Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

dimanche 30 juin 2013

Retour sur la soirée Mexique à Fillols

 Message de Marcel suite à la soirée Mexico à Fillols

hola !

je profite du temps libre que me laisse une insomnie pour vous communiquer mon état d'esprit après la séance de dimanche à Fillols

je vous remercie d'avoir participé à l'organisation de cette chose surprenante qui m'a donné l'occasion de mesurer la liberté que je me suis donnée en décidant de (et en déclarant) "ne plus être de gauche" il y a quelques années !

étant parti avant la fin, je ne sais pas si certains se sont autorisé quelques questions "subversive", comme "qui vous a mandaté pour être ici", "au nom de quoi et de qui", "dans quel but", "avec quel fric", "avez-vous conscience de vous adresser à des gens qui ne vivent pas de la terre et dont la force réside dans la remise en cause de l'héritage de leurs ancêtres", "savez-vous qu'en Europe il y a belle lurette que la revendication d'un droit à la terre n'est plus à l'ordre du jour"… ???

personnellement j'hésite encore à savoir si j'ai assisté à un néo-Buffalo Bil wild west show-de gauche, à une séance de formatage (d'endoctrinement ?) politique ou à un sketch dont le troisième degré m'aurait échappé…
j'étais venu avant tout curieux de découvrir leurs modes d'organisation dans la lutte et leurs répercussions (ou non) dans le quotidien (modalité des prises de décision, statut des femmes…)
mais aussi bien le documentaire que les interventions (mal traduites…) ont laissé les faits de côté pour s'en tenir aux croyances… 
rien que la façon dont leur show bien rodé (avec ses slogans scandés et sa "claque" pour mettre de l'animation !) colle avec la mythologie amérindienne issue du FAUX discours de Seattle (ah la jouissance de cette somptueuse arnaque littéraire !) aurait dû vous mettre la puce à l'oreille !

merci encore de continuer à ne pas m'avertir de ce genre de "communion entre croyant", car je pense en avoir tiré les leçons que je peux en tirer pour l'instant

***********************
d'ici là, tout de bon !
Marcel

Ps : si par hasard vous aviez dans l'idée de mêler Brin d'Air à ce genre de chose, sachez que je m'y opposerais fermement

Réponse de Ronan

Ho! Ho! Ho!..........
                                                  Bizarre ce ton d'ironie méprisante pour une modeste opération de solidarité qui s' est montée dans des conditions bien trop rapides, je te l' accorde ; d' où des critiques justifiées de ta part...

            Oui ! les traductrices n'ont pas éclairé une lutte exemplaire qui aurait mérité d'être resituée dans son contexte, elles n'ont pas su laisser une place à un débat où les questions que tu poses auraient mérité d' être posées... manque de préparation et de coordination.

            Oui ! cela avait tout à fait un aspect religieux avec sermon +chants.... la mystique de la Terre Mère n'est pas vraiment mon truc non plus... mais que tu le veuilles ou non la lutte des classes existe et en Amérique latine elle se confond pour les communautés indigènes avec la défense de la Pachamama... le Gospel et les sermons des pasteurs ont bien porté le combat pour les droits civiques aux USA .... un des héros d'Atenco, Nacho, dont tu as peu apprécié le discours est quelqu'un qui, condamné à 112 ans de prison en a cependant fait 4.... une lutte où il y a eu au moins deux morts, des centaines d'emprisonnés, des dizaines de viols par la police.... une lutte qui méritait d'avoir un écho, même mal préparé à Fillols, .... une lutte dont Notre-Dame des Landes est le prolongement de basse intensité  par ici ... on ne luttera jamais assez contre la mainmise sur les terres agricoles et l'augmentation de gaz à effet de serre dû au trafic aérien 4/00 et au-delà, vu sa progression rapide.

   La version pop du discours de Seattle n'est pas un vrai faux mais une version ''améliorée''  par de trop zélés écolos US débuts 70 e ; il existe 3 versions .... il serait intéressant de retrouver la version la plus fidèle de ce discours qui dura une demi-heure parait-il... 
Sais-tu qu'en Europe la revendication d'un droit à la terre est plus que jamais d'actualité ?... 
Il suffit de constater les immenses difficultés des jeunes agriculteurs à s'installer.

Eh oui ! je me méfie beaucoup de la foi et de la religion mais il en faut un minimum si on décide de se battre un minimum.... ou un maximum si on se bat un maximum.

Un certain type de foi moderne est à inventer, qui sache s'allier au doute et à l'esprit critique... une foi qui ne soit pas aveugle.

Le sarcasme facile et insultant (l'allusion au show Buffalo- Bill !) ne suffisent pas...

Quant à la question de la droite et de la gauche elle reste d'actualité quand on constate l'imposture qui s'est toujours dissimulée derrière ces mots.... (voir les mystères si bien dévoilés par Michéa) (NDR : Les mystères de la gauche : de l'idéal des Lumières au triomphe du capitalisme absolu, Climats, 2013), derrière les trahisons et les forfaitures, il y a des luttes sociales et un combat pour plus de justice dont on peut encore se réclamer aujourd'hui sans avoir honte.

      Pour moi le mot ''Gauche'' a un sens si on retourne aux origines ; s'étaient mis à la gauche du roi lors de la Constituante, ceux qui refusaient le droit de véto.... et j'estime
pour en revenir à la question associative, on peut se désolidariser d'une décision mais en aucun cas imposer un droit de véto !
                                                      Salut à toi, et merci pour cet effort de pensée qui oblige chacun à éclaircir ses idées...
                            
                                                                                            A+
                                                                                                     Ronan

 P.S : au prochain Café Repaire, Geneviève, l'une des deux ''traductrices'' que je remercie pour l'initiative de ce plan improvisé (qui fut riche, chaleureux et vivant malgré tout) ... devrait pouvoir répondre aux questions que tu te poses, avec toute ses connaissance du Mexique et de ses luttes.

samedi 29 juin 2013

Mélenchon et le Tibet : ignorance ou malhonnêteté ?

Ci-dessous une vidéo de 4 minutes pendant lesquelles Mélenchon débite une suite d'idées fausses pour ne pas dire malveillantes à propos du Tibet, des Tibétains et du Dalaï-Lama, suivie d'un article qui remet les pendules à l'heure

http://www.youtube.com/watch?v=OcKdpBUegsQ






Ci-dessous une réponse à toutes les questions soulevées et des liens pour en apprendre davantage sur le sujet

http://www.tibet-info.net/www/Derapage-en-direct.html#.UcwRiD55xbV

Dérapage en direct


vendredi 26 avril 2013 par Rédaction, Jean-Paul Ribes
Encore une fois Jean-Luc Mélenchon a donné le spectacle d’un dérapage en direct sur la question tibétaine dans l’émission "Des paroles et des actes" sur France 2, le 25 avril.
Questionné par le journaliste politique Jeff Wittenberg, le Président du Parti de gauche s’est montré, à son habitude, très agressif, se donnant l’air de connaître un dossier qu’il ne maîtrise pas.
"Savez-vous", a-t-il asséné à ses interlocuteurs, "que Le Dalaï Lama a pour objectif de rétablir un régime théocratique, d’y imposer la charia bouddhiste et d’en expulser cent millions (sic) de Chinois qui y vivent et y travaillent ?"
Rarement tant de sottises auront été exprimées sur le sujet en si peu de mots. Malheureusement les chroniqueurs de la chaine n’ont pas répondu, faisons-le donc pour eux.
C’est sur les efforts constants du XIVème Dalaï Lama que la diaspora tibétaine s’est dotée d’une constitution démocratique [1], d’ailleurs en cours de révision pour y intégrer la transmission des pouvoirs jusqu’alors détenus par le leader tibétain au Sikyong [2] Lobsang Sangay, laïc, et élu au terme d’un processus démocratique [3].
Le terme charia bouddhiste est un oxymore, c’est à dire le rapprochement de deux mots contraires.
S’il a pu arriver que des personnes se réclamant du bouddhisme aient un comportement contraire au respect des croyances ou des usages de leurs contemporains, au Japon sous la dictature, au Sri Lanka ou même en Birmanie, la tolérance fait partie des enseignement bouddhistes les plus fondamentaux, et le Dalaï Lama ne manque pas de le rappeler dans chacun de ses enseignements [4].
Enfin où le président du Parti de gauche est-il allé chercher que cent millions de Chinois (donc pas des Tibétains !) vivaient au Tibet ? [5]
Dans ses pires affabulations statistiques, le gouvernement chinois lui même n’a jamais avancé un chiffre aussi fou. Même en considérant le Tibet dans ses frontières culturelles historiques [6], un tel chiffre de colons hans ou huis [7] serait difficilement atteint, à moins que Jean-Luc Mélenchon ne dispose d’informations statistiques confidentielles et catastrophiques pour l’avenir du Tibet.
Ce qui est inquiétant dans le cas Mélenchon, c’est son assurance dans l’affirmation de contre-vérités monumentales pour qui connaît un peu le sujet, jetant ainsi le discrédit sur l’ensemble de son discours politique, qui présente pourtant parfois des éléments de réflexion non négligeables.
Évoquant une "politique du scorpion" qui s’empoisonne lui-même, car telle est sa nature, Jean-Luc Mélenchon en a donné ce soir là un exemple vivant !
Jean-Paul Ribes

NB Les notes de bas de page et les liens, internes ou externes, ont été ajoutés par Tibet-info à des fins d’explication, d’illustration ou de compléments d’information.
Quelques liens complémentaires :
- Tibet : Jean-Luc Mélenchon raconte encore des bêtises.
- Echos du Tibet sur Rue89

[4] Le Dalaï Lama a d’ailleurs condamné récemment les agressions de bouddhistes birmans contre la minorité des Rohingyas. Voir l’article du Monde "Des bouddhistes appellent à cesser les violences contre les rohingyas"

[5] Le Tibet historique, avant 1959, avait une population estimée à 6 millions environs de Tibétains. On estime la population han déplacée au Tibet depuis 1959 à 7,5 millions environ, aucune statistique officielle n’étant disponible, et les forces militaires et de police n’étant pas comptabilisées dans les statistiques officielles chinoises

[7] L’ethnie han est l’ethnie majoritaire en Chine, comparée aux 56 autres "minorités ethniques" reconnues officiellement (ce nombre étant en réalité supérieur). L’ethnie hui est l’une de ces minorités ethniques, ethniquement han, mais de culture musulmane.

jeudi 27 juin 2013

Fascisme d'hier / Fascisme d'aujourd'hui


http://www.piecesetmaindoeuvre.com/spip.php?page=resume&id_article=421

Le vrai « fascisme » de notre temps


Bas les pattes devant Snowden, Manning, Assange et les résistants au techno-totalitarisme

Nul ne peut plus nier ce que les opposants à la tyrannie technologique dénoncent depuis des années : les objets intelligents qui envahissent nos vies (ordinateurs, Internet, téléphones mobiles et smartphones, GPS) donnent au pouvoir les moyens de la surveillance généralisée.
En dévoilant des documents secrets, un ex-agent américain révèle que la NSA (Agence nationale de sécurité) espionne les internautes du monde entier, dans le cadre du programme clandestin « Prism » mis en place par George Bush et poursuivi par Barak Obama. 
Sont visés les utilisateurs d’Internet et des « réseaux sociaux » (Google, Facebook, Apple, Youtube, Yahoo, Skype, DropBox, Microsoft, AOL) soit, à l’ère numérique, à peu près tout le monde.

Les esprits forts diront qu’ils le savaient déjà. Les esprits forts savent toujours tout. Edward Snowden, lui, prouve ce qu’il dit. Et les médias du monde entier ne peuvent faire autrement que de publier ses déclarations, alors que les dénonciations des esprits critiques restaient confinées et refoulées à quelques milieux restreints.


Edward Snowden agit sans le soutien d’aucune organisation, d’aucun parti, d’aucun collectif. Heureusement – il n’aurait rien fait. Son geste relève de ce qu’Orwell nommait la « décence ordinaire ». « Je ne peux, en mon âme et conscience, laisser le gouvernement américain détruire la vie privée, la liberté d’Internet et les libertés essentielles pour les gens tout autour du monde au moyen de ce système énorme de surveillance qu’il est en train de bâtir secrètement. » (Le Monde, 11/06/2013) 
A 29 ans, il sacrifie sa carrière et sa vie personnelle, choisit la désertion, risque la prison pour trahison (comme le soldat Manning, auteur des fuites vers Wikileaks) voire un « accident ». Il affronte seul les services secrets de la première puissance mondiale.

En France depuis le 10 juin 2013, aucune des organisations qui, avant ou depuis le meurtre de Clément Méric, clament l’urgence de la « lutte antifasciste », n’a pris la défense de Snowden. Aucune manifestation de soutien, aucun communiqué, aucun appel contre la surveillance totale, y compris celle de la DGSE française (services secrets extérieurs), comparée par un ex-agent à une « pêche au chalut »(Le Monde, 12/06/20132) 
A ce jour, le seul appel pour l’asile politique de Snowden en France émane de Marine Le Pen. Un coup de pub dont le Front de Gauche n’a pas été capable.

Edward Snowden : « Ma grande peur concernant la conséquence de ces révélations pour l’Amérique, c’est que rien ne changera. [Les gens] ne voudront pas prendre les risques indispensables pour se battre pour changer les choses... Et dans les mois à venir, les années à venir, cela ne va faire qu’empirer. [La NSA] dira que... à cause de la crise, des dangers auxquels nous devons faire face dans le monde, d’une nouvelle menace imprévisible elle a besoin de plus de pouvoirs, et à ce moment-là personne ne pourra rien faire pour s’y opposer. Et ce sera une tyrannie clé-en-main. »

Snowden a raison. En France, le rétro-fascisme à front bas et crâne ras, qu’on reconnaît au premier coup d’œil, obsède l’anti-fascisme rétro, patrimonial et pavlovien, tout ému de combattre la bête immonde qu’on lui a tant racontée et qu’il croit connaître. Il est vrai qu’ils partagent quelquefois les mêmes goûts en matière de look et de dress code. Les skinheads, c’est quand même plus simple que les RFID et la « planète intelligente » d’IBM. Dénoncer « les origines françaises du fascisme » (Zev Sternhell, Là-bas si j’y suis, France Inter) et « le retour des années 1930 » (Le Nouvel Observateur et cie), c’est plus facile que de s’attaquer au techno-totalitarisme. D’autant que celui-ci est pourvoyeur d’emplois et de croissance économique, donc « progressiste » et « de gauche ». Qu’importe que 64 millions de moutons soient pucés, tracés et profilés, si la filière micro-électronique prospère, de STMicroelectronics à Gemplus et Thales. Pour Pierre Gattaz, nouveau président du Medef, et le lobby de l’industrie électronique : « La sécurité est très souvent vécue dans nos sociétés démocratiques comme une atteinte aux libertés individuelles. Il faut donc faire accepter par la population les technologies utilisées et parmi celles-ci la biométrie, la vidéosurveillance et les contrôles. »(Livre bleu du GIXEL (Groupement des industries de l'interconnexion, des composants et des sous-ensembles électroniques) sur le développement de la filière électronique, 2004. Voir aussi RFID : la police totale, le film, par Subterfuge et Pièces et main d’œuvre (www.piecesetmaindoeuvre.com)

Personne pour s’aviser que nous ne sommes pas dans les années 1930. Qu’après des décennies d’accélération technologique, à l’heure de la contention électronique, le « fascisme » aussi s’est modernisé. Il n’a plus le visage du Dictateur. Même plus celui de Big Brother. Mais celui des myriades d’actionneurs, capteurs, nano-processeurs, datacenters, super-calculateurs, Little Brothers, qui maillent, structurent, activent et pilotent la société de contrainte.

Les documents publiés par Snowden confirment ce que nous avons décrit de la police des populations à l’ère technologique. (cf Terreur et possession, enquête sur la police des populations à l’ère technologique, Pièces et main d’œuvre (L’Echappée, 2008) 
La presse fait mine de découvrir l’espionnage par Internet. Quitte, comme le site du Monde, à le faire sous une bannière publicitaire pour IBM et « la planète intelligente ». C’est-à-dire, le projet de puçage électronique de chaque chose et chaque être sur Terre, via des puces communicantes. Le projet, bien avancé, d’un Internet des objets, élargit le réseau à chaque objet et être vivant pucé, qui nous interconnecte (nous incarcère) en permanence avec notre environnement (notre cage). Un filet électronique dont il sera impossible de s’extraire. Si les révélations de Snowden vous émeuvent, « la planète intelligente » d’IBM vous glacera. (cf « IBM et la société de contrainte », in L’Industrie de la contrainte, Pièces et main d’œuvre (L’Echappée, 2011))

Pendant que les attardés lèvent le poing, farouches et déterminés contre le spectre « des heures les plus sombres de notre Histoire », le pouvoir resserre le filet électronique. Avec l’approbation béate de la majorité « parce que la technologie, tout dépend de ce qu’on en fait. »
« Ainsi donc, notre génération du lien social et du réseau virtuel, notre génération qui a fait tomber des dictatures par la force de baïonnettes informatiques, notre génération devra, donc, comme les autres, payer le prix du sang et apprendre, comme les autres, que l’engagement est un risque, une créance prise sur la vie, une créance que les plus courageux et les plus innocents paient et remboursent de leur mort. » (Libération 10/06/2013) 
Il y a dans ces lignes des condisciples de Clément Méric tout l’aveuglement de l’époque sur elle-même. Passons sur cette « génération », qui confond « lien social » et laisse électronique – après tout, elle n’a rien connu d’autre et ses mentors la maintiennent dans sa niaiserie.

Facebook n’a pas plus balayé Ben Ali et Kadhafi, (cf L’emprise numérique, C. Biagini (éditions l’Echappée, 2013)) que les abrutis de Troisième Voie et des Jeunesses Nationalistes Révolutionnaires ne menacent la démocratie. « Une mouvance qui compterait 1000 adhérents et 4000 sympathisants selon son chef. Mais 500 selon les autorités. » (Libération 14/06/2013) 
« Les JNR, totalement dévouées à sa personne (NdA : de Serge Ayoub, leur chef), mais qui ont très peu à voir avec un quelconque militantisme politique ». (Le Monde, 11/06/2013) 
« Il est impossible de décrire Troisième Voie comme un groupe de combat ou séditieux » (Jean- Yves Camus, spécialiste de l’extrême-droite). (Libération, 14/06/2013) 
«Ce sont des jeunes extrêmement précarisés issus de familles très populaires avec des parents bénéficiant des aides sociales. Ils ont un faible niveau de diplôme (...) En fait, ils appartiennent au sous-prolétariat des zones rurales et péri-urbaines. Ils ont grandi dans des familles où, le plus souvent, un seul des parents travaille. Quand ils n’ont pas été élevés au sein de familles monoparentales avec leur mère dans une grande précarité » (Stéphane François, historien). (Id.)

Ils sont, en somme, le pendant rural des délinquants de banlieue. De ceux qui, en septembre 2012, massacrèrent Kevin et Sofiane à la Villeneuve d’Echirolles, parce qu’ils étaient d’un quartier différent. Même profil socio-économique. Ni plus avisés, ni moins violents, non moins déstructurés par la déferlante des écrans et la dissolution du tissu social. Des exclus des métropoles high-tech et de la compétition internationale, comme eux trahis par la gauche. Pas plus que pour les délinquants, leur condition n’excuse leurs gestes. Pas plus que les délinquants, ils n’incarnent le « renouveau fasciste ».


Mais ils sont plus spectaculaires et moins virtuels que le techno-totalitarisme et, partant, plus faciles à désigner. «La grande nouveauté est que, grâce à Internet, certains informaticiens ont les moyens d’imposer leur vision du monde au reste de la population. Au lieu d’écrire des essais philosophiques dans l’espoir d’influencer les générations futures, ils réalisent leur projet de société. Le fait d’être d’accord ou non avec eux est sans objet, car ils ont déjà rapproché le monde de leur idéal » (Christopher Soghoian, militant américain de la protection de la vie privée). (Le Monde, 17/11/20124)

La tyrannie technologique est plus pervasive et redoutable que 500 brutes alcoolisées. Elle exige de ses opposants plus que du pathos et des postures. Combattre le techno-totalitarisme, c’est-à-dire l’attaque la plus performante contre notre liberté et contre la possibilité de choisir ce qui nous arrive, impose l’effort de comprendre la nature de cette attaque, et ses spécificités. Nous ne sommes pas dans les années 1930 ; il nous faut penser notre époque pour affronter notre ennemi actuel, et non les avatars du passé.


Entiers et naïfs, nous pensons que le secret est de tout dire. Et donc, quel que soit le mépris dans lequel les tiennent les beaux esprits, nous ne pouvons qu’approuver et soutenir ceux qui par leurs actes individuels livrent au public les preuves de sa servitude et tentent d’éveiller sa conscience. On verra ce que le public et ceux qui parlent en son nom font de ces révélations. Si peu d’illusions qu’on se fasse sur une société qui a accepté avec enthousiasme depuis des années une telle déchéance, il est sûr qu’on n’a aucune issue à attendre d’un « encadrement législatif » de type CNIL mondialisée, pas plus que d’une surenchère technologique pour crypter ses communications électroniques et fabriquer soi- même ses logiciels « libres », ni d’une énième bouillie citoyenniste pour assurer la veille de notre désastre.

Il n’est pas sûr qu’il y ait d’issue, ni que celle-ci dépende de nous. S’il y en a une, on ne peut la trouver à partir d’élucubrations nostalgiques et complaisantes, mais seulement à partir d’une conscience vraie de notre situation. 
Comme disait le fondateur d’IBM : - Think.

Lire aussi aux éditions l’Echappée :

Terreur et possession. Enquête sur la police des populations à l’ère technologique, Pièces et main d’œuvre (2008)
Aujourd’hui le nanomonde. Nanotechnologies : un projet de société totalitaire, Pièces et main d’œuvre (2008)
RFID : la police totale. Puces intelligentes et mouchardage électronique, Pièces et main d’œuvre (2008)
À la recherche du nouvel ennemi 2001-2025 : rudiments d’histoire contemporaine, Pièces et main d’œuvre (2009)

L’Industrie de la contrainte, Pièces et main d’œuvre (2011) 
Sous le soleil de l’innovation, rien que du nouveau ! Pièces et main d’œuvre (2013) 
L’Enfer vert. Un projet pavé de bonnes intentions, TomJo (2013)


Retrouvez ce texte et bien d’autres sur www.piecesetmaindoeuvre.com

lundi 17 juin 2013

NDDL : "Farce Ecologique"

http://www.bastamag.net/article3091.html

GREENWASHING

Le projet d’aéroport de 

Notre-Dame-des-Landes : 

modèle environnemental 

ou farce écologique ?


PAR NOLWENN WEILER (13 JUIN 2013)

Autoroutes zen, aérogares basse consommation, pistes cyclables, musée du bocage, déménagement des écosystèmes menacés… Vinci et ses prestataires n’ont pas lésiné sur les arguments « verts » pour vendre leur nouvel aéroport. Ses « espaces de respiration » en feraient presque une réserve naturelle ! Malgré tous leurs efforts, le projet de compensation de la biodiversité conçu par la multinationale a été invalidé. Décryptages.


L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes sera exemplaire au niveau environnemental. Le bocage en sera même l’emblème. Parole de Vinci. D’ailleurs, « contrairement à ce que l’on entend, le nouvel aéroport ne va pas consommer beaucoup d’espace » assurait Nicolas Notabaert, président de Vinci Airports. 1200 hectares, seulement... La multinationale concède que la future infrastructure aura des effets « importants et inéluctables » sur la campagne. Mais ces dommages seront quasi-annulés, promet-on, par le projet paysager. Et ses concepteurs ne manquent pas d’imagination.
Bernard Lassus, architecte paysagiste du projet explique ainsi vouloir « pousser le bocage jusqu’au bord des pistes du futur aéroport » [1]. A croire que l’aéroport étendra le bocage ! « Sur les photo-montages de Vinci, c’est tellement vert que l’on se demande même où les avions vont atterrir » ironise Jacques Testard, militant d’Europe Écologie-les Verts et membre de l’Acipa, association historique des opposants à l’aéroport. La multinationale s’engage à planter des centaines de mètres de haies autour du tarmac. Les échangeurs et les abords de routes menant à l’aéroport ressembleront eux aussi à des parcs. Le tout formant « un espace de respiration » entre cet aéroport haute qualité environnementale (HQE) et l’agglomération nantaise.

Haies synthétiques et autoroutes zen

Cet « espace de respiration » sera truffé de « routes apaisées ». Ce concept « permet d’obtenir des vitesses de circulation limitées qui assurent de traverser le paysage en l’appréciant et en s’en imprégnant ». A cette ambiance zen, il manque encore des séances de lévitation sur les bandes d’arrêt d’urgence... Il y aura en plus des « liaisons douces » poursuit l’étude d’impact [2]« Le barreau routier qui permettra la desserte de l’aérogare accueillera une piste cyclable sur toute sa longueur. Des accès cyclistes proviendront également de toutes les communes alentours », ajoute Vincent Bettinger, directeur projets et développement chez Vinci construction France.
Mieux : « Il y aura très peu de circulations d’avions. Ce qui permettra à nos clients compagnies aériennes de se rendre directement au décollage et de consommer très peu de kérosène ». Doit-on en déduire que l’aéroport n’est pas vraiment nécessaire ? Pour les riverains inquiets de respirer quotidiennement des métaux lourds, du dioxyde de souffre et du CO2 en masse, un dispositif de surveillance de la qualité de l’air sera mis en place. Rassuré ? Il y aura enfin, pour ceux et celles qui regretteraient la majesté des arbres centenaires qui ornent actuellement les sentiers qui parcourent la zone, un musée dédié au bocage et à son histoire.

Des aérogares basse consommation

Cette addiction de Vinci pour la verdure n’est pas sans poser quelques problèmes techniques. « Les oiseaux apprécient de nicher dans les haies mais sont nuisibles au trafic aérien. (…) », rappelle le paysagiste Bernard Lassus. La solution ? « Recourir partiellement à des haies artificielles pour faire aboutir le projet là où la sécurité aérienne est en jeu... » Autre technique pour éloigner les dangereux volatiles : l’introduction d’une réglementation locale pour éliminer les plantations – comme le blé – susceptibles de trop attirer les oiseaux. Le cabinet d’étude Biotope, qui a réalisé l’étude d’impact, propose de son côté de déplacer les troncs de vieux chênes abattus « sur un autre secteur favorable » où ils feraient l’objet d’une « gestion adéquate » pour protéger d’éventuels insectes rares nichant dans les dits troncs. Gardien de grume, un futur métier pour les zadistes ?
Après les bretelles d’autoroutes zen et le bocage de synthèse, voici les aérogares économes en énergie. La toiture sera végétale, et plissée, de façon à profiter au maximum des rayons du soleil pour limiter les dépenses en chauffage et en éclairage.« Nous irons probablement au-delà des demandes exprimées à travers la norme BBC [3] pour tout ce qui touchera la consommation énergétique et l’isolation des bâtiments », s’enthousiasme même Tanguy Bertolus, directeur technique de Vinci Airports. Les constructions auront recours à « une grande part de bois pour assurer l’intégration du bâtiment dans son environnement naturel » . Vinci prélèvera-t-il ce bois sur la ZAD dans un souci d’attention aux circuits courts ? L’origine du bois n’est pas mentionnée. On ne sait pas non plus quelles épaisseurs de matériaux d’isolation, ni quel mode de chauffage permettront d’atteindre des consommations écologiquement ultra compétitives. Mais les objectifs sont là : « Diviser par trois le bilan carbone par passager du futur aéroport du grand ouest par rapport à Nantes Atlantique aujourd’hui. » [4]

Détruire et compenser la biodiversité

Autre pilier du « verdissement », la compensation. Ce principe, confirmé par les lois du Grenelle de l’environnement, consiste à compenser plus loin la biodiversité que l’on détruit ici. A Notre-Dame-des-Landes, Vinci promet de refaire des mares, de prendre soin de zones humides situées hors des terres promises au béton, ou encore de passer des contrats avec des agriculteurs qui auraient des pratiques respectueuses de l’environnement.
Problème : pour compenser, encore faut-il dresser l’inventaire exact de ce qui va être détruit. La direction de Vinci évoque sa« démarche exemplaire pour dresser un inventaire complet du site sur la faune et la flore. » Une auto-congratulation que ne partage pas un collectif de naturalistes créé pour l’occasion, les« naturalistes en lutte ».« De nombreuses insuffisances ont abouti à un état des lieux tronqué de l’intérêt écologique de la zone d’aménagement différée (ZAD) » dénoncent-ils. « Les fonctionnalités des zones humides ont été systématiquement sous-évaluées, et leur nombre sous-estimé ». Exit par exemple leur rôle dans le cycle du CO2, qu’elles peuvent stocker en grande quantité. L’inventaire, réalisé par les experts du cabinet Biotope, aurait oublié des espèces, notamment la loutre d’Europe, une espèce protégée.

Déménager des écosystèmes

La perte des écosystèmes ne sera pas non plus intégralement compensée. Vinci applique un coefficient qui peut aller de 1 à 8. Huit hectares considérées comme de « faible valeur » pourront ainsi être compensés par la bonne gestion environnementale d’un seul hectare « à forte valeur ». Les naturalistes protestent contre ces calculs, dénués selon eux de « base scientifique sérieuse ». Vinci devra cependant dégoter 640 hectares pour installer mares, flore, tritons ou loutres, à la place des 1140 hectares dégradés.
Enfin, ces nouveaux écosystèmes, si tant est qu’ils survivent au déménagement, ne seront pas forcément protégés sur le long terme. Rien n’empêche d’y réaliser de nouveaux aménagements. D’autant que l’avenir foncier de la zone, une fois dotée d’un aéroport, est très incertain. Et aucune sanction n’est prévue au cas où le promoteur du projet ne tiendraient pas ses promesses de compensation.

Greenwashing invalidé

La méthode de compensation proposée par Vinci a de toute façon été invalidée, le 9 avril par le comité d’experts scientifiques que Jean-Marc Ayrault avait nommé en novembre 2012. En cause : la complexité des calculs, l’insuffisance de l’état des lieux initial de la biodiversité, l’incertitude sur la mise en œuvre des mesures de compensation promises et l’absence d’obligation de résultat.
Dès le lendemain, le conseil national de protection de la nature (CNPN) faisait « siennes les réserves présentées dans le rapport », demandant que celles-ci « soient effectivement prises en compte par le maître d’ouvrage ». La poursuite du projet est désormais conditionnée à la levée de ces réserves.
« Le projet d’aéroport du Grand-Ouest (...) fera toute sa part au défi écologique, sans l’opposer au développement économique, seul à même d’assurer la cohésion sociale et la qualité de la vie », ont réagi quatre jeunes élus socialistes « pour l’aéroport »dans une tribune publiée par le quotidien Ouest-France le 9 mai dernier [5]. Si le défi écologique se résume à déménager mares et tritons et à instaurer des « espaces de respiration » le long des bretelles d’autoroutes... C’est pas gagné !

Nolwenn Weiler

Notes

[1Toutes les citations de Nicolas Notabaert, président de Vinci Airports, de Bernard Lassus, architecte paysagiste, de Vincent Bettinger, directeur projets et développement chez Vinci construction France et de Tanguy Bertolus, directeur technique de Vinci Airports, sont tirées du dossier consacré au futur aéroport par Le Nouvel Ouest, mensuel nantais, en novembre 2011.
[2 Étude d’impact précédant la déclaration d’utilité publique de l’aéroport, en février 2008.
[3BBC= bâtiment basse consommation. Pour les constructions résidentielles neuves, l’objectif de consommation maximale en énergie primaire fixé à 50 kWh/m².an, soit trois fois moins que ce que consomme les logements en France, en moyenne.
[4Eric Delobel, directeur de projet de la société AGO (aéroport du grand ouest). Voir la vidéo sur le site d’AGO.
[5Nathalie Appéré, première adjointe au maire de Rennes ; Frédéric Béatse, maire d’Angers ; Christophe Clergeau, premier vice-président des Pays de la Loire ; Johanna Rolland, première ajointe au maire de Nantes.

samedi 15 juin 2013

Mexique : Soirée à Fillols


¡Viva México! à Fillols

Le Mexique des résistances s’invite au pied du Canigou le 16 juin prochain.

La Resistencia d’ México, un groupe de ska, reggae, rock et fusion, fête ses vingt ans d’existence, de musique et de soutien aux mouvements sociaux du Mexique par une grande tournée européenne. Après avoir joué à Notre-Dame-des-Landes, Paris, Liège, Francfort et Innsbrück entre autres, il sera à la salle des fêtes de Fillols le dimanche 16 juin prochain, invité par le Cabaret Adada et le Foyer laïque de Fillols.



Dans leur tournée, les musiciens de La Resistencia sont accompagnés d’invités bien particuliers. Il s’agit d’Ignacio del Valle et de Cayo Vicente, membres du FPDT (Front communal pour la défense de la terre) de San Salvador Atenco. La Resistencia a participé à de nombreuses luttes au Mexique aux côtés des étudiants, des paysans et des indigènes en résistance, notamment ceux d’Atenco. Ces villageois se sont unis pour défendre les terres qu’ils font vivre et qui les font vivre contre le projet de construction d’un aéroport non loin de la ville de Mexico.
Après la projection de deux films racontant leur lutte, ces deux figures légendaires prendront la parole et leur guitare pour nous raconter comment ils se sont organisés, comment ils ont résisté, de quelle répression féroce ils ont été victimes, mais aussi comment leur combativité, leur solidarité et le soutien dont ils ont bénéficié, tant au Mexique que dans d’autres pays, ont fini par leur donner gain de cause. Jusqu’à présent, du moins, car la vigilance reste plus que jamais de mise… Le parallèle s’impose d’emblée avec Notre-Dame-des-Landes, le projet de construction d’un aéroport sur des terres agricoles, près de Nantes. 

C’est d’ailleurs le premier endroit que les Mexicains ont visité en France. 

D’autres parallèles peuvent être établis dans notre région, où les zones à défendre (ZAD) ne manquent pas, que ce soit à Prades, à Céret ou à Banyuls. Ignacio et Cayo viennent rencontrer des gens qui, comme eux, luttent chaque jour pour construire une réalité meilleure. 



Le collectif de production En la Linea accompagne la tournée pour filmer les luttes et les témoignages rencontrés au cours de leur périple. Le résultat de leur travail sera projeté l’été prochain au Mexique.
Laissons à La Resistencia d’México, le soin de conclure : « Nous voulons vous saluer et vous remercier pour le temps, les regards et les paroles de force et de courage que vous nous consacrez. Nous voulons vous rencontrer, vous écouter et partager nos expériences et nos vingt ans de musique avec vous. Merci pour votre invitation. »


¡Todos a Fillols ! ¡Viva el México de las resistencias!

Salle des fêtes de Fillols
Dimanche 16 juin
17 h 30 : films (La Révolte des machetes, Rompre le cercle), poèmes, chansons, débat autour de la résistance des communautés indigènes contre l’aéroport d’Atenco.
21 h : concert ska rock reggae La Resistencia d’México.

mercredi 12 juin 2013

NDDL : 200 emplois fictifs


11/06/2013 à 10h19

Les emplois imaginaires 

de l’aéroport 

Notre-Dame-des-Landes

Sophie Caillat | Journaliste Rue89

Non, la compagnie Régional ne compte pas créer 200 emplois pour l’aéroport Notre-Dame-des-Landes ; une « erreur » s’est glissée dans le rapport remis au Premier ministre.

Dans un courrier, que Rue89 s’est procuré, la compagnie demande que soit rétablie la vérité des chiffres. En vain.
Le 9 avril, la « commission du dialogue », formée par Jean-Marc Ayrault dans le but de calmer les esprits sur le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes, rendait son rapport [PDF]. Sa conclusion ? Cet aéroport reste utile « en raison de la saturation inévitable de la plateforme de Nantes–Atlantique », même si ses modalités de réalisation doivent être revues.
Une sorte de « oui mais » qui permet à toutes les parties d’être satisfaites, aux contestataires de continuer à occuper la « zone à défendre » sans craindre la police, et au gouvernement de gagner du temps pour ne pas perturber les élections municipales.

Manifestation à Nantes contre le projet d’aéroport de NNDL, le 15 avril 2013 (SIPA)

Un gain à l’ouverture de 400 à 500 salariés

Parmi les arguments destinés à rendre désirable ce nouvel aéroport, la croissance économique espérée par le développement du trafic aérien et les emplois qui vont avec sont en première ligne. Les rapporteurs ont écouté les prévisions avancées par Vinci, titulaire de la concession, sans même s’en rendre compte.
Ainsi, page 52 du rapport, les trois auteurs écrivent :
« La croissance prévue du trafic lors de la mise en service de Notre-Dame-des-Landes pourrait entraîner la création de 200 à 300 emplois supplémentaires. »
De plus,
« L’installation d’une base de la compagnie Régional (filiale du groupe Air France) apporterait environ 200 emplois basés. »
Il y aurait donc « un gain total de 400 à 500 salariés à l’ouverture. »
Capture d’écran de la page 52 du rapport
Quand elle a pris connaissance de ce passage, le directrice générale de la compagnie Régionale, Martine Selezneff, est tombée des nues. Elle a pris sa plume et demandé au sous-préfet de Loire-Atlantique de supprimer ces informations erronées.

« De l’émoi chez nos collaborateurs »


VOIR LE DOCUMENT
Le courrier, que Rue89 publie, est ferme et sans ambiguïté. Par téléphone, la responsable de la communication de la compagnie estime que la création du nouvel aéroport signifierait simplement « le transfert d’activité d’un point A (Nantes-Atlantique) à un point B (Notre-Dame-des-Landes) ».
Et de préciser :
« Cette phrase a suscité de l’émoi chez nos collaborateurs, d’autant que nous sommes en plein plan de départs volontaires avec Transform 2015. Il n’est pas question de développer l’emploi et nous n’avons aucune idée d’où sortent ces chiffres. Nous espérons vivement que cette erreur sera corrigée. »
Régional est l’une des filiales d’Air France, installée à Nantes, et que la maison-mère vient de regrouper avec ses homologues au sein de HOP ! sa compagnie low cost, dans le cadre de la réorganisation de ses court et moyen courriers.
La commission du dialogue n’a pas donné suite à la demande de correction. Elle estime que « maintenant que le rapport est remis, il n’est pas possible de le reprendre ». L’erreur restera donc en ligne, en l’état, au risque de jeter le discrédit sur l’ensemble du rapport.

« Pas certaine de la validité des données »

D’où provient cette information erronée ? Claude Brévan, architecte de profession et l’une des trois auteurs, nous explique :
« Cette information vient directement d’un e-mail adressé par le directeur du projet chez Vinci, M. Delobel, à qui je demandais, lors de l’ultime phase de rédaction du rapport, des précisions sur le nombre d’emplois prévus. Il semble s’être trop avancé en affirmant comme arrêté ce qui n’était peut-être que des pourparlers préliminaires. »
Le directeur général de Vinci conteste avoir fourni cette information. « Nous ne pouvons nous engager à la place d’autres acteurs et n’avons pu transmettre ces données », font savoir ses services.
Sur un point aussi important donc, la commission n’a pas pris le soin de aller chercher ses informations à la source.
Claude Brévan ne semble pas très gênée par cette approximation, même si cela biaise nécessairement la conclusion. Elle se justifie :
« La commission ne saurait être absolument certaine de la validité des données qu’elle a tenté de clarifier. Nous ne disposions pour l’essentiel que des déclarations des uns et des autres et de documents d’archives que nous avons essayé d’exploiter le mieux et le plus honnêtement possible, dans la limite du temps et des capacités d’expertise dont nous disposions. »
Heureusement que l’avenir de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, en projet depuis quarante ans, ne se joue pas uniquement sur l’avis de cette commission.

Le Télégramme de Brest dit la même chose 

Notre-Dame-des-Landes. Les chiffres d'emplois gonflés du rapport remis à Ayrault

11 juin 2013 à 15h14 - 12 réaction(s)

Certaines perspectives d'emploi liées au projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes sont très nettement exagérées. Mais personne ne reconnaît être à l'origine de l'erreur.
400 à 500 emplois supplémentaires créés, dont 200 rien que pour la compagnie Regional, en cas de création du très contesté aéroport de Notre-Dame-des-Landes : ce sont les chiffres avancés par la "commission de dialogue" dans son rapport remis au Premier ministre le 9 avril dernier. Problème, ces chiffres sont faux.
Et la directrice de la compagnie, filiale d'Air France, l'a rappelé au sous-préfet en des termes très clairs, selon la lettre que s'est procurée Rue89. "Vous inscrivez dans ce rapport d'une part, l'installation future d'une base de notre compagnie sur Notre-Dame-des-Landes, outre le transfert de nos équipes en charge de l'exploitation, et, d'autre part, des données chiffrées sur les perspectives d'emploi chez Regional liées à cette installation. J'attire votre attention sur le caractère erroné de ces informations et je souhaite, donc, que soit apporté un correctif en supprimant la référence aux perspectives d'installation et de développement de notre entreprise", écrit Martine Selezneff.