DECLARATION DE SOUTIEN A LA CONFEDERATION PAYSANNE
PROCES 1000 VACHES – 28
OCTOBRE 2014
Le
28 octobre 2014, neuf militants de la Confédération paysanne sont convoqués
devant le tribunal d’Amiens. Leur crime ? Avoir réalisé un tag géant et
avoir démonté quelques engins de chantier et une salle de traite. Mais ce n’est
pas le plus grave. Ce qui les conduit aujourd’hui devant les juges, c’est de
s’en être pris à l’usine des 1000 vaches, d’avoir refusé l’industrialisation de
l’agriculture, d’avoir choisi l’action plutôt que de se résigner à disparaître.
Le
nombre de paysans est en chute libre. La modernisation, qui a d’abord permis
d’améliorer les conditions de travail, a conduit à une industrialisation de
l’agriculture qui détruit progressivement le secteur. Il n’est plus question de
sélectionner des semences à la ferme. Les industriels font la loi et nous
imposent leurs OGM. Impossible aussi de gérer un troupeau avec le savoir-faire
de l’éleveur, le puçage électronique des petits ruminants est obligatoire. Quant
aux produits transformés sur la ferme, la multiplication des normes sanitaires
a fait place nette pour les produits industriels.
Ce
ne sont là que des traits saillants d’un mouvement poussé par les
politiques agricoles. La PAC continue à soutenir l’agrandissement et à exclure
les plus petits. La Loi d’avenir agricole, en discussion actuellement, ne fait
rien pour protéger les paysans. La fin des quotas laitiers encouragera une
explosion de la production face à laquelle beaucoup ne tiendront pas le coup.
De toutes parts, on appelle les paysans à augmenter les volumes, à réduire les
coûts. On fait semblant d’oublier ce qu’est une crise de surproduction.
La
ferme-usine des 1000 vaches est le symbole de cette folie. 9 millions de litres
de lait, vendus à 250 euros la tonne alors que les éleveurs s’en sortent à
peine avec 350 euros. Le lait devenu sous-produit du lisier qui vient alimenter
un méthaniseur géant. Un projet dont la rentabilité ne tient qu’à la production
d’énergie subventionnée.
Les
paysans doivent-ils regarder leur métier disparaître sans rien faire ? Il
était temps de lancer l’alerte, de crier l’urgence de réagir si nous voulons
continuer à voir des paysans dans les campagnes.
La
Confédération paysanne a donc pris ses responsabilités en allant, par trois fois,
sur le chantier de l’usine des 1000 vaches. Le risque était grand, bien sûr, de
se retrouver devant un juge. Mais que signifie ce risque face à celui de leur
disparition ?
Aujourd’hui,
cette action légitime est criminalisée. La Confédération paysanne est allée à
l’encontre de la volonté de nos gouvernants qui pensent en cours de bourse et
en balance commerciale. Des militants qui dérangent et la répression syndicale
se met en marche. En face, le promoteur des 1000 vaches, Michel Ramery, a
installé ses vaches, en toute impunité, malgré les irrégularités flagrantes et
les méthodes d’intimidation dignes de films de gangsters. Le deux poids deux
mesures est évident.
Le
fossoyeur des paysans, 369e fortune de France, a donc bien plus de
soutien que n’en ont quelques centaines de milliers de paysans. Et qu’importe
que les fermes disparaissent du paysage, que la désertification des campagnes
se poursuive, que le chômage continue d’augmenter, que nous n’ayons plus qu’une
alimentation standardisée, pourvu que la finance continue à s’engraisser.
Dans
ce système, il n’y a pas place pour la contestation. En agriculture comme
ailleurs, il n’y a jamais rien d’exagéré quand il s’agit de protéger certains
intérêts.
L’avenir de
l’agriculture nous concerne tous !
Nous sommes solidaires des militants de la Confédération paysanne.
Nous réclamons leur relaxe !
Nous sommes solidaires des militants de la Confédération paysanne.
Nous réclamons leur relaxe !
Premiers
signataires : Didier Aubé (Solidaires), Clémentine Autain (Ensemble),
Geneviève Azam (Attact), Julien Bayou (EELV), Gilles Bazin (agronome), Olivier
Besancenot (NPA), Simon Besnard (MRJC), Walter Bessan (citoyen résistant), Eric
Beynel (Solidaires), Martine Billard (Parti de gauche), Nathalie Bonnet (Sud
rail), José Bové (ancien syndicaliste), Alain Cambi (Sud Rail), Jacques Caplat
(Agir pour l'environnement), André Chassaigne (PCF), Samuel Churin
(Coordination des intermittents et précaires), Karima Delli (EELV), Marc
Dufumier (agronome), Julien Durand (Acipa / NDDL), Bruno Gaccio (Nouvelle
Donne), Jean Gadrey (économiste), Nicolas Galepides (Sud PTT), Susan Georges
(Attac), Cécile Gondard Lalanne (Solidaires), Bernadette Groison (Fsu), Iban
Grossier (Bizi), Jean-François Julliard (Greenpeace), Michel Kfoury (Novissen),
Kris (scénariste BD), Martine Laplante (Amis de la terre), Pierre Larrouturou (Nouvelle
Donne), Pierre Laurent (PCF), Gilles Lemaire (Attac), Corinne Lepage (Cap 21),
Françoise Martres (Syndicat de la magistrature), Xavier Mathieu (Syndicaliste
Conti), Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche), Fabien Milin (Sud Douanes), Jean
Mouzat (Modef*), Serge Muller (Amis de la Conf'), Marie-Monique Robin
(journaliste), Christian Rouaud (réalisateur), Denis Sieffert (journaliste),
Jacques Testart (scientifique), Aurélie Trouvé (Attac), Hanny van Geel
(Coordination européenne Via Campesina)
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