Des
infos, des liens, des photos pour tout savoir (ou presque) sur ce qu'il s'est passé dans les Zones A Défendre (ZAD) pendant ce mois d'octobre 2018 ; on y parle de
Notre Dame Des Landes et de plein d'autres zones à défendre.
Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle précieuse.
Source : ZAD.nadir.org et médias
Et ailleurs : Hambach (Allemagne) - Atenco Mexique - Anti CGO (67) - Alternatiba à Bayonne (64) - Bure (55) - Guéméné Penfao (44) - Gaz de schiste (Angleterre) - Procès Rémi Fraisse - Non A 45 (42) - la Plaine à Marseille (13) - Antiracisme politique - Niort (79) -
(En trois parties ce mois-ci)
Zadistes, paysans et soutiens se préparent à un nouveau bras de fer administratif avec l’État et face à l’association Amelaza, qui convoite les terres du bocage.
Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), reportage
►Lutte forestière : Marche pour la forêt : Des travailleur.euse.s de l’ONF sont actuellement sur les routes pour marquer leur refus des transformations des politiques forestières qui visent notamment à
"à privatiser la gestion des forêts publiques
à réduire leur protection et l’accueil des citoyens
à transformer ces forêts en usines à bois
à les mettre au seul service des lobbies financiers "
Partant de Perpignan, Strasbourg, Mulhouse et Valence ils se rejoindront le 24 octobre dans la forêt du Tronçais. Sur leur site marche pour la foret vous trouverez plus d’informations notamment sur les étapes où les rejoindre.
On en profite pour relayer de l’information sur un film sorti récemment qui nous a beaucoup touché. : "Le Temps des forêts" présente un regard touchant sur le développement de l’industrie forestière et des carnages provoqués sur les sols par les coupes rases et autres projets d’investissements forestiers.
►Violences policières : Lors d’une manifestation contre les violences policières en mai 2018 en soutien à Maxime, mutiler par une grenade de désencerclement pendant les expulsions de la ZAD, des personnes avaient été violemment blessées par les rocobops en faction.
Rare sont les occasions d’entendre parler de ces violences dans les journaux mainstreams alors on relais cette enquête de France 3 même si tout n’est pas bon à prendre dans l’article : une violence récurrente : enquête sur les manifestations à Nantes
►Contre Macron et son monde : Il semble que Macron ait reçu un titre honorifique de "Champion de la Terre" lors d’une conférence sur le climat aux USA... d’ici on en rigole (jaune).
►Criminalisation des luttes : Appel à soutiens contre la machine judiciaire : Des militant.e.s anglais.e.s passent en procès cette semaine pour avoir empêcher le décollage d’un avion charter de déportation de personnes migrant.e.s.
Les personnes responsables de cette action directe non-violente ont été accusées d’infractions liées au terrorisme qui pourrait conduire à des condamnations à perpétuité. Pour voir leur appel
►Lutte anticapitaliste : Cette semaine commence une campagne de lutte contre l’aviation Participer à ces journées et ce réseau, c’est une bonne occasion de poursuivre la lutte contre l’aéroport et son monde, et continuer affirmer « Ni ici, ni ailleurs » avec tou.te.s celleux qui luttent dans le monde contre des projets du même type.
►Podcast deux nouveautés !
1. "chevrerie bis" : un nouveau montage "histoire de la chévrerie" a été ajouté à la compil à écouter/télécharger sur la page : https://zad.nadir.org/spip.php?article5973
2. on ressort du placard un petit son enregistré en mai 2017 : https://zad.nadir.org/spip.php?article6143
►Terres Communes, 29-30/09/2018, compilation images et sons du week end
Dimanche 7 octobre
►Anti-Nucléaire
Et
dès à présent participons à la Marche pour le Climat du 13
octobre avec pancartes et banderoles exigeant l’arrêt du
nucléaire, à commencer par l’EPR. plus
d’infos dans l’article ici,
pensez à ouvrir le document joint pour trouver tous les liens
(articles de presse, vidéos, communiqués).
AntiRep : 11H30 : #Nantes : encore un matin avec un message d’urgence :
"les flics sont à la Carterie !"
Une personne s’est livrée et les flics sont venu arrêter violemment une autre qui était dans le groupe de soutien (déjà arrêtée violemment en fin de manif l’autre jour et sortie de sa g@v hier midi...) puis ils sont revenus foutre la pression sur le groupe et embarquer une autre personne sans doute le temps de dissimuler que l’exilé embarqué ce matin faisait un grave malaise et était transféré au CHU.
Et pendant ce temps les flics tournent dans la ville comme des affamés pour traquer la moindre personne qui dort à la rue, quelle que soit son origine, piquer les couvertures, faire grimper la peur et le racisme, faire disparaître la misère par tous les moyens...
Au final 2 personnes restent en G@V avec vraisemblable comparution immédiate demain à 14h (pour violence agravée contre Johanna Rolland)
►C’est toujours d’actu : 20 avril 2018 / Laury-Anne Cholez (Reporterre) :
À Notre-Dame-des-Landes, avec les marginaux de la Zad, ceux qu’on n’entend jamais
https://reporterre.net/A-Notre-Dame-des-Landes-avec-les-marginaux-de-la-Zad-ceux-qu-on-n-entend-jamais
— -
Communiqué ///
Ce vendredi, l’Etat s’apprête à prendre des orientations sur le devenir des terres de la zad. Des personnes et collectifs qui ont défendu ces terres veulent continuer à y porter des pratiques paysannes en adéquation avec une perspective de soin du bocage. D’autres ont accepté de laisser ces terres pour le projet d’aéroport, ont touché des compensations financières et généralement obtenu depuis des terres à l’extérieur de la zad en échange. Ils souhaiteraient pourtant garder des centaines d’hectares sur la zad en bonus. (voir communiqué détaillé et carte sur ces enjeux : https://zad.nadir.org/spip.php?article6128)
C’est la nouvelle bataille de Notre-Dame-des-Landes mais elle ne se livre pas sur les barricades ou dans les champs bocagers. Elle oppose diagrammes de la chambre d’agriculture et cartographie participative, diapos de statistiques et relevés topographiques. Son enjeu est essentiel pour quiconque se préoccupe de la portée politique de ce qui se joue sur la ZAD la plus célèbre de France : à qui vont revenir ses terres sauvées du béton et au profit de quel monde ?
Vendredi 12 octobre, un nouveau comité de pilotage doit se tenir à la préfecture de Nantes sur la gestion du foncier de la zone. Dans Ouest France, jeudi 11 octobre, la préfète de région, Nicole Klein, annonce que deux nouveaux projets agricoles de la ZAD pourraient faire l’objet de conventions d’occupation précaire (COP). Pourtant, sur le terrain, la situation du boulanger et de l’éleveur concernés est toujours conflictuelle vis-à-vis des exploitants légalement autorisés à utiliser ces parcelles. La représentante de l’État ouvre aussi la porte à des signatures de baux au cas par cas pour des agriculteurs déjà installés sur place avant 2008, date de la déclaration d’utilité publique de l’aéroport de NDDL, « sur des parcelles sans conflit avec les zadistes ».
« On
ne s’est pas enrichis. Cet argent, on ne l’a plus »,
avait
expliqué, en mars dernier, Mickaël Mary, du GAEC de Chavagne, la
plus grosse exploitation affectée par l’aéroport et
président de l’Amelaza, l’association tout juste créée par les
agriculteurs historiques indemnisés souhaitant aujourd’hui obtenir
un bail sur la ZAD. « On
souhaite garder les terres, pas les récupérer. On n’est jamais
partis »,
avait-il résumé.
►Tiens
voilà le PLUi ! : Contribution
au Plan Local d’Urbanisme Intercommunal pour l’avenir de la ZAD
En hommage à Alphonse Fresneau, pionnier de la lutte contre l’aéroport de NDDL, décédé il y a quelques jours. Et en soutien à sa famille et ses proches.
Cinq personnes, dont deux journalistes, vont déposer lundi une requête en référé expertise afin de déterminer l’origine et les conséquences des blessures infligées par des explosions de grenade GLI-F4. Cette grenade comporte une charge explosive produisant une très forte déflagration lorsqu’elle est utilisée.
Plus de six mois après l’ample opération d’expulsion de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, dans la semaine du 9 avril 2018, les violences policières dénoncées vont franchir la porte de tribunal. Lundi 22 octobre, cinq victimes vont déposer un référé expertise auprès du tribunal administratif de Nantes pour obtenir qu’un collège d’experts soit désigné afin de déterminer l’origine et les conséquences des blessures infligées par des explosions de grenade GLI-F4.
Cette grenade comporte une charge d’explosif (TNT) produisant une très forte déflagration lors de son explosion (165 décibels à 5 mètres). « La France est le seul pays européen à en faire usage », rappelle le collectif VigiZAD, déjà à l’initiative d’une saisine collective du Défenseur des droits (lire ici).
La
lettre de saisine faisait également état de « tirs
tendus ou à l’aveugle au-dessus d’une foule sur une route
étroite, voire de dos sur une foule qui recule comme le mercredi 11
avril »,
de témoignages faisant « état
de tirs de LBD non réglementaires sur le torse et au visage ».
Le document parlait enfin de « pression
psychologique »,
de « détonations
constantes, les nuages de gaz entraînant des difficultés
respiratoires, le bruit incessant de l’hélicoptère et du drone »
qui prive les habitants de sommeil.
Ce lundi 22 octobre, cinq personnes, dont une journaliste de Reporterre, blessées lors de l’évacuation de la Zad de Notre-Dame-des-Landes demandent au tribunal administratif de Nantes de nommer des experts. L’enjeu : déterminer le lien de cause à effet entre les grenades explosives et leurs blessures. Cette étape est un préalable à une action juridique contre l’État.
Nantes (Loire-Atlantique), correspondance
Ce lundi 22 octobre sont déposés au tribunal administratif de Nantes cinq « requêtes en référés expertises » lancés par cinq blessés — dont deux journalistes — par ce type de grenade en avril 2018, lors des opérations de gendarmes mobiles visant à détruire une partie des cabanes de la Zad et à en déloger ses occupants.
Selon
le
mensuel de la gendarmerie L’Essor,
les gendarmes mobiles auraient en onze jours tiré 11.000 grenades,
dont 3.000 GLI-F4, une quantité apparemment sans précédent pour
une offensive militaire contre des civils en France.
« Selon
de nombreux témoignages, ces grenades excessivement dangereuses
étaient lancées de manière anarchique, souvent sans que les
gendarmes aient la moindre visibilité sur leurs
“cibles” et
au-delà de toute proportionnalité vis-à-vis de la
“menace” à
laquelle la préfecture prétendait répondre », rappellent
les avocates dans leur demande de référé. Ainsi, Cyril Zanettacci
a été percuté d’une grenade au pied alors
qu’il s’était justement éloigné de la zone d’affrontements.
Il va encore chez le kinésithérapeute six mois après. Notre
journaliste Marie Astier tentait également de se mettre à l’abri
après une salve de gaz lacrymogènes empêchant les gendarmes
de distinguer où ils lançaient leurs grenades. Ces utilisations
sont-elles réglementaires ?
« Le problème, souligne Me Pascual, c’est qu’on ne peut pas consulter les instructions relatives à l’usage de cette grenade, ces documents étant confidentiels. » On en connaît l’existence de manière incidente, par le rapport du Défenseur des droits sur « Le maintien de l’ordre au regard des règles de déontologie » rendu en décembre 2017. Ce rapport expose que les règles d’usage de la grenade GLI-F4 « présentant une telle dangerosité, eu égard à sa composition » auraient été encadrées par deux instructions du 27 juillet et du 2 août 2017 des Directions générales de la police et de la gendarmerie nationales [1].
Pourtant,
police et gendarmerie reconnaissent officiellement la dangerosité
« de
l’emploi d’une substance explosive créant l’effet de
souffle »,
comme le note explicitement le « Rapport relatif à l’emploi
des munitions en opération de maintien de l’ordre », publié
par le ministère de l’Intérieur le 13 novembre 2014.
La
compagnie électrique allemande RWE - dans laquelle la
Caisse des dépôts et consignations française a investi, malgré
ses engagements sur le climat - compte reprendre la déforestation
lundi 1er octobre.
Une grande manifestation est prévue sur
place samedi
6 octobre.
Tout
en affirmant clairement notre soutien à cette lutte nous relayons la
camapgne #YO PREFIERO EL LAGO (“Moi je préfère le lac”)
Pour plus d’info sur la lutte par ici
https://www.ende-gelaende.org/fr/venir-en-bus/
La justice allemande a interdit, vendredi 5 octobre, à l’énergéticien RWE de déboiser la forêt de Hambach, dans l’ouest du pays, tant que le recours sur le fond de ce projet n’aura pas été jugé.
►Txetx Etcheverry : « Contre le changement climatique, nous devons agir comme si nous étions en guerre » sur Reporterre
https://reporterre.net/Txetx-Etcheverry-Contre-le-changement-climatique-nous-devons-agir-comme-si-nous
►Lorène Lavocat : « La fougue d’Alternatiba se veut contagieuse « sur Reporterre
https://reporterre.net/La-fougue-d-Alternatiba-se-veut-contagieuse
-
Sur la manifestation de ce jour voir ICI
le reportage de Jean-Claude Meyer pour La Feuille de chou.
« Chers sympathisants, chers amis,
Ce lundi 8 octobre vers 8h, les gendarmes ont mené une opération de vérification d’identité au sein de la Maison de la Résistance à Bure. Selon L’Est républicain, les autorités judiciaires suspectaient la présence sur place d’un individu dont le contrôle judiciaire prescrit une interdiction de territoire dans le département de la Meuse. Cette personne ne se trouvait pas à la maison de la Résistance, ont constaté les gendarmes.
Dans un message envoyé sur Twitter, des habitant·e·s de la Maison de résistance dénoncent les méthodes des gendarmes : « Ce matin, les flics ont défoncé la porte de la Maison de résistance à Bure et sont rentrés sans présenter de justificatif. En partant, ils menacent de revenir. Ces intimidations incessantes doivent prendre fin. »
Un
premier article en ligne ici :
Autres
sources :
https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/meuse/bure/projet-cigeo-nouvelle-perquisition-maison-resistance-bure-1554398.html
Source (propagande ?) de l’Andra : https://www.estrepublicain.fr/defense/2018/10/08/verification-d-identite-a-la-maison-de-la-resistance
Ils étaient 50 000 selon les organisateurs – environ 30 000 selon la police allemande – à être venus manifester pour protéger la forêt de Hambach, près de Cologne, ce samedi 6 octobre. Mi-septembre, les autorités régionales avaient ordonné l’évacuation par la police de la Zad, faite de cabanes dans les arbres, qui était installée sur ce morceau de forêt depuis six ans. Le 18 septembre, un photographe est décédé suite à une chute pendant l’évacuation.
Le groupe énergétique RWE voulait commencer les travaux de défrichement du bois le 1er octobre, avec l’objectif d’agrandir rapidement sa mine de charbon à ciel ouvert, limitrophe du bois. Mais depuis début septembre, des manifestations ont lieu toutes les semaines contre ce projet de destruction de la forêt. Les manifestants réclament aussi une sortie pure et simple du charbon, au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Ces mobilisations n’avaient jamais réuni autant de monde que samedi.
Aujourd’hui, la Zad de la forêt de Hambach a été entièrement évacuée et détruite. Mais un tribunal administratif allemand a ordonné le 5 octobre l’arrêt des travaux de destruction du bois. Il faut d’abord que la justice ait le temps de se pencher sur une plainte déposée par l’association environnementale Bund (branche allemande des Amis de la terre). L’organisation a demandé à la justice que le bois de Hambach soit reconnu comme une zone naturelle à protéger. « Avec cette décision, les travaux de défrichage du bois sont repoussés d’au moins deux ans », a réagi le ministre de l’intérieur (conservateur) de l’État-région de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où se trouve la forêt de Hambach.
En conséquence, la police, qui occupait les lieux depuis-mi-septembre, s’est aussi retirée de Hambach. Il s’agit donc d’une double victoire pour le mouvement anti-charbon allemande. Cela, alors que la « commission charbon », mise en place au mois de juin par le gouvernement, étudie les scénarios de sortie de cette énergie ultra-polluante.
Mercredi
10
octobre
►Manif à Guémené Penfao contre l’extension d’une porcherie industrielle. Parce que, partout, les gens en ont marre de voir le commun détruit au profit d’une minorité, nous relayons avec plaisir cet appel d’habitant.e.s de Guéméné a empêcher l’extension d’un élevage extrêmement polluant. On est avec vous !
Cyberaction :
https://www.cyberacteurs.org/cyberactions/soutienauxmilitantsantifrackingangl-2553.html
Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle précieuse.
NOTRE DAME DES LANDES (44)
Enraciner
l’avenir
Source : ZAD.nadir.org et médias
Octobre 2018
Et ailleurs : Hambach (Allemagne) - Atenco Mexique - Anti CGO (67) - Alternatiba à Bayonne (64) - Bure (55) - Guéméné Penfao (44) - Gaz de schiste (Angleterre) - Procès Rémi Fraisse - Non A 45 (42) - la Plaine à Marseille (13) - Antiracisme politique - Niort (79) -
ZAD
de NDDL - 44
Carte
de la zone centrale de la Zad.
|
(En trois parties ce mois-ci)
Infos du 1er au 7 octobre
Lundi
1er octobre
La Zad de Notre-Dame-des-Landes
se mobilise pour la bataille des terres
Zadistes, paysans et soutiens se préparent à un nouveau bras de fer administratif avec l’État et face à l’association Amelaza, qui convoite les terres du bocage.
Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), reportage
Malgré
la bise matinale, la ferme de Bellevue, à l’ouest de la Zad de
Notre-Dame-des-Landes, s’éveille. Palettes, tables et tentes se
dressent au rythme des marteaux sur les clous et les piquets. Une
bande de menuisiers s’échine à poser les dernières planches sur
le Hangar de l’Espoir pour préparer la salle de concert du soir.
Les bannières se dressent au-dessus des étals. L’une annonce
« NDDL
Poursuivre Ensemble »,
l’association tout juste née des
cendres de l’Acipa à la mi-septembre. Derrière la ferme, des
habitants de la zone battent les haricots à l’aide d’une vieille
machine qui peine sous l’effort. À l’abri d’un barnum nommé
Radikales Cocottes, les chefs cuisiniers du jour préparent la
tambouille et le café.
Le
battage des haricots
Le
breuvage noir entre les mains, les uns et les autres s’interpellent,
se reconnaissent ou se rencontrent. Un duo d’agriculteurs venus de
la Roche-sur-Yon discute avec des confrères nantais. Un trio
d’étudiant rennais propose de donner un coup de main aux
préparatifs. Une militante d’Attac venue de Lyon disserte derrière
son stand sur les luttes de l’A45, du Lyon-Turin et de la forêt de
Roybon. Peu à peu, les alentours s’emplissent d’une foule de
tout âge, réunie dans le bocage à l’occasion de Terres
Communes, une mobilisation orchestrée ces samedi 29 septembre
et dimanche 30 pour dévoiler le cap de la Zad pour l’année à
venir. Car si l’ambiance est bucolique, la lutte pour la défense
de la zone reste au cœur de tous.
Les
expulsions par la force ont beau ne plus être à l’ordre du jour,
la bataille administrative continue dans le massif armoricain. D’un
bord, les zadistes et paysans qui occupent Notre-Dame-des-Landes,
désirent faire prospérer des « fermes à taille humaine »
et poursuivre leurs expérimentations sociales au spectre plus large
que le simple objet agricole. De l’autre, l’Amezala
(l’Association pour le maintien des exploitations légales sur
l’ancienne zone aéroportuaire) défend les intérêts des anciens
exploitants, ceux qui ont négocié leur départ en amont de la
construction de l’aéroport en renonçant à leurs droits
d’exploitation contre des indemnités d’éviction et des
équivalents fonciers : ils veulent maintenant récupérer les
terres. Ce sont des « cumulards », disent les
zadistes : « Ils ont touché des compensations
financières pour chaque hectare de terre, et veulent récolter les
fruits de notre lutte, siffle Camille, une habitante. Ces
terres devraient être attribuées à une paysannerie cohérente avec
les valeurs qu’on a défendues. À de jeunes exploitants qui soient
légitimes avec des projets sérieux, pas à des agriculteurs qui
fonctionnent à échelle industrielle et qui ont déjà des fermes de
300 à 500 hectares ! »
« On
s’est battu contre le béton.
Aujourd’hui
il faut se battre
contre l’agriculture intensive »
Depuis
l’abandon du projet d’aéroport, le collectif des anciens
agriculteurs locaux lorgne sur les parcelles de nouveau disponibles
pour l’élevage et la culture. « L’Ameleza pousse, avec
le soutien de la chambre d’agriculture, pour récupérer le plus de
terres possible et agrandir leurs fermes déjà conséquentes »,
confirme Christian Grisollet, de l’association NDDL Poursuivre
Ensemble. Une ambition largement critiquée au sein de la Zad :
« On s’est battu contre le béton, clame une oratrice
lors de la prise de parole, appuyée par les applaudissement de la
foule. Aujourd’hui, il faut se battre pour éviter une
agriculture intensive, au glyphosate, toxique pour l’environnement
et les agriculteurs. Ils se revendiquent plus légitimes que nous
alors qu’ils n’ont pas protégé les terres ! » Un
point de vue que partage un membre des Naturalistes en lutte :
« Avec le modèle des Gaec [Groupement agricole
d’exploitation en commun], on est sur un modèle où la
marchandisation et le mode d’élevage est capital.
Notre-Dame-des-Landes, c’est l’expérimentation parfaite pour
prouver que d’autres façons de cultiver existent, sans pour autant
ruiner les sols en vingt ans. »
Sur
les 1.650 hectares de la Zad, les conventions d’occupation
précaires (COP) signées par la préfecture avec les zadistes ne
correspondent qu’à 140 hectares, et ne sont valables que jusqu’à
la fin 2018. En mai dernier, le Premier ministre a confirmé que 895
hectares de terres seraient revendues par l’Etat au département de
la Loire-Atlantique. Au total, le futur des paysans de la Zad reste
très incertain. Une partie de cet avenir se jouera le 12 octobre
prochain à la préfecture, lorsqu’un comité de pilotage de se
réunira pour décider du devenir des terres. « Il y aura
des rétrocessions pour les paysans historiques de la Zad, et il y en
aura pour les autres Gaec qui ont vendu à l’Etat, prévoit
Christian Grisollet. Ce qu’on a ressenti, c’est qu’au niveau
de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM),
il y a une volonté d’assouplir les décisions. Mais seront-elles
en notre faveur ? On est dans le flou complet. »
En
attendant l’arbitrage du comité, les habitants de la zone ont
organisé des promenades tout au long du week-end pour présenter les
modèles agricoles mis en jeu par le partage des terres. L’une
s’est dirigée vers la ferme de Saint-Jean du Tertre où Mika et
Wilhem, le premier boulanger, le second éleveur, exploitent des
parcelles. S’ils souhaitent régulariser leur situation via des
conventions d’occupation précaires, deux autres agriculteurs de
l’Amelaza ambitionnent de reprendre ces terres qu’ils ont
abandonnées en 2008 contre des indemnités, et en échange
desquelles ils se sont vus attribuer d’autres parcelles hors de la
Zad.
Un
second parcours est parti accompagner la transhumance des moutons de
Vincent et Amélie. Le couple souhaite pérenniser leur exploitation
pour atteindre 150 brebis et espère pouvoir utiliser à terme 45
hectares, dont 35 en prairies naturelles, pour leur projet de
bergerie du Pont à l’Âne. Mais là encore, un chemin de croix
administratif les attend sans aucune certitude d’obtenir un
dénouement en leur faveur. D’où une certaine frustration
qu’exprime François, un soutien de Vannes : « On
leur a demandé de construire des projets d’installation dans les
normes, mais pour le moment on ne leur donne pas de surface
suffisante pour les développer, et ils risquent de les voir
attribuer à d’autres… »
Pas
de quoi décourager les occupants de Notre-Dames-des-Landes et leurs
soutiens pour autant. Plusieurs centaines de personnes ont fait le
déplacement ce week-end pour réitérer leur soutien à la lutte. Un
flot de nouveaux adhérents s’est joint à NDDL Poursuivre
Ensemble, qui est passé de 200 membres à plus de 300 en une
journée. « Et encore, ce n’était que samedi »,
sourit l’une des bénévoles de l’association. Prochaine étape ?
« Rendez-vous devant la préfecture le 12 octobre avec
les tracteurs », lance un habitant.
Mardi
2 octobre
►Lutte forestière : Marche pour la forêt : Des travailleur.euse.s de l’ONF sont actuellement sur les routes pour marquer leur refus des transformations des politiques forestières qui visent notamment à
"à privatiser la gestion des forêts publiques
à réduire leur protection et l’accueil des citoyens
à transformer ces forêts en usines à bois
à les mettre au seul service des lobbies financiers "
Partant de Perpignan, Strasbourg, Mulhouse et Valence ils se rejoindront le 24 octobre dans la forêt du Tronçais. Sur leur site marche pour la foret vous trouverez plus d’informations notamment sur les étapes où les rejoindre.
On en profite pour relayer de l’information sur un film sorti récemment qui nous a beaucoup touché. : "Le Temps des forêts" présente un regard touchant sur le développement de l’industrie forestière et des carnages provoqués sur les sols par les coupes rases et autres projets d’investissements forestiers.
►Violences policières : Lors d’une manifestation contre les violences policières en mai 2018 en soutien à Maxime, mutiler par une grenade de désencerclement pendant les expulsions de la ZAD, des personnes avaient été violemment blessées par les rocobops en faction.
Rare sont les occasions d’entendre parler de ces violences dans les journaux mainstreams alors on relais cette enquête de France 3 même si tout n’est pas bon à prendre dans l’article : une violence récurrente : enquête sur les manifestations à Nantes
►Contre Macron et son monde : Il semble que Macron ait reçu un titre honorifique de "Champion de la Terre" lors d’une conférence sur le climat aux USA... d’ici on en rigole (jaune).
►Criminalisation des luttes : Appel à soutiens contre la machine judiciaire : Des militant.e.s anglais.e.s passent en procès cette semaine pour avoir empêcher le décollage d’un avion charter de déportation de personnes migrant.e.s.
Les personnes responsables de cette action directe non-violente ont été accusées d’infractions liées au terrorisme qui pourrait conduire à des condamnations à perpétuité. Pour voir leur appel
►Lutte anticapitaliste : Cette semaine commence une campagne de lutte contre l’aviation Participer à ces journées et ce réseau, c’est une bonne occasion de poursuivre la lutte contre l’aéroport et son monde, et continuer affirmer « Ni ici, ni ailleurs » avec tou.te.s celleux qui luttent dans le monde contre des projets du même type.
Vendredi
5 octobre
►Podcast deux nouveautés !
1. "chevrerie bis" : un nouveau montage "histoire de la chévrerie" a été ajouté à la compil à écouter/télécharger sur la page : https://zad.nadir.org/spip.php?article5973
2. on ressort du placard un petit son enregistré en mai 2017 : https://zad.nadir.org/spip.php?article6143
Samedi
6 octobre
►Terres Communes, 29-30/09/2018, compilation images et sons du week end
Dimanche 7 octobre
►Anti-Nucléaire
Appel
depuis la ZAD de Notre-Dame-des-Landes à une mobilisation urgente
pour empêcher le démarrage de l’EPR de Flamanville. Parce que
lutter contre le monde qui va avec l’aéroport, c’est bien sur
lutter contre la prolifération des centrales nucléaires !!!
C’est pourquoi, de Notre-Dame-des-Landes, nous lançons un appel à
tous les comités NDDL à s’emparer de cette affaire intolérable,
à constituer des comités EPR en association quand cela est possible
aux comités Bure, en prévision d’un grand week-end de
mobilisation antinucléaire à venir.
Infos du 8 au 14 octobre
Jeudi
11
octobre
AntiRep : 11H30 : #Nantes : encore un matin avec un message d’urgence :
"les flics sont à la Carterie !"
Encore
une expulsion d’un immeuble d’exilé-e-s. Encore un sentiment
d’impuissance, des pleurs et la rage qui monte. Expulsion terminée.
Flics en mode vautours sur le quartier. Une interpellation de la PAF.
Appel à rassemblement devant Waldeck pour exiger sa libération.
#FARINEPOWER !
C’est
la folie à Nantes. Raffles, pression par la terreur (et grosses
jouissances de flics nazillons à nous voir paniquer ou pleurer)...
tout ça pour un paquet de farine sur une élue et une revendication
malicieuse (cf indymedia nantes).
Une personne s’est livrée et les flics sont venu arrêter violemment une autre qui était dans le groupe de soutien (déjà arrêtée violemment en fin de manif l’autre jour et sortie de sa g@v hier midi...) puis ils sont revenus foutre la pression sur le groupe et embarquer une autre personne sans doute le temps de dissimuler que l’exilé embarqué ce matin faisait un grave malaise et était transféré au CHU.
Et pendant ce temps les flics tournent dans la ville comme des affamés pour traquer la moindre personne qui dort à la rue, quelle que soit son origine, piquer les couvertures, faire grimper la peur et le racisme, faire disparaître la misère par tous les moyens...
Au final 2 personnes restent en G@V avec vraisemblable comparution immédiate demain à 14h (pour violence agravée contre Johanna Rolland)
Vendredi
12 octobre
►C’est toujours d’actu : 20 avril 2018 / Laury-Anne Cholez (Reporterre) :
À Notre-Dame-des-Landes, avec les marginaux de la Zad, ceux qu’on n’entend jamais
https://reporterre.net/A-Notre-Dame-des-Landes-avec-les-marginaux-de-la-Zad-ceux-qu-on-n-entend-jamais
Répartition des terres de la zad :
pour sortir de l’opacité,
il faut un vrai diagnostic foncier !
Depuis
des mois, la préfecture et la chambre d’agriculture maintiennent
l’opacité sur la situation foncière des terres sauvées du projet
d’aéroport. Des paysan.ne.s et habitant.e.s la zad demandent que
soit enfin produit un diagnostic foncier réel pour pouvoir envisager
une plate-forme de répartition des terres équitable.
Ce vendredi, l’Etat s’apprête à prendre des orientations sur le devenir des terres de la zad. Des personnes et collectifs qui ont défendu ces terres veulent continuer à y porter des pratiques paysannes en adéquation avec une perspective de soin du bocage. D’autres ont accepté de laisser ces terres pour le projet d’aéroport, ont touché des compensations financières et généralement obtenu depuis des terres à l’extérieur de la zad en échange. Ils souhaiteraient pourtant garder des centaines d’hectares sur la zad en bonus. (voir communiqué détaillé et carte sur ces enjeux : https://zad.nadir.org/spip.php?article6128)
Notre
point de vue à ce sujet est simple : les terres libérées par
l’abandon du projet d’aéroport doivent bien aller en priorité à
de nouvelles installations de jeunes paysans. Cela va d’ailleurs
dans le sens des critères officiels d’attribution théoriquement
portés par la Commission Départementale d’Orientation de
l’Agriculture (CDOA). Ces terres ne doivent pas être englouties
par l’agrandissement d’exploitations existantes compensées par
ailleurs. D’autant plus lorsque certaines d’entre elles
pratiquent une agriculture incompatible avec le soin du bocage.
Nous
avons demandé dès après abandon de l’aéroport un diagnostic
foncier qui permette d’avancer dans le débat en bénéficiant des
informations nécessaires. Pour être au plus juste dans les optiques
de répartition, il s’agit notamment de pouvoir juger au cas par
cas du degré d’agrandissement des fermes en cas de cumul des
terres trouvées en compensation à l’extérieur depuis 2008 et des
terres préservées sur la zad.
Mais
la Préfecture et la DDTM qui ont pourtant accès à ces données,
entretiennent la plus grande opacité sur le dossier et refusent
toujours de délivrer ces informations. Ils se sont pour l’instant
contentés de produire un diagramme reflétant les tendances
générales, selon des critères insuffisants, et avec des systèmes
de pourcentages qui ne permettent pas d’analyser les situations au
cas par cas. Tout ça pour conclure sans rougir : qu’en
moyenne, les fermes impactées ne s’étaient plus agrandies que la
moyenne de l’agrandissement des exploitation en Loire atlantique
soit 17 %.
Pour
un débat clair sur le devenir des terres, il est aujourd’hui
indispensable que nous puissions bénéficier d’un diagnostic
foncier digne de ce nom. Sans quoi ce manque de transparence laisse
court aux fantasmes et contre vérités. Quelques exploitants
agricoles possédant des centaines d’hectares (et largement
compensés !) veulent en profiter pour s’agrandir toujours
plus en s’accrochant à la moindre parcelle supplémentaire. Ils
font ainsi obstacle à ce que des jeunes s’installent. Ils
discréditent également ceux qui, parmi leurs collègues exploitants
impactés, ont peut être réellement besoin de ces terres pour
consolider leur ferme. Le faux diagnostic foncier envoyé par la
Chambre d’Agriculture vise de nouveau à empêcher de telles
distinctions. Seule une transparence du diagnostic foncier permettra
une répartition équitable qui favorise les nouvelles installations
sans pour autant fragiliser les quelques exploitations impactés en
difficulté.
Un
diagnostic foncier qui soit une base réelle de travail pour une
plateforme de répartition des terres doit inclure une description
anonymisée de chaque situation singulière des fermes concernées :
des
éléments qui permettent de comparer la taille des exploitations
concernées (taille du cheptel, surface foncière, quotas laitiers…)
l’évolution
depuis 2008 du nombre d’hectares par actif au sein de
l’exploitation et non pas seulement du nombre d’hectares, ni même
un pourcentage d’augmentation du nombre d’hectares/.actif. Un tel
pourcentage ne permettrait pas de situer réellement la diversité
des situations pour arbitrer (par exemple : 20%
d’augmentation/actif sur une ferme de 300 ha, semblent être un
plus gros problème que 20% d’augmentation sur une ferme de 30
ha/actif )
des
éléments qui précisent si des départs d’associés sont prévus
dans les 5 années à venir pour repérer les GAEC dans des phases
transitoires de transmission.
l’évolution
du chiffre d’affaire et de l’excédent brut d’exploitation par
actif
les
montants d’indemnisation touchées pour les terres laissées pour
le projet d’aéroport.
des
indications environnementales sur la conduite de l’exploitation et
sa compatibilité avec le soin du bocage.
Il
est urgent de mettre la lumière sur la situation foncière avant
d’envisager toute redistribution de droits d’usage durables. Pour
cela, un diagnostic foncier réel est indispensable pour évaluer
objectivement l’impact relatif en cas de maintien ou non de droits
d’usages des parcelles à l’intérieur de la zad, en distinguant
les éleveurs qui ont réussi à construire une stratégie d’avenir
en cas de réalisation du projet d’aéroport de ceux qui n’auraient
pas su s’en sortir avec l’aéroport.
Zad
nadir. org
Les terres de la ZAD
attisent les convoitises du monde agricole
Un comité de pilotage se tient vendredi 12 octobre à Nantes
pour préparer l’attribution des terres de la ZAD de
Notre-Dame-des-Landes. Selon les documents obtenus par Mediapart, la
préfecture et la chambre d’agriculture s’entendent pour maintenir le
plus grand flou sur l’état des lieux.
C’est la nouvelle bataille de Notre-Dame-des-Landes mais elle ne se livre pas sur les barricades ou dans les champs bocagers. Elle oppose diagrammes de la chambre d’agriculture et cartographie participative, diapos de statistiques et relevés topographiques. Son enjeu est essentiel pour quiconque se préoccupe de la portée politique de ce qui se joue sur la ZAD la plus célèbre de France : à qui vont revenir ses terres sauvées du béton et au profit de quel monde ?
Vendredi 12 octobre, un nouveau comité de pilotage doit se tenir à la préfecture de Nantes sur la gestion du foncier de la zone. Dans Ouest France, jeudi 11 octobre, la préfète de région, Nicole Klein, annonce que deux nouveaux projets agricoles de la ZAD pourraient faire l’objet de conventions d’occupation précaire (COP). Pourtant, sur le terrain, la situation du boulanger et de l’éleveur concernés est toujours conflictuelle vis-à-vis des exploitants légalement autorisés à utiliser ces parcelles. La représentante de l’État ouvre aussi la porte à des signatures de baux au cas par cas pour des agriculteurs déjà installés sur place avant 2008, date de la déclaration d’utilité publique de l’aéroport de NDDL, « sur des parcelles sans conflit avec les zadistes ».
Transhumance
d’un troupeau de moutons sur la ZAD, le 29 septembre 2018. (JL)
La
représentante de l’État explique : « L’important,
pour moi, est de stabiliser la situation des deux côtés et que tout
le monde rentre dans la légalité, sans passe-droit. »
À ses yeux, « dans
le volet agricole, personne ne sera content à 100 %, mais chacun
pourra trouver des satisfactions. La ZAD ne sera jamais une zone
comme une autre. Elle aura son histoire. »
Un discours rassurant, donnant raison à chaque partie, en apparence.
C’est aussi la tonalité du message que souhaite transmettre la
chambre d’agriculture de Loire-Atlantique : « L’idée
est d’arrêter la guerre,
explique à Mediapart Axel Gayraud, chargé du dossier de la ZAD à
la chambre d’agriculture. Il
y a de la place pour tout le monde. Rejouer l’opposition entre
agriculteurs opposants et les autres n’ajoute rien. Tout ce
monde-là va vivre ensemble. »
Pourtant,
derrière cette bonne volonté affichée, une véritable capture
foncière se prépare : des agriculteurs historiques, indemnisés
en échange de l’abandon de leurs droits d’usage des terres de la
ZAD, se positionnent pour récupérer « leurs »
parcelles. L’enjeu est essentiellement économique : plus ils
peuvent déclarer de surfaces, plus ils peuvent toucher de primes de
la PAC, indexées sur la superficie cultivée. Si certaines fermes
semblent prêtes à échanger « leurs » parcelles sur la
zone en échange d’autres, situées en dehors de leur emprise, cela
ne concernerait qu’une petite partie du foncier. Le département a
constitué une réserve foncière de 158 hectares, en dehors de la
zone, prévue à l'origine pour être permutées avec des champs
condamnés au bétonnage. La Safer, organisme de protection des
terres agricoles, en possède 42 hectares et des propriétaires
privés 73. Des 42 exploitations historiques en 2008, il ne reste
plus, dix ans plus tard, que 27. Mais douze autres fermes ont
bénéficié de COP sur la zone jusqu'en 2018. La plupart souhaitent
désormais louer ces terres sous forme de baux – et non pas les
acheter. Le prix du fermage qu’ils envisagent de payer atteint 75
euros l’hectare, comme l’indique un document, présenté par la
préfecture en juillet dernier.
Sur
les 1 650 hectares de la ZAD, un peu moins de la moitié – 624
hectares – sont aujourd’hui cultivés par des fermes
contractualisées depuis 2012 par Vinci afin d’éviter que ces
parcelles ne partent en friche et soient occupées par les zadistes.
Des COP annuelles ont ainsi permis aux exploitants qui avaient cédé
leurs terres à l’amiable au concessionnaire du futur aéroport de
continuer à les cultiver gratuitement. À côté, 300 hectares sont
utilisés par les quatre exploitations qui se sont toujours opposées
à l’aéroport et ont refusé de toucher les indemnisations,
consignées auprès de la Caisse des dépôts. Enfin, 170 hectares
sont cultivés par des habitant·e·s de la ZAD, et couverts par des
COP qui courent jusqu’à la fin de l’année.
État
des lieux du foncier de la ZAD établi par le groupe carto de la
zone (site zad.nadir.org).
Les
agriculteurs indemnisés pour la cession de leurs terres au projet
d’aéroport ont touché au total plusieurs millions d’euros,
répartis en fonction de la taille des exploitations et de leur degré
d’impact par l’aéroport. Le montant global des indemnités
d’éviction et d’expropriation s’élève à près de 9 millions
d’euros pour l’ensemble des exploitants impactés, y compris les
quatre fermes qui ont résisté jusqu’au bout à l’expulsion,
avait indiqué ce printemps à Mediapart le ministère de la
transition écologique.
Mais
impossible encore aujourd’hui d’obtenir le détail des paiements,
ferme par ferme, même anonymisé. « Ce n’était pas dans
la commande de la préfecture. Et qu’est-ce que ça apporterait au
débat ? S’il faut regarder dans le portefeuille de chacun, ça
va être compliqué…, répond Axel Gayraud, de la chambre
d’agriculture. Ces indemnisations devaient permettre aux
exploitants de s’en sortir, le temps de retrouver des terres, soit
entre trois et cinq ans. Sans ces indemnités, la majorité des
exploitations auraient coulé. Aucune banque n’acceptait de leur
prêter. Tout le monde n’a pas signé de gaieté de cœur. Aucun
exploitant n’était content de voir arriver le projet d’aéroport,
tout le monde était contre. »
L’association
Pour un avenir dans le bocage, qui réunit les 15 projets de la ZAD
autorisés par la préfecture jusqu’à la fin de l’année, conteste la
légitimité de leurs demandes. Aux yeux du mouvement d’occupation de la
zone, ils sont des « cumulards » car ils ont bénéficié du projet
d’aéroport, et à plusieurs titres : par les indemnités touchées, l’accès
gratuit aux terres et des compensations foncières en dehors de la zone.
« Les terres libérées par l’abandon du projet d’aéroport doivent
bien aller en priorité à de nouvelles installations de jeunes paysans,
écrivent des habitant·e·s de la ZAD dans un communiqué diffusé jeudi soir.
Cela va d’ailleurs dans le sens des critères officiels d’attribution
théoriquement portés par la Commission départementale d’orientation de
l’agriculture (CDOA). »
On
aurait pu penser que le versement des indemnisations d’évacuation
et d’expropriation entraînait l’abandon de leurs droits d’usage
sur les terres de la ZAD. Mais la préfecture de Loire-Atlantique
considère au contraire que le droit joue en faveur des agriculteurs
historiques. Et que les autorisations d’exploiter, actes
administratifs indispensables à la mise en culture, accordées en
2008, sont toujours valables dix ans plus tard. La seule condition
est que les terres aient été exploitées en continu.
« Juridiquement, ils n’étaient plus exploitants mais ils
avaient toujours l’autorisation administrative d’exploiter. C’est
la différence entre le code rural et le code de la propriété »,
confirme Axel Gayraud. « Cette situation est aberrante »,
se désole Angélique, du collectif paysan COPAINS. Pour Dominique
Deniaud, de la Confédération paysanne, qui siège au comité de
pilotage : « Ce n’est pas parce que des autorisations
d’exploiter ont déjà été accordées sur des terres que d’autres
porteurs de projets ne peuvent pas demander un bail sur ces mêmes
parcelles. C’est ensuite au propriétaire de décider à qui il
veut louer. »
« Ils veulent nous enfermer dans ce cotillon »
Si
ce litige juridique semble résolu aux yeux de l’État, une
question reste vivace : les agriculteurs historiques se sont-ils
agrandis en dix ans ? C’est un sujet majeur car en France, les
fermes ne cessent de s’étendre, privant de terres les jeunes
souhaitant s’installer. Pour cette raison, le schéma directeur
régional des structures agricoles en Pays de la Loire accorde un
accès prioritaire aux jeunes qui s’installent et demandent des
aides, et pénalise en théorie les exploitations en voie
d’agrandissement.
Pour
y voir plus clair, un état des lieux agricoles a été commandé à
la chambre d’agriculture par la préfecture. Il a été présenté
aux exploitants début juillet. Selon ce document, obtenu par
Mediapart, en moyenne, en dix ans, les fermes historiques de la ZAD
ont gagné 17 % en taille, soit un tout petit peu moins que
l’évolution moyenne dans le département sur la même période
(+17,5 %). Si bien que pour l’État, les fermes ne se sont pas
notablement agrandies. Sur le graphique fourni, on remarque tout de
même neuf exploitations au-dessus de l’augmentation moyenne, dont
une très nettement supérieure aux autres. Cela correspond à
l’installation d’un fils dans la ferme parentale, précise la
préfecture.
Évolution des surfaces agricoles utiles des
agriculteurs historiques de la ZAD
(diapo de la Chambre d’agriculture
44).
Mais
ces chiffres sont trop flous pour juger sérieusement de la
situation : quelles fermes sont concernées ? Pour quelle
superficie en hectares ? Avec quelle évolution de la
production ? Du chiffre d’affaires ? Quelle évolution du
nombre de salariés ? Et quel respect des critères
environnementaux ? « Sans ces données, impossible de
savoir si une ferme s’agrandit ou non », explique une
paysanne de la ZAD. Mais selon la préfecture, les règles de la Cnil
ne leur permettent pas de publier les données individuelles des
exploitations. Sollicitée par Mediapart, la Cnil ne nous avait pas
répondu jeudi soir.
Interrogée
plus précisément sur ce point, la chambre d’agriculture envoie un
autre document à Mediapart, qui doit être présentée au Copil de
vendredi. On y voit l’évolution de la superficie cultivée
rapportée au nombre d’unité de travail humain (UTH), un
indicateur mesurant la main-d’œuvre, salariée ou associée. C’est
une information en principe importante car une ferme peut s’agrandir
sans modifier sa surface et en réduisant son nombre de travailleurs.
On y voit quatre cas de très fort agrandissement, entre + 60 et +
100 %. « Mais ils sont dus à un départ récent
d’associé et sont en cours de transmission, explique Axel
Gayraud. Ces fermes ne vont pas rester surdimensionnées. Elles
cherchent un nouvel associé. » Deux autres augmentations
importantes sont justifiées par une installation et la fusion de
deux associés, selon les annotations visibles sur le graphique. Ne
restent que quatre faibles agrandissements reconnus en tant que tels.
Mais sans indication de temps ni d’identification possible des
exploitations, comment vérifier ?
Évolution
des surfaces agricoles utiles des agriculteurs historiques de la ZAD
rapportées à la main-d'œuvre (diapo de la Chambre d'agriculture
44).
« Ces
exploitants ne se sont pas agrandis par volonté mais par opportunité
car il y avait des terrains libres à côté de chez eux, ajoute
le consultant de la chambre d’agriculture. AGO Vinci et l’État
les encourageaient à le faire, et aujourd’hui, ce sont eux qu’on
accuse d’être agrandis ? »
Il
minimise aussi la portée des compensations foncières : selon
ses estimations, seuls une quinzaine d’hectares ont été attribués
en priorité à une exploitation pénalisée par l’aéroport. « Il
n’y a pas eu d’effet d’aubaine tel qu’il est parfois dénoncé
en lien avec le droit de priorité dont bénéficiaient les
exploitants impactés pour se reconstituer en dehors des emprises »,
ajoute la préfecture. Pourtant selon le même document d'état des
lieux, les 39 exploitations présentes sur la ZAD exploitent 90
hectares en dehors de son emprise, en contrats précaires.
En
bref, circulez, il n’y a rien à voir. Flou des chiffres et des
bases de calcul, cette opacité revient à faire de la rétention
d’information. De son côté, le collectif COPAINS, qui rassemble
des paysan·ne·s en défense de la ZAD, souhaite une remise à plat
de tout le foncier de la ZAD et refuse « les petits
arrangements ». Le 29 septembre, en ouverture d’un
week-end de rassemblement pour « les terres communes »
de la ZAD, une jeune éleveuse de la zone protestait devant une foule
de plusieurs centaines de personnes : « Ils se
revendiquent plus légitimes que nous alors qu’ils n’ont rien
fait pour sauver ces terres ! On leur laisse leur fric,
leurs terres ailleurs mais on veut qu’ils nous laissent ces
terres. » Dans un communiqué publié la veille du comité
de pilotage, des habitant·e·s de la ZAD écrivent : « Pour
un débat clair sur le devenir des terres, il est aujourd’hui
indispensable que nous puissions bénéficier d’un diagnostic
foncier digne de ce nom. Sans quoi ce manque de transparence laisse
cours aux fantasmes et contrevérités. Quelques exploitants
agricoles possédant des centaines d’hectares (et largement
compensés !) veulent en profiter pour s’agrandir toujours
plus en s’accrochant à la moindre parcelle supplémentaire. Ils
font ainsi obstacle à ce que des jeunes s’installent. Ils
discréditent également ceux qui, parmi leurs collègues exploitants
impactés, ont peut-être réellement besoin de ces terres pour
consolider leur ferme. »
Comment
croire à l’impartialité de la chambre d’agriculture, présidée
par la FNSEA, un syndicat qui défend l’agriculture productiviste,
l’usage du glyphosate, a accompagné Vinci et l’État dans la
gestion du foncier agricole de Notre-Dame-des-Landes et déteste tout
ce que représente la ZAD ? Le consultant foncier de la chambre
qui a réalisé le diagnostic est aussi celui qui a conseillé
l’Amelaza, l'association des historiques indemnisés souhaitant se
réinstaller sur la ZAD, pour la rédaction de ses statuts. Interrogé
sur ce point, il répond : « On l’a fait à la
création de l’association, maintenant, ils se gèrent tout seuls.
C’est notre vocation de chambre d’agriculture d’aider les
associations qui nous le demandent. On s’occupe aussi des envois de
courrier d’assemblée générale de l’Adeca [l’association
historique des paysan·ne·s anti-aéroport – ndlr] ».
Dans ces conditions, pourquoi la rédaction d'un document aussi
sensible que l'état des lieux agricole a-t-il été confié à un
acteur aussi peu impartial ?
Affiches
dans le bois de Rohanne, sur la ZAD, en hommage à la guerre des
Demoiselles au XVIIIe siècle (30/09/2018, JL).
L’imprécision
des données dévoilées par la préfecture empêche l’énonciation
d’une critique spécifique et informée des répartitions de terres
qui se préparent en coulisse. Elles laissent les habitant·e·s de
la ZAD et les paysan·ne·s historiquement opposé·e·s à
l’aéroport démuni·e·s pour défendre leurs projets et les
quelques centaines d’hectares supplémentaires dont ils ont besoin
pour les mener à bien : coopérative mutualiste et solidaire de
productions agricoles et artisanales, plateforme de répartition
foncière pour aider des jeunes à s’installer et empêcher que les
terres libérées par un départ en retraite ne partent à
l’agrandissement, élevages ovins et bovins, apiculture, zones de
préservation de la faune et de la flore, très fragile en certains
endroits. De tous ces projets, il ne sera pas question au comité de
pilotage de vendredi. Les habitant·e·s de la ZAD n’y sont pas
représenté·e·s car seules y siègent les syndicats agricoles, des
élu·e·s et représentant·e·s de l’État. L’ACIPA,
association historique des opposant·e·s, y siégeait mais elle
s’est dissoute pendant l’été. Une manifestation de soutien doit
se tenir devant la préfecture en même temps que la réunion
officielle.
« 170
hectares pour 20 projets, ce n’est pas assez. Ils veulent nous
enfermer dans ce cotillon alors que le potentiel qui se trouve
ici est inédit car il y a une vraie densité humaine et sociale,
décrit une paysanne de la ZAD. Ici, tu ne peux pas être seul·e.
Il y a de nombreux espaces pour se rencontrer et s’entraider. »
Mais « pas question d’une réserve de terres autogérées »,
a déjà déclaré la préfète.
Jade
Lindgaard - Médiapart
Samedi
13 octobre
Notre-Dame-des-Landes :
la négociation sur les terres de la Zad a progressé
Que
vont devenir les terres de la Zad de Notre-Dame-des-Landes ? Vendredi
12 octobre se tenait à la préfecture une réunion des parties impliquées.
L’enjeu : que les zadistes puissent poursuivre leurs activités
agricoles, forestières et artisanales. Face à eux, la Chambre
d’agriculture et des agriculteurs extérieurs revendiquent les terres.
Compte-rendu.
Nantes (Loire-Atlantique), correspondance
Nantes (Loire-Atlantique), correspondance
Pour
la préfète de Loire-Atlantique, Nicole Klein, on serait parvenu à
un partage équitable de ND des Landes. Un jugement de Salomon du
bocage : « Nous travaillons pour arriver à une
répartition équilibrée des terres qui permette à tous d’envisager
le plus sereinement possible leur avenir ensemble sur ce
territoire », explique Mme Klein dans un communiqué à
l’issue du troisième « Copil », sigle désignant
le « comité de pilotage » chargé d’arbitrer la
gestion des terres, aux lendemains de l’abandon du projet
d’aéroport. Le Copil s’est réuni à Nantes, vendredi
12 octobre, durant l’après-midi.
Télécharger
le communiqué :
https://reporterre.net/IMG/pdf/communique_de_la_pre_fecture_de_loire-atlantique-12_octobre_2018.pdf
Dans
la rue, sous les fenêtres de la préfecture, le ton est différent.
« On se bat pour la terre, ils se battent pour les primes de la
PAC », « Oui à l’installation, non à
l’agrandissement », « On se bat pour un troupeau de
broutards, par pour un troupeau de connards », disent les
pancartes posées sur les fourches de la soixantaine de tracteurs qui
bloquent le rond point.
|
« On
n’a pas eu d’affrontement direct, confie au sortir de la
longue réunion Dominique Deniaud, président de la Confédération
paysanne 44. La réunion a validé le fait que les gens qui
avaient perçu des indemnités en cédant leurs terres [à Vinci
ou au Département] vont pouvoir s’y réinstaller. Le côté
immoral, c’est qu’on n’a aucune transparence sur l’état de
leurs fermes en 2008, la préfecture se contentant d’affirmer qu’en
moyenne, ces exploitations se sont agrandies dans la même moyenne
qu’ailleurs dans le département. Et donc que le débat est clos.
Alors que pour certains, il y a des situations suspectes. Cela n’aide
pas à l’apaisement. »
M. Deniaud
réclame une vraie transparence pour chaque postulant, que l’on
connaisse leurs surfaces au départ et celles d’aujourd’hui. Car
on soupçonne que ces agriculteurs, qui ont profité en fait du
projet d’aéroport, ont agrandi leurs exploitations hors de la Zad,
ce qui rendrait encore moins légitimes leurs revendications
d’obtenir des terres au sein de la Zad. « Les services de
l’Etat n’ont même pas les bons chiffres des hectares de chacun,
et pourtant ça fait des mois qu’ils bossent sur le dossier »,
ajoute un paysan accoudé à son tracteur.
L’association
Amelaza, fondée après l’abandon du projet, regroupe les
agriculteurs se disant « légaux », qui ont déjà
perçu des indemnités pour la cession de leur terre. Elle
cristallise la rage des zadistes et de leurs soutiens agricoles. Ils
et elles voient en ces cumulards l’antithèse de ce que défend la
Zad. « Ils jouent au Monopoly avec les terres ».
Les revendications de ceux que l’on appelait autrefois « les
accapareurs » donnent lieu à des interprétations des lois
divergentes selon leurs défenseurs et leurs détracteurs. La
situation est inédite et sans précédent. Il n’y a pas de
jurisprudence applicable à ces revendications de retour à l’état
antérieur, aux lendemains d’un projet annulé par l’Etat, la
déclaration d’utilité publique officiellement abrogée.
Quelle agriculture ?
Chimique, industrielle, sur grande surface, ou écologique, enracinée et humaine ?
Et
pourtant les instance officielles, les CDOA (Commissions
départementales d’orientation agricole), consultatives auprès du
préfet, recommandent la priorité à l’installation plutôt que
l’agrandissement des exploitations existantes. La déclaration de
la préfète entérine cette recommandation : « Les
surfaces, qui devraient se trouver libres au cours des prochains mois
suite à des cessations d’activités, liées à des départs à la
retraite, feront l’objet d’une gestion transitoire afin de
permettre leur affectation prioritaire à des projets d’installation
diversifiés et respectueux de l’environnement. »
Au
delà des arguties techniques et d’attribution des surfaces, le
débat porte aussi sur le type d’agriculture, entre
l’agrandissement d’exploitations conventionnelles (traduire par
« chimique et industrielle » note un naturaliste),
et l’installation de nouveaux et nouvelles paysan·nes dans une
démarche de respect de l’environnement et des sols.
« L’agrandissement,
c’est très représentatif de l’agriculture intensive et de la
croissance aveugle. La banque, le centre de gestion, la culture
ambiante de la croissance comme seule condition de survie, tout
pousse à avoir plus de surface pour une même ferme, plus de vaches,
plus de tout, note Bernard Poilane, éleveur laitier au sud de la
Loire. Dans mon secteur dans le vignoble, il y a les mêmes
forcenés de l’agrandissement, mais on manque parfois de projets
d’installation, à mettre en face, alors que sur la Zad, on n’en
manque pas... »
Pour
Dominique Deniaud, la carte produite par la préfecture indique que
« les possibilités d’installation sont grandes notamment
dans l’ensemble de 188 ha » pour le « renouvellement
des COP [conventions d’occupation temporaires] avec examen
au cas par cas des parcelles attribuées temporairement après
2008 ».
Télécharger
la carte :
https://reporterre.net/IMG/pdf/carte_d_usage_des_terres-pre_fecture_de_loire-atlantique-12_octobre_2018.pdf
Dans
la période entre l’abandon du projet et maintenant, les
conventions temporaires, sur six mois, ont paru infliger une
précarité inconcevable dans un univers agricole, qui envisage
habituellement les projets d’installation sur dix à vingt ans,
avec des emprunts courant sur de telles durées. Une autorisation de
six mois est donc absurde, puisqu’elle ne couvre même pas le cycle
cultural.
Mais à ce sujet, les tactiques différent entre des zadistes qui réclament des baux durables pour se dégager de cette précarité Damoclès, et des paysans qui craignent de figer par des baux – tant pour les zadistes que pour les cumulards soutenus par la Chambre d’agriculture.
Mais à ce sujet, les tactiques différent entre des zadistes qui réclament des baux durables pour se dégager de cette précarité Damoclès, et des paysans qui craignent de figer par des baux – tant pour les zadistes que pour les cumulards soutenus par la Chambre d’agriculture.
« Ces
conventions précaires sont une dérogation scandaleuse au droit de
fermage dont jouissent les paysans. On nous donne des contraintes, on
nous demande de rentrer dans le cadre d’activité paysanne, mais on
nous refuse les droits qui vont avec », plaide Jojo,
zadiste installé à Bellevue. Les porteurs de projet de création
d’activité agricole ont besoin d’un bail de fermage au long
cours pour présenter leur dossier. Aucune installation n’est
administrativement envisageable avec une COP de quelques mois.
Pour
le collectif Copain, Vincent Delabouglise voit le danger de cette
exigence : « Demander tout de suite des baux de
fermage, on comprend que cela représente la sortie de l’insécurité
pour les zadistes, mais on ne pourrait pas l’appliquer qu’à eux
seuls, ça vaudrait autant pour les paysans qui louchent sur les
terres qu’ils ont vendues, et qui veulent le beurre et l’argent
du beurre : ils en profiteraient aussi, ce qui verrouillerait
toute évolution ultérieure. Il vaudrait mieux prendre encore du
temps, que tout le foncier ne se règle pas d’un seul coup. »
« On
réclame une grande réserve foncière, qui serve de plateforme pour
mutualiser les besoins et favoriser les installations face aux
pressions de la Chambre d’agriculture et de l’Amelaza, ajoute
Dominique Lebreton de la Confédération paysanne et du collectif
Copain. Tant pour les installations d’aujourd’hui que de
demain, plutôt que s’engager à faire des promesses de baux de
fermage ».
La
forêt est aussi en jeu
|
Par
ailleurs, le comité de pilotage a décidé que « la
forêt de Rohanne
[40 ha au cœur de la Zad] sera
gérée par l’Office National des Forêts en y associant les
habitants qui souhaitent y participer ».
Ce qui ne fait pas l’affaire des zadistes regroupé·es autour du
collectif
Abracadabois qui entend « gérer
la forêt de l’arbre à la poutre, et même de la graine à la
charpente, en filière courte et avec une vision à long terme »,
explique Mathilde, qui n’a aucune envie « de
se transformer en entrepreneurs de travaux forestiers pour d’autres »
dans le cadre d’un schéma établi par l’ONF.
Par
ailleurs, un groupe de travail est lancé sur les questions des
cabanes et auto-constructions en place, en tous cas celles qui n’ont
pas été réduites en miettes par les bulldozers des gendarmes au
printemps. « L’objectif est que cette zone retrouve
pleinement sa place au sein du territoire et que les habitants
puissent habiter et travailler dans le respect des règles
d’urbanisme », souligne la préfète. « C’est
vrai que ça peut paraitre bizarre de délaisser une barricade pour
contribuer au Plan local d’urbanisme, mais c’est toujours
défendre la Zad, un bâti à faible impact sur l’environnement,
tenir compte de tous les lieux créés par la lutte » dit
un barbu au micro, à un jet de motte de terre du cordon policier.
Si
on se réfère aux valeurs du moment, la Zad a fait preuve et
d’innovation, dans (habitat ultra sobre, mode de culture bio de
proximité, échanges non marchands) et d’agilité, créant de
nouvelles structures, assemblées des usages, Association pour un
avenir commun dans le bocage (AACB), qui se veut l’interlocutrice
des instances du pouvoir, et même un très macronien Fonds de
dotation pour capitaliser de quoi racheter des terres, si besoin.
Créé le 18 septembre dernier, ses statuts ayant été déposés
en préfecture le 25, le fonds de dotation La
terre en commun est un outil financier dédié ici à un achat
collectif de foncier agricole, afin que quelques bouts de bocage
échappent à l’agrandissement d’exploitations déjà bien
pourvues et à la mainmise de l’agriculture productiviste.
Le
prochain comité de pilotage est prévu à la mi février. Cette
instance d’étape était loin de la fin du feuilleton. Le
Département doit racheter les terres à l’Etat et prendre le
relais en 2019. Les projets d’installation et les renouvellements
de convention changeront alors d’interlocuteurs.
Dimanche
14 octobre
Infos du 15 au 21 octobre
Mardi
16
octobre
►Concert - fête : Les 3 ans de la Noë Verte et les 1 an du verger ! Le programme : https://zad.nadir.org/spip.php?article6140
►anti militarisme : Week-end antimilitariste les 9,10,11 Novembre à Treffieux (44) - programme et affiche en pièces jointes.
Armistice ?
"
Plus jamais ça ! " " C’est la der des ders "
qu’ils disaient. Pourtant, cent ans après, la france est toujours
impliquée dans des conflits armés et nourrit des guerres et de
crimes contre l’humanité par la vente d’armes... Mais où est
donc l’armistice ?
À
l’occasion du centenaire, nous proposons de ne pas se joindre aux
habituelles commémorations qui tentent de donner du sens au souvenir
de ce qui ne fut qu’une effroyable boucherie : 18 millions de
morts pour rien.
Nous
désertons les cérémonies officielles car nous pensons que célébrer
les guerres du passé entretient l’esprit belliqueux et ne change
rien ni au présent ni au futur.
Retrouvons-nous
plutôt pour réfléchir ensemble, entendre des voix qui questionnent
la guerre hier et aujourd’hui, ici et ailleurs.
Le
Lance-pierres-bleues et d’autres personnes enthousiastes
"
Je hais violemment l’héroïsme sur ordre, la violence gratuite et
le nationalisme débile. La guerre est la chose la plus méprisable.
" Albert Einstein.
►Des sons de luttes : Des émissions de Radio Zinzine sur la zad
https://zad.nadir.org/spip.php?article6164
Vendredi
19 octobre
En hommage à Alphonse Fresneau, pionnier de la lutte contre l’aéroport de NDDL, décédé il y a quelques jours. Et en soutien à sa famille et ses proches.
Un
dernier hommage est prévu le vendredi 19 octobre à 14 h 30, à
l’église de Notre-Dame-des-Landes.
(Photo :
merci ValK ;
https://www.flickr.com/photos/valkphotos/43575681230/in/album-72157670840588603)
Samedi
20 octobre
Evacuation de la ZAD :
cinq victimes de violences policières
saisissent la justice
Cinq personnes, dont deux journalistes, vont déposer lundi une requête en référé expertise afin de déterminer l’origine et les conséquences des blessures infligées par des explosions de grenade GLI-F4. Cette grenade comporte une charge explosive produisant une très forte déflagration lorsqu’elle est utilisée.
Plus de six mois après l’ample opération d’expulsion de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, dans la semaine du 9 avril 2018, les violences policières dénoncées vont franchir la porte de tribunal. Lundi 22 octobre, cinq victimes vont déposer un référé expertise auprès du tribunal administratif de Nantes pour obtenir qu’un collège d’experts soit désigné afin de déterminer l’origine et les conséquences des blessures infligées par des explosions de grenade GLI-F4.
Cette grenade comporte une charge d’explosif (TNT) produisant une très forte déflagration lors de son explosion (165 décibels à 5 mètres). « La France est le seul pays européen à en faire usage », rappelle le collectif VigiZAD, déjà à l’initiative d’une saisine collective du Défenseur des droits (lire ici).
Lors
de cette semaine d’expulsions, plus de 270 personnes ont été
blessées. Pour rappel, 11 000 grenades – des GLI-F4 mais
aussi des grenades lacrymogènes « simples » – ont
été tirées par les gendarmes, soit une moyenne de 1 400
grenades par jour. 2 500 gendarmes étaient mobilisés.
Des affrontements non loin de la RD281, lundi 9 avril. © CG
|
Les
cinq personnes qui vont saisir le tribunal sont Marie Astier,
journaliste à Reporterre, Cyril Zannettacci, photographe pour
Libération, Jean, Corentin et Hortense, étudiants,
maraîchers, cuisiniers et jeunes parents. Jean, Corentin et Hortense
ont été blessés par l’explosion de grenades GLI-F4 « alors
qu’ils se tenaient à distance des forces de l’ordre »,
selon le communiqué.
De
leur côté, les deux journalistes ont été blessés alors que,
selon le communiqué, « ils agissaient dans l’exercice de
leurs fonctions et que leur qualité était apparente ».
Dans
leur requête au tribunal administratif, les cinq victimes vont
demander qu’un expert en balistique se prononce sur les
« conditions d’exécution et de gestion de l’opération
de maintien de l’ordre, [afin] d’établir si l’usage des
grenades était conforme à la réglementation en vigueur ».
Ils rappellent que l’usage des GLI-F4 a déjà été dénoncé par
le Défenseur des droits et l’Association chrétienne pour
l’abolition de la torture.
Selon
Me Pascual, l'une des deux avocates chargées du dossier,
l'expert balistique pourra « déterminer l'origine de
la blessure et sa compatibilité avec l'arme utilisée ».
Un expert médical devrait également être chargé d'examiner
les blessures elles-mêmes, afin de déterminer le
préjudice physique, esthétique et les conséquences à
l'avenir. À la suite de ces expertises, qui devraient durer au moins
un an selon Me Pascual, les cinq victimes se
tourneront vers le tribunal administratif pour attaquer l'État.
Dans
leur saisie du 18 avril, le collectif VigiZAD – créé pour
l’occasion – demandait instamment au Défenseur des droits
Jacques Toubon de se rendre sur place, soulignant « l’impérieuse
nécessité de l’intervention rapide d’une autorité
indépendante ».
« De
nombreux témoignages font état de grenades GLI-F4 lancées en
cloches et/ou en rafales au lance-grenades jusqu’à 200 mètres,
contrairement aux consignes de lancer au sol à la main »,
expliquait VigiZAD dans son courrier. Il dénonçait également des
« grenades utilisées sur des groupes réunis sur des
chemins étroits où la dispersion est impossible, ainsi que dans les
bois et par-dessus les haies ce qui revient à tirer à l’aveugle »,
ainsi qu’un « usage disproportionné et non réglementaire
des gaz lacrymogènes ».
Voir
ci-dessous l’interview de Luce Fournier, du collectif VigiZAD, lors
du Mediapart Live du 15 avril :
christophe
Gueugneau – Médiapart
►ZAD : De nouveaux semis sur une parcelle "historique" et "conflictuelle" à la Noë verte.
On continue à résister aux cumulards et notamment sur ces terres disputées au porte parole de l’AMELAZA, mikael Mary.
Infos du 22 au 28 octobre
Lundi
22
octobre
Des victimes de la grenade GLI-F4 -
dont une journaliste de Reporterre -
lancent une procédure judiciaire
Ce lundi 22 octobre, cinq personnes, dont une journaliste de Reporterre, blessées lors de l’évacuation de la Zad de Notre-Dame-des-Landes demandent au tribunal administratif de Nantes de nommer des experts. L’enjeu : déterminer le lien de cause à effet entre les grenades explosives et leurs blessures. Cette étape est un préalable à une action juridique contre l’État.
Nantes (Loire-Atlantique), correspondance
Ce
pourrait être le début d’un procès de l’État grenadier.
L’acharnement et la férocité des gendarmes contre la Zad de
Notre-Dame-des-Landes au printemps dernier vaudront-elles
condamnation de l’État ? Une procédure lancée ce lundi
22 octobre entend lever le voile sur les conditions
d’utilisation de ces grenades explosives à effet de souffle qui
ont blessé manifestants et journalistes lors des opérations
« d’évacuation » de la Zad.
Spécialement
visée, la GLI-F4, nommée « grenade lacrymogène
instantanée » modèle F4. Mal nommée, car elle est très
peu lacrymogène et surtout explosive et assourdissante, ouvrant des
cratères de vingt à quarante bons centimètres au lieu de sa
déflagration dans la terre, comme on a pu le constater dans les
champs de la Zad. C’est la dernière arme répressive de l’attirail
avant le recours à l’arme à feu, selon la doctrine du maintien de
l’ordre. Depuis le retrait, définitif en 2017, de la grenade
F1, qui a tué Rémi Fraisse à Sivens trois ans plus tôt, cette
GLI-F4 est la grenade la plus puissante de la panoplie des gendarmes
mobiles. Elle contient une charge explosive de 25 g de tolite,
ou trinitrotoluène, alias TNT.
Première étape judiciaire : des référés expertises
Ce lundi 22 octobre sont déposés au tribunal administratif de Nantes cinq « requêtes en référés expertises » lancés par cinq blessés — dont deux journalistes — par ce type de grenade en avril 2018, lors des opérations de gendarmes mobiles visant à détruire une partie des cabanes de la Zad et à en déloger ses occupants.
À
ce stade, les magistrats administratifs peuvent considérer que la
relation de cause à effet n’est pas prouvée, et qu’il faudra
établir si ces blessures sont bien liées à ces grenades. D’où
la demande d’une expertise, première étape avant le recours
devant ce même tribunal administratif, pour préjudices civils. La
voie de la justice administrative a été choisie car elle permet de
viser l’Etat, responsable du maintien de l’ordre et donc des
blessures, des préjudices corporels et psychologiques, et d’un
éventuel usage disproportionné de la force. La procédure a en
outre plus de chances d’aboutir qu’une plainte contre X. « Il
ne s’agit pas de faire condamner le petit gendarme qui a lancé la
grenade, mais de faire reconnaître la responsabilité de l’État,
via le ministère de l’Intérieur et la préfecture »,
explique Me Aïnoha Pascual, une des deux avocates qui défendent les
cinq dossiers.
Si
les plaignants ne disposent pas de vidéo du moment précis de leur
blessure, ils versent au dossier plusieurs témoignages des médecins
qui sont intervenus en permanence sur les lieux, et de témoins
présents à leurs côtés sur le terrain, ainsi que des certificats
médicaux.
Des règles d’usage strictement confidentielles
« Le problème, souligne Me Pascual, c’est qu’on ne peut pas consulter les instructions relatives à l’usage de cette grenade, ces documents étant confidentiels. » On en connaît l’existence de manière incidente, par le rapport du Défenseur des droits sur « Le maintien de l’ordre au regard des règles de déontologie » rendu en décembre 2017. Ce rapport expose que les règles d’usage de la grenade GLI-F4 « présentant une telle dangerosité, eu égard à sa composition » auraient été encadrées par deux instructions du 27 juillet et du 2 août 2017 des Directions générales de la police et de la gendarmerie nationales [1].
|
« J’ai
demandé copie de ces instructions le 3 septembre à l’IGGN
[Inspection générale de la gendarmerie nationale] pour qu’on
me les transmette, ajoute l’avocate. Voici ce qu’on m’a
répondu le 14 septembre : documents réservés à
diffusion interne, demande transmise à la direction générale de la
gendarmerie. » Qui n’a pas encore répondu. Dès lors, il
y a plusieurs possibilités : soit ces règles d’emploi sont
transmises aux avocates, soit celles-ci devront saisir la Cada
(Commission d’accès aux documents administratifs), soit le collège
d’experts s’en chargera et les versera au dossier. Mais en
l’absence de ce code d’usage, il est impossible d’apprécier si
les lancers de grenades ont été conformes aux règles édictées
par la hiérarchie.
Capacités mutilantes, voire mortelles
On
lit dans ce rapport officiel que « les dispositifs à effet
de souffle produit par une substance explosive ou déflagrante sont
susceptibles de mutiler ou de blesser mortellement un individu,
tandis que ceux à effet sonore intense peuvent provoquer des lésions
irréversibles de l’ouïe (pour avoir un effet efficace, une
intensité sonore de 160 dB mesurée à un mètre est
requise) ».
Citée
par ce même rapport, une circulaire de gendarmerie (no
200.000 DOE/SDOPP du 22 juillet 2011) précise aussi à propos
de ces grenades explosives accessoirement lacrymogènes que « l’effet
explosif produit un éclair et une onde de choc (effet de souffle)
qui peuvent se révéler dangereux (effet de panique ou lésion
possible du tympan) ». Ces grenades GLI-F4 peuvent
effectivement occasionner des lésions auditives, en raison de la
puissance de leur détonation (165 décibels). Les acouphènes,
tympans atteints et pertes auditives ne sont pas répertoriés.
Le
site du fabricant, la société Alsetex, basée en Mayenne, était
plus explicite jusqu’en 2005 quand le rachat par Lacroix-Ruggieri
industrie l’a vidée des données techniques sur ses produits.
Avant 2005, on pouvait lire que la grenade GLI-F4 garantissait un
effet « intense, psychologique et agressif » de
blast sonore de 165 décibels dans un rayon de 5 mètres. Une
valeur à rapprocher du volume sonore critique au travail de 140 dB
édicté par l’INRS (l’Institut national de recherche et de
sécurité pour la prévention des accidents du travail et des
maladies professionnelles). Et ces 140 dB tiennent compte de
l’atténuation via des protecteurs individuels contre le bruit,
bouchons d’oreille ou casque antibruit de type serre-tête. Les
grenades de désencerclement, dites DMP (dispositif manuel de
protection), sont créditées par le même fabricant d’une
intensité sonore de 145 dB.
DES PRÉCÉDENTS : PIEDS ET MAINS ARRACHÉS
- En janvier 2001, les sapeurs pompiers manifestent à Lille (Nord) et s’affrontent aux CRS. Édouard Walczak ramasse une GLI-F4, qu’il a confondue avec une simple lacrymo. L’explosion lui arrache la main.
- En janvier 2009, un participant à une manifestation à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) contre la réforme des retraites a été atteint au pied par une GLI-F4, mutilé à vie, reconnu invalide à 75 %.
- En octobre 2013, sur une route nationale du Finistère, lors d’une manifestation des Bonnets rouges contre les portiques écotaxe, Mickaël Cueff confond lui aussi une GLI-F4 avec une lacrymogène. En voulant la relancer, il a la main arrachée.
- En
août 2017, à Bure (Meuse), un manifestant, Robin, est lui aussi
gravement touché au pied par l’explosion d’une GLI-F4 . « Mon
pied a été creusé de 2 cm jusqu’à 3 cm de profondeur
sur une surface de 10 cm sur 13 cm. Les os fracturés ou
pulvérisés ont été réparés avec des prothèses, des broches et
du ciment »,
a-t-il
témoigné.
- En
juin 2018, après qu’un manifestant à Notre-Dame-des-Landes,
Maxime Peugeot, a
eu la main arrachée nette par une grenade GLI-F4, l’Etat a
annoncé s’orienter vers un abandon de l’usage de cette grenade.
En tous cas, en ne passant pas de nouvelle commande. Ce qui n’est
pas très rassurant, la dernière commande laissant une dotation
importante à disposition des gendarmes mobiles, jusqu’à
épuisement des stocks.
Ce
matériel de maintien de l’ordre est classé dans la catégorie
A2 des « armes
relevant des matériels de guerre »,
incluant notamment les « bombes,
torpilles, mines, missiles, grenades, engins incendiaires »
par la
loi sur la sécurité intérieure de 2013. Créée au moment de
la guerre d’Algérie, l’Acat (Action des chrétiens pour
l’abolition de la torture) souligne en mars 2016 dans le
rapport « L’ordre et la force », que cette grenade
GLI-F4 est réputée mortelle du propre aveu de la police et de la
gendarmerie et que « la
France est le seul pays européen à utiliser des munitions
explosives en opération de maintien de l’ordre ».
Une exception culturelle de la répression dont on se passerait bien.
Infos du 29 au 31 octobre
Mardi
30 octobre
►RUBRIQUE
NECRO :
bon
ça ne nous fait pas plaisir, mais il faut bien le dire...
Radio
klaxon a cessé d’émettre, depuis un peu de temps déjà. Les
personnes qui l’ont animée ces dernières années sont parties ou
ont préféré arrêter la radio car elles ne ne trouvaient plus de
sens à ce qui se passe sur la ZAD actuellement.
Cet outil collectif
historique, qui a débuté en haut d’un arbre de la foret de la
Saulce, un soir de fête puis a couvert quelques kilomètres du
périph’ Nantais sur le 107.7, reste dans les cartons et nous
allons rediscuté pour voir si avec plus de temps et
d’investissement, on pourra relancer la machine. sinon elle partira
peut être soutenir d’autres lieux en lutte.
En
attendant elle nous manque bien et on se souvient des supers bons
moments où on a pu participé à la radio, à se faire plaisir en y
inventant des jingles, en y parlant du quotidien, en faisant des
interviews, des canulars, des débats, en y passant nos playlists
préférées avec des spéciale cace-dédi aux copin.es, à jouer aux
animateur.ices pendant des blocages, des manifs, des mises à feu de
pneus sur la 4 voies, ou des jeux de rôles grandeur nature, et puis
comment elle a été indispensable pendant les expulsions pour
indiquer où se trouvaient les flics et surtout donner des infos de
ce qui se passaient et des conseils utiles en toute circonstance.
Voilà,
tu nous manques Radio Klaxon, et on espère bien te retrouver un
jour !!
pouet
pouet !!
AILLEURS
Infos du 1er au 7 octobre
Lundi
1er octobre
Greenpeace s’engage dans la lutte
pour la forêt de Hambach
Greenpeace
s’engage dans la lutte contre la destruction de la forêt de
Hambach, en Allemagne. Celle-ci est vouée à disparaître pour
permettre l’extension d’une mine géante et à ciel ouvert de
lignite, un type de charbon.
Dans
une vidéo, l’association montre l’extension de cette mine sur
trente ans :
Greenpeace
a lancé une pétition pour
demander l’arrêt de ce désastre
Source :
Reporterre
Mardi
2 octobre
►Atenco : CAMPAGNE CONTRE LE NOUVEL AEROPORT DE LA VILLE DE MEXICO
Ni
ici ni ailleurs !! Un appel international à s’unir contre le
méga projet d’aéroport en lieu et place du dernier lac de la
vallée de Mexico
Malgré
les assassinats, les viols, les arrestations et autres formes de
répression orchestré par l’état mexicain, les descendants des
peuples Nahuas luttent depuis 2001 pour ne pas se faire exproprier et
voir leur terre nourricière se faire engloutir par un nouveau projet
d’aéroport. Cette lutte soeur, après nous avoir soutenu jusqu’à
l’abandon (et au-delà) du projet d’aéroport de NDDL, à son
tour fait un appel à soutien aux solidarités internationales pour
se joindre à elle et faire plier cet enième projet mortifère.
Pour plus d’info sur la lutte par ici
Puis
comme tu es devant un écran et réseaux sociaux à porter de main,
profites-en pour relayer !
Jeudi
4 octobre
►Hambach : Aller soutenir la forêt de Hambach- Action contre le charbon
Dans la suite de la campagne d’action ENDE GELANDE
https://www.ende-gelaende.org/fr/venir-en-bus/
Le
groupe local Ende Gelände Paris organise un trajet collectif en bus
depuis Paris pour aller soutenir la foret de Hambach :
Départ
le jeudi 25 octobre (à 9h) Retour le lundi 29 octobre (matin,
arrivée dans l’après-midi à Paris)
La
participation est de 30€ par personne pour l’aller-retour en bus
Paris-Köln-Paris (si vous avez des difficultés à payer ce prix,
contactez-nous pour que l’on organise un prix solidaire). Pour
toute demande de renseignement contactez-nous à
endegelaende-paris@riseup.net.
Vendredi
5 octobre
La justice allemande
interdit le déboisement de la forêt de Hambach
La justice allemande a interdit, vendredi 5 octobre, à l’énergéticien RWE de déboiser la forêt de Hambach, dans l’ouest du pays, tant que le recours sur le fond de ce projet n’aura pas été jugé.
Occupée
depuis six ans par des dizaines de militants écologistes, cette
forêt de l’ouest du pays proche d’Aix-la-Chapelle cristallise
les
débats allemands autour de l’exploitation du lignite, source
d’énergie bon marché et très polluante. L’expulsion de la
Zad avait commencé au
milieu du mois de septembre. Un jeune blogueur avait
trouvé la mort en tombant d’une passerelle alors qu’il
cherchait à filmer une intervention de la police.
Se
prononçant en appel et en référé, la cour régionale
administrative de Münster a estimé que RWE « n’avait pas
le droit de déboiser la forêt de Hambach » tant que la
justice n’aura pas examiné le recours déposé sur le fond par
l’association environnementale Bund.
Comme
Bund s’oppose à l’agrandissement de la mine exploitée par RWE
en invoquant une directive européenne sur la protection de la faune
et la flore, la justice doit « décider de questions
complexes, qui ne peuvent être tranchées en référé »,
précise la cour administrative.
Or,
comme le projet de RWE implique de raser la moitié des 200 derniers
hectares de cette forêt, commencer les travaux dès maintenant
porterait une atteinte « irréversible » à ce
territoire, « injustifiée » aux yeux des
magistrats.
« C’est
un bon jour pour la protection du climat, a déclaré Marin
Kaiser, de Greenpeace. Félicitations à Bund. Nous avons un
moment de respiration pour la forêt de Hambach. C’est un énorme
succès pour le mouvement anti-charbon. Des millions de personnes ont
été stupéfaites que RWE veuille défricher la forêt et que
l’entreprise ait poursuivi une stratégie d’escalade contre les
habitants de la forêt. »
Une
vaste manifestation devait rassembler 20.000 opposants à
l’agrandissement de la mine samedi 6 octobre, mais elle a été
interdite jeudi 4 au soir par les autorités locales, dont la
décision reste soumise à un recours en justice.
Reporterre
Samedi
6
octobre
►Bayonne :
►Txetx Etcheverry : « Contre le changement climatique, nous devons agir comme si nous étions en guerre » sur Reporterre
https://reporterre.net/Txetx-Etcheverry-Contre-le-changement-climatique-nous-devons-agir-comme-si-nous
►Lorène Lavocat : « La fougue d’Alternatiba se veut contagieuse « sur Reporterre
https://reporterre.net/La-fougue-d-Alternatiba-se-veut-contagieuse
Dimanche
7 octobre
Les anti-GCO annoncent
une grève de la faim
A
l’occasion d’une nouvelle manifestation, qui a rassemblé plus de
1000 personnes, le collectif opposé au Grand contournement ouest de
Strasbourg a dévoilé ce 6 octobre l’action radicale que certains
de ses membres entendent conduire si l’Etat refuse un moratoire.
Publication du très beau discours du psychanalyste Dominique Jacques
Roth, lu en ouverture de la manifestation.
La
mobilisation contre l'autoroute de contournement de Strasbourg ne
faiblit pas. Après l'évacuation de la ZAD du moulin à Kolbsheim
(voir ICI
le reportage de Christophe Gueugneau), après le gazage de la
population et d'élues de la République et du Parlement européen
(voir ICI),
après le massacre de la forêt de Vendenheim (voir les billets de
Jean-Claude
Meyer),
après le rejet par le Tribunal administratif du recours contre
l'arrêté environnemental et la condamnation de deux manifestants à
des peines avec sursis, les membres du collectif CGO-NON
MERCI s'insurgent
contre un droit dévoyé et appellent à la révolte citoyenne.
Michel Dupont, ancien collaborateur de José Bové, a annoncé que le
comité de pilotage du collectif avait décidé collégialement
d'entreprendre une grève de la faim, si l'Etat n'accepte pas
d'appliquer un moratoire et de mettre en place une commission de
médiation.
Il
convient de saluer le courage de la dizaine de militants qui vont
s'engager dès la semaine prochaine dans cette épreuve. Car il y a
peu de chances que le gouvernement cède rapidement : les centaines
de millions que le projet va rapporter à Vinci comptent
infiniment plus, au yeux de politiques sous perfusion du
capital et des lobbys, que la cause de l'écologie ou la santé de
quelques citoyens engagés.
Je
publie ci-dessous, avec l'accord de son auteur, le discours du
psychanalyste Dominique Jacques Roth, prononcé en ouverture de la
manifestation. Lutter contre "l’Etat Vinci",
c'est, selon lui, "mettre le projecteur sur la manière dont la
norme est désormais définie par le secteur privé, à la place de
l’Etat". Et de souligner que "dans ce dossier, la
confusion entre « ordre public » et « bien public »
atteint son paroxysme". Il dénonce également "la rapacité
complice et criminelle d’élus inféodés à la raison du Marché".
A la vidéo du discours de Dominique Jacques Roth, j'ajoute
celle de l'annonce de la grève de la faim par Michel Dupont. Le
combat citoyen contre l'écocide alsacien se radicalise. Macron et
son gouvernement décomposé pourraient très bien être
confrontés à un nouveau Notre-Dame-des-Landes.
Pascal
Maillard
PS
:
-
Pour une prise de connaissance rapide du projet, on peut consulter
cette
page.
« Chers sympathisants, chers amis,
Nous
sommes réunis pour témoigner d’un réel traumatique. C’est-à-dire
qu’il y a du trou. Il y a des trouées dans les forêts de
Kolbsheim et de Vendenheim. Il nous faut donc proposer une bordure
symbolique à ces trous béants, à cet impensable qui se déploie
sous nos yeux médusés !
On
a pu lire récemment, qu’en Alsace 6700 hectares de zones agricoles
ont été perdus en 12 ans au profit du béton que les forestiers
lancent un cri d’alarme car la gestion des zones boisées ne cesse
de se dégrader, que les véhicules trop polluants seront bannis et
malgré cela, un quarteron d’élus entend sacrifier 300 hectares
supplémentaires pour une autoroute payante, qui ne soulagera en rien
le trafic pendulaire vers Strasbourg, qui ne favorisera en rien les
nouvelles mobilités, qui ne diminuera en rien la pollution, mais
transformera la plaine d’Alsace en un corridor à poids lourds qui
nous asphyxiera.
Après
le rejet du référé intenté par Alsace Nature, notre rassemblement
est une manifestation d’indignation et de révolte citoyenne contre
un arbitraire qui sévit sous les oripeaux d’un droit dévoyé !
A
ce jour tous les moyens de résistance citoyens, pacifiques et légaux
ont été mobilisés.
Face
à cela, nous avons récolté le mépris d’une administration qui
demande aux gendarmes mobiles de gazer la population et des élus.
Les
avis consultatifs émanant d’instances étatiques et les
expertises, ont été balayés d’un revers de main.
Alors
que les juges ont explicitement reconnu qu’il y a « un doute
sérieux quant à la légalité de l’arrêté contesté »,
ils ont aussi considéré que la suspension des travaux porterait
« une atteinte d’une particulière gravité à l’intérêt
général », « l’exécution des travaux préparatoires
s’accompagnant de troubles à ordre public", estimant
que le motif d’illégalité, pouvait être « aisément
régularisable par l’administration » même si les
compensations envisagées, ont été jugées notoirement
insuffisantes !
Comment
ne pas voir là un jugement d’opportunité faisant fi du processus
démocratique ?
Le
principe de séparation des pouvoirs se trouve foulé aux pieds et la
raison d’Etat, dans ce dossier, se confond avec la raison du Marché
et nous pousse, une fois de plus… à troubler l’ordre
public.
Vouloir
le GCO suppose de l’ambition et des mensonges, mais refuser
l’information toxique, exige des vertus. Est-ce donc cela qui porte
atteinte à l’ordre public ?
N’est-ce
pas plutôt la destruction d’espèces protégées qui trouble
l’écosystème et menace la biocénose ?
Outre
l’abattage d’arbres deux fois centenaire, mis à terre avec une
rare sauvagerie, notre lutte contre l’Etat Vinci, met le projecteur
sur la manière dont la norme est désormais définie par le secteur
privé, à la place de l’Etat.
Dans
ce dossier en effet, la confusion entre « ordre public »
et « bien public » atteint son paroxysme.
Comme
hier en l’île de la Réunion sous la houlette du Préfet Marx,
notre résistance est provoquée par un projet néfaste dont
l’intérêt public majeur se trouve contesté par des instances que
le Gouvernement a créées lui-même… pour s’en passer !
GCO
funeste que Monsieur Ries, signataire de l’infâme placard paru un
jour avant l’audience publique dans les DNA, juge lui-même
insuffisant pour remédier aux embouteillages sur l’A35, quand il
existe de multiples solutions alternatives plus douces qui, même
s’il les reconnaît, n’ont jamais été instaurées, alors qu’il
avait autorité pour le faire !
Dans
ces sombres moments où le droit est instrumentalisé, on en
viendrait presque à regretter Louis XIV faisant embastiller Fouquet
pour avoir osé rivaliser avec la puissance de l’Etat. Ainsi passe
la gloire du monde car ce n’est certes pas le Président Macron,
champion des Tartuffes de la Terre, qui fera enfermer Monsieur
Huillard, PDG de Vinci.
Dans
quel Etat vivons-nous quand la justice elle-même se renie en
privatisant l’intérêt public majeur à titre exceptionnel ?
LA
politique est le champ de la tyrannie du profit et de la dictature
des marchés avec son cortège de violences légales.
Mais
LE politique est ce qui se construit les mains nues, avec la seule
ressource de notre parole.
Jamais,
nous ne cautionnerons la rapacité complice et criminelle d’élus
inféodés à la raison du Marché et si par malheur cet ouvrage
devait se faire, nous dresserons un Monument de la honte à
Kolbsheim, non loin de la sépulture de Jacques Maritain, pour que
jamais, les générations à venir n’oublient l’ignominie de ceux
qui porteront la responsabilité de ce désastre.
Contre
la stupidité morbide, réunis pour manifester notre dégoût d’un
néolibéralisme ravageur, nous redonnons ici à la conscience
publique sa place légitime.
Ce
rassemblement élève à la dignité d’une lutte de citoyens
informés et lucides, la défense d’un enjeu public majeur, pour
restaurer la raison des Lumières dans son sens originel.
Merci
de votre écoute ! Merci de votre présence, merci de votre
soutien !
Dominique
Jacques Roth - Psychanalyste et auteur
blog
de Pascal Maillard sur Médiapart
Infos du 8 au 14 octobre
Lundi
8 octobre
GCO : contre l’injustice,
il ne nous reste que la grève de la faim
Répression
violente de manifestants pacifiques et d’élus par les gendarmes,
jugement du tribunal couvrant l’illégalité de l’État, mépris
des avis des comités officiels et de l’enquête publique :
pour imposer à Strasbourg une autoroute de Vinci, l’État emploie
des moyens iniques, explique l’auteur de cette tribune. Qui se
demande : que reste-t-il à faire aux citoyens pacifiques et
respectant la loi ?
Maurice
Wintz est maître de conférences à l’université de Strasbourg et
vice-président de l’association Alsace
Nature
Le
GCO, ce projet de contournement autoroutier de Strasbourg, concédé
par l’Etat à la multinationale Vinci, est entré dans une phase
cruciale dans la mesure où les travaux nécessaires à la
réalisation du chantier ont été autorisés par arrêté
préfectoral du 30 août 2018.
Ce
projet hors normes (près de 300 ha de milieux agricoles et naturels
détruits, plus de 10.000 ha de terres remembrées) présente des
caractéristiques emblématiques. Car ce qui se passe ici est
symptomatique de la manière dont les acteurs qui disposent du
pouvoir ou de la violence légitimes œuvrent quand il s’agit de
grands projets d’aménagement. Du point de vue du processus auquel
on assiste, on voit assez clairement apparaître des collusions entre
différents acteurs (élus, agents de l’Etat, acteurs privés
intéressés…) qui s’entendent sous des couverts idéologiques,
stratégiques et financiers pour aboutir à une série de dénis.
Le
déni écologique tout d’abord. Contrairement à ce qui est affiché
pas ses promoteurs, l’objectif du GCO n’est pas de désengorger
la circulation autour de Strasbourg, mais d’attirer un trafic de
transit européen, ne serait-ce que pour rentabiliser l’ouvrage au
profit du concessionnaire. Comment peut-on imaginer dans ces
conditions qu’un projet qui vise au fond à accroître le trafic
puisse être compatible avec les enjeux écologiques essentiels, en
particulier le changement climatique ? On est ici typiquement
dans la situation d’une pratique qui concrètement va à l’inverse
de discours très volontaristes et qui obère les possibilités de
lutte contre le changement climatique.
Le
déni démocratique ensuite. Malgré des avis défavorables, sur le
fond et la forme du projet, émanant d’instances aussi variées que
le CNPN, l’Agence française de la biodiversité, l’Autorité
environnementale et deux commissions d’enquête publique, le projet
suit son cours comme si de rien n’était. Ou, plus précisément,
l’Etat prétend prendre en compte les remarques émises, sans pour
autant les soumettre à un nouveau contrôle indépendant. Il
s’arroge donc une « neutralité » de droit divin alors
qu’il est complètement impliqué dans le projet. Cela démontre au
moins deux choses. D’une part, l’Etat se réfugie derrière une
légalité et une notion d’intérêt général qui sont en réalité
fabriquées par et pour le marché néolibéral que sert l’Etat.
Car sinon, comment peut-on conclure à l’utilité publique et à
l’intérêt public majeur d’un projet quand les instances
indépendantes et plus de 80 % du public consulté se prononcent
défavorablement ? D’autre part, pour de grands projets de ce
type, l’Etat, fortement lié aux multinationales, est juge et
partie et est par conséquent dans l’incapacité de porter et de
faire valoir les expressions contradictoires qui sont disqualifiées
en revendications particulières.
Le
déni de justice enfin. Il est délicat de mettre en doute la justice
dans un système à prétention démocratique qui repose sur la
séparation des pouvoirs. Mais il est tout aussi curieux de constater
que la juridiction administrative qu’elle soit locale ou nationale
n’a quasiment jamais mis en cause des grands projets portés par
l’Etat. En l’occurrence, le dernier
jugement en date du Tribunal administratif de Strasbourg,
refusant la demande de référé suspension des autorisations de
travaux, fait écho de manière troublante aux propos du préfet de
Région sur l’utilité publique du projet et l’ordre public. Une
telle proximité de pensée entre fonctionnaires de l’Etat est
peut-être compréhensible, mais elle interroge sur la séparation
des pouvoirs. Et on ne peut manquer de mettre cette décision en
rapport avec un cas analogue qui vient de se passer en Allemagne dans
la forêt de Hambach, où le
tribunal vient de suspendre les travaux de déboisement
en attendant que les recours soient purgés…
Comment
les citoyens peuvent-ils réagir et se faire entendre, sans violence,
face à un tel rouleau compresseur sourd et aveugle ? La
dépossession du pouvoir d’agir sur l’avenir de son propre milieu
de vie est totale, au profit d’une technocratie
politico-administrative et financière qui sème le désastre
mais n’en subit pas directement les conséquences.
Nous
n’avons pourtant d’autre choix que de croire encore à
l’intelligence humaine. Constatant que, malgré la politique de la
terre brûlée pratiquée par Vinci sous la protection de l’Etat,
l’opposition au GCO ne faiblit pas, le ministre de l’Écologie
peut encore remettre le dossier à plat et proposer une commission de
médiation. Parce que jusqu’à présent aucune demande de ce type
n’a été entendue, parce que nous refusons la violence, mais parce
que nous sommes déterminés, et parce que nous ne voyons plus
d’autre issue pour sortir de la crise, un groupe de citoyens se
prépare à démarrer une grève de la faim jusqu’à ce que nous
soyons enfin entendus.
Maurice
Wintz sur
Reporterre
Une nouvelle perquisition
à la Maison de résistance à Bure
Ce lundi 8 octobre vers 8h, les gendarmes ont mené une opération de vérification d’identité au sein de la Maison de la Résistance à Bure. Selon L’Est républicain, les autorités judiciaires suspectaient la présence sur place d’un individu dont le contrôle judiciaire prescrit une interdiction de territoire dans le département de la Meuse. Cette personne ne se trouvait pas à la maison de la Résistance, ont constaté les gendarmes.
Le
compte twitter Les
ZiradiéEs,
compte d’opposants à Cigéo, écrit : « Ce
matin, la police est rentrée en force à la maison de la résistance.
C’est la 4e fois en à peine plus d’un an. Ces intimidations
incessantes doivent prendre fin. Nous continuerons à accueillir et à
renseigner sur les dangers de Cigeo. »
Le
harcèlement judiciaire à l’encontre des opposants locaux au
projet d’enfouissement de déchets nucléaires se poursuit. Le
27 septembre, les gendarmes ont mené une autre intervention à
l’ancienne gare de Luméville,
lieu d’habitation de plusieurs opposants. La semaine dernière, une
personne a par ailleurs mis en examen dans le cadre de la procédure
judiciaire qui a conduit à une vague
de perquisitions et d’arrestations en juin dernier.
Source :
Reporterre
-
Photo :
Les
ZiradiéEs
Bure :
nouveau coup de pression
contre les opposant·e·s
Les
gendarmes ont investi pour la quatrième fois en un an la Maison de
résistance à Bure, lieu de vie des opposant·e·s au site
d’enfouissement de déchets nucléaires.
Et
de quatre. Lundi 8 octobre, plusieurs dizaines de gendarmes ont
investi la Maison de résistance, lieu de vie collectif à Bure
(Meuse) des opposant·e·s au site d’enfouissement de déchets
nucléaires Cigéo. C’est la quatrième fois en à peine plus d’un
an que les forces de l’ordre entrent de force dans cette demeure,
propriété conjointe de l’association Bure Zone Libre et du Réseau
sortir du nucléaire. Cette fois-ci, il ne s’agissait pas d’une
perquisition proprement dite. Les gendarmes recherchaient une
personne, interdite de territoire dans le département, et qu’ils
pensaient débusquer sur place, en violation de son contrôle
judiciaire.
Le
jeune homme, prénommé Kevin, a contacté Mediapart lundi après-midi
pour témoigner : « Je
n’étais ni à la Maison de résistance, ni dans la Meuse, mais
chez des amis dans le sud quand j’ai reçu un SMS m’informant que
40 gendarmes me cherchaient à Bure. Je n’ai pas grillé mon
interdiction de territoire. Cet acharnement contre moi est
consternant. »
Mardi 9 octobre, il doit passer en procès au tribunal de grande
instance de Bar-le-Duc, dans la Meuse donc, le territoire dont il est
banni par la justice, pour le vol d’une paire de chaussettes et de
lunettes dans une grande surface. Il a déjà effectué plusieurs
mois de détention pour un autre motif. « C’est
un gros coup de pression de vouloir me toper comme ça la veille de
mon audience »,
décrit le jeune homme.
Dans un message envoyé sur Twitter, des habitant·e·s de la Maison de résistance dénoncent les méthodes des gendarmes : « Ce matin, les flics ont défoncé la porte de la Maison de résistance à Bure et sont rentrés sans présenter de justificatif. En partant, ils menacent de revenir. Ces intimidations incessantes doivent prendre fin. »
Pour
le Cedra, association opposée au projet de site d’enfouissement :
« Les gendarmes ont ce matin défoncé la porte de la Maison de
résistance, sur la base d'un soupçon qui s'est révélé être une
erreur, et ce sans prendre la peine de présenter quelconque
justificatif ! Ça, c'est l'État de droit que @SebLecornu se
félicite d'avoir “rétabli à Bure” ! »
Dans
la soirée de lundi, deux habitant·e·s de la maison rappellent pour
raconter l'événement du matin. « Nous étions six
personnes et deux chiens dans la maison quand les gendarmes ont
fracassé la porte, décrit Noupe. Ils nous ont fait coucher
par terre et nous ont menottés. Ils nous disaient : “Pourquoi
êtes-vous là ?”, “Ne posez pas de question !”.
Ils sont restés une petite heure. À la fin, ils nous ont demandé
quand était parti le copain qu'ils cherchaient. Et qu'ils avaient
une photo de lui ici. Ils sont partis en nous souhaitant une bonne
journée. »
Cerise,
habitant lui aussi de longue date de la maison, raconte avoir été
réveillé « manu militari par des gendarmes qui m'ont
demandé de me retourner et m'ont menotté les mains dans le dos. Ils
nous ont rassemblés dans la grange. Ils étaient une quarantaine.
Pendant ce temps-là, ils se sont baladés dans la maison sans que
l'on puisse voir ce qu'ils faisaient. Le plus intrigant pour
moi est qu'ils ne nous ont montré aucun papier. Ils nous ont juste
dit verbalement qu'ils cherchaient quelqu'un. »
Un
autre opposant, lui aussi sous le coup d’une interdiction de
territoire, dénonce la répression infligée aux anti-Cigéo :
« Ils ont la volonté de nous mettre la tête sous l’eau.
Ils ont porté un coup très important au mouvement. Et
l’invisibilité médiatique dans laquelle cela se produit nous
écrase encore plus. »
Sollicitée
par Mediapart, la préfecture de la Meuse nous répond n’avoir
« aucun élément d’information à donner » à
ce sujet.
Jade
Lindgaard - Médiapart
►Bure
Une
nouvelle perquisition a eu lieu à la maison de résistance ce matin.
Les gendarmes disaient chercher une personne qui n’aurait
prétendument pas respecté son interdiction de territoire.
Des
témoignages des personnes présentes à la maison ce matin devrait
arriver bientôt sur manif-est.info également. Cette perquisition
n’était qu’une énième tentative d’intimidation.
Source (propagande ?) de l’Andra : https://www.estrepublicain.fr/defense/2018/10/08/verification-d-identite-a-la-maison-de-la-resistance
Mardi
9 octobre
En Allemagne,
des dizaines de milliers de manifestants
pour protéger la forêt de Hambach
Ils étaient 50 000 selon les organisateurs – environ 30 000 selon la police allemande – à être venus manifester pour protéger la forêt de Hambach, près de Cologne, ce samedi 6 octobre. Mi-septembre, les autorités régionales avaient ordonné l’évacuation par la police de la Zad, faite de cabanes dans les arbres, qui était installée sur ce morceau de forêt depuis six ans. Le 18 septembre, un photographe est décédé suite à une chute pendant l’évacuation.
Le groupe énergétique RWE voulait commencer les travaux de défrichement du bois le 1er octobre, avec l’objectif d’agrandir rapidement sa mine de charbon à ciel ouvert, limitrophe du bois. Mais depuis début septembre, des manifestations ont lieu toutes les semaines contre ce projet de destruction de la forêt. Les manifestants réclament aussi une sortie pure et simple du charbon, au nom de la lutte contre le réchauffement climatique. Ces mobilisations n’avaient jamais réuni autant de monde que samedi.
Aujourd’hui, la Zad de la forêt de Hambach a été entièrement évacuée et détruite. Mais un tribunal administratif allemand a ordonné le 5 octobre l’arrêt des travaux de destruction du bois. Il faut d’abord que la justice ait le temps de se pencher sur une plainte déposée par l’association environnementale Bund (branche allemande des Amis de la terre). L’organisation a demandé à la justice que le bois de Hambach soit reconnu comme une zone naturelle à protéger. « Avec cette décision, les travaux de défrichage du bois sont repoussés d’au moins deux ans », a réagi le ministre de l’intérieur (conservateur) de l’État-région de Rhénanie-du-Nord-Westphalie, où se trouve la forêt de Hambach.
En conséquence, la police, qui occupait les lieux depuis-mi-septembre, s’est aussi retirée de Hambach. Il s’agit donc d’une double victoire pour le mouvement anti-charbon allemande. Cela, alors que la « commission charbon », mise en place au mois de juin par le gouvernement, étudie les scénarios de sortie de cette énergie ultra-polluante.
Rachel
Knaebel - Photos : CC
Campact via Flickr - Bastamag
►Manif à Guémené Penfao contre l’extension d’une porcherie industrielle. Parce que, partout, les gens en ont marre de voir le commun détruit au profit d’une minorité, nous relayons avec plaisir cet appel d’habitant.e.s de Guéméné a empêcher l’extension d’un élevage extrêmement polluant. On est avec vous !
Dimanche
14 octobre
►Gaz de shiste : Soutien aux militants anti fracturation hydraulique anglais emprisonnés
Quatre
militants environnementaux britanniques poursuivis pour avoir
participé en 2017 à la manifestation non violente qui a bloqué les
camions transportant les équipements de forage pour le site de
Preston New Road, près de Blackpool dans le Lancashire, viennent
d’être condamnés et trois emprisonnés.
Infos du 15 au 21 octobre
Mardi
16
octobre
Le Conseil constitutionnel
pourrait relancer
l’affaire Rémi Fraisse
La famille de Rémi Fraisse obtient la transmission au Conseil constitutionnel d’une question prioritaire de constitutionnalité qui peut remettre en cause l’existence des juridictions spécialisées en matière militaire, comme celle qui a traité la mort du jeune écologiste, victime d’une grenade.
En quatre ans, c’est la première victoire des avocats de la famille de Rémi Fraisse, ce jeune pacifiste tué à 21 ans par la grenade offensive d’un gendarme mobile, le 26 octobre 2014 à Sivens (Tarn), et elle a quelque chose d'amer. Ce 16 octobre, la chambre criminelle de la Cour de cassation a jugé sérieuse la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) qu'ils avaient déposée, et l'a transmise au Conseil constitutionnel, qui va devoir se prononcer sur le bien-fondé des juridictions spécialisées en matière militaire.
En janvier dernier, deux juges d'instruction de Toulouse ont enterré le dossier pénal, en délivrant une ordonnance de non-lieu conformément aux réquisitions du parquet. Mais les avocats de la famille avaient, auparavant, soulevé l'incompétence de la juridiction toulousaine, spécialisée en matière militaire, devant la chambre de l'instruction d'abord, la Cour de cassation ensuite.
Arié Alimi et Patrice Spinosi, les avocats de Jean-Pierre Fraisse, le père de Rémi, avaient notamment déposé une QPC soulevant une rupture des principes d'égalité devant la loi et devant la justice. Le Code de procédure pénale (article 697-1) donne compétence aux juridictions spécialisées pour les infractions commises par un militaire de la gendarmerie dans le service du maintien de l'ordre. Cela institue « une différence de traitement injustifiée entre les parties civiles », exposent les avocats, « selon que l'auteur des faits dont elles sont victimes est un militaire de la gendarmerie (...) ou un membre de la police nationale, à l'égard duquel s'appliquent les règles de compétence de droit commun ».
« Cette
rupture d’égalité n’est justifiée par aucune considération
sérieuse, exposait notamment la QPC rédigée par Me Spinosi
(dont Mediapart a pris connaissance). En effet, s’il a pu être
considéré, notamment par le Conseil constitutionnel, que la
spécificité du contexte militaire dans lequel intervenait la
commission d’une infraction pouvait justifier l’établissement
d’une procédure dérogatoire pour le traitement de cette
infraction, il apparaît que cette spécificité militaire ne
s’exprime aucunement dans le service du maintien de l’ordre. À
tous égards en effet, l’exercice des fonctions d’un militaire de
la gendarmerie dans le service du maintien de l’ordre ne s’exerce
aucunement dans des conditions particulières du fait de la qualité
de militaire, et il apparaît qu’un membre de la police nationale
qui intervient dans le service du maintien de l’ordre se trouve
dans une situation similaire en tout point, sans qu’il soit à son
égard prévu de dispositions dérogatoires. »
La chambre criminelle de la
Cour de cassation, dans son arrêt, juge la question sérieuse. Elle
note que depuis plusieurs années, « le législateur a entendu
mettre fin aux distinctions opérées entre les militaires de la
gendarmerie et les fonctionnaires relevant de la police nationale en
charge des opérations de maintien de l'ordre, tant quant à la
désignation de l'autorité sous le commandement de laquelle ces
missions sont remplies, que sur les hypothèses dans lesquelles les
membres de ces services peuvent faire usage de leurs armes, notamment
afin de mener à bien ces missions », sauf usage de moyens
militaires spécifiques.
Au
bout du compte, elle estime que l'existence d'une juridiction
spécialisée pour les militaires « est susceptible de
porter une atteinte disproportionnée aux principes d'égalité
devant la loi et devant la justice ».
C'est
maintenant au Conseil constitutionnel qu'il reviendra de trancher, et
de dire si cette différence de traitement entre les justiciables est
conforme à la Constitution. Dans le cas contraire, il faudra au
minimum procéder à une modification du Code de procédure pénale,
et supprimer les juridictions spécialisées en matière militaire,
estime Me Alimi, sollicité par Mediapart. Même si
les décisions du Conseil constitutionnel ne sont pas rétroactives,
l'avocat espère qu'une censure pourrait contribuer à faire annuler
la procédure de Toulouse – la chambre de l'instruction est
toujours saisie d'une demande d'annulation du non-lieu prononcé –
et aboutir à la désignation d'autres juges d'instruction pour
reprendre le dossier.
Michel
Deléan - Médiapart
Mercredi
17
octobre
Bure :
sans le prévenir,
le tribunal juge l’écrivain Gaspard d’Allens
Mardi 16 octobre, l’écrivain-journaliste et militant anti-Cigéo Gaspard d’Allens a été jugé à Bar-le-Duc. Il n’était pas présent et n’avait pas été prévenu de l’audience. Un procès sans contradictoire, alors que la répression policière et judiciaire s’accentue contre les opposants à la poubelle nucléaire.
Être jugé sans être présent, sans avocat et sans même en avoir été prévenu… L’affaire ne se passe pas dans un régime autoritaire d’Asie centrale, mais au tribunal de grande instance de Bar-le-Duc (Meuse). Gaspard d’Allens, journaliste et militant — coauteur du livre Bure, la bataille du nucléaire aux éditions Le Seuil-Reporterre et opposant au projet d’enfouissement de déchets nucléaires dit Cigéo, mais aussi co-auteur de Les néo-paysans — est passé en procès mardi 16 octobre. Sauf qu’il n’a pas été informé de cette audience, et n’a donc ni pu s’y rendre ni se faire défendre par un avocat. Le procureur, Olivier Glady, a requis trois mois de prison avec sursis pour entrave à travaux publics. Le jugement sera rendu le 13 novembre.
Les faits qui lui sont reprochés, ainsi qu’à une femme également jugée ce mardi malgré son absence, à elle aussi, remontent au 23 janvier 2017. Ce jour-là, des engins de travaux envoyés par l’Agence nationale des déchets radioactifs (Andra) pénètrent dans le bois Lejuc, alors occupé par des opposants à la poubelle nucléaire. Officiellement, afin de « remettre en état » les lieux, comme l’a exigé la justice en août 2016 lorsqu’elle a déclaré le défrichement du bois illégal. Mais les occupants craignent les prémices d’une expulsion et s’opposent à l’entrée des véhicules dans la forêt. Un petit groupe bloque ainsi le passage, dont deux personnes à visage découvert : Gaspard d’Allens et Cécile [*] C’est ce que la justice nomme « l’opposition par violence ou voie de fait » aux travaux publics. L’action a été en partie filmée par un journaliste de France 3 Lorraine, emmené par Gaspard, qui officiait à ce moment-là comme « relais média » : https://youtu.be/q5GYMd-Qz4c
« C’était un blocage symbolique sans violence, nos corps contre leurs machines, raconte Gaspard d’Allens, joint par Reporterre. À cette date, il y avait un grand flou juridique autour du bois : les occupants n’étaient pas expulsables, et la propriété du bois n’était pas claire. » Un mois plus tard en effet, le tribunal de Nancy invalidera la cession du bois Lejuc à l’Andra.
- Le 23 janvier 2017, dans le bois Lejuc.
- Un mois plus tard, le tribunal de Nancy invalidera la cession du bois Lejuc à l’Andra.
-
« C’est
une entrave à la parole, avec une volonté claire de m’intimider »,
estime Gaspard d’Allens, qui se présente comme un journaliste
militant. « Pendant
deux ans, j’ai voulu aider à rendre visible cette lutte qui se
passe loin des grands médias, dans l’indifférence presque totale,
et avec une répression brutale »,
précise-t-il. Il a notamment écrit un
livre-reportage sur la lutte contre les déchets nucléaires, aux
éditions Le Seuil-Reporterre.
Pour
la Coordination Stop Cigéo, qui réunit plusieurs associations
d’opposants, « cette violation évidente des droits de la
défense n’est qu’une goutte d’eau de la politique de karcher
répressif qui vise à "nettoyer" intégralement toute
forme de contestation à Bure ». Car ce procès n’est
qu’une énième procédure à l’encontre d’un activiste
anti-nucléaire. À la suite du saccage de l’hôtel-restaurant de
l’Andra en juin 2017, une instruction pour association de
malfaiteurs a été lancée, et sept personnes ont été mises en
examen. En parallèle, les procès se succèdent à un rythme
soutenu : ce mardi 16 octobre, dix autres opposants
anti-Cigéo étaient également jugés, la plupart pour outrage.
« Pour détruire ce mouvement de résistance vieux de 25
ans, il y a déjà eu plus d’une cinquantaine de procès,
écrivent les associations dans un communiqué. Des centaines de
mois de sursis distribués, près de 2 ans de prison ferme, 26
interdictions de territoire, 7 personnes interdites de se voir et
rentrer en relation, et ce pour des années, dans le cadre d’un
contrôle judiciaire dans une instruction pour "association de
malfaiteurs", des milliers d’euros d’amende, une vingtaine
de perquisitions réalisées en Meuse, à Paris, en Isère, une
trentaine de gardes à vue — dont celle, le 20 juin 2018, de
l’avocat Me Étienne Ambroselli —, un escadron de gendarmes
mobiles installé sur place depuis l’été 2017. Chaque jour, les
habitants de Bure et autour sont suivis, fichés, filmés, et
contrôlés, et parfois à plusieurs reprises en l’espace de
quelques heures. »
« Ce
procès grotesque marque une nouvelle étape dans la criminalisation
des opposants, analyse Gaspard d’Allens. Cette attaque
contre un journaliste militant intervient après de très nombreuses
autres poursuites... jusqu’où ira-t-on dans la dérive
autoritaire ? »
A Bure, la crainte d'une justice d'exception
Un militant anti-Cigéo, le journaliste activiste Gaspard d’Allens, a été jugé en son absence et sans pouvoir se défendre mardi 16 octobre. Ce nouveau procès ravive les inquiétudes d’une criminalisation du mouvement d'opposition au centre d’enfouissement de déchets nucléaires. Et interroge sur la disproportion des moyens humains et financiers consacrés aux enquêtes contre les militant·e·s de Bure.
Les jours se succèdent et ne se ressemblent pas à Bar-le-Duc (Meuse), siège du tribunal où sont jugé·e·s les militant·e·s de Bure, opposé·e·s au centre d’enfouissement de déchets nucléaires Cigéo. Mardi 16 octobre, ce ne sont pas moins de 13 dossiers en lien avec le mouvement militant qui devaient passer en audience, presque tous relatifs à des accusations d’outrages et rebellions contre les forces de l’ordre – sept ont été finalement renvoyés.
Parmi ceux-ci, un cas retient l’attention : un jeune homme a été jugé, pour entrave à un chantier, en son absence, sans avocat·e pour le défendre et sans donc que la règle du contradictoire soit respectée. Que s’est-il passé ? Le tribunal a convoqué Gaspard d’Allens, militant et journaliste, mais a envoyé le courrier à une adresse à Paris où il ne vit plus « depuis six ans », explique-t-il. Et pour cause : il a acheté une maison à Mandres-en-Barrois, tout près de Bure, où il s’est installé il y a deux ans. Il n’y séjourne pas actuellement et a découvert au dernier moment mardi 16 octobre qu’il devait être jugé le jour même pour s’être opposé au passage d’un engin de chantier, en janvier 2017, dans le bois Lejuc, forêt alors occupée par les anti-Cigéo pour empêcher son défrichage et le démarrage des chantiers.
La veille de l’audience, son avocat, Étienne Ambroselli, a été stupéfait d’apprendre de la bouche du procureur de la République, Olivier Glady, que son client devait être jugé le lendemain. Aucune convocation ne lui était parvenue. Une autre personne, poursuivie pour les mêmes faits, avait, elle, été informée à temps et a pu être défendue – elle ne s’est pas présentée à l’audience. Oralement, le magistrat accepte le principe d’un renvoi de l’audience à une autre date, selon l’avocat. Mais le lendemain, le tribunal refuse de reporter le jugement et traite donc le dossier, en l’absence du prévenu. Ignorant qu’il allait être jugé, celui-ci n’a pas mandaté d’avocat pour le défendre.
Pendant
l'audience, le procureur a dit que le prévenu était « radicalement
introuvable » selon une personne présente dans le public.
Présenté comme un « opposant historique » et
« habituel » par le ministère public, Gaspard
d’Allens voit requis à son encontre une peine de trois mois de
prison assortie de sursis simple et d’une amende de 3 000
euros. Le délibéré est fixé au 13 novembre.
C’est
un jugement par défaut : la peine est non exécutoire et un
rejugement est possible lors de la notification de la décision.
« C’est une entrave à la parole, proteste le jeune
homme. À Mandres-en-Barrois, où j’habite, le matin quand je me
lève, j’ai le bonheur de voir des gendarmes me filmer. Toutes mes
allées et venues sont surveillées. Ils éclairent parfois ma
chambre avec des lampes depuis l’extérieur pour voir ce qu’il
s’y passe. Je suis placé sur écoute depuis plus d’un an. Et ils
ne savent pas où j’habite ? »
Joint par Mediapart, Olivier Glady répond : « Je ne suis pas sûr que M. d’Allens soit l’objet d’une surveillance aussi aiguë. Nous l’avons convoqué à l’adresse dont nous disposions administrativement. Si j’avais su où se trouvait M. d’Allens je l’aurais convoqué à cet endroit. C’est dans l’intérêt de la justice de juger les gens en leur présence : cela leur permet de donner des explications et on ne s’expose pas à la contrainte du défaut correctionnel. »
Lorsque
le jugement sera rendu, le prévenu pourra faire opposition. Il
serait alors jugé par un tribunal correctionnel dont le verdict
remplacera le précédent jugement. Par ailleurs, le procureur de la
République affirme que les gendarmes ont à plusieurs reprises tenté
de joindre le prévenu par téléphone et qu’il n’a pas répondu
à leurs messages. Celui-ci dément avoir reçu des messages des
forces de l’ordre, mais a changé de numéro de téléphone. En
revanche, il assure avoir notifié l’administration de son
changement d’adresse. Bref, le cafouillage autour de sa
localisation n’est pas élucidé.
Le
23 janvier 2017, date des faits pour lesquels il est poursuivi,
il se trouve avec d’autres personnes dans le bois Lejuc, cette
forêt communale que souhaite acquérir l’Agence nationale des
déchets radioactifs, l’Andra, pour y conduire des études et
travaux préliminaires à l’ouverture du chantier du centre
d’enfouissements de rebuts nucléaires – prévus à partir
de 2019. Au moment des faits, les défrichements conduits par
l’Andra, et le mur de béton construit pour bloquer les
opposant·e·s l’été précédent, ont été arrêtés et
condamnés par la justice. Et l’agence est mise en demeure de
reboiser.
C’est
dans ce contexte que l’arrivée de tracteurs et d’engins de
chantier dans la forêt défendue par les anti-Cigéo crée de
l’émoi. L’Andra dit alors vouloir appliquer les décisions
judiciaires et remettre en état la forêt. Mais les opposant·e·s
craignent une manœuvre préparatoire à leur expulsion. Un groupe
d’une quinzaine de personnes se constitue en face des engins, comme
on le voit sur ce reportage tourné par France 3, ci-dessous.
On
y entend Gaspard d’Allens s’adresser au conducteur d’une
pelleteuse : « Dans trois jours, c’est l’audience.
Vous ne respectez pas la justice. Allez, sortez ! »
L’audience en question portait sur l’expulsabilité du
seul occupant déclaré à l’époque, Sven Lindstrom. Le bois
sera évacué par les gendarmes un an plus tard, en février 2018. Le
jeune homme est l’une des rares personnes dont le visage n’est
pas dissimulé par un foulard. C’est la raison pour laquelle les
gendarmes l’identifient, ainsi que l’autre personne, une jeune
femme, poursuivie elle aussi. Elle est photographiée et filmée
assise sur un engin. Un vigile tentera de l’en faire partir en
l’attrapant brusquement par la tête, la blessant au nez, selon la
plainte qu’elle a déposée ensuite au commissariat. Cette démarche
est restée sans suite.
« Les libertés fondamentales
et les droits de la défense
sont chaque jour piétinés »
Une
semaine plus tard, des engins de l’Andra reviennent et une
altercation se produit avec les occupant·e·s du bois. L’ingénieur
alors chargé des opérations foncières pour l’Andra est vu
sortant une bouteille d’essence et en déversant le contenu sur une
barricade où s’est accroché un militant. Mais le 23 janvier, jour
de l’entrave à travaux reproché à Gaspard d’Allens,
« l’ambiance est bon enfant, décrit une personne sur
place. Il n’y a pas de jet de pierres ».
Une barricade dans le bois Lejuc, en janvier 2017 (JL).
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Pour Étienne Ambroselli, avocat des militant·e·s anti-Cigéo, et lui-même perquisitionné en juin dernier : « On ne se contente plus de nous extraire du bois Lejuc, de nous extraire de la Maison de résistance [lieu de vie collectif à Bure – ndlr], on nous expulse de la salle d’audience elle-même. C’est une violation des droits de la défense. C’est caricatural. Je n’ai jamais vu ça. C’est une justice expéditive. » Une militante présente au tribunal mardi décrit un très grand nombre de gendarmes mobiles dans le couloir conduisant à la salle d’audience. Au fil de la journée, des soutiens aux prévenu·e·s sont expulsé·e·s de la salle, et menacé·e·s de garde à vue.
« Nous dénonçons fermement la mise en place depuis deux ans en Meuse d'un système mafieux qui ne dit pas son nom, où les libertés fondamentales et les droits de la défense sont chaque jour piétinés, dénoncent plusieurs associations et collectifs locaux dans un communiqué. Au nom de l’avancée forcée d’un projet nucléaire démentiel qui ne présente aucune garantie de sécurité et de faisabilité. Au nom de la destruction d'un mouvement de lutte pluriel pour commencer les travaux imminents de Cigéo. Au nom de la mise en place d’un laboratoire répressif servant d'expérimentation pour mieux neutraliser de futures luttes. »
Le
groupe parlementaire de la France insoumise a aussi diffusé un
communiqué : « Rendre la justice sans que la défense
puisse faire valoir ses droits, cela s’appelle de la justice
expéditive. Nous condamnons fermement cette décision »,
écrivent-ils.
De
son côté, le procureur de la République dément s’acharner
contre les anti-Cigéo : « On pourrait parler
d’acharnement s’il n’y avait que des condamnations mais il y a
aussi des relaxes. Si vous prenez le nombre de perquisitions et de
gardes à vue, elles ne sont pas plus importantes que dans les
dossiers de trafic de stupéfiants ou de violence. » Oui
mais, c’est précisément ce que dénoncent les militant·e·s :
être traité·e·s comme des criminel·le·s. « Leur
militantisme prétendument non délinquant, le tribunal de Bar-le-Duc
n’a pas partagé ce point de vue, répond Olivier Glady, ni
la cour d’appel et le procureur général qui ont confirmé les
peines qui ont été prononcées. Donc à moins de sombrer dans le
complotisme et de dire que je contrôle tout, ça ne tient pas. »
Quant à la présence d’un
grand nombre de gendarmes lors des audiences, il l’assume :
« Ce dispositif a été mis en place à mon instigation à
la suite de dégradations commises dans le tribunal le 19 mars 2018 :
inscriptions sur les murs, tags, messages sur la porte des toilettes,
tableaux jetés au sol place des pas perdus, une statuette de
Marianne renversée et brisée au sol. Tant qu’il y aura des procès
Bure, il y aura ce dispositif policier. »
Ce
jugement sans défense, sans doute banal d’un point de vue
strictement judiciaire, prend une ampleur particulière à Bure.
Doit-on juger des militant·e·s invoquant la désobéissance civile
de la même manière que des délinquant·e·s de droit commun ?
N’est-ce pas une manière de criminaliser le militantisme ?
La
recrudescence de perquisitions et de placements sous contrôle
judiciaire concernant les opposant·e·s à Cigéo, la militarisation
du territoire, font apparaître une autre problématique : la
disproportion des moyens humains et financiers consacrés aux
enquêtes contre les militant·e·s de Bure. Un an et demi
d’enquêtes, d’auditions, de placements en garde à vue, de
perquisitions, d’analyse de vidéos et de photos pour retrouver et
punir les responsables supposés d’une entrave à un engin de
chantier : cela fait beaucoup d’énergie déployée pour un
enjeu bien maigre, si ce n’est anecdotique.
Jade
Lindgaard - Médiapart
Un journaliste engagé, collaborateur de Basta !,
jugé à son insu :
« À Bure, le nucléaire entrave la parole »
Un
collaborateur de Basta !,
Gaspard d’Allens, co-auteur de l’ouvrage Bure,
la bataille du nucléaire,
paru au Seuil l’an dernier, a été jugé mardi 16 octobre, pour
« entrave à travaux publics », sans même avoir été
mis au courant de sa mise en examen. Les faits qui lui sont reprochés
remontent à janvier 2017. D’autres opposants au projet
d’enfouissement de déchets radioactifs de Bure sont sous le coup
d’une mise en examen pour association de malfaiteurs. En juin,
l’avocat du mouvement avait été perquisitionné et placé en
garde à vue. « À
Bure, le nucléaire entrave la parole »,
dénonce Gaspard d’Allens dans cette tribune.
Article déjà posté sur ce blog ici :
Gaspard d’Allens sur Bastamag
Le projet d’A45 est définitivement abandonné
Le
projet de l’autoroute A45 entre Lyon et Saint-Etienne, et plus
précisément entre La Fouillouse et Brignais, est définitivement
abandonné. « L’Etat
privilégie les alternatives routières et ferroviaires à l’A45 »,
a indiqué la ministre Élisabeth Borne au journal Le
Progrès,
ce mercredi 17 octobre.
L’information
avait fuité plus tôt dans la journée par la députée LREM de la
Loire, Valéria Faure-Muntian, suite à une réunion entre la
ministre et les parlementaires de la majorité de la région
Auvergne-Rhône-Alpes.
« Si
ce projet était simple et consensuel, l’autoroute A45 serait
réalisée depuis longtemps, a dit la ministre. On ne peut pas
ignorer le prélèvement de terres agricoles, l’impact
environnemental, l’absence du grand contournement de Lyon sur
lequel l’A45 doit déboucher. »
Élisabeth
Borne a aussi confirmé que les 400 millions d’euros que l’État
devait investir sur l’A45 seront consacrés à d’importantes
restructurations de l’A47, et à la liaison ferroviaire entre
Saint-Étienne et Lyon. « Le conseil d’orientation des
infrastructures a recommandé de travailler plutôt sur des solutions
alternatives routières et ferroviaires à l’A45. C’est aussi la
position du gouvernement ».
Pour
la coordination des opposants à l’A45, « l’abandon du
projet est une très grande victoire, fruit d’une mobilisation
citoyenne exemplaire qui a eu raison d’une autoroute inutile et
destructrice ».
Dans
un communiqué, la coordination des opposants demande un « plan
B ambitieux » : « Il ne s’agit pas de se
limiter à un simple rafistolage de l’existant, A47 et TER compris
(...) Aux mesures d’urgence, peut-être nécessaires, doit être
ajouté un plan B digne de ce nom qui permette de réduire le besoin
de mobilités, relocaliser les activités soutenables et vivre mieux
sur le territoire ».
Source
:
Le
Progrès
sur
Reporterre
(A suivre la chronique du vendredi 19 octobre au lundi 29 octobre 2018)
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