Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

mercredi 30 septembre 2015

Concert le samedi 3 octobre à l'Entonnoir 20h à Prades


L’entonnoir
 Vous invite le 3 octobre Pour un concert incroyable et Magique
Venez danser sur de la musique irish music metisse et festive
A partir de 20H
Concert AU chapeau



The RAVEN PROJECT
irish one-man-band

DESCRIPTION

irish music metisse et festive
live avec plusieurs instruments
(accordia,rythme,voix,flutes,beat-box) et Loop-station

DUREE
1h30
 






Mais ce n’est Pas tout

L’enTonnoir soutient


Vous ne le savez sans doute pas tous,
mais fin juin, Timothée Prod’homme et Morgane Vauthier ont repris le bar resto épicerie de Serdinya : la locaux motiv !

D’ici là, Ils organisent  3 événements dont deux « militants » et solidaires NOUS VOUS DEMANDONS DONC S’IL VOUS PLAIT DE COMMUNIQUER SUR CES DEUX EVENEMENTS dans votre entourage/réseau ! Merci beaucoup de votre aide !

=> un évènement pour la Syrie, avec le projet de Zoé et Ferdinand « graines et cinéma » DIMANCHE 4 OCTOBRE à partir de 18h.


Au programme, collecte de graines, possible présence des cabines à graines du Conflent, conte pour enfants avec la compagnie du tympan dans l’oeil, casse-croute de saison, et projections.
Tous les bénéfices seront reversés au projet.


=> Un autre pour soutenir un lieu d’accueil pour enfants en situation de handicap (principalement physique) dans l’Ouest Bengale, vers Kolkata, nommé Paras Padma. SAMEDI 17 OCTOBRE à partir de 20h.

Une tombola avec un ticket à 2 euros sera ouverte du 10 au 17 octobre (aux horaires du restaurant, cf PJ), et le soir même jusqu’au tirage au sort.

Un repas indien sera proposé également pour plus de convivialité et de plaisirs culinaires.

Tous les bénéfices iront au centre « Paras Padma » via l’association « Solidarité Bengale » dont on vous présentera les activités lors de la soirée.
Les dons spontanés sont évidemment les bienvenus aussi, si le projet vous en donne l’envie.

Merci à tous de votre attention,

On compte sur vous,

Solidairement,

Timothée et Morgane de la Locaux Motiv, Serdinya !



Ouverture au public de l’entonnoir
Le mardi a partir de midi Pour la cantine
Le jeudi a partir de 18h30 Pour la cabine a graine et l’AMAP

Atelier de l’entonnoir
Route d’eus
Z.A. Gibraltar
66500
Prades

mardi 29 septembre 2015

Le cri de colère de Fabrice Nicolino contre le désastre agricole

Le cri de colère de Fabrice Nicolino contre le désastre agricole

25 septembre 2015 Jean-Pierre Tuquoi 


Ecrit d’une plume alerte trempée dans une encre mélange de colère et d’imprécation, le dernier livre de Fabrice Nicolino fait le procès d’une époque qui a vu la disparition du monde paysan traditionnel. L’auteur nous fait revivre la grande industrialisation agricole du XXe siècle et dépeint les protagonistes qui y ont participé. Mais si le tableau est rude, des raisons d’espérer un changement persistent.
Lorsque l’été 1938, Jean Giono, le pacifiste Giono, publie une Lettre aux paysans sur la pauvreté et la paix, son objectif est clair : empêcher la prochaine guerre qu’il sent monter en mobilisant les paysans avant qu’ils ne soient broyés comme ils l’ont été en 14-18.
Comment ne pas songer à Giono à la lecture du dernier livre de Fabrice Nicolino, Lettre à un paysan sur le vaste merdier qu’est devenue l’agriculture ? Le rapprochement est immédiat et la comparaison tentante. Mais elle est déplacée. Le contexte historique est différent : le monde actuel n’est pas à la veille d’un conflit généralisé et, surtout, les paysans n’existent plus en France. Ils ont disparu du paysage. D’ailleurs celui auquel est destinée la lettre de Nicolino est un « petit vieux de quatre-vingt-dix ans », autant dire le dernier survivant d’un monde agricole disparu. L’actuel est peuplé d’exploitants agricoles, de chefs d’exploitations... On n’ose même plus parler d’agriculteurs.
Dans son essai, écrit d’une plume alerte trempée dans une encre mélange de colère et d’imprécation, Nicolino fait avant tout le procès d’une époque, celle qui a vu justement la disparition du monde paysan traditionnel - « où l’on travaillait moins qu’on l’a dit parfois, bien plus qu’on ne le supporterait aujourd’hui ».

Retour sur un siècle de "progrès"

Remontant le temps et l’histoire à grandes enjambées l’auteur fait halte aux époques charnières du 20e siècle, montre du doigt les inventions qui ont bouleversé le monde rural, ressuscite les hommes qui les ont imposées au fil des « trente glorieuses », les structures qui les ont vulgarisées… Ainsi voit-on défiler un siècle « de progrès » avec ses bouleversements inouïs – l’invention du DDT, le produit miracle contre le doryphore qui ravageait les champs de pommes de terre et dont on s’apercevra un peu tard qu’il est un puissant cancérigène, la multiplication des tracteurs agricole après guerre, le remembrement des terres, l’introduction des pesticides, - et ses missionnaires enthousiastes.
La liste est longue des disciples du dieu Progrès mais Nicolino, en procureur ayant épluché le dossier, sait trier et mettre en valeur les figures principales et oublier les complices et autres seconds couteaux. Au premier rang, sur le banc des accusés, on retrouve Edgard Pisani, ministre de l’agriculture au début des années de Gaulle, en 1961, et à ce titre promoteur enthousiaste - avec le syndicaliste Michel Debatisse, un enfant de la Jeunesse agricole chrétienne -, d’une agriculture calquée sur le modèle industriel avec des usines à lait et des usines à viande (précisons que, sur le tard, Pisani fera acte de repentance).
Autre figure de cette époque, Fernand Willaume, qui deviendra le patron du lobby des pesticides en France autour de la revue qu’il a créée, Phytomia, la bible des propagandistes de la religion nouvelle ; ou encore Raymond Fevrier, un pilier de l’INRA (le temple de cette agriculture nouvelle) dont il deviendra le directeur général, prêt à expérimenter jusqu’à l’absurde la manipulation génétique des animaux.
Le bilan de ce commando de « grands serviteurs de l’Etat », de techniciens et de syndicalistes agricoles (dont Xavier Beulin, le patron actuel de la FNSEAet du groupe Avril-Sofiproteol, se réclame) ? Le nombre d’actifs agricoles a été divisé par dix depuis la fin de la guerre ; le remembrement a appauvri les paysages et favorisé la monoculture ; l’industrie chimique impose sa loi à ce qui reste du monde agricole. Bref, c’est un désastre.

Il est possible d’imaginer autre chose

Fabrice Nicolino s’en désole mais se dit convaincu qu’un retournement est possible. « Ce qui a été fait peut-il être défait ? s’interroge-t-il. Oui (…) la destruction des paysans a été un moment absurde de l’histoire (mais) il est possible d’imaginer autre chose. A condition de rompre. Oui, cela semble possible. »
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Fabrice Nicolino
La prudence du propos suggère que l’auteur ne croit qu’à moitié à ce qu’il écrit. On comprend sa gêne. Les agriculteurs pèsent peu dans le système actuel dominé par des structures qui les dépassent : les coopératives dites agricoles, oublieuses de leurs racines et devenues des monstres commerciaux qui barbotent dans les marchés globalisés, l’industrie semencière, chimique, les fabricants de matériel agricole, les négociants, la grande distribution… Ce sont eux les acteurs du monde agricole de ce 21esiècle dont ils ont dessiné les contours.
Les fils et les petits-fils des paysans de naguère ne sont que la dernière roue du carrosse. Ils ont été dépossédés de leur pouvoir et n’ont plus qu’à verser dans la nostalgie, ce qu’ils font l’été en mimant, devant les foules de touristes, les grands évènements agricoles d’antan.
Ce pouvoir perdu, songent-ils à le recouvrer ? Rien de moins sûr. Lorsqu’ilsmanifestent au volant de leurs imposants tracteurs c’est pour grappiller une augmentation du prix du lait, du porc, du bœuf, dénoncer les importations de produits concurrents, réclamer des aides de l’Etat… Pas pour remettre en cause le modèle agricole actuel. Peut-être leurs grands-parents auraient-ils dû écouter Jean Giono.

Lettre à un paysan sur le vaste merdier qu’est devenue l’agriculture, de Fabrice Nicolino, Ed. Les Echappés, 123 pages, 13,90 euros

Lire aussi : Fabrice Nicolino : « Il faut inventer quelque chose de neuf »

Source : Jean-Pierre Tuquoi pour Reporterre
Photos :
. Chapô : Pixabay (Unsplash/CC)
. Noir et blanc : Wikipedia (CC)
. Nicolino : Lucas Mascarello pour Reporterre

lundi 28 septembre 2015

Zone des Brulls, danger de bétonnage. Exprimons notre désaccord

On a reçu ça :


De : genevieveclarysse
Envoyé : dimanche 27 septembre 2015 23:35
Objet : tr: zone des BRULLS , danger de bétonnage . Exprimons notre désaccord

 Bonjour à tous.

 Savez vous où se trouve la zone des Brulls ? elle s'étend sur 28 hectares derrière la voie ferrée de Prades à partir de la maison des entreprises jusqu'aux abords du centre ville.

​​C'est actuellement une zone agricole avec des canaux d'arrosages. Dans certaines parcelles il y a de la luzerne ,dans d'autres des arbres fruitiers.

L'an dernier les élus de la communauté de communes ont voté la construction d'une zone artisanale pour les 2/3 de la surface et 1/3 en lotissement.

Beaucoup de gens pensent qu'une zone agricole doit le rester et qu'une zone artisanale nouvelle est complètement inutile :

elle représente le bétonnage de ces belles terres, et bientôt des bâtiments à l'abandon car une zone artisanale ne fait pas forcément venir des artisans.

L'argument avancé est la création d'emplois, ce qui n'a rien de sûr puisque déjà dans la zone artisanale actuelle certains ont 
"fermé boutique".


Quant à la construction d'un lotissement, pourquoi s'il y a besoin de nouveaux habitats (ce qui n'est pas prouvé), les construire sur de belles terres agricoles.

Nous avons notre mot à dire : 
il y a une concertation des citoyens,
​ ​elle a été lancée par voie de presse en août et dommage pour ceux qui ne lisent pas l'Indép car il n'y a pas eu d'affichage ailleurs.

Nous pouvons notifier nos remarques sur un registre à l'hôtel de ville (château Pams) au service urbanisme ou, si nous ne pouvons nous déplacer, 
nous pouvons adresser un courrier au service urbanisme ou au président de la communauté de communes.


Tout est consigné de manière officielle.

Le président tirera le bilan de la concertation à une réunion de la com.com.
Si nous sommes beaucoup à exprimer que nous souhaitons garder la vocation agricole à ces terres, ce sera difficile pour eux de faire la sourde oreille.

Les décisions néfastes se font si nous ne disons rien ; là nous avons notre mot à dire : saisissons cette opportunité, même si ça
nous semble être une corvée.

Merci à tous de faire cette démarche même si elle nous semble pénible.

Merci de faire suivre à vos amis et connaissances.

***************************************************************


De : François 

Les décisions sont prises au nom de ceux qui ne s’expriment pas selon le principe « qui ne dit mot consent »
Cette « concertation » a été lancé le 7 aout dans la plus grande discrétion, sans doute pas pour pousser les citoyens à s’exprimer.
Si nous voulons sauver les terres nourricières de Prades du bétonnage, nous devons commencer par le dire.
Il faut développer de l’activité économique à Prades, mais aux Brulls, nos plus belles terres à l’arrosage, c’est l’activité agricole qu’il faut promouvoir.

dimanche 27 septembre 2015

A la Réunion, de lourds soupçons pèsent sur la route à 1,6 milliards

A la Réunion, 


de lourds soupçons pèsent 


sur la route à 1,6 milliard


 |  PAR JULIEN SARTRE
Soupçons de corruption, atteintes à l'environnement, risque de dérive financière : la nouvelle route du littoral (NRL), méga-chantier réunionnais confié aux géants du BTP Vinci et Bouygues et qui revient à 130 millions du kilomètre, est au cœur d’une enquête préliminaire pour « corruption » et « favoritisme » menée par le parquet national financier.

Un chantier trop gros pour être honnête ? L’attribution il y a deux ans aux géants du BTP Bouygues et Vinci du gigantesque marché de construction de la nouvelle route du littoral (NRL), à La Réunion, fait l’objet d’une enquête préliminaire pour « favoritisme » et « corruption ». Signe que l’affaire est sérieuse, le dossier, ouvert en 2014 par le parquet de Saint-Denis de La Réunion, a été transféré en avril dernier au parquet national financier, en charge des affaires politico-financières les plus sensibles.
Ce chantier, prévu pour être livré en 2020, a de quoi aiguiser les appétits. La nouvelle route qui reliera les villes de Saint-Denis et de La Possession, distantes de seulement 12 km, va coûter la somme colossale de 1,6 milliard d’euros ! Selon les tronçons, l'infrastructure étant composée de digues et de viaducs posés sur l’océan, elle revient à 130 millions du kilomètre, contre 2 millions en moyenne pour une autoroute. C’est l’un des plus gros marchés d’infrastructure en Europe, avec les lignes à grande vitesse françaises et les autoroutes grecques.
Le tronçon "viaduc" de la future route du littoral, à 100 mètres du rivage réunionnaisLe tronçon "viaduc" de la future route du littoral, à 100 mètres du rivage réunionnais © Région Réunion
À deux mois des élections régionales, l’affaire de la nouvelle route embarrasse le président Les Républicains (LR) du conseil régional, Didier Robert, qui a porté le projet à bout de bras depuis son élection en 2010. C’est « le plus grand scandale politico-financier de La Réunion », a lâché le sénateur Paul Vergès, 87 ans, figure historique de l’opposition.
Didier Robert a répliqué en annonçant poursuivre l’élu communiste pour diffamation. Et en menaçant de faire de même avec tous les médias qui se risqueraient à relayer ses accusations. À en croire l’exécutif local, il ne s’agirait que d’une enquête mineure. « Les investigations conduites à ce jour portent uniquement sur un accord-cadre de fourniture de matériaux », nous a assuré un porte-parole du conseil régional.
Le dossier est pourtant bien plus substantiel que ce que prétend l’entourage de Didier Robert. Les premières investigations, menées par la section de recherche de la gendarmerie de Saint-Denis, portent sur l'attribution de tous les marchés publics liés à la route. Les enquêteurs ont perquisitionné au siège du conseil régional. Ils ont également entendu son président, Didier Robert, ainsi que Dominique Fournel, l’élu en charge de la nouvelle route du littoral.
Selon des informations recueillies par Mediapart, le parquet national financier cherche à vérifier l’existence d’éventuelles commissions dans l’entourage des élus impliqués dans la passation des marchés. Les enquêteurs sont sur la piste de flux financiers suspects vers des pays réputés pour leur opacité, notamment les Seychelles. Cet archipel, un des paradis fiscaux les plus importants de la zone Océan indien, est sur la liste noire des trente pays les moins vertueux en matière de transparence financière, établie par l'Union européenne.
Outre les soupçons de corruption, la justice se penche sur la régularité de l’attribution, et en particulier sur la commission d’appel d’offres d’octobre 2013. « Je n’ai jamais vu de commission se tenir dans des conditions semblables », dénonce Yasmina Penchbaya, conseillère régionale d’opposition du parti Alliance, qui a assisté au vote des deux plus gros marchés.
« Je n’ai eu accès aux documents qu’une poignée de minutes, un pavé de plusieurs centaines de pages, ajoute l’élue. Lorsque j’ai demandé pourquoi on ne nous avait pas transmis les éléments plus tôt, il m’a été répondu : "c’est confidentiel". Par la suite, aucun membre de l’opposition n’a pu avoir accès aux documents de l’appel d’offres. » Ni aux rapports d’analyse. Alors que le code des marchés publics impose que ces documents soient rendus publics.
Le conseil régional dément : « Tous les rapports ainsi que l’ensemble des documents de procédure étaient disponibles à la consultation des élus, auprès de la Direction des affaires juridiques et des marchés, et ce bien en amont de la séance. Plus largement, les élus ont été associés aux grandes étapes de l’analyse des offres. »
L’opposition n’est pas la seule à dénoncer des anomalies. Le groupe de BTP Eiffage, candidat malheureux contre le groupement Vinci-Bouygues, a déposé plusieurs recours devant la justice administrative. Après avoir perdu en référé, l’entreprise a attaqué sur le fond. Le recours d’Eiffage, que Mediapart s’est procuré, dénonce la manière dont les lots ont été découpés, le délai très court d’examen des offres et l’absence de motivation des décisions de rejet. Eiffage affirme enfin que des courriers auraient été « rédigés à l’avance ».
Ce recours ne devrait pas être jugé avant au moins un an. Bien après les élections. Didier Robert mise sur la lenteur des procédures administratives et judiciaires. S’il est réélu en décembre, il fera tout pour mener à bien son projet de route, dont le chantier a déjà démarré.

De graves atteintes à l'environnement

L’objectif affiché de la Région est de sécuriser cet axe, aussi vital pour l’économie de l’île que réputé dangereux pour ses usagers. La route actuelle, au pied d’une falaise qui se jette dans l’océan, est régulièrement frappée par des éboulements, qui ont fait plusieurs victimes au cours des dix dernières années. Le nouveau ruban de bitume sera bâti sur l’océan. D’où des travaux pharaoniques, qui nécessitent d’énormes quantités de roches.
Coupe du tronçon "digue" de la future Nouvelle route du littoralCoupe du tronçon "digue" de la future Nouvelle route du littoral © Région Réunion
C’est l’autre gros problème de cette route : son impact sur l’environnement. « Pour des raisons de coût, la Région a écarté la possibilité d’une route entièrement sur viaduc, ce qui aurait eu des conséquences écologiques moindres, explique Jean-Pierre Marchau, conseiller municipal Europe Écologie-Les Verts (EELV) de Saint-Denis. Or, pour construire les deux tronçons de digue, il faut 18 millions de tonnes de roches. L’Autorité environnementale, une instance du ministère de l’écologie, a averti dès le départ le président de la Région que l’approvisionnement en roches poserait problème. »
De fait, ces roches empoisonnent le dossier. Car la Région a validé ce projet sans savoir où elle allait les trouver. Après avoir changé plusieurs fois d’avis, l’exécutif réunionnais vient de décider que ces matériaux seraient importés de l’île voisine de Madagascar. Malgré l’avis défavorable du Conseil national de protection de la nature, qui avait indiqué dans un rapport commandé par le ministère de l’écologie que « cette option aurait été dans tous les cas à prohiber, en particulier pour le risque majeur d’introduction d’espèces exotiques envahissantes ».
La Région tente aussi d’exploiter des carrières dans l’ouest de La Réunion. Mais cela reviendrait à arracher des millions de mètres cubes de roche, dans des endroits proches d’habitations, le tout au sein de zones classées comme sensibles sur le plan de la biodiversité. Les opposants – des associations de riverains pour la plupart – dénoncent« 900 camions jour et nuit, de la poussière et des nuisances »incompatibles avec le maintien d’un cadre de vie acceptable.
Il semble impossible que les roches puissent être extraites à La Réunion en quantité suffisante. « Les demandes d’exploitation de carrière seront examinées au cas par cas », indique-t-on à la préfecture, chargée de délivrer les permis. Le processus va encore être ralenti par les recours contre les modifications du schéma départemental des carrières, en cours d’examen au tribunal administratif de Saint-Denis et au Conseil d’État.
Au-delà de la question des roches, c’est l’ensemble de l’infrastructure qui est considéré comme antiécologique par les opposants. « Ce projet de nouvelle route du littoral est celui du tout-voiture, un mode de gestion catastrophique pour La Réunion, qui a besoin de tout autre chose », s’indigne Pascale David, responsable locale du syndicat d’usagers des transports Atr-Fnaut.
Ironie de l’histoire, la route va être financée avec des fonds publics destinés… à la construction d’un tram-train ! Mais ce mode de transport « doux », défendu aujourd’hui par la plupart des candidats d’opposition, a été enterré en 2010 par Didier Robert, avec la bénédiction du gouvernement. Quelques mois seulement après son élection, un protocole a été signé à Matignon, garantissant le transfert des fonds du tram-train vers la NRL. Soit 515 millions d’euros de l’Union européenne et 532 millions de l’État, le reste étant à la charge de la Région.
En abandonnant le projet ferroviaire, l’exécutif réunionnais a pris un gros risque. Dans un rapport de 2012, la Chambre régionale des comptes pronostiquait une « dérive financière importante » en cas de recours victorieux des entreprises qui avaient gagné le marché du tram-train. C’est exactement ce qu’elles ont fait – le contentieux est en cours d’examen par la cour administrative d’appel de Bordeaux.
Ultime absurdité de ce dossier, le plaignant n’est autre que Bouygues. En clair, l’entreprise, qui a pourtant remporté avec Vinci le colossal marché routier à 1,6 milliard, n’hésite pas à réclamer 169 millions d’euros à la Région pour avoir cassé le contrat ferroviaire. C’est pour réparer le « préjudice lié à la réalisation de nombreuses études et à l’emploi de nombreux architectes », plaide-t-on chez le géant du BTP. Quelle que soit l’issue de l’enquête pénale et des recours en tous genre, la manne de la nouvelle route du littoral n’est décidément pas perdue pour tout le monde.

Source : http://www.mediapart.fr/journal/france/240915/la-reunion-de-lourds-soupcons-pesent-sur-la-route-16-milliard?page_article=2

samedi 26 septembre 2015

Lyon-Turin : 8 mois de prison requis contre Erri de Luca pour "incitation au sabotage"

Lyon-Turin : 

huit mois de prison requis 

contre Erri de Luca 

pour « incitation au sabotage »

Le Monde.fr avec AFP | 21.09.2015 à 12h42 

• Mis à jour le 21.09.2015 à 13h21


Le parquet a requis, lundi 21 septembre, huit mois de prison ferme contre l’écrivain italien Erri de Luca, jugé à Turin, pour « incitation au sabotage » du chantier du tunnel ferroviaire Lyon-Turin. L’écrivain de 65 ans, qui encourt jusqu’à cinq ans de prison ferme et avait déjà annoncé qu’il ne ferait pas appel en cas de condamnation, s’est dit « stupéfait par la différence entre les arguments produits (par le parquet) et ce réquisitoire a minima ». « Je m’attendais au maximum », a-t-il expliqué.

Opposé au projet de TGV Lyon-Turin, il avait déclaré à la version italienne du site Huffington Post en septembre 2013 : « Les sabotages sont nécessaires pour faire comprendre que le TGV est une œuvre nuisible et inutile. »

« Erri de Luca a bien utilisé le mot “sabotage” », a estimé le procureur Antonio Rinaudo, dans un réquisitoire énumérant les différentes « attaques » contre le chantier, en particulier celles suivant l’entretien de l’auteur. Lors de cette interview, Erri de Luca, longtemps militant d’extrême gauche, écologiste, prix Femina en 2002 en France pour Montedidio (Prix Femina étranger 2002, Gallimard), avait confirmé son soutien sans faille au mouvement No TAV (« No treno ad alta velocità » ou « Non au train à grande vitesse » en français), qui fait rage en Italie contre le projet de liaison rapide entre Lyon et Turin.

« Une volonté de censure de la parole »

« On ne peut invoquer la liberté d’expression dans ce cas », a lancé M. Rinaudo, arguant qu’il s’agissait d’un « discours public » prononcé dans un « contexte précis » et ayant conduit« à l’instigation de la violence », à des « actes concrets et illégaux ». « En raison de sa notoriété internationale, ses paroles ont un poids déterminant et ses phrases une force suggestive », a-t-il insisté.

« Ce réquisitoire est un message sur la liberté d’expression », a déclaré M. de Luca à la presse, se disant « non pas un martyr ni une victime, mais le témoin d’une volonté de censure de la parole ».

A l’époque des faits, plus de deux cents militaires étaient basés dans le val de Suse, petite vallée alpine dont les habitants refusent le passage du Lyon-Turin, non pour « l’occuper, comme cela a été dit ou écrit, mais bien pour protéger le chantier », a rappelé le magistrat. Car en 2013, de nombreuses attaques, « nocturnes et de plus en plus violentes », ont eu lieu, endommageant du matériel et des engins de chantier. Un ouvrier a également été blessé.

L’audience devait se poursuivre lundi avec les plaidoiries de la partie civile, la société TELT (Tunnel euralpin Lyon-Turin), promoteur public chargé de la réalisation et de la gestion de la section transfrontalière, puis de la défense. Le verdict devrait être mis en délibéré.

Lire aussi : Erri De Luca n’est pas prophète en son pays

En janvier, le tribunal de Turin s’était déjà manifesté avec fermeté en condamnant quarante-sept militants opposés aux travaux de construction de la TAV à un total de cent cinquante années de prison.

vendredi 25 septembre 2015

Nouvelles des Apprentis-Sorciers : Les chinois sont prêts pour le dopage du QI in utero

Nouvelles des apprentis-sorciers

Le Monde / Science&médecine 
N°21985 p1

23 septembre 2015


Les Chinois sont prêts pour le dopage du QI in utero





Des expérimentations récentes ont augmenté les capacités intellectuelles de souris en modifiant la séquence de leur ADN. L'augmentation des capacités cognitives pourrait être prochainement démontrée chez le singe. Seraient-elles acceptables dans l'espèce humaine ?
Une polémique scientifique animée oppose les partisans de l'interdiction de la modification des embryons humains à des groupes favorables à ces manipulations. Dans un avis du 4 septembre, le groupe Hinxton (un réseau international de chercheurs, de bioéthiciens et de politiques) affirme que la modification génétique des embryons humains serait une " valeur inestimable " pour la recherche.
Au-delà des opinions d'experts, la position de la société civile sur l'utilisation de ces technologies chez l'homme sera cruciale. Faudra-t-il se limiter à corriger des anomalies génétiques responsables de maladies ou, comme le souhaitent les transhumanistes, augmenter les capacités, notamment cérébrales, de la population ? Une enquête internationale à paraître menée par l'agence de communication BETC révèle des différences considérables entre pays à propos de l'acceptation de l'" eugénisme intellectuel ".
Les Français sont ultra-bioconservateurs : seulement 13  % jugent positive l'augmentation du quotient intellectuel (QI) des enfants en agissant sur les fœtus. Alors que respectivement 38 % et 39  % des Indiens et des Chinois y sont favorables. Chez les jeunes Chinois branchés, ce pourcentage atteint même 50  %. Les Chinois sont de fait les plus permissifs en ce qui concerne ces technologies et n'auraient aucun complexe à augmenter le QI de leurs enfants par des méthodes biotechnologiques.
La première manipulation génétique portant sur 86 embryons humains a d'ailleurs été menée en avril par des scientifiques chinois, qui ont publié leurs travaux juste après la médiatisation d'une pétition internationale opposée à ces expérimentations ! Les pays où régnera un consensus sur l'augmentation cérébrale des enfants pourraient, lorsque ces technologies seront au point, obtenir un avantage géopolitique considérable dans une société de la connaissance. Le philosophe Nick Bostrom, de l'université d'Oxford, estime que la sélection des embryons après séquençage permettrait en quelques décennies d'augmenter de 60  points le QI de la population d'un pays. En ajoutant la manipulation génétique des embryons, on pourrait obtenir une augmentation encore plus spectaculaire.
Cette perspective est vertigineuse et effrayante, mais la pression sociale pour faire duneuro-enhancement (" augmentation cérébrale ") va aller croissant avec le développement de l'intelligence artificielle (IA). Sebastian Thrun, l'inventeur de la Google Car, explique dans The Economist du 5  septembre que, " à cause de l'efficacité croissante des machines, il va être de plus en plus difficile pour un être humain d'apporter une contribution productive à la société. Les machines pourraient nous dépasser rapidement. Les chauffeurs routiers vont être parmi les premiers à être remplacés par les machines, mais aucune profession n'est à l'abri ". Il considère dès lors qu'il faut tout faire pour nous donner une chance face à l'IA. Cette angoisse vis-à-vis de l'intelligence artificielle devrait conduire la plupart des parents à accepter les technologies d'augmentation cérébrale pour leurs enfants dès qu'elles seront au point. Les jeunes Chinois n'ont pas fini de revendiquer le droit au neuro-enhancement !
Laurent Alexandre (Chirurgien urologue, président de DNAVision l.alexandre@dnavision.be)
© Le Monde

jeudi 24 septembre 2015

Spectacle Impro Clown Prades jeudi 24 septembre


ATTENTION !!!
Spectacle 
de dernières minutes

Vous l’avez vu en impro clown il y a peu de temps
Il revient pour vous Jeudi Soir à partir de 22h avec une nouvelle création encore plus folle…



Allez viens on va créer des miracles !
Spectacle magie, technologie, clown.
Durée 40min
Public adulte
40 à 50 places disponibles






Atelier de l’entonnoir
Route d’eus Prades 

mercredi 23 septembre 2015

Marche Mondiale des Femmes : Perpignan mercredi 23 septembre à partir de 18h

En 2015, La Marche Mondiale des Femmes organise sa 4ème action globale. 

En Europe une caravane féministe s’est mise en place pour aller rencontrer les femmes en luttes et résistances dans les différents pays européens. 
Cette caravane est un des outils en Europe de la MMF. 

La MMF Midi-Pyrénées a proposé de s’associer avec le Collectif Droits des Femmes 66 pour accueillir la caravane. 
Le thème de cette étape sera axé sur le système prostitutionnel qui n’a pas été abordé précédemment.

Nous vous invitons à participer à cette initiative qui aura lieu à Perpignan le mercredi 23 septembre 2015 autour de deux moments : 

* à partir de 18h : 
De la place de Catalogne à la place de la Victoire, marche féministe festive ! 
Toutes et tous à vos instruments, ... casseroles, castagnettes ou autres ! 
"Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous serons en marche" !

* à partir de 19h30 :
Soirée au Casal (23 Avenue du Lycée à Perpignan)

* Conférence de Sophie Avarguez et Aude Harlé de l'Université de Perpignan sur le thème : Perceptions et représentations du phénomène prostitutionnel par les jeunes des Pyrénées-Orientales : l’exemple des puticlubs catalans

* La situation du système prostitutionnel en Europe présentée par Julie Beaufils de la MMF-Midi-Pyrénées.

* Présentation par les caravanières des expériences de luttes et de résistances qu’elles ont rencontrées.

Fin de soirée festive avec buffet.


mardi 22 septembre 2015

Inondations : la responsabilité oubliée des sols agricoles

Inondations : la responsabilité oubliée des sols agricoles

Inondations en 2014 - Photo J. Caplat
Les inondations sont d'abord la conséquence de sols appauvris

La répétition récente des inondations meurtrières et coûteuses, dans plusieurs régions françaises, conduit certains journalistes à remarquer à quel point une urbanisation mal maîtrisée multiplie les risques et amplifie les conséquences de tels incidents. Certains observateurs plus courageux vont jusqu'à imputer une partie de la responsabilité directe au bétonnage, à ce que l'on nomme généralement l'artificialisation des sols. Cela est indiscutable : plus les surfaces consacrées aux villes, aux routes, aux zones commerciales et autres infrastructures augmentent, plus la proportion des pluies qui ruissellent au lieu d'être absorbées augmente à son tour.

Les critiques les plus sévères ou les moins timorées poursuivent l'analyse un peu plus loin, en fustigeant également la suppression des haies, talus et zones humides. C'est également indiscutable : la réduction parfois dramatique des linéaires de haies et talus est directement en cause dans le ruissellement des pluies orageuses, puisqu'ils ne sont plus là pour réguler cet écoulement. L'implantation des cultures ou des vignes parallèlement à la pente est une aberration inadmissible qui accroît bien sûr l'écoulement. Moins souvent citée, la suppression des zones humides est une autre erreur à long terme, car elles présentent précisément la faculté d'amortir les afflux d'eau. Il est urgent de cesser leur drainage et leur élimination.

Mais il est une cause considérable et pourtant rarement abordée : l'appauvrissement des sols agricoles. En effet, un sol agricole digne de ce nom est censé être riche en matière organique et en organismes vivants (microorganismes, collemboles, acariens, nématodes, larves, vers-de-terre, etc.), et être bien structuré grâce à un système racinaire dense et varié (superficiel et profond). Lorsque c'est le cas, sa capacité drainante lui permet de laisser l'eau de pluie le pénétrer en profondeur et par exemple gagner progressivement la nappe phréatique le cas échéant. Surtout, sa richesse en matière organique lui permet de fonctionner comme une éponge, c'est-à-dire d'absorber directement de considérables volumes d'eau et de les retenir en son sein.

L'appauvrissement des sols agricoles depuis quelques décennies a supprimé cette double capacité de pénétration et d'absorption. Compte-tenu des surfaces considérables consacrées à l'activité agricole, ce sont des volumes d'eau véritablement astronomiques qui se retrouvent désormais à ruisseler au lieu de s'infiltrer. Il faut bien comprendre que ces volumes, qui sont déjà significatifs à l'échelle d'un simple champ, deviennent spectaculaires à l'échelle d'un bassin versant, lorsqu'ils s'accumulent par nappes dans un cours d'eau. Un sol biologique riche en matière organique, par exemple, pourra absorber 20 % d'eau supplémentaire par rapport à un sol appauvri par les produits chimiques et le labour profond (constat du Rodale Institute), ce qui peut représenter une différence de 200 000 litres par hectare. Sur un petit bassin versant de 100 km2 constitué de 70 % d'agriculture, cela représente déjà un volume de 1,4 millions de mètres-cubes (1,4 milliards de litres) qui sera stocké ou infiltré au lieu de ruisseler pour s'accumuler dans les vallées. Imaginez le volume en jeu sur un bassin de 10 000 km2.

Mieux encore : cette capacité d'infiltration est particulièrement cruciale lors des pluies violentes, c'est-à-dire lors des épisodes orageux. Un sol agricole vivant (en particulier riche en vers-de-terre) et bien structuré peut absorber entre 40 et 100 mm d'eau en une heure (voire 300 mm/h, cf. travaux de Marcel Bouché, INRA, 1990) et joue donc un rôle d'amortisseur des pluies d'orage. À l'inverse, la plupart des sols agricoles dégradés actuels n'absorbent qu'un à deux millimètres d'eau avant d'être immédiatement saturés en surface ; tout le reste (c'est-à-dire la quasi-totalité) ruisselle alors massivement et provoque des débordements violents des cours d'eau.

Sol imperméable, champ inondé

Le bétonnage et la suppression des haies ont bien sûr une lourde part de responsabilité dans les inondations récentes. Mais l'appauvrissement de la terre agricole en porte une aussi lourde, voire plus lourde. L'agriculture conventionnelle a transformé d'anciennes éponges en nappes de toile cirée !

Aucune infrastructure ponctuelle ne pourra compenser ce travail de sape, invisible mais omniprésent. Avant de construire des digues, avant de regretter une urbanisation déjà réalisée, la moindre des responsabilités et des compétences consisterait à redonner aux sols agricoles leur rôle régulateur.

L'eau stockée dans le sol peut éviter le recours à l'irrigation

Lorsqu'un sol vivant et riche en matière organique absorbe l'eau apportée par les pluies hivernales, il ne se contente pas de protéger les territoires d'aval contre les inondations. Il permet également de stocker la ressource hydrique au bénéfice des cultures qui se développeront au printemps et en été.

Même si une irrigation raisonnable est parfois nécessaire, son recours est souvent la conséquence, ici encore, de la destruction de la terre agricole par l'agriculture conventionnelle. Avant d'envisager des infrastructures destructrices pour faire face aux sècheresses estivales croissantes, le B-A-BA de l'agronomie consiste à reconstituer la structure et la matière organique des sols eux-mêmes. Pourquoi aller chercher l'eau dans des rivières déjà fragilisées, alors que le premier et élémentaire espace de stockage de l'eau se situe directement dans les champs ?

En effet, la plupart des régions soumises à une sècheresse estivale croissante du fait du dérèglement climatique sont précisément celles qui sont soumises à des pluies meurtrières en hiver. Ce paradoxe devrait pourtant stimuler la réflexion !

Ce n'est qu'une fois que la capacité de stockage hydrique des sols agricoles (réserve utile) a été restaurée qu'il est possible d'envisager des systèmes d'irrigation (dont je ne nie pas l'intérêt voire la nécessité pour certaines cultures et dans certains milieux très spécifiques : certaines terres, même améliorées par l'agriculture biologique, conservent des capacités de rétention limitées). Dès lors, ces dispositifs d'irrigation sont bien moins coûteux, bien moins destructeurs de milieux naturels et bien plus faciles à gérer.

Le sol, un outil de lutte contre le dérèglement climatique

Par leur rôle d'éponge, des sols vivants et bien structurés peuvent ainsi jouer un rôle régulateur face au dérèglement climatique en cours, à la fois en limitant fortement l'ampleur des inondations et en assurant un apport hydrique aux cultures. Mais l'intérêt des sols agricoles va au-delà : ils peuvent également aider à lutter contre l'emballement de l'effet de serre.

En effet, les sols peuvent être de formidables « puits de carbone », puisqu'ils en stockent des quantités considérables dans leur matière organique. Jusqu'au milieu du XXe siècle, les terres de la planète contenaient 3 à 4 fois plus de carbone que l'atmosphère – mais cette proportion a nettement baissé sous l'effet du labour profond et de l'usage des produits chimiques qui réduisent la richesse organique des sols. Autrement dit, les sols agricoles tendent actuellement à « déstocker » du carbone et donc à contribuer à l'augmentation de l'effet de serre, ce qui est un contresens total puisqu'ils devraient au contraire jouer un rôle d'amortissement. Dans certains terroirs français, les sols ont perdu 60 % de leur carbone en 60 ans. Il est temps d'inverser la tendance !

Travail superficiel du sol avec couverture permanente - Photo Rodale Institute

Des pratiques qui devraient être incontournables

Il se trouve que les pratiques agronomiques qui permettent d'améliorer la capacité des terres agricoles à stocker le carbone sont en grande partie les mêmes qui leur permettent de retrouver leur rôle d'éponge hydrique (puisque ce rôle dépend justement de leur richesse en matière organique, donc en carbone). Il est donc urgent de s'attacher à couvrir le sol en hiver, à pratiquer des cultures associées, à réimplanter des légumineuses à la place du recours à la fertilisation azotée, à limiter le labour, à limiter (voire supprimer) les pesticides qui affaiblissent la vie microbienne du sol et ses différentes fonctions, à travailler et planter perpendiculairement aux pentes, à réimplanter des haies, des bandes enherbées, des talus et des points d'eau, à pratiquer l'agroforesterie, etc.

L'ensemble de ces techniques se retrouvent dans les préconisations de l'agriculture biologique. Faut-il s'étonner si la Soil Association (Grande-Bretagne) et le Rodale Institute (États-Unis) ont montré que les sols conduits en agriculture biologique peuvent absorber jusqu'à 400 kg de carbone (1 500 kg de CO2) par hectare et par an, et sont de très loin les plus efficaces pour stocker l'eau et lutter contre la sècheresse ?

Nous connaissons les solutions, qu'attendons-nous pour les mettre en œuvre ?
Source : http://www.changeonsdagriculture.fr/inondations-la-responsabilite-oubliee-des-sols-agricoles-a115066100