Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

vendredi 28 mars 2014

Le Contrat Zéro Heure : une Invention du Patronat Anglais

On a reçu ça :

Ci-joint un petit article sur une invention du patronat anglais : le contrat zéro heure. Juste après, c'est l'esclavage.

Gaffe.

Jean M

jeudi 27 mars 2014

NDDL : Accord EELV-PS National et Local : La Vie Va Pouvoir Continuer Sur la ZAD

Communiqué de presse de l’ACIPA – jeudi 27 mars 2014


Accord EELV-PS national et local (Nantes, Rennes, Bouguenais): l’accord de la grève de la faim de 2012 renforcé !

On se souvient de l’accord politique qui avait été arraché au PS, au terme d’une courageuse grève de la faim menée par plusieurs militants et surtout par Michel Tarin pendant 28 jours, lors de l’élection présidentielle de 2012. Cet accord protégeait de l’expulsion les habitants et exploitants ayant un titre de location précaire au moment de la Déclaration d’Utilité Publique de 2008 autorisant ainsi que la vie continue sur la zone réservée. Il a déjà porté ses fruits et fonctionne toujours puisqu’un pourvoi en cassation, lui-même conditionné par d’autres procédures, est toujours bloquant.

Aujourd’hui, l’accord politique conclu entre EELV et le PS pour le second tour des élections municipales renforce de fait celui de 2012 puisque tous les recours juridiques déposés actuellement – notamment ceux concernant la loi sur l’Eau et les espèces protégées déposés ces dernières semaines – sont pris en compte et deviennent donc suspensifs. La vie va pouvoir encore continuer sereinement sur la zone pendant plusieurs mois supplémentaires.

L’ACIPA prend acte de ce nouvel accord.  Dans cette lutte de longue haleine, toute avancée significative est bonne à prendre. Elle rappelle que le volet politique constitue l’un des 3 piliers de la lutte contre le projet de Notre Dame des Landes et que, associé aux procédures juridiques en cours et à l’énorme mobilisation citoyenne toujours croissante, il joue son rôle pour l’abandon définitif du projet.

L’ACIPA reste vigilante sur la zone. Elle continue son action d’information et de propositions et appuie la demande du collectif d’élu-e-s, d’expertises indépendantes sur les PEB prévisionnels et l’aménagement de Nantes Atlantique.

mercredi 26 mars 2014

Compte-Rendu du Repaire du Conflent de Mars 2014

Nous étions neuf ce jeudi 20 mars, premier jour du printemps

Les sujets à aborder 

* Coopératives Intégrales en Espagne/Forum des Possibles
* Témoignage d'un participant à la manif du 22 février à Nantes contre l'aéroport de Notre-Dame Des Landes
* Elections municipales dans le Conflent
* Anniversaire des 3 ans du Repaire
* Expo Walter Benjamin à Perpignan
* Repaire de juin consacré à l'énergie/Adhésion 

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* Visite en Catalogne sud pour rencontrer des membres d'une Coopérative Intégrale

Ronan nous parle de sa rencontre avec deux membres des Coopératives Intégrales au Tao Center. Les membres du Tao Center ne font pas partie des Coopératives Intégrales mais s'y associent ponctuellement en les accueillant à St Joan près de Gérone. Il s'agissait de les contacter en vue de leur intervention au "Forum des Possibles" à Fillols les 24 et 25 mai. 
Un noyau décisif à Fillols est très motivé par l'accueil du Forum des Possibles.
Une dizaine d'ateliers est prévue.
Il y aura un invité principal : Michel Rosell, libertaire, architecte et inspirateur pour ce Forum des Possibles.
Il est question d'inviter les Catalans du sud pour qu'ils nous racontent ce qu'ils font dans le cadre d'une Coopérative Intégrale née suite à la crise en Espagne. 
C'est quoi une Coopérative Intégrale ?
Il s'agit de se passer de l'état au maximum et de créer une économie parallèle au monde marchand. Ce sont comme des SELS mais en plus activistes et en tentant de construire une perspective globale.
Ils ont créé des monnaies locales et un journal distribué à 500 000 exemplaires.
Ronan nous en a ramené quelques uns, le titre : "Rebel.leu-vos !"

La Une du journal "Rebel.leu-vos !"


C'est le mécène Enric Duran connu pour avoir soutiré 500 000 euros aux banques en faisant des prêts bancaires qui sponsorise ces expériences nouvelles.
Il y a une vingtaine de Coopératives Intégrales dans toute l'Espagne.
Le mouvement touche environ 1500 personnes et 88 personnes y travaillent directement (pour 300€/mois) en tentant de dépasser les clivages idéologiques par le critère fondamental des pratiques concrètes. 
Pourquoi dit-on 'Intégrale' ?
L'idée est que l'être humain doit opérer un changement en se confrontant au monde extérieur.
C'est un mouvement qui tente de créer une forme d'économie qui sorte de l'économie. traditionnelle et dépasse l'échange marchand.
C'est un regroupement qui donne un cadre légal aux différentes activités et permet de sortir de la société marchande.
Tout est parti du mouvement des désobéissants.
L'idée est de rechercher le vide légal. 
C'est un mouvement non sectaire, inclusif, qui utilise l'état si c'est nécessaire.

Actuellement ils sont en train de travailler sur la Caravane Ecologique > il s'agit d'un gros camion fonctionnant à l'huile de friture. Il y a une scène, un dortoir et un bac à spiruline. Nous pourrons la voir si elle est prête et si elle peut grimper jusqu'à Fillols.

Image de "Un autre monde est possible" - DVD de Michel Rozelle

Ils ont créé une WebTV un peu comme le WikiJoch de Bruno à l'échelle de la Catalogne, pour dénoncer tout ce qui ne va pas. Ils font du "judo social".
Il s'agit d'atteindre une masse critique à travers des expériences pratiques. (On s'est dit que c'était un sacré slogan !)

Le prochain rendez-vous préparatoire pour Le Forum des Possibles aura lieu à la salle des fêtes de Fillols le samedi 29 mars à 15h30.
Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues.

Pause

Témoignage d'un participant à la manif du 22 février à Nantes pour dire non à l'aéroport de Notre-Dame Des Landes.

On sait qu'il y a eu deux jeunes qui ont perdu un œil suite à des tirs de flash-ball.
La FSU (principale fédération de syndicats enseignants (SNES, SNUipp, SNUEP, SNEP, etc et l'un des premiers représentants des fonctionnaires en France) dénonce l'utilisation de ces armes dangereuses et "demande que toute la lumière soit faite sur ces violences. Le droit à manifestation doit être préservé en garantissant la sécurité de chaque manifestant "

Comme on l'avait bien compris, la manif était tolérée jusqu'à 17h30 sauf que les forces de l'ordre (ou du désordre ? c'est à se demander...) ont bloqué le Cours des 50 Otages très tôt coupant la manif en deux. A 15h15 au milieu d'une foule avec des enfants, une remorque-char, les premiers gaz lacrymogènes se sont fait sentir. La police a littéralement attaqué.
Des jeunes sont arrivés par groupe de quatre ou cinq, des clowns, des gens, des individus. Une foreuse Vinci a été incendiée, le local du même groupe dévasté mais curieusement il n'y avait qu'une table et une chaise. Pas de matériel informatique coûteux. Il y avait des quartiers fermés. Ce qui était étonnant c'est que les gens continuaient à faire leurs courses comme si de rien n'était, malgré les grenades assourdissantes et les bombes lacrymogènes. 
A côté de la place Royale, les flics ne bougeaient pas. Il y avait des palettes qui brûlaient. Le feu y avait été mis par trois, quatre types ; précision essentielle : les individus cagoulés brûlant les palettes étaient DERRIERE les flics, donc en zone interdite aux manifestants. (Une bonne blague, c'est comme celui, sur une vidéo, qu'on voit cagoulé et habillé tout de noir disant (dans un micro ?) :"affirmatif, affirmatif")
Ils semblaient juste être là pour mettre un peu d'animation, faire "bon effet" pour les télés. 
Les batucadas et les fanfares ont continué à jouer sous les lacrymos.
La conclusion c'est qu'il s'agissait juste de criminaliser le mouvement.
A ce propos voir l'article d'Hervé Kempf :

* Municipales
Tout au début du Repaire nous en avions parlé rapidement : à Casteil : deux listes, Sahorre (Thorrent) : une seule liste, Vernet : trois listes, Villefranche : deux listes. 
Joch : une seule liste (appelée 'la continuité dans la sérénité' !). C'est le troisième mandat pour le maire de Joch et il n'a carrément pas de projet.
(Dans ces cinq villages les maires en fonction se représentent. La limitation du nombre des mandats dans le temps n'est pas à l'ordre du jour à considérer le cas de Cassoly à Los Masos, élu depuis mars 1983 qui postule pour un sixième mandat !)
La bonne nouvelle vient de Conat qui avait défrayé la chronique avec une pétition, la maire ayant fermé sans consultation et arbitrairement un chemin passager et très utile. Cette fois elle n'a pas trouvé assez de gens pour faire une équipe. C'est Pascal Espeut, le mari de Geneviève, qui conduit la liste unique.
Certains d'entre nous n'iront pas voter, les jeux étant déjà faits, d'autres iront mettre un bulletin nul ou blanc ne trouvant pas de liste à leur choix mais voulant quand même être compté dans les votants et les derniers iront voter sans illusion.

* Anniversaire des trois ans du Repaire

Nous ne l'avons pas fêté en décembre. Il est proposé de le faire à Casteil dans le jardin d'Hélène et Olivier un jour de beau temps. Soit un samedi soit le jeudi 1er mai. On en reparle au prochain Repère d'avril.

* Expo Walter Benjamin


Hélène super enthousiaste, nous conseille d'aller voir l'expo sur Walter Benjamin à Perpignan, Place Arago, dans l'ancienne école des Beaux-Arts transformée en Centre d'Art Contemporain  Walter Benjamin, en face du café La Source jusqu'au 18 mai.
C'est un des grands philosophes humanistes du XXème siècle, proche de Kafka, d'Adorno, de Bertold Brecht (future école de Frankfort). 
Il a pris position très tôt contre le fascisme d'Hitler, émigre à Paris en 1933 et essaie de quitter l'Europe pour les Etats-Unis en 1940, en passant par l'Espagne ; arrêté à la frontière il choisit d'absorber une forte dose de morphine. A Port Bou, il y a un monument (magnifique) de Dani Karavan en hommage à Walter Benjamin : "Passage".
Quelqu'un dit que ce pourrait être l'objet d'une Sortie-Repaire en partant de Banyuls. (refaire le parcours du philosophe - 5/6h de marche)
Concernant l'expo, elle est organisée en un parcours thématique autour de nombreuses photographies parisiennes très anciennes (Nadar, Atget, Daguerre, Gisèle Freud, Brassai...) avec uniquement de courtes analyses de Walter Benjamin. 
Il y a un documentaire remarquable qui "synthétise" (2h10) le propos et l’illustre. 
Demander à l'accueil de projeter le film dans la salle du rez- de-chaussée. Au départ, c'est déroutant parce qu'il ne s'agit pas d'une expo linéaire et chronologique mais en acceptant la découverte et le "passage", alors c'est vraiment éclairant.
On parle du maquis Henri Barbusse dans le Conflent. Inviter un jour quelqu'un qui pourrait nous en parler.

* Repaire de juin consacré à l'énergie 

Peut-être que ce serait bien d'encourager Conflent Energie en adhérant ou en devenant sociétaire.
On voudrait plus de renseignements. Cela se fera en juin où on délocalisera le Repaire à Fillols au café du Canigo le jeudi 19 juin, 19h30. 
Ce sera un Repère spécial Energie avec participation d'Enercoop et de Conflent Energie. Ils nous expliqueront leur coopérative respective pour que nous puissions les choisir (ou non) en toute connaissance de cause.

On se quitte en rappelant les deux dates à Mosset ce samedi ("Le Thé chez les Fous) et le vendredi 28, à 19h, avec Saxifrage et Raoul Marc Jennar pour parler du traité transatlantique.

Fin du Repaire

C'était un compte-rendu collectif au plus près de ce qui s'est dit.
Je ne vous retranscris pas les rires mais ils étaient là et nombreux.

Prochain rendez-vous le jeudi 17 avril à 19h30 heure d'été, bar du Canigou à Villefranche de Conflent.

mardi 25 mars 2014

Le Japon a Installé en Photovoltaïque l'Equivalent de 3 Centrales Nucléaires EPR en 8 Mois


Le Japon a installé 4580 MW de solaire photovoltaïque en huit mois (l'équivalent de 3 centrales nucléaires EPR)


14 Mars 2014, 11:00am |

Publié par Objectif Terre



Selon les données révélées par le METI, le ministère japonais de l'économie du commerce et de l’industrie, 4580 MW de nouvelles capacités PV ont été installées entre avril et novembre 2013. Un chiffre 7 fois et demi supérieur aux 613 MW mis en place en France durant les 12 mois de l’année 2013.

La part des nouvelles centrales au sol et des installations sur bâtiments commerciaux est de 3632 MW et constitue donc l’essentiel des nouvelles capacités. Les 20% restants (953 MW) ont été installés au niveau des maisons individuelles.

La puissance PV cumulée japonaise atteint à présent 11858 MW. Fin novembre 2013 la puissance cumulée de l’hydroélectricité était de 9605 MW, celle de l’éolien de 2672 GW, celle de la biomasse de 2418 MW et celle de la géothermie de 501 MW.

Le solaire PV est donc à présent la première des énergies renouvelables nippone, et celle qui se déploie le plus vite. L’introduction par le gouvernement en juillet 2012 d’un dispositif encourageant le solaire PV a donc eu des résultats très positifs concluent les auteurs du rapport du METI.

De grandes entreprises sont entrées sur le marché solaire japonais, installant rapidement de grandes centrales au sol. Et la dynamique n’est pas prête de s’arrêter. En effet 53 grands projets de centrales étaient en cours en janvier 2014, d’au moins 20 MW chacune, selon Izumi Kaizuka de RTS Corporation dont les propos ont été rapportés par PV Magazine.

Selon les experts de la Deutsche Bank le Japon va installer entre 6000 et 7000 MW de solaire PV durant la seule année 2014. En termes de production électrique, c’est donc au total l’équivalent d’environ deux centrales nucléaires EPR qui a été installé durant les deux années 2013 et 2014 au pays du soleil levant. Soit environ un EPR par an. Et plus de 7 centrales nucléaires EPR en termes de puissance installée. Le chantier solaire japonais est bien plus rapide que celui du réacteur EPR de Flamanville en France.

Le coût de production (LCOE) du kWh solaire PV est aujourd’hui compris entre 8 et 14 centimes selon l’Institut Fraunhofer. EDF demande au Royaume-Uni un tarif d’achat de 10,9 centimes le kWh pour ses projets de centrales nucléaires.

Olivier Daniélo

dimanche 23 mars 2014

Municipales - La Carte de France des Projets Inutiles

Municipales - La carte de France des projets inutiles

LORÈNE LAVOCAT (REPORTERRE)
mercredi 19 mars 2014



Démesurés, ils sont néfastes pour l’environnement... mais sont portés par des élus. De Notre-Dame-des-Landes à Europa City, ces projets inutiles jalonnent le territoire français, et s’invitent dans la campagne municipale. En voici la carte, hélas non exhaustive.
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Golfs, centres commerciaux, ou complexes touristiques... les élus n’ont pas toujours que des bonnes idées pour « dynamiser la vie locale ». Des projets mégalo, démesurés, et creusant la dette publique, se multiplient. Les élections municipales sont l’occasion de faire le bilan et d’ouvrir le débat quant à l’utilité sociale et environnementale de certaines constructions.

Reporterre vous propose une carte non exhaustive de ces projets, « sélectionnés » (car il y en a beaucoup d’autres dans les cartons) en fonction de trois critères : qu’ils ne soient pas encore achevés, qu’ils soient portés par des élus, qu’ils aient un impact environnemental néfaste connu et qu’ils puissent être qualifiés de « démesurés ». Vous pouvez nous suggérer par courriel d’autres projets inutiles
Adresse de Reporterre : planete (arobase) reporterre.net).

Voici la liste des projets :



* Honfleur - parc d’activités et village de marques - 139 hectares (en construction)

* Annecy - grand stade de foot

* Dunkerque - Arena

* Saint-Maur (Indre) - circuit automobile

* Biarritz - parking sous la côte des Basques

* Lisle-sur-le Tarn (Tarn) - Barrage du Testet

* Plaisance-du-Touch (Haute-Garonne) - méga centre commercial Les portes de Gascogne

* Fontiers-Cabardès (Aude) - Unité touristique nouvelle - 240 hectares (golf et héliport)

* Pézenas (Hérault) - centre commercial 30 hectares de vignes

* Villefontaine (Isère) - The Village, centre commercial de luxe

* Alès - 370 hectares golf et villas

* Nice - Eco vallée

* Villardonnel (Aude) - unité touristique nouvelle - 200 hectares

* Gonesse (Val d’Oise) - Europa City

* Poussan (Hérault) - Hinterland (150 hectares)

* Mouguerre (Pyrénées Atlantiques) - Zone commerciale (sur zones humides)

* Saint-Julien-en-Saint-Alban (Ardèche) - Centre européen des nouvelles technologies "Silicon valley miniature bio"

* Nîmes - Las Vegas européen

* Roybon (Isère) - Center Parcs, 203 hectares - 1300 m3 d’eau dans une zone sèche

* Agen - Centre commercial d’Agen-Boé.

* Décines (Lyon) - Stade des Lumières OL Land

* Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique).

ET DES PLUS PETITS :

* Saint Jean de Braye (près d’Orléans) - Décathlon.

* Thiverval-Grignon (Yvelynes) - Golf

* Montcombroux les Mines (Allier) - Golf

* Drucat-le-Plessiel (Somme) - Ferme-usine des Mille vaches

Source Lorène Lavocat pour Reporterre.

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samedi 22 mars 2014

Le Mouvement Ecologiste, Nouvel Ennemi de l'Intérieur


Le mouvement écologiste, nouvel ennemi intérieur

HERVÉ KEMPF (REPORTERRE)

mercredi 19 mars 2014


"Adversaire radical de la destruction de la biosphère par le système capitaliste, donc de ce système, le mouvement écologiste en devient de fait l’adversaire principal."

Greenpeace a pénétré dans la centrale de Fessenheim mardi 18 mars. Une façon spectaculaire et non-violente de rappeler le danger que fait peser cette centrale - et d’autres -, ainsi que la nécessité d’engager une véritable transition énergétique.

Réponse du gouvernement, par le communiqué de Philippe Martin, ministre de l’Ecologie : en vertu de la Loi de programmation militaire, les installations nucléaires seront désormais considérées comme "zones nucléaires à accès réglementé".

C’est le mot "militaire" qui ici importe. On ne saurait mieux dire que les centrales nucléaires ne sont pas, ne peuvent pas être, des usines comme les autres. Elles recèlent un danger tel qu’elles doivent être surveillées de la même manière que, précisément, les installations fabriquant la bombe atomique.

Mais un autre terme interpelle, dans ce communiqué : "renseignement amont". Ce qui est dit là, c’est que le travail policier de surveillance va encore se développer à l’encontre de ceux qui pourraient avoir l’intention de pénétrer, comme Greenpeace, dans des centrales, mais aussi, on peut le craindre, à l’encontre de tous ceux qui luttent pour que l’on sorte du nucléaire.

Le même jour, Laurent Pinatel, porte-parole de la Confédération paysanne (deuxième syndicat agricole de France, qui représente des centaines de milliers de paysans), a refusé de se rendre à une convocation de la gendarmerie. Assumant l’action collective qui avait été menée contre le projet nuisible de ferme usine des mille vaches, il souligne le fonctionnement à deux vitesses de la justice : "Quand la Confédération paysanne vient taguer un chantier illégal, son porte-parole se retrouve placé en garde à vue... Mais quand un notable local profère des menaces à l’encontre d’un de ses opposants, la plainte reste bloquée dans les tuyaux de la justice...".

On rappellera aussi la violence démesurée exercées par les forces "de l’ordre" à l’encontre des manifestants contre le projet de Notre Dame des Landes à Nantes le 22 février dernier : tirs tendus de flash balls par des policiers qui n’étaient pas menacés et qui se sont traduits par plusieurs blessés graves.

Tout ceci indique que le pouvoir est de plus en plus déterminé à criminaliser le mouvement écologiste, à exercer à son encontre une surveillance policière, à faire passer une contestation légitime pour un danger à la paix civile.

Cela s’inscrit dans la tendance autoritaire du régime oligarchique (voir à ce propos la logique décrite succinctement). Et signifie que le mouvement écologiste doit faire preuve d’une maturité politique plus grande : ce mouvement décrit la destruction radicale de la biosphère qu’opère le capitalisme, il doit comprendre que cette radicalité tend à s’exercer aussi dans le champ politique.

Adversaire radical de cette destruction, donc de ce système, le mouvement écologiste en devient de fait l’adversaire principal. Il faut le savoir. Pour s’organiser mieux, collectivement, et dans la non-violence.
Source : Hervé Kempf pour Reporterre.
Photo : Lesazas

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Source : http://www.reporterre.net/spip.php?article5575

vendredi 21 mars 2014

Le Trafic des Pesticides Interdits est en Plein Boom

Le trafic des pesticides interdits est en plein boom

OLIVIER MARY (REPORTERRE)

mardi 18 mars 2014




Les fraises sont bourrées de pesticides interdits de longue date. On trouve aussi de ces poisons dans les carottes, radis, abricots, selon un rapport officiel passé inaperçu. Un véritable trafic de ces pesticides est en place et se développe continuement. L’administration n’a plus les moyens de l’enrayer.


Fin 2013, la Direction générale de l’alimentation du ministère de l’agriculture (DGAL) a rendu publique une note d’information, faisant le bilan des plans de surveillance et de contrôle mis en œuvre par l’organisme en 2012. Les résultats sont édifiants.

Sur les 546 échantillons prélevés à la récolte, dont 324 échantillons de légumes et 222 de fruits, 55 présentent des résultats supérieurs aux limites maximales de résidus (LMR) et/ou des substances actives sans autorisation de mise sur le marché sur la culture (voir page 76 du document) :



Quarante-et-un d’entre eux affichent à la fois des traces de molécules interdites et dépassent les limites autorisées. Carottes, radis, abricots, ou concombres : aucun n’est épargné :



Mais c’est le cas des fraises qui est le plus inquiétant. Déjà révélé en juillet 2013 par une enquête de l’association Générations Futures, l’épandage en quantité de produits phytosanitaires parfois interdits par l’Union européenne, en particulier sur ces fruits rouges, est confirmé par les fonctionnaires du ministère de l’agriculture.

Imidaclopride, Pymétrozine, Acetamipride, Dicofol, et Endosulfan, voici le cocktail explosif présent sur les fraises contrôlées par le ministère. Le Dicofol, s’il n’est pas parmi les produits les plus toxiques, est quand même interdit depuis 2010 par les autorités de Bruxelles. Quant à l’Endosulfan, il est prohibé depuis 2008 suite à une décision européenne prise en 2005 !

En 2011, des représentants de 127 gouvernements se sont réunis à Genève afin de limiter la présence de cette substance dans les pesticides et insecticides et l’ont inscrite sur la liste noire de la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP). L’objectif est son interdiction complète.

Irritations, hyperplasies de la thyroïde, diminutions de taux des hormones, voici quelques-uns des effets constatés chez les mammifères. Mais il est aussi extrêmement toxique pour les poissons d’eau douce, oiseaux et abeilles. Comment expliquer que l’on retrouve ce poison en de telles proportions plusieurs années après son retrait du marché européen ?



Des achats transfrontaliers illégaux


« Il est certain que certains agriculteurs se fournissent en produits phytosanitaires interdits à l’étranger, et notamment en Espagne, où, pendant des années, on a beaucoup utilisé l’Endosulfan dans des plantations de poivrons, » dénonce François Veillerette, porte parole de Générations Futures.

Un constat partagé par l’industrie des pesticides : « En Languedoc-Roussillon, ces importations pourraient représenter 70 % du marché total, évalué à trente millions d’euros. Il s’agit principalement de produits génériques achetés sous le couvert d’une AMM [autorisation de mise sur le marché] espagnole, qui n’ont pas fait l’objet d’une demande d’homologation en France ou, plus grave, de produits interdits en France mais vendus en Espagne par dérogation obtenue au motif de nécessité locale absolue. Tel a été, pendant des années, le cas de l’arsenic de sodium interdit en France depuis 2002 », a reconnu lors d’une audition au Sénat Daniel Roques, président de l’Association des Utilisateurs et Distributeurs de l’Agro-Chimie Européenne (AUDACE).

Mais il y a plus grave. L’achat de produits contrefaits bon marché, dont les contenus ne sont pas toujours fidèles à l’étiquette, se développerait… et les trafics aussi. Toujours devant le Sénat, Fredéric Vey, chef du bureau des biotechnologies, de la biovigilance et de la qualité des végétaux à la DGAL, a déclaré que des « des opérateurs effectuent des commandes groupées depuis la France et distribuent ensuite les produits chez les agriculteurs. »

Les agents de l’Office national de la chasse et les gendarmes ont d’ailleurs démantelé en 2013 un trafic de pesticides à Albi. Le Carbofuran était illégalement importé d’Espagne et revendu dans la région.

Une justice clémente et des contrôles en baisse


Quel intérêt pour ces agriculteurs de prendre le risque de se fournir à l’étranger ? « Un produit comme l’Endosulfan est peu cher et très ‘’efficace ’’ », avance François Veillerette. Alors, certains tentent le coup… D’autant qu’ils ont peu de chance de se faire prendre.



Quant aux malchanceux pris dans les mailles extralarges du filet, ils bénéficient souvent de la clémence de la justice. Fin 2013, un viticulteur audois a été condamné par le tribunal de Béziers, à deux mois de prison avec sursis et 1 000 € d’amende pour avoir transporté et utilisé des produits interdits.

Une indulgence qui est bien plus inquiétante quand elle concerne des trafiquants. Dans une décision du 10 octobre 2013, le tribunal correctionnel d’Albi condamnait un agriculteur reconnu coupable de trafic à une amende de 2100 euros, plus 500 euros de dommages et intérêts à France Nature environnement, qui s’était portée partie civile.

Les agents chargés de l’enquête ont calculé que le prévenu avait fait un bénéfice de plus de 16 000 euros et agi en toute connaissance de cause. Le code rural prévoit pourtant jusqu’à six mois d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.

Il n’y a pas de réelle volonté politique de faire changer les choses. Les contrôles sont peu nombreux : en 2012, la DGAL a effectué 5 972 inspections d’exploitations pour contrôler l’usage de pesticides, un taux de contrôle de 0,2 %. Le nombre d’échantillons analysés à la récolte a même décru de 23 % en deux ans.

Une situation dénoncée dans le dernier rapport de la cour des comptes. En cause, des contraintes budgétaires : au niveau départemental, le personnel chargé des inspections a baissé de 6,8% entre 2009 et 2012. La faute au précédent gouvernement, selon le Ministère de l’agriculture.

Mais, depuis leur entrée en fonction, Stéphane Le Foll et Guillaume Garot se sont contentés de « stopper l’hémorragie des effectifs ». Il faudrait agir plus fermement pour faire respecter la loi. D’autant que le trafic pourrait devenir mondial. En quelques clics, il est désormais possible d’acheter toutes sortes de produits phytosanitaires sur internet.


Source : Reporterre
Photo :
- Une : Futura Sciences
- Vignes : Midi Libre
- Dessin : Résistance InvenTerre

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http://www.secretsofthefed.com/more-proof-pesticides-harm-children/
"Est-ce que vous mangez ça avec un masque aussi ?" 

http://www.ericlarigaldie.com/5-pesticides-et-fongicides-par-jour/

jeudi 20 mars 2014

Mosset-Vendredi 28 Mars-19 h : Raoul Marc Jennar nous Parlera du Traité Transatlantique


Bonjour à tous,

les saxifrages vous convient le 28 mars à Mosset pour une nouvelle soirée autour du "Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement ".
Soirée animée par Raoul Marc Jennar, politologue.
A partir de 19 h .
Cette rencontre sera suivie comme d'habitude d'un débat et d'un repas tiré du sac, partagé par tous.



plus de détails...

« Quelque chose doit remplacer les gouvernements et le pouvoir privé me semble l'entité adéquate pour le faire. » Ces mots confiés par David Rockefeller au magazine américain Newsweek, le 1 février 1999, fournissent la clé pour comprendre ce qui se passe depuis une trentaine d’années et qu’on appelle « mondialisation néolibérale ». Déléguer au secteur privé la maîtrise des choix, c’est l’objectif du patronat et des milieux financiers.

Cet objectif est en passe d’être atteint avec le projet intitulé « Partenariat transatlantique pour le commerce et l’investissement ». Derrière les termes anodins pour désigner un accord classique de libre-échange se cache un projet d’une ampleur radicalement différente.

En effet, le 14 juin 2013, les gouvernements de l’Union européenne ont demandé à la Commission européenne de négocier avec les Etats-Unis la création d’un grand marché transatlantique. Confier aux firmes privées la possibilité de décider des normes sociales, sanitaires, alimentaires, environnementales, culturelles et techniques, c’est désormais l’objectif des firmes transnationales et des gouvernements d’Europe et des USA.
Comme on l’a fait avec le traité constitutionnel européen, chacun doit s’emparer du texte du mandat de négociation et se mobiliser pour exiger le retrait de la France d’un tel projet.

Pour le connaître et en débattre, Raoul Marc JENNAR, politologue, militant écosocialiste et internationaliste, membre du Conseil scientifique d’Attac, auteur de plusieurs ouvrages sur l’Europe et un des animateurs nationaux de la campagne contre le TCE en 2005, viendra le présenter le vendredi 28 mars, à 19H, salle polyvalente municipale, route du Col de Jau, Mosset.

A l’invitation de l’association « Les Saxifrages.

mercredi 19 mars 2014

Témoignage : J'ai Suivi l'Ecole des Zapatistes

J’ai suivi l’école des zapatistes

SILVIA PÉREZ VITORIA (NATURE ET PROGRÈS)

lundi 17 mars 2014


Les zapatistes sont toujours actifs et en pleine forme, dix ans après la naissance de leur mouvement dans le Chiapas, au Mexique. Régulièrement, ils organisent une université populaire. Reportage à l’Escuelita zapatista de l’Université de la Terre, à San Cristobal de las Casas.

San Cristobal de las Casas (Mexique), reportage

L’invitation est arrivée par courrier électronique. La proposition était d’assister, pendant une semaine, au 1er degré de la « petite école » La liberté selon les Zapatistes, à l’Université de la Terre de San Cristobal de las Casas.

Dès le départ les différents communiqués des sous-commandants Marcos et Moises nous informaient du caractère hétérodoxe de l’école à laquelle nous étions conviés. Nous allions participer à une expérience humaine, partager des moments avec des hommes et des femmes qui ont refusé de vivre dans un système intolérable.

Située à la périphérie de la ville, l’Université de la Terre est enchâssée dans un écrin de verdure. Les bâtiments construits avec les moyens du bord sont harmonieux, les murs sont couverts de peintures murales ce qui ajoute à la beauté du lieu. C’est un centre d’apprentissage et de formation ouvert.


Les cours sont libres et gratuits. On n’y délivre pas de diplôme, c’est à chacun de savoir s’il en sait suffisamment. On peut participer à des ateliers pratiques d’informatique, menuiserie, agroécologie, écriture… ou débattre sur des questions politiques, économiques, sociales autour de textes ou de livres.

Depuis quelques années, l’Université de la terre organise, autour de la date anniversaire du soulèvement zapatiste, des rencontres dites « anti-systémiques » qui sont l’occasion de faire le point sur les luttes menées dans le monde par les mouvements sociaux.

Nous sommes environ 200 à être inscrits à la session de l’Escuelita zapatista qui se déroule à l’Université de la terre, du 12 au 16 août 2013. La majorité des participants sont mexicains, mais l’on note aussi un assez grand nombre de latino-américains et ici ou là quelques européens.

Lors de notre inscription, on nous a remis nos « livres de cours », écrits par les Zapatistes ainsi que des DVD qui présentent les cinq caracoles, sièges des Juntas de Buen Gobierno, ainsi que le travail de préparation de nos « professeurs ». Les cours sont donnés dans le grand auditorium de l’Université.

Sur l’estrade sont assis nos six « professeurs », trois femmes et trois hommes. Nous sommes priés de laisser libre la chaise située à notre gauche. C’est là que prendront place les Votán (Gardien), qui seront affectés à chacun d’entre nous : des femmes aux femmes, des hommes aux hommes.

Mon « professeur particulier » est une toute jeune femme dont la seule chose que je saurai est qu’elle est « promotrice d’éducation » dans une école primaire zapatiste. Tous les« professeurs » portent les passe-montagnes ou les foulards qui sont les signes distinctifs des membres de l’EZLN (Ejercito zapatista de liberación nacional).


Au cours de la semaine, nous travaillerons sur 5 thèmes : l’autonomie, les femmes, la résistance, la justice, la démocratie. Chaque journée est structurée sur le même mode. Le matin, les« professeurs » nous donnent un cours « magistral » sur le sujet du jour. Ensuite nous faisons une pause, puis nous travaillons chacun sur les livres de cours avec notre « professeur particulier ». L’après-midi nous revenons dans la grande salle pour poser aux « professeurs », par écrit, les questions qui n’ont pas trouvé de réponse.

Tout au long de ces journées nous mesurons le travail accompli par les membres des communautés zapatistes pour organiser et préparer cette escuelita. Il faut rappeler que l’espagnol n’est pas leur langue maternelle. Ils parlent tzotzil, tzeltal, chol et tojolabal… Chacun des « professeurs » a donc du se préparer pour expliquer et répondre aux questions. Ils parlent tous sans notes.

Dans les livres de cours chaque caracol relate son histoire sans cacher les difficultés rencontrées, les erreurs qui ont du être corrigées. C’est un mouvement social qui se donne à voir dans ses réussites mais aussi dans ses échecs, sans dogmatisme ni prétention. Ils nous disent simplement « voilà comment nous nous sommes construits, voilà ce que nous sommes, voilà vers quoi nous voulons aller ».

Les questions que les « professeurs » traitent sont intimement liées les unes aux autres.

La mise en place d’un gouvernement autonome passe par des formes de démocratie permanente de bas en haut et de haut en bas. Nos professeurs expliquent qu’ils ont cherché leur inspiration chez leurs ancêtres qui ont su préserver des formes d’autonomie. La place des femmes dans les différentes instances de décision suppose souvent d’aller à l’encontre d’habitudes prises au cours des siècles, en particulier du fait de l’asservissement auquel on été soumis les peuples indiens dans le système colonial.

Désormais les femmes doivent avoir un rôle à tous les niveaux de la société zapatiste même si cela entraîne des conflits familiaux. Tous doivent apprendre à gouverner, en aucun cas le gouvernement ne doit être réservé à un personnel spécialisé. La justice est la même pour tous et il s’agit davantage de corriger que de punir, en cherchant à maintenir les personnes dans leur communauté.


Quant à la résistance elle se doit d’être permanente face aux attaques incessantes des autorités nationales ou locales. Un des points stratégique est de ne pas se couper des communautés indiennes non zapatistes alentour qui reçoivent aides et soutiens de la part du gouvernement, ce que refusent nos hôtes.

De fait, souvent, les « frères », comme ils les nomment, font appel aux cliniques ou aux tribunaux zapatistes, reconnaissant la qualité et l’équité qui y règne.

Quelques phrases marquantes reviennent : « Nous n’avons pas de livre pour nous guider, nous produisons notre propre histoire ». « Nous sommes en résistance contre un système, pas contre un gouvernement ». « Nous pensons que si nous dépendons de l’argent nous n’aurons pas de vie. Nous devons nous préparer pour vivre et travailler sans argent ». « Nous sommes libres parce que nous décidons ce que nous voulons ».

Elles sont fortes et radicales. Chacune d’entre elles pourrait faire l’objet d’un ouvrage de réflexion… Les Zapatistes rappellent aussi qu’ils ont plus de 500 ans de résistance derrière eux et que malgré la destruction de la culture de leurs ancêtres ils s’essayent à en récupérer l’esprit et quand cela est possible les savoirs. C’est le cas pour l’agriculture et la médecine traditionnelles.

Ils nous disent enfin que nous ne sommes pas comme eux, car ils sont paysans et indigènes, donc que c’est à nous de trouver notre propre chemin. Mais, nous répètent-ils, si nous devons ne retenir qu’une seule idée, c’est que sans organisation rien n’est possible. Une leçon à méditer dans nos sociétés industrialisée où l’individualisme domine. Comme l’a écrit l’un des participants : « il n’y a pas de modèle reproductible mais il existe bel et bien des horizons partagés ».


Au fil du temps nous apprenons à mieux nous connaître entre élèves ainsi qu’avec nos « professeurs » particuliers. La discrétion reste de mise mais en approfondissant telle ou telle question nous échangeons, plaisantons et constatons nos différences ou nos similitudes de points de vue.

C’est aussi une chaleur humaine qui prend forme et qui comble des fossés qui auraient pu paraître infranchissables au premier abord. Au-dessus des passe-montagnes et des foulards, les regards sont curieux, rieurs ou interrogatifs. Nous nous quitterons avec tristesse et pour certains les larmes aux yeux.

Pour clore ce premier cycle l’EZLN a invité le Congreso nacional indigena (le CNI, qui regroupe une grande partie des communautés indiennes du Mexique) à une rencontre à l’Université de la terre. Pendant deux jours plus de 200 délégués sont venus témoigner des destructions de leurs territoires et des violations de leurs cultures. Les parcs d’éoliennes, les mines, les barrages, les projets touristiques, les monocultures d’avocats et autres produits tropicaux d’exportations dévastent leurs terres.

Les agressions contre tous ceux qui se révoltent sont fréquentes. Le contraste fut frappant avec l’expérience zapatiste. L’objectif de cette rencontre entre communautés indigènes et EZLN était de faire le point sur la situation de chacun afin d’élaborer des stratégies communes.

Devant le succès rencontré par cette première « école zapatiste », deux autres cours identiques ont été programmés en décembre et en janvier. Chacun compte 2250 participants. Il est vraisemblable que les effets de ces rencontres hors du commun se feront sentir dans les mois et les années à venir.


Cette petite communauté indigène maya a bouleversé les cartes qu’entendait jouer le Mexique il y a 20 ans en signant l’accord de l’ALENA avec les Etats-Unis et le Canada. Elle a trouvé des formes nouvelles de s’organiser, de travailler, de partager. Désormais avec l’ouverture de ces escuelitas elle a ouvert une nouvelle page et nul doute qu’à l’avenir elle nous réserve encore bien des sujets de réflexion et d’action.


Bibliographie :

• La rébellion Zapatiste, Jérôme Baschet, édit. Flammarion, 2005 (Poche).
• L’Etincelle zapatiste : insurrection indienne et résistance planétaire, Jérôme Baschet, édit. Denoël, 2002.
• Hommes de maïs, coeur de braise, ouvrage collectif, Ed. L’insomniaque, 2002.
• La fragile Armada. La Marche des zapatistes, Jacques Blanc, René Solis, Yvon le Bot et Joani Hocquenghem, édit. Métaillé, 2001.
• Indiens et zapatistes, mythes et réalités d’une rébellion en sursis, Bernard Duterme, CETRI.

Source et photos : Article transmis par Nature et Progrès, partenaire de Reporterre.







Silvia Perez-Vitoria est économiste, sociologue et documentariste française, membre de La ligne d’horizon et auteur de « Les paysans sont de retour » et « La Riposte des paysans » aux éditions Actes Sud.

Lire aussi : Au Mexique aussi, des luttes populaires contre des projets inutiles.
Source : http://www.reporterre.net/spip.php?article5556