Régionales 2015. Gérard Onesta (EELV) : « Notre gauche peut passer devant celle de Delga, Valls et Macron »
La large coalition à la gauche du PS se précise pour les élections régionales de décembre 2015 en Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon. Son ambition aussi. Gérard Onesta l'évoque.
Les nombreux partenaires du « Projet en commun » incluant notamment Europe Écologie Les Verts (EELV), le Front de gauche et les mouvements régionalistes ont acté, début octobre 2015, leur alliance et désigné pour leader, le vice-président sortant du Conseil régional de Midi-Pyrénnées, Gérard Onesta. Interview.
Côté Toulouse : Il y a quatre mois, regrouper écologistes, communistes, mélenchonistes, régionalistes, occitanistes et bien d’autres dans une dynamique incluant aussi une forte représentation de citoyens non encartés paraissait relever d’une aventure assez utopique. A deux mois des élections régionales, il semble au contraire que votre « Projet en commun » soit pour le moment la proposition électorale la mieux préparée dans cette campagne électorale. Comment l’expliquez-vous ?
Gérard Onesta : Validé par l’ensemble des partenaires par un vote ces jours-ci, notre « Projet en commun » réussit en effet son pari. Et ce n’est pas qu’une impression. C’est notre méthode qui a, je le crois, bien fonctionné. Nous sommes partis du projet tout simplement et d’un certain nombre de principes.
Chaque composante du rassemblement s’est accordé sur trois points : le consensus sur un ensemble d’éléments programmatiques, une charte éthique, le principe d’une fort renouvellement sur nos listes de candidats. Aujourd’hui, nous sommes prêts, à la différence de biens d’autres candidatures concurrentes. Nous présentons nos équipes têtes de liste, et j’insiste bien sur le terme « équipes têtes de liste » dans chacun des 13 départements de la région cette semaine. Le projet suivra.
CT : Ce projet, que contient-il ?
G.O : Trois axes forts le composent. Le premier est aussi notre première priorité : l’emploi. Mais un emploi pas délocalisable, un emploi socialement utile, un emploi environnementalement responsable, un emploi de proximité, un emploi respectueux de la dignité humaine , un emploi, en somme, durable. Nous voulons que cette priorité soit au cœur du schéma économique prescriptif que la future assemblée régionale adoptera dès le début de son mandat.
Deuxième axe : l’équilibre des territoires. Nous avons la chance d’avoir deux capitales, Toulouse et Montpellier. Ce sont deux locomotives qui feront très bien avancer notre région mais à condition de ne pas larguer les wagons. 75 % de la population régionale n’habitent pas ces deux capitales et ils ne doivent pas être oubliés.
Nous ne voulons plus qu’une jeune fille de l’Ariège ou un jeune homme du Gers s’entendent dire que leur avenir est à Toulouse ou à Montpellier. Nous voulons que leur avenir puisse être sur l’ensemble des territoires de la région, territoires depuis de nombreuses années sacrifiés, où ont fermé la Poste, la gare et la gendarmerie, où faute de services, l’activité ne vient plus s’installer.
Troisième axe : la démocratie et la citoyenneté. Le thème est à la mode, chez tous les candidats. Chez nous, cette volonté s’inscrit dans 43 articles inclus dans notre charte éthique. Et chez nous, la certitude que la politique fonctionnera de façon totalement différente lorsque le citoyen sera en mesure de faire inscrire un point à l’ordre du jour d’une assemblée d’élus, est une certitude.
CT : Depuis le lancement du Projet en commun, vous évoquez la possibilité de gagner cette élection, d’inscrire en Midi-Pyrénées/Languedoc-Rousillon une réussite similaire à Podemos en Espagne. Les quatre sondages réalisés pour l’heure situent votre potentiel à 16-17 % au premier tour, à 4 ou 5 % de la liste favorite à gauche, celle de Carole Delga (PS). Toujours aussi confiant ?
G.O : Avant nous partions aux régionales en nous disant : on va peser. Aujourd’hui, dans une région qui sera l’une des seules à rester à gauche, on dit clairement qu’on peut gagner. Le premier tour sera une primaire serrée à gauche et nul ne peut dire laquelle des deux gauches sera devant l’autre.
Je le crois : notre gauche peut passer devant celle de Carole Delga, qui est aussi celle de Valls et de Macron. Si d’aventure, le PS devait nous dominer au premier tour, l’écart ne serait pas le même que par le passé et, dans le cadre d’une union de la gauche réalisée pour gagner le second tour, le PS ne pourrait rien décider sans que les forces citoyennes et démocratiques de la gauche donnent leur accord.
Quoiqu’il arrive, nous garantissons notre projet car soit nous sommes devant le PS au premier tour et nous l’appliquons, soit le PS arrive devant nous, mais nous pèserons très fortement dans la future majorité. Il s’agit maintenant pour l’électeur de savoir quelle gauche il souhaite voir présider au destin régional : la nôtre, ou une gauche sociale-libérale dans le style de Macron.
CT : Vous évoquez une union des gauches au second tour comme si elle était déjà faite. Rien ne peut l’entamer ?
G.O : Il n’existe pas de contentieux personnel avec Carole Delga et ce qui nous différencie n’est pas de nature à bouleverser un socle commun et un travail commun dans la durée. Le seul élément qui peut contraindre cette union serait une situation contraire à l’éthique. On a frôlé cette situation avec la combine de la présidence déléguée, poste que le PS a voulu créer pour satisfaire un copain. Elle paraît aujourd’hui enterrée.
CT : Le cumul des mandats de Carole Delga, qui prétend à la présidence de région et a annoncé qu’elle conservera son mandat parlementaire puisqu’une démission de l’Assemblée nationale n’entraînerait pas de législative partielle à moins d’un an de l’élection présidentielle, est-il une entorse aux principes éthiques que vous défendez ?
G.O : Si notre liste passe devant le PS au premier tour et que nous sommes en situation de gouverner la région, Carole Delga n’intègrera pas l’exécutif régional si elle continue de cumuler. Elle devra choisir. Je suis atterré de voir combien cette pratique du cumul n’est pas abandonnée par le Parti Socialiste et le Parti Radical de Gauche (PRG). Le statut de Sylvia Pinel est tout aussi inacceptable.
Comment voulez-vous ne pas faire le lit du Front national en laissant Sylvia Pinel être à la fois ministre et candidate aux élections régionales, comment voulez-vous ne pas heurter les citoyens en laissant Sylvia Pinel devenir ministre et conserver un mandat régional en brillant par un taux d’absentéisme record à l’hôtel de Région durant tout le mandat qui s’achève ?
CT : Un des points d’achoppement entre vous les socialistes vient d’être ravivé par la validation, par le secrétaire d’Etat aux transports Alain Vidalies, du projet de LGV Bordeaux-Toulouse et Bordeaux-Dax. Demain, dans une situation de gouvernance régionale avec les socialistes, quelle sera votre attitude à l’égard de ce projet ?
G.O : Celle de notre position actuelle, estimant ce projet irréalisable. Ce projet de LGV est une fumisterie car son financement est impossible. Depuis de nombreuses années nous défendons un réaménagement des lignes existantes. Si on nous avait écouté, ces lignes seraient aujourd’hui aménagées et un train plus rapide serait prêt à entrer en gare de Matabiau. Notre projet, garantissant un trajet en 3 h 40, ne concède que 20 minutes au projet de LGV.
CT : Commentant votre proposition, le président PS sortant de la région Midi-Pyrénées dit qu’on ne fait pas rouler un TGV derrière un train de marchandise…
G.O : Je renvoie Martin Malvy à la page 11 du Grand Plan ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) où il est expliqué que les lignes à grandes vitesses sont également destinées à accueillir du transport de fret.
CT : Estimez-vous que cette annonce LGV est pré-électorale et imaginez-vous qu’elle a pu également être annoncée au moment de la finalisation de votre « Projet en commun » afin de semer le trouble entre écologistes et communistes ?
G.O : Il ne fait aucun doute qu’il s’agit d’une annonce pré-électorale. Ensuite, si ceux qui ont fait cette annonce ont tenté un coup pour perturber notre rassemblement, c’est raté. Ecologistes et communistes cosignent une tribune dans Médiapart dans laquelle ils rappellent leur point de vue similaire à l’égard de la LGV.
Rédacteur en chef
Source : http://actu.cotetoulouse.fr/regionales-2015-gerard-onesta-eelv-notre-gauche-peut-passer-devant-celle-de-delga-valls-et-macron_20111/
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