Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

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...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

samedi 30 mars 2013

NDDL : commission de dialogue


http://www.ouest-france.fr/actu/actuDet_-Notre-Dame-des-Landes-la-commission-du-dialogue-a-besoin-de-plus-de-temps_40815-2178194_actu.Htm


Notre-Dame-des-Landes : la commission du dialogue a besoin de plus de temps

Urbanismevendredi 29 mars 2013

« Nous avons demandé un peu plus de temps tout simplement parce que la rédaction s’avère plus longue que prévu », explique Claude Chéreau. Le président de la commission de dialogue sur le dossier du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes, au nord de Nantes, ménage ainsi les impatiences.
Cette commission avait été créée fin novembre, alors que la tension montait sur le terrain occupé par des opposants et des forces de l’ordre.« Il n’y avait pas de date précise pour la remise du rapport, mais l’engagement de le faire dans un délai de quatre mois. »
Après avoir mené une centaine d’entretiens, ils sont trois, attelés à cette rédaction, avec la perspective d’avoir terminé aux alentours du 10 avril. Reste d’ici là déterminer la date de remise officielle au Premier ministre, « en fonction de son emploi du temps », commente encore Claude Chéreau.

vendredi 29 mars 2013

Islande : On nous aurait menti ? (2)

Toujours à propos du conte de fées islandais...
(cliquer sur les phrases en bleu à la fin de l'article : ce sont des liens)
Le fantasme islandais
Très sincèrement, Le Kiosque aux Canards pensait que la fable islandaise sur le non remboursement de la dette de ce charmant petit pays se trouvait aujourd’hui dans les limbes des argumentaires de campagne des présidentielles.
Autant il est d’usage de raconter quelques conneries, de se faire un peu mousser en donnant des exemples tronqués, de parler de ce qui se fait “loin” de notre pays afin que personne n’aille vérifier ; autant, un an après, c’est quand même assez pénible de lire encore cette même fable d’un pays qui aurait refusé de payer sa dette, qui aurait mis des banquiers en taule - aucun à ce jour - et qui aurait même condamné son ancien premier ministre - relaxé en fait, et qui a même bénéficié du remboursement des frais de justice -.

L’Islande ; le fantasme absolu

On trouve encore, sur la toile, ce genre d’introduction à des articles dithyrambiques sur le bon peuple islandais qui a fait sa révolution : “Je ne cesserai jamais de répéter que l’Islande est LE pays à prendre en exemple, même s’il est complètement ignoré des médias, s’il est loin ou quelle qu’en soit la raison pour ne pas en parler, c’est le pays à suivre! Payer pour les banques? Même pas en rêve, là bas ils ont été emprisonnés ! Sauver les banques ? Elles ont été nationalisées. Quand à la croissance actuelle, elle se porte au mieux.” Et d’expliquer que “L’Islande a été le seul pays européen qui a rejeté par un référendum citoyen le sauvetage des banques privées, laissant s’effondrer certaines d’entre elles et jugeant de nombreux banquiers pour leurs crimes financiers.”
Et bien, jolies lectrices et fiers lecteurs, c’est tout simplement faux parce qu’en fait, l’Islande s’est prononcé non pas sur sa dette publique, non pas sur sa dette privée, mais sur l’indemnisation des comptes étrangers se trouvant dans leurs banques. Mieux encore, avec un taux d’endettement des ménages de plus de 225 %, les islandais ont été autorisé à puiser dans leur épargne retraite...

Les fausses nouvelles sur l’Islande

Le référendum sur le non paiement de la dette nationale :
Non, il n’y a pas eu de référendum sur un quelconque paiement ou non de la dette, mais la question posée fut : “acceptez-vous de rembourser les dépôts de particuliers britanniques et néerlandais à la banque privée Icesave” : ainsi, on demandait aux citoyens de se prononcer sur le remboursement de comptes privés de citoyens étrangers à l’Islande.
La “constitution citoyenne”
Censée être l’aboutissement d’un énorme mouvement populaire ; la réalité en est bien loin ; la participation aux élections qui devait élire l’assemblée constitutionnelle n’a finalement été que de… 36%.
De plus, le 25 janvier 2011, la Cour suprême a invalidé ces résultats de l’élection de l’Assemblée constitutionnelle. Finalement, ils ont dû être “désignés” par le Parlement. Voilà pour leur fameuse « démocratie nouvelle »…

L’Islande a encore augmenté sa dette publique

Mais cela n’a rien à voir avec le fait de refuser de rembourser la dette publique ! Et les islandais qui sont massivement sortis dans la rue, se sont mobilisés pour refuser de payer ? Eh bien leurs colère a été détournée contre les seuls épargnants (capitalistes) de Icesave et le vague espoir de condamner en justice leur ex-premier ministre… 
Pendant ce temps-là, l’Islande est encore endettée et elle continue à payer ses dettes. Chez certains politiques qui montent ça en épingle, il y a en fait confusion entre la dette publique islandaise (qui atteint les 100% du PIB contre 22% en 2007) et que l’Etat rembourse rubis sur ongles, et cette fameuse affaire Icesave.
Résumons : l’Islande paie sa dette publique, pratique l’austérité et a seulement refusé le paiement du à une faillite bancaire.

- See more at : http://www.lekiosqueauxcanards.com/le-fantasme-islandais#sthash.JBvIRzwP.dpuf

jeudi 28 mars 2013

Compte-Rendu Café Repaire Conflent mars 2013


Compte-rendu du Café Repaire du Conflent jeudi 21 mars 2013

Ecrit par Dominique merci à elle.

Hostal Rich à Prades

Dans l'arrière-salle magnifique

Une trentaine de personnes se sont retrouvées pour une première partie passionnante animée par Bernard Pêcheur, spécialiste de Georges Orwell à partir du livre 'Un peu d'air frais' écrit en 1938. 
Bernard décrit à la fois la vie du héros Bowling et celle d'Orwell, à un an de la guerre mondiale : la peur de la crise et du fascisme, la recherche du monde d'avant, celle de la ruralité et de la vie simple de la campagne anglaise déjà perdue par l'urbanisation et l'industrialisation.
Divers thèmes ont été alors abordés, les "Verts politiques" sont ils de vrais écologistes ?
Vous pouvez lire en PDF sur Internet 'L'enfer vert' sur la politique de puçage à Lille à partir des transports en commun. 

Le puçage des animaux et aussi celui, déjà en route, des hommes.

Nous avons aussi parlé de la déprise agricole et plus localement les alternatives possibles aux Communautés de Communes avec en exemple les villes en transition.

Bruno a ensuite repris sur le sujet majeur du développement local. Depuis quelques temps il participe à la Commission Développement Economique de la Communauté de Communes du Conflent.
Le pré-projet sur lequel ils avaient travaillé a été revu par le bureau d'étude Sémaphores. 
Tout ce qui concernait le développement de la filière agro biologique et les énergies renouvelables a disparu ou a été largement minoré. 
Trois pistes sont mises en avant : 
- Le tourisme pour le promouvoir mettre de nouveaux panneaux (!)
- Pistes de déplacements lents (piétons, cyclistes)
- Attirer les entreprises : une quatre voies est donc indispensable pour desservir la zone Gibraltar ainsi que l'implantation à Olette de la maison du PNR.

Nous avons reparlé des Brulls et de ses 31 hectares bientôt sacrifiés. 
L'appel d'offre a été lancé le 19 mars. 
Si quelqu'un veut l'étudier c'est ici : 

En soutien à Notre Dame des Landes deux choses : 
- nous tiendrons un stand sur le parking de la Biocoop pour vendre le jus de pomme solidaire et récolter de l'argent pour affréter un bus pour la chaîne humaine du 11 mai sur la ZAD.
On cherche donc des volontaires pour tenir le stand, à partir de 9h, mardi matin 2 avril
- le jeudi 2 mai au Lido il y aura projection de deux films : opération Astérix et Promised Land.
On fera aussi un stand à cette occasion.

Francis nous signale une assemblée citoyenne pour le Conflent.
Changement de dernière minute ce sera le vendredi 3 mai, plaine St Martin au complexe sportif, salle Lousa à Prades 19h. (merci d'avoir changé la date qui était la même que celle du prochain Repaire)

Prochain Café Repaire du Conflent jeudi 18 avril à Villefranche de Conflent au bar du Canigou, heure d'été 19h30. 
Nous y serons rejoint par le Repère de Perpignan pour examiner ensemble la plate-forme/manifeste pour les prochaine municipales.

mercredi 27 mars 2013

RESF66 : Rassemblement pour cause de fin de trêve hivernale


Fukushima : la catastrophe est toujours en cours

http://groupes.sortirdunucleaire.org/Mars-2013-Fuksuhima-deux-ans-apres?origine_sujet=LI201303

 






Mars 2013 : 

Fukushima deux ans après : entre le déni et l’oubli

Il y a maintenant deux ans, un accident nucléaire majeur provoqué par un séisme puis un tsunami s’est produit à la centrale de Fukushima Daiichi au Japon, la fusion du cœur de trois réacteurs et quatre explosions endommageant quatre bâtiments réacteurs.
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©Labornet Japan
En dépit de l’annonce officielle d’un "arrêt à froid" en décembre 2011, la situation est loin d’être maîtrisée : la centrale dégage toujours des rejets radioactifs et la piscine de stockage du combustible usé (264 tonnes), située à 30m de hauteur dans le bâtiment du réacteur N°4, menace de s’effondrer en cas de nouveau séisme. Ce qui pourrait entraîner une réaction en chaîne émettant des matières radioactives "équivalant à 5000 bombes de Hiroshima", d’après le physicien nucléaire Hiroaki Koidé [1]. Les réacteurs et les piscines de combustible doivent être refroidis en permanence, mais les équipements dédiés ont prouvé leur vulnérabilité : le 18 mars, une panne de courant a frappé l’ensemble du site, qui a été privé d’alimentation électrique pendant 29 h. À l’origine, un faux contact probablement causé par ... un rat !. Quant aux réservoirs contenant de l’eau contaminée, ils sont presque pleins (220 000 tonnes au début de janvier 2013), tandis que des fuites continuent à répandre de l’eau contaminée du site vers la mer et le sous-sol. Par ailleurs, 3 000 personnes interviennent chaque jour dans la centrale, mais le niveau extrêmement élevé de radioactivité complique leur travail. Et les règles de sécurité ne sont pas respectées : insuffisance des contrôles sur les doses absorbées, manque de matériel et de formation à la radioprotection notamment pour les sous-traitants, cas avérés de dissimulation d’irradiation... On craint donc non seulement l’irradiation à haute dose d’un grand nombre de travailleurs mais aussi l’épuisement de la main-d’œuvre : en novembre 2012 TEPCO a reconnu que parmi les 24 000 personnes inscrites sur la liste des travailleurs du site, 16 000 étaient déjà parties, soit qu’elles avaient atteint la dose limite autorisée, soit parce que les conditions de travail étaient trop dures.
D’autre part, 160 000 réfugié-e-s des zones d’évacuation forcée vivent toujours un sort dramatique. La contamination durable de l’environnement et des aliments constitue le problème majeur de cette catastrophe nucléaire, car la radioactivité est invisible et n’a pas d’odeur. Or, TEPCO et les autorités ont cherché, dès le début de l’accident, à minimiser voire à nier les dangers de l’exposition aux radiations. Depuis avril 2011, les autorités ont relevé la norme de l’irradiation externe à 20 millisieverts par an (soit la dose maximale annuelle pour les travailleurs du nucléaire), si bien que des centaines de milliers d’habitant-e-s, de la préfecture de Fukushima et d’autres préfectures, continuent à vivre dans des zones où le niveau de radioactivité est bien plus élevé que la norme internationale (1mSv/an). Les autorités nationales et locales ainsi que des "spécialistes" pro-nucléaires ont propagé un discours rassurant sur les conséquences sanitaires jugées sans risque. Cette propagande, relayée par les grands médias, avait pour but d’éviter l’évacuation d’un trop grand nombre d’habitant-e-s. Alors que l’inefficacité des travaux de décontamination, mal conçus et bâclés, s’affiche au grand jour, cette politique du déni doit permettre au nom de la "reconstruction" de faire revenir les habitant-e-s évacué-e-s.
Néanmoins, beaucoup de gens vivent dans la crainte de conséquences sanitaires graves, notamment pour les enfants. Les examens de thyroïde effectués sur près de 100 000 mineurs dans la préfecture de Fukushima montrent déjà que 40% d’entre eux présentent une anomalie. Parmi le groupe de 38 000 enfants ayant été examiné en 2011, 3 cas de cancer de la thyroïde ont été avérés (et opérés), tandis que 7 cas font l’objet de forts soupçons. Des pathologies diverses sont signalées, mais il est impossible d’établir le lien avec l’irradiation, faute d’études épidémiologiques systématiques et indépendantes. Confrontés à ce refus de faire évacuer au-delà des zones de 20mSv, beaucoup de parents ont décidé de s’organiser pour protéger les enfants des radiations, comme le réseau Kodomo Fukushima [2], et des centres citoyens de mesure de radioactivité se sont rapidement constitués. Un certain nombre de mères ont décidé de partir s’installer avec leurs enfants dans des régions moins contaminées, ce qui provoque souvent un drame car leurs maris ne peuvent pas ou ne veulent pas quitter leur travail. L’appréciation du danger dû aux radiations est la cause de graves dissensions au sein des familles aussi bien que des communautés locales. Quant au problème de la contamination des aliments, la population doit y faire face quotidiennement, au-delà même de la région de Fukushima, puisqu’aucun système efficace de certification n’est mis en place.
Maintenant que l’incompétence de TEPCO et des autorités japonaises, ainsi que leurs nombreuses dissimulations sur l’accident, ont été révélées, notamment par le rapport d’une commission parlementaire indépendante, la population japonaise ne croit plus à cette prétendue sûreté nucléaire. Et certain-es n’hésitent plus à descendre dans la rue pour réclamer l’arrêt de toutes les centrales. La mobilisation citoyenne a atteint une ampleur inédite (jusqu’à 170 000 personnes) au cours de l’été 2012, lorsque le gouvernement, alors que plus aucun réacteur ne fonctionnait depuis le 5 mai, a voulu imposer le redémarrage des deux réacteurs de la centrale d’Ooi. Et diverses actions se poursuivent, comme le rassemblement hebdomadaire devant le cabinet du Premier ministre ou la vigie, de nuit comme de jour, devant le ministère de l’Économie, ou encore la pétition "Adieu au nucléaire" lancée entre autres par Kenzaburo Oé, le prix Nobel de littérature, qui a recueilli plus de 8,2 millions de signatures [3].
C’est ce refus du nucléaire exprimé par plus de 80 % de la population qui a contraint le précédent gouvernement à annoncer la sortie du nucléaire pour la décennie 2030. Depuis 2011, avec des économies d’électricité efficaces et une légère augmentation des importations de gaz, le Japon, dont 28% de l’électricité était d’origine nucléaire, a pu s’en passer presque entièrement. Et comme chacun le constate, l’économie japonaise ne s’est pas effondrée pour autant.
Or, la puissante oligarchie nucléaire japonaise, soutenue par le lobby international (dont l’AIEA), garde le bras long dans les milieux politico-administratifs, économiques et médiatiques. Lors des élections législatives en décembre dernier où la question du nucléaire a été écartée de l’enjeu électoral, l’opinion antinucléaire n’a pas pu trouver un débouché politique. Le système électoral aidant, le PLD, le parti qui avait introduit et promu le nucléaire au Japon, a obtenu la majorité absolue. Le nouveau gouvernement du Premier ministre Abé a d’emblée remis en cause le "nucléaire zéro" et envisage la relance de la filière nucléaire. Les difficultés des victimes de Fukushima à faire entendre leurs revendications risquent d’augmenter dans une société malmenée où domine de plus en plus l’envie de retourner à une vie "ordinaire" qui incite les citoyen-ne-s à l’oubli et au déni d’une réalité trop douloureuse.
Il est donc plus que nécessaire de ne pas oublier Fukushima. C’est pour affirmer l’actualité de cette catastrophe toujours en cours que des associations, des scientifiques, des médecins, des journalistes indépendants et des citoyens, au Japon et dans le monde, continuent à se mobiliser en réclamant le droit à l’évacuation des habitant-e-s qui vivent dans les zones contaminées. C’est pour ne pas oublier Fukushima qu’ils jugent impératif d’empêcher le redémarrage des centrales et urgent de faire traduire en justice les responsables de cet accident qui n’a rien de naturel mais qui est hélas humain, trop humain. En dépit du consensus international qui voudrait tourner la page, la catastrophe n’en est encore qu’à son commencement. Il dépend de nous que le sort des enfants de Tchernobyl ne se répète pas à Fukushima.
Yûki Takahata, pour Yosomono-net

mardi 26 mars 2013

Islande : On nous aurait menti ? (1)

On nous avait dit que l'Islande ceci et que l'Islande cela et que les médias n'en parlaient pas et que eux ils s'en étaient super bien sortis de la crise en disant non aux banquiers et en créant une constitution citoyenne ... et bien le conte de fées s'écroule un peu ...

http://www.pressenza.com/fr/2013/02/precisions-dun-islandais-indigne/


Précisions d’un Islandais indigné

Cet article est aussi disponible en : Espagnol
Source : blog de Gabriella Campbell Y el exhibicionismo
Ce post est une traduction en espagnol de l’article What is actually going on in Iceland, de Baldur Bjarnason (avec la permission expresse de son auteur). Je l’ai partagé il y a quelques jours. Dû au fait qu’il était en anglais et qu’il est assez complexe, on m’a demandé de le traduire en espagnol. Partagez-le si vous en avez la possibilité (via ce lien ou du moins en citant mon nom en tant que traductrice, svp). Si vous souhaitez connaître les actualités et éditions de l’article, reportez-vous aux notes que j’ai écrites à la fin.
NB : Ce que vous vous apprêtez à lire N’EST PAS DE MOI, seule la traduction m’appartient (le post-scriptum de fin est également de Baldur). Je trouvais intéressant de partager le point de vue d’un Islandais, étant donné tous ces « mèmes » que l’on peut lire via les réseaux sociaux qui veulent faire circuler l’idée que l’Islande est une sorte de paradis utopique qui a su vaincre la crise. Ici commence l’article (à la date du 29 décembre 2012) :
Ce qui est réellement en train de se passer en Islande
Parce que je suis fatigué de lire des choses qui ne sont pas vraies
Parce que les gens ne cessent de diffuser des affirmations douteuses telles que l’Islande « a dit à ses créditeurs et au FMI d’aller se faire foutre, a nationalisé les banques, a arrêté les escrocs, a réglé ses dettes et est maintenant en pleine période de croissance, merci », je sens qu’il faut que je m’exprime.
(Cet exemple précis vient de Twitter, mais c’est quasi-identique, presque mot pour mot, au « mantra » qui se répète inlassablement : « l’Islande est une utopie économique »).
Parce que, pour une raison quelconque, les gens ne font pas confiance aux Islandais lorsqu’ils disent que ce n’est pas exactement la situation dans laquelle se trouve la majorité des habitants du pays.
1. L’Islande a envoyé balader le FMI, a quitté le programme du FMI, etc.
Non, ce n’est pas le cas. Jetez un coup d’œil à la page du FMI sur l’Islande et lisez les rapports (en anglais) ici.
Trop long ? Dommage. Vous ne pouvez pas prétendre connaître la relation entre l’Islande et le FMI tant que vous n’avez pas tout lu.
Même un rapide coup d’œil vous permet de vous rendre compte que l’Islande n’a pas expulsé le FMI du pays, et de fait, le FMI fait un peu trop les louanges de l’Islande et de notre gouvernement. Il assure que nous avons suivi ses conseils à la lettre. Vous trouverez plus de précisions si vous lisez les autres archives. Vous tomberez sur certains faits intéressants comme par exemple, que dans certains cas (surtout ceux concernant les banques) l’Islande s’est montré plus libertaire que ce qu’avait recommandé le FMI.

2. L’Islande a dit à ses créditeurs d’aller se faire foutre
Oui et non. L’Islande n’a pas sauvé les banques de la faillite, non sans avoir essayé. Si vous lisez le rapport de la Commission spéciale d’enquête, vous chercherez à savoir comment et pourquoi le gouvernement islandais a fait tout ce qui était en son pouvoir pour renflouer les banques, jusqu’à aller demander de ridicules crédits afin de couvrir ses dettes.
Vous pouvez lire le rapport ici.
Malheureusement, une grosse partie du rapport (la partie la plus croustillante, selon moi) est disponible uniquement en islandais. La version intégrale islandaise est disponible ici.
On voit bien que l’Islande a fait tout ce qu’il était possible de faire pour tenter de sauver les créditeurs. Si le pays a échoué, c’est uniquement parce que le gouvernement islandais, encore et toujours, est totalement incompétent.
Ce que les hauts responsables islandais ont dit et fait de vraiment stupide alors qu’ils tentaient d’obtenir un soutien international (tout est mentionné dans le rapport) :
  • Dire que la réponse positive (sans aucun engagement établi) des Russes était en réalité un accord de prêt, emmerdant autant les Américains que les Russes. Résultat : aucun prêt, de qui que ce soit.
  • Ne pas répondre à l’appel téléphonique d’Alistair Darling (le Ministre des Finances – chancelier de l’Échiquier – du Royaume-Uni, à l’époque). Ils ont bien pris l’appel, l’ont mis en attente et ont fini par lui dire de rappeler plus tard avant de raccrocher.
  • Annoncer en direct, à la télévision, que nous n’aiderions pas les créditeurs, sauf ceux ayant des acomptes, alors que nous étions en train de négocier des fonds afin de renflouer ces banques. Depuis, il a fallu nous rétracter et essayer d’obtenir l’aide de l’UE.
  • Mentir au gouverneur de la Banque d’Angleterre et au Président de la Banque centrale européenne sur la situation réelle de nos banques.
Et bien d’autres choses encore. Tout est dans le rapport spécial. Lisez-le si vous voulez connaître la vraie situation de l’Islande. La version courte de toute cette histoire est que le pays a essayé de renflouer les banques et de sauver les créditeurs, mais que ça a été un échec total.
Autres choses intéressantes dans ce rapport : les ministres islandais ayant reçu certaines sommes d’argent – « gratuit et sans engagement » – de la part des banques et des acteurs clés de la bulle bancaire, et de la chute en résultant, ne sont pas les mêmes qui se font condamner pour fraude ou trafic d’influence. A l’exception de deux personnes :
- Un chef de service (mon homonyme) qui a vendu toutes ses actions peu de temps après avoir assisté à une réunion sur l’état des banques. Il a été condamné pour trafic d’influence (Baldur Sakfelldur). La seule raison pour laquelle il a été accusé est parce qu’il a été assez idiot pour essayer de brouiller les pistes.
- Et Lárus Welding, que certains considèrent comme un acteur clé. Mentionné à plusieurs reprises dans le rapport, il a été condamné hier (le 28 décembre 2012) à six mois de prison et trois mois de liberté conditionnelle. Il conserve l’argent et va faire appel. En sachant les tendances politiques de la Cour Suprême, sa peine n’est pas vraiment assurée. Celle donnée par les cours inférieures est déjà bien inférieure à ce qu’avait demandé le procureur, ce qui n’est pas de très bon augure. (Ici, un lien récent concernant sa condamnation. Vous pouvez toujours choisir de le traduire avec Google Translate et de hocher la tête en écoutant la vidéo comme si vous compreniez). Quant au Premier Ministre, il a été accusé de négligence, mais n’a été condamné à aucune peine. Ni peine de prison, ni amende. Rien.
Je dirais que c’est une tête de turc, s’il n’était pas sorti complètement indemne. Ci-contre, un lien de The Guardian : L’ex-Premier Ministre islandais Geir Haarde non sanctionné pour négligence bancaire. Au départ, cet article de The Guardian s’intitulait l’Ex-Premier Ministre islandais Geir Haarde coupable de la débâcle bancaire : ils déclarèrent l’Ex-Premier Ministre islandais, Geir Haarde, coupable de l’échec face à la crise bancaire. Ce titre fut celui publié sur Twitter, même si c’était au final totalement faux. (cf. autre lien : l’Ex-Premier Ministre Islandais Geir H. déclaré non coupable). En ce qui concerne les autres condamnés, ils sont aujourd’hui à la bulle financière islandaise ce que Bernie Madoff était à Goldman Sachs, des escrocs qui ont profité de la situation sans être des pièces maîtresse de cette bulle ni de son explosion.
C’est un peu comme arrêter un lieutenant nazi alors qu’Hitler et Goebbels continuent à circuler librement. Que voulez-vous qu’on dise ? Bien fait ? Ce ne sont pas des gens importants mais je suppose que c’est un début ? Je dois leur donner une petite tape sur la tête et leur dire « vous aurez plus de chance la prochaine fois » ?
Balivernes !
(Tout cela fait également référence au point 3 : l’Islande arrête les escrocs, ce qui met en évidence que cette affirmation n’est tout simplement pas la vérité. L’Islande a arrêté quelques escrocs : les manœuvres, les messieurs tout le monde, les laquais).
4. L’Islande nationalise les banques
Cela est vrai, mais cela signifie également qu’elles sont privatisées à nouveau par la suite, et en un temps record. Deux des trois banques parmi les plus importantes qui se sont effondrées sont maintenant aux mains des créanciers. (« Mais je pensais que l’Islande se moquait totalement de ses créanciers… » Oui ! Déjà, que c’est drôle ! Pas vrai ?) La troisième banque, Landsbanki, est toujours aux mains de l’État, mais seulement pour ce qui concerne les cas juridiques en relation avec Icesave. Nous en parlerons davantage ultérieurement.
De nombreux créanciers ont vendu leurs titres à des fonds de couverture et autres. A nouveau, tu peux utiliser Google Traduction si cet article t’intéresse.
Ainsi l’Islande a non seulement privatisé de nouveau son système bancaire mais l’a également vendu hors des frontières du pays.
5. L’Islande annule les dettes
La réponse à cette affirmation est oui, mais pas tout à fait. La meilleure manière de comprendre ce qui s’est passé ici est de ne pas être un idiot sans idée de numéros, qui se refuse à recourir aux sources d’origine. Je le sais. C’est difficile, mais essayez ! Vous rendrez votre mère heureuse !
On a contracté beaucoup de dettes ainsi, oui. Par exemple, on a annulé au 1% le plus riche de la population la quasi-totalité de sa dette. Ce n’est pas un détail pour les banques ?
Pour le reste de la population, les choses se compliquent un peu plus. La dette des foyers islandais se compose d’ :
A)    Emprunts en devises,
B)    Emprunts liés à l’IPC.
Les emprunts de type A ont doublé, voire plus, pendant la crise. Ceux qui devaient un million ont finalement dû deux millions, etc. Il y a eu une certaine condamnation apparente de ce type d’emprunts parce que de manière flagrante, ils se sont révélés illégaux.
La routine a pris la forme suivante, très idiote : une Islande en banqueroute poursuit en justice une banque parce que l’emprunt est illégal (2011) (2012). La justice oblige la banque à diminuer l’emprunt. Le gouvernement insiste pour que la décision du juge n’asseye pas un précédent. Et il fixe une loi qui indique jusqu’à quelle limite la dette peut être effacée. Un exemple. Ainsi un islandais presque en banqueroute poursuit la banque en justice parce que son emprunt est illégal. Et pour autant la législation en vigueur et imposée par le gouvernement, mentionnée ci-dessus, est illégale. (Autre exemple). Et ainsi de suite. Le gouvernement islandais s’est battu pour l’annulation de la dette, dans toutes ses formes, avec toutes ses ressources et outils. Il a été complice du système bancaire.
Les emprunts de type B sont un peu plus compliqués et exigent une explication plus ample.
Normalement, quand un emprunt est lié à l’IPC (ce qui est assez rare en soit dans d’autre pays), ses paiements augmentent avec l’inflation.  Mais le système islandais est différent. Si tu demandes un prêt de 100.000 couronnes islandaises et que l’inflation annuelle est de 10% (qui est quelque chose de peu inhabituel dans notre ère post-chute économique, pendant laquelle l’inflation a varié entre 4 et 20 %), cela signifie qu’à la fin de l’année, ces 100.000 se transformeront en 110.000 couronnes, même si tu as déjà payé des intérêts. En définitive, si tu as une hypothèque de type B, tu n’arriveras jamais à la payer puisque dans toute son histoire, la devise islandaise n’a jamais réussi à maintenir un taux d’inflation bas.
La couronne islandaise est apparue en 1922, étalonné sur la couronne danoise. Et depuis, elle a perdu 95,95% de sa valeur. L’inflation est une caractéristique endémique et permanente de l’Islande. La plupart des emprunts en Islande sont de type B, donc lié à l’IPC.
Il y a eu un programme d’annulation de la dette appelée « la règle du 110% » qui réduisait toute hypothèque qui se trouvait au-delà de 110% de la valeur de la propriété à 110% de la valeur de la propriété. Ceux qui étaient noyés restaient noyés. Cette règle ne les aidait pas beaucoup, puisqu’en fin de mois, ils se trouvaient dans la même situation qu’au début.
Au total, l’annulation de la dette pour les foyers islandais se monte à 196.3 milliards de couronnes islandaises, alors que les emprunts de ce type ont atteint 360 milliards de couronnes depuis septembre 2008, ceci étant dû à la relation entre les emprunts et l’IPC. (Source).
En résumé, les foyers islandais sont maintenant dans une situation pire qu’avant. Et les programmes d’annulation de la dette n’étaient, en fin de compte, rien d’autre qu’une manipulation politique destinée à obtenir des voix. Rien à voir avec une amnistie des conditions comme le demandait le mouvement Occupy. (Plus d’informations sur les emprunts islandais : 1 et 2).
Le comble de ce système de prêt en Islande est que seuls les idiots ont souscrit à un emprunt indexé sur une devise étrangère. N’importe qui pouvant compter et disposant des chiffres pourrait voir que les prêts en devise étrangère présentent un risque incroyablement stupide. Ainsi, toutes les personnes sensées, celles ayant reçu un faible allègement de dette, voir aucun, ont choisi des emprunts indexés sur l’indice des prix. Les idiots et les irresponsables ont choisi des emprunts indexés sur une devise étrangère et ont désormais été récompensés de façon disproportionnée par rapport à ce que représente le faible allègement des dettes.
Encore et toujours, les personnes raisonnables et raisonnées en termes de fiscalité en Islande sont pénalisées.
6. L’Islande est désormais en très forte croissance
À moins que vous soyez le genre de personne à regarder un enfant atteint de leucémie et dire « Regarde le petit Charlie avec son crâne chauve, comme il grandit bien », je me dois de contester. Survivre n’est pas synonyme de forte croissance.
L’inflation en 2012 est de 4 %, tandis qu’elle s’élevait à 5 % en 2011.
La croissance est estimée à 2,7 % en 2012 et était de 2,6 % en 2011. (Sources : http://www.hagstofa.is/ the estimate).
Pour ceux parmi vous qui ne savent pas compter, les chiffres ci-dessus indiquent que l’économie islandaise va rester telle qu’elle est. Il ne s’agit pas d’une forte croissance ou d’une croissance saine. Il est plus ou moins question de flâner, ne pas mourir. En particulier lorsque vous regardez les chiffres des pages suivantes : http://www.hagstofa.is/ et http://www.sedlabanki.is/ qui indiquent que la croissance provient en majorité d’une bulle spéculative du marché de l’immobilier en Islande, les entreprises ne se portent pas mieux.
Les salaires bruts en Islande. La nouvelle bulle immobilière en Islande.
Souvenez-vous également que la croissance est calculée en couronnes islandaises dont la valeur équivaut à environ 20-50 % de sa valeur en 2008 et qui, à son tour, signifie que ces faibles taux de croissance sont un peu plus que des erreurs d’arrondissement quant à l’effondrement de l’Islande en termes de devise étrangère.
Note : Plus d’informations sur les problèmes de la croissance
Je ne pense pas que les lecteurs aient saisi la remarque que j’essayais de faire sur le PIB. C’est ma faute. J’aurais dû développer cette remarque.
Les revenus des foyers islandais ont chuté. Leur dette est indexée. La croissance est largement due à une réapparition de la bulle immobilière et au retour de la croissance des banques due aux emprunts indexés qui montent en flèche, c’est-à-dire que les foyers n’en bénéficient plus vraiment, si ce n’est pas du tout. Ils ne peuvent pas s’introduire sur le marché immobilier fleurissant car ils sont déjà surendettés, et la loi islandaise empêche ceux qui ont souscrit à un prêt immobilier de s’en défaire (même si vous mourez, vos enfants doivent payer) et le marché immobilier est largement dominé par de l’argent saisi, des capitaux étrangers qui ne peuvent pas s’échapper en raison des restrictions de devise.
C’est pourquoi j’ai mentionné les taux d’’inflation. Lorsque votre prêt immobilier est indexé et que votre salaire stagne ou diminue, une forte inflation détruit complètement tout bénéfice économique que la croissance économique pourrait apporter à votre foyer. La prédominance des prêts indexés signifie que l’inflation entraîne un effet négatif disproportionné sur les foyers, en particulier lorsque l’on compare avec d’autres pays qui proposent des prêts non indexés.
Plus l’inflation est forte, quelle que soit la supériorité de la valeur de la croissance, plus il y a de chances que le résultat final soit désastreux pour les foyers islandais. Ainsi, même si l’Islande arrive à atteindre par miracle une croissance de 5 % et si l’inflation sous-jacente est de 10 %, cela entraînerait une économie nationale désastreuse due au fait que la majorité des emprunts et des prêts immobiliers islandais sont liés aux variations tordues et excentriques de l’indexation sur l’indice des prix à la consommation.
Pour cette même raison, si l’Islande avait pu atteindre une croissance de 2,6 % par une inflation de 2 % (au lieu de 4 %), les conséquences économiques sur le poids de la dette des foyers auraient été différents et nous ne ferions pas face à une crise aussi imminente que celle qui s’apprête à arriver alors que nous entrons en 2013.
En Islande, le sujet de l’inflation est important.
Je reconnais que je n’ai pas développé ce point comme il se doit. J’ai pensé que les gens comprendraient l’idée que j’essayais de développer après avoir lu la section sur les prêts indexés en Islande. Comme je l’ai déjà dit, l’inflation alourdit directement la dette des foyers en Islande, tandis que les salaires continuent de stagner (ils ont en réalité diminué légèrement si l’on en croit les derniers chiffres). C’est pourquoi vous ne pouvez pas parler de croissance en Islande sans évoquer le taux d’inflation afin d’établir le contexte. Dans des situations économiques normales, une inflation de 4 % basée sur une croissance de 2,6 % n’entraîne pas chez tout le monde une augmentation de 4 % sur un emprunt en l’espace d’un an. C’est pourtant exactement ce qu’il se passe en Islande. C’est pourquoi vous devez évoquer l’inflation à chaque discussion sur la croissance en Islande.
Je pensais qu’après avoir parlé de l’indexation, il suffirait de mentionner le contexte de la croissance pour que les lecteurs comprennent où je voulais en venir. Cela était vraisemblablement stupide car il était impossible de comprendre sans être voyant.
7. Icesave
Voici l’origine de toutes ces absurdités. La version courte de l’histoire est que Landsbanki, dirigée par Björgólfur Guðmundsson, reconnu comme étant un escroc (ce qui, en soi et de soi, aurait dû vous alerter) a lancé un plan douteux de comptes épargne promettant des résultats irréalistes, au Royaume-Uni, aux Pays-Bas et dans d’autres pays, a collecté de l’argent d’un groupe d’idiots avares, a fait faillite tandis que l’argent avait disparu où Dieu seul sait.
Vous pouvez trouver un aperçu relativement raisonnable de l’affaire Icesave sur wikipedia :https://en.wikipedia.org/wiki/Icesave_dispute
Nota Bene que Björgúlfur et son fils n’ont pas été poursuivis en justice, bien qu’ils représentent des acteurs clé de la bulle spéculative des banques et de l’effondrement qui s’en est suivi.
Le Royaume-Uni et les autres gouvernements ont immédiatement payé tous les dépôts dans leur entier, ne se limitant pas au montant garanti par la loi, puis ont changé d’avis et ont exigé que l’Islande les rembourse, avec des taux d’intérêt excessifs.
L’Islande accepta. Le gouvernement islandais accepta, mais ajouta quelques conditions raisonnables concernant les taux de paiement et renvoya la proposition aux Britanniques et aux autres.
Les Britanniques refusèrent. Remboursez-nous intégralement, avec des taux d’intérêt de requin, sinon gare.
L’Islande a donc de nouveau dit oui. Le gouvernement et le parlement ont accepté les conditions insensées en dépit des protestations massives des citoyens islandais. Le président refusa de valider le projet, obligeant à organiser un referendum sur la loi. Les Islandais ont massivement rejeté l’accord sur l’emprunt.
Plusieurs aller-retour ont ainsi été effectués, les Islandais refusant à chaque fois de payer. Les Britanniques et les autres ont finalement abandonné et poursuivent désormais en justice le gouvernement islandais dans plusieurs cours pour tenter d’obtenir les taux d’intérêt voulus.
Quelques remarques à ce sujet :
  • Les gouvernements islandais ont toujours accepté les conditions des Hollandais et des Britanniques. Ils étaient d’accord avec eux sur le fait que nous devions payer.
  • Les électeurs sont en désaccord et peuvent s’exprimer à ce sujet uniquement parce que le président aime faire oublier à tout le monde qu’il est lui-même un collaborateur véreux faisant partie de ce milieu financier et se trouvait dans les petits papiers des banques jusqu’à leur faillite.
  • La dette d’Icesave est payée, quoi que les électeurs islandais en disent. Le débat tourne uniquement autour de l’importance des taux d’intérêt (Bretar fá greitt). L’Islande n’a pas refusé de payer la dette d’Icesave, celle-ci est déjà en majorité réglée et le gouvernement compte régler le reste. Le débat et les référendums servent uniquement à déterminer si nous devons payer des taux d’intérêt excessifs ou pas.
Ce n’est pas tout
Je pourrais continuer à développer à quel point les frais de gestion administrative représentent une part de plus en plus importante du budget des Islandais, à quel point les niveaux de revenu ont chuté, comment les réductions de budget du gouvernement ont entraîne une baisse considérable de la qualité des services publics, autant dans les services de santé que dans le système éducatif. Je pourrais exposer comment le système d’allocations islandais de style nordique est démantelé. Je pourrais expliquer comment les personnes âgées sont affamées à en mourir ou comment les pauvres se voient refusés de l’aide. Je pourrais parler de la fuite des cerveaux puisque les professionnels spécialisés fuient le pays. Je pourrais exposer à quel point le choix des produits dans les magasins d’alimentation a été considérablement restreint. Je pourrais parler de la crise politique dans laquelle aucun parti politique n’ose se positionner contre les banques. Je pourrais expliquer comment les banques se mettent de nouveau à répandre et jouer au même jeu qu’au temps de la bulle spéculative. Je pourrais continuer encore et encore, mais si jusqu’à présent vous n’avez pas écouté, rien de ce que j’ai encore à dire ne vous convaincra.
FINALEMENT que se passe-t-il donc ?
Pourquoi ces mythes sur l’Islande sont-ils répandus ? Pourquoi les gens pensent que l’Islande est un paradis en développement alors qu’en réalité c’est un fantasme Thatchérien ? Pourquoi l’Islande est exhibée par le mouvement Occupy comme un exemple de marche à suivre ?
Je ne sais pas. Ma théorie, corroborée par ceux qui semblent être à l’origine des plus grands mythes, est qu’il existe un groupe d’Islandais qui mentent ouvertement aux étrangers.
Peut-être qu’ils mentent pour réconforter leur fierté nationale blessée, qu’ils se sont eux-mêmes convaincus que cela est vrai et que l’Islande est réellement un pays merveilleux et unique. Peut-être que c’est parce qu’ils voient un intérêt à mentir aux étrangers naïfs. C’était un sport national pendant la bulle spéculative et c’est une tactique islandaise standard depuis des années, mais je ne peux pas écarter le rôle du nationalisme et sa stupidité dans cette situation absurde.
Je ne sais pas. La seule chose que je sais est que l’on vous ment et que les Islandais sont très forts pour se mentir à eux-mêmes. S’ils ne l’étaient pas, nous ne serions pas dans cette situation catastrophique.
Note 1 : il ne s’agit pas d’un article sur l’économie. Diriger les gens vers les dossiers publics, que décrétait la loi et que ne décrétait-elle pas, quelles affaires judiciaires ont été gagnées ou perdues, qui était poursuivi en justice et qui ne l’était pas, quelles actions le gouvernement a-t-il pris ou n’a pas pris, ne sont pas des questions d’ordre économique et ni ouvertes à l’interprétation. Vous pouvez débattre sur les effets à long terme des lois qui ont été décrétées (un débat est d’ailleurs à ajouter) mais vous ne pouvez pas débattre sur les faits de base concernant ce qui a ou n’a pas été fait.
La seule chose pouvant être débattue dans cet article est si, oui ou non, vous pensez que les taux de croissance sont positifs. (Si vous pensez que les taux de croissance sont prometteurs, je me dis que vous ne comprenez ni la crise du système des retraites en Islande, ni l’effondrement imminent du fond national d’aide au logement, ni la bulle immobilière en plein essor. Mais j’admets que ce sont des sujets de débat. Ce n’est pas le cas pour le reste, les autres sujets ne sont pas à débattre. Il y a des choses que le gouvernement islandais a fait, et d’autres qu’il n’a pas fait. Ses actions sont publiques.)
Note 2 : j’ai ajouté ce qui suit dans les commentaires et qui méritait d’être mentionné.
Une autre chose à préciser est que même si l’appel en justice de Lárus Welding a été rejeté et que la peine de six mois de prison + trois mois en liberté conditionnelle est confirmée, cela ne veut pas dire qu’il sera réellement en prison pendant six mois.
Étant donné le système d’incarcération en Islande, il sera plutôt dehors dans un centre de semi-liberté avec un bracelet de traçage GPS à sa cheville dans deux mois, complètement libre dans trois mois, et purgeant les six mois restant en liberté conditionnelle.
Et il réussit à garder tout l’argent qu’il a gagné, c’est-à-dire beaucoup.
Baldur Guðlaugsson, l’autre principale condamnation évoquée, n’a purgé que six mois de prison sur les 24.
Traduction de l’anglais : Eva Delacoute et Frédérique Drouet

lundi 25 mars 2013

Gaz de schiste : le bien public sacrifié

http://minilien.fr/a0lz56
ou
http://minilien.fr/a0lz57


Gaz de schiste, assez de lobbyisme !

LE MONDE |  • Mis à jour le 



Il serait temps que le débat devienne sérieux lorsque l'on aborde l'aspect économique et financier du gaz de schiste. Les tombereaux d'injures que déverse le géochimiste
 Claude Allègre ne font que caricaturer une argumentation absurde : l'exploitation du gaz de schiste relancerait la croissance française.

Le lobby pétrolier et gazier inonde les médias de ce nouveau mythe : si on exploitait le gaz de schiste comme les Américains, la croissance reviendrait. C'est trois fois absurde. Pour une question de chronologie d'abord. Dans le meilleur des cas, pour le lobby, une exploitation pourrait voir le jour vers 2020, ce qui n'aura aucun effet sur l'atonie de l'économie française en 2012 et 2013.

Deuxièmement, la France n'est pas les Etats-Unis. Autrement dit, les conditions physiques d'exploitation, les conditions juridiques font que les contraintes sont très différentes et, par voie de conséquence, le prix du baril ou du British Termal Unit (BTU unité d'énergie anglo-saxonne) serait sans commune mesure, peut être sans aucun intérêt au regard du prix auquel nous payons notre gaz.

Rappelons que le patron d'Exxon reconnaissait lui-même en juin manger sa chemise au prix auquel est vendu le BTU, soit 2 dollars (1,57 euro), alors que le prix de revient actuel aux Etats-Unis est de l'ordre de 7 dollars. C'est dans des difficultés financières immenses que se débattent aux Etats-Unis de très grandes sociétés exploitantes. Qu'en sera-t-il demain lorsque l'obligation de récupérer le méthane va s'imposer ?
Enfin, dans le meilleur des cas, l'exploitation du gaz de schiste pèserait pour 4 à 5 milliards d'euros, soit moins de 10 % de notre facture énergétique ou du déficit commercial. C'est important, mais pas de nature à changer la donne.

Alors pourquoi ces chiffres déraisonnables qui circulent sur des réserves que l'on ne connaît pas et des emplois virtuels, dont ceux qui lancent des chiffres savent qu'ils sont sans fondement. 
Pourquoi, au niveau européen, cette pression démente des lobbys pour interdire au Parlement européen de légiférer et mettre en place une législation qui impose l'étude d'impact par ailleurs déjà imposée par le droit communautaire ?

D'abord, parce que l'âge d'or du gaz de schiste aux Etats-Unis touche à sa fin ; outre le changement de législation, le caractère dramatique des dommages causés aux milieux et aux hommes apparaît. Les efforts pour cacher la nature des produits utilisés, les conséquences dans l'air et dans l'eau sont en échec. Et surtout le risque de faillite menace les entreprises exploitantes, qui vendent à un prix trop bas leur huile en raison de l'ouverture massive de puits, grâce au droit américain rendant le propriétaire du sol propriétaire du sous-sol.

Dès lors, le marché européen, à la condition qu'il soit sans règles, peut être intéressant au moins le temps que les citoyens européens se rendent compte des dommages en grandeur réelle, d'où la très forte pression des sociétés américaines.

Ensuite, parce que la valeur est celle de la matière première. Dès lors, tout en sachant que l'exploitation n'est pas pour demain, le but est de préempter notre sous-sol pour valoriser dans les bilans les réserves. En effet, comme le titulaire du permis d'exploration est le futur titulaire du permis d'exploitation, sans qu'il soit possible de lancer un nouvel appel à concurrence, l'objectif est d'obtenir le plus vite possible les permis d'exploration. En réalité, c'est une expropriation larvée de notre bien collectif.

En admettant qu'une autre technologie que la fracturation hydraulique soit possible, que cette technologie fasse l'économie de l'eau et ne pollue pas, l'intérêt de la France est évidemment d'attendre, dans la mesure où, si nous avons du gaz, il sera encore là plus tard, et avec une valeur croissante.

Soit une technologie propre est trouvée, et dans ce cas il ne faut surtout pas accorder des droits qui n'auront que plus de valeur ultérieurement. 

Soit elle ne l'est pas, et dans ce cas il est irrationnel et déraisonnable de sacrifier nos milieux et notre richesse agricole et paysagère, de mettre en péril la santé des personnes vivant au voisinage des puits, de créer une irréversibilité pour une exploitation temporaire d'huile de schiste dont les inconvénients et les coûts économiques l'emporteront sur les avantages.

Dès lors, arrêtez la désinformation et reconnaissez quelles sont vos motivations réelles qui n'ont rien à voir avec le bien-être et l'intérêt économique des Français. Et, si le gaz de schiste présente un enjeu stratégique pour la France, alors, la recherche et le recensement public des réserves ne peuvent se faire que par l'Etat.