Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

samedi 28 février 2015

Protestation contre publicité rédactionnelle en faveur du chauffage électrique

On a reçu ça : 

Ci joint lettre de protestation au Rédac Chef de France Info contre publicité rédactionnelle en faveur du chauffage électrique.

Jean Monestier                                              Le Soler, le 25.02.2015
                                              
Monsieur le Rédacteur en Chef
de France Info
116, avenue du Président KENNEDY
75220  PARIS  CEDEX 16

Réf : 15L25LTB
Objet : Chauffage électrique.
Monsieur le Rédacteur en Chef,

Peut-être allez-vous penser que je suis un rouspéteur professionnel, mais, si je vous écris, cela signifie que je vous écoute. Je pourrais parfois vous envoyer un petit mot pour vous dire tout le bien que je pense de telle ou telle intervention, mais mon temps et mon énergie sont comptés, et je donne une certaine priorité à ce qui compromet l’avenir.
Dimanche 1er février, France Info a reçu le responsable de l’entreprise Thermor, qui fabrique des ballons pour l’eau chaude sanitaire et des radiateurs électriques. On pourrait vous accuser de publicité déguisée, puisque vous avez cité la marque, mais je trouve toujours intéressant d’apprendre qu’il est apparemment possible d’entreprendre autrement que dans la ligne libérale pure et dure : fabrications volontairement localisées en France, politique du personnel dynamique et motivante, développement inscrit dans la durée. Tout cela est bel et bon.
Par contre, cet entretien contenait une ode au chauffage électrique. Fut-il agrémenté d’une certaine évolution, comme la protection des résistances ou l’accumulation de la chaleur aux heures creuses, ce mode de chauffage reste une épouvantable gabegie énergétique, puisqu’il faut générer trois calories au départ pour en utiliser une sur le point d’utilisation. Les deux autres partent  dans l’atmosphère et les eaux de nos fleuves et de nos océans. Je vous rappelle que ce mode de chauffage a été interdit dans les logements neufs, de même que la publicité en sa faveur, lors du premier choc pétrolier. J’ai encore dans mes archives des décrets et autres textes parus au Journal Officiel et signés d’Ornano, Chirac, ou Giscard d’Estaing. Mais le parc nucléaire fut construit, en dépit de tous les problèmes non résolus, et dans le plus grand mépris des générations futures. A quel respect de leur part oserions-nous prétendre dans ces conditions ? Les lobbies qui murmurent à l’oreille des décideurs politiques l’ont emporté et une croissance dopée par les énergies fossiles (y compris nucléaire) allait pouvoir reprendre de plus belle, bien que la loi des rendements décroissants en restreigne progressivement l’efficacité dans notre recherche de la prospérité. Les publicités un moment interdites fleurissent partout, y compris sur votre antenne. On aurait pu nous parler des ballons d’eau chaude qui intègrent les calories provenant de capteurs solaires thermiques, celles venant d’une chaudière à bois, et, à titre de recours ultime, celles provenant d’une résistance électrique de secours. On a préféré mentionner les millions de logements chauffés à l’électricité qui fondent à la fois la demande en base et une justification obstinée à poursuivre à tout prix dans cette voie énergétique dans issue. 
France Info a donc ici 40 ans de retard et travaille contre la transition énergétique, la vraie, celle décrite par exemple dans le projet Négawatt. Mais quelqu’un de votre rédaction a-t-il jamais ouvert les documents issus de l’association Négawatt ? Je suppose que vous préférez nourrir votre réflexion de la propagande gouvernementale, soigneusement prédigérée par les communicants, et dont le véritable objectif, objectif déjà meurtrier et bientôt criminel, est le « business as usual ». Oui, je soutiens que par de tels propos consensuels sur le chauffage, vous contribuez à rendre la planète inhabitable, y compris bien sûr pour vos propres descendants. C’est pourquoi, parce que je ne suis pas encore mort, je me sens obligé, même si la probabilité d’être entendu est infime, de vous mettre en garde. Je ne vous écris pas dans mon propre intérêt, mais dans celui des générations montantes, que l’on prive méthodiquement de tout avenir possible, que ce soit dans les domaines des ressources naturelles, du lien social, et de l’emploi, cet emploi que l’on refuse obstinément de partager au nom de la Croissance, déesse d’une religion non encore révélée, déesse d’autant plus puissante qu’elle n’existe plus, puisqu’elle était assise sur des énergies fossiles abondantes et bon marché.
Je n’aurai pas l’outrecuidance, moi, petit vermisseau citoyen, de parler au nom d’une expertise assise seulement sur de nombreuses lectures. J’aimerais seulement proposer à votre curiosité éventuelle les livres d’auteurs sérieux dont je vous communique ci-dessous une liste volontairement limitée, et dont cette lettre n’est qu’une sorte de synthèse maladroite et incomplète. 
Veuillez agréer, Monsieur le Rédacteur en Chef, l’expression de mes
Salutations citoyennes atterrées.

Jean Monestier.


« SIX DEGRES - Que va-t-il se passer ? », par Mark Lynas, Editions Dunod 2008 - collection Quai des sciences.
« L’effondrement des Sociétés Complexes », de Joseph A. Tainter, édité par Le Retour aux Sources - 2013,
traduit de « The collapse of Complex Societies », édité par Cambridge University Press - 1988.
« Le Manifeste Négawatt », par l’association Négawatt,
rédigé par Thierry Salomon, Marc Jedliczka, et Yves Marignac, édité par Domaine du possible - Actes Sud 2012.
« Vert paradoxe », Le piège des solutions écoénergétiques, de David Owen, Editions Écosociété - 2013.
« Prospérité sans croissance - La transition vers une économie durable » par Tim Jackson,   
Editions Etopia & De Boeck  2010.                                           
« La fin de la croissance », de Richard Heinberg, Editions Demi-Lune - Collection Résistances - 2012, traduit de
 « The end of growth : adapting to Our New Economic Reality », édité par New Society Publishers - 2011.
o o o o o


jeudi 26 février 2015

"Aussi vrai que les cheveux vous tirent les poisons du corps..."

Aussi vrai que les cheveux vous tirent les poisons du corps…, par Marie-Paule Nougaret

21 FÉVRIER 2015 par PAUL JORION | Print Aussi vrai que les cheveux vous tirent les poisons du corps…, par Marie-Paule Nougaret
Billet invité. Ouvert aux commentaires.
Avec un instinct très sûr, la révolte surgit pour tenter de sauver le plus précieux  : nous ne savons pas nettoyer l’eau, seuls les systèmes naturels le font. La zone à défendre (ZAD) de Notre Dame des Landes se situe dans un creux en haut de plusieurs bassins versants, propice aux marécages, bocages et prés mouillés. À Sivens dans le Tarn, quand Rémi Fraisse fut tué, fin octobre, on venait d’araser la forêt riveraine d’un cours d’eau jusqu’alors libre de gonfler jusqu’à son lit majeur, puis redescendre à l’étiage, en filtrant vers la nappe phréatique, selon la lune et les saisons.
Eau encore, à Roybon en Isère, où le projet de Center Parc menace le débit de la Drôme : la fédération de pêche a porté plainte (verdict en juin). Et eau, toujours, pour la ligne ferroviaire Lyon-Turin, qui pourrait tarir la source de Saint Thibaud de Couz, près de Chambéry, une ville sous pression démographique, avant même l’arrivée de la gare TGV, et qui surveille avec raison, la fonte des glaciers.
Quant aux nouveaux tunnels, dont l’utilité se discute après 20 millions d’€ de travaux sur la ligne existante non seulement doivent-ils percer des montagnes d’amiante et d’uranium, et partant polluer l’eau qui refroidit les foreuses, mais encore faudra-t-il les drainer, au rythme de 60 millions de md’eau par an, chiffre officiel .
Nous ne savons pas nettoyer l’eau. On peut la distiller pour la dessaler « et ce n’est plus la même », écrivait Aristote. 2300 ans plus tard, Bill Gates ne propose rien d’autre que la distillation des effluents humains de l’Afrique, sans préciser s’il préfère pour cela, brûler le fuel local très sale ou déboiser à mort).
On peut purifier l’eau avec des membranes calibrées sur la molécule H2O. Mais là encore, à quel prix, en énergie et pollution ?
Les stations d’épuration tentent d’imiter le travail de la nature, pour ce qu’on en comprend : décantation de l’eau dans les mares, filtration sur les graviers, oxygénation par les cascades. Un travail que l’économie ne compte pour rien, selon Vandana Shiva : la Terra Mater des anciens, toujours active, devenue Terra nullius, soit la terre de personne, au temps des colonies, n’est, dans le meilleur des cas, qu’un capital. Son travail n’entre pas dans le calcul de la valeur.
Qu’on nous comprenne bien. Il ne s’agit pas ici d’évaluer le prix de tel ou tel « service » distinct, que rendraient les écosystèmes, dans l‘idée bizarre d’en payer la destruction. Il s’agit de rappeler que si la nature s’arrête, tout s’arrête, à commencer par la respiration.
Les distinctions entre services rendus ne tiennent pas. Le travail de la nature est un tout. L’atmosphère et la biosphère interagissent avec la lithosphère (substrat rocheux). En plus de filtrer l’eau par exemple, les graviers abritent la ponte des poissons, freinent les courants, échangent des ions etc. Les animaux ne peuvent épurer l’eau et dépendent pour cela, de la végétation.
La plante a besoin d’eau, et même elle en détruit pour prendre de l’énergie (voir mon billet précédent). L’oxygène qui en sort s’échappe aussitôt. Mais pour capter le COaux molécules plus grosses, les plantes doivent ouvrir des pores dans leur feuillage vert. Alors de la vapeur d’eau fraîche sort sous pression.
Cette « évapotranspiration » comme disent les botanistes, ne concerne pas les cactus, ou les orchidées tropicales, qui ne laissent pas s’échapper l’eau et s’ouvrent au CO2 seulement la nuit (oui vous pouvez dormir près d’eux).
Cette transpiration des arbres, environ 200 l par jour  d’été, pour un platane de cent cinquante ans, se révèle très pure. Elle recharge les nuages et gonfle les pluies, elle rafraîchit l’atmosphère en ville et près des routes fréquentées. Elle imbibe les particules en suspension, les alourdit, et les fait choir, rendant l’air plus léger.
Pendant ce temps près des cours d’eaux, se joue un autre scenario. Les arbres qui poussent dans les milieux humides sous nos climats, sont de ceux qui perdent leurs feuilles. Lorsque survient la crue, les bactéries qui vivaient sur les feuilles mortes au pied du tronc, dans les racines, se retrouvent noyées. Alors, faute d’oxygène, elles se mettent à dévorer les nitrates dissous dans l’eau.
Ces nitrates, bien sûr, proviennent des engrais chimiques, épandus dans les champs au-dessus. Les plantes adorent ça, ça stimule leur croissance, mais ça les fatigue et les assoiffe puisqu’il leur faut aussi de l’eau propre. On en met toujours trop, la nature en fabrique déjà bien assez. C’est là le B.A. BA de l’agriculture bio, la raison de sa résistance aux sécheresses. Une partie de l’excès ruisselle avec les pluies vers la nappe du cours d’eau. Mais les nitrates, toxiques pour bébé, dans l’eau du biberon, sont aussi suspectés de favoriser les cancers. Pourtant c’est tout juste si la France n’oblige pas les charcutiers à en farcir leurs produits. Alors voici ta récompense lecteur : le jambon italien marqué DOP (de origina protettata) se compose seulement de viande et de sel (ne  pas acheter prédécoupé : c’est hors de prix).
Mais il y a mieux encore : les plantes aquatiques. La plupart des roseaux, iris, lotus et compagnie, possèdent une tige aérienne creuse, qui permet à l’oxygène (produit par la plante même) de descendre dans leur base immergée. Ainsi des bactéries aérobies peuvent-elles vivre sous l’eau, dans les racines, et détruire les polluants à base de carbone de la chimie du pétrole comme des élevages ou des flux urbains. Ces microbes élaborent même des composés qui piègent les métaux toxiques dans les rhizomes des plantes immergées. Aussi vrai que les cheveux vous tirent les poisons du corps.

mardi 24 février 2015

François Hollande veut poursuivre les efforts de recherche sur les OGM

François Hollande veut « poursuivre » les efforts de recherche sur les OGM


Le Monde.fr avec AFP |  • Mis à jour le 


Les Etats-Unis restent largement en tête des pays producteurs d'OGM, avec 73,1 millions d'hectares dédiés à ce type de plantations. AFP/PHILIPPE HUGUEN

François Hollande qui doit inaugurer samedi matin le 52e salon de l'agriculture à Paris, a répété vendredi 20 février la volonté de la France de « poursuivre » ses efforts de recherche sur les OGM.

Si il admet que « les consommateurs, qu'ils soient français ou européens, sont hostiles aux OGM qui existent aujourd'hui », le président, qui s'est exprimé dans un entretien à l'agence de presse agricole Agra Presse, affirme que « notre pays doit poursuivre son effort de recherche publique sur les biotechnologies ».

Concernant les OGM, les consommateurs « les considèrent, à tort ou à raison, comme n'apportant pas d'avantages réels mais comportant au contraire des risques pour l'environnement », rappelle le président. Un jugement qui rend encore plus important la recherche, selon lui, « de manière à éviter leur mauvais usage, voire dénoncer ceux qui les instrumentalisent ».





UN LABORATOIRE DE RECHERCHE

« L'objectif est d'intégrer les avancées de la science dans le travail agricole » et « le Haut Conseil des biotechnologies sera un lieu utile pour faire partager ces enjeux à l'ensemble des acteurs », explique-t-il encore.

Face aux attaques systématiques des anti-OGM, il ne reste plus qu'un laboratoire de recherche sur le sujet en France, en Auvergne, piloté par la coopérative agricole Limagrain. En mai dernier, les principaux organismes de recherche publics de France (CNRS, ANR, Inserm, CEA, Ifremer, etc.) avaient exprimé leurs difficultés à travailler sur le sujet, condamnant au passage la relaxe par la Cour d'appel de Colmar de 54 « faucheurs volontaires » qui avaient détruit en 2010 une parcelle de vigne OGM expérimentale.

Source : http://www.lemonde.fr/planete/article/2015/02/20/francois-hollande-veut-poursuivre-les-efforts-de-recherche-sur-les-ogm_4580424_3244.html

lundi 23 février 2015

Gaspillage de l'eau : le gouvernement se couche devant la FNSEA

Gaspillage de l’eau : le gouvernement se couche devant la FNSEA

MARC LAIMÉ
jeudi 19 février 2015





Le gouvernement relance la politique des réservoirs pour l’irrigation, pour complaire à la FNSEA, et au mépris de la logique environnementale.

Il y a le fond et la forme. Ils sont ici également consternants et scandaleux. Trois jours avant l’ouverture du salon de l’Agriculture samedi 21 février, un mois avant des élections départementales qui s’annoncent comme une nouvelle débâcle pour un parti socialiste en voie d’implosion, Manuel Valls cède tout au syndicat agricole majoritaire, qui vote et a toujours voté à droite, dont le gouvernement n’a donc strictement rien à attendre, et à qui il vient pourtant d’annoncer qu’il cédait à toutes ses exigences. Le geste est politiquement suicidaire, les conséquences en seront désastreuses pour l’environnement.
La forme, qui dit déjà tout. A l’issue du Conseil des ministres qui s’est tenu ce matin, au lendemain du vaudeville du 49.3, aux conséquences encore imprévisibles, on apprend que les décisions qui viennent d’être adoptées, annoncées par Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture et porte-parole du gouvernement, ont en fait directement été négociées lors d’une rencontre qui s’est tenu mardi 17 février, à Matignon, entre Manuel Valls et une délégation de la FNSEA (Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles) et des Jeunes Agriculteurs (JA).
Et c’est la même FNSEA qui a dévoilé ce mercredi matin les décisions arrachées la veille à Matignon... avant même que Stéphane Le Foll ne les présente officiellement à l’issue du Conseil des ministres FNSEA qui a aussi recueilli, tant qu’à faire, par le biais de son agence de presse Actuagri,« l’interview d’avant-salon » du chef de l’Etat.

- Stéphane Le Foll à la sortie du conseil des ministres le 18 février -
Le fond. Dire qu’on le touche tient de la litote.
Manuel Valls s’est engagé à une (énième !) « simplification » de la réglementation environnementale, notamment pour ce qui concerne les installations classées (ICPE). Objectif : réduire le nombre de dossiers et accélérer les procédures d’instruction des demandes, en s’alignant sur les pratiques d’autres pays européens.
Il souhaite ainsi faciliter l’agrandissement des élevages de volailles. Le seuil à partir duquel une autorisation est requise sera relevé de 30 000 à 40 000 emplacements. Si les bâtiments abritent moins de 40 000 volatiles, un simple enregistrement suffira pour l’éleveur. Le gouvernement avait déjà assoupli les règles pour les élevages porcins. Un décret publié à Noël 2013 avait fait passer le seuil de déclaration de 450 à 2 000 porcs. Par ailleurs, le délai de recours contre les autorisations délivrées sera limité à quatre mois.
Dans la foulée, le gouvernement s’est aussi engagé à alléger les contrôles dans les exploitations agricoles. Ils s’exerceront donc « sur pièces » plutôt que « sur place » et seront annoncés à l’avance.
Alors que le drame de Sivens a témoigné de l’absurdité de la fuite en avant d’un modèle agricole productiviste à bout de souffle, le gouvernement en termine avec les « ambiguîtés » soigneusement calculées de Ségolène Royal qui, comme à l’accoutumée, est demeurée prudemment à l’abri, laissant Stéphane Le Foll en première ligne, qui se moque éperdument, lui, de sa cote de popularité.
Relance des retenues d’eau pour l’irrigation
La douche froide. Le gouvernement annonce la poursuite et la relance des projets de retenues d’eau pour l’irrigation, qui seront « examinés en fonction des territoires », et bénéficieront de la participation financière des agences de l’eau à condition que les pratiques agricoles soient « plus sobres. »
Avant même que Philippe Martin ne succède à Delphine Batho au ministère de l’Ecologie en juillet 2013, il avait commis, sur commande de Jean-Marc Ayrault, un rapport, qui ré-ouvrait en grand les vannes de l’irrigation. Un texte de positionnement en avait émergé, qui sera validé par une table ronde sur l’eau organisée lors de la seconde Conférence environnementale en septembre 2013. Ce même texte devait ensuite être validé à son tour par le Comité national de l’eau (CNE), où siège, bien entendu… la FNSEA.
- Télécharger le texte présenté au Conseil national de l’eau en décembre 2014 :
PDF - 45.3 ko
Avant Sivens, le texte réouvrait les vannes en grand. Après Sivens, ce même texte, qui fixe la doctrine gouvernementale en la matière, a très vite été « durci », pour tenter d’éviter des poursuites de la Commission européenne, et vient donc à nouveau d’être expurgé de toutes contraintes, sur un coin de table, et sous la dictée du syndicat agricole majoritaire.
En toute logique, l’actuel Premier ministre a enfin assuré à ses interlocuteurs qu’après la décision du tribunal d’instance d’Albi, qui a ordonné le lundi 16 février l’expulsion des zadistes qui occupent La Métairie neuve sur le site de la zone humide du Testet, « l’autorité de l’Etat s’exercerait. »
Avec MM. Valls et Hollande, l’autorité de l’Etat s’exerce à sens unique : contre les défenseurs de l’environnement.


Source : Marc Laimé pour Reporterre
Photos :
. pompe d’irrigation (Thamizhpparithi Maari).
. M. Le Foll (Lorène Lavocat)

Merci de soutenir Reporterre : 




Source : http://www.reporterre.net/Gaspillage-de-l-eau-le

dimanche 22 février 2015

La carte de France des projets de fermes-usines

La carte de France 

des projets de fermes-usines

LORÈNE LAVOCAT (REPORTERRE)
vendredi 20 février 2015











Fermez les yeux, et imaginez plus d’un million de volailles entassées dans une seule exploitation. 11 000 porcs serrés les uns à côté des autres. 120 000 agneaux engraissés dans un même lieu. Non, ce n’est pas un cauchemar, mais les différents visages de l’industrialisation de notre agriculture. Voici la carte qui recense ces dérives industrielles.

La Confédération paysanne publie aujourd’hui une carte de France de ce phénomène sans précédent. Le syndicat recense une trentaine de « projets phares », témoins d’un dévoiement dangereux du modèle productiviste. « C’est une agriculture destructrice d’emplois, incompatible avec la préservation de notre environnement et prédatrice d’une agriculture à taille humaine », explique le syndicat paysan.

- Cliquer sur les icônes pour le détail de chaque projet
Que nous révèle cette carte « Nous avons voulu montrer une dérive lourde du système actuel, dont le symbole est la ferme-usine », explique Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne. La ferme des 1000 vaches dans la Somme n’est qu’un des avatars de cette industrialisation tous azimuts. Une tendance à la concentration et à l’hyper-spécialisation qui touche tous les types d’élevages, mais aussi les cultures maraîchères.
Comme ces 25 ha de serres de tomates hors sol à Echillais (Charente-maritime), chauffées par un méga incinérateur... pour produire 50 tonnes de tomates par jour. Un phénomène souvent porté par des grands groupes industriels, mais aussi par des agriculteurs. « En Aveyron, un paysan engraisse plus de 120 000 agneaux, et nous ne cautionnons pas cette pratique juste parce qu’elle est portée par un paysan », précise Laurent Pinatel.
Une tendance nocive ? Le gouvernement ne semble pas de cet avis. « Ceux qui disent qu’on peut se passer d’une agriculture industrielle se mentent à eux-mêmes. » Mercredi 17 février, Stéphane Le Foll a une nouvelle fois mis les pieds dans le plat.« Pas de faux débats », a-t-il précisé à nos confrères duParisien« On a besoin d’une industrie agroalimentaire, et on a aussi besoin, pour la production de certains aliments, d’une production suffisamment industrialisée pour qu’elle soit accessible. » Alors qui a raison ?

Qu’entend-on par industrialisation de l’agriculture ?

« Il s’agit d’appliquer à l’agriculture des processus qui ont fait leurs preuves dans l’industrie : produire toujours à plus grande échelle pour produire au moindre coût monétaire », explique l’agronome Marc Dufumier. Mécanisation, robotisation, augmentation de la taille et concentration des exploitations.
Pourtant, « l’idée que l’on va faire des économies d’échelle avec des grands troupeaux est fausse », dit André Pfimlin, spécialiste des élevages laitiers. « Aux États-Unis, des chercheurs ont montré que ces grands troupeaux, nécessitant des équipements nouveaux, avaient des coûts par tonne de lait plus élevés et étaient plus vulnérables aux variations du prix du lait et de l’aliment. Leur rentabilité provenait du recours à de la main d’œuvre bon marché, souvent immigrée. »
Malgré tout, la marche de l’agriculture vers l’industrialisation se poursuit, poussée par les grands groupes agro-industriels. Pour la Confédération, « ce sont eux qui captent la valeur ajoutée, et on les retrouve derrière la plupart des projets de ferme-usine. »Reporterre a mené l’enquête le plus tentaculaire de ces groupes : Avril-Sofiprotéol

Cette industrialisation est-elle inévitable ?

Pour André Pfimlin, l’élevage industriel est inacceptable : « Ces feedlots sont en compétition directe avec l’alimentation humaine car gros consommateurs de grains… Ils sont destructeurs de l’environnement, parce qu’ils sont en partie responsables de la déforestation pour faire de la monoculture industrielle de maïs ou de soja, et ils sont de gros producteurs de gaz à effet de serre. »
Surtout, ces méga-projets détruisent des emplois, des marchés locaux et la vie rurale. « Dans un contexte de chômage massif et de désertification de nombreuses régions rurales, l’industrialisation de l’élevage est injustifiable, même sur le seul plan socio-économique », conclut-il.
Un avis partagé par Pablo Servigne, chercheur agronome :« L’agriculture industrielle est un modèle toxique, qui se coupe l’herbe sous les pieds, en détruisant les écosystèmes. » Un système nocif et condamné. « Comme il dépend du pétrole, des minerais et d’autres ressources fossiles, c’est un système déjà mort. »
Un mort-vivant alors, car les fermes-usines sont en plein essor.« Il y a une grande inertie du système », affirme Pablo Servigne. En cause, le verrouillage socio-technique : « Nous héritons de techniques inventées dans le passé, comme les pesticides, les OGM, qui ne sont plus efficaces, mais qui sont très intégrées dans nos usages et nos modes de pensée. » Lui appelle donc à de « grands déclics imaginaires », pour changer de paradigme.
« Nous sommes au moins d’accord avec la FNSEA sur un point », admet Laurent Pinatel. « Le système actuel est à bout de souffle. Eux proposent d’y remédier par les fermes-usines, nous par l’agriculture paysanne, orientée vers un marché local. » Agroécologie, circuits courts, culture biologique. D’autres modèles existent.
« Partout dans nos campagnes, il y a des paysans qui sont déjà entrés dans l’ère post-pétrole », estime Pablo Servigne.« L’exode urbain a déjà commencé, les néo-ruraux sont de plus en plus nombreux, c’est un énorme mouvement qui n’a pas encore conscience de lui-même. » Chercheur agronome de formation, il s’est lui-même installé en Ardèche et formé à la permaculture. « L’effondrement inéluctable de la civilisation industrielle va permettre l’épanouissement de nouvelles pousses », dit-il. « Et ces jeunes pousses sont déjà là. »

Pour plus d’informations, lire aussi :
- L’agriculture industrielle va disparaître, une recension du livre de Pablo Servigne Nourrir l’Europe en temps de crise. Vers des systèmes alimentaires résilients.

Source : Lorène Lavocat pour Reporterre

Merci de soutenir Reporterre : 


Source : http://www.reporterre.net/La-carte-de-France-des-projets-de