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jeudi 2 octobre 2014

Ce qu'il s'est passé en septembre autour de Notre Dame des Landes et de la ZAD du Testet

Prenez votre temps pour lire ce qu'il s'est passé pendant ce mois de septembre autour de Notre Dame Des Landes et de la Zone du Testet.
Les projets inutiles et destructeurs de nature sont tellement nombreux.

Merci à l'auteur pour cet excellent compte-rendu


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PROJET D’AYRAULT – PORT de NOTRE DAME DES LANDES (4)

Source : ZAD.nadir.org

septembre 2014


ZAD du TESTET – PROJET D’UN BARRAGE POUR L’IRRIGATION DU MAÏS (81)


Source : Tant qu’ il y aura des bouilles | Il n’y aura pas de barrage !

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Infos de la semaine du 1er au 7 septembre


Mardi 2 septembre


Combien coûterait un abandon de Notre-Dame-des-Landes ?




(Crédit photo : NDDL - pétition anti aéroport Notre-Dame-des-Landes - flickr)


Manuel Valls l'aurait suggéré : le nouvel aéroport, trop cher, ne se fera pas. Sauf que l'Etat et Vinci ont déjà engagé des billes. Quelle serait la facture pour un renoncement définitif ? « Terra eco » a sorti sa calculette.


Fini, enterré, le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ? Peut-être bien ! C’est en tout cas ce qu’aurait affirmé Manuel Valls au sénateur écolo Jean-Vincent Placé lors des négociations sur sa possible participation au nouveau gouvernement. Sur l’antenne d’Europe 1, Daniel Cohn-Bendit rapportait ainsi le 27 août les propos qu’aurait tenus le Premier ministre : « Cet aéroport, on ne le fera pas. Il est trop cher, il est d’un autre temps. Mais on ne peut pas le dire publiquement aujourd’hui car je ne veux pas froisser mon prédécesseur. » Une information ni confirmée, ni infirmée par Jean-Vincent Placé.



Trop cher l’aéroport ? Ça dépend pour qui. Dans les cartons depuis les années 1970, le projet s’installe sérieusement sur la table des négociations en 2006. A l’époque, on estime grosso modo qu’il faudra débourser 581 millions d’euros pour le voir sortir de terre, beau et rutilant (voir enquêtes préalables à la Déclaration d’utilité publique). Un chiffre revu largement à la hausse en 2010, lors de la signature de l’accord sur le financement de l’aéroport et de sa desserte terrestre : on parle alors d’une fourchette de 654 à 754 millions d’euros. A l’heure où Vinci décroche le pompon, le prix, lassé de jouer les yo-yo, est finalement fixé à 556,5 millions d’euros hors taxe pour la construction de l’aéroport et de son barreau routier de 12 km (voir l’annonce du Conseil général en septembre 2010). Dont 246 millions aux frais de l’Etat et des collectivités territoriales. Utopique pour les opposants. Ceux-là estiment que le budget ne tient pas compte de tous les travaux connexes (notamment l’allongement de la ligne TGV, du tram-train…) et tablent plutôt sur un chiffre de 3 milliards d’euros (voir fiche N°6) à la charge presque exclusive de l’Etat.


Et Nantes-Atlantique dans tout ça ?






En jetant aux oubliettes le projet de grand aéroport, le secteur public en sortirait donc plus riche. Oui, mais c’est sans compter la nécessité d’adapter et agrandir l’aéroport de Nantes-Atlantique, en mal d’aménagement depuis que le projet de le supplanter a gelé tout investissement. Or, améliorer l’ancien aéroport, c’est agrandir l’aérogare ou en construire une autre, mettre la piste aux normes voire, à terme, l’allonger, déplacer des bâtiments… Pour accueillir 9 millions de passagers – un scénario fort optimiste selon les opposants – la DGAC (Direction générale de l’aviation civile) tablait, dans un rapport publié en novembre 2013, sur une ardoise de 685 millions d’euros auxquels il faut ajouter 140 millions de travaux préparatoires et de perte d’exploitation pendant la durée du chantier. « C’est presque aussi cher qu’un aéroport neuf », précisait alors Paul Schwach, le directeur du transport aérien à la DGAC.






Pris au collet, les antis ne se démontent pas. Et mandatent deux architectes pour passer les calculs de la DGAC à la moulinette. En juin dernier, ils présentent une facture d’aménagement à 475,8 millions d’euros pour le scénario maximum de 9 millions de passagers accueillis. Soit plus de deux fois moins que les 825 millions prévus par la DGAC ! Reste que le pas en arrière du gouvernement, s’il se confirme, ne sera pas sans coût. S’il se dédit, en effet, l’Etat devra rembourser à Vinci les sommes investies, les fonds propres engagés et les coûts de résiliation des contrats passés avec les prestataires ou les sociétés d’assurance. Il devra surtout compenser le manque à gagner, dont le calcul savant est détaillé dans l’article 81 du contrat de concession, pour les actionnaires. En clair, ce manque à gagner constitue « l’intégralité de la valeur actualisée nette (VAN) des flux futurs (apports, rémunérations et remboursements) des fonds propres et quasi-fonds propres ». « Si les actionnaires injectent 50 000 euros, la VAN est la somme de tous les flux financiers que ces investissements vont rapporter majorés d’un pourcentage qui dépend de la date de résiliation. C’est très compliqué de souligner le chiffre exact », ajoute Dorian Piette, militant écologiste et professeur d’économie à l’université de Nantes.


Rémunération escomptée des actionnaires ? 2,36 milliards






Pour estimer ce manque à gagner, un chiffre néanmoins peut être avancé : la rémunération escomptée des actionnaires pendant les cinquante-cinq ans de la concession. Le plan d’affaires détaillé dans le contrat de concession et que Terra eco a pu consulter prévoyait une rémunération de 2,36 milliards d’euros sur la période de la concession, souligne Dorian Piette. Mais l’universitaire ne se fait pas d’illusion. « Ce qui est sûr, c’est que si le projet est abandonné, des experts seront appelés à déterminer le préjudice encouru. Et il y aura une négociation. Si le Premier ministre décide d’annuler le chantier, pas sûr qu’il respecte l’article 81 à la lettre », tempère l’universitaire.






Pour Ronan Dantec, il est peu probable que Vinci réclame un jour son dû : « Vinci travaille beaucoup avec l’Etat. Or, quand on est un bon commercial et qu’on a un excellent client, on ne va pas l’embêter sur certains dossiers. L’Etat a les moyens d’imposer à Vinci sa décision », souligne le sénateur écolo de Loire-Atlantique. D’autant que l’industriel n’est pas vraiment perdant : « Il faut se rappeler que pendant ce temps, Vinci empoche beaucoup d’argent à Nantes-Atlantique dont il a obtenu la concession avant le transfert vers le nouvel aéroport. Il ne fait aucun travaux et empoche donc tous les bénéfices. Soyons clair, Vinci n’est pas financièrement touché par la décision de suspendre Notre-Dame-des-Landes. » Selon Mediapart qui s’appuie sur un document de la chambre de commerce et d’industrie de Nantes, la concession de Nantes-Atlantique a généré 155 millions de flux financiers en 2011. Et le chiffre d’affaires d’AGO (qui compte aussi l’aéroport de Saint-Nazaire) pour 2012 montre des résultats florissants : 54,8 millions de chiffre d’affaires et des bénéfices de 17,8 millions d’euros. « Peut-être que le deal consistera en ce que Vinci conserve gratuitement la concession de Nantes-Atlantique qu’il a obtenu au moment de la signature du contrat de Notre-Dame-des-Landes », lance Dorian Piette.






Terra Eco.net






Jeudi 4 septembre




ZAD du Testet

Cet après-midi, l’agence de l’eau de Nantes a été occupée une petite heure par près d’une centaine de personne contre le projet de barrage de Sivens qui est notamment soutenu par l’agence de l’eau locale. On a appelé l’agence de l’eau du Tarn pour leur lire notre communiqué et envoyé quelques fax.




Vendredi 5 septembre




LE MESSAGE DES GREVISTES DE LA FAIM DE NOTRE DAME DES LANDES




"Nous, grévistes de la faim en avril et mai 2012 contre le projet d’aéroport à Notre Dame des Landes, affirmons notre total soutien moral aux opposants à la destruction de la zone humide du Testet dans le Tarn. Par cette grève de la faim, nous avions obtenu que le gouvernement attende la fin des recours juridiques avant toute expulsion.

Nous avions espéré que notre combat aboutisse à un changement d’attitude dans des dossiers similaires et que ne soit donc pas commis l’irréparable ici ou ailleurs ( abattage d’arbres, destruction de zones humides, expulsions ) avant les décisions judiciaires.

Malheureusement il n’en est rien. À nouveau des citoyens sont contraints de choisir un moyen de lutte extrême.

Nous saluons leur engagement et appelons les autorités en charge du dossier, Conseil Général du Tarn et État à faire cesser immédiatement les destructions en cours. Il en va de la démocratie et de la confiance que les citoyens peuvent avoir ou non dans les institutions."




Gilles Denigot, Séverine Durand, Marcel Thébault, Michel Tarin, Françoise Verchère. Le 5 septembre 2014


Infos de la semaine du 8 au 14 septembre



Lundi 8 septembre




Sur la ZAD de NDDL

Il y a eu du monde et du soleil ce we, pour semer des prairies, récolter des patates,... et manger des frites ! (on vous réinvitera pour les pommes de terre, à priori le 21 septembre, et le 26-27 ...)
L’occasion aussi de parler de ce qu’il se passe au Testet, et aussi du côté de la ferme des 1000 vaches :
pas question de les laisser faire, ici ou là !




Mardi 9 septembre



Lettre ouverte d’opposants au projet d’aéroport à Notre Dame des Landes à Monsieur Manuel Valls, Premier ministre.

Notre Dame des Landes, le 9 septembre 2014




Monsieur le Premier ministre,

Dans la chronique matinale d’Europe 1 du mercredi 27 août, il a été rapporté des propos que vous auriez tenus à Jean-Vincent Placé au sujet de l’annulation du transfert de l’aéroport de Nantes-Atlantique à Notre-Dame-des-Landes en raison de son coût. Même si nous savons bien que vous pouvez difficilement confirmer publiquement ces propos tenus en privé, nous aimerions cependant une clarification rapide sur ce dossier.

Ce projet, inutile, coûteux et destructeur est financé pour près de la moitié par l’argent public et l’opération risque de coûter encore beaucoup plus cher à l’État et aux collectivités locales avec les projets à long terme de liaisons ferroviaires et la nécessité immédiate de maintenir une piste à Nantes-Atlantique pour l’usine Airbus. Autour de cette usine, sur une zone économique très vaste et dynamique, les projets ne manquent pas. Le maintien de l’aéroport loin d’être un frein à ces projets est au contraire un atout supplémentaire.

Lors de votre intervention à l’Université d’été du MEDEF, vous avez indiqué « aimer les entreprises » et insisté sur « la nécessité de relancer l’industrie du bâtiment et des travaux publics qui connaît aujourd’hui une crise sans précédent ».

Dans ce contexte, pourquoi ne pas lancer dès maintenant la rénovation de l’actuel aéroport, tout à fait possible comme le montre l’étude architecturale que vous pourrez trouver sur le site du collectif d’élu-e-s * ? Cette rénovation, beaucoup moins coûteuse que le projet de Notre Dame des Landes, peut démarrer dès demain, un simple permis de construire suffisant, et contribuer ainsi à la relance immédiate du secteur du bâtiment. Un tiens ne vaut il pas mieux que deux tu l’auras ?

L’impossibilité de réaliser un nouvel aéroport à Notre Dame des Landes pour des raisons environnementales, le site retenu étant une zone humide à 98 %, d’une richesse écologique remarquable et reconnue par les experts scientifiques nommés par le gouvernement devrait vous convaincre de choisir l’alternative que nous défendons depuis de longues années : le maintien de l’actuel aéroport, en rénovant ses infrastructures et en limitant ses impacts négatifs sur les populations riveraines. C’est tout à fait possible car même si Nantes connaît la plus forte croissance des aéroports nationaux depuis 10 ans en nombre de voyageurs, le nombre de mouvements d’avions est lui en baisse depuis deux ans. Par ailleurs des progrès remarquables ont été faits dans le domaine du bruit : avec les nouvelles générations d’avions, les zones de bruit rétrécissent sensiblement dans la quasi-totalité des aéroports. Contrairement à ce que certains prétendent, le maintien de l’aéroport n’hypothèque en aucune façon la croissance de Nantes.

Vous le savez, ce projet a été soutenu par 3 Présidents de la République et 5 Premiers ministres, ce qui montre qu’il a été décidé il y a fort longtemps et que l’État a décidément du mal à faire machine arrière. Or, le monde a changé, les économies d’espace et d’argent sont aujourd’hui nécessaires. Et les citoyens auraient, nous le croyons, plus de respect pour les politiques si ceux-ci savaient revenir sur de mauvaises décisions. Monsieur le Premier Ministre, vous dites vouloir gouverner autrement, soyez celui qui ose sortir de l’impasse que vous ont laissée vos prédécesseurs.

Les partisans de Notre Dame des Landes nous présentent comme de violents opposants, nous traitent même de voyous et de délinquants. Nous, élus, pilotes, paysans, juristes, naturalistes, architectes, citoyens, en lutte depuis des années, avons expertisé le dossier, en avons dénoncé les manipulations et les mensonges mais nous ne sommes pas entendus au plus haut niveau. Faut il en conclure que l’obstination de certains passe avant la vérité, le bon sens et le respect des engagements environnementaux de la France ?

En réalité, la démocratie ne peut rester plus longtemps prisonnière d’une poignée de personnes qui parlent de « développement durable » mais continuent la surexploitation de la planète et du vivant, qui prétendent apporter de l’emploi à tous quand ils veulent surtout continuer à gagner beaucoup d’argent avec le développement de l’immobilier. La démocratie ne peut rester plus longtemps prisonnière de procédures administratives particulièrement critiquables puisqu’elles dissocient l’utilité d’un projet de ses conséquences environnementales ce qui vaut aujourd’hui à la France une procédure contentieuse européenne. Après la question des nitrates, notre pays a-t-il besoin d’un nouveau conflit environnemental ?

Nous comptons sur vous pour faire de l’abandon de ce transfert d’aéroport un symbole pour le renouveau de la démocratie et des pratiques politiques.

L’avenir du Grand Ouest qui accueillera 1,5 million d’habitants d’ici 2040 est effectivement en jeu. Mais l’avenir ne passe plus par les solutions d’hier, c’est une évidence...

Dans l’espoir d’une confirmation de votre part du lancement de la rénovation de Nantes-Atlantique, nous vous prions de croire, Monsieur le Premier ministre, à l’expression de notre haute considération.




Co-signataires : CéDpa, ACIPA, ADECA, COPAIN 44, collectif de naturalistes en lutte, collectifs de pilotes et de patrons de PME, collectif de juristes, collectif d’architectes, quelques zadistes




site du CéDpa : Etude optimisation Nantes Atlantique

http://aeroportnddl.fr/articles.php?lng=fr&pg=715


site de l’ACIPA Des architectes : "Réaménager Nantes-Atlantique coûterait deux fois moins cher que de construire un nouvel aéroport"

http://www.acipa-ndl.fr/actualites/communiques-de-presse/item/429-etude-architectes
Infos de la semaine du 15 au 21 septembre




Mercredi 17 septembre



Sur la ZAD NDDL
A plusieurs reprises 2 fourgons/voitures de flics ont été aperçus ces derniers jours stationnant dans la Paquelais

la Fête des Battages 1° édition à la ferme de St Jean du Tertre, sur la ZAD, les 27 et 28 septembre 2014. 3 petits cochons seront abattus pour le délire du plaisir & désir humain. « (cochons grillés de Bellevue) »



Lettre envoyée aux députées et sénateurs




Lettre ouverte aux députés et sénateurs à propos de la répression des mouvements sociaux, à l’occasion de l’examen en procédure d’urgence du projet de loi renforçant les dispositions relatives à la lutte contre le terrorisme.




Voici une lettre ouverte rédigée et signée par différentes composantes du mouvement anti-aéroport. Nous vous invitons à la rediffuser aussi largement que possible au sein des comités et dans les divers réseaux militants.




Mesdames, Messieurs les député-es et sénateurs,




Vous êtes sollicité-e-s pour examiner ce 18 septembre, en procédure d’urgence, un projet de loi censé renforcer la lutte anti-terroriste en France. A cette occasion, nous nous adressons à vous, en tant que citoyens, militants, associations, collectifs ou syndicats engagés contre le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes.

Depuis plus de trente ans, des lois anti-terroristes ont été votées en France, (la dernière en décembre 2012) sous le sceau de l’urgence et de l’exception permanente, militarisant parfois l’espace public (plan Vigipirate) et érodant les libertés publiques. La Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) - arrêt Klass c. Allemagne _1978 - rappelle : « Consciente du danger inhérent à pareille loi de surveillance, de saper, voire de détruire, la démocratie au motif de la défendre, la Cour affirme que les États ne sauraient prendre, au nom de la lutte contre l’espionnage et le terrorisme, n’importe quelle mesure jugée par eux appropriée » *

Ce projet de loi joue sur l’émotion, avec comme porte d’entrée commode la lutte contre les réseaux islamistes. Le droit français a une conception très large des actes de ’terrorisme’, incluant de nombreuses infractions aux biens, alors que la conception onusienne met au cœur du terrorisme les attaques délibérées et indéterminées contre les civils avec l’intention de tuer. Le projet introduit ainsi la notion d’« entreprise individuelle terroriste » et crée un délit d’intentionnalité, il octroie des moyens étendus pour des écoutes et l’intrusion dans les ordinateurs privés, permet d’isoler des individus en les assignant à résidence dans des lieux reculés ou encore permet de faire fermer les sites d’information indépendante sous prétexte de contenu "séditieux" en poursuivant ceux et celles qui les consultent. Le glissement vers le Code Pénal d’infractions relevant traditionnellement du droit de la presse, déjà largement entamé, permettra l’assimilation d’écrits revendicatifs, contestant l’organisation sociale ou l’ordre établi, à des actes de terrorisme ou à l’apologie du terrorisme Son application pourrait servir à museler demain encore davantage toutes les formes de contestations sociales, touchant l’ensemble de la population.

Comme acteurs de la lutte contre l’aéroport de Notre Dame des Landes, nous savons de quoi nous parlons lorsque nous refusons l’augmentation et le durcissement d’outils liberticides. Notre mouvement fait face à une répression continue avec des dizaines de procès au cours des dernières années, des peines de prison, interdictions de territoire et amendes, blessures nombreuses et mutilations définitives par les armes de la police, extension de l’utilisation du fichage et de la vidéosurveillance. Ces mesures se sont encore intensifiées ces derniers mois.

L’arsenal sécuritaire, renforcé sous le précédent gouvernement s’est banalisé : extension incontrôlée du fichage génétique ; pénalisation systématique du refus de prélèvement ADN ; délit de participation à un attroupement armé, cette résurgence aggravée de la loi anti-casseurs qui criminalise les manifestations ; utilisation de la DGSI comme police politique pour désigner des coupables et étayer les procédures d’inculpation, mais sans que la défense puisse accéder aux sources.

Nous connaissons la même répression que les faucheurs d’OGM, les militants de la Confédération Paysanne en lutte contre la ferme-usine des 1000 vaches , les militants anti-pub, les étudiants anti-CPE, les sans-papiers.... Les dispositifs répressifs en recrudescence, loin de toucher seulement les mouvements sociaux, sont aussi utilisés quotidiennement contre les populations précarisées et dans les quartiers défavorisés pour asseoir les politiques libérales et l’injustice sociale.

Ce partage de la répression ne saurait nous étonner puisque nous partageons l’engagement dans le combat contre la destruction du vivant et des formes de solidarité sociale, contre l’accaparement des biens communs, contre des choix politico-industriels dictés par la recherche illimitée du profit, au mépris des travailleurs-euses, paysan-ne-s et habitant-e-s. Nous refusons le traitement que nous valent nos actions collectives, faites parfois de colère ou inspirées par la détresse, parfois de démonstrations aussi pacifiques que symboliques. Nous dénonçons un usage étendu d’armes dites « non létales » qui éborgnent ou blessent gravement de plus en plus régulièrement les manifestant-e-s. Puis sur le plan pénal les procédures hâtives : garde- à-vue, fichage génétique, déferrement et comparution immédiate. Nous dénonçons cette justice expéditive que nous subissons, génératrice d’emprisonnement, désastreuse pour les droits de la défense, qui cherche avant tout à faire des exemples et à briser notre détermination, en vain. Nous appelons en ce sens tous les mouvements émancipateurs à s’unir contre la répression et à lui donner des réponses toujours plus larges et fortes, en premier lieu en continuant à lutter sans se laisser intimider.

Nous sommes solidaires en ce sens de celles et ceux qui, dans le Val de Susa, luttent contre la ligne à grande vitesse Lyon-Turin et qui sont aujourd’hui très largement désignés comme terroristes par le gouvernement italien. Cinq d’entre eux sont menacés là-bas d’une vingtaine d’années de prison à ce titre. Nous sommes fiers de nos engagements et refusons que ce même type de procédés puisse arriver ici et être utilisé un jour contre nous.

Mesdames et Messieurs les députés, nous vous demandons donc de refuser le vote de cette loi, qui sous couvert de lutte anti-terroriste, veut mettre en place des dispositifs pénaux extrêmement dangereux. Nous vous appelons à refuser d’appuyer cette surenchère sécuritaire qui menace toujours, toujours plus les actes et pensées contestataires, ainsi que l’ensemble des libertés publiques.




Premières signatures : Membres (locaux ou nationaux) de la coordination des opposants au projet d’aéroport à Notre Dame des Landes : ACIPA - ADECA - AEI (Alliance Ecologiste Indépendante) - Attac France Ensemble ! Union Départementale Solidaires - Confédération Paysanne 44 - Mouvement des Objecteurs de Croissance - Rezé à Gauche Toute - Solidarités Ecologie

Comité Anti-Répression Issu de la Lutte Anti-aéroport. Des Occupant-e-s de la Zad

Personnes, élu-e-s ou ancien-ne-s élu-e-s : Belaud Agnès - Billet François - Burckel Christine - Denigot Gilles - Giroire Pierre - Guist’hau Elisabeth - Lebouteux Geneviève - Leparoux Thérèse - Loirat Isabelle - Mengant Michèle - Quéraud Didier - Testard Jacques - Trotté Philippe - Verchère Françoise - Bertrand Vrain



Infos de la semaine du 22 au 28 septembre




Mardi 23 septembre




Sur la ZAD

La famille Herbin du Liminbout est à nouveau convoquée à un procès pour expulsion

La black plouc kitchen (table d’hôtes sur la Zad) ouvre ses portes vous pouvez dés à présent réserver ! Pour plus d’information et savoir quand la black plouc est ouverte voir ici

La DREAL relance un appel d’offres pour le suivi des mesures compensatoires de l’aéroport : Futur aéroport du Grand Ouest et sa desserte : Assistance à maîtrise d’ouvrage pour le suivi des mesures compensatoires relatives à la restauration des fonctions liées aux zones humides

EXCLUSIF !!

Blocage de la 4 voies ce matin pour le bonheur des automobilistes qui ne trouvaient pas d’excuse pour ne pas aller au travail ce matin !!




Communiqué des bloqueur-euses :

Salut,
Ce matin nous bloquons la voie rapide St-Nazaire-Nantes.
Aujourd’hui, le 24 septembre 2014, la famille Herbin, habitante du village du Liminbout sur la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes, a été convoquée au tribunal de St Nazaire en vue de leur procès en expulsion.
Chaque avancée du projet, chaque attaque contre le mouvement de lutte (travaux, procès, etc.), amènera une riposte immédiate.
Tout ce que nous avons obtenu jusqu’à présent, de l’échec fracassant de l’opération César jusqu’à la suspension des travaux, l’a été par une détermination commune dans la lutte et une diversité tactique. Toutes ces victoires ont aussi été possibles grâce aux actions de solidarité de partout en france.
A notre tour d’être présent au côté des différentes luttes.
L’espace et la force politique autonome acquise par la ZAD ont vocation d’inspirer et renforcer la révolte de celles et ceux qui ne rentrent pas dans le rang.
Ainsi, nous appuyons matériellement et moralement les personnes sans papier de Nantes qui, après avoir été expulsé de leur lieu de vie cet été, s’organisent pour occuper à nouveau depuis peu. A Calais, face à la police et aux expulsions à répétition, les migrants se regroupent. Sans papiers ni aéroport, la ZAD se veut terre d’asile.
Nous sommes de tout coeur avec les travailleurs de la SEITA de Carquefou, qui en renouant avec des pratiques offensives (destruction de stocks, occupation d’usine, séquestration) donnent confiance à tous ceux qui se sentent réduits à l’impuissance par les partis politiques et les centrales syndicales.
En Picardie, les paysans opposés au projet de la ferme-usine des 1000 vaches ont affirmé leur position en bloquant plusieurs jours l’arrivée des laitières
A Bure, contre le centre d’enfouissement de déchets nucléaires, la lutte continue sur le terrain, et une campagne d’action, Bure 365, est lancée.
Sur la ZAD du Testet se joue un moment décisif pour les opposants aux 16 barrages. Par notre action, nous souhaitons faire parvenir le souffle chaleureux de Notre-Dame-Des-Landes à cette lutte qui traverse un tournant.
Ces derniers jours, l’assemblée nationale a voté une énième loi antiterroriste. Instrumentalisant le battage médiatique autour des djihadistes, cette loi vise en fait à étouffer toute forme d’opposition conséquente à l’ordre établi. Elle est en réalité un aveu de faiblesse : il suffit d’une étincelle pour que valls le gouvernement et le monde qu’il défend.

les Flambeurs de la rocade
les DDE (Déterminés à Défaire l’Etat)
a Mess for the West




Jeudi 25 septembre



Notre Dame des Landes : l’Etat lance un appel d’offre pour
le marché de la « compensation »

Méfiez-vous de l’eau qui dort : l’Etat n’a pas abandonné le projet d’aéroport à Notre Dame des Landes. Reporterre révèle l’appel d’offre qu’il vient de lancer pour « le suivi des mesures compensatoires ».


Malgré l’impression de gel à moyen terme du projet d’aéroport à Notre Dame des Landes, l’annonce discrète, la semaine dernière, de la recherche d’une entreprise pour suivre les mesures compensatoires des destructions d’espaces naturels et de zone humide ravive les inquiétudes. Ce geste administratif officiel contredit le sentiment, ou l’espoir, que le délai accordé pour que tous les recours devant les tribunaux soient purgés soit en réalité un abandon du projet qui ne dit pas son nom.




La Dreal 44 (Direction régionale de l’environnement, de l’aménagement et du logement) a lancé la semaine dernière un appel d’offre d’ « Assistance à maîtrise d’ouvrage pour le suivi des mesures compensatoires », avec (selon l’extrait ci-dessous) une date butoir au 5 décembre prochain !




"(...) Plus particulièrement, les missions seront :

d’apporter une assistance aux maîtres d’ouvrages dans le choix des protocoles, méthodes ou outils visant à suivre et évaluer l’efficacité des mesures de compensation sur les fonctions hydrologie et biogéochimie ;
d’élaborer, le cas échéant, des protocoles de suivis ;
d’assister, le cas échéant, les maîtres d’ouvrage pour le choix et la contractualisation d’un modèle numérique...

La méthode de suivi devra permettre de :

répondre aux exigences des arrêtés loi sur l’eau ;
renseigner les indicateurs correspondants de l’observatoire environnemental ;
garantir la traçabilité des fonctions restaurées : biogéochimiques et hydrologiques.

Quantités (fournitures et services), nature et étendue (travaux) : les zones aménagées pour AGO et laDREAL Pays-De-La-Loire représentent 723 ha à la mise en service (537 ha pour l’aéroport et 186 ha pour la desserte routière).

Durée du marché ou délai d’exécution : 36 mois à compter de la notification du marché.

Date prévisionnelle de début des prestations (fournitures/services) : 5 décembre 2014."




L’Etat continue donc à ne pas tenir compte de l’avis du Conseil national de protection de la nature - organe pourtant officiel, même s’il est consultatif. Celui-ci jugeait indispensable deux ans d’études supplémentaires, compte tenu des nombreux défauts du dossier de compensation. Rappelons que la "compensation" est censée renaturer ailleurs des terrains afin de compenser la destruction des zones humides qu’exigerait la construction de l’aéroport.




"Ils ne lâchent rien"




L’Etat lance-t-il la procédure pour faire comme si le chantier devait démarrer de manière imminente ? Est-ce plutôt une démarche formelle qui ne présage en rien des travaux, mais suit une procédure automatique, quitte à ne pas avoir de candidat satisfaisant, ce qui permet de respecter sur le papier la marche à suivre normale ?

Nous avons demandé des éclaircissements à la Préfecture et à la DREAL. Malgré plusieurs sollicitations, Reporterre n’a reçu aucune réponse.

Pour l’avocat Raphael Romi, le formalisme sauve les apparences : « D’une part on fait comme si. D’autre part, on doit lancer cette procédure pour ne pas payer de pénalités à AGO. Les pénalités de non exécution de ce marché seront à budgétiser. Mais on repousse à plus tard. »

Enseignant en droit au département gestion des entreprises et des administrations de l’IUT de Nantes, Dorian Piette envisage les issues possibles : « Première chose à noter : l’appel peut être infructueux. Ensuite, il peut y avoir résiliation du contrat pour absence d’objet, c’est une résiliation pour cause d’intérêt général et c’est possible en droit administratif dans l’hypothèse d’abandon du projet d’aéroport à NDDL. Je doute aussi que les travaux démarrent en décembre prochain... Le tribunal administratif de Nantes devrait se prononcer sur les arrêtés préfectoraux [signés en décembre 2013, relatif à la loi sur l’eau et au déplacement des espèces protégées] au cours du premier trimestre 2015. Politiquement, ce serait délicat de lancer les travaux avant cette date. Le suivi des mesures compensatoires fait partie du dossier d’autorisation de la DREAL et d’AGO, donc c’est obligatoire mais cela ne présage en rien de futurs travaux. Enfin, c’est ce qu’il me semble... »

Question subsidiaire : "Ce marché pourrait-il aussi fonctionner pour le PEAN [Périmètre de protection des Espaces Agricoles et Naturels périurbains, censé protéger contre l’étalement urbain] du Nord ouest de l’agglomération nantaise, si le projet d’aéroport est abandonné ?", interroge Dorian Piette.




Conseillère générale, l’élue au Parti de Gauche Françoise Verchère est perplexe : « Je ne sais pas comment interpréter cet appel d’offres, sinon que ça corrobore mes craintes...Ils ne lâchent rien, et préparent la suite dans l’espoir de gagner les derniers recours. Lesquels à priori ne devraient pas être jugés avant début 2015 au tribunal administratif. Peut être savent-ils déjà ce que diront les juges... »




Nicolas de La Casinière – Reporterre

Samedi 27 septembre




les nouvelles d’ici : La fête des battages s’annonce sous le soleil ( la récolte de patates aussi...toujours). Du côté du canal de Nantes à Brest, le départ du transport de paille devrait être pour cet après-midi .... et une des personnes emprisonnées pour "outrage & rébellion", suite à l’expulsion de la Moutonnerie cet été, sort de prison,
Infos du 29 au 30 septembre




Lundi 29 septembre




Une personne nous transmet le compte rendu de son procès suite à la manif’ du 22 février à Nantes : « Arrêté par les CRS à 20h avec un marteau et un burin. Je suis passé le 12 Juin au TGI de Nantes. Le juge a rendu le verdict qui est de 4 mois avec sursis, interdiction de porter une arme et 5 ans de mise à l’épreuve. Mon avocat m’a fortement conseillé de faire appel, ce que nous avons fait. »



Mardi 30 septembre




Ce soir à 20h, à la Vache rit : AG "spécial Testet" : pour échanger les infos et s’organiser (entre autre pour la manif du 25 octobre)


ZAD du TESTET



Infos de la semaine du 1er au 7 septembre



UNE SEMAINE INFERNALE








Retour sur quinze jours de lutte.



Lundi 25 août : Des gendarmes arrivent sur site pour préparer les travaux de déboisement




Lundi 1er septembre : Début du déboisement. Plus de 150 gendarmes face à une centaine d’opposants, dont quelques-uns prêts à l’affrontement physique. Echauffourées assez violentes, tandis qu’une dizaine de bûcherons entament la coupe de la forêt à la tronçonneuse. Durant toute la journée, affrontements réguliers avec jets de cocktails Molotov et de projectiles d’un côté, tirs de flashballs, grenades lacrymogènes et coups de matraques de l’autre. Saccage illégal par les forces de police d’une cabane reconnue comme lieu d’habitation par huissier. Au total, une dizaine de blessés (opposants). Lire le récit détaillé






Mardi 2 : poursuite du déboisement à la tronçonneuse. Action plus violente des forces de police, qui bloquent la zone pour éviter que s’organise une bataille rangée comme la veille. Actions non violentes de clowns et de groupes militants à découvert tentant sans succès un contact avec les déboiseurs. Destruction d’une barricade en fin de journée lors du retrait du dispositif. Une vingtaine de blessés (opposants), dont trois par tirs de flashballs.
. Lire le récit détaillé




Mercredi 3 : entrée sur le site d’une déboiseuse-débroussailleuse et d’une broyeuse mécanique. Dispositif militaire très rigide, multiples agressions de militants et actes d’humiliation de la part des forces de l’ordre. Destruction illégale et incendie de la cabane saccagée le lundi. Saccage du campement principal de la Bouillonnante, avec destruction des denrées alimentaires et vols d’effets personnels. Action des clowns dans les locaux de la CACG près de Toulouse.
Au Testet : « Ils m’ont écrasé la tête sur le bitume en me disant que je n’étais qu’une merde »

http://www.reporterre.net/spip.php?article6252

Nad’



Jeudi 4 : moins d’affrontements physiques. Accélération du déboisement. Une quinzaine d’opposants perchés dans des arbres mis en danger par les travaux d’abattage alentour. À Nantes, action d’une cinquantaine d’opposants à l’aéroport de Notre Dame des Landes, en solidarité avec la ZAD du Testet. À Albi, rassemblement de soutien aux grévistes de la faim.




Vendredi 5 : déboisement sous haute surveillance. Vingt militants dans les arbres, poursuite des opérations dangereuses à proximité. Sept arrestations dont cinq avec garde à vue.

Grégoire Souchay – Reporterre



Ségolène Royal ne connait pas le dossier du Testet et s’en lave les mains

http://www.reporterre.net/spip.php?article6262

Barnabé Binctin - Reporterre

Infos de la semaine du 8 au 14 septembre




Lundi 8 septembre


8h00 : on a reçu des bonnes nouvelles du Testet. Quelques camarades (5) qui se sont enterrés avec le soutien de nombreuses personnes autour ont réussi à bloquer l’entrée pour les machines de destructions.









11h52 : le porte-parole du collectif Testet poursuit les négociations avec le CG81 et Préf. Beaucoup du monde autour des ENTERRRÉS. Machines et bûcherons ont reculé direction à Gaillac, tous attendent que les GM en fassent de même mais ils restent là en nombre.

15h30 : Les GM chargent comme des malades !!! Les journalistes sont partis depuis 15 minutes et après une mini-sommation, ils CHARGENT, nous dispersent à coups de lacrymos et PIETINENT LES ENTERRÉS sans AUCUN ménagement !!!!!!!!!!!! Les ENTERRES sont alors 4, ils se prennent plein de gaz, de coups, l’une d’entre eux-elles s’évanouit et reste sans connaissance. On apprend qu’elle a été embarquée par le SAMU direction l’hôpital.

ce soir à Brest : Rassemblement de solidarité avec le Testet






Mardi 9 septembre

Les enterrés du Testet, pacifiques et courageux, face à la violence de l’Etat







Après le rassemblement de près de mille personnes dimanche sur la zone menacée par le projet de barrage de Sivens, le déboisement a repris lundi. Enterrés pacifiquement et soutenus par des dizaines de citoyens, les opposants au barrage ont empêché le matin les machines d’entrer sur le site. La police, calme jusqu’en milieu d’après-midi, s’est défoulée une fois les caméras de télévision parties. Reporterrevous raconte cette journée éprouvante.


Lisle-sur-Tarn (Tarn), reportage




Le soleil émerge tout juste quand nous arrivons sur la zone humide du Testet, par l’extrémité de la zone située au hameau de Barat. Tous les accès sont bloqués par des groupes d’opposants bien plus nombreux que la semaine passée. À peine arrivés, les premières informations alarmantes arrivent : les gendarmes tenteraient de passer à tout prix avec les machines à l’entrée de la zone, via la route D999, de l’autre côté. Faute de navette motorisée, nous empruntons un vélo branlant et nous élançons pour traverser la zone, en état de siège : barricades nombreuses, chicanes et même tranchées au milieu de la route.









Depuis la semaine dernière, les opposants au barrage se sont organisés et surtout, sont plus nombreux. Près de deux cents personnes gravitent dans la zone, une cinquantaine d’autres étant en alerte à l’extérieur.

Nous arrivons au pont symbolique de l’entrée du secteur menacé par les travaux. Se déployant rapidement à pied, les gendarmes tentent comme la semaine dernière de prendre le contrôle des abords de la rivière. Mais le nombre important de zadistes les force à reculer et à se regrouper à l’entrée.

Nouveau message : les machines sont sur le point d’arriver sur place. À l’extérieur, plusieurs dizaines de voitures s’élancent pour une opération escargot improvisée qui finit par être concluante avec le blocage dans les deux sens de la départementale reliant Gaillac à Montauban, sur plusieurs kilomètres.

Dans la zone humide, le front se stabilise sur le chemin qui donne accès au champ déjà déboisé. A force d’escarmouches, les offensives coordonnées des zadistes parviennent à rompre le cordon policier et à rejoindre cinquante autres personnes, assises en sit-in et protégeant l’une des surprises de la journée.









Car derrière, il y a les « enterrés », comme on les appelle. Ils sont cinq, ensevelis volontairement sous un ensemble de troncs et de terre, avec seulement leur buste qui dépasse. Ils sont enterrés ainsi depuis 7 heures du matin sur le chemin d’accès principal à la zone déboisée. Autour d’eux, une cinquantaine de militants sont présents, non-violents et aux petits soins pour désaltérer et soutenir les enterrés, dont la position est pénible.

Pendant près de six heures, ils vont ainsi faire barrage de leur corps à toute avancée des travaux, avant d’être remplacés par d’autres volontaires vers 13 heures. Une prouesse de santé qui ne va pas sans quelques prises de risques. Durant toute la matinée, on s’efforcera de convaincre les pompiers de venir sur place, malgré les réticences de leur hiérarchie, puis une équipe médicale pour assurer leur libération (volontaire) dans de bonnes conditions sanitaires.

Les médias sont là, nationaux et non plus seulement locaux. Nous restons dans ce périmètre quadrillé à proximité de Ben Lefetey, porte-parole du Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, reconverti en négociateur téléphonique. « On négocie par textos avec Thierry Carcenac, le président du Conseil Général », plaisante-t-il malgré la fatigue visible après tant de journées consacrées à la lutte.

- Ben Lefetey -



Peu à peu, des informations arrivent, d’abord contradictoires puis confirmées par des sources diverses à la mi-journée : sur place, devant l’offensive des opposants, les bûcherons qui étaient d’abord rentrés sur le site repartent sans avoir coupé un arbre.

Puis c’est au tour des machines de faire demi tour, de tenter un contournement, de se replier sur Lisle-Sur-Tarn, continuellement surveillées par un convoi de voitures d’opposants déterminés à ne pas leur laisser la possibilité de se rendre sur les lieux.

On apprend la décision de la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, d’envoyer deux experts pour étudier la pertinence du projet de barrage. Mais du côté du Conseil général, rien ne bouge. Si M. Carcenac propose dans la matinée d’augmenter les surfaces de compensation pour la zone humide, la réponse est immédiate : « Nous ne voulons pas plus de compensation, nous voulons remettre à plat le projet de barrage, que les forces de police se retirent et les opérations de déboisement s’arrêtent. »




Après midi : pluie de violence et retournement de situation







A la mi-journée, le moral est au beau fixe parmi les opposants. Leurs objectifs semblent être atteints : empêcher l’arrivée des machines sur la zone et mettre la pression sur le Conseil général. Ben Lefetey, collé à son téléphone, apporte des nouvelles encourageantes, et ses contacts avec différents ministères lui font penser qu’une trêve pourrait être conclue et les affrontements laisser place à un véritable débat public. L’ambiance est détendue et certains se prennent déjà à rêver d’un abandon prochain du projet.

Mais, un orage qui éclate vers 14 heures vient obscurcir leur horizon. Et, peu avant 16 heures, la charge des gendarmes, aussi surprenante que violente, vient définitivement plomber l’ambiance. Profitant du départ des nombreux médias nationaux présents sur place, une vingtaine de gardes mobiles arrivent à pas rapide vers les « enterrés ».









Ils lancent une sommation pour la forme tout en fondant sur les militants, regroupés sous une bâche autour de leurs compères vulnérables.

Dans un nuage de gaz lacrymogènes, de cris de douleur et de terreur, les forces de l’ordre repoussent sans ménagement des opposants, sonnés, dans le fossé. Au cours de la charge, les gendarmes piétinent les« enterrés », sans considération pour les risques qu’ils leur font encourir. La présence parmi les militants pacifiques d’une personne âgée ne vient pas freiner leurs ardeurs. Celle-ci s’en sortira indemne mais d’autres n’auront pas cette chance. Ainsi, cette jeune femme « enterrée » qui restera inconsciente, le corps contorsionné, la tête reposant à même le chemin. Elle se réveillera au bout de quinze minutes, après un traumatisme crânien, hébétée par les gaz lacrymogènes et la charge. Cette fois, pas de pompier à proximité. Elle devra donc attendre plusieurs dizaines de minutes avant d’être transférée à l’hôpital d’Albi.

Dans le même temps, une vague de gendarmes mobiles envahit la zone, repoussant la centaine d’opposants de l’autre côté du Tescou. Ceux-ci tentent de résister en créant des chaînes humaines pour résister aux assauts policiers ou en lançant maladroitement des bombes de peinture, des bouses de vache, des bouts de bois ou des mottes de terre... Sans succès. Ils ne peuvent que constater, impuissants, le retour des machines pour défricher la forêt à un rythme industriel.









Alors que la nuit tombe sur la zone humide du Testet, les machines quittent enfin la zone vers 19 heures 30, suivies des cordons policiers, sous le regard désabusé des occupants.









Joints par téléphone, des zadistes nous expliquent que « ce qui prédomine c’est le silence. Les gens ont du mal à exprimer ce qu’ils ont vécu tout à l’heure ». On signale notamment un triple gazage à bout portant sur une même personne, un plaquage au sol et puis bien sûr la zadiste transférée à l’hôpital après avoir été piétinée. De surcroît, un gréviste de la faim, Marc, a été interpellé dans un champ et emmenémanu militari sans raison.


Actualisation mardi à 10 h 00

La stratégie du passage en force se poursuit ce matin avec le retour des machines de déboisement qui, cette fois, n’ont pas pu être stoppées et l’intervention en cours d’un groupement du GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) pour déloger les opposants restés dans des plateformes perchées dans les arbres.

Les opposants, eux, avaient rendez-vous à 9 heures 30 devant le tribunal d’Albi et à 18 heures sur la place Saint-Etienne, devant la Préfecture, à Toulouse.






- "Ici vivait un arbre" –

Grégoire Souchay et Emmanuel Daniel - Reporterre



M. Valls prétend que le barrage de Sivens servira à installer de jeunes agriculteurs



Le président PS du conseil général du Tarn est pour l’instant inflexible, et Ségolène Royal ne parvient pas à débloquer la situation. Manuel Valls est venu à l’appui de la destruction de la zone humide du Testet, prétendant que « mobiliser la ressource en eau est un élément décisif pour l’installation des jeunes agriculteurs ».

Quant à la bataille juridique, elle continue : Reporterre révèle que le document d’autorisation de déboisement semble inexistant.

Malgré la tentative du collectif Testet de maintenir le dialogue durant toute la journée, rien n’y aura fait. Pas même l’intervention de la ministre de l’Environnement qui a nommé deux experts pour venir réétudier le dossier :

Le président du Conseil général, Thierry Carcenac (PS) et la Préfecture du Tarn sont passés une fois de plus en force. « Pourquoi ne pas attendre la décision de justice pour reprendre les travaux ? Le projet est dans les cartons depuis 25 ans, ils ne sont plus à une semaine près », s’exclame, dépité, Ben Lefetey, porte-parole du Collectif Testet.

Si M. Carcenac a martelé en conférence de presse à Albi tout le bien qu’il pense du projet de barrage de Sivens, qui « permettra d’assurer de façon régulière un débit suffisant propice à la restauration qualitative des milieux actuellement dégradés », il n’a pas réagi à l’annonce d’un des conseillers généraux, Roland Foissac, qui demande la suspension de la charte de la participation, allègrement piétinée par les élus qui l’avaient signée. Aucun élément également sur son obstination à mener à bien le projet de barrage.

Cet entêtement provient peut-être du contexte électoral. Thierry Carcenac est le candidat socialiste de la circonscription pour les élections sénatoriales de ce mois de septembre. Pour être élu, il a besoin des votes des grands électeurs du département, parmi lesquels on compte de nombreux affidés à la FNSEA(Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles). Ceux-ci pourraient considérer comme un signe de faiblesse l’engagement du dialogue avec les opposants.

Mais il y a plus. Si les déclarations de Ségolène Royal ont concentré l’attention durant les derniers jours, Manuel Valls, le premier ministre, a lui-même pris position. Samedi dernier, il était en Gironde pour un discours sur l’agriculture devant les Jeunes Agriculteurs, affiliés à la FNSEA. Outre l’annonce sur la remise en cause de la directive européenne sur les nitrates, il a également affiché son soutien au projet de barrage de Sivens :

« Mobiliser la ressource en eau est un élément décisif pour l’installation des jeunes agriculteurs, c’est pour cela que nous avons tenu bon à Sivens. Les travaux de ce barrage vont enfin commencer au terme de longues consultations et il s’agit là simplement d’appliquer le droit ».

L’AUTORISATION DE DEBOISEMENT A DISPARU !


Si la situation sur place semble tourner en défaveur des opposants, des issues commencent à se faire jour. La justice toulousaine a en effet décidé d’avancer la date de l’audience en référé sur la légalité des travaux : prévue initialement le 26 septembre, elle se déroulera 14 septembre.

Autre nouvelle étonnante, que vous révèle Reporterre : depuis sa dernière réforme, le Code Forestier prévoit que toute opération de déboisement doit faire l’objet d’une autorisation signée de la Préfecture, affichée publiquement sur les lieux et dans la mairie de la commune concernée. Or, lorsque l’association France Nature Environnement envoie au Conseil général un huissier pour demander à voir ce document, qui n’est disponible nulle part, on lui oppose une fin de non-recevoir.

Aussi, au-delà de la déclaration d’utilité publique qui sera jugée, c’est la légalité du déboisement qui pourrait être mise en cause. Une audience en référé civil se tiendra au cours de cette semaine, avec comme éventualité la suspension des travaux jusqu’à nouvel ordre. De quoi donner un peu de répit aux opposants au barrage jusqu’à ce que ceux-ci obtiennent un moratoire.

Grégoire Souchay - Reporterre


Bilan de la journée

Comme on en a marre de regarder tomber les arbres et de se faire défoncer en forêt, on a délocalisé la lutte aujourd’hui.

Action au Conseil Général. On est allé à Albi s’inviter dans les locaux du Conseil Général, en espérant que notre action allait faire revenir Carcenac (Thierry) de Paris pour nous rencontrer. On entre comme dans du beurre de tous les côtés et on met une belle pagaille en hurlant "Moratoire" et autres slogans bien sentis, en reconstituant dans l’escalier central une forêt avec les plantes en pot qui trainent de ci delà et en brassant le secrétariat de Thierry pour obtenir un rendez vous et présenter nos revendications. 2-3 tags de-ci de-là et discussions avec le personnel.

Après un bon moment, on sent que la situation se tend, apparemment des ordres sont arrivés (on va dialoguer enfin ?) et des gars de la BAC, moins cool que la police municipale, se mettent en action en entreprenant de dégager le couloir menant au bureau de Thierry, bloqué par des copains et copines assises. Du coup, cela se met à chauffer. Comme c’est plus dur sans lacrymos et flashball, les flics nous jettent littéralement jusqu’à l’escalier. Là, on s’agrippe à Guillaume Cros, un élu de la région qui nous suit depuis quelques jours et qui fait rempart de son corps. Il est lui aussi balancé dans l’escalier. Confusion. Bousculade. Matraque. Echange de coups. Un copain embarqué.

Puis cela se calme à nouveau, on est assis dans l’escalier, on bouge plus. Puis, c’est reparti, on se fait jeter manu miltari dans les escaliers. De dépit, on recule en résistant pacifiquement un max et en arrachant au passage les affiches de l’expo Jaurès qui sont là (le pauvre a du se retourner dans sa tombe plus d’une fois dans la matinée). On finit en montant au grillage et en chantant, avant de pique-niquer devant les portes closes.

Désolé Thierry pour les 2-3 pots de fleurs et les 2-3 tags, force est de constater que l’on n’a pas encore le niveau de la FNSEA niveau "saccage" !

Sur le site. Les GMs (toujours aussi énervés) et machines sont arrivés tôt. Le GIGN était là aussi et a délogé les grimpeurs aux Perches (plates-formes à 18 mètres de haut, au centre du site). La caravane de la Bouille est expulsée mais on avait déjà déménagé pas loin.

Ailleurs. Avec les copains du Testet et les gendarmes d’Albi (sympas), visite au barrage de Fourrogues, sur la Vère. Construit par la CACG pour le CG puis déclaré illégal. Thierry a dit à son sujet "ce barrage n’existe pas". Donc on a commencé à démonter ce barrage hors-la-loi. Quand nous serons des milliers sur le site, on s’y mettra plus sérieusement.

Demain. On attend du monde, si vous n’êtes dans aucune des actions prévues, RV à Barat à 5h du mat’.

On reste camper devant le Conseil Général jusqu’à nouvel ordre.


Notre communiqué à propos de la tambouille politique en cours.

Collectif : Tant qu’il y aura des bouilles, il n’y aura pas de barrage !




Mercredi 10 septembre




Testet - Les machines déboisent à une vitesse folle, pour placer la justice devant le fait accompli.
. Témoignage : "Sur le terrain les affrontements ont continué ce matin [mercredi]. Un jeune a eu la main cassée par un tir de flash ball à moins de cinq mètres. Les machines déboisent à une vitesse folle, plus de la moitié de la zone a été rasée. Les gendarmes mobiles (GM) encerclent les zadistes sur place pour les intimider. Le GIGN (Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale) a délogé tous les jeunes qui étaient dans les arbres... Les GM restent jour et nuit pour garder les machines avec lunettes à vison nocturne et ronde nocturne...
Des opposants au barrage et des grévistes de la faim campent maintenant devant le conseil général [à Albi].
Coté bonne nouvelle, une faille juridique a été trouvée. Il n’y a pas eu d’arrêté préfectoral pour informer du déboisement comme l’indiquait Reporterre hier. Le recours doit être étudié demain ou après demain.

Source : courriel à Reporterre.



A Redon, rassemblement ce mercredi à 18h30 devant la sous-préfecture !




Jeudi 11 septembre


Notre-Dame du Testet : barrage citoyen contre un grand projet inutile







Depuis dix jours, les travaux préparatoires à la construction du barrage de Sivens ont débuté dans le Tarn, près de Gaillac. Face à la violence policière, la mobilisation s’amplifie contre ce projet au service d’une agriculture intensive. Les lieux sont occupés par les opposants, et les soutiens extérieurs se multiplient.

Nous faisons la synthèse de la situation, en partenariat avec Politis

« Cette fois, on peut y arriver ». Elle ne cache pas sa joie, Julie, habitante de la commune de Lisle-sur-Tarn, en voyant la masse de citoyens présents en ce dimanche ensoleillé du 7 septembre. Près de mille personnes sont venues de loin pour s’opposer au projet de barrage de Sivens : une retenue d’eau d’1,5 millions de mètres cube dans la vallée du Tescou, à une dizaine de kilomètres de Gaillac, dans le Tarn.

Mais dès le lendemain, machines à déboiser et forces de police sont revenues pour continuer à couper la forêt, rencontrant une résistance pacifique mais déterminée, faite de barrages de voitures ou de personnes enterrées dans la terre.









Le Notre-Dame-des-Landes de Valls


Quel est l’enjeu de ce qui pourrait bien être à Manuel Valls ce qu’a été Notre-Dame-des-Landes à Jean-Marc Ayrault ? Un vieux projet des années 1970, et qui, comme le projet nantais d’aéroport, relève d’une vision du monde dépassée.

Si l’idée remonte aux années 1970, le projet n’a réellement démarré qu’après la mort ou la faillite des paysans de la vallée et la récupération des terres par le Conseil Général. En 2001, l’Agence de l’eau Adour-Garonne charge la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne (CACG) d’une étude sur la ressource en eau dans le secteur. Publiée en 2003, l’étude préconise la construction d’un barrage sur le Tescou. Le Conseil général du Tarn, maître d’ouvrage, confie sa réalisation à la CACG.

Un projet dépassé

Objectif officiel : irriguer des cultures agricoles et maintenir le débit pour diluer les pollutions en aval. Des objectifs louables s’il n’y avait pas quelques détails gênants : en fait de culture, il s’agit de celle de maïs en production intensive, nécessitant énormément d’eau, alors que le sud-ouest subit déjà le réchauffement climatique.

Ensuite, les pollutions ont déjà été fortement réduites avec la mise aux normes dès 2006 des équipements qui les causaient. Et puis surtout, ce barrage entraînerait la destruction de la zone humide du Testet, « dix-sept hectares de bois humides remarquables, abritant quatre-vingt-quatorze espèces protégées, c’est un réservoir à biodiversité » indique Christian Conrad, naturaliste.

Or, « les zones humides, rappelle Jacques Thomas, du bureau d’études Scop Sagne, sont un excellent régulateur : elles stockent l’eau en cas de sécheresse et la retiennent pour éviter les inondations ».

En dépit du bon sens

Malgré des avis consultatifs défavorables du Conseil national de la protection de la Nature, le projet se poursuit et est présenté à la population en 2011. Le tout jeune Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet découvre alors combien l’utilité du barrage est contestable et lance des recours en justice pour l’arrêter.

Ben Lefetey, porte-parole du Collectif, égrène les chiffres : « Le projet est évalué à 7,8 millions d’euros. Avec vingt-cinq irrigants intéressés, cela revient à 300 000 euros d’investissement par ferme ! ».

Mais rien n’y fait. En octobre 2013, la Préfecture du Tarn donne, sans se préoccuper des voix discordantes, une dérogation pour que démarrent les travaux, avec le soutien du conseil général présidé par le député (PS) Thierry Carcenac.

En réponse, des opposants locaux, qui se font appeler « Les Bouilles », entament l’occupation d’une ferme abandonnée au milieu de la zone d’emprise du futur barrage. Au fil des mois, l’occupation devient, comme à Notre-Dame-des-Landes, une Zone à défendre (ZAD).








Violence policière

Au printemps 2014, les Bouilles parviennent à repousser les opérations de déboisement pendant cinq mois. Mais à partir du 12 août, les forces de l’ordre commencent à intervenir violemment sur la zone pour empêcher toute réoccupation.

La tension est montée le 1e septembre, quand les machines protégées par les gendarmes ont entamé les travaux de déboisement. Depuis, cinq hectares ont déjà été broyés et un quart de la zone humide rasé.

Tandis qu’une partie des opposants a tenté d’abord de s’opposer par la force aux assauts policiers, beaucoup ont vite trouvé plus opportun de se percher dans les arbres pour empêcher les destructions. Quel que soit le mode d’action, l’unité prime pour sauver la forêt : « Ces jeunes sont courageux, remarque Christian Pince, du Collectif Testet, ils jouent leur peau pour empêcher les travaux ».

Un courage qui les confronte aussi aux exactions policières et à certaines humiliations de la part de pandores : campements saccagés, cabane incendiée, affaires volées. « C’est une guerre psychologique » raconte Hélène, sur place depuis une semaine. Une autre opposante, étudiante âgée de 19 ans, a pour sa part reçu « des coups de rangers, la tête écrasée contre le bitume » pour avoir tenté de stopper les machines.


La mobilisation grandit


Cette répression n’empêche pas la mobilisation de prendre son essor. Depuis le 27 août, quatre membres du collectif Testet ont entamé une grève de la faim. Les soutiens d’associations se multiplient, d’Attac à France Nature Environnement, de Solidaires à la Confédération Paysanne qui n’hésite plus à prêter des tracteurs pour servir de barricade.

Les riverains ne sont pas en reste, militants ou non, beaucoup, comme Manu, demandent simplement « que les promoteurs ouvrent enfin le dialogue et qu’on arrête les violences policières ».

Une pression montante qui a fini par faire réagir la ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal. Elle a réclamé dimanche 7 septembre que soit vérifiée la cohérence entre le projet et les conditions fixées par le ministère, indiquant : « L’eau est un bien précieux et rare qui doit faciliter l’agriculture mais pas pour que certains pratiquent l’agriculture intensive dans des grandes exploitations en s’appropriant un investissement public ».

Reste à convaincre Manuel Valls… Les élus régionaux d’EELV et européens, comme José Bové, ont manifesté leur opposition au projet, tandis que l’opposition sur le terrain reste déterminée. Il serait sage de stopper les travaux et de réexaminer ce projet.

Grégory Souchay - Reporterre


« Mme Royal, nous vous demandons un arrêt des travaux au Testet »







La ministre de l’Ecologie a les moyens d’agir pour faire arrêter les travaux dans la zone humide du Testet, afin de rétablir le dialogue et d’examiner sereinement le dossier.

Des porte-paroles d’Attac, d’Europe Ecologie Les Verts, de Nouvelle Donne, du Parti de Gauche, de la Confédération paysanne s’unissent pour demander à Mme Royal d’agir.


Appel à Ségolène Royal


Les travaux pour le barrage du Testet dans le Tarn ont commencé au mépris de toute concertation et de différents avis négatifs : aucune concertation avec des associations de protection de l’environnent et des milieux aquatiques, avis défavorables cachés durant l’enquête publique, refus du Conseil général et de la préfecture du Tarn de débattre publiquement et de suivre les avis des scientifiques du Conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN), des experts nationaux du Conseil national de protection de la nature (CNPN) nommés par l’État, de la Commission d’enquêtes publiques, de la Fédération de pêche et des milieux aquatiques, des services de l’État chargés de l’eau (ONEMA).

Par ailleurs, plusieurs recours juridiques, déposés par le Collectif et ses partenaires, sont en cours d’examen : un recours au fond contre l’arrêté dit « Loi sur l’eau » du 3 octobre 2013 ; un recours au fond contre la déclaration d’utilité publique (DUP) du 2 octobre 2013 ; un recours au fond et en référé suspension contre l’arrêté de dérogation à l’interdiction de destruction d’espèces protégées du 16 octobre 2013. La demande de suspension du projet devrait être examinée par le tribunal administratif dans les jours qui viennent. Un recours a également été déposé par laFNE devant l’impossibilité de se procurer l’autorisation -obligatoire- pour la déforestation.

Malgré tout cela, les travaux de destruction de la forêt et de la zone humide ont commencé. Nous rappelons que ce barrage, financé sur des fonds publics, a pour seule vocation de perpétuer l’agriculture intensive et la culture du maïs pour quelques agriculteurs, alors que le rapport remis ces derniers jours par Jean Jouzel, Le climat de la France au 21è siècle, scénarios régionalisés, indique clairement les risques d’une telle fuite en avant.

Nous soutenons sans réserve la détermination et la résistance non-violente des citoyens, des paysans, des occupants de la zone forestière menacée, des grévistes de la faim. Ils affrontent une violence insupportable et dangereuse des forces de l’ordre et des machines convoyées pour détruire.

Nous vous demandons, en tant que ministre de l’Écologie et du développement durable de prendre la mesure de la situation. La nomination d’experts missionnés pour établir un dialogue ne répond pas aux questions posées, d’autant que les travaux de destruction ont continué de plus belle après cette annonce. Nous vous demandons un arrêt total des travaux et un moratoire.

Signataires :

Isabelle Attard (Nouvelle Donne)
Geneviève Azam (Attac)
José Bové (EELV)
Guillaume Cros (EELV)
Pierre Larrouturou (Nouvelle Donne)
Corinne Morel Darleux (Parti de Gauche)
Noël Mamère
Laurent Pinatel (Confédération paysanne)
François Simon (EELV)
Vincent Liegey (Parti pour la décroissance)

Un rassemblement a lieu ce soir à 18h00 devant la préfecture d’Angers.


Vendredi 12 septembre


Testet : le défrichement a été mené sans autorisation






Alors que plus de deux tiers de la zone humide du Testet ont déjà été déboisés, des associations mettent en doute la légalité des travaux de défrichement. L’autorisation en est en effet introuvable ! Le tribunal d’Albi examine le dossier ce vendredi 12 septembre à 10 heures 30.

Toulouse, correspondance

Tout commence lundi dernier. Alertés par leurs membres, les responsables midi-pyrénéens de France Nature Environnement se mettent en quête d’une pièce essentielle dans un projet comme celui du barrage de Sivens : l’autorisation préalable de défrichement. « Ca paraissait tellement évident qu’ils l’aient déposée qu’on n’a pas pensé tout de suite à vérifier » , explique Thierry de Noblens, président de FNE-Midi-Pyrénées.

L’association envoie alors un huissier à la Préfecture du Tarn avec une sommation interpellative pour obtenir ledit document. On lui retourne alors un courrier, daté du 5 septembre portant accusé réception de la demande d’autorisation. Mais pas l’arrêté d’autorisation préalable en lui-même.

Or, cette autorisation préalable doit, selon la loi, être affichée publiquement sur les lieux des travaux et en mairie de la commune concernée au moins quinze jours avant le début du défrichement (article L341-4 du Nouveau Code Forestier).

Reporterre se rend donc à la mairie de Lisle-sur-Tarn pour consulter le document relatif au chantier forestier en cours à Sivens. Sur place, aucune trace, ni sur les murs, ni dans les registres. « La demande est en cours » nous dit-on. Après vérification par la secrétaire de mairie auprès de la Direction départementale des territoires à la Préfecture, le fonctionnaire explique : « À Sivens, il ne s’agit pas de défrichement, mais de déboisement ».


Défrichement ou déboisement ?


Or, au regard de la loi, défricher et déboiser n’ont pas du tout le même sens. Le défrichement consiste « à mettre fin à la destination forestière d’un terrain, en détruisant ou pas son état boisé, avec changement d’affectation du sol », indique le site de la Préfecture du Tarn.

En revanche, le mot déboisement n’est jamais clairement défini et n’apparait qu’une fois à l’article L341-2 du Nouveau Code Forestier : « Ne constitue pas un défrichement un déboisement ayant pour but de créer à l’intérieur des bois et forêts les équipements indispensables à leur mise en valeur et à leur protection, sous réserve que ces équipements ne modifient pas fondamentalement la destination forestière ». Déboiser c’est couper des arbres en leur donnant la possibilité de repousser ensuite.

Or, selon l’avocate de France-Nature-Environnement, Me Alice Terrasse, « dès lors qu’on a coupé plus de 10 m² à Sivens, il s’agit d’un défrichement ». Et d’autant plus que la destruction de la forêt vise à la réalisation d’un barrage, et modifie donc "fondamentalement la destination forestière".

De surcroît, conformément aux procédures classiques, la Préfecture a pris soin de prendre en juin dernier un arrêté « portant distraction de la forêt », ce qui signifie qu’il lui retire son caractère forestier. Un arrêté qui n’enlève cependant pas la nécessité de l’autorisation préalable.

S’il s’agit d’un défrichement, cela doit être affiché. Si ce n’est pas le cas, le responsable du chantier et la mairie s’exposent à des amendes. Le projet de barrage a pourtant été déclaré « d’utilité publique », même si les opposants le contestent (voir encadré ci-dessous). La circulaire du 28 mai 2013 précise que « la déclaration d’utilité publique ne dispense nullement la collectivité, ou celui qui en bénéficie, d’obtenir, s’il y a lieu, l’autorisation de défrichement : la réglementation relative aux déclarations d’utilité publique et la réglementation sur le défrichement sont indépendantes. »


Des travaux illégaux ?


A ce jour, il n’y a donc aucune preuve de l’existence d’une déclaration préalable de défrichement comme en atteste notre visite à la mairie de Lisle-Sur-Tarn. Et s’il s’agissait d’un déboisement, pourquoi une demande pour un défrichement est-elle en cours ? La destruction et le broyage d’arbres pour construire un barrage constituent-ils une preuve suffisante de la volonté de faire perdre le « caractère forestier » ?

Pour trancher la question, Le Collectif Testet, France Nature Environnement et Nature Midi Pyrénées ont déposé un recours en référé civil, au tribunal d’Albi. L’audience aura lieu ce vendredi à 10 heures 30.

Si la justice tranchait en faveur d’un défrichement, elle pourrait condamner l’entreprise qui mène le chantier, la CACG, à une amende de 150 euros par m² détruit. La zone humide détruite s’étendant sur 12 hectares, la note serait salée, de l’ordre d’1,8 million d’euros. Mais plus encore, il serait possible « d’ordonner l’interruption des travaux et la consignation des matériaux et du matériel de chantier » (article L.363-4 du code forestier).

Alors que les collectifs réclament sans succès la suspension des travaux depuis des semaines, c’est ainsi la justice qui pourrait apporter un répit. Peut être alors sera-t-il possible de procéder au réexamen du projet par le ministère de l’Ecologie.

La mission d’expertise envoyée par Ségolène Royal a été boycottée conjointement par France-Nature-Environnement, la Confédération Paysanne et le Collectif Testet : « La décision de boycotter cette rencontre n’a pas été facile car nous appelons de nos vœux cette expertise indépendante depuis un an. Mais le gouvernement n’a pas encore montré sa réelle volonté de favoriser le dialogue puisqu’il n’a toujours pas fait cesser le défrichement illégal des 29 hectares boisés ».
Dont il ne reste plus que quelques arbres encore debout.


LES AUTRES RECOURS JURIDIQUES CONTRE LE BARRAGE DE SIVENS


Si cette procédure sur l’autorisation de défrichement vient d’être lancée, d’autres courent depuis longtemps.

La plus urgente est le recours en référé suspension contre « l’arrêté de dérogation à l’interdiction de destruction d’espèces protégées » pris le 16 octobre 2013. En effet, contre les avis du Conseil National de Protection de la Nature, la Préfecture du Tarn a décidé de donner une dérogation pour la destruction d‘espèces protégées, 94 d’entre elles ayant été référencées par les naturalistes sur la zone humide. La justice tiendra audience lundi 15 septembre sur la possibilité de suspendre cet arrêté, et avec, les travaux, en attendant d’en juger sur le fond dans une ou deux années.

Les autres procédures, ayant échoué à suspendre les travaux, sont désormais en attente de jugement sur le fond contre « l’arrêté relatif à la loi sur l’eau » du 2 octobre 2013 et enfin contre l’ensemble de la déclaration d’utilité publique, toujours contestée malgré sa signature le 2 octobre 2013. Mais pour ces procédures, il faudra encore attendre un an pour que la justice se saisisse du dossier.

Grégoire Souchay - Reporterre

Visite surprise de l’Agence de l’eau Adour Garonne

Vendredi 12/09, des opposants au barrage de Sivens ont rendu une visite surprise à l’Agence de l’eau Adour Garonne. Après avoir envahi l’accueil et averti l’ensemble du bâtiment de notre présence par des chants, la vice directrice de l’Agence, Aline Comeau, se pointe avec la chargée de communication (La personne qui répond à nos coups de fils quand on les appelle pour leur dire ce qu’on pense de leur projet pourri, Valérie Bayche ? ) et nous propose de se diriger vers une salle de réunion. Les clowns font durer le bazar et la police commence à trainer dans les environs.

On attaque la réunion, toujours le même baratin sur le fait que ces technocrates ne sont pas des décideurs mais uniquement des exécutants. Le disque est rayé et on nous répète en boucle que la justice a autorisé le barrage. On a du mal à leur faire comprendre que le passage en force de Carcenac consiste à détruire plus vite que la justice ne rende de décision. Toujours le même cirque et le même discours insipide. Un conflit d’intérêt vous savez ce que ça signifie ? On fait passer nos demandes (moratoire !) et on alerte sur la situation des grévistes. On note tout de même que le financement de l’Agence Adour-Garonne (50% du projet) pourrait être remis en cause si les « experts » de Ségo donnaient un avis défavorable.

Comme on se lasse de la langue de bois, on sème la chargée de com et le concierge susceptible, et on va frapper aux portes des salariés qui ont reçu l’ordre de nous fuir comme la peste. La communication est verrouillée et doit passer par la chargée de com. Tractage et grimpette sur les façades tout de même. La flicaille arrive en nombre, une alarme incendie malencontreusement déclenchée met fin à la réunion.

Débriefing dans le parc devant l’agence, sous la banderole et sous le regard des keufs qui encouragent les salariés à nous éviter.

C’est l’occasion d’avoir une bonne discussion entre opposants, de recruter, d’informer et d’organiser la suite. Et la suite s’annonce chargée.


Pour rappel, AG du collectif tous les mardis, 19h au CASC, 10bis rue Colonel Driant à ALBI.
Communiqué suite à agression de sympathisants de la Zad du Testet

Nous dénonçons avec la plus grande vigueur l’agression brutale subie par deux sympathisants de la lutte de la Zad du Testet par une dizaine d’individus armés !

Dans la nuit du 11 au 12 septembre 2014, vers 1 heure du matin, un groupe d’une dizaine d’hommes a bloqué le véhicule de nos camarades en pleine route, entre deux camionnettes et les ont assailli violemment. Munis de bâtons, ils ont brisé vitre latérale et pare-brise. Le conducteur a reçu divers coups sur la tête ainsi qu’au poignet. Le médecin lui a fixé une ITT (Interruption Temporaire de Travail) conséquente de 5 jours.

Nous dénonçons également les menaces et insultes proférées dont des menaces de mort.

Nous affirmons toute notre solidarité à nos camarades qui portent plainte.

D’évidence, certains individus, tout comme le Conseil Général du Tarn, sont prêts à PASSER EN FORCE pour aboutir à leurs fins.

Nous rappelons :
Que les opposants au barrage ont déposé plusieurs recours légaux qui remettent en cause la légalité du déboisement et dont l’examen est imminent,
Que des défenseurs de la nature risquent quotidiennement leur santé et leur sécurité,
Qu’ils ne poursuivent aucune intérêt personnel,
Qu’au contraire ils luttent pour LA PRÉSERVATION DE BIENS COMMUNS ET L’INTERET DES FUTURES GÉNÉRATIONS.

Ces agissements intolérables sont la suite logique des multiples violences initiées par le Conseil Général du Tarn et par la Préfecture du Tarn :
Violence digne d’une pays en guerre : Flashball, gaz lacrymogènes, grenades assourdissantes, coups de matraque…
Violences auprès des opposants enterrés pour défendre de leur corps les arbres, qui ont été piétinés et gazés à la lacrymo,
Violences et mises en péril de la vie des écologistes perchés en haut des arbres,
Violences faites à tous les contribuables, spoliés de millions d’argent public au bénéfice d’intérêts privés
Violence à tous les citoyens qui réclament un moratoire au projet de barrage de Sivens et un débat public,
Violences à la forêt de Sivens massacrée jusqu’à en faire une désert.

A tous ceux qui tentent de nous intimider par la violence,
nous opposons notre détermination à obtenir
LE MORATOIRE DU PROJET DE BARRAGE DE SIVENS, L’ARRÊT DES VIOLENCES MILITAIRES et UN DEBAT PUBLIC !!

Collectif Tant qu’il y aura des Bouilles



Dimanche 14 septembre


Bilan et urgences en cours

Encore plus de 800 personnes sur le site aujourd’hui. Mais les machines ont été ramenées sur le site sous bonne garde en soirée : blocage dégagé aux Caumonts, 4 interpellations. Bref, cela chauffe de nuit désormais et ajoutons à cela des pro-barrages qui rodent dans les parages : attention ! Il ne faut pas compter sur les flics pour s’en occuper.



Demain à Albi, 7h45 : Carcenac reçoit des élus qui sont contre le barrage, prêts à s’enchainer symboliquement. Il faut être nombreux sur place, dès cette nuit ! Prévenez vos ami-e-s sur Albi.



Demain à Gaillac : blocage du Lycée Victor Hugo, coups de main bienvenus (bouffe, eau, instruments de musique).

Nous vivons des jours charnières, soyons tous mobilisés !


Infos de la semaine du 15 au 21 septembre


Lundi 15 septembre
NUIT DU 12 AU 13 SEPTEMBRE 2014 : TEMOIGNAGE SUR UNE CHASSE A L’HOMME SUBIE PAR DES ZADISTES

Vers 22h30 des militants anti-barrage reçoivent un appel à l’aide, provenant d’un campement sur la zone à défendre du TESTET. Ceux-ci seraient attaqués par des pros-barrage, ils décident donc de partir les soutenir. Un camion les prennent et ils partent en direction de la maison de la forêt de SIVENS. Arrivés prés de la zone, ils tombent sur une cinquantaine de pro barrage qui se mettent à charger, obligeant le camion à faire une longue marche arrière, qui finira dans un fossé. Le camion est alors pris d’assaut à coup de barre de fer , de pierre et de cocktail Molotov, obligeant les camarades à sortir précipitamment du véhicule. Ils essaient de se défendre tant bien que mal, mais acculés par le nombre de pros-barrage qui augmentent, ils reculent en passant par une maison qui leur refuse l’aide demandée. Ils partent donc en direction des bois sous les tirs d’arme de chasse. Les pros-barrage organisent alors des rondes, équipés de quad, de camions avec projecteur, et de chiens de chasse.

Pendant la poursuite un camarade se retrouve isolé. Il part se cacher dans le bois opposé à celui de ses amis. Il reste plus d’une heure caché dedans, sous la pression de la chasse à l’homme qui vient de se lancer.
Il finit par se faire débusquer par des hommes avec des lampes. Ceux-ci le tabassent, vident une bombe lacrymogène entière sur lui, et finissent par le menotter et lui pointer un flash-ball dessus. C’est seulement là qu’il comprend qu’il s’est fait interpeler par le PSIG (peloton de sécurité et d’intervention de la gendarmerie). Il est
ensuite emmené sur la route, sous les insultes des gendarmes, en direction des fourgons de la gendarmerie. Le groupe avec l’interpellé croisent des pros-barrage armés de fusils, ratissant les champs, en communication avec les gendarmes qui laissent ces derniers agir sans problème. Arriver au camion qui doit emmener le camarade interpellé,
celui-ci reçoit, alors qu’il est menotté, un coup de matraque derrière la tête, puis est clairement exhibé devant les pros-barrage qui lui profèrent des menaces. Il passera 17h en garde à vue, accusé de violence en réunion, avec usage ou menace d’une arme. C’est l’agresser qui devient l’agresseur…

Pour les camarades restés ensemble, une longue nuit les attend dans le bois, sous la pression de la chasse à l’homme qu’ils subissent. Au petit matin, ils ressortent du bois et échappant à la traque, ils partent se mettre en sécurité.

Après avoir vue la haine de cette masse de gens déchaînée et rendu fou, au point de tirer à l’arme de chasse et traqué pendant une nuit entière avec des moyens démesurés, le tout avec la complicité des forces de l’ordre, toutes les personnes ayant subis cet évènement partagent le même sentiment d’avoir échapper à une mort probable.

CONTRE LE FASCISME, ON LACHE RIEN !!!

Bilan de la journée

Arrivée massive des GMs sur le site de bon matin côté D999 (comme d’hab’). Les nombreuses personnes sur place sont refoulées vers Gazad sous un épais nuage de lacrymos.

Vers 9h, les flics chargent à Gazad, tirs de flashball, etc… 4 personnes blessées dont deux passées à tabac par les flics, qui les ont ensuite évacuées, la tête ensanglantée. 1 autre personne blessée a été évacuée par les zadistes. Les pompiers refusent tout d’abord de venir prendre en charge les personnes blessées en venant par Barat, le chemin le plus court et doivent faire un détour, sur les ordres de la gendarmerie. Ils finissent par arriver. Puis les affrontements se calment, des personnes rapatrient leurs affaires de Gazad. Pendant ce temps, les défricheurs/déboiseurs progressent vers la Métairie en suivant le long du Tescou. Beaucoup de gens dans les arbres dont certains se font déloger. En fin d’aprèm’, les travaux se font tout proches de la Métairie désormais. Gazad n’a pas été expulsée, la situation y a été plus calme dans l’après midi.

Toute la journée, au moins 2 voitures de pro-barrages ratonnent alentours en voiture, armés de barres de fer. On sait que tout ceci s’organise depuis la Ferme du Lacas, chez les Viatge, entre autres. De nombreux témoignages d’agressions plus ou moins violentes ces derniers jours. La situation peut dégénérer à tout moment. Soyez prudents si vous êtes dans le coin.

Ailleurs : rencontre élus contre le projet vs Carcenac et ses sbires (Cabot, etc…) au CG. Toujours aucune compassion envers les grévistes de la faim ou les victimes de violences policières. Thierry aurait avoué qu’il n’était pas en mesure de boucler le budget du projet, faute de crédits européens (car le projet ne serait pas fini suffisamment tôt pour cela en 2015…si tant est qu’il se finisse NDLR) et que le projet actuel était bel et bien sur-dimensionné. Bref, à suivre…

A Gaillac, blocage lycéen à Victor Hugo. Voir des vidéos ici et là aussi

Et aussi :

- le réseau national No Pasaran nous soutient !

- un message de soutien des Faucheurs Volontaires réunis en coordination nationale à Clermont Ferrand

- un film sur TV Bruits



Mardi 16 septembre

Bilan de la journée

Albi : Expulsion en cours des occupant-e-s du Conseil Général d’Albi de bon matin Une trentaine de BACs, gendarmes, etc… toute la panoplie. La situation est restée calme. Suite à un RV à 10h devant le tribunal pour une conférence de presse, tout est resté sur place. Donc à l’heure actuelle, l’occupation albigeoise a juste été déplacée.

Sur la ZAD : les machines sont parties plus tôt que d’habitude, ayant quasiment fini leur sale boulot, pas loin de la Métairie. Il ne reste que les arbres occupés à défendre. Ils sont désormais assiégés littéralement par les GMs, qui empêchent tout ravitaillement.

Toujours de l’agitation dans des lycées (à Gaillac et celui de la Bordes basse à Castres).

Décisions de justice défavorables : ne restent plus que les recours sur le fond pour l’instant !



Mercredi 17 septembre



Testet : les lycéens se révoltent contre le massacre de la nature et la violence policière




À Gaillac, Castres, Albi, des lycéens ont bloqué leur établissement pour protester contre la destruction de la zone humide. Pendant ce temps, la justice rejetait les recours des opposants, infligeant même une amende à l’association plaignante ! Tandis que le président du Conseil général a reconnu que le projet était... surdimensionné. Et les fonds européens pourraient ne pas financer le massacre. Une farce tragique et grotesque.


« Il fallait trouver un moyen pour que la mobilisation remonte beaucoup plus haut ». Amine, lycéen de Gaillac, n’est pas très à l’aise quand on l’interroge sur ce qui se passe dans son établissement depuis le début de la semaine. Et pourtant, c’est un des témoins directs d’une nouvelle étape dans la mobilisation contre le barrage de Sivens.


Lundi matin, trois cents jeunes se rassemblent devant le lycée Victor Hugo de Gaillac. Ils montrent des pancartes et bloquent autant qu’ils le peuvent les entrées. « On a fait un blocus pour que tout le monde puisse venir », raconte Amine. Ils font rapidement face aux forces de police :« Ils étaient une trentaine et ont commencé par arracher des pancartes et nous repousser avec leurs boucliers. Certains sont tombés par terre, d’autres ont reçu des coups de matraque, alors que nous étions tous non violents. Quand même, de telles violences sur des lycéens même pas majeurs, c’est n’importe quoi ! » Et quand on l’interroge sur le projet de barrage, la réponse est limpide : « Je n’étais pas retourné là-bas depuis longtemps. Tout a changé, ils ont tout détruit, deux tiers de la forêt, et le pire c’est que les travaux continuent ! »


Dans la matinée, ces jeunes, rejoints par quelques grévistes de la faim, partent en manifestation improvisée pour aller demander des comptes à la mairie de Gaillac. Faute de coordination suffisante, ils ne seront pas reçus, mais le message est passé dans la population. Le lendemain mardi, le matin, avec un peu moins d’effectifs, le blocage partiel du lycée reprend. Valentin, en terminale S, relate cette journée : « On était mieux organisés, avec des ateliers, des actions. Nous étions devant la mairie de Gaillac quand on a été averti de l’arrivée de camions de gendarmes mobiles. Le maire nous a alors dit ’après 48 heures, ça suffit’ et les gendarmes nous ont fait comprendre qu’il valait mieux se déplacer dans le parc à côté. Mais on ne compte pas en rester là. »




- Lycée Victor Hugo -


Car dans le même temps, le même jour, suivant l’exemple de Gaillac, c’est au lycée Borde Basse à Castres que plus de quatre cent élèves se sont à leur tour mobilisés et ont bloqué l’accès à leur lieu d’enseignement, simplement pour « faire notre part des choses ».


Si à Gaillac, on tente de temporiser, le blocage sera probablement reconduit ce mercredi matin à Castres, tandis que dans la foulée le lycée Bellevue d’Albi se prépare à agir. Et les soutiens affluent, du collectif Testet, des grévistes de la faim, des zadistes, qui viennent raconter l’histoire du mouvement qui ne cesse de s’amplifier malgré les assauts policiers et le passage en force permanent depuis maintenant trois semaines.


Une justice « incompétente » pour stopper la folie destructrice


Car l’entrée en scène des lycéens intervient au moment où toutes les autres issues semblent bouchées. Le déboisement est désormais achevé, la zone humide du Testet n’existe plus, ensevelie sous les broyats d’arbres tronçonnés ou réduits en copeaux par les machines. Alors que 800 personnes étaient réunies sur le site dimanche, replantant symboliquement quelques arbres, les forces de l’ordre et les machines déboulèrent dès la fin du rassemblement pour terminer dans l’urgence et de nuit le travail de destruction : lorsqu’on n’a plus d’argument, on utilise la force brutale.

Mais c’est maintenant la justice qui fait parler d’elle. Ce mardi, deux jugements étaient rendus, l’un sur le défrichement et l’autre sur la dérogation à la destruction des espèces protégées.

Comme pressenti, le juge administratif a débouté la demande concernant les espèces protégées, sans apporter de justification, comme cela s’était déjà produit lorsque le même juge avait été saisi en février dernier.

C’est la décision d’Albi qui a le plus surpris : la juge des référés s’est déclarée incompétente pour juger du dossier (saisi en droit privé), renvoyant la question devant un tribunal administratif (droit public). Mais surtout, elle a assorti sa décision d’une sanction de 4.000 euros à l’encontre des associations environnementales pour plainte abusive, somme reversée à l’avocat de la CACG pour financer les frais de procédure !


Les financements du projet prennent l’eau


Alors qu’aucun dialogue n’était possible et que la police poursuivait ses opérations de répression policière quotidiennes, Thierry Carcenac, président du Conseil général du Tarn, s’est livré ce lundi à quelques déclarations surprenantes. La semaine dernière, soixante élus de Midi-Pyrénées, parmi lesquels José Bové et Jean-Luc Mélenchon, demandaient la cessation immédiate des travaux et l’ouverture d’un moratoire. Lundi matin, à 7 heures 30, une délégation de ces élus était enfin reçue au Conseil général du Tarn.


Françoise Dedieu-Castries, élue au Conseil Régional chargée du développement durable (EELV) eut la surprise d’entendre pour la première fois « reconnaitre officiellement que le projet de barrage est surdimensionné et que le Conseil général aurait des difficultés à obtenir dans les temps les financements européens du fond FEADER ». Elle décrit ensuite M. Carcenac comme un homme « cherchant à s’en sortir par le haut dans l’affaire en associant les élus pour réévaluer le projet avec eux et que celui-ci se fasse quand même ». Mais sur la question des violences policières « aucune avancée, aucune humanité ».


L’aveu de M. Carcenac suscite la colère chez les opposants, outrés par la lenteur à admettre la réalité dénoncée depuis si longtemps.

L’aveu du président (PS) du Conseil général a également fait réagir les élus du Conseil Régional qui dans un communiqué dénoncent « la fuite en avant de Thierry Carcenac »








Comme Reporterre le relevait dès octobre 2013, l’obtention des fonds européens FEADER (fonds européens destinés au développement rural) était déjà fortement soumise à caution, notamment en raison du calendrier serré exigé. Avec le report du défrichement de mars dernier à cet automne, les délais sont certainement devenus intenables. Au final, deux millions d’euros sont en jeu.


Après l’Union Européenne, c’est maintenant du côté de l’Agence de l’Eau que des questions se posent. Vendredi 12 septembre, lors d’une occupation surprise par des militants toulousains des locaux de l’Agence de l’eau Adour-Garonne, un responsable leur a indiqué que les financements de l’Agence au projet pourraient également être remis en cause si les experts envoyés par la ministre de l’Environnement, Ségolène Royal, émettaient un avis défavorable. Or, l’Agence de l’Eau représente 50% des financements du projet de barrage.


A noter qu’un des experts pressentis, Philippe Quiévremont, a été écarté de la mission d’expertise en raison de son travail très orienté en faveur des irrigants dans le rapport Martin sur l’usage de l’eau en 2013.


Le tragique rejoint l’absurde : la zone humide désormais réduite à néant, le projet pourrait ne pas avoir lieu faute de financements, en attendant que d’ici un ou deux ans la justice se prononce sur la légalité et sur le fond dans trois affaires encore en cours sur des arrêtés pris le 3 octobre 2013.


Une destruction tragique, des autorités grotesques








- La Zad : avant, après... -


Preuve du grotesque de la situation, l’équipe de joyeux lurons de Groland qui, à l’occasion du Troisième Festival du Film Grolandais (Fifigrot) qui se déroule cette semaine à Toulouse, a décidé de se délocaliser dans le Tarn, et de faire naître la « Grozad », en solidarité avec les opposants. Noël Godin (l’entarteur, qui a prévu de « rencontrer » Thierry Carcenac), Jean-Pierre Bouyxou, Raoul Vaneigem, Sergio Ghirardi, Jean-Henri Meunier, Benoît Delépine et Alessandro Di Giusseppe avec l’Eglise de la Très Sainte Consommation, seront entre autres présents ce mercredi en soutien aux grévistes de la faim, aux occupants de la ZAD et aux lycéens. Un coup de projecteur humoristique et des lycéens audacieux pourront-ils réussir là où la justice et les occupations de terrain ont jusqu’ici échoué ?

Voir la vidéo Grozad.

Grégoire Souchay - Reporterre


Le Tarn : le département le plus pourri de France ?



Dans l’affaire du barrage de Sivens, nous avons mis en évidence le conflit d’intérêt dans lequel se trouve André Cabot, maire de Valdériès au nord d’Albi (lettre du 23 février 2014 des bouilles à Thierry Carcenac, lettre du 23 juin 2014 d’un opposant à la préfète du Tarn). Nous allons résumer cette situation ici puis nous allons évoquer le conflit d’intérêt dans lequel se trouve le président même du CG 81 : Thierry Carcenac, dans une autre affaire. Enfin, nous évoquerons la question du conflit d’intérêt qui se pourrait se poser avec le maire de Mondurausse, Georges Paulin, toujours dans l’affaire du barrage de Sivens.
Définition du conflit d’intérêt

La Recommandation n° R(2000)10 du Comité des Ministres du Conseil de l’Europe aux Etats membres sur les codes de conduite pour les agents publics, adoptée par le 11 mai 2000 lors de la 106° session, indique en son article 8 que – article 13 :

"Un conflit d’intérêts naît d’une situation dans laquelle un agent public a un intérêt personnel de nature à influer ou paraître influer sur l’exercice impartial et objectif de ses fonctions officielles."


André CABOT en conflit d’intérêt sur le projet de barrage de Sivens



André Cabot est à la fois élu du CG81, administrateur de la CACG (ici), et vice-président de la commission des interventions à l’Agence de l’Eau Adour Garonne (ici).

On ne le répètera jamais assez : le projet de barrage de Sivens est caractérisé par le fait que le commanditaire – le CG81 – a fait faire les études de faisabilité d’un barrage à la CAGC, l’entreprise qui a été désignée comme maître d’ouvrage. Aucun rapport contradictoire extérieur n’est venu apporter des remarques à l’étude de la CACG. Les seules remarques contradictoires sont venues du collectif Testet, qui n’a jamais obtenu de débat public sur les questions qu’il soulevait (ici).

André Cabot, est administrateur de la CACG. Cette entreprise gagne de l’argent en construisant des barrages, gérant la distribution de l’eau d’irrigation, vendant du matériel d’irrigation. Plus les agriculteurs sont dépendants de systèmes d’irrigation, plus la CACG gagne de l’argent. En tant que dirigeant de cette entreprise, André Cabot touche de l’argent lorsqu’elle dégage des bénéfices.



André Cabot, qui lève la main, les yeux pétillants d’être dans cette assemblée d’ "administrateurs salariés".




Extrait du document de la CACG :

L’intégration d’un salarié au sein du conseil d’administration de l’entreprise est un élément essentiel du projet d’entreprise.

Il s’agit là d’une innovation sociale dont la CACG attend de fortes plus-values au quotidien. Le salarié administrateur est déjà intégré au groupe de pilotage de la GPEC et il sera consulté lors d’actions prospectives.

Autrement dit, on attend des "salariés-administrateurs" qu’ils apportent des "plus-values au quotidien".

André Cabot est élu du CG81. Il a été le promoteur du projet de barrage de Sivens dans cette assemblée. C’est lui qui présente le projet, lui qui propose des sommes à voter pour le projet. C’est lui qui propose de rémunérer la CACG pour faire les études d’un barrage à Sivens. C’est lui qui propose de voter la concession de maîtrise d’oeuvre à la CACG.

André Cabot est membre du conseil d’administration de l’Agence de l’eau Adour-Garonne. Cette agence reçoit des millions d’euros par an en prélevant une somme sur toutes les factures des abonnés au réseau de distribution de l’eau sur tout le bassin Adour-Garonne. Elle redistribue cet argent aux projets qui vont dans le sens de la politique globale de la croissance sans limite : croissance démographique en Midi-Pyrénées, croissance économique, etc. André Cabot y occupe la fonction de vice-président de la commission des interventions, alors qu’il n’y a plus de président à cette commission. Dans le procès verbal de délibération pour la subvention au barrage de Sivens, il est noté qu’il ne prend pas part au vote. Mais qui peut oser dire qu’il n’a pas influencé ses collègues pour qu’ils votent cette subvention, de part même sa fonction de président ?

André Cabot est donc structurellement en conflit d’intérêt dans cette histoire. Un élu ne peut pas raisonnablement à la fois être promoteur, décideur et bénéficiaire !

Demandez à la CACG d’obtenir le détail de la rémunération d’André Cabot : le numéro du secrétariat de direction de la CACG est le 05 62 51 71 02. La secrétaire refuse de répondre au téléphone et demande un écrit pour transmettre à la direction.


Thierry Carcenac en conflit d’intérêt dans l’expérimentation du WiMax

1) http://www.a-brest.net/article1746.html
Déploiement de réseaux, l’impact sur les territoires ; Réseaux d’initiative publique, l’attractivité durable des territoires

Extrait………..

Impact du Réseau départemental du Tarn

Thierry Carcenac, Député, Président du Conseil général du Tarn, Président de e-Téra

………….
2 ) http://www.midipresse.fr/quifaitquoi/5521,E-tera.html

E-téra
46 Rue Sere de Rivieres
81000 Albi
Localiser sur la carte
Tél. :
email : affaires@e-tera.com
Site http://www.e-tera.com

Effectif :
Capital :
CA : 6,1 M€
Forme juridique :Société anonyme d’économie mixte

Activité :

Opérateur de télécommunications intervenant sur le marché des opérateurs et FAI, le marché des services aux entreprises, des collectivités locales et des particuliers (zones blanches et FTTH). Née d’une initiative publique en mai 2000, e-téra inscrit son action en faveur du développement économique des territoires.

Dirigeants :
PDG : M. Thierry Carcenac
Directeur : M. Marc Gauché



3) http://locallab.wordpress.com/2007/10/27/les-experimentations-wimax-en-france/

Date: 20 décembre 2005 –
Expérimentation WiMax dans le Tarn

http://www.e-tera.com/

La station de base WiMax, déployée sur un « point haut » existant (pylône DDE) sur la commune de Gaillac et desservant les 6 sites du Pays, est reliée au réseau de télécommunications fibres optiques d’e-téra. Cette infrastructure sillonne le département du Tarn et s’interconnecte aux réseaux nationaux et internationaux de télécommunications. Cette opération conforte ainsi la démarche d’e-téra visant à utiliser de manière complémentaire les technologies existantes en faveur de la desserte toujours plus large des territoires. « Cette expérimentation s’inscrit dans la continuité de notre démarche volontariste, et progressive, en matière de déploiement et de gestion de réseaux à très haut-débit pour aller toujours plus loin dans la desserte en haut-débit de nos territoires, en direction des zones rurales », précise Thierry Carcenac, Président d’e-téra et Président du Conseil général du Tarn.


Soupçons de conflit d’intérêt pour Georges Paulin dans l’affaire du barrage

Georges Paulin est maire de Mondurausse dans le canton de Salvagnac, duquel il est élu conseiller général du Tarn. Il a cédé son entreprise de travaux forestiers à Nicolas Dubousquet, à Montans 81600, lequel en 2010 a fondé deux sociétés : AGRI 2000 pour les travaux forestiers et AGRI ENVIRONNEMENT pour les travaux de terrassement. Ces entreprises ont beaucoup d’ambition puisqu’elles ont réalisé des travaux pour VINCI (déforestation et terrassement pour la ligne LGV Tours-Bordeaux) et pour RTE (voir le site du groupe AGRI).

Le groupe AGRI participe à la déforestation de la zone humide du Testet. La rumeur dit que George Paulin aurait encore des parts dans les deux sociétés. Si c’était le cas, il serait en situation de conflit d’intérêt lui-aussi, décideur d’un côté, bénéficiaire de l’autre. D’autant que Paulin cumule avec la casquette de promoteur puisqu’il a encouragé et aidé la création de l’association Vie Eau Tescou (Article dans le paysan tarnais).



Paulin (deuxième en partant de la droite) posant avec l’AVET pour la dépêche du midi


Quoi faire de ces informations ?

Il faut exposer leurs agissements à la publicité. Pour que la honte soit le seul sentiment qui leur vienne. Il faut forcer les médias à s’emparer de ces informations pour qu’enfin, on leur donne l’importance qu’elles méritent. Il est capital dans un système décisionnel, que ceux qui décident ne soient pas ceux qui bénéficient de la décision !
Actus / Infos

17ème jour de manoeuvres militaires pour détruire la zone humide du Testet, cinquante ans de lutte contre ce projet de barrage, presqu’un an d’occupation de la vallée, 21 jours de grève la faim (depuis le 27 août) pour quelques-uns ; des souvenirs plein la tête et des solidarités qui se forgent face à ce système mafieux.









Merci Artura Bandini (arturabandini at gmail point com)


[18h00] Au "Mirador", la plateforme a été détruite par les GMs mais le gars est toujours en haut de l’arbre, toujours assiégé par les psychopathes au cerveau de poules.

Toujours huit personnes dans les arbres. Les mecs qui font le sale boulot en bas ont passé des heures à chercher des pièges dans la pinède. C’est déjà ces heures-là de gagné. Aujourd’hui, les débardeuses et la broyeuse ont fonctionné toute la journée. Quelques bûcherons à pied entendus.

Dans la pinède et aux abords de la métairie, les GMs continuent de harceler, gazer, poursuivre, manoeuvrer, on dirait qu’ils cherchent à faire une arrestation de bâtards comme ils savent faire.

Deux copains arrêtés dimanche ou lundi, sont passés en comparution immédiate, l’un a pris quatre mois de prison avec sursis + 1 mois pour refus de prise d’ADN , l’autre a été condamné à deux mois avec sursis. L’appareil répressif fonctionne plein pot.

À Gaillac, lycée Victor Hugo, grosse violence policière, mais ce soir, un campement est installé : vous pouvez aller les rejoindre, les féliciter, les aider à se protéger des promoteurs-décideurs-bénéficiaires qui rôdent cette nuit pour s’assurer des bénéfices à venir.

À Castres, on ne sait pas. Y’avait un lycée mobilisé mais on n’a pas de nouvelles. Si vous en avez, donnez-nous en !

[12h00] Au Testet, "Mirador" (l’arbre qui résiste) est véritablement assiégé par les soldats de l’empire depuis hier soir. Harcèlement pendant la nuit, projectiles le jour. Pas de ravitaillement possible, pas d’eau, pas de nourriture. Ça tient quand même !

Ce matin à Gazad, cinq camarades enfermés de force dans une caravane, les aérations bouchées, pendant que des GMs volent toutes les affaires autour. Plusieurs appels au Préfet, M. Gentilhomme, pour que les copain-e-s soient libéré-e-s. Gazad n’est plus qu’un désert, comme le reste.

À Gaillac, au lycée Vitor Hugo, la journée a commencé donc par une nouvelle grève et nouvelle occupation, mais répression policière violente.

idem à Albi devant le CG81, Grozad a été gêné pour son théatre de rue par les violences policères.

Conditions autour du Testet : on accède à la ZAD par le nord, par Barat, parfois des barrages filtrants. Parking, camping, cuisine collective à la métairie. Pour venir, attention aux milices, plus spécialement entre la maison de la forêt et Barat, au niveau de l’élevage de faisan. Si vous voyez des individus mâles avec des barres de fer qui s’en prennent aux voitures et aux conducteurs, en toute impunité vis-à-vis de la gendarmerie, informez l’INFOZAD : 0648 640 422. De même, avant de venir, vous pouvez passer un coup de fil pour connaître la situation.

Nouvelle liste des besoins : mousquetons, descente en huit, oreillette kit mains-libres pour téléphone portable, vêtements et capes de pluie (elle arrive !), bâches, chaussures étanches et/ou solides. Mille mercis.


Aujourd’hui, c’est GROZAD :



Noël GODIN, Raoul VANEIGEM et J.-H. MEUNIER



8h45-9h30 Rassemblement devant le Conseil général à ALBI (choix définitif de l’Assemblée générale des opposants à Albi ce soir, même si ce n’est plus le lieu d’occupation sur Albi depuis l’expulsion de ce mardi matin).



10h15-11h15 à la ZAD du TESTET (entrée Barat, croisement D132-D32, à 10 km de Gaillac)



11h30-12h avec les lycéens en grève à GAILLAC (lycée Victor Hugo)



Jeudi 18 septembre

Sergio GHIRARDI, Alessandro DI GIUSEPPE et l’Eglise de la Très Sainte Consommation



10h-11h30 à la ZAD du TESTET (bénédiction des tronçonneuses et des flash-ball !)



12h-13h30 Rassemblement devant le Conseil général à ALBI (choix définitif de l’Assemblée générale des opposants à Albi ce soir, même si ce n’est plus le lieu d’occupation sur Albi depuis l’expulsion de ce mardi matin). Alessandro et l’ETSC feront une messe de soutien à Thierry Carcenac !



14h-14h30 avec les lycéens en grève à GAILLAC (lycée Victor Hugo)

Des surprises se préparent…



Rassemblement à partir de 10h

sur la place Pegot à St Gaudens (rond point à l’entrée de St Gaudens, devant la chambre de l’agriculture et le conseil Général, cette place est aussi nommée place de la Liberté)

Pour soutenir la résistance qui se bat dans la forêt de Sivens contre les déboiseuses infernales de SEBSO.

La CACG (porteur de ce projet de barrage délirant) est basée à Tarbes

La SEBSO (exécuteur de la déforestation) est basée à St Gaudens

Notre parole doit se faire entendre dans le Comminges.

Venez nombreux avec des pancartes et de quoi faire du bruit.

Pour lutter contre le barrage de Sivens et le projet de société qu’il nous impose
Actus / Infos

7h15 : on nous prévient de l’expulsion toute proche des lycéens bloquant le lycée Victor Hugo à Gaillac, prévue à 7h30…allez les soutenir et prévenir toute violence policière en vous rendant sur place !

8h00 : Le site http://www.forum-zones-humides.org/ (du Syndicat mixte du Forum des Marais Atlantiques) a été légèrement modifié :  (entête du site ci-dessous + vidéos-texte des Anonymous)









9h00 : Au sujet de Mirador : hier le ravitaillement a réussi : les copain-es étaient suffisamment nombreux-ses, 4 camions de GM ont finalement déguerpi, non sans avoir balancé beaucoup de grenades en tous genres. Ce matin, Mirador fait donc face aux forces du désordre ravitaillé. Les GMs sont à Gazad et on s’attend à ce qu’ils viennent à la Métairie. Besoin de soutien, d’auto-médias !

13h00 : Gazad et Mirador encerclés, les machines bossent à "valoriser" le bois coupé. Ce matin, GMs emmerdés par les copains ont fait péter la tonne de gaz dans le désert mais le vent souffle et ils ont tout ramassé sur la gueule.

18h00 : Fin de journée plus calme…Encore 1 ou 2 jours de boulot sur place pour les forestiers, d’après nos estimations.

Info : On a localisé la ferme aux faisans avec qui les relations sont très tendues. C’est au lieu-dit Trépadis, indiqué sur la carte plan d’accès. Tout en se méfiant des agissements des milices pro-barrage, essayons de ne pas envenimer la situation avec l’éleveur. On n’a pas besoin de ça !

Accès à la ZAD : on a fait une nouvelle carte. Pour celles et ceux qui savent où se situe la ferme de Thierry De Pierpont, à Barat, merci de signaler où c’est exactement (c’est l’éleveur de gibier qui prétend avoir perdu 1000 faisans et d’autres choses à cause de personnes de la ZAD et qui justifie ainsi les exactions à la barre de fer sur les voitures qui ne lui reviennent pas)

Plan d’accès



La zone humide du Testet est rattachée à la commune de L’Isle-sur-Tarn , dans le département du Tarn (81), région Midi-Pyrénées.


Le site est accessible depuis la commune de Barat, ou depuis la D999 Gaillac-Montauban ou encore depuis la maison forestière de Sivens.

Si les forces de l’ordre bloquent les routes pour accéder à la ZAD, vous pouvez vous garer sur les parkings P1, P2 ou P3 puis accéder à pied à la zone :



Marche symbolique et pacifique

Demain, vendredi 19 septembre, à 13h place du Vigan à Albi : marche symbolique et pacifique en soutien à la ZAD du Testet, pour lutter contre la construction du barrage de Sivens !





Ramenez pancartes et banderoles, venez nombreux.ses !!! Faites tourner

Vendredi 19 septembre



Barrage du Tarn, ferme des mille vaches :

de nouveaux conflits pour le développement durable

Deux conflits agitent le monde agricole autour d’enjeux décisifs pour son avenir : peut-on compenser la destruction de sites naturels ravagés par un barrage ? Comment gagner la bataille de l’eau dans l'agriculture alors que se dérègle le climat ? L’avenir des paysans est-il industriel, avec des fermes géantes vouées à l'agrobusiness ? Le gouvernement ne répond à aucune de ces questions vitales.

Deux conflits ruraux d’un nouveau type focalisent énergies militantes et attention médiatique : la défense de la zone humide du Testet contre le projet de barrage de Sivens, dans le Tarn ; l’opposition à la création d’une ferme de mille vaches dans la Somme. Ces deux territoires sont heurtés de plein fouet par les bouleversements en cours du monde agricole. Longtemps oublié des discussions institutionnelles sur le développement durable et la croissance verte, l’avenir de l’agriculture française se retrouve au cœur de deux importantes batailles écologistes.









Blog d'opposants : "Tant qu'il y aura des bouilles".




Depuis des mois, les opposants au projet de barrage de Sivens dans le Tarn dénoncent la destruction annoncée de la zone humide du Testet sur 12 hectares, havre de 82 espèces animales protégées et se situant en partie sur une zone naturelle d’intérêt écologique (ZNIEFF). Jusqu’ici, le conseil général et le la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne (CACG), le maître d’ouvrage, poursuivent leur projet de barrage-réservoir de 1,5 million de mètres cubes d'eau, estimé à près de 8 millions d’euros.




Une dizaine d’hectares d’arbres ont déjà été défrichés par les donneurs d’ordre. La justice vient de rejeter deux recours déposés par France nature environnement (FNE). La mobilisation militante a grandi depuis la création en 2011 du collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet. La forêt de Sivens, aujourd’hui en partie déboisée, est occupée depuis des mois par des activistes, certains perchés dans les arbres pour empêcher qu’ils ne soient abattus. D’autres s'enterrent jusqu’au cou dans le sol, d’autres encore sont en grève de la faim. Des occupations (des fermes, un lycée à Gaillac, devant le conseil général à Albi…) s'organisent. Même le Groland s’est invité au Testet et y a créé « GroZAD ».




Dans le sillage de la lutte contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, ils ont déclaré le Testet en « ZAD », une « zone à défendre » contre les engins de chantier et les aménageurs. Depuis le début du mois, les affrontements ont été rudes. Comme dans le bocage nantais, les forces de l’ordre n’ont pas lésiné sur l’usage de bombes lacrymogènes. « Maïs, armée et globalisation », a dénoncé l’économiste et militante d’Attac Geneviève Azam dans une tribune.




Pour le conseil général du Tarn, la retenue de Sivens est rendue indispensable par « l’état critique chronique de la rivière du Tescou, en terme d’étiage et par les besoins d’une activité agricole raisonnée ». L’exécutif départemental dénonce les « quasi commandos » des opposants, essentiellement composés de non-riverains, critères apparemment d’illégitimité politique. Ségolène Royal a nommé une mission d’expertise et annonce vouloir « concilier la sécurisation d'une activité agricole raisonnée et la préservation de la ressource aquatique et des milieux naturels ».




Contre le projet de barrage, ses détracteurs mettent en avant son coût (8,4 millions d'euros), l'ancienneté de ce projet (près de 35 ans), les failles de l’enquête publique et la non-prise en compte de plusieurs expertises, scientifiques et des services de l’État chargés de l’eau, le mépris pour la faune et la flore condamnées par la submersion, l’ignorance de la valeur des zones humides. À cela s'ajoute un conflit d’intérêts latent : les études préliminaires ont été réalisées en 2001 par la société CACG, qui est devenue aujourd’hui maître d’ouvrage. Face à ces critiques, la puissance publique se retranche derrière le respect des procédures réglementaires, comme à Notre-Dame-des-Landes.
L’illusion de la compensation






Tantqu'ilyauradesbouilles.wordpress.com




Un autre enjeu majeur de ce conflit est jusqu’ici plutôt passé inaperçu : la mise en cause des méthodes de compensation de la destruction annoncée de la zone humide, composée d’aulnes, de saules, de frênes et de prairies permanentes naturelles. Pour le conseil général et la préfecture, la destruction de la zone humide du Testet serait compensée par la réhabilitation de zones humides ailleurs, réparties en neuf parcelles discontinues : 20 hectares doivent être recréés en amont de la retenue.

Ces mesures compensatoires présentent « un caractère hypothétique, voire inadéquat », notamment sur la restauration des caractéristiques des parcelles destinées à disparaître sous les eaux, signale le Conseil scientifique régional du patrimoine naturel (CSRPN) en décembre 2012. Il constate « une analyse bénéfices-risques défavorable pour le patrimoine naturel, notamment du fait de l’altération prévisible du bon état écologique actuel du Tescou (la rivière qui doit être équipée du fameux barrage, ndlr) » et de l’ennoiement « impossible à compenser d’une partie notable de la seule zone humide majeure de la vallée ».

« Il est rarement possible de compenser à l’identique, et plus généralement, de penser l’équivalence entre des destructions de surfaces naturelles et la recréation d’espaces naturalisés », analysent les auteurs du livre Économie et biodiversité (voir l'onglet Prolonger), pour qui« le principe de la compensation écologique repose sur l’illusion que l’ingénierie écologique et la toute-puissance de la technologie sont capables de restaurer la nature de façon équivalente. C’est pourtant loin d’être toujours le cas ».
La bataille de l’eau et du climat

Le rapport sur « Le climat de la France au XXIe siècle », sous la direction du climatologue Jean Jouzel, prévoit une augmentation des épisodes de sécheresse dans une large partie du sud du pays d’ici la fin du siècle. Le monde agricole y sera vulnérable, et en particulier en Midi-Pyrénées. Apprendre à s’adapter au manque structurel d’eau, de façon récurrente, va devenir un enjeu vital pour les paysans du Tarn.

Et pourtant, avec le barrage de Sivens, les pouvoirs publics poursuivent une politique d’équipement envisagée sous l’angle d'un approvisionnement toujours croissant, et non d’investissement pour réduire les besoins. Comme si à leurs yeux le dérèglement climatique n’existait toujours pas. C’est l’autre bataille cachée du barrage de Sivens. « L’enjeu majeur de ce projet est de renforcer l’irrigation des terres agricoles (maïs et oléo-protéagineux, voire abreuvage de bétail), analyse le Conseil national de la protection de la nature (CNPN) en avril 2013, l’enjeu d’intérêt public majeur est évoqué sous l’angle des besoins en eau, mais aucune mesure d’économie de l’usage de l’eau n’est indiquée dans le dossier pour y parvenir. » En conséquence, il a accordé un avis défavorable au projet.






La zone humide, après déboisement (DR).


Il faut fouiller dans les documents de l’enquête publique pour cerner l’ampleur du problème : près de 68 % du volume total du futur barrage doit servir à l’irrigation. Les exploitations concernées ne sont pas forcément gigantesques, la surface agricole utile ne dépasse pas 60 hectares en moyenne, précise le conseil général. Mais sans stratégie concrète d’adaptation au changement climatique, elles risquent de pomper de plus en plus d’eau pour se maintenir. Les calculs de débit et les besoins en eau n’ont pas été actualisés depuis 2009, déplore le CNPN.

Dans ces conditions, c’est tout le projet du barrage de Sivens qui entre en contradiction avec les objectifs de transition énergétique et écologique affichés par le gouvernement, à quelques jours de l’examen à l’Assemblée nationale du projet de loi de Ségolène Royal. Pourtant, ministres de l’écologie et de l’agriculture se font discrets sur le sujet.
Le spectre de l’industrialisation de l’agriculture

C’est un autre conflit qui se déroule sur les terres picardes de la ferme des mille vaches : comment éviter que la transition énergétique ne serve l’agrobusiness au détriment des petits paysans, et n’accélère l’industrialisation du monde agricole ? L’exploitation agricole que le groupe de BTP Ramery développe aujourd’hui dans la Somme pourrait à terme abriter mille têtes de bétail, d’où le surnom d’« usine » des mille vaches dont l’association locale d’opposants Novissen affuble le projet.

En réalité, la préfecture a pour l’instant plafonné l’activité de l’exploitation à 500 vaches (même si son permis de construire permet d’en élever le double). Cette mégaferme doit comporter une unité de méthanisation, pour valoriser le lisier des bêtes en électricité. D’abord prévu pour atteindre 1,3 mégawatt (MW), ce qui en aurait fait le plus gros méthaniseur jamais construit en France, il vient d’être limité à 0,6 MW. Selon ce système, le gaz issu de la fermentation est récupéré pour produire de l'électricité. Les résidus de ce processus de fabrication (le « digestat ») peuvent à leur tour être utilisés comme engrais pour fertiliser les champs.


Vue générale du projet de "ferme des mille vaches" (Novissen).



Cette énergie produite à partir de biogaz est considérée comme renouvelable. Elle bénéficie du soutien de l’État : en mars dernier, le gouvernement a annoncé une hausse des tarifs d'achat de l'électricité, adossée à une modification des primes afin d'encourager ce procédé. La France compte aujourd’hui une centaine d'unités de méthanisation de ce type.

Des fermes vont-elles voir le jour dans le seul but de produire de l’énergie ? C’est ce que craint la Confédération paysanne : la transformation de l’élevage en « sous-produit » de la méthanisation, et la capture de terres nourricières par des cultures à vocation énergétique, comme cela s’est produit pour les agrocarburants. Autre effet pervers pointé : grâce à la vente d’électricité, un producteur de lait pourrait réduire ses marges et commercialiser son lait moins cher, alourdissant ainsi la pression sur les petits éleveurs.

Comme pour la zone humide du Testet, la mobilisation militante a crû depuis un an, à Drucat, près d’Abbeville, portée par la Confédération paysanne. Cette semaine, des militants ont bloqué le site, après avoir découvert que 150 vaches y étaient acheminées dans le plus grand secret et sous escorte policière. Le ministre de l'agriculture, Stéphane Le Foll, a déclaré sur RTL qu'il n'avait « pas soutenu » le projet, selon lui« contraire » à la vision portée par la loi d'avenir de l'agriculture adoptée récemment. Sans rien enclencher pour autant pour l’empêcher, car il « respecte les règles ». En mai, cinq militants du syndicat paysan ont été placés en garde à vue pour dégradation, vol et recel aggravé. Le conseiller agriculture de François Hollande, Philippe Vinçon, a été retenu plusieurs heures. Neuf militants de la Confédération paysanne passent en procès pour ces faits le 28 octobre.

Un troisième conflit, moins médiatique, génère lui aussi une mobilisation notable : le groupe Auchan veut développer un énorme complexe de loisirs, commerces, tourisme sur 80 hectares dans le Val-d’Oise, dans le triangle de Gonesse, près de l’aéroport de Roissy. Clou du projet Europa City : une piste de ski. Il doit s’étendre sur des terres agricoles. Ses opposants organisent ce week-end, les 20 et 21 septembre, un rassemblement pour célébrer les alternatives au gigantisme de cette industrie du loisir et de la consommation : Alternatiba, « le village des alternatives ».

Barrage de Sivens, ferme des mille vaches, Europa City : ces trois conflits sont symptomatiques des tensions et contradictions qui traversent le monde agricole. Comment le gouvernement compte-t-il y répondre, en défendant quel modèle d’activité dans les campagnes ? C’est le grand brouillard.

Jade Lindgaard - Médiapart
Bilan de la journée et programme du week-end

Journée sans lacrymos sur la ZAD ! Sans doute une rupture de stock, faut dire que cela part vite. Journée calme donc. Mirador toujours debout et repos pour tout le monde. Soirée pizzas au four à bois et musique. Quelques centaines de manifestants à Albi… pour une marche pas si silencieuse que cela !


Pour ce week-end :

Samedi 10h : réunion de préparation d’une assemblée publique d’apaisement entre "zadistes" et fermiers locaux, pour faire retomber la violence actuelle (Rv à la Métairie).

Samedi 15h : réunion de préparation de l’appel à une manifestation d’ampleur nationale, le 25 octobre (RV Métairie).

Dimanche midi : Pic-nic familial + installation de croix et de linceuls (draps blancs) sur la zone en hommage aux arbres abattus et en résonance avec les journées du Patrimoine.

Dimanche 15h : réunion de préparation de l’appel à une manifestation d’ampleur nationale, le 25 octobre (RV Métairie) et organisation d’ateliers sur place la semaine suivante.
Groland annexe la zone humide
Lisle-sur-Tarn (81) - Barrage de Sivens




L'église de la très sainte consommation au secours de la zone humide du Testet./Photo DDM, Jean-Marie Lamboley.




Attention, toute ressemblance avec des personnages existants ne saurait être que fortuite. Au pays de Groland, la caricature est reine. L'émission de Canal + est de passage dans le Tarn dans le cadre de la troisième édition du film international grolandais à Toulouse. Une manifestation que l'on doit à l'association «À côté» et un noyau de grolandais toulousain au sein desquels le dessinateur Jiho.

À Groland, on a décidé d'annexer la zone humide du Testet, rebaptisée Grozad et de soutenir les opposants au barrage de Sivens. Sur le mode humour poil à gratter.




Hier, l'église de la Très sainte consommation a décidé de venir rencontrer les anti-barrage. Son représentant en soutane Alessandro Di Giuseppe accompagné d'Héléna Dufric a commencé par tenter de bénir les tronçonneuses sur le site de Sivens. «On a surtout vu un beau festival pyrotechnique». Ensuite direction le conseil général du Tarn ou devant une quarantaine d'anti-barrage et une quinzaine de policiers, le curé a prêché la bonne parole : «Travaille, obéis, consomme ! Au nom du pèze, du fric et du saint crédit ! Amen ton pèze !». Le pape des actionnaires a tenu à défendre son ami Thierry Carcéral absent de l'hôtel du département et ce magnifique projet de barrage que l'on ne peut que défendre si l'on aime le pop-corn. Deux prières plus tard, l'église de la Très sainte Consommation évitait la cathédrale et se rendait directement au lycée Victor-Hugo à Gaillac. Des lycéens manifestent depuis le début de la semaine leur opposition au barrage. Ils ont eu droit à un bon sermon avant de regagner le droit chemin et la salle de classe.

Cette opposition au projet de barrage est totalement inoffensive sur le plan physique. Moins sur le plan mental. La preuve ? Un policier n'a pu s'empêcher de sourire et d'immortaliser la prière sur son téléphone.

La Dépêche du Midi
1 000 paysans en colère à Albi
Albi (81) - Zones vulnérables


Tandis que les manifestants déversaient du fumier devant la préfecture et sur les Lices à Albi, un «curé» en soutane célébrait «l'enterrement de l'agriculture tarnaise»




Avec selon les chiffres syndicaux 1 000 agriculteurs et 200 tracteurs réunis hier soir à Albi, FDSEA et JA ont réussi la mobilisation contre les zones vulnérables.

«M.le préfet, 1 000 paysans sont là devant votre préfecture. M. le préfet écoutez-les. Prenez vos responsabilités.» L'homme au micro, en soutane de curé, est là pour célébrer «l'enterrement de l'agriculture tarnaise», auquel on risque d'assister selon lui si la nouvelle carte des zones vulnérables est appliquée. Et pour bien le marquer, l'orateur demande aux manifestants de se coucher. Image très forte que cette foule paysanne, jeunes ou vieux, hommes ou femmes, tous allongés à même les lices albigeoises, faisant les morts. Plus impressionnante encore que les remorques de fumier déversées sur le perron du préfet. «C'est dommage de devoir en arriver à devoir salir une belle ville comme Albi. Mais comment se faire entendre ?», se désole Alain Assié, maire de Teillet, une des 220 communes tarnaises désormais concernées, dans les monts d'Alban, où comme dans toute la montagne tarnaise les éleveurs s'alarment des nouvelles contraintes «impossibles» imposées par la nouvelle réglementation censée éviter la pollution des eaux aux nitrates. «La mise aux normes représente au minimum 40 000 € par exploitation et 1 000 € par vache», calcule Philippe Jougla, d'Anglès, président de la FDSEA. «On nous impose une durée de stockage du fumier aberrante de six mois au moins et de devoir le couvrir», abonde Roland Le Grand, président des Jeunes agriculteurs (JA) du Tarn.
«Du jamais vu»



Les céréaliers ne seront pas mieux lotis, avec l'interdiction d'épandre de la fumure dans les pentes. «À Belcastel, on n'a que ça, des coteaux. L'ex-préfète est venue voir, elle a dit c'est joli chez vous, mais elle ne nous a pas donné de dérogation comme elle en avait la possibilité», s'insurge un exploitant du Vaurais, venu avec cinq autres en covoiturage «car nous aussi on pense développement durable». D'autres sont venus en tracteur. «Deux cents tracteurs ont envahi les lices. Du jamais vu à Albi», annonce Philippe Jougla, pour «1 000 agriculteurs rassemblés, avec leurs élus en tête, c'est une mobilisation exceptionnelle». À 22 heures, les Lices n'étaient plus qu'une montagne de fumier bloquant la circulation.

Alain-Marc Delbouy - La Dépêche du Midi




On attend le communiqué de Carcenac condamnant ce saccage au fumier du centre d’Albi.
Stopper les 1000 vaches, Sivens, NDDL,
EuropaCity pour laisser place
aux alternatives citoyennes







L’actualité est frappante. Les protestations contre une série de projets inutiles et imposés, et le déploiement du processus Alternatiba, invitent à imaginer et construire le monde de demain, tandis que quelques-uns, dont le gouvernement, essaient de faire perdurer à tout prix le siècle passé.




Dans le Tarn, un Conseil général socialiste fait détruire une zone humide – le Testet – dans le but de construire un barrage visant à alimenter en eau (sans production électrique) quelques agriculteurs désireux d’étendre la production insoutenable de maïs dans la région.




Dans la Somme, les promoteurs de la ferme-usine des 1000 vaches ont installé ce week-end, sous la protection des gendarmes et de manière illégale, les premières vaches qui ont vocation à être réduites à des productrices de méthane.




A Notre-Dame des Landes, le gouvernement se refuse d’annoncer officiellement la fin du projet, laissant doutes et interrogations planer et limiter le déploiement des projets alternatifs actuels et à venir.




A Gonesse, quelques hommes d’affaire et investisseurs frappadingues, et soutenus par de nombreux élus locaux, veulent construire (et climatiser) des pistes de ski aux portes de Paris en lieu et place d’une rare zone toujours agricole.




La liste de ces grands projets inutiles et imposés (voir cette carte), pourrait s’étendre longuement, surtout si l’on y rajoute tous « les petits projets de merde » qui, partout sur le territoire, remplacent des milieux naturels et des terrains agricoles par des routes, des habitations et des zones d’activités, au rythme insoutenable de 165 ha par jour. De Notre-Dame des Landes à Sivens en passant par les 1000 vaches, des femmes et des hommes ont décidé de protester contre ces projets symboles d’un monde qui se meurt et qui nous conduit dans l’impasse.




Une impasse productiviste qui détruit les populations et l’environnement. Une impasse du toujours plus vite et toujours plus grand qui appauvrit notre rapport au monde et aux autres. Une impasse climatique qui hypothèque notre avenir et celui de la planète. Enfin, une impasse démocratique où les décisions qui comptent sont prises sans celles et ceux qu’elles concernent.

Qui dit qu’il n’y a pas d’alternative ?




Du côté des promoteurs de ces grands ou petits projets, toujours la même rengaine du progrès, du développement et de la modernité pour justifier l’injustifiable




Il est pourtant exceptionnel que ces projets résistent à une analyse critique des arguments qui sont supposés en justifier la construction.

Ainsi, l’aéroport de NDDL est surdimensionné pour Nantes et sa région, au détriment de zones agricoles nécessaires à leur alimentation et de zones humides dont la perte ne pourra être compensée.

Autre exemple, la ferme des 1000 vaches détruit des emplois, pollue les sols et poursuit un modèle agricole insoutenable au moment où de plus en plus de monde, y compris au ministère de l’agriculture, voudrait promouvoir des pratiques « agro-écologiques » (dont il faudrait bien-entendu préciser les contours).




« Mais ces opposants systématiques ne font que s’opposer et n’ont rien à proposer si ce n’est revenir à la bougie » maugréent promoteurs et zélateurs mal informés de ces projets inutiles.

Que nenni ! Pas de chance, cible manquée !

Pour donner à voir, pour renforcer, pour dynamiser et pour déployer les milliers d’alternatives concrètes qui s’inventent sans bruit – et souvent sans bulldozers – dans les territoires, ces mêmes opposants, et quelques autres, ont lancé le processus « Créons 10, 100, 1000 Alternatiba » à l’issue d’une première initiative des plus réussies à Bayonne le 6 Octobre 2013. Un processus qui essaime partout, y compris à Gonesse, à l’endroit-même où Auchan veut construire des pistes de ski et un gigantesque complexe touristico-commercial.




Alternatiba Gonesse, c’est ce WE des 20 et 21 septembre. Et c’est à ne pas manquer pour se rendre compte que la transition se construit sur les territoires, avec et par les populations, comme une alternative sérieuse et fondée à l’inaction politique et aux mal-actions d’un secteur privé inconséquent.




Passer à l’action, oui ! Mais pas à n’importe quelle action !




Passer à l’action, comme l’annonce le secrétaire Général des Nations-Unies Ban Ki-moon qui organise un (nouveau ! ) sommet mondial sur le climat le 23 septembre, oui bien sûr !




Mais pas n’importe quelle action ! Et pas à n’importe quelle condition ! Promouvoir des fausses solutions comme c’est envisagé par Ban Ki-moon, c’est non ! Nous n’avons point besoin de livrer l’agriculture et les forêts des pays du Sud à la finance carbone pour maximiser le stockage du carbone et améliorer les rendements. Pas plus que nous n’avons besoin de mega-projets énergétiques, y compris renouvelables, aux quatre coins de l’Afrique. Ni de donner toujours plus de pouvoirs à des multinationales et des acteurs financiers qui ont généré les désastres que nous connaissons. Encore moins des projets techno-scientifiques élaborés par quelques apprentis-sorciers du climat qui sont prêts à tester tout et n’importe quoi sous prétexte de lutte contre les dérèglements climatiques.

Non !

Nous avons besoin de la mobilisation des énergies citoyennes pour reprendre le contrôle sur nos vies, sur nos économies, sur nos sociétés, et entamer un profond changement de système. Comme l’exprime la déclaration rendue publique ce mardi 16 septembre et signée par 330 organisations, nous avons besoin d’un « système qui vise l’harmonie entre les humains et la nature, et non maintenir un modèle de croissance sans fin », « un nouveau système qui réponde aux besoins de la majorité et non de quelques-uns ». Les pistes alternatives existent et fleurissent partout où des gens se mobilisent et utilisent leurs marges de manœuvre pour inventer des modes de vie, des pratiques et des biens et services soutenables qui satisfont les besoins et construisent la résilience des populations face aux dérèglements climatiques. Bref, qui construisent la transition énergétique et sociale dont nous avons besoin.

Que le gouvernement choisisse donc son camp, si ce n’est pas déjà fait.

Nous avons choisi le nôtre.

Tant qu’il ne sera pas prêt à mettre en œuvre les propositions que nous portons, nous ne l’appellerons pas à « passer à l’action » : nous combattrons ses projets et les projets qu’il soutient, pour inventer un autre futur, pour inventer notre futur.

Maxime Combes, membre d’Attac France et de l’Aitec, engagé dans le projet Echo des Alternatives (www.alter-echos.org)

Les moutons enragés


Infos de la semaine du 22 au 28 septembre



Lundi 22 septembre




On a modifié le plan d’accès. Une réunion entre quelques-un-e-s du collectif d’occupation et des éleveurs du coin a eu lieu, dans un sens allant vers l’apaisement : on ne touche pas aux animaux d’élevage et ils arrêtent d’agresser en bandes organisées les anti-barrage sur les routes. On circule donc sur les routes normalement, que l’on soit pour ou contre le barrage.

9h00 : Toujours aucun flic sur la zone.

13h00 : Aucun flic, aucune machine au Testet. Bâtisseurs, bâtisseuses…




Mercredi 24 septembre




Encore une journée calme. Cela construit de partout (cabanes, plates-formes,…) avec les gens de passage. Spectacle pour enfant et jeu de plein-air. On prépare activement le 25/10 (réservez la date, des infos tout bientôt).




Samedi 27 septembre




"Plusieurs sources nous ont donné des informations confirmant que des travaux seront lancés à partir de lundi, peut-être même une tentative d’expulsion de la ZAD (bien que certaines parcelles occupées ne soient pas expulsables).

Il est donc probable que le décapage commence dès lundi. En l’état, l’humus, les graines et les racines pourraient permettre à la Nature de reprendre ses droits. Le décapage (de 0,5 m à 3m de profondeur) entrainerait la disparition irréversible de la zone humide et de ce morceau de la forêt de Sivens.

Pour organiser une stratégie en conséquence, nous vous invitons à venir sur le lieu habituel du pique-nique (à côté de la Métairie Neuve, accès à la RD 132 par Barat ) demain dimanche 28 à 15h. C’est le même RV que pour les commissions qui prépareront le rassemblement du 25 octobre."








Infos du 29 au 30 septembre




Lundi 29 septembre




Expulsion au Testet

Des engins de chantier accompagnés de gendarmes mobiles approchaient Sivens ce matin à 7h45. Leur objectif est probablement le "décapage" (enlever la couche superficielle de la terre - entre 0,50 et 3 mètres d’épaisseur) avec une semaine d’avance. Des personnes sont sur place et appellent à ce que plus de monde vienne les rejoindre pour résister à une probable tentative d’expulsion.




Une expulsion au Testet est en cours.




On a reçu ce message : "Les gendarmes mobiles sont arrivés en nombre et sont passés en force en brisant les fenêtres des voitures qui barraient le passage. La violence est extrême, toutes les affaires trouvées sont brûlées. Le campement est en feu... A l’aide !" (source : Zadnadir.org)
Bilan de la journée

Encore une grosse journée de violences policières sur la ZAD.




En arrivant vers 7h30, les GMs ont tout d’abord déplacé les voitures qui bloquaient l’accès côté D999 en les poussant à l’aide d’un tracteur (pas mal de dégâts : vitres cassées pour sortir les gens, etc…). Les GMs nous ont alors repoussé au delà de Gazad. Puis un détachement est remonté vers la maison de la forêt en brûlant les différents obstacles sur leur passage. Mise à sac de la Maison des Druides (effets personnels brûlés). Puis, ils se sont dirigés vers la Métairie où ils ont mis une grosse pression (lacrymos, etc…).

Plus de bouffe, effets personnels détruits…Tout le monde est regroupé à la Métairie, besoin de monde. Solidarité !




UNE NOUVELLE JOURNEE DE VIOLENCE ET

D’ABUS POLICIERS









Une semaine seulement après l’arrêt des interventions quotidiennes, l’assaut policier a repris ce lundi matin sur la zone humide. Accueillis par un barrage de cinq voitures, les forces de police ont tout bonnement commencé la journée en brisant les vitres et sortant de force les personnes des lieux.




Les policiers se sont ensuite déployés sur toute la zone, prenant d’assaut tous les campements. Fidèle à ce qui devient une habitude, les brutalités physiques sont assorties de violences psychologiques, du saccage des lieux, les affaires personnelles dans les différents lieux étant piétinées et brûlées sans aucune retenue. Le campement principal a lui aussi été évacué, seules quelques personnes restaient dans des caravanes ou dans l’unique arbre encore debout sur l’espace ravagé par les machines deux semaines auparavant.




À midi, une énorme explosion se fait entendre. Il s’agit de deux bouteilles utilisées pour la cuisine dans les campements et qui ont été neutralisées par les forces de police, comme le veut la procédure classique.

Un peu plus tard dans l’après midi, c’est la ferme de la Métairie neuve qui fait l’objet des assauts policiers. « Ils nous ont tellement gazé que l’air était totalement irrespirable, c’était encore plus fort qu’il y a deux semaines », témoigne Claude, zadiste. Après cette démonstration de force, les gendarmes ont fini par se replier sans incendier cette fois les effets personnels




Au soir, hormis la Métairie Neuve réoccupée, tous les campements étaient évacués. À la fin de la journée, on recense un blessé par flashballs, évacué en urgence, une personne dans une voiture le matin ayant reçu un éclat de vitre dans l’œil et surtout des dizaines de personnes touchées par les gaz lacrymogènes utilisés à outrance.




Ben Lefetey, porte parole du collectif, synthétise : « C’est une démonstration de force qui vise à faire craquer les gens. » Mais cela n’entame pas la détermination du Collectif : « La Commission européenne est saisie et pourrait condamner dans les prochains jours la France sur le projet de Sivens pour le non-respect de la directive sur l’eau, ce qui pourrait suspendre également les financements européens FEADER à hauteur de deux millions d’euros ». Avec d’autres membres du collectif, M. Lefetey rencontrera mercredi les experts envoyés par le ministère de l’Environnement « pour que ceux-ci puissent se prononcer au plus vite ». Mais cette fois, difficile de voir ce qui pourra stopper les travaux de décapage qui devraient commencer ce mardi matin, avec une semaine d’avance sur le planning du chantier.

Grégoire Souchay - Reporterre



Mardi 30 septembre




8h00 : On nous annonce le départ des GMs de Gaillac…jusqu’où ira leur sentiment d’impunité aujourd’hui ?
EXCLUSIF - Au Testet, l’Etat piétine la loi sur l’archéologie

La France de M. Valls est-elle la Russie de Poutine ?




Au Testet, Reporterre révèle que la législation protégeant le patrimoine archéologique a été totalement oubliée, malgré des preuves évidentes d’un patrimoine conséquent. L’Etat avait déjà « oublié » l’autorisation de défrichement.




Cette révélation sur l’illégalité de la destruction intervient alors que, depuis lundi, la police intervient de nouveau très violemment sur le site.

Le projet de barrage du Testet a totalement ignoré les procédures en matière de fouilles archéologiques préventives.




C’est Eric Yebdri, archéologue à l’INRAP (Institut national de recherches archéologiques préventives) qui nous révèle que depuis la loi de janvier 2001, qui réglemente l’archéologie préventive, tous les projets d’aménagement doivent être au préalable présentés au service régional de l’archéologie, une branche de la Direction Régionale des Affaires Culturelles.




« La grande majorité des fouilles archéologiques en France sont réalisées dans le cadre des projets d’aménagements », explique-t-il. Autoroutes, aéroports, réseaux ferroviaires, centres commerciaux, lotissements, tout projet d’envergure doit normalement passer sur le grill des services archéologiques via la procédure de « diagnostic archéologique », une étude d’impact préalable qui permet de mieux connaître le terrain et de juger de la pertinence de fouilles plus approfondies. Pour le chercheur, « L’ensemble de ces opérations d’archéologie préventives ont fait avancer à pas de géant les connaissances que nous avions sur les périodes anciennes dans tout l’hexagone. »




Où est le diagnostic archéologique du Testet ?




Ce travail préalable peut changer la donne : à Toulouse par exemple, les travaux de fouille archéologique ont retardé de plusieurs mois la construction des nouveaux bâtiments universitaires du centre-ville après la découverte de vestiges gallo-romains




La loi de 2001 a été complétée par une circulaire du 24 novembre 2004 : « La saisine du préfet de région par l’aménageur en vue de la prescription d’un diagnostic archéologique se fait sous forme d’une déclaration obligatoire de l’aménageur à un moment où le projet est déjà suffisamment calé, soit, à titre indicatif, après obtention de l’autorisation au titre de la loi sur l’eau ou un an à six mois avant l’enquête parcellaire. »




Au Testet, malgré une saisine en 2008, les services de la Direction régionale des Affaires culturelles de Midi-Pyrénées n’ont pas jugé nécessaire d’effectuer un diagnostic, comme l’explique à Reporterre le conservateur du Service régional d’archéologie (SRA) de Midi Pyrénées, Michel Vaginay : « Nous avons bien été saisi d’une demande de renseignements en 2008. Nous avons évalué cette requête et au regard des éléments fournis à ce moment-là en matière d’archéologie, nous n’avons pas prescrits d’opérations archéologiques. » M. Vaginay précise que « doivent s’articuler en permanence les besoins respectifs entre les acteurs économiques et les services du patrimoine. Au final, sur mille dossiers en moyenne chaque année, seuls 10 à 12 % seulement font l’objet d’une prescription. ».

Seul hic : ce ratio concerne l’ensemble des demandes, particulier, entreprises et acteurs publics. Eric Yebdri s’interroge : « Comment se fait-il que le SRA intervienne pour parfois bloquer un permis de construire pour un particulier dans son jardin, tandis que ce projet de barrage s’étendant sur quarante hectares, avec forage en profondeur, un investissement public de plusieurs millions, ne suscite aucune étude ? »




Conservateur ignorant, préfet juge et partie




Le comble est que la zone dispose d’un intérêt archéologique évident. Une recherche dans les archives du Bulletin de la Société Préhistorique de France permet de dénicher sans difficulté un article scientifique de Bernard Betirac, daté de 1950 portant sur les « Stations préhistoriques des alluvions pliocènes entre Tarn et Aveyron ».







L’article mentionne explicitement des traces archéologiques dans la forêt de Sivens :
« En pleine forêt de Sivens, je pouvais me rendre compte que malgré l’humus déposé depuis des siècles, les sables et graviers du Pliocène avaient toujours tendance à donner des clairières et je pouvais recueillir des silex taillés sur un sol vierge de culture. » (Bulletin de la Société préhistorique de France, 1950, tome 47, n°5, p. 216).







Et plus loin, on trouve une carte des lieux dans lesquels on a trouvé des silex datés du paléolithique et la liste détaillée, dans laquelle on trouve mention des lieux suivants :

« Forêt de Sivens. — Traces au voisinage de la crête Sud de la route, cote 262, Nord de la Jasse, etc. Lisle-sur-Tarn. Barat-Haut. — Sud de l’ancien moulin. Commune Lisle-sur-Tarn. Les Barrières. — Dispersion autour du village. Communes Salvagnac et Puycelci » , soit les lieux même avoisinant la zone humide du Testet.









« Les récoltes de B. Betirac sont la documentation la plus complète et la plus variée intéressant la préhistoire des alentours de Montauban », expliquait l’un de ses pairs au moment de son décès.

Mais le conservateur régional d’archéologie affirme « ne pas savoir de quoi il en retourne ».

En fait, une pirouette juridique lui permet de se défausser. Car en 2003, l’archéologie préventive a été réformée, alors que Jean-Pierre Raffarin était premier ministre. La réforme, outre la mise en concurrence des fouilles, a donné au conservateur le seul pouvoir de faire une proposition au Préfet, qui lui seul, décide d’effectuer ou non les études préalables.




Cela n’a pas empêché le Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet d’adresser un courrier au Préfet du Tarn pour lui demander des explications sur l’absence de diagnostic archéologique préventif. Il n’a pour l’heure reçu aucune réponse.

C’est à croire qu’en la matière, tous les pouvoirs sont concentrés dans les mains d’une personne, le Préfet, qui, à la fois juge et partie sur le fond du projet, décide également du bien fondé de recherches archéologiques sur les projets qu’il promeut. Pas étonnant qu’une telle confusion des genres aboutissent à la conduite aussi brutale d’un projet comme celui du barrage de Sivens.




Au Testet, contrairement à Notre-Dame des Landes où l’Etat a fini par admettre qu’il fallait examiner tous les recours juridique avant de réaliser le projet, la patience n’a pas cours. Trois recours y sont toujours en attente de jugement sur le fond. Mais ce mardi, débuteront les travaux de décapage, premier étape d’un chantier qui rendra désormais irréversible la destruction de la zone humide du Testet.

Grégoire Souchay - Reporterre

Mardi 30 septembre
Bilan de la journée + compléments sur hier

Aujourd’hui, la foultitude de gendarmes présents sur le site s’est "contenté" de protéger le périmètre dédié aux travaux en gros entre la D999 et la ferme des Maurel. Machines sur le site. Lacrymos à gogo et matraquage des "enfermés volontaires" de Gazad (une caravane et un camping car) dès que ceux-ci pointaient le bout de leur nez à l’extérieur.

Hier : 13 blessés recensés, nombreuses plaintes en cours de constitution.




Des besoins urgents : maalox, piles AA et AAA, cartes SD, appareils photos, couvertures, tentes, duvets, bâches, cordelettes, bottes et vêtements de pluie.
Décapage express dans les locaux de la CACG à Toulouse.

Une opération de décapage a débuté le 30/09 dans les locaux de l’antenne toulousaine de la CACG. Les décapeurs se sont introduits dans le bâtiment et ont déménagé le contenu de plusieurs bureaux sur le palier, afin d’en révéler le sol. « Je te laisse, les zadistes sont là ». C’est suite à ces mots prononcés pour mettre fin à une conversation téléphonique que la cadre de la CACG a enclenché la procédure d’urgence « intrusion de zadiste ». Une fois le mobilier et la paperasse étendue dans les couloirs, les décapeurs ont quitté les lieux dans le calme, faute d’engins de chantier pour arracher la moquette. Mais la gendarmerie est survenue dans la foulée, et l’équipe de décapeurs a été emmenée pour contrôle d’identité. Elle est ressortie au complet peu après et sans suites.








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