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mardi 31 août 2021

Landes : Forêt de Higas, la création d’une des plus grandes forêts comestibles d’Europe

 

Landes : Forêt de Higas, 

la création d’une des plus grandes forêts 

comestibles d’Europe

 
 
 
Comme dans une forêt sauvage, Yoann veut organiser les plantations en différentes strates avec une densité forte pour avoir des fruits et légumes de saison, des fruits à coque, des plantes médicinales, du bois et du fourrage pour les futurs animaux, du miel, des œufs et même de la spiruline qui sera elle cultivée dans un ancien pressoir à vin transformé en bassin.

 

  

  27 novembre 2020 - Laurie Debove 

 

Au cœur des Landes, sur 7 hectares, les joyeux compères Yoann et Frank ont semé les premières graines d’un projet fou : créer l’une des plus grandes forêts comestibles d’Europe avec plus de 60 000 arbres, arbustes et buissons, une rivière, des animaux et une multitude de légumes et plantes en tout genre. Leur rêve : recréer « un écosystème complet, havre de biodiversité, où l’Homme et la Nature se rendent services dans un parfait équilibre. »

 

Une corne d’abondance alimentaire

Le soleil rayonne en ce matin de novembre sur les champs d’Estibeaux. Il y a 7 ans, ces vallons étaient encore utilisés pour de l’agriculture industrielle de maïs. Laissé en jachère en 2013, il aura bien fallu toutes ces années au sol pour se remettre des traitements chimiques et du labour à outrance.

 

« Pendant très longtemps, seul du rumex poussait ici ce qui indiquait que le sol était mal oxygéné et mal aéré. Maintenant, il y a du plantain, des fleurs et les premiers noisetiers et chênes qui poussent ! Cela montre que le sol s’est enfin rétabli. » sourit Yoann Lang, le cerveau qui a pensé et imaginé le projet pendant des années, pour La Relève et La Peste

En plus de ces plantes bio-indicatrices, Yoann fait des mesures pour connaître précisément l’état du sol. Il veut transformer ces anciennes parcelles de monoculture de maïs « en corne d’abondance alimentaire et en un havre de paix pour la biodiversité. » L’agriculteur qui lui a vendu les terres trouve son projet « génial » malgré le fait que l’agroforesterie soit une approche radicalement différente de l’agriculture industrielle.

Frank à gauche et Yoann à droite – Crédit : Laurie Debove


 Comme dans une forêt sauvage, Yoann veut organiser les plantations en différentes strates avec une densité forte pour avoir des fruits et légumes de saison, des fruits à coque, des plantes médicinales, du bois et du fourrage pour les futurs animaux, du miel, des œufs et même de la spiruline qui sera elle cultivée dans un ancien pressoir à vin transformé en bassin.

 

Du poivre de sichuan, dont la cosse se mange, pas la baie – crédit : Laurie Debove

 

« Le but est d’avoir une production avec la plus grande diversité possible, pour répondre localement aux besoins des habitants. En plus des fruits et légumes traditionnels, nous allons par exemple cultiver des champignons – Pleurotes, Reiishi et Shiitaké sur billes de bois, mais aussi des baies de goji, des citrons Yuzu et caviar ou encore du poivre de Sichuan qui composeront nos haies. » énumère Yoann Lang, le cerveau qui a pensé et imaginé le projet pendant des années, pour La Relève et La Peste

Crédit : Forêt de Higas

 

 L’agroforestier prévoit même de construire une verrière photovoltaïque d’1 hectare, dès la première année, qui abritera bananes, cacao, café, thé, avocats et agrumes. Le climat étant clément dans ce coin de France, les températures devraient être suffisantes pour ne pas avoir besoin de la chauffer, et le lit d’une rivière courra à l’intérieur pour recréer l’humidité dont ces plantes tropicales ont besoin !

« Les gens sont souvent étonnés par la volonté de faire des bananes ou du cacao, ils pensent que ce n’est pas vraiment écolo. Mais je suis pragmatique : rares sont ceux qui arrêtent vraiment de consommer ces produits, et nous ne pouvons plus nous permettre de continuer à les importer en masse depuis l’autre bout du monde à cause de la pollution que cela entraîne. Il faut donc bien créer de nouvelles façons de faire. » explique Yoann Lang pour La Relève et La Peste
 

Dans une démarche jusqu’au-boutiste, Yoann et Frank font énormément de récupération pour limiter l’usage de ressources et de matériaux. Quand il en a vraiment besoin, Yoann crée ainsi du béton grâce à du verre pilé récupéré localement, du ciment et de l’eau. Au-delà de la culture de comestibles, la Forêt de Higas veut ainsi répondre aux enjeux climatiques et écologiques du XXIème siècle.

 

Crédit : Laurie Debove

 

Un projet utile au territoire

Dans cette commune habituée à l’agriculture industrielle, nombreux sont les anciens du coin à considérer Yoann et Franck comme des utopistes, « des bobos du XVIème » qui ne connaissent pas les réalités du métier. Pourtant, Yoann a grandi à la campagne, inspiré et formé par son grand-père jardinier.

Surtout, le projet a été mûrement réfléchi pour se créer avec les locaux, et pour faire face aux nombreux défis posés par la crise écologique et climatique comme l’érosion des sols, la pollution des nappes, la sixième extinction de masse, etc.

 « L’eau, particulièrement, est un enjeu d’avenir. Les gens ne réalisent pas à quel point. Nous allons vivre des périodes de sécheresses de plus en plus longues ponctuées par des périodes de pluie de plus en plus courtes et violentes qui aggravent les risques d’inondations. C’est pourquoi nous avons décidé de créer un bassin de retenue d’eau, alimenté par les eaux de ruissellement de plusieurs dizaines d’hectares environnants, qui seront nettoyées par phytoépuration, avant de rejoindre le ruisseau qui ira jusqu’à notre étang. Cette rivière avait été bouchée en 1950, nous allons donc la faire revivre. » détaille Yoann Lang pour La Relève et La Peste

 

Pendant un an, Yoann a récupéré les déchets verts de paysagistes locaux pour créer du compost. Il prévoit d’acheter 1500 châtaigniers à son voisin pépiniériste. – Crédit : Laurie Debove

Cette année, Estibeaux et les communes voisines ont essuyé des épisodes orageux particulièrement violents qui ont provoqué des inondations faisant de nombreux dégâts matériels. La ville de Pouillon regarde donc le projet de la Forêt de Higas avec intérêt. Frank, lui, en est convaincu : nous avons besoin d’arbres, et vite.

« J’ai été amené à vivre deux fois en Guyane pendant ma carrière de gendarme, à dix ans d’intervalle. C’est là-bas que j’ai pris conscience de l’importance des arbres. Quand je suis revenu, les villageois avaient rasé les arbres pour agrandir les maisons, plutôt que construire autour comme avant. Résultat : la température a tellement augmenté et l’humidité tellement baissé que l’on suffoquait littéralement sur la place centrale du village. Une forêt comestible, cela permet de retenir l’eau, donc de se protéger, en plus de se nourrir ; c’est pour ça que ce projet m’a paru évident. » raconte Frank Lutic, futur salarié de la Forêt de Higas, pour La Relève et La Peste

Un saule a ainsi besoin de boire 100 litres d’eau par jour. A l’image des arbres qui essaiment leurs graines au vent, la Forêt de Higas s’inscrit déjà dans une dynamique territoriale collective plus large. Ainsi, Romane, une jeune voisine de 25 ans prépare elle aussi son projet agroécologique avec la Ferme de Midgard, un projet d’exploitation Agricole Bio pour du Houblon et des Fruits rouges.

Elle est accompagnée par l’AARCE, l’Association d’Aide au Reboisement et à la Conversion Ecologique créée par Yoann, Frank et sa compagne pour appuyer le développement de projets similaires dans la région. Parmi les projets soutenus : la rénovation d’un moulin de 1703 pour que de petits agriculteurs locaux ou même des particuliers faisant pousser un peu de céréales puissent y moudre leur farine ou son BIO, de manière ancestrale.

 

 

Carotte, la mascotte de la Forêt. Crédit : Laurie Debove

« On est hyper bien accompagnés par d’autres associations comme Humans by Nature, alors on voulait rendre la pareille. L’idée, c’est d’enlever le frein économique à la transition écologique. Il faut qu’on soit des milliers à porter et assumer ce genre de projets si on veut réussir à transformer la société en profondeur. J’ai deux filles, de 6 et 8 ans. C’est pour elles que je fais tout ça. Je suis extrêmement inquiet pour leur futur, et je veux leur léguer un petit îlot de résilience pour qu’elles soient à l’abri. » confie Yoann Lang pour La Relève et La Peste

Et à la Forêt de Higas, le travail ne manquera pas ! Yoann et Frank prévoient déjà d’embaucher 5 personnes au fur et à mesure du temps sur les différents ateliers de l’exploitation, qu’il s’agisse de maraîchage, transformation, de soigner les animaux, d’entretenir les cultures ou faire de la vente.

Alors que la banque vient de leur accorder un prêt juste suffisant pour l’achat des terrains et quelques outils (165 000 euros), Yoann et Frank ont lancé une campagne de financement participatif pour acquérir le matériel restant et les plants nécessaires.

Prochaine étape le 15 janvier 2021, où les arbres parrainés par les crowdfundeurs seront plantés sur le terrain. Les parrains et marraines pourront ensuite venir en récolter la moitié des fruits chaque année. On souhaite à ce beau projet de prendre racine.

 

Source : https://lareleveetlapeste.fr/landes-foret-de-higas-la-creation-dune-des-plus-grandes-forets-comestibles-deurope/?fbclid=IwAR1Ql-lpRnfOomdKU42inSfEx8mTHy8GTGptc58RpKr8HcPeIwPrV4CE6vI

 

dimanche 29 août 2021

Lettre d'info de l'Alchimie, lieu culturel associatif de Prades (66500)

 


Bonjour cher.e.s adhérent.e.s !

Voici le programme de la semaine :

Respect du protocole sanitaire obligé !

Le défi est lancé pour réinventer, construire, créer et tout ce qui vient avec. La marge de manœuvre dans cette période incertaine existe, à nous de nous en saisir.

Bienvenue, et re-bienvenue à tou.te.s celles.ceux qui veulent faire vivre ce beau projet associatif.

MARDI

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MERCREDI

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JEUDI

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SAMEDI

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APPEL A BENEVOLES

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P'tite annonce n°1 :

Notre tableaux ardoise pour le Menu a été oublié dans la rue le jeudi 5 août, la personne qui a eu la gentillesse de le mettre à l'abri, s'il vous plait ramenez nous le, il nous manque terriblement.

P'tite annonce n°2 :

L'association a besoin de volontaires pour les services des mardis midi, à vous de vous proposer.

P'tite annonce n°3 :

Un cercle animation du bénévolat doit être formé d'urgence. À tous ceux qui meurt d'envie de s'investir un peu plus dans les actions... bienvenues !

facbook de l'alchimie
blog de l'alchimie

 

Au plaisir de vous voir par ici ou par là

Fab & Mona pour L'Alchimie

Contact : contact@assoalchimie.org   07.83.36.77.31

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samedi 28 août 2021

Atelier de l'Entonnoir : Mio dio ! Je suis dans le lagen ce matin ! Andavant, anem a l'entonnnoir affin de aixecarse !

 


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Mercredi 1er Septembre

à 18H30

L'AMAP de Julie est de retour !!!

Distribution de légumes.

12,50€ /Semaine, 50€ /Mois.

Venez nombreux pour inscriptions et distribution du 1er panier de légumes.

Plus d'info sur place ou au : Julie 0678434010

 

Pour toute proposition d'atelier, veuillez contacter

Pascale et Petit Jean au 06 35 39 34 31

 

Pour les événements, les contacts se font par mail :

evenements@atelierdelentonnoir.com

 

Pour faire partie de notre équipe de formidables bénévoles,

contacter Laeti au 06 47 04 37 26

 

ATELIER DE L'ENTONNOIR

www.atelierdelentonnoir.fr

contact@atelierdelentonnoir.fr

04 68 97 06 12

 

Copyright © 2021 Atelier de l'entonnoir
1 Rue des Marchands, 66500 Prades, France

vendredi 27 août 2021

En pleine croissance, les magasins bio perdent-ils leur âme ?

 

En pleine croissance, 

les magasins bio perdent-ils 

leur âme ?

 

 
24 août 2021



 

Fruits exotiques, partenariats avec Amazon, salariés dénonçant de mauvaises conditions de travail... Certaines enseignes bio sont de plus en plus critiquées pour avoir perdu « l’esprit de la bio ». Les magasins s’en défendent, arguant œuvrer à faire découvrir l’agriculture biologique à tous.

Le logo vert et jaune a été retiré de la vitrine. À Rouen (Seine-Maritime), place des Carmes, le magasin Bio c’ Bon a été remplacé au début du mois de juin par un Carrefour City. Cette disparition est une des conséquences du rachat de l’enseigne de magasins bio en novembre 2020 par le groupe Carrefour. Partout en France, de Lille à Paris, une quinzaine de Bio c’ Bon ont subi la même transformation [1].

Depuis, les critiques fusent. Pour certains observateurs, ce changement symboliserait la « perte d’âme » des chaînes traditionnelles de magasins bio spécialisés. L’accusation revient régulièrement depuis quelques années : les boutiques telles que Biocoop, La Vie claire [2] ou encore Naturalia seraient devenues trop grandes, avec trop de produits, et auraient perdu de vue « l’esprit de la bio » des débuts. Au point de devenir comme n’importe quel magasin conventionnel de grande distribution. Est-ce réellement le cas ? Reporterre a tenté de démêler le vrai du faux.

D’emblée, une certitude : les Français consomment de plus en plus de produits bio. D’après le baromètre annuel de l’Agence bio, en 2020, 9 Français sur 10 ont consommé des produits bio au moins une fois dans l’année, et 73 % d’entre eux l’ont fait au moins une fois par mois. Par conséquent, le marché représente de plus en plus d’argent : 13,2 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2020, soit une croissance de 10,4 % par rapport à l’année précédente. « Depuis une dizaine d’années, le bio est enfin sorti du carcan “militant bobo” dans lequel il a baigné pendant une trentaine d’années, observe le journaliste Frédéric Denhez, auteur de Le bio : au risque de se perdre (Buchet-Chastel). La grande distribution l’a fait sortir de ce cadre pour l’élargir à une clientèle plus vaste, des jeunes parents par exemple. Il y a eu une demande très forte, la grande distribution l’a compris et cela a profité aux enseignes traditionnelles qui ont grossi. »

 

Déchargement d’un camion de livraison Biocoop à Paris. Wikimedia Commons/CC BY-SA 3.0/Oliver H

À titre d’exemple, le réseau Biocoop, leader du marché des magasins bio spécialisés, comptabilise aujourd’hui 710 points de vente. Le chiffre devrait même atteindre 750 boutiques à la fin de l’année. Il y a quatre ans, elles n’étaient « que » 431. « Le secteur connaît une évolution importante, les magasins ont des tailles de plus en plus grandes », confirme Didier Perreol, président du réseau Synabio, qui rassemble les entreprises de la bio, les transformateurs et les distributeurs spécialisés. Lui-même a possédé un magasin bio il y a quelques dizaines d’années : son local était bien plus petit que la plupart des boutiques actuelles, et proposait une offre réduite de produits. « Quand j’ai démarré, le sucre par exemple n’était pas bio, le sésame non plus, se souvient-il. Aujourd’hui il y a de la diversité dans un magasin bio, entre 8 000 et 10 000 références. »

Pas de produits transportés par avion, mais des fruits exotiques

Face à une augmentation de la demande et de la clientèle, les magasins bio ont effectivement dû s’adapter. « Puisque le réseau est désormais énorme, certaines personnes estiment que Biocoop est devenu comme Carrefour, remarque l’ingénieur agronome Claude Aubert, pionnier de l’agriculture biologique française. Évidemment qu’eux aussi ont une centrale d’achat ! On retrouve les mêmes modes de fonctionnement dans un magasin bio que dans une boutique conventionnelle, c’est malheureusement la mécanique quand on a des impératifs économiques. »

« Je ne comprends pas l’idée qu’on ressemblerait à la grande distribution, factuellement ce n’est pas le cas », se défend Pierrick De Ronne, président du réseau Biocoop. Sur le principe, un article trouvé sur une étagère de Biocoop est tout aussi bio que celui déniché dans un rayon de Carrefour Bio. Mais là où les enseignes bio traditionnelles veulent se démarquer, c’est sur la façon dont sont sélectionnés les produits mis en vente.

Chez Biocoop, le cahier des charges précise que les sociétaires « donnent la priorité aux produits locaux » (une production agricole ou un produit transformé à 150 kilomètres routiers au maximum du magasin), aux « petits fournisseurs », « ne distribuent pas d’espèces sauvages de poissons menacées » ou encore de « produits transportés par avion ». Le réseau garantit que 80 % de son offre vendue est d’origine France. Mais il n’est pas rare de trouver dans leurs bacs à fruits — comme à Naturalia, La Vie claire ou Bio c’ Bon — des bananes, des ananas ou des avocats venus d’autres continents.

 

Bananes, gingembre du Pérou, mandarines et poires d’Italie dans un Biocoop d’Ariège. Wikimedia Commons/CC BY-SA 3.0/Olybrius

« On ne gagne pas beaucoup d’argent avec les bananes, mais c’est compliqué de ne pas en vendre, affirme le président Pierrick De Ronne. On doit être accueillants pour les consommateurs, après ils ont le choix d’acheter ou non. Quand on propose des fruits exotiques, ils viennent par bateau, c’est du commerce équitable et on travaille sur des alternatives. » Même discours chez Naturalia : « Nous vendons des fruits exotiques, mais ils viennent par bateau seulement et nous essayons de créer de plus en plus de filières en France, en Espagne et en Italie, assure Allon Zeitoun, directeur général de l’enseigne, soulignant que 90 % de l’offre est d’origine France. On veut limiter au maximum notre impact, mais pas forcément être dans la contrainte [des consommateurs]. »

Ainsi, les enseignes historiques de magasins bio continuent d’afficher le respect des saisons, les produits locaux et le commerce équitable comme des éléments fondateurs de leur philosophie ; et comptent sur les clients pour privilégier les fruits français aux mangues d’Asie. « Il est intolérable de trouver dans des magasins bio des produits venus d’autres pays alors qu’on peut en dénicher en France, abonde l’ingénieur agronome Claude Aubert. Mais si vous supprimez de ces boutiques le café, le chocolat ou les avocats, elles feront faillite ! Il ne faut pas “être ayatollah” par rapport à tout ça, tout dépend de la place que ces produits prennent [dans les magasins]. »

 

Une boutique Naturalia. Wikimedia Commons/CC BY 2.0/Jean-Louis Zimmermann

Un partenariat entre Naturalia et Amazon

Les critiques ne s’arrêtent cependant pas là. En 2020, l’enseigne Naturalia a noué un partenariat avec le site de commerce en ligne Amazon — comme Bio c’ Bon l’avait fait de 2016 à 2020. Cette alliance permet aux abonnés d’Amazon Prime de recevoir leurs courses de produits bio à leur domicile en moins de deux heures. « Amazon est la plus grosse menace du commerce traditionnel : en termes d’esprit du bio, on n’y est pas du tout, observe le journaliste Frédéric Denhez. Si les clients n’ont pas le temps de faire leurs courses, ils n’ont pas le temps non plus de penser à la saisonnalité des produits. Et si vraiment les enseignes veulent développer le commerce en ligne, il existe d’autres structures qu’Amazon pour le faire ! »

Mais du côté de la direction de Naturalia, on assume pleinement cette décision. « Ce qu’on veut, c’est proposer de la bio à tous les consommateurs, explique le directeur général. Avant qu’on arrive sur la plateforme, un abonné Amazon Prime avait le choix entre le conventionnel ou rien. On a voulu arriver avec notre vision de la bio pour pousser cette agriculture. » Selon lui, le commerce en ligne étant déjà largement implanté, il est plus important « d’apporter la bio là où sont les consommateurs » que de laisser cette option à la grande distribution.

 

La plateforme Amazon Prime. © E.B/Reporterre

« Les produits sont différents, mais ce sont les mêmes méthodes de travail qu’à Auchan ou Monoprix »

Une autre ressemblance entre les enseignes bio traditionnelles et la grande distribution est pointée du doigt : les difficultés de management. « Chez Biocoop, leader du bio spécialisé en France, il y a une volonté de faire toujours plus de profit et de limiter les acquis sociaux [des salariés] au maximum », accuse Konstantin. Le jeune homme a travaillé dans un magasin parisien Biocoop-Le Retour à la terre de mars à novembre 2020 — en pleine première vague de Covid-19. Il se souvient d’une « surcharge de travail », entre l’afflux de clients à gérer, l’augmentation des produits à ranger et des livraisons à effectuer, le tout dans un « climat anxiogène ». Mais ce qui a mis le feu aux poudres, c’est l’annonce au mois de juin de la mise en vente des deux magasins parisiens Biocoop-Le Retour à la terre, et l’instauration du travail dominical dans ces boutiques.

Les salariés ont alors décidé de se regrouper et de faire bloc contre ces décisions. « Le mythe de la coopérative chez Biocoop, c’est du pipeau », dénonce Konstantin. Parmi les plus de 700 magasins du réseau national (qui est une société anonyme coopérative), seulement 36 % sont de réelles coopératives, tandis que les autres sont des franchises. « Chaque magasin est une entité séparée, on n’a pas de CSE [comité social et économique, représentant les salariés] en commun, même entre les magasins d’une même franchise, poursuit l’ancien salarié. Cela empêche de se regrouper, de faire grève. »

Qu’à cela ne tienne, les employés des deux magasins Biocoop-Le Retour à la terre ont commencé une grève le 9 juillet 2020 pour protester et réclamer une revalorisation des salaires. Plusieurs journées de grève se sont succédé durant l’été, jusqu’à une journée de mobilisation nationale le 17 septembre. La contestation s’est conclue par une occupation de magasins, plusieurs licenciements et, finalement, l’obtention de deux jours de repos consécutifs, une fois par mois. « La charte sociale du réseau, qui pouvait être exigeante il y a vingt ans, ne l’est plus aujourd’hui, déclare Konstantin. Les produits sont différents, mais ce sont les mêmes méthodes de travail qu’à Auchan ou Monoprix. »

 

Grève devant le magasin Biocoop-Le Retour à la terre du 5e arrondissement de Paris, le 12 septembre 2020. © Audrey Parmentier/Reporterre

D’autres grèves avaient déjà eu lieu au sein du réseau Biocoop pour dénoncer une dégradation des conditions de travail : en 2011 à Chambéry (Savoie), en 2017 en Mayenne (Pays de la Loire) ou encore en 2018 à Carpentras (Vaucluse). Des salariés des plateformes logistiques s’étaient aussi mis en grève dans les Bouches-du-Rhône et en Essonne en 2019. « Je prends cela avec beaucoup de recul et d’humilité, réagit le président de Biocoop, Pierrick De Ronne. Les questions sociales peuvent arriver dans n’importe quel magasin. Elles sont souvent liées à des problématiques locales, parfois à des problèmes de gouvernance. » Pour régler ces situations, il assure travailler à une amélioration de la rédaction des engagements de Biocoop, « accompagner les gérants [de magasins] dans le dialogue » et vérifier l’état de santé des employés. « Il y a deux ans, nous avons sorti un magasin du sud-est de la France du réseau Biocoop, poursuit-il. Les salariés allaient au travail la boule au ventre, ce n’était pas possible. »

Les autres magasins bio historiques ne sont pas en reste. Dans un article du journal Politis, d’anciens salariés de Naturalia dénonçaient des problèmes de sous-effectif et de surcharge de travail. « Physiquement, on était à bout », témoignait l’une d’entre eux. « Il n’y a pas de sous-effectif de manière globale, balaie Allon Zeitoun, directeur général de l’enseigne. Nous avons d’excellentes relations sociales avec les syndicats. Prendre l’exemple d’une dizaine de personnes sur 2 000 salariés, dont certaines sont parties, me semble assez facile. »

D’après le journaliste Frédéric Denhez, certains conflits sociaux au sein de ces entreprises peuvent venir des attentes que les salariés projettent sur ce secteur. « C’est une autre population qui n’a pas la même abnégation que les employés précédents, juge-t-il. Les gens qui vont bosser dans ces magasins s’attendent à être mieux payés et traités que chez E.Leclerc par exemple. » « Socialement, c’est difficile de dire aux gens qu’il faut bien travailler, avoir une performance économique, tout en étant dans le partage de la valeur, estime de son côté Didier Perreol, président du réseau Synabio. Certains salariés viennent travailler dans des magasins bio avec des illusions, des exigences, mais il faut quand même bien bosser. »

« On ne peut plus avoir un vrai militantisme en étant petit »

Les réseaux historiques que constituent Biocoop ou La Vie claire ont su rester indépendants, tandis que d’autres ont été rachetés par de grands groupes, comme Naturalia (détenu depuis 2008 par Monoprix, filiale de Casino) et Bio c’ Bon (racheté par Carrefour en 2020). Une conséquence inévitable, face à la progression du secteur ? Non, selon le président de Biocoop : « Nous resterons indépendants. Tant qu’il y aura Biocoop, le marché de la bio pourra rester tel qu’il est et ne sera pas laissé à la grande distribution. Nous avons besoin d’un Biocoop suffisamment fort pour exister, donc j’assume qu’on grossisse. Notre but est de proposer notre projet au plus grand nombre. »

« Dans tout développement, il y a des concentrations, estime de son côté Didier Perreol, du réseau Synabio. Il y a des besoins de regroupement pour avoir les moyens d’assurer ce développement. » « Aller dans un réseau comme le nôtre nous a apporté un gain de temps, le nec plus ultra du système informatique, une logistique de produits optimale, dit Allon Zeitoun, de Naturalia. Ce sont des choses qu’on ne peut pas se payer quand on est seul. Un magasin indépendant, aussi pionnier soit-il, n’aura pas assez de temps pour sourcer les meilleurs producteurs de fruits partout en France — alors que nous, nous sommes soixante-dix au siège. Aujourd’hui, on ne peut plus avoir un vrai militantisme en étant petit. »

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Comment choisir son magasin bio ?

Il existe désormais une multitude de magasins bio en France, des grandes enseignes historiques aux petites boutiques indépendantes, en passant par certains rayons de la grande distribution. Face à toutes ces options, il est parfois difficile de choisir. Voici quelques éléments à regarder pour s’y retrouver :

• L’origine des produits : vous pouvez demander à votre magasin où il s’approvisionne. Essaie-t-il de travailler avec des producteurs locaux (n’hésitez pas à vérifier s’il s’agit de petites fermes ou non), ou vend-il au contraire des articles venus d’autres pays ? Le cas échéant, comment ont-ils été acheminés jusqu’en France : par avion ou par bateau ?

• La saisonnalité : si vous trouvez des tomates en plein hiver dans le bac de votre magasin, c’est qu’il ne respecte pas les saisons. Les légumes sont susceptibles d’avoir été produits sous serre chauffée en France, voire dans des pays à des milliers de kilomètres.

• Les déchets : votre magasin fait-il une place aux aliments en vrac, ou pratique-t-il plutôt le suremballage ?

• Les labels : votre magasin privilégie-t-il des produits répondant à des cahiers des charges exigeants, tels que les labels Nature et progrès, ou Demeter ?

• Le statut du magasin : est-ce une boutique indépendante, ou appartient-elle à un groupe ? Par qui est détenu ce groupe ? Le magasin est-il une coopérative, une franchise, autre ?

 

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C’est maintenant que tout se joue…

La communauté scientifique ne cesse d’alerter sur le désastre environnemental qui s’accélère et s’aggrave, la population est de plus en plus préoccupée, et pourtant, le sujet reste secondaire dans le paysage médiatique. Ce bouleversement étant le problème fondamental de ce siècle, nous estimons qu’il doit occuper une place centrale et quotidienne dans le traitement de l’actualité.
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Notes

[1Sollicitée, la direction de Bio c’ Bon a refusé de répondre aux questions de Reporterre.

[2Sollicitée, la direction de La Vie claire n’a pas répondu aux questions de Reporterre.

 

Source : https://reporterre.net/En-pleine-croissance-les-magasins-bio-perdent-ils-leur-ame?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne