Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

mardi 31 octobre 2023

Film 10 nov au Castillet Perpignan - ''Du béton dans nos courgettes ''

 


    Le Collectif Alternatives aux Pesticides 66 
 
vous informe de la projection dans le cadre 
du Festival Alimenterre de la Projection du Film :

'' Du béton dans nos courgettes '' 
           
     AU cinéma CASTILLET - PERPIGNAN
                                                     

                     Vendredi 10 novembre - 19H00


lundi 30 octobre 2023

Que reproche t-on vraiment à cet ours qui a croisé un humain au bout d’un chemin ?


Que reproche t-on vraiment 

à cet ours 

qui a croisé un humain 

au bout d’un chemin ?

 


 

Voilà donc la vidéo qui a défrayé la chronique ces derniers jours. 

Un ours, manifestement jeune, traîne tranquillement (trop !) au bord d’une route qui est en fait un chemin goudronné qui mène en cul de sac à quelques résidences secondaires.
Voilà donc ce qui a justifié de nombreux articles relatant l’insécurité croissante liée à la prolifération des ours (sic !) dans les Pyrénées.

Mais que lui reproche t-on vraiment ?


Probablement de ne pas être terrorisé à l’apparition d’un humain. Car tout animal sauvage est censé l’être et déguerpir sans délai. C’est ainsi, il est inscrit dans notre héritage culturel que l’humain (l’homme surtout) est le maître sur terre et que tout non-humain doit lui céder le passage sans demander son reste. La seule familiarité tolérée est celle des animaux domestiques, utiles et soumis.


Combien de fois entend-on « Il n’est pas normal cet animal, il ne s’est pas enfuit quand il m’a vu … ! »


La quasi totalité des espèces a intégré la fuite comme un réflexe de survie à l’approche d’un humain. Il faut dire que celles qui sont encore présentes sont essentiellement des proies face au grand prédateur que nous sommes.

Oui mais voilà : l’ours brun n’a pas de prédateur. Il ne se considère ni ne se comporte donc comme une proie vis à vis de nous. Certes, un ours apprend de sa mère ou comprend vite par lui-même qu’il vaut mieux éviter les humains, mais il peut aussi rester indifférent (13% des cas), jauger la situation et reprendre ses activités (5%), voire même s’approcher un peu avant de s’éloigner (1%). Enfin, situation que beaucoup redoutent mais très rare, il est arrivé quatre fois qu’une ourse fasse une charge d’intimidation pour défendre ses oursons, sans attaquer, et une fois une ourse a blessé un homme, un chasseur au milieu d’une battue. (statistiques de l’OFB réalisées à partir de 255 témoignages de rencontres Homme – ours dans les Pyrénées recueillis entre 1993 et 2020). La dernière attaque délibérée d’un ours sur un homme dans les Pyrénées remonte à 1850.

Le risque lié à l’ours n’est donc pas nul, mais il est au moins très limité si l’on considère les centaines d’interventions des secours en montagne chaque année, pour d’autres raisons qui ne focalisent pourtant pas l’attention et ne passionnent pas les médias …

Pour en revenir à l’ours sur cette vidéo (qui n’est malheureusement plus accessible), chacun pourra juger à quel point la personne qui l’a filmé a risqué sa vie …

Ensemble, sauvons l’ours dans les Pyrénées !


Source : https://paysdelours.com/fr/que-reproche-t-on-vraiment-a-cet-ours-qui-a-croise-un-humain-au-bout-dun-chemin/?utm_source=brevo&utm_campaign=Newsletter%20oct%202023&utm_medium=email

samedi 28 octobre 2023

La démission d'un Gendarme


La démission d'un Gendarme

 

Billet de blog 24 mars 2023  


                      © Louis Delbarre

Aujourd’hui, j’ai décidé de démissionner.

Je ne le fais pas parce que je n’aime plus mon métier, pas parce que je trouve qu’il est difficile, que selon certains on ne se fait plus respecter, qu’il n’y a pas de justice et autres inepties. Non, j’ai décidé d’arrêter car ce métier n’est pas aligné avec mes valeurs. Des valeurs d’entraide, de solidarité, de justice, d’écologie, d’égalité, toute simplement des valeurs Humaines ; Des valeurs profondément ancrées à Gauche.

Je me suis engagé avec l’idée de pouvoir améliorer un peu le monde à mon échelle : aider les victimes notamment de violences sexuelles et sexistes, aider la population en général, insuffler des idées humanistes d’entraide et de partage au sein de la Gendarmerie. La Gendarmerie est un corps militaire où la tradition veut que le collectif dépasse l’individu, on s’engage pour une cause, pour les autres. Et pourtant même ici l’individualisme est triomphant, l’esprit de corps n’existe plus. C’est chacun ses petites guéguerres, les égos qui se brisent entre eux mélangé à un racisme latent. Les collègues qui ne cachent pas leur xénophobie face à ceux qu’ils appellent avec ironie « les suédois », bel euphémisme pour parler de ceux qui n’auraient pas la bonne couleur de peau ; qui ne cachent pas non plus leur vote pour Marine Le Pen. Par contre, osez dire, même d’une petite voix, enfoui dans un coin de votre bureau, que vous ne pensez pas comme eux et vous serez mis au ban. On vous expliquera que vous n’êtes pas comme les autres et on hésitera pas à vous rappeler chaque jour que vous êtes différents. Pour eux, vous êtes l’utopiste ou pire, un clown. Il ne leur apparaît même pas vraisemblable que quelqu’un avec une opinion différente puisse s’être engager dans la tanière du loup.

Je pense toujours qu’il ne faut pas laisser ces métiers à des gens de droite ; mais la question me taraude de plus en plus de savoir si la Police, sous sa forme actuelle, est réellement utile et devrait exister.

Je ne me vois pas continuer dans ce métier qui défend un système profondément injuste où les inégalités battent leur plein. Les travailleurs galèrent à acheter de quoi manger et à payer leur facture chaque mois tandis que certains organisent des dîners à presque un SMIC par personne.

Tandis que certains sont obligés d’utiliser leur voiture thermique chaque jour afin d’aller bosser, faute d’avoir d’autres moyens de locomotion, d’autres utilisent des jets privés afin de faire un Paris-Milan aller/retour pour le simple plaisir de dormir chez soi.

Tandis que nous, policiers et gendarmes, participons à la criminalisation des classes populaires. Nous sommes le fameux « bras de la justice » face au vol à l’étalage pour se nourrir. Nous sommes aussi les gardiens de l’ordre « Républicain », sensés répondre face aux mouvements sociaux qui troubleraient la République par ces velléités démocratiques.

Face à l’urgence climatique et sociale, on ne peut pas rester de marbre face à nos concitoyens qui réclament un peu plus de justice, un peu plus de solidarité et d’Humanité.

Et d’autant plus à l’aune de la réforme des retraites, en plein bafouillement de la démocratie par un énième 49-3 et par un gouvernement à peine légitime, élu encore une fois à défaut d’autre choix démocratique, je ne me vois pas d’autres choix que de partir.

Quand je vois sur internet diffuser les vidéos de mes collègues, leurs agissements, leur violence non-nécessaire et non-proportionnée, bien loin de ce qu’on nous avait pris en école, je me demande ce qu’il reste de nos forces de l’ordre. Où sont les fameux Gardien de la paix, les Gendarmes calmes et bienveillants venus assurer la sécurité de leur concitoyen ? Je n’en vois aucun sur ces vidéos. Où sont tous ces gendarmes et policiers qui s’engagent, non pour protéger l’État et un pouvoir « démocratique », mais pour protéger le peuple ? On s’engage dans ce genre de métier avant tout pour les autres, alors où sont passées ces convictions quand ils frappent sur leurs frères et sœurs ?

Je suis en colère et profondément déçu de ce système, de ces injustices qui triomphent encore une fois de plus. Je ne veux plus être derrière lui, je veux être devant. J’ai envie de manifester cette colère, mon mécontentement. J’ai envie de rejoindre la lutte face à ce système profondément injuste. Passer de l’autre côté de la barricade, comme diraient certains.

Aujourd’hui, je démissionne.

 

Source : https://blogs.mediapart.fr/gendarmedemissionnaire/blog/240323/la-demission-dun-gendarme


Vous pouvez aussi écouter le témoignage de ce gendarme dans l'émission les Pieds sur Terre sur France Culture

https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/les-pieds-sur-terre/gendarme-8281224

vendredi 27 octobre 2023

Entretien avec le capitaine Paul Watson : « Ceux qui ne font pas d'enfant pour des raisons écolos sont justement ceux qui devraient en faire »

« Ceux qui ne font pas d'enfant 

pour des raisons écolos 

sont justement 

ceux qui devraient en faire »

 

Amèle Debey

22 octobre 2023

Le capitaine Paul Watson est l’impertinence incarnée depuis plus de cinquante ans d’un combat acharné pour protéger les océans et sauver l’être humain de lui-même. Rien que ça ! Récemment, son intransigeance lui a valu d’être (encore) renvoyé de l’organisation qu’il avait fondée. Le pirate-philosophe revient sur le conflit au sein de Sea Shepherd, les actions à entreprendre pour protéger l’écosystème marin et la raison pour laquelle ceux qui ne veulent pas d’enfant sont justement ceux qui devraient en faire. Interview.

 

       © DR

Amèle Debey, pour L’Impertinent : Vous vous êtes fait virer de l’organisation que vous avez fondée. Que s’est-il passé ?

Capitaine Paul Watson : En 2019, j'ai envoyé un bateau en Islande pour intervenir contre le massacre des baleines dans ce pays. Dès qu'il est arrivé, ils ont arrêté l’opération. Peter Hammarstedt a dit qu'ils allaient changer l’image de marque de Sea Shepherd, ce que j’ignorais. Ils voulaient modifier son cours et son orientation.

J'ai créé Sea Shepherd en 1977 avec une stratégie spécifique, que j'ai appelée la « non-violence agressive ». L’idée est d’intervenir de manière agressive sans blesser personne, et nous n'avons jamais blessé personne. C'est ce qui a permis à Sea Shepherd de devenir un mouvement international et d'acquérir une certaine notoriété. En 2019, Peter Hammarstedt, Alex Cornelissen et d'autres capitaines ont commencé à évoquer un « problème Watson », car je refuse de collaborer et de faire des compromis avec les gouvernements et les entreprises avec lesquels ils travaillent.

J'étais particulièrement contrarié, parce que Sea Shepherd Australie avait entamé un partenariat avec l’entreprise Austral Fisheries, Toothfish Company, une société de pêche néerlandaise Shiro, une société japonaise et la même société de pêche thaïlandaise propriétaire du baleinier pirate Sierra, que j'avais fait fermer en 1979. C'était donc une véritable gifle pour moi. Pourquoi ont-ils agi comme ça ? Parce que David Carter, le PDG d'Austral Fisheries, a pu user de son influence pour obtenir un statut de déductibilité fiscale en Australie et a également versé des contributions à Sea Shepherd. Pour autant que je puisse en juger, ils se sont vendus.

Lorsque j'ai posé des questions en tant que membre du conseil d'administration de Sea Shepherd Australie, on m'a dit que je devais démissionner, ce que j'ai fait parce que je ne pouvais pas soutenir leurs actions. En juin 2022, on m'a demandé d'accepter le changement de direction de Sea Shepherd USA, ce qui a fait de moi une figure de proue rémunérée, qui ne pouvait rien dire, ni participer à des discussions, ni donner d'interviews. « Taisez-vous et prenez l’argent ». C'est à peu près ce qu'il s'agissait de faire. J’ai refusé. J'ai donc démissionné de Sea Shepherd USA, mais j'étais sûr d'avoir le soutien de Sea Shepherd Global, dont j'étais directeur. J’avais tort.

Le 2 septembre 2022, j'ai reçu un courriel m'informant que j'étais démis de mes fonctions au sein du conseil d'administration de Sea Shepherd Global. Il n'y a pas eu de réunion, pas de discussion. Il n'y a pas eu de vote. Je n'ai plus entendu parler de ces personnes depuis. Lamya Essemlali, présidente de Sea Shepherd France, était la seule directrice de Global à me soutenir et ils ont refusé de répondre à ses questions sur la campagne africaine. Ils lui ont envoyé un mail pour la démettre de ses fonctions de directrice. Ainsi, mon licenciement et le sien étaient illégaux, parce qu'ils n'ont pas été effectués dans le cadre d'une procédure appropriée.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que j’ai créé Sea Shepherd pour que ce soit un mouvement d'entités indépendantes, pas une organisation. Que ce soit en Suisse, en Italie, en Espagne, en Nouvelle-Zélande ou en Australie, ils sont tous interdépendants. En 2013, nous avons créé Sea Shepherd Global pour organiser les opérations des navires avec le soutien de toutes ces différentes entités nationales. Mais chacune d'entre elles était libre de prendre ses propres décisions. La situation a changé et les quatre directeurs mondiaux qui ont pris le relais contrôlent désormais tout et ne sont pas très transparents avec les autres pays. Ceux qui se sont rebellés sont le Royaume-Uni, la France, le Brésil et la Hongrie.

En conséquence, Sea Shepherd Global poursuit Sea Shepherd France en justice, affirmant qu'elle n'a pas le droit d'utiliser le nom ou le logo de l'organisation. Sea Shepherd France étant le groupe le plus efficace qui ait jamais existé. Ils essaient donc de le faire disparaître. C'est une question de contrôle.

Pourquoi les autres organisations ont-elles accepté cela ?

L'Italie, par exemple, reçoit de l'argent de Sea Shepherd Global, alors que Sea Shepherd France, au contraire, a versé un total de 9 millions d'euros à Global.

Pour moi, il s'agit d'une trahison personnelle. J'ai mis Peter Hammarstedt, Alex Cornelissen et Jeff Hansen à leurs postes. Je les ai formés et encadrés. J'ai donc été très surpris qu'ils se retournent contre moi. Et pourquoi ? Parce que grâce au succès de Justiciers des mers, l'émission télévisée que nous avons diffusée sur Animal Planet et Discovery, Sea Shepherd est devenue assez importante et a donc gagné de l'argent. Et cet argent leur permettait d'avoir des emplois très agréables et confortables. Je crois que Jeff Hansen touche 14 000 dollars australiens par mois pour cela. Je ne sais pas quel est le salaire d'Alex et de Peter, mais ils sont tous payés.

Ne trouvez-vous pas normal d'être payé pour un travail ? Les gens doivent vivre et payer leurs factures. N'est-ce pas le meilleur moyen de garder l'équipe motivée ? Comment faites-vous pour vivre sans salaire ?

Le problème n'est pas d'être payé, c'est la sécurité et la peur de prendre des risques qui pourraient entraîner la perte de cette sécurité. Ils estiment que mes campagnes controversées risquent de leur faire perdre leur emploi et leur sécurité. La différence entre eux, moi et Lamya Essemlali (la présidente de Sea Shepherd France, ndlr), c'est que nous sommes prêts à prendre les risques nécessaires, même s'il en va de notre confort et de notre sécurité.

Ils ne poursuivent plus les objectifs de Sea Shepherd. Ne procède plus à des interventions agressives et non violentes. Peter Hammarstedt a mené une campagne dans l'océan Austral contre la pêche au krill et l'a appelée Antarctic Defense Project (projet de défense de l'Antarctique). Mais tout ce qu'ils ont fait, c'est prendre des photos. Ce n'est pas ce que nous faisons. Si nous allons là-bas, c'est pour mettre un terme à ces activités, comme avec la flotte baleinière japonaise.

Ils ne veulent plus faire quoi que ce soit de controversé ou de conflictuel. Ils veulent essentiellement développer l'organisation et engranger de plus en plus d'argent. C'est la raison pour laquelle leurs efforts se concentrent davantage sur la vente de marchandises et la collecte de fonds que sur les campagnes proprement dites. Je n'en connais pas d'autre que celle qui consiste à ramasser les ordures sur les plages.

S’ils détournent Sea Shepherd de sa mission première, les gens vont finir par s’en rendre compte et cesser les donations ?

Et c'est exactement ce qui se passe. C'est pourquoi ils perdent tant de soutien et nous en gagnons tant. J'ai créé la Fondation Captain Paul Watson (CPWF) que j'ai nommée ainsi parce qu'il sera difficile de supprimer une organisation qui porte mon nom. Mais notre action s'appelle en fait Neptune's Pirates. Ils s'en sont offusqués parce que j'avais créé ce nom lorsque je travaillais pour Sea Shepherd. Ils disent donc qu'il leur appartient désormais. Comme tout ce que j’ai créé entre 1977 et 2022. Les noms, les logos. Encore que la dernière chose à laquelle ils veulent être identifiés est le mot « pirate ». Par exemple, le drapeau Jolly Roger figure sur les marchandises qu’ils vendent, mais ils ne l’accrochent plus sur les navires parce que les pays avec lesquels ils travaillent s'y opposent.

                                                               Le Jolly Roger

 Depuis un an que j'ai créé la fondation, nous avons reçu environ cinq millions et demi de dollars de soutien de la part d'anciens partisans de Sea Shepherd et nous avons recruté un grand nombre de ces partisans qui nous soutiennent aujourd'hui. Beaucoup de vétérans ont rejoint l'équipage des navires. La plupart des membres de mon équipage sont donc d'anciens membres de celui de Sea Shepherd.

Sea Shepherd Suisse a suivi Global dans ce conflit ?

La directrice de Sea Shepherd Suisse, Nathalie Maspoli, est une bonne amie d'Alex Cornelissen. Je n'ai donc pas été vraiment surpris. Comme je n’ai pas été surpris par le fait que leur première réaction ait été de dire qu’ils étaient neutres dans cette affaire. C’est typique, n’est-ce pas ?

L'artiste Simone Eisenbeiss est en train de créer la branche de CPWF en Suisse. Elle a participé avec nous à la campagne de cet été et elle prend la direction de l'organisation de la fondation en Suisse. Donc ça marche bien.

Et tous les groupes musicaux qui ont soutenu Sea Shepherd me soutiennent désormais. Les Red Hot Chili Peppers, Nickelback, Boston, Aerosmith, Gojira. Quand je suis parti, ils sont venus avec moi.

Vous avez dénoncé publiquement cette situation ainsi que la guerre interne qui secoue Sea Shepherd. N’est-ce pas négatif pour l’image de l’organisation ?

Pour moi, c'est une question de stratégie. Je dois en parler pour informer tous les partisans de Sea Shepherd de ce qui se passe, parce qu'ils n'ont pas seulement pris mes bateaux, ils ont pris les listes de diffusion, la liste de soutien, tous les actifs, toutes les archives. Ils essaient d'effacer mon histoire de l'organisation. Ils ont supprimé 400 pages d'historique. On ne doit pas se référer à moi, comme si je n'avais jamais existé. Alors, comment puis-je atteindre ces personnes ? En dénonçant ce qu'ils font. C'est la seule chose que je puisse faire. C'est donc purement stratégique.

Je ne suis pas malveillant ou quoi que ce soit d'autre. J'essaie simplement d'informer le monde et les personnes qui nous ont soutenus de ce qui se passe : ils changent de cap. Ils changent le cours de l'activisme pour devenir non-activistes, mais avec la prétention de l'activisme. Ils s'inspirent de tout ce que nous avons fait au cours des 40 dernières années. Ils s'attribuent le mérite de choses auxquelles ils n'ont pas participé.

Lorsque j’ai interviewé Peter Hammarstedt, il disait continuer à utiliser le Jolly Roger lors de la dernière campagne de ramassage de filets de Sea Shepherd Allemagne. Il affirmait que rien n’avait changé dans leurs actions.

Ils peuvent faire flotter le Jolly Roger sur le bateau allemand dans la mer Baltique, mais ils ont refusé de l'afficher en Afrique et dans tout autre pays les gens critiquent son utilisation. C'est donc à l'époque j'ai initié les partenariats avec les gouvernements, en travaillant avec les îles Galapagos, l'Équateur et tous les autres, que nous nous sommes retrouvés dans cette situation.

« Les gouvernements disent à Sea Shepherd ce qu'elle doit faire »

La différence est que leurs actions sont sous conditions : vous n'avez pas le droit de critiquer le gouvernement, pas le droit de publier quoi que ce soit sans son approbation, vous ne pouvez pas arborer un drapeau que le gouvernement désapprouve, ni peindre vos navires autrement qu'en gris. En gros, les gouvernements disent à Sea Shepherd ce qu'elle doit faire, ce que nous n'avons jamais autorisé auparavant.

Nous avons toujours été pour leur offrir nos services, mais en les prévenant que s’ils faisaient quoi que ce soit de corrompu, nous le dénoncerons. Toute la différence est là.

Lorsqu'il s'agit de confisquer les filets et d'enlever les débris marins, ce n'est pas de l'action directe, c'est du ramassage d'ordures. Et nous le faisons tous. Sea Shepherd France le fait, Sea Shepherd UK, qui est maintenant la Fondation du capitaine Paul Watson, le fait, Sea Shepherd Australie le fait. Il ne s'agit que de nettoyer, mais ce n'est pas une action globale.

Vous accusez également Sea Shepherd Global de faire du greenwashing de la corruption des gouvernements. C’est une lourde accusation.

Mais c'est vrai. Nous avons tous ces pays africains corrompus : le Gabon, la Namibie ou le Liberia, dans lesquels Sea Shepherd vient offrir ses services pour aider à protéger les eaux contre les braconniers. Le problème est que ces pays reçoivent de l'argent du FMI spécifiquement pour protéger leurs eaux. Comme c'est Sea Shepherd qui s'en charge, ils empochent donc cet argent. Ils n'ont pas à le dépenser et en plus ils donnent l’impression d’agir contre ces crimes.

Mais nous n'obtenons aucune réponse sur ce qui se passe lorsque ces bateaux sont arrêtés. Sont-ils retenus ? Sont-ils saisis ? Nous n'en savons rien. Sea Shepherd ne divulguent pas ces informations et ne fait pas preuve de transparence.

« Le mouvement Sea Shepherd a été détruit »

Par exemple, ils travaillent avec la Namibie, qui organise la seconde plus importante chasse aux phoques du monde. Mais ils ne peuvent rien dire à ce sujet parce qu'ils sont redevables de leur position vis-à-vis de ce gouvernement. Beaucoup de ces pays, comme le Liberia ou la Tanzanie par exemple, votent avec les Japonais à la Commission baleinière internationale pour soutenir la chasse à la baleine. Sea Shepherd Global travaille donc avec des gouvernements qui soutiennent les opérations de chasse à la baleine, mais ils ne disent rien et ils ne peuvent rien dire parce que toute critique des gouvernements pour lesquels ils travaillent signifie qu'ils ne seront plus autorisés à faire ce qu'ils font dans ces eaux et ils ont besoin de ces actions pour faire croire à leurs partisans qu’ils agissent.

Ils protègent les pêcheries, les entreprises, les travailleurs. Ils ne protègent pas les poissons. Sea Shepherd Australie, par exemple, soutient désormais la pêche dite durable, alors que notre politique a toujours été de dire que la pêche durable n'existe pas et encore moins la pêche durable de la légine, qui est vendue sous le nom de bar du Chili parce que la plus grande partie est envoyée dans le monde entier par avion pour être vendue dans des restaurants coûteux à Paris, New York ou Londres.

Ils ont récemment détruit un bateau parce qu’il était vieux, plutôt que de l’emmener aux îles Féroé, pour qu'il soit saisi par le gouvernement féroïen afin d'intervenir contre la chasse au globicéphale. Cela aurait fait une énorme publicité. Mais non, ils s’en sont débarrassé. Il y a donc un manque d'imagination en matière de stratégies et de tactiques.

La scission a eu lieu il y a environ un an. en êtes-vous actuellement ?

Ils essaient de contrôler quelque chose qui n'aurait jamais l'être. Tous ces groupes ou entités devaient être indépendants. Il s’agissait d’un mouvement. Celui-ci a été détruit, il n’existe plus.

Quant à nous, je pense qu'en un an, nous avons parcouru un long chemin. Nous avons déjà quatre navires et nous allons continuer à faire ce que nous avons toujours fait. Nous affronterons l'Islande l'été prochain, puis les supercargos en novembre. A Mayotte, des gens protègent des tortues au large des côtes africaines. Nous nous opposons à l'exploitation minière des océans et à la surpêche. Mais ce qui a toujours été une priorité pour moi, depuis que j'ai commencé, c'est de mettre fin à la chasse à la baleine dans le monde entier. Et nous avons parcouru un long chemin dans ce domaine : la chasse à la baleine a pris fin en Australie, au Chili, en Espagne, en Corée du Sud et en Afrique du Sud. Nous devons maintenant nous attaquer à la Norvège, au Danemark, à l'Islande et au Japon.

Je pense que nous pouvons y parvenir et que nos efforts en ce sens ont été entravés par l’initiative de ces quatre hommes qui contrôlent désormais le monde Sea Shepherd, mais qui ne peuvent même pas financer leurs propres navires à l'heure actuelle. Au fur et à mesure que nous nous développons, ils s'affaiblissent parce que les gens ont rejoint Sea Shepherd pour une raison spécifique : nous nous sommes débarrassés de la bureaucratie et nous avons réussi à faire avancer les choses. Ils n'ont pas rejoint Sea Shepherd pour collaborer et faire des compromis avec les gouvernements et les entreprises.

Sea Shepherd Global est soutenu par Alliance Insurance Company, par la loterie néerlandaise, par diverses entreprises et par des gouvernements. Ce n'est pas ce que le mouvement était censé être. Aujourd'hui, la plupart des membres de l'équipage sont rémunérés et ils sont donc fidèles à leur salaire, pas à leurs convictions.

Sea Shepherd a atteint une énorme popularité, notamment aux Etats-Unis, grâce à la série-documentaire Justiciers des mers. Certains s’interrogent sur vos motivations personnelles d’avoir voulu devenir une star de télé.

Eh bien, ils ont tort. Ils se trompent complètement. Je me suis adressé à toutes les chaînes pour leur dire : « Écoutez, l’émission de télévision qui cartonne en ce moment narre les aventures d'une bande d'hommes qui vont dans une zone froide très éloignée pour attraper des crabes. Je vous en propose une autre il y a mieux à faire que d'attraper des crabes toutes les semaines. » Nous n'avons fait aucun compromis dans cette émission. C'était une véritable émission de téléréalité, car il n'y avait pas de scénario. Ils ne nous ont pas dit ce qu'il fallait faire. Et nous ne leur avons pas dit comment le monter. Nous n'avons pas reçu d'argent de leur part pour cela.

Vous n’avez pas touché d’argent grâce à la série ?

Non, aucun. Si ce n'est que nous avons obtenu beaucoup de publicité et que cela nous a permis d'augmenter notre base de soutien. Plusieurs milliers de personnes nous ont rejoints grâce à l'émission. Nous avons donc reçu de l'argent, mais aucun paiement direct de Discovery ou d'Animal Planet. Ils ne nous ont pas versé un seul centime. Nous avons fait cela uniquement pour faire passer le message dans tous les salons du monde. Et cela a fonctionné puisque nous avons mis fin à la chasse à la baleine japonaise dans l'océan Austral.

Depuis 2018, toute chasse à la baleine dans les eaux pélagiques ou les eaux internationales a cessé. Il n'y en a plus en dehors des eaux territoriales des quatre pays qui tuent encore ces mammifères. Il s'agit donc d'une victoire remarquable dans l'ensemble. Bien entendu, j'en paie le prix, car nous leur avons fait perdre plus de 100 millions de dollars et nous avons sauvé 6500 baleines. En conséquence, j'ai été placé sur la notice rouge d'Interpol pour conspiration d'intrusion.

Cette notice rouge est réservée aux tueurs en série, aux criminels de guerre et aux grands trafiquants de drogue. Je suis la seule personne dans l'histoire à y figurer pour conspiration d'intrusion. Tout ça parce que le Japon est un pays puissant. Une commission parlementaire européenne a d'ailleurs utilisé mon cas pour illustrer les abus d'Interpol motivés par des raisons politiques. Il s'agit donc d'une affaire en cours.

L’être humain est une créature souvent rattrapée par son égo. Ce ne serait pas votre cas ?

Je fais ce que je sais faire depuis l'âge de 11 ans. J'ai commencé par sauver des castors dans l'est du Canada, je vivais, et j'ai fait cela toute ma vie, depuis un demi-siècle. C'est ce que je fais depuis toujours. Je ne suis pas motivé par l'ego. Et certainement pas par l'argent. Mais j'ai un objectif principal : l'éradication de la chasse à la baleine dans le monde entier. C'est à cela que j'ai consacré ma vie. J'aurais très bien pu vivre confortablement, en recevant 300 000 dollars par an de Sea Shepherd juste pour me taire et ne rien faire. C’était hors de question.

Que représente la pêche illégale concrètement en terme de consommation mondiale ?

C’est 40% de la pêche totale. Mais j'ai été élevé dans un village de pêcheurs dans l'est du Canada. J'ai vu le déclin de l'industrie de la pêche et la diminution des populations de poissons. Nous avons besoin d'un moratoire d'au moins 75 ans sur la pêche commerciale, sinon nous allons les perdre. Les populations de poissons sont en train de disparaître sur le plan commercial. Et ce que nous faisons, c'est tout bonnement de l'adaptation à la diminution.

« Il y a de l'argent à gagner en faisant disparaître des espèces »

L'hoplostète orange était un très gros poisson commercial dans les années 1990, mais on n'en entend plus parler aujourd'hui parce que toute la population s'est effondrée. La population de cabillaud du Nord s'est effondrée en 1992 et ne s'est pas rétablie. Les pêcheries s'effondrent les unes après les autres. Aujourd'hui, nous pêchons des poissons qui, dans les années cinquante, soixante et soixante-dix, étaient considérés comme des poissons non commerciaux, tels que le colin et le turbot. Aujourd'hui, ces poissons atteignent des prix élevés sur les marchés aux poissons, alors qu'il y a 30 ans, personne n'aurait même songé à les acheter.

Dans le documentaire Watson, qui relate votre histoire, vous parlez du fait que la rareté crée forcément la valeur dans ce commerce aussi.

La rareté se traduit par le profit. C'est ce que j'appelle l'économie de l'extinction. Il y a de l'argent à gagner en faisant disparaître des espèces, car les bénéfices sont élevés. Ici à Paris, je me promène dans les marchés aux poissons et je suis surpris par les prix comparés à ce qu'ils étaient il y a 20, 30, 40 ans. Les gens sont toujours prêts à payer, mais d'autres s’étonnent de l’abondance. Il y a du poisson partout, y compris dans les restaurants, toute l’année. Si les poissons disparaissent, pourquoi y en a-t-il autant ? La réponse est que les poissons sont pêchés parce que nous investissons littéralement des centaines de millions de dollars dans des équipements de haute technologie, les grands supercargos. Nous avons besoin de toujours plus de technologie pour attraper les poissons de moins en moins nombreux. Et donc, vous savez, cette technologie est achetée avec des prêts bancaires, ce qui signifie qu'il faut pêcher encore plus de poissons pour rembourser les prêts bancaires. C'est que réside le véritable enjeu économique de l'extinction.

Par exemple, Mitsubishi dispose de 10 à 15 ans d'approvisionnement en thon rouge dans ses entrepôts au Japon. S'ils ne capturaient pas de thon rouge au cours des dix prochaines années, ils auraient toujours un produit à vendre à leurs clients. Mais ils savent que s'ils n'en pêchent pas et que la population recommence à augmenter, la valeur de leur poisson dans les entrepôts diminuera. Et si le thon rouge disparaît, il devient incroyablement cher. Mais ces gens s'en moquent parce qu'il s'agit d'un investissement à court terme pour un gain à court terme. Nous avons donc besoin d'un moratoire sur la pêche commerciale.

L’avidité humaine étant ce qu’elle est, comment peut-on lutter contre ce commerce ?

Je ne peux rien faire contre la cupidité humaine. Mais je ne m'inquiète pas pour l'avenir. J'ai appris une leçon très précieuse en 1973. J'étais infirmier pour l'American Indian Movement pendant l'occupation de Wounded Knee, et le gouvernement fédéral des États-Unis tirait sur le village tous les soirs. Ils ont tué deux personnes. Ils en ont blessé 46. Je suis allé voir Russell Means, le chef de l'American Indian Movement, et je lui ai dit : « Nous n'avons aucun espoir de gagner. Les chances contre nous sont écrasantes. Que faisons-nous donc ici ? » Il m'a répondu : « Nous ne nous préoccupons pas de gagner ou de perdre. Nous ne nous préoccupons pas des probabilités qui pèsent sur nous. Nous sommes ici parce que c'est la bonne chose à faire, le bon moment pour le faire, la bonne et juste façon de le faire. »

C'est une leçon qui est restée gravée dans ma mémoire. Je sais donc quel est notre pouvoir. Il est dans le présent, pas dans l'avenir. Je ne m'inquiète donc pas de l'avenir. Je ne suis pas déprimé par lui. Je dois consacrer toute mon énergie à l'activisme dans le présent, et c'est ce qui définira l'avenir. Ce qu’il sera ne dépend pas de moi, contrairement au présent, qui est en grande partie entre nos mains. Voilà ce qui me motive.

« Nous sommes intimement liés à toutes les autres espèces »

Je sais que si nous ne mettons pas un terme à la pêche commerciale, nous assisterons à l'extinction d'un grand nombre d'espèces, qui disparaîtront à jamais. Et le plus grand problème de tous, la plus grande menace qui pèse sur notre survie sur cette planète est quelque chose dont la plupart des gens ne se préoccupent même pas ou ne sont pas conscients : la diminution du phytoplancton dans la mer, qui a baissé de 40% depuis 1950. Le phytoplancton fournit 70% de l'oxygène de l'air que nous respirons et séquestre d'énormes quantités de CO₂. Si le phytoplancton disparaît de la mer, nous mourrons. La plupart des formes de vie sur cette planète meurent.

Notre existence est donc intimement liée à la survie du phytoplancton. Et pourquoi le phytoplancton diminue-t-il ? Parce que nous diminuons le nombre de baleines, de dauphins, et de phoques. Or, ce sont eux qui fournissent les nutriments. Ils fertilisent le phytoplancton, principalement grâce à l'azote, le fer et le magnésium qui proviennent de leurs excréments. Une seule baleine bleue déverse trois tonnes d’excréments par jour dans l'océan. Lorsque l'on diminue ces espèces, on diminue le phytoplancton, ce qui a pour effet de diminuer tout le reste. Il est donc absolument essentiel de reconstituer le nombre de poissons et de baleines dans la mer afin de rétablir le cycle naturel de fourniture de nutriments au plancton qui nous est vital.

Le vrai problème est anthropocentrique : nous pensons que nous sommes meilleurs que tous les autres, que nous dominons tout, alors qu'en fait nous sommes intimement liés à toutes les autres espèces et les lois de l'écologie sont la diversité, l'interdépendance et les ressources finies.

Vous dites aussi que l’un des problèmes sur Terre est la surpopulation, pourtant vous avez trois enfants…

Oui, c'est vrai. Parce que la solution ne serait pas de ne pas avoir d'enfants. 90% des enfants qui viennent au monde ne sont ni éduqués, ni nourris, ni aimés. Voilà le problème. Ce n'est pas noir ou blanc : avoir des enfants ou ne pas en avoir. Si une personne a six enfants et qu'elle leur donne une éducation, de l'amour, des soins et de l'attention, c'est mieux que si elle n'a qu'un ou deux enfants qui ne reçoivent pas tout cela, parce qu'ils grandissent et deviennent des adultes à problèmes. Nous avons besoin de personnes qui ont été élevées avec amour et éducation afin qu'elles puissent faire partie de la solution.

Je pense que les gens qui décident de ne pas avoir d'enfants pour des raisons écologiques ou de défense de l'environnement sont justement ceux qui devraient en faire.

Parlez-nous un peu de ce qu’il s’est passé avec Greenpeace. Vous faites partie de ceux qui l’ont fondée, pour finir par vous en faire virer aussi. Est-ce que l’histoire se répète ?

C'est un peu différent : j'ai été licencié de Greenpeace au cours d'une assemblée générale, avec un vote en bonne et due forme au cours duquel j’ai eu l'opportunité de me défendre. Sea Shepherd Global m’a évincé avec un mail de trois lignes pour ne plus jamais me répondre après cela.

Tout d'abord, j'ai été membre de l'équipage de la campagne Chica en 1971. Puis, en 72, nous avons changé le nom du comité Don't Make a Wave en Fondation Greenpeace. Malheureusement, Greenpeace a été créée par des membres du Sierra Club et des Quakers. Je n'étais pas d'accord avec leur philosophie qui consiste à témoigner, c'est-à-dire à ne pas intervenir physiquement. En 1977, j'étais chef de campagne pour SEAL au large du Labrador et de Terre-Neuve, et un marin était sur le point de tuer un bébé phoque avec un gourdin. J'ai couru vers lui, saisi la massue, je l'ai arrachée de sa main et je l'ai jetée dans l'océan. J'ai ramassé le bébé phoque et je l'ai mis en sécurité. Greenpeace a dit que j'avais volé et détruit la propriété de cet homme. J’ai répondu que si c'était à refaire, je le referais. Mon travail consistait à sauver les phoques, pas à me préoccuper de la propriété d’un type.

« La réponse à un problème impossible est de trouver la solution impossible »

Mais la vraie raison, encore plus bizarre, c'est qu'en tant que leader de la campagne 77, Bob Pat Moore était de la partie. Il était vice-président de Greenpeace à l'époque, et c'est dans le cadre de cette campagne que nous avons emmené Brigitte Bardot sur la banquise pour qu'elle se fasse photographier avec les bébés phoques. Cette campagne nous a permis de faire la couverture des magazines du monde entier. Bob Pat Moore m'a dit qu'il allait monter dans l'hélicoptère pour aller sur la banquise avec elle. J'ai refusé. Il n’était ni photographe, ni vidéaste. Il n’y avait donc aucune raison qu’il accompagne l’actrice. Et il m'a répondu : « Eh bien, laissez-moi vous présenter les choses de la manière suivante : quand je serai président de Greenpeace, vous serez viré. » Et j'ai répondu : « Eh bien, laissez-moi vous dire que vous ne monterez pas dans cet hélicoptère ». Il est devenu président en mai 1977, et j’ai été démis de mes fonctions le mois suivant. J'ai donc créé ma propre organisation, la Sea Shepherd Conservation Society, avec la philosophie de la non-violence agressive.

Ce qui est intéressant, c'est qu'à l'exception de Pat Moore, presque tous ces directeurs ont rejoint Sea Shepherd.

Parviendra-t-on un jour à sauver les océans ?

Cela dépend de ce que nous faisons en ce moment. Ça a l’air plutôt mal parti. Mais j'ai toujours dit que la réponse à un problème impossible est de trouver la solution impossible. Et je pense que l'on peut y parvenir en faisant preuve de courage, d'imagination, de passion et de détermination. Et c'est ce qui change le monde. En 1972, l'idée même que Nelson Mandela devienne président de l'Afrique du Sud était impensable. C'était impossible, et pourtant l'impossible est devenu possible. C'est ainsi que j'aborde ces problèmes. Essayons de trouver la solution impossible.

Ma priorité pour cette année est de mettre fin à la chasse à la baleine en Islande, et je suis convaincu que nous pouvons y parvenir. Nous allons y retourner en juin, cette fois avec quatre navires pour bloquer complètement les opérations. Et nous le ferons de la manière classique, c'est-à-dire en intervenant directement et de manière agressive contre leurs activités. Serons-nous arrêtés ? Oui, c'est tout à fait possible, mais le jeu en vaut la chandelle.

 

Source : https://www.limpertinentmedia.com/post/ceux-qui-ne-font-pas-d-enfant-pour-des-raisons-ecolos-sont-justement-ceux-qui-devraient-en-faire?fbclid=IwAR1ndlNmGD2pHGma4h-qk9OdJCMVpd3qMjTEYNLv71uMG12CJKXsfMLdhaA