu’ils avaient traversé la Libye, avaient vécu les chasses aux Noirs. Mon fils a commencé à faire le lien entre eux et les gens qui meurent dans la Méditerranée. Il a demandé : donc ce sont des rescapés ? »

Depuis, elle a lu et relu deux articles du Code des étrangers. L’article L622-1 prévoit qu’aider des sans-papiers est passible de 5 ans d’emprisonnement et d’une amende de 30 000 euros. Ajouté en 2012, l’article L622-4 liste cependant des exemptions humanitaires. Pour ne pas être condamné, il faut n’avoir touché aucune contrepartie, notamment financière. Mais il faut remplir une seconde condition sur le type d’aide apportée. Il faut avoir fourni « des conseils juridiques ou des prestations de restauration, d’hébergement ou de soins médicaux destinées à assurer des conditions de vie dignes et décentes à létranger, ou bien toute autre aide visant à préserver la dignité ou lintégrité physique de celui-ci ».

Il est légal d’héberger, pas de transporter, même pour des motifs humanitaires. En décembre 2015, Claire, une militante niçoise de 72 ans, a ainsi été condamnée par le tribunal de grande instance de Grasse à 1 500 euros d’amende pour avoir aidé des migrants érythréens à voyager de Nice à Antibes. Samedi 19 novembre au soir, Hubert Jourdan, militant niçois de l’association Habitat et Citoyenneté à Nice, a été arrêté en revenant d’une réunion à Breil-sur-Roya avec une personne étrangère en situation irrégulière dans sa voiture et placé en garde à vue, avant d’être relâché sans poursuite.
Tous les soirs, de nouveaux migrants arrivent dans la ferme de Cédric Herrou. © LF
Tous les soirs, de nouveaux migrants arrivent dans la ferme de Cédric Herrou. © LF
 
Or « ce n’est pas le tout d’héberger, après, il faut qu’ils repartent », remarque crûment Catherine, 64 ans, ancienne pharmacienne hospitalière. Cette habitante de Saorge loge en ce moment deux femmes érythréennes, dont une enceinte de sept mois. « Elles attendaient le train pour Nice à la gare de Breil, elles pensaient être en sûreté ici, car c’est la France. Mais c’est l’état d’urgence. À Sospel, il y a des militaires et des gendarmes sur le quai, qui ne contrôlent que les Noirs, c’était sûr qu’elles allaient se faire arrêter, donc on m’a appelée. » Au départ, il suffisait aux passeurs citoyens de déposer les migrants dans une gare de la vallée. Au fur et à mesure, ils ont dû aller de plus en plus loin pour contourner les contrôles policiers. « Quand les migrants sont très nombreux dans la vallée, ça devient difficile pour eux de trouver des personnes pour les emmener, car c’est risqué », explique Catherine.

« Nous nous retrouvons livrés à nous-mêmes, avec des pouvoirs publics qui n’assurent pas le minimum, si ce n’est prendre des réfugiés, même mineurs, pour les ramener en Italie et de recommencer », regrette Michel Masséglia. Ce militant communiste a été élu sur une liste d’ouverture allant du Front de gauche aux Républicains. Le 22 septembre 2016, le département des Alpes-Maritimes, présidé par Éric Ciotto (Les Républicains, LR), a voté une motion pour s’opposer à l’accueil de migrants dans le cadre du démantèlement de la « jungle » de Calais.

Le 3 novembre, pour faire bonne mesure, le conseil régional de PACA, présidé par Christian Estrosi (LR), lui a emboîté le pas, adoptant avec le FN une motion contre l'accueil de migrants. « Accueillir plus de 1 000 clandestins d'ici à la fin 2016 semble à la fois irréaliste et irresponsable », énonce le texte, qui prévoit que les présidents d'exécutifs locaux « puissent s’opposer » à l'accueil des étrangers en situation irrégulière et soutenir les communes qui s'y opposent. « Nous avons en face de nous un mur, il n’y a aucune négociation possible avec le département ou la région, sauf éventuellement pour les mineurs », constate Michel Masséglia.

Derrière son décor de carte postale, le village de Saorge abrite plusieurs migrants qui espèrent souvent gagner le nord de l'Europe. © LF
Derrière son décor de carte postale, le village de Saorge abrite plusieurs migrants qui espèrent souvent gagner le nord de l'Europe. © LF
Devant l'inaction des pouvoirs publics, à Saint-Dalmas-de-Tende, le prêtre de la vallée s’apprête à ouvrir un asile de nuit dans le presbytère inutilisé de l’église, « pour au moins leur permettre de se reposer avant de repartir ». « Nous sommes coincés entre les autorités qui ne veulent pas de centre permanent et la primauté de l’humain, dit François-Xavier Roya. Si un frère demande de l’aide, on l’aidera. S’il faut désobéir, s’il faut être hors la loi, on le fera. » Il souligne que « la sous-préfète de montagne et les gendarmes de Breil-sur-Roya n’ont aucune envie de sévir ; le problème, ce sont certains maires de la vallée [Les Républicains – ndlr] qui se veulent plus royalistes que le roi ».

À la suite de fortes pluies, plusieurs migrants dormant sur les rives de la Roya à Vintimille ont été pris au piège de la montée du fleuve mardi 22 novembre, se retrouvant coincés sous un pont. Selon le site d’information italien Riviera24.it, quatre d’entre eux ont pu être secourus, l’un est toujours porté disparu.

Une pétition, « Solidarité avec les citoyens solidaires de réfugiés », demande la relaxe des deux « prévenus solidaires ».

*Le prénom a été changé.

Semir et ses deux amis rencontrés dans la vallée de la Roya ont fini par arriver à Paris le 18 novembre 2016. De même qu’Amer et ses deux camarades afghans rencontrés à Vintimille. Contactée ce jeudi 17 novembre, la préfecture des Alpes-Maritimes ne nous a pour l’instant pas répondu.


Source : https://www.mediapart.fr/journal/france/231116/la-frontiere-italienne-ceux-qui-aident-les-refugies-sont-harceles-et-bout

dimanche 27 novembre 2016

Pétition : Dernier train de nuit "Paris-Cerbère"

On a reçu ça : 
 
Notre dernier train de nuit "Paris-Cerbère" est programmé pour le 10 décembre..., il semblerait d'après nos informations que si on arrivait à faire bondir la pétition pour les trains de nuit en ce moment, cela pourrait avoir pas mal d'impact pour les sauver !
 
 
 
Si vous pouvez vous l'envoyer à un maximum de personnes...
 
Merci d'avance !

samedi 26 novembre 2016

Mardi 29 novembre au Lido à Prades : ''Aquarius''

Mardi 29 novembre au Lido, les Ciné-rencontres vous proposent le film brésilien : 
 
''Aquarius'' de Kleber Mendonça Filho


SYNOPSIS

Clara, la soixantaine, ancienne critique musicale, est née dans un milieu bourgeois de Recife, au Brésil. Elle vit dans un immeuble singulier, l'Aquarius construit dans les années 40, sur la très huppée Avenida Boa Viagem qui longe l’océan. Un important promoteur a racheté tous les appartements mais elle, se refuse à vendre le sien. Elle va rentrer en guerre froide avec la société immobilière qui la harcèle. Très perturbée par cette tension, elle repense à sa vie, son passé, ceux qu’elle aime...

 
Première par Léonard Haddad : 

Le film est incroyablement d'aujourd'hui.


Le Monde par Thomas Sotinel : 

Aquarius, deuxième long-métrage du réalisateur brésilien Kleber Mendonça Filho, se dévoile comme un portrait de femme, se déploie comme une méditation sur le temps et l’action, se résout comme un traité de l’art de la guerre. Cette richesse inépuisable, cette complexité lumineusement détaillée n’empêchent pas le film de couler avec grâce. 

 
Le Nouvel Observateur par Nicolas Schaller : 

"Aquarius", œuvre immense, avance à pas feutrés, se donne des airs de telenovela, joue la carte de l’intime alors qu’elle raconte autant le destin de cette femme que celui du Brésil et notre époque. 

 
Marianne par Grégoire ChertokI : 

Souvent le festivalier cannois découvre une pépite qui pourtant n'arrive pas à se frayer un chemin jusqu'au palmarès (...). Dans la sélection 2016, c'était le cas (...) d'"Aquarius". 


Les Inrockuptibles par Jean-Marc Lalanne : 

L’indolence du film, la patience avec laquelle il prend le soin de ne rien négliger des zones les plus infimes, qui, agrégées, constituent le quotidien, est splendide.





vendredi 25 novembre 2016

La demande de libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage a nouveau rejetée ! Nouvelle pétition

Mise à jour sur la pétition

La demande de libération conditionnelle de Jacqueline Sauvage 

a nouveau rejetée ! 

Nouvelle pétition

karine PLASSARD
 
Clermont - Ferrand, France
 
25 nov. 2016 — Bonjour à tou.te.s

Aujourd'hui a été rendue la décision en appel du maintien en prison de Jacqueline Sauvage. En appel, les juges ont décidé de ne toujours pas libérer Jacqueline Sauvage ! 
Leurs motivations restent les même qu'au mois d'aout dernier alors que nous avons mis en stand by la surmédiatisation, alors que les avocates ont proposé un autre hébergement pour Jacqueline, mais rien n'y fait, les magistrats s'arc-boutent, leur décision est éminemment politique !

Ils n'acceptent pas la grâce partielle accordée par François Hollande, et règlent leurs compte sur le dos d'une femme de 70 ans, et ce sans vergogne aucune.

En ce 24 novembre, veille de la Journée Internationale de Lutte contre les Violences Faites aux Femmes, le symbole de cette décision nous affecte encore plus particulièrement. En effet, c'est envoyer le signal aux femmes victimes de violences qu'elles ne pourront jamais être reconnue par la justice de notre pays. C'est leur dire, c'est nous dire que les violences subies ne seront jamais prises en compte, c'est nous dire que le déni de la justice des hommes contre les femmes nous interdit la reconnaissance même des violences et nous emmurent dans le silence.

Sauf que nous ne voulons plus nous taire, sauf que nous ne voulons plus de ce système, sauf que nous ne voulons plus être baillonnées.

Alors relevons la tête et engageons le dernier round de ce combat pour faire libérer Jacqueline Sauvage ! Demandons à François Hollande la grâce totale, nous pouvons l'obtenir, pour elle, pour nous, nous n'avons plus le choix.

Aussi, vous qui vous êtes déjà engagé.e.s dans ce combat, je vous demande de continuer, faîtes signer la nouvelle pétition autour de vous, diffuser la sur les réseaux sociaux ! 

Une manifestation sera aussi organisée le 10 décembre prochain à Paris, à 14h parvis des Droits de l'homme
 ! mobilisons nous, soyons nombreu.ses.x, ENSEMBLE nous devons y arriver !

Merci à tou.te.s

 

Journée internationale contre les violences faites aux femmes

A voir et revoir pendant 6 jours le documentaire : "Le procès du viol"









Laurent Wauquiez confie la bio aux agro-industriels

Laurent Wauquiez confie la bio 

aux agro-industriels


16 novembre 2016 / Barnabé Binctin (Reporterre)




La politique du bio en Auvergne–Rhône-Alpes va être transformée en profondeur. L’exécutif régional, présidé par Laurent Wauquiez, va retirer aux acteurs historiques du bio leur rôle dans le développement d’une agriculture paysanne et locale au profit des promoteurs du productivisme.

Confisquer la bio à ses défenseurs historiques pour mieux la confier aux industriels de la FNSEA : voilà ce que s’apprête à voter demain, jeudi 17 novembre 2016, le Conseil régional d’Auvergne–Rhône-Alpes présidé par Laurent Wauquiez, lors de son assemblée plénière. Il doit adopter un « plan régional de développement de l’agriculture biologique », que Reporterre a pu se procurer :

Le texte se donne pour objectif de fixer les orientations politiques en matière de bio sur le reste du mandat, de 2017 à 2021. Un plan-cadre qui s’élèverait, selon nos informations, à un peu plus de 2,7 millions d’euros, soit un budget à peu près constant. À première vue, ce n’est donc pas une délibération défavorable à l’agriculture biologique qui s’annonce.

« Sauf que le texte est indigent, il ne dit rien de la répartition entre les différents axes et acteurs dans cette nouvelle orientation », alerte Corinne Morel-Darleux, conseillère régionale d’opposition du rassemblement de la gauche et des écologistes. Or, c’est là que le bât blesse, puisque plusieurs structures historiques de la bio en France se voient directement remises en cause.

« Une purge » 


Le réseau des Amap, Terre de liens, la Frapna, le rés’OGM Info, etc. : la liste est longue des associations promouvant le bio qui perdent des financements. À l’image de la Fédération régionale d’agriculture biologique (Frab), pivot dans le domaine, qui va perdre 500.000 euros, passant de 720.000 à 220.000 euros de subventions par an. « On va se battre et chercher d’autres financeurs, mais on ne peut pas se leurrer : une baisse d’une telle ampleur aura forcément des conséquences en termes d’emplois », concède Antoine Couturier, délégué régional de Corabio, membre de la Frab.



D’autres pourraient tout simplement disparaître, comme Appui Bio, une structure de concertation interprofessionnelle qui réfléchissait au développement de la filière. Leur subvention de 30.000 euros de la région est supprimée : « Sans elle, nous perdons aussi le cofinancement de l’État, regrette Véronique Rousselle, membre du bureau. C’est la fin de notre activité. » Idem pour L’Atelier paysan, coopérative d’intérêt collectif qui travaille sur la souveraineté technologique du monde paysan : « Nous étions financés par la région à hauteur de 75.000 euros par an depuis 2014, rapporte Fabrice Clerc, cogérant. À compter de 2017, ce sera 0 euro. »

Pressenti depuis plusieurs mois, le démantèlement des aides régionales au réseau paysan se confirme donc. « Une purge », selon Antoine Couturier, qui pourrait bien profiter aux chambres d’agriculture : la chambre régionale aurait déjà reçu 25.000 euros pour rédiger la stratégie de développement du bio en Auvergne–Rhône-Alpes. « C’est un véritable transfert de fonds des réseaux associatifs vers les chambres d’agriculture », dénonce Corinne Morel-Darleux.

« On veut désormais faire une bio intensive et industrielle, destinée à l’export » 


Heureux hasard, on retrouve, à la tête des chambres, la FNSEA, le syndicat agricole français ultramajoritaire, également bien représenté dans l’organigramme de l’exécutif régional. Ainsi Dominique Despras, ancien président de la FDSEA du Rhône, est devenu conseiller régional délégué à l’agriculture bio, tandis qu’ Eric Thébault, ancien directeur de la FRSEA Rhône-Alpes, a été nommé chargé de mission auprès de la vice-présidente à l’agriculture. Mais « la FNSEA porte un projet politique qui entre frontalement en contradiction avec notre vision de l’agriculture », résume Fabrice Clerc.

Autre acteur qui fait son entrée dans la gouvernance du plan Bio, l’Aria, l’Association régionale des industries agroalimentaires. Un nom qui parle de lui-même, avec à sa tête Jean-Claude Guillon, président, et ancien directeur de communication de… Limagrain, grande coopérative spécialisée dans les semences — et les OGM.

Autrement dit, « ce sont les mêmes personnes qui ont freiné pendant tant d’années le développement de la bio en France qui s’en retrouvent aujourd’hui les dépositaires », dit Antoine Couturier. Un basculement qui risque de transformer en profondeur la politique du bio en Auvergne–Rhône-Alpes : « C’est probablement la fin d’une bio paysanne, locale et de saison, craint Véronique Rousselle. On veut désormais faire une bio intensive et industrielle, destinée à l’export. » Une mutation que confirme Antoine Couturier : « Il n’y a pas la volonté de sabrer la bio en tant que telle, il y a l’intention de la recycler dans le logiciel productiviste qui anime l’agriculture conventionnelle depuis 50 ans. »

Après avoir confié la responsabilité de la politique environnementale aux chasseurs, Laurent Wauquiez remet donc la bio aux industriels.



Vous avez aimé cet article ? Soutenez Reporterre.

Lire aussi : Laurent Wauquiez, le démagogue autoritaire qui déteste l’écologie
Source : Barnabé Binctin pour Reporterre
Photos :
. chapô : © Olivier Brosseau/Terra
. thym : CC0


Documents disponibles

  Le plan régional de développement de l’agriculture biologique

mercredi 23 novembre 2016

La « banalité du mal » au quotidien dans vallée de la Roya

On a reçu ça

La « banalité du mal » (1)

au quotidien dans vallée de la Roya


Un samedi de novembre. 

Le 12 novembre. Le lendemain du 11 novembre. Breil-sur-Roya. Vallée de la Roya aux confins de l’Hexagone, à la frontière avec l’Italie.

Jour de fête pour certains (2). Ils sont un petit groupe à s’activer aux préparatifs. Bientôt, les musiciens, les artistes, les riverains, les ami-e-s vont arriver. Jusqu’à minuit, ils seront ensemble pour « faire la Liberté », à l’occasion de la première édition de « Faites de la Liberté ». Sur l’affiche, est dessinée une colombe qui d’un coup de bec sectionne un fil de fer barbelé.

Ailleurs, plus proche de la frontière avec l’Italie, un autre groupe s’active aussi. Ils sont une cinquantaine. Pour la plupart noirs. Ils viennent d’Afrique. Ils sont administrativement sans papiers. Illégaux donc. Des migrants. Des dizaines et des dizaines tous les jours à passer par là : exténués, affamés, souvent blessés. Dans le besoin. Il s’agit d’une urgence humanitaire. Certains habitants de la vallée n’ont pu faire autrement que de leur venir en aide.

Pourquoi ? Que feriez-vous si vous aperceviez des jeunes adultes – peut-être des enfants– titubant sous la pluie, marchant la nuit au bord d’une petite route de montagne et que vous manquiez de les écraser ? Une fois, deux fois … dix fois ? Dans le froid ? Que feriez-vous ?

Alors, que croyez-vous qu’il se passa ce 12 novembre à l’occasion de cette fête de la Liberté ? Bien entendu, le groupe d’illégaux a  fini par rejoindre la fête. Pourquoi ? Parce que celles et ceux qui sont solidaires de leur détresse n’en peuvent plus de se suppléer à l’Etat. Saturent. Pètent un câble. Parce que l’Etat n’a pas trouvé d’autres solutions que de systématiquement ramener à la frontière les illégaux. Pour cela, il dépense des millions d’euros.

Dans la Roya, tous les jours, des militaires armés, des gendarmes armés, des policiers traquent les illégaux. Ils arrêtent les trains pour en faire descendre toutes les personnes ayant le malheur d’être nées noires. Et croyez-vous que ces « forces de sécurité » nous protègent encore lorsqu’elles ramènent à la frontière 17 000 personnes en 2015 (3) ? Parce que cela prend du temps et coûte très cher. N’allez pas croire qu’il s’agit simplement de mettre tout ce beau monde dans un bus et zou… Il faut procéder à tout un tas d’enregistrements administratifs longs et fastidieux. Des procédures juridiques aussi … Autant dire que les militaires, les gendarmes, les policiers et les tribunaux que nous payons avec nos impôts sont bien occupés … à quoi ? A ne rien faire ! Pourquoi ? Parce qu’aussitôt ramené à la frontière, que croyez-vous que fait celui qu’on dit « illégal », c’est-à-dire le migrant, qui fuit la guerre, la dictature, rejoint sa famille ou tente sa chance dans cet Occident tant vanté ? Celle ou celui qui marche depuis des mois ? Sur qui sa famille a misé toutes ses économies ? Il reprend la route, il essaie de passer par ailleurs ! Une fois, deux fois … dix fois ! Coûte que coûte. Jusqu’à l’accident, la blessure ou la mort… Malgré les murs, les barbelés, le froid, les coups et les tasers, mort pour mort, autant tenter sa chance.

Donc en ce 12 novembre, nous voilà en compagnie d’une centaine de personnes en train de faire la fête et d’une cinquantaine de migrants. Que peuvent faire les organisateurs alors qu’ils sont déjà bien occupés à gérer la logistique ? Finalement, que ces migrants soient là où ailleurs ne change rien pour ceux qui sont venus fêter la Liberté. Mais pour l’Etat, c’est une aubaine. La préfecture va pouvoir augmenter ses sombres statistiques. Celles et ceux pour qui cela signifie obéir aux ordres, auront peut-être leurs primes. Pour eux, la journée s’annonce bonne et fructueuse. Comme le cueilleur de champignons qui tombe sur un beau cèpe, pour la préfecture, un groupe de migrants c’est une bonne cueillette. Une aubaine. Facile. Les migrants ont été enfermés dans la fête par les gendarmes.

Alors ce 12 novembre, l’heure est à une drôle de fête. Venir fêter la Liberté et se retrouver face à une rafle n’est pas une chose heureuse à vivre. Voir cinquante gendarmes armés comme à la guerre se positionner en cordon pour « évacuer » les migrants, pour celles et ceux qui sont là, c’est une expérience pénible. Croyez-vous que les autorités sont venus pour négocier, dialoguer, essayer de comprendre ce qui se passe ici ? Comprendre que face à ces situations d’urgence humanitaire, la non-assistance est un crime ! Doit-on laisser mourir de faim sur le bord de nos routes ces gens-là ? Pour autant, malgré la rage de certaines personnes présentes face à l’horreur de la scène à laquelle elles assistent malgré elles, aucune violence n’est à noter envers les gendarmes. Pour preuve, il n’y eu aucune interpellation. Seulement quelques cris. C’est la moindre des choses…

Alors ce 12 novembre, non contentes de n’avoir utilisé que la répression comme seule solution, les autorités ont décidé de surcroît d’annuler la fête. Une fête que se préparait depuis des mois et qui avait impliqué des frais… Via la préfecture, la République n’a trouvé d’autre réponse que d’exercer son autorité ainsi : rafles policières, annulation de la fête. Répression ! Interdiction ! S’en suivent des contrôles d’identité arbitraires des personnes présentes pour la fête : riverains curieux, citadins attirés par la perspective d’une fête populaire dans un village. En tout, plus d’une quarantaine de contrôles d’identité. Pourquoi la préfecture, pourquoi l’Etat français a-t-il procédé de la sorte en présence d’au moins quarante gendarmes face à des personnes totalement pacifiques, alors que la rafle était terminée et que l’heure était – tant bien que mal – à la musique ? Comment comprendre qu’un samedi soir, un fonctionnaire de la préfecture, qui en a l’autorité, ait trouvé du temps pour rédiger un arrêté préfectoral et suspendre une simple fête en cours dans des bâtiments municipaux ? Pour celles et ceux présent-e-s que signifie que les gendarmes encore armés soient venus « pousser » les musiciens pour que la fête s’arrête ? Banalité ordinaire d’un Etat fasciste, voilà le ressenti de la situation pour une partie de l’assistance.

Bim ! Le gros mot ! Bam ! « Fasciste ». Pourquoi ?  Parce que n’avoir comme réponse que la répression, l’emploi de la force « contre » plutôt que l’emploi de la force « pour » implique que celles et ceux qui décident de réprimer et d’interdire n’ont d’autres moyens que des moyens négatifs. Celles et ceux qui décident de se comporter ainsi pensent que la solution est d’éloigner le problème. Le problème est que cela ne résout rien du tout et que la situation empire. Elle empire pour les migrants, qui en ont vu d’autres, mais qui seront quelques-unes et quelques-uns de plus à mourir sur nos routes, devant nos yeux (4). Elle empire pour les riverains de la route qui part de Vintimille et qui rejoint la France à Breil-sur-Roya parce qu’ils n’auront d’autres choix, fatalement, un jour, que de venir en aide à celles et ceux qui marchent sur cette route dangereuse. Elle empire pour les habitants de la vallée parce qu’aucune solution pérenne n’est apportée. Pire, la conclusion de cette sombre journée, c’est que la personne qui a déclaré la fête a été convoquée par la police pour avoir organisé une manifestation illégale, même si toutes les procédures légales ont été respectées. Folie quotidienne de l’état d’urgence qui n’a d’urgence que de rendre illégales des situations normales !

Que conclure ? Libre à vous. Disons quand même à celles et ceux qui en doutaient, car le doute n’existe plus  face à l’actuel gouvernement, qu’il est déjà  un gouvernement d’extrême droite en ce qui concerne son attitude vis-à-vis des migrants et vis-à-vis des populations frontalières. Au lieu de leur venir en aide, le gouvernement réprime les premiers et criminalise les secondes.

Ah, oui ! Quand même. Un petit mot pour celles et ceux – adeptes des théories du complot–, qui pensent que taper fort et vite sur les gens qui côtoient le sort des migrants l’hiver en montagne est la bonne solution : vous êtes des charognards politiques ! Profiter du moindre événement pour faire des bons coups médiatiques, c’est essayer de faire de la politique sur le cadavre de la Liberté. Vous ne comprenez rien à la situation et vous  n’avez pas d’autres intentions que de poursuivre votre carrière de politicien. Honte à vous tôt le matin lorsque vous vous rasez ! Votre miroir sera votre conscience.
Signé d’une ou d’un participant à la fête, habitant(e) de la vallée, qui, par mesure de protection préfère rester anonyme vu les temps qui courent.


(1) L’expression « banalité du mal » provient du sous-titre du livre d’Hannah Arendt sur le procès d’Adolf Eichmann, le haut fonctionnaire nazi chargé de la logistique de la déportation des Juifs durant la deuxième guerre mondiale. Elle renvoie à l’idée que des hommes ordinaires peuvent devenir des bourreaux simplement en exécutant des ordres.
(3) Chiffres donnés aux médias par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve.
(4) Une jeune migrante meurt sur l’autoroute à la frontière italienne, France 3 et AFP,  le 08/10/2016, http://france3-regions.francetvinfo.fr/cote-d-azur/jeune-migrante-meurt-autoroute-frontiere-italienne-1104115.html