Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

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dimanche 31 mars 2019

Chronique des Zones A Défendre (ZAD) de février 2019

 Des infos, des liens, des photos pour tout savoir (ou presque) sur ce qu'il s'est passé dans les Zones A Défendre (ZAD) pendant ce mois de février 2019 ; on y parle de Notre Dame Des Landes et de plein d'autres zones à défendre.


Merci à l'auteur pour cette compilation mensuelle précieuse.
 
NOTRE DAME DES LANDES (44) 
 Enraciner l’avenir

Source : ZAD.nadir.org et médias

Février 2019

Et ailleurs : gilets jaunes Romainville (93) – Bure (55) – Amassada (12) – Landivisiau (29) -Turin (Italie) – Pays basque (64)contre les armes de la policeagression de Finkelkraut -



ZAD de NDDL - 44


Carte de la zone centrale de la Zad.


Infos du 1er au 10 février


Vendredi 1er février

Criminalisation des luttes 

 

Le premier appel de Ben vient d’être rejeté. Il est maintenu en détention. Ici un sentiment de colère très fort domine. D’autres appels vont être faits.

Lundi 4 février

Soutien aux 5 

 

Des nouvelles, des textes et des dates, des photos et des communiqués, comment les soutenir et leur écrire !
https://zad.nadir.org/spip.php?article6353

Abracadabois

Programme des Rencontres sur la Forêt !
https://zad.nadir.org/spip.php?article6264

Jeudi 7 février

La Confédération paysanne prend la tête 

de la chambre d’agriculture 

de Loire-Atlantique


Les bulletins de vote aux élections à la chambre d’agriculture ont été dépouillés dans la soirée du mardi 5 février. En Loire-Atlantique, la liste FNSEA-JA subit une défaite. C’est la Confédération paysanne qui prend la tête en 2019 de la chambre avec 39,61 % des suffrages. La FNSEA n’est pas loin avec 39,55 %. En troisième position, la Coordination rurale avec 20,84 % des suffrages.

Cette victoire de la Confédération paysanne pourrait changer la donne dans les discussions avec l’État et le département sur l’avenir agricole de la Zad de Notre-Dame-des-Landes.

AntiRep


La soirée du comité de soutien aux 5 personnes inculpées, aura bien lieu demain vendredi (et pas ce soir) à 20h à la Rolandière.

Vendredi 8 février

Lecture


Vers la fin du scandale ADP ? Le Sénat s’oppose à la privatisation d’Aéroports de Paris mais c’est l’Assemblée nationale qui décidera au final…
Cela fait des mois que le gouvernement a annoncé vouloir céder ses parts (50,6%) dans Aéroports de Paris (ADP), sans que l’on comprenne vraiment l’intérêt de l’opération quand on sait qu’ADP finit chaque année avec d’importants bénéfices dans les caisses. En cédant ce patrimoine, ce sont des rentrées d’argent que l’Etat se condamne à voir supprimées après une vente ponctuelle définitive, un calcul à court terme qui s’associe effectivement bien à la durée des mandats présidentiels et gouvernementaux mais certainement pas au long terme de l’intérêt des contribuables et de la nation.

http://www.aerovfr.com/2019/02/vers-la-fin-du-scandale-adp/

►AntiRep 

 

Une très bonne et une mauvaise nouvelle ce matin :

Fr est maintenu en détention mais Greg est enfin libéré. Nous n’avons pas pour le moment de nouvelle des conditions de son contrôle judiciaire.
La réunion du comité de soutien a lieu ce soir à 20H à la Rolandière.

Infos du 11 au 17 février


Lundi 11 février

Soutien aux 5 

 

Nous rappelons les prochaines dates :
 Dimanche 10 février, à 10h au Moulin de Rohanne, chantier de soutien pour continuer à travailler les buttes de permaculture. 

 Mardi 12 février, à 10h à l’auberge des Q de plomb (Liminbout) pour aider à préparer le repas du lendemain. 

 Mercredi 13 février, repas de soutien proposé par les Q de plomb au café La Dérive à Nantes à partir de 18h. 

 Jeudi 21 février, à 20h à La Rolandière, prochaine réunion du comité de soutien.

Mercredi 13 février

Soutien aux 5 

 

Greg est de retour parmi nous. Son contrôle judiciaire lui impose de pointer une fois par semaine à Nantes. On continue à se battre pour que les 5 personnes arrêtées puissent revenir sur la zad et y reprendre leurs activités. On pense particulièrement à Ben et F. qui sont toujours en prison.



AILLEURS


Infos du 1er au 10 février

Samedi 2 février

Gilets jaunes : contre les violences policières, 

une trentaine de blessés ouvrent le cortège parisien


Acte XII, pour le douzième samedi. Les « gilets jaunes » se sont à nouveau mobilisés dans plusieurs villes de France. À Paris, une marche blanche était dédiée aux manifestants blessés, avec pour revendication l’interdiction des armes type LBD (lanceur de balle de défense) et grenades, à l’origine des mutilations des victimes. 




« Qu’est-ce qui justifie d’arracher des mains, d’éborgner des personnes, de fracturer leurs mâchoires ? Aujourd’hui, manifester n’est plus un droit respecté en France », dénonce Antonio Barbetta, 40 ans, un des principaux organisateurs avec d’autres victimes de tirs policiers de la marche blanche, qui défile pacifiquement dans les rues de Paris, ce samedi 2 février.




Il est 10 heures, place Felix-Éboué dans le XIIe arrondissement de Paris, après trois semaines de préparation, Antonio a convaincu près de trente personnes blessées au cours des manifestations des gilets jaunes de se retrouver à Paris pour ouvrir le cortège de l’acte XII de la mobilisation. 


Vingt-huit blessés doivent arriver, de Bordeaux, Montpellier… et d’autres villes de France. « Ça n’a pas été simple pour eux d’accepter parce que la plupart des mutilés sont traumatisés. Moi-même, je ne supporte plus le moindre bruit. Une porte qui claque me fait sursauter et je revois toujours le moment où la grenade est venue taper mon pied », explique Antonio. C’était le 24 novembre dernier. Venu à Paris pour manifester, cet intérimaire de Pimprez, près de Compiègne, a reçu une grenade GLI-F4, à charge explosive, composée de TNT, qui lui a arraché les ligaments. Plus de deux mois après, la blessure nécessite encore des soins quotidiens et il s’est vu prolonger son arrêt d’un mois, par l’orthopédiste qui le suit. 

« Dans le constat médico-légal, le médecin certifie que ma blessure a été causée par une grenade. Le gouvernement ne peut nier cette réalité : les armes utilisées par la police française sont létales. Elles blessent, mutilent et tuent parfois, comme ce fut le cas de Rémi Fraisse [qui manifestait en 2014 contre le barrage de Sivens – ndlr]. C’est pourquoi, nous organisons cette marche aujourd’hui en hommage aux blessés et pour que soit interdit l’usage des grenades et des lanceurs de balles de défense (LBD). Nous souhaitons également que justice soit faite. Depuis le début du mouvement, aucun policier n’a été mis en garde à vue ou poursuivi pour avoir arraché une main ou éborgné un manifestant », explique Antonio.  

Selon le décompte réalisé par David Dufresne, journaliste, spécialiste des questions du maintien de l’ordre, et mis en ligne sur Mediapart, une personne est décédée, 168 ont été blessées à la tête, quatre ont perdu une main, dix-sept sont éborgnées, depuis le début du mouvement.  

Plusieurs collectifs qui luttent contre les violences policières participent à la marche de ce samedi. Parmi lesquels Désarmons-les !, créé en 2014 et qui réclame également l’interdiction des LBD et des grenades à l’origine de graves blessures et le Comité Adama, emmené par Assa Traoré qui milite pour connaître la vérité sur la mort de son frère Adama Traoré, décédé à 24 ans, le 19 juillet 2016, dans les locaux de la gendarmerie de Persan (Val-d’Oise), à la suite d’une interpellation par des gendarmes. Robin Pagès dont le pied a été mutilé le 15 août 2017 par une grenade GLI-F4 lors d’une manifestation à Bure (Meuse), contre le projet d’enfouissement des déchets nucléaires, est également présent. 

En fauteuil roulant qu’il échange parfois avec Antonio, se soulageant des béquilles, Robin est en tête de cortège, aux côtés de la trentaine de gilets jaunes blessés. Ils ouvrent une marche difficile à faire pour certains d’entre eux et très encadrée, afin de les protéger et d’éviter tout heurt. 

« Il est nécessaire que les victimes des tirs policiers se fassent entendre et montrent comment la France traite ses citoyens. Nous sommes mutilés à vie. C’est une catastrophe humaine et un traumatisme au sein des familles, raconte Robin. Je sais que je ne pourrai plus jouer au foot avec mes enfants qui ont 10 et 5 ans. J’ai été blessé il y a 16 mois et ma fracture n’est toujours pas consolidée. Je dois subir encore deux greffes osseuses dans quatre jours. » 


Marche blanche – gilets jaunes - Samedi 2 février - Paris © Pascale Pascariello


Robin mène depuis un combat quotidien pour réinventer sa vie et penser à une reconversion professionnelle. « J’étais paysagiste mais je dois changer de profession sans savoir encore vers laquelle je vais pouvoir me tourner, étant handicapé à vie. Aujourd’hui, je suis au RSA, la situation est devenue très compliquée. »

« Laissez passer les blessés », scande le service de sécurité, mot d’ordre inhabituel pour une manifestation qui s’ouvre sur des personnes aux yeux bandés, ou en fauteuil roulant, ou en béquilles. Il est midi la marche vers la place de la Bastille démarre lentement.


Parmi les premiers, Antoine Boudinet, interviewé par Mediapart lors du live du 16 janvier. Ce jeune manifestant de 26 ans a eu la main droite arrachée par une grenade GLI-F4, le 8 décembre à Bordeaux et a déposé plainte contre le ministre de l’intérieur Christophe Castaner pour sa responsabilité dans « la mise à disposition » de cette arme aux forces de l’ordre.


« La décision rendue par le Conseil d’État refusant d’interdire l’usage des LBD et des grenades est regrettable. La police française est l’une des plus armées d’Europe et utilise des armes interdites ailleurs. Les policiers qui en font usage ne sont même pas formés pour cela. On va vers une escalade de la violence », s’inquiète Antoine. Sa mère va le rejoindre pour cette marche afin de veiller sur lui.


Il ne souhaite pas être vu comme « la gueule cassée », ou « celui qui a perdu sa main » : « On ne me voit plus comme Antoine mais comme le mec à la main arraché. C’est aussi cela la violence qu’on subit. Chaque blessé est devenu un symbole qui nous enlève toute notre individualité », regrette-t-il.


« Ça fait des années qu’on connaît cette situation 

dans les banlieues »



« Le droit de manifester est un droit inaliénable. Ce gouvernement tente de faire taire les manifestants par la répression et provoque colère et violence. C’est une escalade de la violence qui m’inquiète. Comment instaurer un débat si l’État canarde ses propres citoyens avec lesquels il est censé parler ? » À ses côtés, des gilets jaunes venus de banlieue parisienne acquiescent.


« J’ai travaillé dans des quartiers populaires et cela fait des années qu’ils subissent cette violence policière sans que les Français ne s’en soucient. On retrouve la précarité et la misère sociale que dénoncent les gilets jaunes et là encore le gouvernement veut stigmatiser ses opposants sous l’étiquette casseurs. Aujourd’hui, nous devons faire converger nos luttes pour que cessent ces violences », poursuit Antoine.



Cyrille et Sébastien – gilets jaunes – Samedi 2 février - Paris © Pascale Pascariello

C’est ce que tente d’expliquer Sébastien, 32 ans, venu de Carrières-sur-Seine (Yvelines), à Cyrille, 43 ans, intérimaire chaudronnier, originaire de Montluçon : « Quand les médias et le gouvernement vous expliquaient que nous étions des casseurs pour justifier les tirs qu’ils faisaient sur nous ou pour faire oublier les bavures policières, vous l’acceptiez. Aujourd’hui, vous vous rendez compte qu’il s’agit d’une façon de légitimer la violence policière pour faire taire les Français les plus précaires, comme vous, qui osent se plaindre de leur situation économique et des décisions de l’État en faveur des plus riches. »   

Sébastien, cuisinier, participe au mouvement depuis le 17 novembre. « J’ai vu ma mère trimer avec six enfants pour s’en sortir. Ça fait des années qu’on connaît cette situation dans les banlieues. Et aujourd’hui, certains hésitent à rejoindre le mouvement de peur de devoir subir encore les violences policières. Forcement quand tu as une gueule de banlieusard, tu sais que tu seras le premier arrêté. »

Face à lui, Cyrille l’écoute et découvre une réalité qu’il ne percevait pas jusqu’à présent. « Avec ce que fait la police et le gouvernement aux gilets jaunes, c’est sûr que ça fait réfléchir désormais sur la façon dont on perçoit les banlieues. » Cyrille poursuit : « J’ai reçu un tir de lanceur de balle de défense dans la mâchoire, le 12 janvier. J’étais tranquille en train de quitter la manifestation lorsque j’ai reçu ce tir sans sommation, sans rien. » 

Il a dû interrompre sa mission d’intérimaire et est encore à l’arrêt pour deux mois. Sa femme étant au chômage, « avec trois enfants à charge de 18 à 7 ans, financièrement j’ai les deux pieds dans le ciment. Les indemnités journalières versées par la Sécurité sociale sont minimes et très irrégulières. Mon frigo se vide sans que je ne sache comment je pourrais le remplir. Et je n’ose pas penser à la suite. » Ému, il s’interrompt. 

Cyrille, comme nombre de blessés, a déposé une plainte administrative : « Je n’ai pas beaucoup d’espoir sur l’IGPN [l’inspection générale de la police nationale, la police des polices – ndlr]. Il couvre les agissements de leurs collègues. Pour la plainte au pénal, j’ai lancé une cagnotte qui est à 700 euros, mais les frais d’avocat s’élèvent à 2 000 euros. Une autre galère. La priorité étant surtout de subvenir aux besoins de mes enfants, pour le reste on verra ».

Redoutant les gaz lacrymogènes, Cyrille a prévu de quitter la marche vers 14 h, « d’autant que je ne peux plus courir, j’ai perdu des kilos suite à ma blessure, ce qui m’a affaibli encore un peu plus ». 

« Les 116 enquêtes ouvertes par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) depuis le 17 novembre ont peu de chance d’aboutir », explique Maître Arié Alimi, avocat de plusieurs blessés, et présent lors de la marche. « L’IGPN a du mal à retrouver les policiers qui ont tiré faute de déclaration spontanée faite normalement par le policier lui-même ou ses collègues. C’est une obligation qui n’est pas respectée. »

C’est lui qui, en tant que membre du bureau national de la Ligue des droits de l’homme, avait, avec la CGT, déposé le 30 janvier des recours en urgence auprès des juges administratifs pour suspendre l’utilisation des lanceurs de balles de défense dans les prochaines manifestations. 

 « Le refus d’interdire ces armes était prévisible. Tout d’abord parce que cette juridiction administrative [le Conseil d’État – ndlr] protège majoritairement l’État. Ce sont des énarques qui préparent les lois, conseillent l’État et même si la section contentieux est relativement indépendante dans les textes, elle prend parti le plus souvent en faveur de l’État. La procédure d’urgence, avec des critères compliqués, rend difficile également l’obtention d’une décision positive. Et enfin, il faut noter que le Conseil d’État est très éloigné, sociologiquement, des gilets jaunes, des personnes qui sont blessées et mutilées », poursuit l’avocat avant de conclure : « Il faut bien se dire que la responsabilité de l’État, au niveau politique comme judiciaire, sera engagée dans les mutilations futures. » 

Concernant les réactions politiques, l’avocat les juge « misérables ». Il alerte sur le danger de la loi anti-casseurs votée cette semaine à l’Assemblée nationale. « Restreindre le droit de manifester et transformer un équilibre historique en France en donnant à l’exécutif le pouvoir de choisir ses opposants politiques dans la rue est un bouleversement complet. C’est un outil qui constitue une arme, qui en cas d’alternance politique, pourrait être utilisé par des gouvernants, aux mauvaises intentions et qui auraient une tentative autoritaire. En gros, Marion Maréchal-Le Pen pourrait l’utiliser pour ficher ses opposants politiques. »

Ce samedi, les manifestants étaient 13 800 à 15 h 45 selon le cabinet Occurrence, qui réalise un comptage indépendant pour un collectif des médias, auquel Mediapart participe (lire notre article à ce sujet). La préfecture de police de Paris annonce de son côté 10 500 manifestants. Le ministère de l’intérieur estime à 17 400 manifestants dans toute la France à 14 h. Ils étaient, selon l’AFP, 4 000 à Bordeaux et plus d’un millier à Montpellier. 

Certains blessés n’ont pas souhaité participer à la marche. La violence policière exercée contre les manifestants en a dissuadé plus d’un. Rencontré la veille, lors d’une réunion organisée avec plusieurs blessés pour préparer cette journée, David, 31 ans, n’ira pas. « J’ai peur. J’ai reçu un tir de LBD le 1er décembre et je ne veux pas voir de policiers. Je veux protéger aussi ma compagne. J’ai peur également de mes réactions à l’égard des policiers. Ma vie est bousillée. J’ai perdu mon emploi et je suis obligé de tout vendre pour éviter de tomber à la rue. Je ne sais pas comment je pourrais réagir face à eux. L’État leur donne des ordres. Ils les appliquent sans se rendre compte des conséquences. Policiers contre manifestants, c’est criminel de diriger ainsi un pays. Ma colère est trop forte. »

Pascale Pascariello – Médiapart

Lundi 4 février

« Je viens manifester 

pour le pouvoir de vivre. 

Vous comprenez, le pouvoir de vivre ! »





Rendre hommage aux victimes de la répression policière et dénoncer l’usage des lanceurs de balles de défense (LDB) et autres armes mutilantes : l’Acte XII des Gilets jaunes du samedi 2 février a mobilisé plus de 10.000 personnes à Paris. Preuve que le mouvement est loin de s’essouffler. Reportage.




Paris, reportage

Il est à peine midi et la place Daumesnil, dans le douzième arrondissement de Paris, est déjà remplie. C’est ici que les Gilets jaunes ont décidé d’organiser, samedi 2 février, une marche blanche en hommage aux « gueules cassées », ces hommes et ces femmes mutilés lors des précédentes manifestations. Le journaliste David Dufresne tient les comptes sur Twitter. Il a collecté 379 signalements, pour 168 blessures à la tête, 17 éborgnés et quatre mains arrachées. Patrick, Jérôme, Antonio, Robin, Franck, Axelle, David, Christophe, Laurent, Christian, Cynthia, Yvan, Élise, Sabrina, Martin, Sergio ou encore Lola. Tous et toutes portent dans leur chair les stigmates des tirs de grenades de désencerclement, de LBD et de GLI-F4.




Des armes dangereuses dont le Défenseur des droits, Jacques Toubon, réclame sans succès l’interdiction. « Nous ne voulons pas de mesurettes sur la réglementation de ces armes, comme ces caméras portées par ceux qui les utilisent. Il faut totalement les interdire et les détruire car elles sont létales. La France est l’un des seuls pays en Europe à les utiliser, c’est un scandale », s’insurge Robin Pagès, administrateur de la page Facebook Grenades Flashball Interdiction et grièvement blessé au pied par l’explosion d’une GLI-F4 à Bure en 2017. Il assure que si le gouvernement reste sourd à ces revendications, un autre événement de grande ampleur sera organisé d’ici trois mois.


Assa Traoré : « Le monde plus rural découvre maintenant ces violences. »

Le cortège n’est pas encore parti que les blessés sont littéralement assaillis et bousculés par une horde de caméras, qu’on dirait affamées par le sang. « Et dire qu’avant, les journalistes ne parlaient jamais de nos blessés », grommelle un Gilet jaune, membre du cordon humain qui tente de contenir la foule autour des blessés. La tension est palpable et les rumeurs se propagent comme une traînée de poudre. 

Des « antifas » seraient en train de traquer les zouaves, ces militants d’extrême-droite qui ont attaqué des membres du NPA (Nouveau Parti anticapitaliste) samedi 26 janvier. Dans le même temps, Antoine, Gilet jaune amputé d’une main, assure avoir été agressé par un homme d’extrême droite au tout début de la manifestation. « Il est venu me voir et m’a demandé si j’étais un antifa. J’ai répondu “oui” et il m’a décroché une droite qui m’a explosé le nez (…). Il s’agit d’un facho qui voulait se taper un gaucho », a-t-il déclaré sur France Inter.

    « La France mutile son peuple »

     

Sophie est maquilleuse : « Si le gouvernement avait la volonté d’apaiser les choses,
il le ferait par le dialogue. Alors que là, il ne nous écoute pas. »

Un œil au beurre noir. Une pommette totalement déchiquetée et sanguinolente : la fausse blessure de Sophie, maquilleuse professionnelle venant de Nanterre (Hauts-de-Seine), fait terriblement illusion pour dénoncer les violences. « Je participe au mouvement depuis le début. Si le gouvernement avait la volonté d’apaiser les choses, il le ferait par le dialogue. Alors que là, il ne nous écoute pas. » En dépit des scènes de violences « surréalistes » auxquelles elle a assisté, sources de terribles cauchemars, elle continue de se mobiliser. « On n’a pas le choix, si on reste chez soi, on ne fait pas avancer les choses. C’est un risque qu’on prend en toute conscience, malgré la peur. » La peur des policiers, les habitants des quartiers populaires la connaissent bien et ne l’ont pas découverte en novembre 2018. « Nous sommes des Gilets jaunes depuis 40 ans. Qui peut mieux parler des violences policières que ceux qui la subissent au quotidien, sans même participer à une manifestation ? », lance Assa Traoré, à la tête du Comité Adama, qui avait appelé dès le 1er décembre à rejoindre le mouvement. Leur présence au sein d’un hommage aux victimes de violences policières leur paraît évident : « Le monde plus rural découvre maintenant ces violences. Bien sûr, c’est tard pour ceux qui sont déjà morts comme mon frère. Mais il est temps de se battre pour ceux qui sont encore vivants. »


Robin Pagès, au micro : « Il faut totalement interdire ces armes, car elles sont létales. »

Le cortège s’ébranle lentement le long du boulevard Daumesnil. Tout devant, Etienne Zoldi fait partie du groupe sécurité, un service d’ordre autogéré et ouvert à tous : « A la base, on avait fait une organisation de sécurité centralisée depuis qu’on déclarait les manifs [Acte 8, NDLR]. Mais quand on donne du pouvoir à quelqu’un, il en abuse… Alors on a préféré retourner à une organisation décentralisée avec des petits groupes qui se coordonnent juste avant le départ. » Une coordination qui n’est pas toujours évidente. Au bout du boulevard Daumesnil, le parcours était supposé tourner vers la petite rue de Charenton. Faute de guide, certains étaient un peu perdus, comme ce couple de personnes âgées qui revendiquent « 150 ans de manifestation à nous deux, sans avoir jamais vu autant de violence ». La semaine dernière, ils se trouvaient à côté de Jérôme Rodrigues, l’un des leaders du mouvement éborgné place de la Bastille. « Après que l’ambulance l’a emmené, nous avons voulu quitter la place bras dessus, bras dessous avec mon mari. On a reçu des lacrymos. Vous trouvez vraiment qu’on a l’air dangereux ? », s’indigne la vieille dame.


Afin d’éviter d’être pris pour cibles par la police, les médecins de rue portent un t-shirt blanc. 
« Bon, ça marche pas toujours, on se prend quand même des tirs. »


La violence, les street médics (médecins de rue) y sont confrontés de plein fouet depuis le début du mouvement. C’est d’ailleurs ce qui a convaincu Juliette (prénom d’emprunt) de descendre dans la rue porter secours aux victimes : « En voyant un jour mon coloc rentrer blessé d’une manifestation, je me suis motivée et j’ai suivi la formation pour devenir médic. » Afin d’éviter d’être pris pour cibles par la police, beaucoup de médics portent désormais un tee-shirt blanc par-dessus leurs vêtements. « Bon, ça ne marche pas toujours, on se prend quand même des tirs », regrette « Guigz ». A ses côtés, Mario est un jeune électricien venu de Tarbes, où il travaille à l’aéroport : « Mes amis ne comprennent pas pourquoi je participe car j’arrive à tenir les fins de mois. Je ne suis pas en galère. Mais c’est une colère plus globale. »


A Bastille, un homme est perché sur un poteau, filmant le cortège avec son smartphone : « On a développé un logiciel pour compter les participants sur une vidéo. C’est plus sûr que les chiffres du gouvernement. » Selon la Préfecture, 10.500 personnes ont défilé samedi à Paris. Mais le cabinet Occurrence, mandaté par certains médias, a dénombré 13.800 personnes. Des chiffres bien supérieurs au samedi 26 janvier (4.000 personnes selon les autorités) qui s’expliquent par le fait que, pour cet Acte XII, il n’y avait qu’un seul et même cortège dans toute la capitale. Stéphane est l’un des signataires de la déclaration en Préfecture. Si certains Gilets Jaunes regrettent de devoir déposer leur parcours, il pense que « la police a plus de scrupules à tirer dans une manifestation déclarée ». La suite des événement va lui donner tort.


Car à l’arrivée sur la place de la République, les tirs de grenades commencent à se faire entendre. Certains assurent que des Black Blocs veulent poursuivre la manifestation et sont bloqués par les CRS. La situation met le feu aux poudres. L’ambiance devient surréaliste : les vendeurs de merguez sont installés autour de gens qui chantent dansent et discutent, visiblement peu pressés de partir malgré les lacrymos qui saturent l’air. « On a le droit d’être là, on a déposé jusqu’à 17 h », explique Nadir, à peine dérangé par les gaz malgré son asthme. « Je suis là pour faire valoir mes droits et je ne veux pas partir. Il faut rester pour leur montrer qu’on n’est pas silencieux ni passifs. » Des badauds sortent du métro avec leur poussette, sans trop comprendre ce qui se passe.




Vers 16 h, les forces de l’ordre commencent à bloquer les sorties et l’hélicoptère apparaît dans le ciel. Isabelle, 55 ans, masque sur le visage, refuse de s’éloigner, malgré l’air qui devient irrespirable : « Je veux résister et maintenir la pression. Le gazage ne m’arrêtera pas ! » Au coin de l’avenue de la République, d’autres tentent dans le calme de négocier avec les CRS pour franchir leur cordon. « Si je vous laisse sortir, vous rentrez chez vous. Vous ne restez pas juste derrière nous comme vos petits copains », grommelle un CRS. Une brèche s’ouvre. Un groupe s’y faufile, s’éloignant doucement du cœur embrumé de la place. Quelques mètres plus loin, des hommes s’apostrophent devant un café. « Venez avec moi, il faut y retourner ! Montrer qu’on ne lâchera rien », clame Lionel, retraité de la RATP. « Non, moi je rentre à la maison. J’en ai marre des lacrymos. Je reviendrai la semaine prochaine », lui répond son ami.

Difficile de partir, de quitter le champ de bataille, de capituler face au mépris gouvernemental. Même lorsqu’on ne peine pas à boucler ses fins de mois à l’instar de Lionel : « Moi, j’ai une retraite confortable de 1.900 euros. Je ne suis pas à plaindre. Mais je viens manifester pour le pouvoir de vivre. Vous comprenez, le pouvoir de vivre ! »


Contre les armes de la police


MANIFESTE CONTRE LES ARMES DE POLICE – APPEL A SIGNATURES
Depuis plusieurs semaines, un certain nombre de collectifs luttant depuis plusieurs années contre les violences policières auprès des personnes gravement blessées par des armes de police, font signer un Manifeste contre les armes.

Ce manifeste est rendu public pour la première fois ce 31 janvier 2019, avec 43 blessés signataires, ainsi qu’un certain nombre de collectifs, de soutiens et d’avocat-es.

Le site où il est publié (desarmons.net) est avant tout un support, mais l’initiative est portée par un réseau beaucoup plus large de personnes et de collectifs investies dans un combat long et difficile pour faire disparaître les armes de police qui mutilent dans les quartiers populaires et les manifestations depuis leur mise en service : grenades à effet de souffle GLI F4, grenades de désencerclement DMP, pistolets Flash-balls et fusils Lanceurs de Balles de Défense LBD40 et Penn Arms.

NOUS APPELONS LES BLESSE-ES, LEURS PROCHES ET LES COLLECTIFS DE SOUTIEN A NOUS CONTACTER POUR SIGNER CE MANIFESTE ET LE DIFFUSER AUSSI LARGEMENT QUE POSSIBLE, POUR QU’ENFIN UN RAPPORT DE FORCE S’INSTALLE POUR FAIRE DISPARAÎTRE CES ARMES !

https://desarmons.net/index.php/2019/01/31/manifeste-contre-les-armes-de-police-appel-a-signatures/

Punchline du jour 

 

"S’il n’y avait pas de magasins pillés, de barricades érigées. S’il n’y avait pas de voitures brûlées, de bâtiments publics saccagés. S’il n’y avait pas de forces de l’ordre lynchées. En somme si la loi était respectée, il n’y aurait pas de blessés." - Castaner


Romainville 

 

Des nouvelles des travaux : Plus de 650 arbres ont été abattu sur la forêt de la Corniche des Forts à Romainville dans le cadre d’un projet de base de loisir financé par la région Ile-de-France

https://www.20minutes.fr/paris/2411679-20190109-romainville-arbres-coupes-beton-sol-amenagement-base-loisirs-place-foret-divise


Mardi 5 février




À Bar-le-Duc, 

une parodie de justice 

contre les opposants à Cigéo





Mardi 5 février, à Bar-le-Duc, s’est tenu un nouveau procès « spécial Bure ». Lors de ces audiences sous très haute surveillance policière, des opposants à la poubelle nucléaire sont jugés les uns après les autres, dans une ambiance tendue. Une caricature de justice. Récit.


Bar-le-Duc (Meuse), reportage

« Je ne tolérerai aucune manifestation d’humeur dans le public. Sinon, je prendrai l’initiative de faire évacuer la salle. » Du haut de son estrade, la présidente du tribunal plante le décor austère de cette journée d’audience « dédiée » aux opposants à la poubelle nucléaire de Bure, appelée Cigéo. Avant même que le premier procès ne s’ouvre, le ton est donné : au tribunal de grande instance de Bar-le-Duc, on ne badine pas avec l’humour. Déjà la veille, lundi 4 février, la magistrate avait promptement fait évacuer la salle, car le public ne s’était pas levé à l’entrée des juges.

Mardi 5 février s’est donc tenue une nouvelle journée de « procès Bure ». Car il semblerait qu’il soit désormais de coutume de juger les opposants à Cigéo en groupe, même si les infractions pour lesquelles ils sont poursuivis ne sont pas les mêmes et se sont produites à plusieurs mois d’intervalle. D’après le procureur, il s’agit de ne pas « engorger le tribunal » avec ces dossiers « très longs à traiter », qui « affaiblissent la productivité » de l’institution judiciaire meusienne.

Mais ces journées spéciales donnent aussi lieu à des déploiements militaires extraordinaires. Ce mardi, des policiers et des gardes mobiles sont ainsi postés par dizaines dans chaque recoin du palais de justice. Dès les portes du tribunal de Bar-de-Duc, six gendarmes filtrent les entrées. Une fois le contrôle de sécurité passé, une dizaine d’hommes en uniforme veillent au grain, chacun posté derrière les colonnes du hall d’entrée. Puis viennent les escaliers, là aussi gardés par un groupe de gardes. Devant la salle d’audience, une bonne dizaine de militaires et de policiers accueillent les visiteurs, l’un filmant les nouveaux arrivants avec une caméra ostensiblement placée sur sa poitrine. Enfin, dans la chambre d’audience, les hommes en bleu sont légion, postés à intervalle régulier entre les bancs. Visibles depuis les fenêtres, plusieurs fourgons de gendarmerie stationnent dans les ruelles adjacentes.




 
Un dispositif policier important, pour une petite trentaine de personnes venues en soutien. Sur le banc des prévenus, assistés d’au moins six avocats, ils sont sept à comparaître. De 20 à 40 ans, ils sont militants de longue date ou nouveaux venus dans la lutte antinucléaire. Surpris par cette profusion d’uniformes, un des avocats de la défense, venu pour la première fois à Bar-le-Duc, se désolera de cette « surreprésentation policière » à même de « nuire à la sérénité des débats ».






La pièce n’a pas commencé, mais le décor donne déjà une idée du drame à venir. Car comme nous allons vous le raconter, les « procès Bure » ont tout d’une pièce de théâtre, à mi-chemin entre la farce et la tragédie. Une pièce en quatre actes et sept heures, qu’on pourrait nommer « chroniques du mépris ordinaire ».

    ACTE 1 : « La bataille des images »


Le 27 septembre 2018 au petit matin, des agents de l’Andra (Agence nationale des déchets radioactifs) munis d’outils et d’engins de chantier, se sont rendus sur une des parcelles de l’Agence situées à Luméville, près de Bure, dans le but de la défricher et de mener « des travaux préparatoires ». Ce terrain, stratégique car situé à proximité d’un futur terminal embranché qui accueillerait les déchets radioactifs, se trouve à côté de l’« ancienne gare », un lieu habité depuis plusieurs années par des opposants à Cigéo. Certains des employés de l’Andra, des vigiles, étaient munis de caméras GoPro, avec lesquelles ils ont d’abord filmé les militants dans leur lieu de vie, puis les débats houleux qui ont suivi. Curieusement, les vidéos enregistrées, mises sous scellées, n’ont pas été mises à contribution pour l’enquête. La procédure n’est donc fondée que sur une sélection de photographies faite par les gendarmes intervenus ce jour-là.
D’après les procès-verbaux, « les opposants ont eu un comportement agressif envers le personnel, avec des jets de pierres ». Les gendarmes ont alors interpellé trois personnes, placées en garde à vue puis sous contrôle judiciaire, dont deux ont comparu mardi 5 février. Bien qu’aucun des deux n’ait été identifié jetant des projectiles, ils sont poursuivis pour « violence commise en réunion sans incapacité », c’est-à-dire sans dommage physique constaté, et « opposition à l’exécution de travaux publics ». Image à l’appui, une des prévenus est accusée d’avoir porté un coup de poing à un vigile.




Interrogée par la présidente du tribunal, la jeune femme donne une lecture différente des événements ayant eu lieu en septembre dernier : « J’ai été réveillée par le tracteur, j’ai vu une personne en train de me filmer, chez moi, elle m’a même filmé quand je suis allée aux toilettes. On est filmé tous les jours, en permanence, nos véhicules sont photographiés, l’intérieur de nos maisons est photographié. » Excédée, la militante s’est donc approchée des vigiles, « non pas pour frapper mais pour lui interdire de filmer ». Quid du poing fermé, et de l’empoignade d’un des agents, visibles sur les clichés, lui demande la présidente ? « Le personnel de l’Andra avait des propos insultants, dégradants, sexistes. Je me suis énervée, j’ai armé mon poing, mais le coup n’est jamais parti. » De fait les images fournies ne montrent pas le moment du choc.




Lors de l’audience, le procureur, Olivier Glady, fustige une « bataille des images » : « Quand c’est filmé, ils crient à la manipulation, quand ce n’est pas filmé, ils nous disent qu’il n’y a pas de preuve. » Pour lui, les caméras permettent aux employés de se « préserver », pour qu’« on ne vienne pas ensuite leur dire et leur reprocher n’importe quoi ». L’avocate de l’Andra, constituée partie civile, avait quelques minutes plus tôt rappelé les « conditions compliquées » dans lesquelles travaillent les employés de l’agence. « On essuie des menaces, des intimidations constantes. Les opposants ne veulent pas discuter calmement, mais remettre en cause le travail, empêcher les travaux. »

Enchaînant les piques à l’encontre des prévenus — « Il nous dit porter tout le temps sa capuche… j’espère qu’il l’enlève pour prendre sa douche, sinon le lavage ne sert à rien… » — le procureur martèle la culpabilité des deux opposants, car « même s’il n’y a pas eu de blessures, les gens de l’Andra ont bel et bien été assaillis ». Il requiert donc des peines de trois mois d’emprisonnement avec sursis, avec une mise à l’épreuve de deux ans et une obligation de travailler. À cette annonce, une personne de l’assistance étouffe un juron, auquel la présidente réplique par un cinglant « Si ça se reproduit, la salle est évacuée, ai-je été claire ? »




Au moment de sa plaidoirie, Maître Matteo Bonaglia, l’un des avocats des prévenus, rappelle le « contexte politique » entourant ces audiences. « Les personnes qui se trouvent devant vous n’ont pas des motifs crapuleux, mais des convictions : elles s’opposent au projet d’enfouissement des déchets nucléaires », insiste-t-il. Or, « sur la seule base de leur idéologie politique, on constate une multiplication des contrôles d’identité, des fouilles, des filatures, des saisies, des perquisitions, le tout sur fond de fichage généralisé ». Un contexte particulier de « judiciarisation et de militarisation » d’un territoire, qui explique d’après l’avocat pourquoi « certaines personnes, confrontées à cette présence policière, peuvent adopter des attitudes qui expriment leur mécontentement, parfois de manière véhémente, sans pour autant qu’il n’y ait de violence ». Car pour lui, l’infraction est à chercher du côté des vigiles de l’Andra, qui ont « pris des images de vie privée sans l’accord et le consentement des personnes intéressées ». Il demande la relaxe.

    ACTE 2 : 

    « Un exemple typique de harcèlement quotidien »


Le 16 janvier 2019, un jeune homme a été arrêté à Gondrecourt-le Château (Meuse) alors qu’il construisait une barricade sur un terrain appartenant à l’Andra. Lui croyait être sur une propriété d’amis. Voyant les gendarmes s’approcher, le militant a pris la fuite, « par peur », expliquera-t-il à l’audience, puis, une fois arrêté, il a tardé à décliner son identité. Plus tard, il a été placé en garde à vue. Les agents ont également trouvé sur lui un opinel. Résultat, il est jugé pour « dépôt de matériaux hors des emplacements autorisés », « rébellion », et « port d’arme blanche ».

L’avocat de la défense, Me Raphaël Kempf, fait valoir une « erreur de droit », puisque son client croyait de bonne foi se trouver dans un terrain où il pouvait construire sa barricade.

« Ce n’est pas parce que le prévenu pensait être sur un terrain autorisé qu’il n’y a pas d’infraction, répond M. Glady. Ce qui est important, c’est ce qui suit, le fait qu’il ait pris la fuite, qu’il se soit débattu, qu’il ait refusé de décliner son identité. Que se serait-il passé si un des gendarmes avait été tué ou blessé par la suite ? Aurait-on conclu à l’absence d’infraction à cause d’une erreur de droit ?
— Ces propos sont déplacés ! »
répond Me Kempf.
— C’est moi qui fait la police de l’audience, réplique vivement la juge. Sinon je vous fais évacuer. »

Après la réquisition du parquet — trois mois de prison avec sursis — l’avocat de la défense dénonce « des gendarmes devenus des supplétifs de l’Andra ». Me Kempf s’attache ensuite à démonter les chefs d’inculpation : la rébellion ? Lui parle de « résistance passive ». Le port d’arme ? Le prévenu ne faisait que transporter un couteau suisse, il ne s’en est pas servi. Pour lui, cet événement constitue donc « un exemple typique du harcèlement quotidien que vivent les militants anti-Cigéo ». « Le but de ces poursuites est idéologique, il s’agit de nuire à des gens qui ont fait le choix politique de s’opposer à Cigéo, poursuit-il. Mon client a été placé sous contrôle judiciaire en attente de son procès, il est ainsi interdit de territoire. Il ne peut plus venir en Meuse. » 
 

    ACTE 3 : 

    « Si vous travailliez plus, 

    vous ne seriez pas devant le tribunal »


Le prévenu suivant a été placé en garde à vue le 22 février 2018, après la perquisition de la Maison de résistance de Bure. Ce jour-là, à la suite de l’expulsion brutale du bois Lejuc, occupé depuis deux ans par des opposants, plusieurs dizaines de personnes s’étaient retrouvées dans la bâtisse. Des jets de pierres ayant été constatés sur la mairie adjacente, les gendarmes se sont donc introduits dans ce haut lieu de la lutte contre Cigéo. Parmi les personnes interpellées à ce moment, un jeune homme soupçonné d’avoir frappé du pied un fonctionnaire en uniforme. C’est lui qui a comparu le 5 février.

Pour l’avocat de la défense, « il n’existe aucun procès-verbal détaillé sur le contexte préexistant, rien ne démontre donc que les gendarmes pouvaient entrer dans le domicile ». Soulignant « un manque de rigueur », Me Antoine Chaudey demande l’annulation des poursuites. « Il faudrait que l’équipe de mes contradicteurs se stabilise, s’agace Olivier Glady. Seuls deux d’entre eux connaissent le territoire, les autres ne sont jamais allés à Bure », ajoute-t-il, insinuant ainsi que Me Chaudey, venu de Lille, n’est pas apte à comprendre le fameux « contexte de Bure ». Sur les bancs des avocats, Me Bonaglia s’insurge contre ce « mensonge », et, refusant « d’être attaqué en personne dans ce tribunal », il sort. « C’est à la limite de l’outrage », observe, laconique, la présidente. Le procureur assure pour sa part avoir donné l’autorisation aux gendarmes d’entrer dans la Maison de résistance. «  Il fallait essayer d’identifier les auteurs des jets de pierres », justifie-t-il. De toute façon pour Me Chaudey, il n’y a « pas de certificat médical ni de confrontation avec le gendarme témoin, et rien qui ne permette de voir le coup porté ».

« Madame la présidente, un jeune homme refuse de retirer ses pieds du siège », interrompt un gendarme en faction dans la salle d’audience. Après accord de la juge, la personne est sortie manu militari. S’en suivra une autre, une demi-heure plus tard, évacuée pour avoir crié au procureur d’« arrêter de dire n’importe quoi ».






« Le rapport à la société est un peu curieux dans ce groupe », remarque ensuite M. Glady, requérant une « obligation de travailler » assortie aux trois mois de prison avec sursis. « Monsieur a vingt ans, il serait peut-être temps de bosser. Peut-être que s’il travaillait tous les jours huit heures, il ne se serait pas retrouvé le 22 février à donner des coups de pieds aux gendarmes. Vous n’avez pas autre chose à faire pour occuper vos journées ? » Dans l’assistance, une militante chuchote : « Qu’est-ce qu’il connaît à nos vies, il croit qu’on ne fait rien ? » Plus tôt déjà dans la journée, Me Bonaglia avait répondu aux insinuations du procureur, rappelant que « même si cela ne correspond pas à votre vision, chacun a le droit de ne pas vouloir travailler, de préférer vivre en communauté et de travailler la terre. On n’a pas à stigmatiser ces choix de vie. » « Le but de notre système, c’est d’insérer les gens dans la société », soutient de son côté M. Glady.

    ACTE 4 : « Il faut retrouver le sens commun »


Les deux prévenus suivants sont accusés d’« outrage » et de « violence sans incapacité » envers une personne dépositaire de l’autorité publique. Les faits remontent au 18 juin 2018, quand, en marge d’une fête organisée à la Maison de résistance, des tensions ont éclaté entre certains militants et des gendarmes stationnés non loin de là. Pistolets à eau, jets d’urine. Deux personnes, celles qui ont comparu mardi, auraient été vues montrant leur postérieur aux forces de l’ordre et donnant des coups dans leurs boucliers.

L’une des deux prévenus n’est pas présente à l’audience. L’autre explique avoir « tenter de désamorcer les tensions par le dialogue d’abord, puis par des danses, des pitreries, des cabrioles ». « Je ne voulais pas outrager mais la situation me dépassait, une telle présence policière me semblait disproportionnée, c’était un non-sens ». Il reconnaît également avoir un peu trop bu ce soir-là. La présidente du tribunal tique : « Monsieur, vous ne dansiez pas, ce n’étaient ni des claquettes ni des entrechats. Vous avez peut-être ressenti ça comme de la danse, mais le coup que vous avez porté dans un bouclier relevait plutôt de l’agression. »


« Il faut qu’on sorte du tunnel, qu’on retrouve le sens commun, lance à son tour le procureur. Ce que dit le prévenu est un tissu de fadaises : était-il en train de dispenser une violence de la compassion, de donner des coups d’amour aux gendarmes ? Ce spectacle est dérisoire, ubuesque. Depuis le début de cette journée, on nous invite dans un vagabondage onirique, mais revenons à la réalité ! » Au moment où M. Glady conclut sa réquisition — trois mois avec sursis et mise à l’épreuve pendant deux ans, avec obligation de travailler — des voix s’élèvent dans la salle. « On se fait insulter pendant toute la séance par le procureur. Il attaque nos modes de vie, nos choix politiques ! »


 
Il est 14 h 30, la présidente ordonne l’évacuation de la salle. Les gendarmes empoignent les opposants, traînant certains sur le parquet du palais de justice. En quelques minutes et forces de cris, la salle est vidée. Pour la dernière audience, ne restent que les journalistes, ainsi qu’un avocat belge, mandaté par la Fédération internationale des droits de l’homme comme « observateur international ». Il a été chargé d’assister au « procès Bure » et de rédiger un rapport sur les éventuels manquements de la procédure pénale. Les jugements sont mis en délibéré jusqu’au 26 février prochain.





Dehors, les opposants, désabusés, se groupent devant les portes du tribunal, gardées par une vingtaine de gendarmes. L’un des avocats les rejoint, et lâche : « Je comprends votre colère, le procureur n’a eu que du mépris pour vous. Ce qui se passe dans ce tribunal n’est ni normal ni habituel » 
 

Jeudi 7 février


Opération de police à la Zad de l’Amassada



Les occupants du « hameau libre de l’Amassada » à Saint-Victor-et-Melvieu, dans l’Aveyron, ont reçu la visite de la police ce jeudi 7 février. Ils luttent sur place depuis plus de quatre ans, opposés au projet d’implantation d’un méga transformateur électrique, porté par RTE (Réseau de transport d’électricité).


« Les cinq personnes présentes sur le site pour la nuit de mercredi à jeudi ont été placées en garde à vue vers 9 h, explique à Reporterre Victor Vernhet, agriculteur exploitant les terres de l’Amassada. Mais il n’y a pas d’expulsion du site, les policiers sont partis. »

Devant l’urgence de la situation, les occupants ont lancé un appel à l’aide sur leurs réseaux pour tenter de maintenir leurs positions, eux qui ont déjà édifié des barricades de fortune composées de pneus et de palettes pour rendre très difficile l’accès à la zone depuis la concrétisation des menaces d’expulsion à la mi-janvier. En réaction à l’opération de police, les opposants au projet sont en cours de rassemblement devant la gendarmerie de Saint-Affrique.

« C’est un coup pour faire appliquer les 2.000 euros d’astreintes en cas de présences sur la zone », estime Victor Vernhet. En janvier, les occupants avaient en effet reçu la visite d’un huissier venu leur notifier la décision du tribunal de grande instance de Rodez d’évacuer les lieux. Cette ordonnance d’expulsion prévoyait une astreinte de 2.000 euros par jour et par infraction constatée. « La zone est devenue interdite car elle est désormais propriété de RTE, dit Victor Vernhet. C’est une manière d’appliquer une pression financière, une nouvelle forme de violence pour éviter une évacuation de force. »
    Source : Alexandre-Reza Kokabi - Reporterre et La Dépêche

Amassada 

 

A 9h00 ce matin, les flics sont venus expulser l’Amassada, à St-Victor, lieu occupé de longue date en Aveyron, 5 personnes ont été arrêtées et mises en garde à vue, nous n’avons pas plus de nouvelles pour le moment.
Lire le communiqué des camarades !!

Pour se rendre à l’Amassada :


https://douze.noblogs.org/files/2015/01/arriver__a_lAmassada.pdf


Vendredi 8 février


Bure 

 

BURE & CO - L’affaire n’est pas finie : relance appel à dons ! Outre l’instruction et les mises en examen pour association de malfaiteurs de copain.e.s qui sont l’objet de ce message, la "justice ordinaire" continue d’écraser la résistance
https://zad.nadir.org/spip.php?article6366


Landivisiau 

 

La mobilisation continue, nous arrivons à retarder les travaux avec nos moyens. Mais il n’y a pas assez de personnes mobilisées. Nous avons besoin de renfort, notamment pour relayer les personnes présentes tous les jours.

Nous comptons sur votre mobilisation demain jeudi 6 et vendredi 7. Rdv à 9h au rond-point du Drennec (route de st-pol / Roscoff) à Landi. ON LACHE RIEN !

« Landivisiau doit dire non à la centrale » Association loi 1901 à direction collégiale

Pour l’abandon du projet de Centrale à gaz en Bretagne signez la pétition sur change.org ! Pour nous soutenir, adhérez à l’association Landivisiau Doit Dire Non à La Centrale. FB @LDDNLC


Infos du 11 au 17 février


Lundi 11 février

Amassada 

 

Merci beaucoup à tout le monde pour l’assemblée de hier à l’Amassada, ça fait vraiment plaisir de voir le soutien qui s’est manifesté pendant et après les arrestations,ça fait plaisir de voir que la détermination à défendre ces espaces reste intacte, et que de plus en en plus de personnes soutiennent l’Amassada.

Parce que ce qui se joue ici impactera toute la région, il faut lutter contre ce méga projet inutile. Nous rappelons que vous êtes le bienvenues sur site, pour un moment ou plus, et nous répétons que les jours et semaines à venir seront déterminants pour la lutte, pour l’occupation et pour l’avenir des lieux. On s’attend toujours à une expulsion, destruction des habitats imminente. Rester informés et alertes sur la suite des événements, c’est important.

Une vidéo a été publiée sur la vie qui se maintient ici, des belles choses, de belles rencontres, de quoi aussi affirmer une vision sensible de la lutte, partagez la vidéo à vos amis, vos réseaux, merci !!! Que vive l’Amassada, non au transfo, non au capitalisme vert.

https://www.youtube.com/watch?v=6vJm6MHCcVk&feature=youtu.be

Turin (Italie) : Expulsion de l’Asilo et arrestations. Aujourd’hui, à 4 h 40, le squat l’Asilo via Alessandria 12 a été pris d’assaut par une énorme quantité de camions [de flics]*.

Parallèlement, sept arrestations ont été effectuées (il pourrait y en avoir huit) dans le cadre d’une enquête menée pour une association de malfaiteur (article 270 bis) dans le cadre de la lutte contre les centres d’internement et de rapatriement des personnes migrantes.

https://cracherdanslasoupe.noblogs.org/?p=4123


Mardi 12 février

Contre l’éolien industriel, 

la Zad de l’Amassada 

s’organise pour durer





La Zad aveyronnaise de l’Amassada, opposée à la construction d’un super-transformateur électrique, organisait dimanche 10 février un pique-nique de soutien. Enjeu : préparer la résistance, alors que l’arrestation récente de cinq opposants préfigure une possible tentative d’expulsion par la gendarmerie.


Saint-Victor-et-Melvieu (Aveyron)

Il pleut. Une pluie aux airs de neige accompagnée de folles bourrasques qui font comprendre pourquoi l’Aveyron, l’est du Tarn et le nord de l’Hérault, en région Occitanie, sont chéris des constructeurs d’éoliennes. C’est pourtant ce dimanche 10 février qu’a lieu le pique-nique de soutien à l’Amassada (« assemblée », en occitan), en prélude à l’hebdomadaire assemblée générale. Les plats, modestes ou élaborés, sont installés en mezze sur une longue table à l’intérieur de la « halle », un bâtiment construit par les occupants ; un poêle qui mériterait un prix au concours Lépine est allumé ; le chat sans nom, mascotte du lieu, est à la fête. Les conversations vont déjà bon train entre la cinquantaine de personnes qui ont franchi à pied les barricades bloquant les trois chemins d’accès à ces près de six hectares à défendre. Outre ceux qui ont dormi là, des petits groupes sont arrivés des hameaux et villages alentour, de Saint-Victor, ou de plus loin : du nord du département, du Tarn voisin (marqué par l’épisode du barrage de Sivens), de Notre-Dame-des-Landes. Deux membres de la Confédération paysanne, qui soutient la lutte contre le projet de transformateur et contre l’industrialisation des campagnes, sont là aussi. Pas de peur, pas de découragement. Au contraire, une pointe de colère en plus, le même dégoût en fond et une détermination à tenir en étant conscient des menaces.


Mardi 12 février, le tribunal de Rodez doit décider du complément d’indemnisation des ex-propriétaires en indivision et de l’association Plateau survolté, qui représente le village, tous expropriés par RTE (Réseau de transport d’électricité). L’entreprise de transport d’électricité a acquis des terrains sur lesquels doit être construit un second super-transformateur sur cette commune, lié à l’extension de l’éolien industriel dans le sud de l’Aveyron. Une somme dérisoire est attendue. Les quelques expropriés présents en sourient, ce n’est pas ça l’important. « Quand mon grand-père a acheté ces terres, il voulait le meilleur. Ce sont d’excellentes terres agricoles, mon mari en exploite encore une partie », explique Marie, qui possédait, via sa famille, la quasi-totalité des six hectares où doivent se dérouler les travaux, l’espace dédié au transformateur lui-même étant de 12.000 m².





« Quand ma sœur m’a cédé sa part, je voulais que le fait de devenir propriétaire ait un sens. C’est pourquoi j’ai revendu quatre parcelles, dont le cœur de l’Amassada, à 134 indivisibles. » Une tactique déjà utilisée à Notre-Dame-des-Landes pour compliquer les expropriations en multipliant les procédures. « Ce qui est choquant, c’est la façon dont une entreprise peut disposer du bien des gens en claquant des doigts. Une voisine vient d’ailleurs d’être informée qu’une partie de sa propriété qui jouxte le terrain sera utilisée pendant trois ans par l’entreprise chargée des travaux [pour du passage, des lieux de vie, etc.] et il n’est même pas question d’indemnisation, sans parler d’un quelconque accord ! »

    « Nous devons maintenir une présence 

    à l’Amassada, malgré les risques » 


Bien plus que la routine juridique des expropriations rendues possibles par la déclaration d’utilité publique, signée en juin 2018, juste avant sa démission, par Nicolas Hulot, ce qui inquiète les occupants de la zone à défendre de Saint-Victor-et Melvieu, c’est l’accentuation des pressions des pouvoirs publics. Elle s’est brusquement manifestée mercredi 6 février par l’arrestation sur le site des cinq personnes qui l’occupaient. Après un passage en garde à vue de plusieurs heures dans des gendarmeries différentes, des décisions administratives ont établi que deux d’entre eux sont interdits de présence sur le site de l’Amassada et les trois autres en Aveyron, en attendant leur jugement le 3 juillet.



 
Gladys insiste : « L’occupation illégale du bien d’autrui, c’est ce qu’ils ont trouvé de mieux pour pouvoir arrêter des participants. La peine maximale encourue est d’un an, ce qui leur permet de placer les gens arrêtés en garde à vue. En réalité, il est probable qu’il y ait non-lieu. Ces actions sont vraiment pour nous mettre la pression. » Active dans la lutte depuis trois ans, elle ne lâchera pas. Tant pis pour son côté rébarbatif, le droit est une arme dans les luttes zadistes. L’avocat de ce groupe est d’ailleurs en relation avec celui de Bure. « Parce que les luttes que nous menons ici résonnent ailleurs, dit Harold, nous devons maintenir une présence à l’Amassada, malgré les risques. C’est un lieu symbolique, mais c’est là aussi, dans cette communion, dans le fait de faire des choses ensemble que nous trouvons notre force. »




 
Donc, l’occupation continue. Comment ? C’est la question du jour de cette assemblée générale consacrée aux nécessaires aménagements de la présence sur le lieu des volontaires et à la façon de communiquer au mieux, c’est-à-dire au plus. En appelant déjà au « carnaval action » à Millau le 9 mars, en même temps que la tenue d’un débat sur l’industrie de l’éolien. En encourageant à soutenir la marche des lycéens pour le climat, le 15 mars. Fin janvier, RTE a obtenu le feu vert pour commencer les travaux, cette semaine, le maire de Saint-Victor (élu pour son opposition au projet de second transformateur sur sa commune) est convoqué à la préfecture de Rodez. Pour la première fois des arrestations ont été faites.





 
L’envie de boucler l’affaire se fait sentir du côté des autorités de façon pressante. Pourquoi une telle urgence sur un projet qui grippe depuis 2009 ? Peut-être à cause... des petits oiseaux. En effet, il est bien possible qu’avec une absurdité et une hypocrisie tout à fait dans l’air du temps, le maître d’œuvre qui s’apprête à transformer six hectares de bocage en chantier dantesque pour les trois prochaines années respecte la loi qui impose de ne procéder à aucune coupe d’arbres entre mars et juillet pour permettre à l’avifaune de se reproduire. Espoir mis à part, le calendrier s’accélère et la nécessité de tenir se fait plus impérieuse. « Pas res nos arresta ! » (Rien ne nous arrêtera !) lance Gladys en guise de conclusion.




 


Mercredi 13 février


Landivisiau 

 

Les travaux commencent à Landivisiau. il est possible de les empêcher en soutenant et rejoignant les personnes qui sont en lutte sur place contre ce projet stupide et inutile. Contre l’aménagement capitaliste du territoire ! Il y a des rendez vous tous les matins et une AG ouverte vendredi, consultez régulièrement l’agenda d’ailleurs.


Vendredi 15 février

AntiRep


Des camarades d’Aman Komunak (coordination de lieux autogestionnaires au pays basque) nous ont fait parvenir un appel à venir soutenir Rita, une personne arrêtée dans le cadre des manifestations des gilets jaunes, le 25 février à Bayonne.

Cet appel à soutien dénonce la justice de classe et l’utilisation de l’appareil judiciaire pour tenter de broyer les résistances alors que le G7 à Biarritz se prépare avec un dispositif encore une fois surréaliste : 

"L’annonce de l’envoi de 15.000 policiers pour le G7, la réquisition de tout le tribunal de Bayonne pendant la tenue de ce sommet et l’interdiction de manifester prononcée par le préfet des Pyrénées Atlantiques annoncent [...] la couleur : c’est une véritable machine à broyer l’opposition que le gouvernement est entrain de préparer, avec le consentement d’élus locaux. Une brutalité organisée et disciplinaire censée nous faire peur, rendre potentiellement toute personne qui manifeste incriminable, avec l’appui du nouveau projet de loi dit anti-casseurs."

Dimanche 17 février


centrale à gaz Landivisiau



Les dernieres nouvelles de Landivisiau :

L’AG de lutte qui a eu lieu vendredi à Landi a remotivé tout le monde. Une centaine de personnes présentes et beaucoup de remarques, d’idées émises

Les prochains rendez-vous :

rassemblement lundi 18/02 sur le site de la centrale. Rdv à 12h00 au Rond-Point du Drennec (route de Saint-Pol de Léon, Voir plan en PJ). Pique-nique participatif

rassemblement mardi, mercredi, jeudi et vendredi sur le site de la centrale. Rdv 9h au rond-point du Drennec.
 manifestation samedi 23/02 à Landi. Rdv 14h au champ de foire (en face de la mairie). Manif festive et revendicative. Placée sous le thème du carnaval. Venez déguisés, avec pancartes, chansons, instruments.....

Pour ces rdv, comme nous avons plusieurs demandes de covoiturage, merci de nous préciser ou et à quelle heure vous pouvez proposer un covoiturage.

CR del’AG à retrouver ICI


Infos du 18 au 24 février


Lundi 18 février


Punchline du jour

Castaner explique le LBD aux enfants [en vidéo] : "Les policiers "doivent absolument éviter la tête", précise-t-il ajoutant qu’une dizaine de tirs ont "par accident" touché le visage de manifestants. "Là cette arme est dangereuse. Elle est puissante, elle est faite pour empêcher quelqu’un d’être violent avec les policiers."

https://www.youtube.com/watch?v=N5dPgDAQhuY


Il explique aussi l’encadrement de manifestation : https://www.bfmtv.com/politique/au-tableau-quand-castaner-explique-aux-enfants-comment-s-utilise-un-lbd-1638025.html

https://www.bfmtv.com/politique/au-tableau-quand-castaner-explique-aux-enfants-comment-s-utilise-un-lbd-1638025.html

Punchline du jour : Le retour de l’extrême-gauche antisémite !

« L’agression d’Alain Finkielkraut aujourd’hui est un acte détestable et choquant, qui illustre la tentative d’infiltration du mouvement des “gilets jaunes” par l’extrême-gauche antisémite », a estimé pour sa part Marine Le Pen, la dirigeante du Rassemblement national.

FinkelCroute "Dans Le Parisien, il dit « Je n’ai pas entendu “sale Juif” » mais poursuit : « Ils visaient avant tout mes liens et mes positions sur Israël. Il y a chez eux un sentiment d’hostilité très fort à l’égard des juifs et je paie ma notoriété. »

Ou comment, Alain, tu te contredits dans la même phrase et révêle cet immonde glissement qui domine en fRance où l’on ne peut pas critiquer et condamner l’ignoble Etat raciste et colonisateur d’Israël sans être qualifié d’antisémite.

Castaner y va aussi de son mélodrame indigné à outrance : « Un déferlement de haine à l’état pur que seule l’intervention de la police a interrompu. Assister à une telle scène à Paris, en 2019, est tout simplement INTOLÉRABLE. Je viens de m’entretenir avec Alain Finkielkraut pour l’assurer de mon soutien absolu »

Macron l’a dit lui-même, "L’antisionisme est la forme réinventée de l’antisémitisme". Des propos graves, faux et dangereux, une forme de carton rouge empêchant toute critique envers Israël et ses pratisans, et empêchant toute solidarité avec la Palestine.

Pour l’histoire :

Le 16 juillet 2017, Emmanuel Macron s’apprête à terminer son discours lors de la commémoration du 75e anniversaire de la rafle du Vél’ d’hiv’. Et soudain, se tournant vers Benyamin Netanyahou, qu’il a appelé « cher Bibi », il lance : « Nous ne céderons rien à l’antisionisme, car il est la forme réinventée de l’antisémitisme. » Jamais un chef de l’État n’avait commis une telle erreur historique doublée d’une telle faute politique. Voilà ce que ce livre entend démontrer, sur un mode non polémique et pédagogique en traitant successivement de l’histoire du sionisme, de la diversité de l’antisionisme, de l’antisémitisme hier et aujourd’hui, enfin de la politique proche-orientale de la France.

Pour plus d’infos ; Dominique Vidal, "Antisionisme = antisémitisme ? Réponse à Emmanuel Marcon".

http://editionslibertalia.com/catalogue/poche/antisionisme-antisemitisme


Contre les armes de la police


C’est inadmissible que la France soit la dernière à utiliser ces armes

Lola et Antoine pansent encore leurs plaies. Au-delà des blessures physiques, c’est de l’intérieur qu’ils se sentent meurtris. Depuis qu’ils ont été victimes d’armes de dissuasion utilisées par la Police lors de manifestations, plus que de la colère, Lola Villabriga et Antoine Boudinet ressentent de la révolte.

https://mediabask.naiz.eus/eu/info_mbsk/20190214/cest-inadmissible-que-la-france-soit-la-derniere-a-utiliser-ces-armes


Premier grand rendez-vous du "G7 Fan club".

C’est sous un beau soleil que le G7 Fan Club a tenu son premier rendez-vous, place Clémenceau, à Biarritz. D’autres évènements sont attendus d’ici le mois d’août.

<https://www.youtube.com/watch?v=qHt...>



Dimanche 24 février


Contre le G7 (et le G8, et le G20,..)

La plateforme anti-G7 demande l’annulation du sommet

Cinq membres de la plateforme G7 Ez-Non au G7 ont interpellé le maire de Biarritz Michel Veunac pour réclamer l’annulation du sommet, prévu du 24 au 26 août dans la cité balnéaire. Ils lui ont demandé de ne pas “cautionner” le G7 et l’ont prévenu qu’ils se mobiliseraient.

https://mediabask.naiz.eus/eu/info_mbsk/20190222/la-plateforme-anti-g7-demande-lannulation-du-sommet
 
Landivisiau :

Nouveau RDV : Le président de Force 5, Jean-Yves Quémeneur, est convoqué à la gendarmerie de Landivisiau demain à 10h. Motifs : manifestation non déclarée lors de la venue de Damien Carême mercredi dernier et entrave à la liberté de travailler. Merci de venir nombreux.ses demain matin au Drennec à 9h. Si nous sommes assez nombreux.ses, nous pourrons faire 2 groupes, un qui restera sur le site et un autre qui ira à la gendarmerie en signe de solidarité. Sinon RDV directement devant la gendarmerie pour ceux qui ne peuvent pas être là avant 10h. Merci !

Lundi 25 février à 9h00 : blocage des travaux. Demain, rejoignez-nous à partir de 9h et tout au long de la journée pour empêcher l’avancement des travaux de la centrale à gaz. ? Rendez-vous au rond-point du Drennec (route de St Pol) à Landivisiau (à proximité du garage Renault de Landivisiau). Plan en pièce jointe. Thermos de boissons chaudes, lichouseries et bonne humeur sont les bienvenues !

Il est compliqué d’organiser une présence tout au long de la journée. Si vous venez et que vous ne voyez personne au point de RDV ou sur le/autour du site, n’hésitez pas à rester un peu au point de RDV pour faire une "permanence", faire des panneaux... et peut-être que des gens vous rejoindront ! ^_^

Vous ne pouvez pas rester ? Apportez des cartons avec vos messages pour Total à accrocher sur la clôture (là où elle tient encore) !

RASSEMBLEMENT NON-VIOLENT Chacun a sa place dans cette lutte, que ce soit pour occuper le terrain, rester à l’extérieur et distribuer des flyers aux automobilistes, prendre des photos, faire des vidéos, jouer de la musique pour soutenir les militants, apporter un gâteau...! TOU.TE.S ENSEMBLE, NOUS GAGNERONS ! ?

? Vous ne pouvez pas venir aux rassemblements mais vous souhaitez quand même nous aider ? C’est possible ! Nous recherchons du monde pour nous aider dans la préparation des évènements, la communication, la distribution de gazettes... Contactez-nous ! ? nonalacentrale.landivisiau@gmail.com 

Violences policières :

Mugetatik’at - Au-delà des frontières : Documentaire traitant des violences policières en Pays Basque et en France. ZAD de Notre-Dame-Des-Landes, quartiers populaires, Loi Travail, mouvements des Gilets Jaunes... À chaque contestation, sa répression. Conférences filmées au Baionako Zizpa Gaztetxea en octobre 2017. Le film a été projeté pour la première fois lors du Festival Intergalactique de l’Image Alternative, à Brest, organisé par l’association Canal Tizef.

Mis à jour 27 janvier 2019 Avec Assa traoré, Mathieu Rigouste, Gabi Mouesca

https://www.youtube.com/watch?v=-8TrD0v4uww

Infos du 25 au 28 février




Lundi 25 février


Punchline du jour

"#ActeXV #Acte15 Des bombes d’excréments envoyées par des manifestants #GiletsJaunes contre les forces de l’ordre aujourd’hui #Paris #Trocadero ! Abject ! @UNSAPOLICE section SDSS dénonce des actes prémédités et ... dégoûtants !"

Mouahhaha, mdr ?

https://fr.sputniknews.com/france/201902251040156393-cacatov-excrements-manifestations-france-armes/

ben quoi ca blesse pas la merde. ils sont jamais contents ces flics.

Tu préfères être flic et te prendre de la merde sur la gueule ou être manifestant et ne plus avoir de main parce que t’as voulu repousser une GLI-F4 ?

Amassada :

Bonjour à toutes et tous, dans l’actualité de l’Amassada, bien sûr le Carnaval !! le carnaval de la transition = trahison : c’est à Millau le samedi 9 mars et on vous y attend très nombreu.ses !!!!!!!

CARNAVAL ES ARRIVAT !!

"Carnaval es arrivat ! Carnaval, le réveil des plantes et les sourires baignés par le retour de la douceur. Une transition, réelle cette fois, le passage de l’hiver au printemps. Des corps qui s’ébrouent et enlèvent la gangue sociale accumulée au fil des mois passés. Carnaval, l’occasion de mettre tout cul par-dessus tête, de s’unir malgré nos différences et faire front le temps d’une journée. Prendre la rue, changer ses allures.

Cette année, retrouvons nous à Millau, Samedi 9 mars, place de la gare pour le carnaval de "la farce énergétique : Retrouve Ton Enfance" (RTE* : Réseau de transport d’électricité, filiale d’EDF)

Fêtons carnaval tous ensemble ! Dansons ! Chantons !"
 

 

 Lire tout le texte ici


Et pour bien le préparer ce CARNAVAL :

rendez vous à l’Amassada lundi, mardi, jeudi et vendredi des prochaines semaines de 14h à 18h ; confection de déguisements, de masques, et bien sur d’un caramantran !! Apportez tout ce qui vous semblera utile !

PS. Nous rappelons que l’Amassada, ses bâtiments, ses cabanes existent toujours, et que chacun.e y est la bienvenue, à toutes heures et chaque jour !!

Aussi à lire cette semaine un article très intructif paru dans la presse locale sur l’arnaque au carbone, auquelle participe le Parc des Grands Causses par sa promotion de l’éolien industriel. https://douze.noblogs.org/post/2019/02/25/le-parc-des-grands-causses-arnaque-au-carbone/

Et pour vous tenir au courant des événements militants dans toute la région un agenda participatif est en ligne, consulter le : https://aveyron.demosphere.net/

TOUJOURS AGENDA QUOTIDIEN :

lundi soir, 18h30 : lecture de lundi matin
mercredi soir, 19h : repas confectionné par nos soins et discussion
jeudi soir, 17h30 : soirée poésie, nourriture céleste et terrestre
samedi 14h30 : AG hebdomadaire de l’amassada