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samedi 31 octobre 2015

Des nanos dans les poumons (on vous l'avait bien dit)


dimanche 25 octobre 2015 par Pièces et main d’œuvre

Les technocrates nous diront comme d’habitude que le risque zéro (alias dysfonctionnement, effet pervers, etc) n’existe pas. Nous vous disons qu’à partir du moment où l’on développe les nanotechnologies, on crée les pollutions et les accidents nanotechnologiques.

La revue médicale en ligne Ebiomedicine vient de publier un article intitulé « Des nanotubes de carbone anthropogènes trouvés dans les voies respiratoires d’enfants parisiens » (Anthropogenic Carbon Nanotubes Found in the Airways of Parisian Children).(1)

Ayant étudié les poumons d’enfants parisiens asthmatiques, et trouvé des nanotubes de carbone dans tous les échantillons examinés, les neuf auteurs américains et français concluent : « Ces résultats suggèrent fortement que les humains d’aujourd’hui sont exposés de façon routinière aux nanotubes de carbone provenant de sources anthropogènes. »

À Paris, et sans doute dans toutes les villes, nous respirons des nanotubes de carbone issus de la pollution industrielle. C’est la moindre des choses, puisque ces nanoparticules infestent tous les écrans électroniques, les pneus, les cadres de vélo modernes et de multiples marchandises.

Rappel aux nouveaux venus : dès 2004, nous avons signalé les inquiétudes des toxicologues à propos des nanotubes de carbone, qui provoquent des effets semblables à ceux de l’amiante. À l’époque, les rats exposés à ces nanoparticules dans les labos de la Nasa, de la Rice University ou de l’industriel DuPont, et les lapins de chez L’Oréal ne faisaient pas de vieux os et présentaient, nous disait-on « des lésions atypiques ».(2)

À l’époque, Louis Laurent et Jean-Claude Petit, du département de recherche sur l’état condensé, les atomes et les molécules (Drecam) du Commissariat à l’énergie atomique, s’étaient fendus d’une « réflexion » destinée à contrer les luddites, intitulée : « Nanotechnologies : nouvel Age d’or ou Apocalypse ? »(3)

Mesurez la profondeur de la « réflexion » : « La structuration à l’échelle nanométriques est la règle depuis que l’Homme utilise des matériaux : le bois, les textiles naturels, les os, les roches, le ciment. De même la plupart des aliments que nous ingérons sont structurés à l’échelle moléculaire ! Les nanoparticules errantes ne nous sont pas non plus étrangères. Elles sont générées par la nature en centaines de millions de tonnes par an (embruns, volcanisme, poussières désertiques) mais aussi par l’industrie, par exemple le noir de carbone (production de 8 millions de tonnes par an) ou le dioxyde de titane (2 millions de tonnes par an) et la combustion (dizaines de millions de tonnes par an), en particulier celle qui a lieu dans les moteurs qu’ils soient diesel ou à essence. D’une certaine façon, tout processus de combustion est de la nanotechnologie ! (…) On ne peut donc diaboliser un produit sous prétexte qu’il est associé au préfixe « nano ». »

À l’époque, lorsque nous interpellions les nanocrates lors de leurs conférences, ils répondaient avec un large sourire : « Mais les nanoparticules existent depuis la nuit des temps ! Elles sont présentes dans les peintures des Mayas, les vitraux et dans les fumées de diesel, c’est vous dire s’il n’y a pas lieu de s’inquiéter. » On cite de mémoire Jean-Louis Pautrat, le premier VRP des nanotechnologies envoyé par le CEA pour séduire les foules. Le physicien Pautrat, chargé de la communication de Minatec, nous traitait d’obscurantistes dans Télérama. (4) Il n’a pas écrit la suite de son ouvrage de propagande Demain le nanomonde. Dommage. Le nanomonde, nous y sommes, et il ne dément aucune de nos alertes depuis plus d’une décennie.

En 2004, les chercheurs assénaient cet argument-massue : les nanoparticules ne sont pas plus dangereuses que les particules fines du diesel. Dans le même temps, en bons cyniques scientistes, ils vantaient devant les autorités susceptibles de les subventionner l’intérêt des nanoparticules… pour limiter la pollution des moteurs diesel. Les marchands de mort de chez Rhodia (ex-Rhône Poulenc) faisaient ainsi de la retape devant le Sénat : « Vous introduisez dans le gas-oil des nanoparticules d’oxyde de cérium pour diviser par un facteur de 100 environ la production de suies et ce pendant plus de 80 000 km. Peugeot développe cela avec nos produits. » (5)

Non seulement le diesel tue plus de 40 000 personnes par an en France, mais on l’enrichit de nanoparticules dont les effets, révélés au compte-gouttes, sont tout aussi désastreux.
Admirez le progrès : l’oxyde de cérium utilisé pour rendre « plus propre » la combustion du diesel attaque nos poumons tout autant que les nanotubes de carbone, selon deux études publiées en 2014 et le 1er octobre 2015 : l’inhalation d’émissions de diesel additionné de nanoparticules d’oxyde de cérium induit des effets nuisibles. Les rats exposés développent entre autres des inflammations et des fibroses pulmonaires. (6) Quelqu’un en a-t-il informé le Sénat ? Mais pas de panique, les nanoparticules existent depuis la nuit des temps.

Résumons. En octobre 2011, le CEA avouait que, conformément à que nous écrivions depuis dix ans, les nanoparticules de dioxyde de titane pouvaient provoquer des inflammations cérébro-vasculaires et perturber certaines fonctions cérébrales. (7) Une aubaine pour Clinatec et la recherche en neurotechnologies, un vaste marché en expansion pour les dispositifs neuro-électroniques.

En octobre 2015, nous apprenons que les nanotubes de carbone, réputés pour leurs effets voisins de ceux de l’amiante, envahissent nos poumons. Une aubaine pour les nanotechnologues du rayon « Cancer », un vaste marché en expansion pour leurs futures molécules innovantes à base de nanoparticules et autres nanorobots tueurs de tumeurs.

En somme, rien de neuf sous le soleil de l’innovation.

Pièces et main d’œuvre

Grenoble, le 25 octobre 2015

NOTES

- (1) À lire sur www.piecesetmaindoeuvre.com/... Merci à la lectrice qui nous a signalé la parution de cette étude.

- (2) Voir Aujourd’hui le nanomonde n°1 (2003) et 9 (2004).

- (3) Juillet 2004

- (4) 7/01/04

- (5) Rencontres internationales de prospective du Sénat : « Les nanotechnologies : vivier du futur. Pour une prise de conscience des enjeux écologiques », 20/06/02

- (6) Inhaled diesel emissions generated with cerium oxide nanoparticle fuel additive induce adverse pulmonary and systemic effects, étude publiée dans la revue Toxicological Science (2014), et Inhaled diesel emissions generated with cerium oxide nanoparticle fuel additive induce adverse pulmonary and systemic effects, étude publiée le 1/10/15 par Europe PubMed Central : http://europepmc.org/articles/pmc4579046

- (7) Lire On vous l’avait bien dit – Les nanoparticules, c’est bon pour l’industrie de la contrainte, PMO, 27/10/11

Source : http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=759

vendredi 30 octobre 2015

Lettre ouverte aux dirigeants d'Air France

On a reçu ça : 

Lettre ouverte à diffuser sur le mur et ailleurs

Une souris verte                                                                                                Le  20 octobre 2015

France 

Lettre ouverte aux dirigeants d’Air France 

 Vu les difficultés  financières de votre compagnie et la situation de blocage du dialogue social dans votre compagnie, je me suis dit que vous avez peut être besoin de mes conseils avisés de dirigeant d’entreprise. 

 Quand mon entreprise est en difficulté j’en assume directement les conséquences en diminuant ipso facto mes revenus . 

 Il serait donc indiqué que vous fassiez la même chose. Car en tant que haut responsable c’est quand même de votre  faute si l’entreprise n’a pas pris les bonnes décisions et fait les bons investissements. Donc  mon conseil, serait que votre salaire se limite au smig  jusqu'à ce que la 
situation s’améliore. Si cela ne suffit pas appliquez ce régime à tous vos dirigeants, sous dirigeants, directeurs et managers de tout poil 
Vous verrez qu’au bout de 10 ans normalement la situation devrait s’améliorer.

A condition de ne pas abuser d'avantages en nature indus   
notamment, voyages privés, restos avec sa copine, au frais de la cie ça pourrait même prendre moins de temps.

Une autre façon, de faire des économies 

Combien coûte un haut dirigeant à l’entreprise ?? 
Combien coûte un salarié de base à l’entreprise ??

Virez le premier et vous ferez un gain de plusieurs centaines de milliers d’euros  (voire des millions).  

Virez un salarié de base et vous ne faites qu’un gain de quelques milliers d’euros. En plus le premier est responsable de la situation alors que le second  ne fait que ce qu’on lui demande.  Donc deux raisons de virer le premier. 

Cette solution peut s'appliquer aussi à des dirigeants et responsables politiques d’un pays qui présenteraient quelques difficultés de liquidités. 

 Conseil délivré gratuitement le 20 octobre et qui peut être diffusé sans limites .

Roger

jeudi 29 octobre 2015

Là-bas si j'y suis : vidéo en hommage à Stéphane Hessel + Marche de la dignité samedi 31 octobre 2015

Hommage à Stéphane HesselCet email ne s'affiche pas correctement ?
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 Là-bas si j'y suis
 

Indignez-vous !

Profitez de la nouvelle formule : 5€ par mois !
(http://abonnement.la-bas.org/membres-soutenir)

VIDÉO EN HOMMAGE À STÉPHANE HESSEL


Magnifique version acoustique de "Indignez-vous", une chanson en hommage à Stéphane Hessel par le groupe HK & Les Saltimbanks.
Une vidéo Là-bas si j’y suis à voir ici : http://la-bas.org/la-bas-magazine/entretiens/indignez-vous-hk-les-saltimbanks

MOBILISATION : SAMEDI 31 OCTOBRE

Là-bas soutient la Marche de la Dignité et contre le racisme qui aura lieu ce samedi 31 octobre à Paris. Rendez-vous à 14h, métro Barbès-Rochechouart.



Et n’oubliez pas :

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mercredi 28 octobre 2015

Marinaleda et ses 3000 insoumis



Marinaleda. Une petite ville de 3 000 habitants, au cœur de l’Andalousie, dans le sud de l’Espagne. Ici, il n’y a pas de policiers, pas de voleurs, ni de sans abris. Ici, il y a moins de chômage qu’ailleurs, et on partage le travail. Ici, on paie son loyer 15 euros par mois. Ici, le maire et ses adjoints ne sont pas rémunérés, et ce sont les habitants qui commandent.
Marinaleda développe depuis les premières élections libres de 1979 un système social et politique à contre-courant du modèle prédominant. En 1991, ses habitants ont obtenu du gouvernement régional par des actions incessantes 1 200 hectares qu’ils exploitent aujourd’hui en coopérative. Cette coopérative intègre ses propres unités de transformation et commercialise sa production.
Marinaleda
Marinaleda est née dans les années 1970. A l’époque, l’Espagne connaît une double crise : politique, avec la mort du dictateur Franco, et économique. Le village andalou est durement frappé : 60% de chômage et la famine prennent à la gorge cette communauté agricole sans terre. A l’époque, les champs alentours appartiennent à des familles aristocratiques richissimes, qui préfèrent investir dans des plantations que l’on peut automatiser (comme le blé qui nécessite des machines pour la récolte), plutôt que des cultures qui nécessitent la main de l’homme. Trois décennies plus tard, les champs de blé sont devenus des champs d’artichauts et de tomates, et tous les habitants du village ont un travail et un toit.
Aux premières élections communales après la dictature franquiste, en 1979, le Syndicat des ouvriers agricoles, récemment créé, remporte les élections communales avec 9 conseillers sur 11. Juan Manuel Sanchez Gordillo est élu bourgmestre. Le modèle économique est alors décidé collectivement.
marinaleda city
Depuis, dans le village de Marinaleda, tout le monde gagne le même salaire, qu’on travaille au champ, à l’usine ou dans les bureaux, soit environ 1 200 euros par mois. De quoi bien vivre, puisque tous les services et le logement sont gratuits, ou presque. Les loyers sont en effet de 15 euros par mois pour une maison de 90 mètres carrés. Le droit au logement est garanti : la municipalité fournit le terrain et la personne qui souhaite s’installer est aidée pour construire elle-même sa maison.
Les maisons sont construites sur des terrains municipaux. Celui qui fait la demande s’engage à construire sa propre maison, mais il est aidé par un chef de chantier et un architecte rémunérés par la mairie. Un accord avec le gouvernement régional d’Andalousie permet de fournir les matériaux. En deux ou trois ans les travaux sont terminés, la maison appartient à celui qui l’a bâtie, et il n’a plus qu’à payer 15 euros par mois.
L’accès à la santé, à l’éducation et aux activités culturelles est gratuit ou presque, ainsi que les services comme la garderie et Marinaleda a une taxation parmi les plus faibles d’Andalousie. Le travail, la culture, l’éducation et la santé sont considérées comme un droit. Une place à la crèche avec tous les repas compris coûte 12 euros par mois. La piscine municipale est à 1 euro par mois.
Le système est simple : les habitants ont créé une coopérative qui ne redistribue pas les bénéfices, mais réinvestis pour créer du travail. Le salaire de tous les travailleurs, quel que soit le poste qu’ils occupent est de 47 euros par jour, six jours par semaine, à raison de six heures de travail quotidien.
marinaleda workers
« Nous avons appris que ce n’était pas suffisant de définir ce qu’est une utopie, ni même de se battre contre les forces réactionnaires, raconte Sánchez Gordillo, toujours maire du village depuis 1979, dans une interview accordée au journal El Pais en 1985, et cité dans le livre de Dan Hancox. Il faut construire ici et maintenant, brique par brique, patiemment mais sûrement, jusqu’à ce que nos vieux rêves deviennent réalité : qu’il y ait du pain pour tous, la liberté pour tous les citoyens, la culture, et être capable de lire avec respect le mot “paix”. Nous croyons sincèrement qu’il n’y a pas de futur qui ne soit construit sans le présent ».
Une philosophie qui a mené ce maire communiste non-encarté à soutenir toutes les initiatives de résistance à la crise économique. En août 2012, Sánchez Gardillo a ainsi lancé des occupations de terres militaires, la saisie d’un château, et a entrepris une marche de trois semaines dans le sud espagnol pour inciter les autres maires à ne pas payer leurs dettes municipales.
A l’heure où la crise entraîne l’expulsion de 40 familles andalouses par jour, le modèle communiste de Marinaleda commence à faire des petits. Ainsi du village de Somonte, une coopérative fondée en 2013 sur le même modèle que Marinaleda. Mais ici, ils ne sont que deux douzaines à exploiter 400 hectares de terre. Probablement l’un des rares endroits, sinon le seul, qui réclame de la main d’œuvre en Espagne. Sur les murs, des portraits de Malcolm X ou Zapata, et ce slogan : “Andalous, n’émigrez pas, battez-vous !”.
Reportage de 26 minutes Marinaleda – Les insoumis réalisé par Yannick Bovy en mars 2015.




“Il nous a fallu trente ans pour en arriver là. Pas besoin d’être grand clerc pour comprendre que ce sont nos solutions qui marchent. La spéculation immobilière, elle, ne pouvait rien donner de bon. C’est la cupidité qui a plongé le monde dans la crise. Les gens sont surpris lorsqu’ils voient qu’ici il n’y a presque pas de chômeurs et que tout le monde a sa propre maison. Mais c’est pourtant ça qui est normal. Ce qui n’a pas de sens, c’est ce qui se fait ailleurs. Et qu’on ne vienne pas me dire que notre expérience n’est pas transposable : n’importe quelle ville peut faire la même chose si elle le souhaite.”

Juan Manuel Sánchez Gordillo
Juan Manuel Sanchez Gordillo
Plus d’infos en espagnol sur le site de Marinaleda.
Sources :
Source : https://bonnesnouvellesinfo.wordpress.com/2015/09/18/marinaleda-et-ses-3-000-insoumis/

mardi 27 octobre 2015

Jeudi 29 octobre 18h30 Réunion pour organiser la Cantine de l'Entonnoir à Prades


 
LOGO PHRASE vert


Réunion POUR ! la Cantine 
le jeudi 29 octobre à 18H30



Chèr(e)s Adhérent(e)s de l'Entonnoir

Voici un mois que nous nous sommes réunis pour parler de la cantine, et se réorganiser.

Beaucoup d'entre vous ont répondus présents.

Nous vous proposons de 
se réunir à nouveau pour un débrief' et relancer les inscriptions des équipes cantoches.

Nous parlerons et définirons ensemble
 le fonctionnement de base de la cantine.


En attendant très bonne semaine à tous
et merci de votre soutien !



Ouverture au public de l’entonnoir
Le mardi a partir de 12H30 Pour la cantine
Le jeudi a partir de 18h30 Pour la cabine a graine et l’AMAP

Atelier de l’entonnoir
Route d’eus
Z.A. Gibraltar
66500
Prades

lundi 26 octobre 2015

Un an après la mort de Rémi Fraisse, des témoignages contredisent la version officielle

Un an après la mort de Rémi Fraisse, des témoignages contredisent la version officielle

20 octobre 2015 Marine Vlahovic (Reporterre) 



Rémi Fraisse a été tué dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014 sur la ZAD de Sivens par une grenade lancée par un gendarme mobile. La première phase de l’enquête, menée par les gendarmes eux-mêmes, semble dédouaner le militaire. Reporterre a recueilli des informations et des témoignages qui contredisent le rapport des forces de l’ordre.
- Toulouse, correspondance
« Circulez, il n’y a rien à voir. » C’est, en résumé, l’idée générale qui se dégage de la première phase de l’enquête sur la mort de Rémi Fraisse, le 26 octobre dernier. Dans le cadre d’une information judiciaire contre X pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entrainé la mort sans intention de la donner », ouverte le 29 octobre 2014, les deux juges toulousaines en charge du dossier, Anissa Oumohand et Élodie Billot, ont délégué leurs pouvoirs d’instruction à la section de recherches de la gendarmerie nationale de Toulouse par le biais d’une commission rogatoire. À l’époque, ce procédé avait fait bondir : « Faire appel à des gendarmes pour enquêter sur d’autres gendarmes, ce n’est clairement pas objectif », expliquait Claire Dujardin, l’avocate toulousaine qui défend la famille de Rémi Fraisse aux côtés des avocats Arié Alimi et Éric Dupont-Moretti.
Depuis que la commission rogatoire a été retournée aux juges d’instruction par les enquêteurs cet été, tout laisse à penser que cette procédure est aussi inquiétante sur le fond que sur la forme. Car, selon les informations recueillies par Reporterre, les premiers éléments de l’enquête judiciaire sont à décharge pour le gendarme qui a lancé la grenade fatale cette nuit du 25 au 26 octobre 2014, sur la ZAD de Sivens.
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Le mémorial sur la ZAD de Sivens là où Rémi Fraisse est mort.
Premier point : les auditions des gendarmes et celles des proches de Rémi Fraisse ne se sont pas déroulées dans les mêmes conditions. Les militaires interrogés par leurs confrères n’ont pas subi de pression et ont eu le temps de répondre et de préciser leurs pensées. Les proches de la victime n’ont pas bénéficié de la même bienveillance. Selon un témoignage recueilli par Reporterre, un des amis de Rémi Fraisse a eu la surprise d’être accueilli par un gradé très soupçonneux : « On sait tout. Attention à ce que vous allez dire ! » l’a prévenu l’enquêteur. Un autre camarade de la victime, rencontré par Reporterre, a, lui, été convoqué pour une audition qu’il considère comme tendancieuse : « Les gendarmes n’arrêtaient pas de me demander si Rémi fumait du shit », raconte ce jeune Toulousain. Pourtant, selon nos informations, aucune trace de stupéfiants n’a été décelée dans les analyses pratiquées lors de l’autopsie de Rémi. Pourquoi alors cette obsession des militaires « Tout l’entretien était mené comme s’ils voulaient prouver que Rémi était un vilain garçon », réagit ce proche, qui décrit Rémi comme « un jeune homme sensible, un peu grande gueule mais d’un tempérament profondément pacifiste ».

Témoignages quasi-exclusifs des gendarmes

Cette enquête de personnalité a été complétée au printemps dernier par une expertise de l’ordinateur portable de Rémi Fraisse pour déterminer s’il contenait des documents sur Sivens. Comme le révélait Médiapart en juillet dernier, rien de compromettant n’a été signalé. Une fois les conclusions rendues par l’expert, la famille de Rémi a pourtant mis plusieurs mois à récupérer cet ordinateur.
Dans la lignée de l’enquête administrative remise au ministre de l’Intérieur par l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), le 2 décembre 2014, (télécharger ici :)
PDF - 3.3 Mo
Rapport de l’IGGN sur la mort de Rémi Fraisse, décembre 2014.
la première phase de l’enquête judiciaire se fonde quasi-exclusivement sur les témoignages des gendarmes déployés sur la ZAD de Sivens. De quoi alimenter une version officielle qui ne diffère peu ou pas depuis des mois : les gendarmes mobiles, retranchés dans une enceinte grillagée à l’emplacement de la future digue du barrage, ont dû faire usage de grenades offensives pour éviter d’être attaqués par une horde de manifestants hostiles et bien équipés.
Or, selon les informations recueillies par Reporterre, les récits des gendarmes qui valident cette version sont émaillés de zones d’ombres et de contradictions. Des incohérences à peine relevées par les enquêteurs et qui concernent au premier chef le maréchal des logis J., le lanceur de la grenade mortelle. Arrivé vers minuit sur la ZAD de Sivens, ce gradé est à la tête d’un petit groupe de gendarmes baptisé « Charlie 1 ». Le groupe est positionné sur le flanc sud-sud-est de la « zone de vie », une base de chantier de 30 mètres de côté entourée de grillages à mouton et cernée par des douves profondes. Face à eux, des manifestants dispersés sur une dalle d’argile et sur les hauteurs allument des feux de camps.
La mission des forces de l’ordre en cette nuit du 25 au 26 octobre 2014 est de tenir cette « zone de vie ». C’est en tout cas la ligne de défense adoptée par le maréchal des logis J., qui décrit des manifestants hostiles sur le flanc nord-est de la base, avant d’être victime, selon ses dires, de jets de grosses pierres, au sud de la « zone de vie », soit à proximité de la position de son groupe. Il affirme alors reculer de quelques mètres pour récupérer auprès du véhicule de Charlie 1 des jumelles de vision nocturne. De retour à sa position initiale et muni de ces jumelles appelées IL, pour « intensificateurs de lumière », il dit repérer un groupe de cinq ou six personnes avançant vers la« zone de vie ». Après avoir rapporté les jumelles, le gradé dégoupille une grenade offensive de type OF1, comme il en a l’autorisation. Il affirme l’avoir lancée en cloche par-dessus le grillage et dans une zone sombre dépourvue, selon lui, de manifestants. Quelques secondes après, plusieurs gendarmes aperçoivent une silhouette au sol. Il s’agit de Rémi Fraisse, tué sur le coup.
Pourtant, selon les informations recueillies par Reporterre, plusieurs témoignages de gendarmes présents sur la « zone de vie » contredisent l’utilisation des jumelles à vision nocturne par le maréchal des logis J. avant qu’il ne lance la grenade fatale. L’un de ses confrères affirme même que J. aurait disparu un moment entre son retour et le lancer.
Autre élément troublant, le maréchal des logis J. affirme avoir tiré sa grenade à 10 - 15 mètres de distance, sur la dalle d’argile, alors que Rémi Fraisse serait tombé à une distance allant de 25 à 30 mètres de l’endroit où le gendarme dit s’être posté. Ceci laisse planer de sérieux doutes sur la position véritable du maréchal des logis J. au moment des faits.
Ce dernier se défend à plusieurs reprises d’avoir exécuté un « bond offensif », c’est-à-dire une charge sur les manifestants. Plusieurs militaires affirment que leurs deux seules sorties de la « zone de vie » ont été pour secourir des manifestants blessés, dont Rémi Fraisse.

« Ils l’ont visé, en tir tendu »

Or, selon des témoignages d’opposants au barrage contactés par Reporterre et présents sur le lieu des affrontements cette nuit-là, les manifestants ont essuyé plusieurs assauts des gendarmes mobiles notamment sur le flanc nord-est de la « zone de vie ». Christian Decoster est formel : des charges ont aussi été effectuées sur le flanc sud de la base de chantier. Le zadiste, que Reporterre a interviewé à plusieurs reprises, est l’un des rares manifestants à avoir assisté de près à la scène et formule le désir de témoigner devant la justice pour attester de ce qu’il a vu cette nuit-là. Il faisait partie d’un petit groupe, au sud-est de la « zone de vie », que Rémi Fraisse a rejoint quelques instants avant son décès. Ce groupe a assisté à un assaut avant le lancer de la grenade. « J’ai vu les gendarmes arriver en face de nous, légèrement sur notre gauche. Ils étaient sept ou huit et ne se trouvaient pas dans l’enclos. Ils étaient cachés derrière une souche d’arbre située sur la dalle d’argile », raconte-t-il.
« Dès qu’on a vu les gendarmes, on s’est enfui dans la direction opposée. Il y a eu plusieurs explosions », poursuit M. Decoster, qui décrit ce moment comme une scène de guerre : « Rémi était le plus proche d’eux. Ils l’ont visé, en tir tendu. Ils voulaient juste l’immobiliser pour l’attraper et l’interpeller. »
Ce témoignage contredit la version donnée par les gendarmes et met l’usage de la grenade offensive en question. Car, malgré son appellation, elle ne peut être utilisée qu’en cas de défense, et pas en cas de « bond offensif », selon le jargon des forces de l’ordre. Christian Decoster atteste la poursuite des attaques après cet assaut : « Quand je me suis retourné, j’ai aperçu quelqu’un à terre. On ne pouvait pas l’approcher. Les gendarmes continuaient à nous charger pendant qu’ils le ramassaient. Je les ai vus le trainer comme un chien sur plusieurs mètres. J’ai crié : “Ils embarquent quelqu’un !” Ensuite, les affrontements ont continué pendant plusieurs heures alors qu’on ne savait pas que quelqu’un était mort », raconte-t-il.
Cette « sortie » de l’enclos par les gendarmes mobiles est confirmée par un autre témoin rencontré par Reporterre mais qui requiert l’anonymat le plus complet. Cette personne refuse de témoigner devant les juges : « Les gendarmes mentent mais je ne vais pas faire la guéguerre à la Grande Muette », déclare ce témoin oculaire inquiet pour sa sécurité.
Selon nos informations, un autre témoin direct de la scène, entendu trois jours seulement après le drame et qui évoquait alors une « charge » des gendarmes mobiles, est revenu sur ses déclarations quelques semaines plus tard. Au cours de sa deuxième audition, il se serait rétracté en insistant sur le fait que les forces de l’ordre défendaient la « zone de vie ». A-t-il subi une pression entre temps ?
Par peur ou par résignation, bon nombre de manifestants présents sur les lieux du drame cette nuit-là n’ont pas contacté les enquêteurs. Les deux juges d’instruction n’ont pas pris la peine de lancer un appel à témoin officiel.

Des plans et des croquis faux et tronqués

Au vu des nombreux témoignages contradictoires, il semble pourtant difficile d’assoir le déroulé des faits sur le seul récit des gendarmes. D’autant que, selon nos informations, aucune image filmée par la gendarmerie cette nuit-là n’a pu être exploitée pour déterminer les actions du groupe Charlie 1 au sud-sud-est de la « zone de vie ». Et pour cause : la caméra utilisée par les forces de l’ordre était braquée sur le flanc nord, là où étaient concentrés les manifestants les plus virulents. De plus, les constatations effectuées sur les lieux du drame par la section de recherche de Toulouse ne peuvent être que lacunaires : malgré les appels pressants des opposants au projet de barrage, les gendarmes n’ont effectué leurs premiers et uniques constats que 36 heures après les faits, comme peut l’attester Reporterre, alors présent sur place.
Les plans et croquis fournis dans l’enquête administrative de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), qui a par ailleurs conclu qu’aucune faute professionnelle n’avait été commise par le maréchal des logis J., s’avèrent faux et tronqués. Les tâches de sang découvertes le lendemain des faits et photographiées par Isabelle Rimbert, de Reporterre, sont situées à une dizaine de mètres plus au sud que la position indiquée sur le dessin. Un croquis également tronqué puisqu’il omet de mentionner l’existence d’une douve sur le flanc sud.
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Jean-Pierre Fraisse, le père de Rémi, le 15 septembre 2015.
Les magistrats instructeurs ont refusé des actes importants comme la reconstitution des faits sur place ou l’audition du préfet du Tarn, ainsi que le révélait Mediapart. Depuis le retour de la commission rogatoire, les deux juges ont désormais le choix entre poursuivre leur enquête ou clore l’instruction.
Si elles choisissent cette dernière option, les proches de Rémi Fraisse craignent fort que la lumière ne soit jamais faite sur ces évènements. « J’ai peur qu’en l’état actuel on s’oriente vers un non lieu », déclare Jean-Pierre Fraisse, le père de Rémi, à Reporterre. Plusieurs organisations ont appelé à une marche « populaire, unitaire, apaisée et résolue » sur le site de Sivens pour rendre hommage à Rémi Fraisse ce dimanche 25 octobre.
D’autres n’ont pas attendu cette date pour rendre hommage à Rémi Fraisse. Une dizaine de personnes ont installé dans la nuit du 19 au 20 octobre et dans la plus grande clandestinité une sculpture d’1,8 tonne et de 2 mètres de haut sur la Zad de Sivens. Surnommé la "pelle masquée", ce groupe d’opposants au barrage a préparé cette opération, dont Reporterre a été témoin, pendant plusieurs mois et dans le plus grand secret.
Sur cette main ouverte surmontée d’une sphère, des mots simples et justes sont gravés à côté d’une renoncule, la fleur étudiée par Rémi : "Nous humains, enfants de la terre, continuons le combat pour la vie".



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Source : Marine Vlahovic pour Reporterre
Photos : © Marine Vlahovic/Reporterre sauf
. Chapô : Affiche en hommage à Rémi Fraisse à Notre Dame des Landes, en juillet 2015 (© Hervé Kempf/Reporterre).
. Infographies : Rapport de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale

dimanche 25 octobre 2015

Huit choses à savoir sur les OGM

Huit choses à savoir sur les OGM
Sécurité alimentaire − 13-10-2015 - 14:06
Photographie d'une graine de soja prise en macro
Une graine de soja ©AP Images/ European Union-EP
L'utilisation des organismes génétiquement modifiés (OGM) a toujours été controversée. L'Union européenne a mis en place des règles strictes sur la culture et la commercialisation de ces produits. Depuis avril, chaque État membre peut décider s'il souhaite autoriser ou non la culture d'OGM sur son territoire. En ce qui concerne la commercialisation pourtant, la commission de l'environnement s'est entendue sur une approche différente. Découvrez dans notre article huit choses à savoir sur les OGM.


1. Qu'est-ce qu'un OGM ?

OGM signifie « organisme génétiquement modifié ». Il s'agit d'un organisme dont le matériel génétique a été modifié de manière artificielle, afin de donner une nouvelle propriété ou une nouvelle caractéristique au produit : résistance à une maladie ou aux insectes, augmentation de la productivité…

2. Quelles sont les principales cultures concernées ?

Le maïs, le coton, le soja, le colza et la betterave sucrière.

3. Les OGM sont-ils autorisés dans l'Union européenne ?

Que ce soit pour la culture ou la commercialisation d'OGM importés à des fins d'alimentation humaine et animale, une autorisation préalable comprenant une évaluation scientifique des risques est toujours nécessaire.

Culture dans l'Union européenne :

  • La culture du MON 810, une variété de maïs génétiquement modifié, est autorisée depuis 1998.
  • Actuellement dépassée, son autorisation est en attente de renouvellement.
  • En 2013, ce maïs était surtout cultivé en Espagne, et marginalement dans quatre autres pays européens : le Portugal, la République Tchèque, la Roumanie et la Slovaquie.
  • Huit demandes d'autorisation sont actuellement en attente (dont la demande de renouvellement du maïs MON 810).

Commercialisation, c'est-à-dire importations de l'Union européenne depuis des pays tiers :

  • 58 OGM sont actuellement autorisés dans l'Union européenne à des fins d'alimentation humaine et animale.
  • Ces produits concernent du maïs, du coton, du soja, du colza et de la betterave sucrière.
  • 58 autres produits sont en attente d'une autorisation.

4. Consommons-nous des OGM sans le savoir ?

La plupart des OGM autorisés dans l'Union européenne sont destinés à l'alimentation des animaux d'élevage. Pourtant, certains aliments importés peuvent également contenir des OGM.

Le système d'étiquetage de l'Union européenne oblige les entreprises à indiquer si leurs produits, qu'ils soient destinés à l'alimentation humaine ou animale, contiennent des OGM lorsque la teneur dépasse 0,9 % de la denrée.

Les entreprises peuvent également indiquer sur leurs étiquettes qu'un produit destiné à l'alimentation humaine ou animale ne contient pas d'OGM.

5. Qui décide de l'autorisation ou non des OGM dans l'Union européenne ?

La situation en matière de culture et de commercialisation n'est pas la même.

En ce qui concerne la culture des OGM, l'autorisation est accordée à l'échelle européenne, mais ce sont les États membres qui ont le dernier mot.

Depuis avril 2015, une nouvelle directive de l'Union européenne laisse chaque pays décider d'interdire ou non la culture d'OGM sur son territoire. L'interdiction peut se faire à tout moment, au cours de la procédure d'autorisation ou même après que l'autorisation ait été accordée. Une interdiction peut désormais être justifiée par de nombreuses raisons, et non plus seulement, comme c'était le cas auparavant, en évoquant des risques pour la santé et l'environnement.

Pour la commercialisation, les pays européens doivent respecter la décision prise à l'échelle européenne.

6. En quoi consiste la nouvelle proposition de la Commission européenne ?

La Commission européenne propose la même approche pour la commercialisation que pour la culture : donner la possibilité aux États membres d'avoir le dernier mot. Pourtant, les membres de la commission parlementaire de l'environnement, de la santé publique et de la sécurité alimentaire ont rejeté la proposition le 13 octobre.

7. Pourquoi la commission de l'environnement a-t-elle rejeté cette proposition ?

Les députés ont jugé que cette proposition pouvait se révéler irréalisable car elle pouvait conduire à une réintroduction des contrôles aux frontières entre les pays pour et contre les OGM, ce qui pourrait affecter le marché intérieur.

8. La proposition de la Commission européenne ayant été rejetée, que va-t-il se passer maintenant en matière de commercialisation ?

Si l'ensemble du Parlement rejette également cette proposition au cours de la troisième session plénière d'octobre, les règles actuelles resteront en vigueur. Une majorité d'États membres pourra décider d'autoriser ou au contraire d'interdire la commercialisation des OGM à l'échelle européenne.

Si aucune majorité n'est atteinte pour les deux possibilités, ce sera à la Commission européenne de prendre une décision.

Pour plus d'informations, consultez notre communiqué de presse.