Cantine bio :
cette ville a embauché
un maraîcher municipal
Mouans-Sartoux a réussi le pari du 100% bio
dans ses cantines. Pour se fournir en légumes, cette commune s'est
dotée de sa propre ferme et a embauché un maraîcher. Un succès !
C’est le genre de sondage qui met un élu de bonne humeur pour plusieurs jours. Après avoir fait passer un questionnaire parmi les parents des écoliers de Mouans-Sartoux, Gilles Pérole, l’adjoint au maire en charge de l’enfance, est tout heureux d’annoncer le résultat : « 99% de satisfaction ». Un plébiscite plutôt rare, d’autant que le thème principal était la cantine des écoles. « Là, vous pouvez toujours chercher, ça sera difficile de trouver une commune où le taux est aussi élevé », rajoute celui qui nous accueille dans cette petite ville de près de 10 000 habitants.
Photo : Territoires Audacieux |
Il faut dire que la commune a énormément travaillé pour arriver à ce résultat. En 2009, la municipalité décide de prendre le virage du bio pour ses écoles. Se pose alors une question : comment réussir à trouver tous les aliments nécessaires ? « Nous voulions du bio et du local, raconte celui qui est le responsable du programme. Mais nous nous sommes rapidement rendu compte que pour nous approvisionner, aucun agriculteur bio du coin ne pouvait nous fournir une quantité de légumes suffisamment importante pendant toute l’année. Nous avons donc décidé d’ouvrir cette ferme et d'embaucher un agriculteur municipal. » Et pour lui trouver un terrain, la mairie décide alors de préempter celui qui était sur le point de devenir un lotissement. Le projet peut être lancé en 2011.
On peut voir la vidéo sur FaceBook |
22 tonnes de légumes bio produites sur place
Désormais, sur ses 6 hectares, la ferme produit 22 tonnes de légumes bio par an. De quoi satisfaire 80% des besoins de ses écoles. « Il ne reste plus que la période la plus hivernale, mais nous sommes en train de réfléchir à un système de conserves avec le surplus de certaines périodes, pour arriver à couvrir tous nos besoins sans faire appel à d’autres producteurs bio », précise l’adjoint au maire.
Deux maraîchers travaillent à plein temps pour réussir à fournir les trois cantines. « C’est un défi quotidien au niveau de l’organisation, car quand on veut un produit, il ne suffit pas de le commander, il faut anticiper pour avoir le temps de le cultiver ». Il faut que tous les acteurs se parlent et se coordonnent, afin de prévoir les menus des prochaines semaines.
Photo : Territoires Audacieux |
À l’heure du repas, en pénétrant dans la cantine, rien ne laisse supposer de cet ingénieux système. Les enfants se retrouvent face à des assiettes qui ressemblent à celles distribuées dans de nombreuses écoles. Pour arriver à ce résultat, le personnel municipal préparant les repas doit désormais passer davantage de temps en cuisine, pour transformer les légumes bio. « Nous avons dû les convaincre, car avant il suffisait juste d’ouvrir des poches de surgelés, précise Gilles Pérole. Mais cela n’a pas été compliqué, pour eux c’est devenu un plaisir et une fierté de travailler avec des produits de qualité ». Pour l’élu, il s’agit également de leur permettre d’être « partie prenante » du projet. « Nous avons travaillé avec eux pour réussir à financer notre pari du 100% bio. » Car produire plutôt qu’acheter les légumes servis dans les cantines a un coût : 20 centimes de plus par enfant et par repas. À Mouans-Sartoux, ce surcoût est financé par la chasse au gaspillage.
« Pour les parents, il n’y a pas eu d’augmentation. Nous avons économisé l’équivalent du surplus, en modifiant les prévisions de quantités prévues, et cette économie finance le coût du projet. »La mairie a donc réalisé des statistiques pour découvrir les proportions réellement utiles en fonction des légumes et de l’âge des enfants. Une fois cette étude terminée, elle a dit adieu aux normes habituelles conseillées par les organismes spécialisées dans la nutrition, pour se baser sur la consommation concrète des enfants. Résultat : les cantines ont réussi à diminuer de 80% le poids de leurs poubelles… « Certains nous disent : « Mais comment faites-vous avec les grammages recommandés pour les aliments ? », raconte Gilles Pérole. Il suffit de se renseigner : ce n’est qu’une recommandation du GEMRCN, pas une obligation. Il faut savoir prendre ses responsabilités par rapport aux enfants. Savoir sur quoi on peut prendre des libertés. »
Photo : Territoires Audacieux |
Un modèle pour les autres communes
Face au succès de son système et à la médiatisation qui en a découlé, le village reçoit de nombreuses visites d’autres municipalités désireuses de le dupliquer. Et pourtant, très peu de communes se sont lancées. « Nos visiteurs sont toujours impressionnés et repartent ravis, mais cela finit souvent par coincer quelque part. Nous sommes en train d’étudier pourquoi. Il faut dire que c’est un projet qui ne peut pas être livré clé en main. Chaque commune a ses habitudes et ses obligations. Il faut s’inspirer de notre idée et pas juste la dupliquer pour que cela fonctionne », conclut Gilles Pérole. Ce qu’il faut, c’est commencer par des petites actions. En 2005, nous avons réfléchi à un rééquilibre alimentaire dans les cantines en proposant plus de légumes. En 2008, nous avons décidé de passer au bio, puis il y a eu l’idée de la régie agricole, etc. Cela nous a pris du temps. Il faut privilégier le bon sens. La restauration collective est une succession d’actions, il suffit donc de modifier progressivement les habitudes.»
Photo : Territoires Audacieux |
Du temps que certains élus, à la recherche d’actions aux effets immédiats, ne sont pas toujours prêts à prendre. « Il faut savoir pourquoi on agit. On a estimé que c’était vital pour la santé et l’environnement. Pour essayer d’aider ceux qui le souhaitent, nous venons de créer une « Maison d’éducation durable ». Nous allons essayer de développer des projets pour favoriser la production agricole bio pour tous les habitants, mener des missions d’éducation, de recherche… Avec une université, nous allons aussi lancer une étude sur la reproductibilité du projet. Notre objectif, avec les chercheurs, c’est d’arriver à identifier les besoins et assurer un suivi. »
Pour la suite, la mairie et le maraîcher ont lancé la plantation d’arbres fruitiers. La ville souhaite également favoriser l’implantation de nouveaux agriculteurs bio sur son territoire. Une façon de continuer à croire en un projet qui prendra un peu plus de temps à se réaliser : que 100% des produits des cantines proviennent de Mouans-Sartoux.
Source : https://positivr.fr/cantine-bio-alimentation-locale-maraicher-municipal-mouans-sartoux-territoires-audacieux/?fbclid=IwAR13O746rjTia-I9fp5XnXsuiySa4Kv-wWhq9-IGi11k0soTMlsqLN60Xhs
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