PROJET D’AYRAULT – PORT de NOTRE DAME
DES LANDES ( 44 )
Source :
ZAD.nadir.org
Témoignages de NO TAV – VAL DE SUZA
août
2015
CAMP DE BURE (55)
ZAD D'OLERON (17) – SIVENS (81) - Camp du LARZAC
(12) – Ferme des BOUILLONS à
ROUEN (76) - CHALKIDIKI
(GRECE) :
camp international anticapitaliste – L'AMASSADA
à
St VICTOR-et-MELVIEU (12)
ZAD
de NDDL - 44
Infos du 1er au 9 août
Samedi
1er
août
MICHEL TARIN
EST MORT
La cérémonie d’adieu est prévue mardi 4 août à 13h30, salle Simone-de-Beauvoir à Treillières.
Michel TARIN (ACIPA) |
Hommage à Michel TARIN
Alors, on apprend la mort de Michel Tarin. Ça fait chier. Le cancer a emporté un camarade, le genre avec qui on n’est pas toujours d’accord, le genre pas toujours tendre avec nos modes d’action. Mais aussi le genre têtu, présent dans la lutte anti aéroport depuis le début et qui a vieilli avec elle. Il incarne un pan de l’histoire des luttes paysannes radicales de la région. Il a participé à la naissance de l’ACIPA. En 2012 il a fait partie des grévistes de la faim qui ont obtenu des socialistes l’engagement que les habitants légaux ne pourraient être expulsés, permettant des bases solides sur la zone qui ont participé à l’échec de l’opération CESAR.On a eu l’envie de partager avec vous des bouts de récits issus d’un entretien réalisé avec lui il y a quelques mois. En forme d’hommage.
MAI 68
« On a participé à mai 1968 en tant que « paysans en lutte ». On avait organisé un soutien des paysans du coin à la première usine occupée, SUDAV à Bouguenais, l’équivalent d’airbus aujourd’hui. Le ravitaillement ça été la première forme de soutien concret. On apportait des patates, du lait, de la viande, des légumes. Y’avait des bouffes en commun, des discussions à n’en plus finir. Le 24 mai 68, on a rebaptisé la Place Royale « place du peuple », pendant la grosse manif. Nous les paysans, on était à cette manif avec les tracteurs, les épandeurs à fumiers et tout ça…. pour faire pousser les carottes en ville ! Quand on a quitté la place pour remonter vers la préfecture, ça pêtait sec ! On était vraiment des terroristes à l’époque. Rires. Il y avait un forgeron à Treillères, qui ferrait les chevaux et qui avait un bidon de 200l rempli d’écrous de charrue. On s’en mettait plein les poches. Un gars qui tirait très bien à la fronde, c’est Jojo Leroy. Avec lui, je te garantis que les fenêtres de la préfecture…
Ce qui m’avait marqué c’est les chantiers aux Batignolles. Les gars occupaient l’usine et l’ouvraient à leurs familles. A l’époque, personne ne rentrait dans les usines ! Quand on voit la manif de réoccupation à Notre-Dame-des-Landes, où les gens qui arrivaient avec les enfants et tout le monde. Ben il faut s’imaginer la même chose, mais dans les usines à Nantes, dans les rues, partout ! 68, ça venait bousculer tous ces vieux clichés, il y avait pas que foutre De Gaulle en l’air, comme à Notre-Dame-des-Landes, c’était des réflexions sur comment on peut construire une société différente. Mais bon, Mai 68, il y a un jour de juin où ça c’est…terminé en quelque sorte. Mais en réalité, rien ne s’est arrêté pour nous. ça a été un grand départ, un grand départ qui dure toujours. » Le mot d’ordre à la Sorbonne, c’était : de toute façon, mai 1968, on ne pourra pas le recommencer tous les jours, d’ailleurs on peut dire qu’on est planté, la révolution qui était en route, elle s’est arrêtée. Mais on a des acquis de lutte, comment continuer à faire mousser les choses pour amener cette révolution. Pour moi, il reste quelque chose de tout ça ici. Il y a un certain héritage politique. »
SUR LES DEBUTS DU PROJET...
« On apprend qu’il va y avoir un aéroport en 1963. Coup sur la tête ! Il a fallu attendre 1969 pour avoir la première rencontre des maires des quatre communes concernées (note : Notre-Dame-des-Landes, Grandchamps, Treillères et Vigneux de Bretagne). Et là on a commencé à s’organiser, à se réunir, à demander des comptes aux élus. Et puis, en 1974, ce territoire a été décrété Zone d’Aménagement Différé. Donc dans les années 70, nous on avait déjà fait les premières manifs. Ça date pas d’hier cette lutte là, ça a été une lutte pour la défense de la terre. »
… ET LA DEFENSE DE LA TERRE
« Pour défendre la terre on a appuyé des installations sur la ZAD. Deux paysans : Hervé Bézier et Joël Gicquel. Hervé vivait chez ses parents, il était aide familial, et ses parents sont partis à la retraite, en se disant « on ramasse la monnaie, on vend la ferme », parce que le Conseil général achetait déjà à l’époque. Mais Hervé voulait rester à la ferme, alors nous on est intervenus, dans les années 76-77. On a monté le dossier d’Hervé, on l’a accompagné dans ses démarches administratives et on a imposé au père que son salaire différé soit payé en vaches. Il a eu ses premières vaches comme ça, et nous on a fourni les uns ou les autres des génisses comme ça, pour l’aider à démarrer, comme à la ferme de Bellevue !
Cette politique là, on l’a toujours menée : défense de la terre. Et on l’a imposée au Conseil général parce que au départ c’était vraiment dans l’illégalité : Joël et Hervé c’était du squat si tu veux, ils ne pouvaient pas cotiser à la sécurité sociale agricole, pas contracter de crédit, pas toucher les aides publiques.. Ils pouvaient rien avoir et donc on les a aidés à se financer. En 1981, la gauche était passée, on a obtenu du ministre des Transports Fitterman un document par lequel on pouvait exploiter les terres avec un bail précaire, puis une dérogation pour que des jeunes puissent s’installer. Voilà. Et c’est comme ça que se sont installés des jeunes dans les fermes de la Geneslière et de Saint Antoine. Installés en 76-77, puis régularisés courant 81-82. »
On pense qu’il est précieux de partager la mémoire des luttes. Michel en avait un rayon à raconter.
Salut à toi ! Une pensée à tous les proches.
Des occupant-es de la ZAD
Des cyclistes gazé-e-s dans la capitale du vélo
Du 25 juillet au 2 août 2015, le 5e Cyclocamp européen a été accueilli par la ZAD de Notre Dame des Landes, le rendez-vous de mécanos et voyageur-se-s vélos venu-e-s de toute l’Europe pour échanger sur des pratiques cyclistes, inventer, créer, bricoler des machines plus incroyables les unes que les autres.Dans l’idée de défiler, de parader fièrement avec les constructions de la semaine, une masse critique, mouvement spontané de cyclistes qui s’immiscent dans le trafic urbain, a été organisée le samedi 1er août pour se rendre au centre de Nantes. En soutien à la lutte contre l’aéroport, les personnes présentes au Cyclocamp ont décidé de rendre visite à M. Mustière, président des Ailes pour l’Ouest. Cette association pro-aéroport et son cher président avait lâché 3000 ballons au-dessus de l’ex-futur site de l’aéroport censés symboliser 3000 emplois futurs. Ne croyant pas à cet énième mensonge, une initiative collective a été prise de leur ramener leurs ballons qu’ils avaient égaré (voir tract ci-dessous). Vers 17h, c’est ainsi que les portes de la concession Ford Mustière ont vu passé des dizaines d’étranges bicyclettes, distribuant ballons et quelques feuilles mortes en guise de confettis. La cérémonie n’a duré pas plus de 5 minutes dans une ambiance bonne enfant et sans aucune dégradation.
Reprenant ensuite la route vers Nantes, Route de Vannes, les cyclistes ont été soudainement encerclé-e-s par six camions, 4 voitures de police et d’autres voitures banalisées surgissant de toute part. A peine sorti-e-s de leur véhicule, sans essayer d’instaurer le dialogue, et n’hésitant pas à dégainer matraques et bombes lacrymogènes, les policier-e-s se sont rué-e-s sur les cyclistes. Certain-e-s ont été mis-es à terre, insulté-e-s, mis-e-s en danger, menacé-e-s de tir de flashball, gazé-e-s à bout portant, par des agent-e-s. Aucun-e blessé-e n’a été à déplorer, à part des dizaines d’yeux brûlés par les gaz et une policière qui a trébuché sur un vélo.
Dans la confusion, les policier-e-s ont tenté d’identifier une personne à qui faire porter le blâme de la chute de la policière. Après plusieurs tentatives d’interpellation, la police a arrêté un camarade sans raison apparente.
Un mois après le célèbre congrès international Vélocity, faisant de Nantes la capitale mondiale du vélo, il est impératif de s’interroger sur l’accueil réservé aux cyclistes venu-e-s pédaler dans les avenues nantaises qui se retrouvent confronté-e-s à une violence policière aussi inadmissible qu’injuste.
Cyclistement vôtre.
Les Cyclocampeur-euses
Tract de la visite chez Ford,
dont le PDG est Alain Mustière, président de l’association des
ailes pour l’ouest
Après
une semaine de bricolages en tout genre, c’est la fin du
cyclocamp... la semaine prochaine, c’est un chantier
au Liminbout
qui commencera !
Aéroport de Notre-Dame-des-Landes : Jean-Marie Pelt « manipulé » !
Lors des 10 jours de
rencontre de Bure, il sera beaucoup question du projet d’aéroport
de Notre-Dame-des-Landes, vieux et retentissant point de
crispation des activistes dans ce coin de Loire-Atlantique. Mais
là-bas, les chapelles favorables au projet ne manquent pas aussi
d’argumentaires pour le soutenir.
Occupé chez lui à la rédaction d’un futur ouvrage sur la biodiversité, le botaniste messin a tenu à réagir, vigoureusement : « Ces gens-là ont le culot de reprendre ce que j’ai dit du lac de Grand Lieu, près de Nantes lors d’une conférence que j’ai donné là-bas en décembre dernier. Il s’agit effectivement d’une zone humide protégée que j’ai trouvée très bien gérée pendant ma visite. Mais comme elle est localisée à quelques kilomètres de l’actuel aéroport, cette association a conclu que j’avais indiqué qu’il fallait le déménager pour préserver la richesse de la biodiversité du lac ! ».
Réputé pour son calme et sa tolérance, le célèbre botaniste lorrain a vu rouge. Le Centre Jean-Marie Pelt, cette association qui veille sur son œuvre, a publié hier un communiqué sur son site et ses comptes Twitter et Facebook afin de remettre les pendules à l’heure : « En déformant mes propos, les Ailes pour l’Ouest suggèrent que je soutiendrais le projet de Notre-Dame-des-Landes. Il n’en est rien. Il est au contraire un exemple symptomatique du bétonnage continu des campagnes. Cet appétit pour le gigantisme doit cesser ». Le naturaliste rappelle en outre que le Dr Loïc Marion, chercheur au CNRS et directeur de la réserve naturelle de Grand Lieu pendant plus de 20 ans avait déjà mis en garde les autorités locales contre le déménagement de l’aéroport « qui représenterait une menace environnementale considérable pour tous les terrains situés entre la piste et le lac, car ils bénéficient actuellement d’une interdiction ou d’une limitation des constructions ». Dans le domaine de la manipulation, certains ne reculent devant rien…
L'Est républicain –
Bar-le-Duc
Mardi
4 août
Regards croisés sur la Zad et le Val de Suse
Quelques explications sur le projet :
Alors que le maillage tissé par l’aménagement du territoire se veut toujours plus dense, visant à rendre les lieux qu’il cible toujours plus capitalisables et contrôlables, il est des habitants qui lui opposent un non ferme et sans appel. Ainsi du bocage de Notre-Dame-des-Landes et de la vallée italienne de Susa qui luttent depuis des décennies contre des infrastructures à grande vitesse, aéroport international pour l’un, TGV Lyon-Turin pour l’autre. L’opiniâtreté de leur refus, autant que l’ampleur que ces luttes ont acquise, ont fait mentir toutes les prévisions du pouvoir. A tel point qu’elles redessinent aujourd’hui avec leur propre plume l’avenir de leurs territoires.
Au cœur des 2000 ha de la ZAD, s’ouvre une « zone de non droit » qui tend à se soustraite aux contrôles administratif, économique et policier, et où s’expérimentent des formes de vie proches de ce que pourrait être une commune ou une zone autonome. Les autorités ne dictent plus leurs Plans d’aménagement et habiter y prend par là-même des formes tout autres, celles-ci évoluant au gré des besoins ou des envies, s’extirpant peu à peu de l’architecture pacificatrice des villes comme de la rentabilité touristique ou agricole des campagnes.
Dans la vallée alpine de Susa résonne un mouvement qui ne souffre aucune négociation : « No TAV ». Ses drapeaux flottent dans chaque village, il réunit à ses heures des dizaines de milliers de manifestants tout en assumant des attaques répétées d’un chantier ou le sabotage des machines qui tentent de défigurer la vallée. On y parle sans flagornerie d’un peuple, peuple en révolte qui prend tour à tour la figure du barbier de Bussoleno, d’un antagoniste de Turin, du poissonnier de Villardora ou d’une grand mère catholique de Condove.
La ZAD et le mouvement No TAV incarnent, chacun avec son propre style, des manières inédites de tenir inséparées la vie et la lutte, qui ont bouleversé la pensée et l’agir politique de leurs pays respectifs. En France, depuis 2012, d’autres projets d’aménagement ont trouvé face à eux une détermination dont la lutte de Notre-Dame-des-Landes avait donné l’élan. En Italie, le « mouvement du No » se répand jusqu’en Sicile : le No MUOS contre les antennes militaires, le No PONTE à Messine, et d’autres No TAV au Terzo Valico ou dans le Trentin.
L’expérience doit circuler simultanément aux slogans et à l’enthousiasme, pour donner chair aux velléités de résistance. C’est depuis cette intuition que nous avons entrepris après Constellations l’écriture d’un nouveau livre qui donnera la parole à ces deux luttes.
Les batailles à venir n’ayant aucune déférence pour les délais éditoriaux, nous diffusons dès aujourd’hui quelques entretiens réalisées pour la rédaction de cet ouvrage à paraître début 2016.
le
collectif Mauvaise Troupe,
plus d’infos
sur le site Constellations
Vendredi
7 août
►un
texte écrit par des occupant-e-s de par ici :
Faut qu’on fasse face (NDA : opération de police )
Dans la nuit de mercredi à jeudi 6 août, vers 3 heures du matin, trois personnes se sont introduites dans la cuisine des fosses noires. Elles ont défoncé les huisseries, maculé les murs de tags, de liquide vaisselle, d’huile, déposé une merde dans l’évier. Du matériel a été volé. Ces personnes, sont parties en courant, l’une a été reconnue. Le message est passé sur le téléphone d’urgence, permettant à quelques-uns de s’organiser en conséquence. Au matin, la personne reconnue a été réveillée. Il a dénoncé ses complices, et des objets pris dans la nuit, ainsi que la veille, ainsi que les mois précédents, ont été découverts. Il a fuit la zone.
Jusqu’à présent, aucune décision à la hauteur de ce type de situation n’avait pu se dégager des espaces de discussion de la ZAD ou du mouvement de lutte. Par ailleurs, pour deux d’entre eux, une accumulation de gestes nuisibles avaient déjà été discutés en assemblée, sans résultat. Nous avons donc décidé que ces deux quitteraient la ZAD, et ne reviendraient jamais. Cette décision sera appliquée de gré ou de force. Le troisième, qui n’avait pas causé de torts auparavant, partira quelques temps, après avoir nettoyé.
De la même façon que nous sommes déterminés face aux attaques de la police, des politiciens, des pro-aéroports, nous entendons être réactifs face à toutes les attaques qui nuisent au mouvement de lutte.
Les poings sur les I
les barres dans les T
les barres dans les T
►un
écho du passage
à la Grée de l’Alternatour, collectifs de groupes de musique en
tournée militante
Infos du 16 au 23 août
Jeudi
20
août
►Ce
matin, les gendarmes ont expulsé une personne (âgée d’une
cinquantaine d’année) de son domicile au lieu-dit l’épine. Leur
dispositif n’était pas très discret, certain-e-s ont donc décidé
d’aller accueillir comme il se doit les grincheux en uniforme.
Bilan : une voiture de gendarme a demi-brûlée et un
vomi de plus de Jacques
Auxiette
dans la presse.
►Réponse
aux enképifiés qui ont décidé de mettre en garde à vue la
personne expulsée ce matin et son fils parce qu’ils les
soupçonnent "d’avoir
prévenu les zadistes" : Quand bien même ce serait
vrai (et ça ne l’est pas !), on sait que c’est dur à
comprendre pour vous mais nous n’avons pas de goût particulier
pour les fonctionnements hiérarchiques. De ce fait, personne ne
commande "un ’sabotage de zadiste’ (comme vous dites) à
l’occasion d’une expulsion (ou autre)" ou autre fantasme de
ce genre, sorti tout droit de vos cerveaux policiers. Nous n’avons
pas non plus besoin "d’encouragements" pour prendre
plaisir à faire cramer une voiture de keufs et saboter votre sale
besogne.
Vendredi
21
août
Nantes Le local du député De Rugy dégradé avec NDDL en toile de fond
Ce tag menaçant a été découvert jeudi, le jour où une camionnette de gendarmerie a été attaquée par un commando à Notre-Dame-des-Landes. Une information que l'homme politique avait justement commenté ainsi sur son compte Twitter : "À Notre-Dame-des-Landes ou ailleurs, quelle qu'en soit la motivation, la violence, inacceptable, doit être condamnée." Avant de rajouter dans un second temps : "Condamnation totale de cette attaque et solidarité avec les gendarmes de Loire-Atlantique".
Faut-il y voir un lien ou des représailles ? Ce sera aux enquêteurs de le déterminer.
Notre-Dame-des-Landes en toile de fond
Ces
dégradations ont en tous cas fait réagir ce vendredi la candidate
EELV en campagne pour les Régionales Sophie
Bringuy. Dans un communiqué de soutien au député, elle
rappelle - à l'adresse des zadistes ou des pro-aéroport ? NDLR -
que "les écologistes condamnent
les actes de violence et de vandalisme perpétrés hier à l’encontre
des forces de l’ordre près de Notre-Dame-des-Landes et sur le
local du député écologiste François de Rugy à Nantes. Nous
condamnons tous les actes de violence."
"Nous dénonçons
les amalgames abusifs. Ces actes violents perpétrés par une poignée
d’individus isolés n’ont rien à voir avec la lutte contre le
projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Ils sont de nouveau
instrumentalisés par les partisans du projet qui dénigrent la lutte
contre ce grand projet inutile et imposé et vont jusqu’à parler
d’ « actes de guerre ». Les écologistes rappellent que ce
combat, partagé par des dizaines de milliers de personnes à travers
notre territoire, est légitime et avant tout pacifique, comme l’a
encore prouvé le succès du rassemblement des 11 et 12 juillet
derniers".
Presse
Océan
Samedi
22
août
Appel à solidarité avec la famille Herbin, habitants expulsables du village du Liminbout
Depuis 1996, la famille Herbin habite au village du Liminbout à Notre-Dame-des-Landes. Peu après leur arrivée, le projet d’aéroport est relancé. Depuis, cette famille vit au quotidien sous la menace d’une possible expulsion, comme tous les habitants de la ZAD...
Planant sur le bocage depuis 1974, cette menace s’est progressivement précisée : harcèlement d’AGO-Vinci pour tenter de convaincre les habitants et les paysans de quitter les lieux, rachat forcé ou négocié de terres et de maisons, avalanche de convocations, de reports et de procès, visites à répétition, menaces par courrier... L’aéroport, ce n’est pas qu’un cœur de bocage remarquable sacrifié pour une infrastructure nuisible. C’est un territoire que les décideurs entendent vider de ses habitants, les arrachant à leurs amis, à leur souvenirs nichés au creux de chaque arbre, à l’orée chaque champ, à la croisée de chaque chemin...
« Un territoire se défend
avec ceux qui l’habitent, chacun sait qu’un territoire vidé de
sa population est facile à conquérir. »
La famille Herbin a toujours refusé de collaborer avec AGO-Vinci et a pris pleinement part à ce mouvement. Elle fut de ces « habitants qui résistent » qui, dès le 1 mai 2008, au village du Liminbout, appelèrent publiquement à occuper la zone pour enrayer le projet d’aéroport. Dès le début du mouvement d’occupation, elle tissa de denses liens d’amitié avec une partie de ces nouveaux habitants. De cette rencontre sont nés les Q de plomb, qui érigent en art de vivre et de lutter l’organisation de banquets pantagruéliques mitonnés avec les produits du potager et de la basse cour. C’est sans conteste par ces grandes tablées joyeuses et hétéroclytes, autour desquelles se retrouve le mouvement dans toute sa diversité, que la famille Herbin a marqué de sa pâte la lutte contre l’aéroport. Elle fut également de tous ceux qui s’opposèrent aux forages, aux enquêtes publiques, aux géomètres. Elle fut enfin de tous ceux qui portèrent haut et fort le « ni ici, ni ailleurs ! » par la rencontres avec d’autres mouvements (voyage à Heathrow, échanges avec les habitants du Chefresne, participation au convoi vers le procès de la ferme des milles vaches).
La menace de vider la ZAD de ses habitants a culminé avec l’opération César en 2012, lorsqu’une armada de gendarmes mobiles et de CRS mène une vague d’expulsion d’une ampleur inédite, détruisant une dizaine de maisons à coup de bulldozers. Depuis, face à notre résistance déterminée, le bocage n’a plus vu l’ombre d’une pelleteuse où d’un peloton de gendarmes mobiles. Pourtant, la menace d’une expulsion continue de peser sur les habitants. Ces deux dernières années, il ne s’est pas passé six mois sans que la famille Herbin ne reçoive une convocation où ne comparaisse au tribunal dans le cadre de procédures d’expulsion. Au terme de ce marathon judiciaire, rythmé de coups de théâtre et de rassemblements festifs à Saint Nazaire, le tribunal s’est enfin prononcé. Sans surprise, il a déclaré la famille Herbin « occupant sans droit ni titre » et lui intime de quitter les lieux sous dix-huit mois sous peine d’une expulsion manu militari.
Le rendu de St Nazaire, en plus de planifier l’expulsion des Herbin, réclame à ce couple, un cuistot et une caissière, plus de 5 000 euros d’arriérés de loyer. En effet, la famile s’était acquittée de son loyer jusqu’à ce que la propriétaire des lieux ne vende son bien à AGO-VINCI en le déclarant vide de tout occupant par le biais d’un faux en écriture. A compter de ce jour, dans l’attente de négociation d’un bail précaire par l’intermédiaire de son avocat, la famille Herbin a cessé de régler son loyer. AGO-VINCI a mis un terme à cette négociation en traînant la famille Herbin devant les tribunaux. Les arriérés de loyer réclamés par le rendu du 14 mai dernier correspondent à cette période.
5 000 euros qu’est-ce que cela représente pour une multinationale qui a réalisée un chiffre d’affaire de de 40,3 milliard d’euros en 2013 ? Arracher les habitants à leur territoire, ne lui suffit pas, Vinci entend bien pinailler sur le moindre centime ! Vinci, c’est la multinationale à laquelle l’Etat a bradé le réseau d’autoroutes pour une bouchée de pain, et qui saigne aujourd’hui les automobilistes au péage. Vinci, c’est la multinationale qui exploite les mines d’uranium du Niger et bâtit des fortunes sur la mort d’ouvriers sous payés. Vinci c’est la multinationale qui, même en cas d’abandon du projet d’aéroport, entend toucher de l’Etat des sommes colossales « en dédommagement ».
Ce rapport à l’argent, fondé sur l’exploitation, la concurence, l’accumulation, nous le connaissons bien, c’est la routine de l’économie marchande. Dans le mouvement de lutte contre l’aéroport, c’est un autre rapport à l’argent qui se déploie : caisses de solidarités, prix libre, multiples formes d’entraide et de partage. C’est cette solidarité qui permet de soutenir les victimes de la répression, financer des recours juridiques ou des activités agricoles sur la zone, et bien d’autres choses encore.
Aujourd’hui, nous avons besoin d’argent pour soutenir la famille Herbin. D’argent pour financer le chantier de rénovation et pour payer collectivement la somme réclamée par AGO-VINCI. C’est pourquoi nous lançons un appel à don. Nous ne roulons pas sur les milliards, mais nous sommes infiniment plus nombreux, et surtout plus généreux et solidaires. Nous entendons le démontrer en organisant, une fois la somme réunie, une grande marche pour aller payer ensemble l’argent réclamée par AGO-VINCI à la famille Herbin. Parce qu’une communauté de lutte ne laisse pas les siens payer seuls ! Nous comptons sur votre solidarité...
Les Q de plomb, Les maçons du ciel, et l’association « Le Liminbout restera debout »
Pour nous soutenir : Adressez vos chèques par voie postale à l’association « Le Liminbout restera debout », Le Liminbout, 44130 Notre-Dame-des-Landes.
Pour en savoir plus : Rendez-vous sur notre site http://qdeplomb.noblogs.org
Pour nous
contacter, poser des questions, proposer
des actions de solidarité ou pour venir aider matériellement sur le
chantier vous pouvez nous écrire à
qdeplomb(arrobase)riseup(point)net
►Nous
appelons à former des convois, marches, tracto-vélos... et à nous
rendre aux manifestations contre la COP 21,
sommet intergouvernemental sur le réchauffement climatique début
décembre à Paris. Nous cheminerons depuis des territoires en lutte
jusqu’à la capitale, avec toute l’énergie composite de nos
mouvements, en créant en route des espaces de rencontres et de
mobilisation. Lire
l’appel complet
ici.
Infos du 24 au 31 août
Lundi
24
août
Un
article du Courrier de l’ouest sur le projet d’aéroport. Une
petite coquille s’est glissée dans le titre... qui parle de "futur
aéroport"...
Notre-Dame-des-Landes Le futur aéroport entaché d’illégalité ?
Le Conseil d’État a saisi récemment la Cour de justice de l’Union européenne. Une de ses propres décisions en date du 26 juin remet en cause le projet d'aéroport. Elle est, pour l'heure, suspendue.
Depuis le 17 juillet et le rejet par le tribunal administratif de Nantes des recours déposés par les opposants, il n'y aurait légalement plus d'obstacle à la réalisation du futur aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Les appels déposés par les anti-aéroport ne sont pas suspensifs et le Premier ministre Manuel Valls (PS) a même évoqué le début des travaux en janvier 2016. Les choses ne semblent pourtant pas si simples.
« La possibilité d'une annulation différée afin d'éviter un vide juridique »
Le 26 juin, sans
aucune publicité, le Conseil d'État, saisi par la fédération
France nature environnement, a jugé illégales plusieurs
dispositions du décret n° 2012-616 du 2 mai 2012 du
ministre de l'Écologie, relatif à l'évaluation de certains plans
et documents ayant une incidence sur l'environnement. De fait, cette
décision pourrait entacher d'illégalité les projets concernés par
ce décret, parmi lesquels celui de Notre-Dame-des-Landes.
Presse
Océan et
Le Courrier de l'Ouest
Ce
soir, à 20h à la Vacherit ; réunion
d’organisation pour la mobilisation
autour de la Cop 21
Plusieurs personnes du mouvement de lutte de NDDL voient du sens à ce qu’ait lieu une marche et/ou une tracto-vélo en direction de Paris durant cette période. Afin de préparer ensemble les messages et les actions que nous voulons porter, nous vous invitons à la 1ère réunion d’organisation le VENDREDI 28 AOUT à 20h à la Vacherit. Nous espérons y réunir toute personne de toutes les composantes souhaitant organiser cet évènement convivial et déterminé.
Lundi
31
août
Notre-Dame-des-Landes, le laboratoire vivant d’une société des communs
Comment
repenser le rapport à la terre, à la propriété et jeter les bases
d’un imaginaire collectif fondé sur l’intérêt général et la
solidarité en s’affranchissant des diktats de l’Etat ?
C’est la base de la culture des communs, dont la Zone à défendre
de Notre-Dame-des-Landes est un laboratoire in vivo.
Notre-Dame-des-Landes
(Loire-Atlantique), reportage
« Construire
des communaux peut être un premier pas dans la perspective de faire
commune. Par communaux nous désignons à la fois un territoire
partagé, les terres communales, et les infrastructures de
l’autonomie qui s’y élaborent : les communs »,
peut-on lire dans « De
la Zad aux communaux »,
un texte collectif paru sur le site de la ZAD en juin 2014.
Ce
qui se joue aujourd’hui à NDDL ? Pour François
de Beaulieu, naturaliste et historien, cela fait écho à
l’histoire passée et à d’autres moments de lutte contre une
certaine forme d’aménagement du territoire : « Pendant
des siècles, les landes ont fait l’objet d’usages collectifs par
la communauté villageoise : cueillette, chasse, pêche. La fin
des communs remonte au début du 19è siècle, sous le joug des
défenseurs de la modernisation de l’agriculture. Une loi datant de
1850 a en effet imposé le partage des communs, et c’est ainsi que
des propriétaires terriens ont pu commencer à racheter ces
parcelles. »
Et
de rappeler que « des conflits ont éclaté chaque fois que
des individus ont voulu, d’une manière ou d’une autre, déroger
aux usages qui assuraient l’équilibre général et, en
particulier, basculer dans l’appropriation privative. Alors que
l’histoire montre que l’usage collectif des landes, pendant des
centaines d’années, a permis de maintenir un système résilient
et durable. »
Gestion collective de la terre
Ce
système « résilient et durable », c’est un peu
le Graal que les occupant-e-s de la ZAD tentent d’inventer, jour
après jour.
La
Déclaration d’Utilité Publique de 2008 délimite l’emprise du
territoire : sur ces 1650 hectares, 400 sont des friches,
chemins, routes. 450 sont constitués des terres cultivées de onze
agriculteurs en lutte, qui ont refusé tout compromis et sont
aujourd’hui expropriés par AGO. Et les 800 hectares restants sont
redistribués chaque année par la Chambre d’agriculture (sous
forme de baux annuels) incluant les terres d’agriculteurs ayant
cessé leur activité et celles des exploitants ayant signé un
accord avec AGO.
Sur
ces 800 hectares en redistribution, 220 ont été occupés et ainsi
arrachés à AGO par le mouvement d’occupation, notamment depuis la
création de l’assemblée « Sème
ta Zad ».
Camille (pseudo), 32 ans, en fait partie. Il raconte : « Tout
a commencé en 2012 avec la défense conjointe par des zadistes et
des agriculteurs de la ferme du Rosier puis de la Chataîgne, ce
hameau construit par 40 000 personnes lors de la manifestation
de réoccupation. Pendant les longues veillées auprès des
barricades lors de la tentative d’expulsion à l’automne 2012, on
a commencé à imaginer ce qu’on rêvait pour ce bocage, et comment
relancer les activités vivrières sur la zone. De là est née
l’idée de
’Sème ta Zad’. »
|
Cette assemblée
paysanne s’est imposée comme l’une composantes de la lutte, au
même titre que COPAIN, l’ADECA ou l’ACIPA, qui peuvent avoir des
visions différentes du futur de la ZAD. « Sème ta Zad »
envisage l’avenir des terres sur la zone, autour de projets visant
à l’autonomie, d’abord alimentaire : jardins et chantiers
collectifs, défrichages, plantations, productions diverses,
cartographie des lieux, échanges de savoirs et de semences,
mutualisation de moyens matériels.
« C’est
l’assemblée des groupes qui pratiquent l’agriculture
illégalement sur la Zad », résume Camille, tout en
s’affairant à la traite des vaches de la ferme de Bellevue,
occupée depuis début 2013 et qui reste un des points névralgiques
de la lutte paysanne sur la zone. « Notre ambition est
d’occuper un maximum de terres. Nous voulons qu’à terme, le
mouvement dans son ensemble détermine l’usage des 800 ha
redistribués chaque année, avec de nouvelles installations plutôt
que des agrandissements. »
Aujourd’hui,
l’occupation illégale s’affirme comme une stratégie partagée,
avec l’idée de soustraire un maximum de terres à AGO. Les 220
hectares déjà récupérés sont ainsi dédiés à différentes
cultures, jardins collectifs et expérimentations diverses. Elles
permettent notamment la production de blé pour le pain fabriqué sur
place, des cultures de légumineuses, de patates, d’oignons, ainsi
que l’ élevage de chèvres et de vaches pour la production de
fromages. En avril 2013, l’assemblée avait appelé à une
manifestation sous forme de mise en culture de champs laissés en
friche par AGO-Vinci. L’objectif était d’ensemencer 24 hectares.
Le préfet a bien tenté de réagir : il avait publié, la
veille, un arrêté interdisant les semis sur la zone. Cela a bien
fait rire les contrevenants, armés de sacs de graines et de
binettes. « Cet arrêté absurde démontrait le côté
transgressif de l’action de cette prise de terre », se
souvient Camille.
Nouvelles formes d’organisation
Mais
les communs à NDDL ne se réduisent pas à la terre ni à la
question du foncier. Avant Sème ta Zad, le mouvement s’était déjà
doté d’infrastructures collectives comme, entre autres choses, une
boulangerie, un journal (le Zad
News),
un site web, une radio (« Klaxon »,
piratant la fréquence de Vinci autoroute) ainsi qu’un marché à
prix libre (le « non
marché »).
Aujourd’hui, ce processus de mise en commun perdure, allant de la
création d’une meunerie
à l’expérimentation de nouvelles formes de réunions, en passant
par la création d’une fromagerie, la mise en place d’une caisse
dédiée à l’anti-répression ou la rénovation d’un lieu
d’accueil via des chantiers collectifs. « Ça
permet de poser la question de la propriété privée au sens large,
avec un imaginaire qui correspond à ce qui s’est vécu ici »,
note encore Camille.
Pas
question de se calquer sur un quelconque modèle existant « comme
le Larzac ». Il s’agit de l’inventer avec les
ingrédients et les acteurs du combat d’ici. « On a une
opportunité extraordinaire de mettre en pratique nos idées et nos
envies sur les communs. Comment gérer au mieux les outils et les
ressources sans passer par des institutions dédiées : c’est
un véritable enjeu politique. Ça donne lieu à des discussions, des
engueulades, mais tout est basé sur l’usage, et les conflits sont
réglés entre nous. »
- Aux abords de la ferme de Bellevue
- Dans un territoire où le rôle de l’Etat est sérieusement remis en question, la loi apparaît ici comme secondaire aux coutumes et aux décisions collectives : « En dehors d’un schéma légaliste, on a l’ambition de faire émerger de nouvelles formes d’organisation qui partent de nos pratiques, afin que chacun s’y retrouve malgré nos différences », note encore Camille. C’est aussi une façon de se réapproprier la politique, ou « comment on arrête de déléguer ces questions à des aménageurs sans que les gens concernés par le territoire aient une latitude de décision. »
|
Même
constat pour Jean-Joseph, un occupant du lieu-dit le Haut-Fay :
« La ZAD est un laboratoire sur tout, y compris sur les
questions de propriété d’usage, sur les communs, les communaux.
On tâtonne, on essaie de trouver nos propres moyens de s’organiser,
et pas seulement entre anarcho-autonomes, sourit-il, mais
entre personnes différentes, autour de socles communs. »
Pour lui, « se battre contre la propriété privée et
contre la domination vont de pair ».
Squatteur,
ou « occupant sans droit ni titre », comme le sont
d’autres zadistes et agriculteurs sur la zone, il estime :
« Ma légitimité ici, c’est que je vis dans un lieu
collectif qui a été ouvert avec l’ensemble du mouvement. Ici, ce
qui compte, c’est avant tout la propriété d’usage et son
organisation collective. Et c’est parce qu’on en fait »bon
usage« que ça fonctionne. »
« Mettre à l’épreuve du réel nos idéaux »
L’occasion,
explique Marin (pseudo), « de
mettre à l’épreuve du réel nos idéaux ».
Fraîchement rentré d’un séjour au Mexique au sein des
communautés
autonomes du Chiapas, cet occupant pose un regard tendre et
critique sur la Zad : « Nos
valeurs communes ? Voilà une question qui, je trouve, n’est
pas assez discutée entre nous. Et, contrairement à ce que j’ai pu
voir chez les zapatistes, il existe parfois ici un manque de
conscience du lien entre les actes de chacun et leurs conséquences
pour tous. Mais c’est un processus long, et même si c’est
parfois compliqué, il est nécessaire de construire encore et
toujours une culture collective du... collectif. »
« Communer »,
peut-on lire encore dans la brochure « De la zad aux
communaux », « signifie aussi être en mesure,
quand toutes les autres formes de médiation sont épuisées, de se
constituer en force pour faire primer le bien commun sur l’intérêt
privé. »
Et
c’est bien ce qui inquiète l’Etat. Dans le rapport
de la commission d’enquête sur le maintien de l’ordre
républicain, établi suite à la mort de Rémi Fraisse à Sivens
et sorti
en mai, on apprend qu’« au
plan juridique, l’installation d’une ZAD constitue en elle-même
un délit au sens où elle porte atteinte au droit de propriété et
à certaines libertés garanties. Toutefois, elle ne trouble pas par
elle-même l’ordre public, son statut de
’lieu public’ demeurant
incertain. »
Pour
François de Beaulieu, « il y a dans l’histoire des landes
de Bretagne et dans celle qui s’écrit aujourd’hui sur la ZAD de
Notre-Dame-des-Landes, la matière pour mieux appréhender le
fonctionnement d’autres modèles sociaux que ceux qui font la part
belle à un État tout-puissant ou à un marché totalement libéré. »
15
septembre Angers - Rassemblement contre la participation de
l'université au suivi des "mesures de compensation"
## Notre Dame des Landes : Assurer le suivi des «mesures de compensation», c’est préparer la construction de l’aéroport ! Rassemblement contre la participation de l'université D'Angers le 15 septembre 2015 à 17h - 4 boulevard Lavoisier, devant le GECCO à la faculté de sciences d'Angers Version mise en page à photocopier : https://dl.poivron.org/spltadkodvxx7plhopqe-hahwwdxa6yp4wq3uUn laboratoire de l'université d'Angers, le GECCO (Groupe Ecologie et Conservation des Vertébrés) participe à la mascarade qui cherche à justifier la destruction de la ZAD (Zone à défendre) de Notre-Dame-des-Landes ! Suite à une action d’opposition à leur activit sur le terrain, les intervenants du Gecco veulent aujourd'hui entrer dans le rôle des «gentils-scientifiques-neutres» victimes des «méchants-anti-tout» (1).
Mais non, la science n’est pas neutre, surtout quand elle a pour financeurs les porteurs de ce vaste projet de destruction de milieux naturels et de terres agricoles, comme la DREAL qui doit, en collaboration avec Vinci, mettre en place l'accès routier à l'aéroport.D'autres «ingénieurs de l’écologie» - Dervenn, Aquabio, Biotope - désireux de participer à la mise en œuvre de la (fausse) compensation leur avaient ouvert la voie dans le domaine de l’hypocrisie (2). Face à la résistance au projet d'aéroport, certains de ces partenaires privés ont renoncé en cours de route à intervenir sur le terrain. C'est aujourd'hui au tour de l'université publique de se faire acheter et d'envoyer ses étudiants opérer sur la zad. L’étude réalisée par le GECCO à Notre-dame-des-landes vise à évaluer les résultats de déplacements de micro-populations de tritons. Réaliser une telle étude, c’est donner une caution scientifique à la soi-disant «compensation écologique» et au «déplacement» d’espèces protégées.
Pourtant l’aspect dérisoire de ces mesures inefficaces et leur rôle de leurre a déjà été explicité largement par les Naturalistes en lutte.
Nous rappelons que toutes les structures de protection de l’environnement ont d’ores et déjà donné un avis défavorable à ce projet (3) ! De nombreux naturalistes, associations, universitaires, juristes se sont prononcés pour dénoncer le scandale de ce dossier dont les destructions seront incompensables autant qu'irréversibles, et s’opposent à la création de cet aéroport inutile. La poursuite des études du GECCO n’est donc qu’un facilitateur de la communication des bétonneurs, qui sont prêts à tout pour maintenir l’illusion des mesures de compensation. Bien conscients de ce stratagème, la quasi totalité des partenaires sollicités par ce laboratoire pour ce projet, à l’exception des partenaires institutionnels comme CAP-Atlantique et le parc de Brière, ont refusé de participer a cette étude. (4)
Les Naturalistes en lutte invitent donc, comme ils l’ont fait dès le début de ce projet de recherche (5), le GECCO à interrompre et dénoncer ce contrat qui est à tous points de vue, «contre nature». Ils appellent donc aussi à des actions permettant de faire connaître le scandale de cette collaboration active. Un rassemblement de protestation aura lieu le 15 septembre à 17h devant la faculté de sciences d'Angers à l'appel des Naturalistes en lutte, de COPAIN 44, d'occupant-e-s de la zad de Notre Dame des Landes. (1) Voir leur communication bien dramatisée http://www.presseocean.fr/actualite/vigneux-de-bretagne-des-biologistes-agresses-sur-la-zad-30-04-2015-157710. (2) Voir http://www.dervenn.com/wordpress/ communiqué de presse «face à la violence et aux menaces" (3) le CNPN, (avril 2013 et avril 2014), le Comité d’experts scientifiques du projet d’aéroport (avril 2013), le CBNB (2013), la FDP (2013), l’UICN (décembre 2013), la SHF (février2014), la SFEPM (février 2014) (4) Partenaires sollicités et ayant refusé : Les Naturalistes Vendéens, Didier Montfort, Bretagne-Vivante, le CPIE Loire et Mauges, la LPO, Phillipe Evrard. (5)https://naturalistesenlutte.wordpress.com/2014/04/23/science-ecologique-sans-conscience-environnementale-n-est-que-ruine-de/)
intercomités NDDL (par mail)
CAMP DE BURE (55) du 1er au 10 août
Blog :
Plus Bure sera leur chute
Infos du 30 juillet au 10 août
J-2 : Fil d’info à couper le
Bure
On y arrive, plus que deux
jours et ça commence ! Au réveil
nous étions environ 70 pour l’assemblée de chantier de la
journée. Il arrive du monde en continu à Bure et sur le terrain
: on quitte l’entre-soi des derniers jours pour entrer de
plein-pied dans la dimension du campement. Il n’y a pas de
mystère, à beaucoup on fait bien plus de choses : tous les
chantiers peuvent avancer simultanément avec 4-5 personnes sur
chacun. Nos problèmes les plus épineux d’approvisionnement en
eau et en électricité se résolvent au fur et à mesure, grâce
à l’afflux de nouvelles idées et expériences. Partout les
structures s’érigent et apparaissent comme des champignons :
celles qu’on prévoyait et celles qu’on a l’heureuse (et
parfois un peu moins heureuse) surprise de découvrir. Ce matin on
a fait un gros point sur la bienveillance collective : bruit,
chiens (à ce propos,
merci de lire les informations pratiques en rouge ICI),
alcool, viande grillée et autres sujets qui peuvent fâcher et
qu’il est toujours bon d’anticiper.
Parallèlement, le camp des Ami-es
de Silence arrive à son terme dans une ambiance joyeuse, avec une
soixantaine de personnes. L’exercice un peu difficile de
partition du terrain a finalement fonctionné bien mieux que nous
l’espérions mutuellement : mardi soir une pièce de théâtre
et aujourd’hui une
promenade de découverte de la région ont réuni les un-es et
les autres. Ce soir nous lancerons une première projection sur le
terrain, du film « Poubelle la vie » sur le
terrain, pour présenter le campement VMC aux Ami-es de Silence.
En ce qui concerne l’ambiance dans
les environs, on voit peu de gendarmes et on s’en porte bien. Il
faut croire que tout le monde (en interne ?) n’a pas du apprécié
l’excès de zèle de la semaine passée. Ce midi une estafette
était postée au carrefour de Mandres mais pas de contrôles à
signaler. Néanmoins
prudence sur les routes : grosse opération de contrôle routier
prévue sur 18 départements de l’est de la France selon Loractu
(info à prendre avec prudence et sans déductions hâtives : pour
l’heure on a qu’une seule source pour cette opération).
Par contre on apprécie peu que des camions de surveillance
surmontés de mats et caméras télescopiques longent notre
campement avec leur escorte. Ça ne correspond pas trop aux moyens
matériels légers qu’annonçait le préfet dans son interview
de lundi.
Si jamais vous vous en
voyez/subissez/craignez d’en subir, un numéro a été mis en
place pour nous signaler ou se renseigner sur les présences
policières autour de Bure. Il s’agit du 07.58.23.08.97.
La vraie photo de notre campement |
(+33(0)6.05.72.43.75), de l’Allemagne et les médias nationaux à présent. On sent que la communication des derniers jours n’a pas été vaine : nos messages concernant le projet de campement commencent à ressortir assez fidèlement dans les articles que nous pouvons lire. Ci-contre une petite dédicace à Reporterre qui s’est trompé de 45° dans la prise de vue de notre campement; il s’agit en vérité de la ferme de notre voisin. Le réseau sortir du nucléaire nous a fait une chouette publicité avec son communiqué.
On vous attend impatiemment ici, on est désolés de ne pas pouvoir davantage répondre aux sollicitations pour les covoiturages, on manque de voitures et des places dans celles qui viennent. Bon courage à vous pour celleux qui viennent en stop et à très vite !
Nous
y voilà, le camp est dressé ! Des copains et copines s’installent,
toujours plus nombreux-ses, et des tentes poussent comme des chardons
(ardents) dans l’espace camping. Les nouveaux arrivant.e.s gagnent
la tente info où on leur explique le fonctionnement du campement,
les différents groupes qui se réunissent entre eux pour éviter de
faire des assemblées générales trop souvent, les tâches du
quotidien qui tournent entre ces groupes… Autant dire que ça
fourmille dans tous les sens car une partie du montage et du
défrichage du terrain reste encore à faire, mais pas d’inquiétude,
on ne manque pas de bras et de bonnes volontés. Un atout pour le
moral des participant.e.s : la nourriture est toujours aussi bonne.
L’Est Républicain,
pour sa part (édition
du 2 août), sort sa prose bucolique en parlant d’un « repas
frugal, végétarien et véganien [sic] ».
Cet après-midi, la grande AG de lancement a rempli le chapiteau principal. Le collectif VMC et les différentes commissions ont été présentés, avant d’aborder une longue discussion sur les perspectives de ce rassemblement qui nous a occupé jusqu’à 20 heures. Nos ami(e)s non francophones ont pu les suivre et y participer grâce au matériel du collectif de traduction BLA, et surtout grâce à des participants volontaires polyglottes qui ont traduit les propos de l’assemblée en simultané.
La tente ciné a été installée ce soir, et le vélo projecteur inauguré par la même occasion — un tandem bricolé pour fournir du courant 24 V et assurer l’alimentation d’un ordi portable et d’un vidéoprojecteur. C’est « Bouh! », un documentaire qui retrace la vie collective du squat grenoblois « Les 400 couverts », qui a ouvert la première séance de projection (une quinzaine de films seront projetés durant toute la durée du campement).
Sur les routes et alentours, la maréchaussée est sortie de sa réserve ce dimanche. Quelques contrôles sporadiques ont eu lieu à Ligny et Houdelaincourt, sur des axes de circulation empruntés par toute personne venant nous rejoindre. Pour éviter les mauvaises surprises, un collectif local, La Graine, assure depuis samedi une vigie permanente, dès six heures du matin, à l’entrée du village de Mandres-en-Barrois, situé à moins de six km de nos bases. En fin de journée, ils ont reçu la visite d’un fourgon de gendarmerie qui s’est arrêté quelques instants. Une visite de courtoisie, semble-t-il…
Lundi 3 août, c’est l’ouverture des discussions. Cette première journée sera dédiée à la lutte locale contre Cigéo. Dès le début de la matinée, les associations de la région regroupés dans le collectif Bure Stop, qui s’échinent depuis bientôt vingt ans contre ce nuisible projet d’enfouissement des déchets nucléaires, viennent faire un historique de la lutte passée . Ensuite, une petite balade sera proposée pour découvrir les environs (la première d’une grande série). Nous ferons une halte à Mandres au moment du repas du soir et regagnerons le camp en empruntant d’autres itinéraires qui restent encore à construire…
Radio Active 88 FM : VMC sème ses ondes
Depuis dimanche soir, une antenne autogérée émet sur la fréquence 88 MHZ, audible dans un rayon d’action de quelques kilomètres autour du campement VMC. Annonces info-traflics, interventions ponctuelles et spontanées sur la vie du camp, reportages et témoignages réalisés par l’équipe Automedia… Un outil que chacun.e peut s’approprier au cours du rassemblement, en apostrophant les copines et copains de l’Automedia.
Ceux qui ont quelque chose à dire, n’hésitez pas à venir nous voir. Pour les autres, à vos transistors !
Mardi
4 août
Six personnes du groupe automédia, en se présentant sous l’identité qu’elles et ils avaient choisi, ont pris la parole devant une douzaine de journalistes à la maison de la résistance (Bure Zone Libre) le jour de l’ouverture du camp, lundi 3 août. Se sont déplacés l’AFP, Le Monde, Libération, M6, RTL et France Inter pour les médias nationaux, L’Est républicain et Le Journal de la Haute Marne pour la presse locale.
Les intervenant.es disent ce qu’elles ou ils ont à dire et éludent les questions avant d’avoir terminé leurs déclarations. Questions ouvertes à la fin, sur un laps de temps court : 15 minutes maxi. Aucun apparté accepté, ni aucune réponse individualisée/personnalisée.
Le principe, décidé, collectivement, était de refuser que les journalistes débarquent sur le camp avec leur matériel comme on vient visiter un zoo ou « couvrir » un évenement culturel (comme le texte le rappelle plus bas – principe édicté dans le chapitre Presse de la brochure). Cette question a bien évidemment été discutée, avec plus ou moins d’effusion (écouter ci-dessous la 2ème partie du compte-rendu audio…). Rappelons que les journalistes, comme toute personne intéressée par le campement, pouvait évidemmment venir nous rencontrer, pour peu qu’illes acceptent de venir sans leurs caméras, micros ou stylos inquisiteurs… Ce que certains n’ont pas voulu comprendre, au point d’affirmer que le camp était « interdit aux journalistes » – comme l’Est républiciain du 3 août, alors que deux jours plus tôt le même journal écrivait exactement le contraire après qu’un autre de ses journalistes ait pu faire un tour dans le camp sans se faire scalper.
Voici le texte qui a servi de support à la prise de parole.
Sur notre rapport aux médias.
Nous intervenons en qualité de participant-e-s au groupe automedia du camp de Bure. Nous ne sommes ni porte-paroles, ni responsables du campement, dans la mesure où le fonctionnement du campement est anti-hiérarchique et que nous ne prenons aucune décision en lieu et place du reste des participant-e-s au campement.
Le campement de Bure est un campement politique et non culturel ou événementiel. Ses participant-e-s portent des principes politiques et un regard critique sur les institutions, dont les medias mainstream font partie.
En conséquence, et parce que nous sommes habitué.e.s à un traitement médiatique défavorable à nos mouvements, voire complice des discours officiels, il a été décidé qu’aucun enregistrement (sonore et video) ne serait permis sur le campement lui-même. De surcroît, nombre de personnes présentes sur le campement sont partie prenantes de luttes qui subissent une répression forte et ne souhaitent pas apparaître publiquement dans les médias.
Sur l’organisation du camp de Bure.
Le camp de Bure a été préparé depuis plus d’un an par environ 70 personnes investies dans diverses luttes sociales et politiques, et issues de différentes régions de France et d’Europe. Ces luttes ne sont pas spécifiquement anti-nucléaires et cherchent à dépasser cette seule question.
Dans les motivations communes, il y a la volonté d’intervenir en réaction à la COP21, mais il y a également la nécessité de trouver des manières de résister aux grands projets d’aménagement du territoire qui s’inscrivent dans une logique capitaliste, imposés d’une manière autoritaire et violente : aéroport de Notre-Dame des Landes, barrage de Sivens, Center Parks de Roybon, train à grande vitesse du Val Suza, mines d’extraction du charbon de Rhénanie, mines d’or de Rosia Montana, autoroute de Khimki, mais aussi les infrastructures du nucléaire ici et partout. Il nous importe également d’aborder la question de la répression et du système sécuritaire qui se développe et se durcit irrémédiablement depuis quelques années, dans les luttes et dans nos vies de tous les jours.
Le campement est anti-autoritaire et rassemble en premier lieu des personnes se reconnaissant dans l’autonomie politique. Cela signifie que tout ce qui organise la vie du campement cherche à éviter la reproduction des schémas de domination qui régissent la vie sociale habituellement. Pas de décideurs ou de décideuses, pas de prises de pouvoir, mais des décisions prises au consensus et des discussions qui s’organisent dans le respect de chacune et chacun.
C’est un espace sans drapeaux et sans hymnes, sans couleurs politiques et sans rapports marchands.
Les porteuses et porteurs du projet se sont constitué-e-s en collectif, qui a été baptisé Collectif Vladimir, Martine & Co, en soutien à Vladimir Martynenko, le conducteur de la déneigeuse qui a provoqué la chute du Falcon dans lequel le patron de Total, Christophe De Margerie, a perdu la vie. Vladimir Martynenko, à l’heure où commencera notre campement, est toujours en détention provisoire dans les prisons russes. Nous lui avons adressé une lettre de soutien qui a été diffusée largement sur internet.
Le campement est avant tout un moment de rencontres et de discussions, qui doit permettre à nos réseaux de partager leurexpériences et de bâtir des stratégies communes, transfrontalières et sur le long terme.
Sur le lien avec la lutte locale contre l’enfouissement des déchets nucléaires.
Le choix de Bure, s’il ne s’imposait pas dès le début du projet, nous est apparu très vite évident. Parmi les porteuses du projet figuraient des personnes investies dans la lutte locale contre Cigéo, qui en suggérant la tenue du campement à Bure, souhaitaient donner un souffle nouveau à une lutte de plus en plus en malmenée par le rouleau-compresseur de l’Andra et de l’état français.
La question du nucléaire est pour nous primordiale, parce qu’elle interroge à la fois notre manière de consommer et de produire, parce qu’elle met en lumière l’inconséquence humaine face à l’avenir de la planète et l’indifférence des gouvernant-e-s face à la vie.
En choisissant de transformer la Meuse en poubelle nucléaire, les nucléocrates nous imposent leur vision mortifère de l’existant. De surcroît, ils et elles nous mentent sur les conséquences possibles de leurs projets en prétendant garantir ce qui ne peut en aucun cas être garanti par l’humain, à savoir la neutralisation au-delà des siècles de matières qui restent hautement radioactives durant des milliers, voire des millions d’années.
Conclusion
Notre position politique est claire : nous sommes pour l’arrêt total du nucléaire et nous rejetons l’idée qu’une croissance perpétuelle est viable et nous estimons qu’il est plus que temps d’arrêter de produire au-delà de nos besoins vitaux. Nous nous opposons à tous les projets répondant à des logiques financières plutôt qu’à nos besoins réels. Et avec la même détermination, nous nous opposons à toute forme de domination, d’impérialisme, ou toute volonté d’opposer les peuples les uns aux autres, ainsi qu’à toute forme d’autorité et de contrôle sur nos vies.
Dans nos vies et dans nos luttes, nous construisons des rapports basés sur la confiance mutuelle et la réciprocité, sur le partage et la solidarité. Nous développons des espaces de libertés au sein desquels prime l’autogestion et le partage des responsabilités, où les rapports marchands sont bannis et où chacun doit pouvoir s’épanouir, sans considération de son orientation sexuelle, de son genre, de son origine ou de sa couleur de peau, de son apparence ou de ses handicaps. La justice et la sécurité dans ces espaces se pensent collectivement, en dehors des réflexes sécuritaires ou punitifs, pour ne pas reproduire les schémas qui engendrent irrémédiablement la même conséquence : le totalitarisme, qu’il s’assume en tant que tel ou qu’il se cache sous les apparats de la démocratie.
Les événements politiques les plus récents démontrent la manière dont les lois les plus liberticides s’imposent par le 49.3, telle la loi Macron et son amendement sur la réversibilité de l’enfouissement des déchets nucléaires. De même que la manière dont des dirigeants ignorent les résultats des référendums, comme le gouvernement grec vient d’en faire la démonstration en acceptant les menaces de la Banque Centrale Européenne et du FMI malgré les résultats du scrutin.
Si les médias fabriquent l’opinion, ils contribuent aussi le plus souvent à nous faire passer pour des écervelé.es.
Il est plus que temps de reprendre en main nos existences, de désobéir aux vendeurs d’armes ou aux capitaines d’industrie qui ont pris en main les grands médias. Et à raconter d’autres histoires que celles qui nous sont trop souvent contées, parce qu’il est plus que temps de véhiculer une autre vision du monde et de la vie que celle, fataliste et austère, des visages pâles du capitalisme.
Merci de votre attention.
Presse citron : revue de presse acide
Décidément on peut faire tous les
efforts pour se rendre intelligibles, au prix de se prêter à des
exercices médiatiques qui ne nous correspondent pas, on constate
qu’au final le monde journalistique dans sa majorité produit un
travail bâclé. On se demande si finalement il s’agit
d’incompétence ou de malveillance, tant le résultat est
pathétiquement éloigné de l’information construite, argumentée
que nous nous efforçons de produire collectivement au sein de notre
équipe automédia.
Faisons un petit tour d’horizon de
la cascade d’articles nauséeux que nous avons eu le déplaisir de
découvrir au petit matin et tout au long de la journée et qui
illustrent les méfiances que nous concevons à l’égard des
médias mainstream et de l’information très partielle et
partiales qu’ils produisent.
– nous ne sommes pas une soixantaine
mais 700 selon les cantines qui servent nos repas (et 300 selon les
gendarmes qui aiment diviser les chiffres par deux. Espérons que sa
collègue, qui
écrit pour libération saura s’y retrouver dans ses comptes
avec cette estimation.
– nous n’empêchons personne
d’autre que les forces de l’ordre et les idées nauséabondes
d’entrer sur le campement. Si ce M. Aubriat s’est senti empêché
d’y entrer, c’est sans doute parce qu’il n’a jamais pris le
chemin qui mène de Bure à Luméville. Plusieurs journalistes ont
déjà visité le campement et su laisser leur matériel
d’enregistrement et leur étiquette à l’entrée (certain-es
s’installent même pour plusieurs jours).
– il doit y avoir une prime pour
l’utilisation du mot ZAD pour qu’on s’obstine tellement à
vouloir nous voir en créer une. Cette insistance frise l’obsession
dans la presse depuis que nous avons initié ce campement.
– lors de la conférence de presse
ce monsieur semblait très contrarié que nous ne donnions pas notre
nom alors que les dépêches AFP ne sont pas signées alors qu’elles
peuvent colporter sur des dizaines de médias des informations
erronées.
Passons à sa collègue
Sandrine ISSARTEL, qui a publié pour Libération
et qui, après s’être déplacée jusqu’au camp, y être entré
et que nous lui ayons consacré une heure de temps à lui expliciter
longuement notre projet et nos motivations, a réussi en fin de
compte à titrer que nous interdisions toute visite et que nous
avions une communication hostile.
Au ton de l’article et au vu de sa
malhonnêteté (citations inventées et falsifiées), on regrette
que les journalistes aient ce pouvoir de nuisance quand leur ego est
écorné.
– entre samedi où on attendait
effectivement 200 personnes au premier jour de montage et lundi où
nous comptions déjà 500 personnes, Mme ISSARTEL a dû, dans la
perspective imminente de ses vacances, mélanger ses notes.
– de l’explication sur
l’appellation du collectif, on constate que les journalistes,
malhonnêtes, ne retiennent que la moitié qui sert leur propos :
nous avons avant tout et surtout choisi ce nom en soutien au
conducteur de la déneigeuse injustement victime de l’acharnement
politique à le présenter comme coupable et qui croupit à présent
dans les geôles moscovites dans l’indifférence totale.
– le terrain n’est absolument pas
prêté par un agriculteur sympathisant mais par un ensemble de
personnes proches de la lutte contre le projet CIGÉO.
– Mme ISSARTEL ne doit pas avoir
souvent l’usage de toilettes sèches pour ignorer que c’est de
la sciure et non de la paille que nous utilisons.
– Nous n’avons jamais forcé les
journalistes à décliner leur identité mais leur avons demandé de
préciser leur média d’appartenance afin que nous sachions à qui
nous avions à faire lors de la conférence de presse.
– On nous prête une communication
hostile alors que nous avons, jusqu’à présent accordé nombre
d’interviews à des journalistes moins truffés de préjugés et
plus compréhensifs des réalités auxquelles nous devons faire face
dans le respect de l’intimité des espaces de vie que nous
partagerons durant ces dix jours.
– On ajoute à ce florilège de
considérations aigries des élucubrations sur des hiérarchies
implicites de gens qui commanderaient à d’autres de ne pas parler
aux médias, comme si nous étions une secte retranchée dont les
gourous verrouilleraient la communication. L’automedia du
campement compte plus d’une vingtaine de personnes dont plusieurs
ont une carte de presse et tentent collectivement de repenser les
médias et leur approche.
– Si Mme ISSARTEL a eu la sensation
de ne rien apprendre et de ne pas pouvoir travailler, elle aurait
sans doute du planter sa tente sur le terrain, comme tout un chacun
qui rejoint le campement et comme l’ont déjà fait plusieurs de
ses collègues. Elle aurait sans doute eu bien plus de matière pour
son article, entièrement focalisé sur la forme. Elle devrait lire
l’article de son confrère Lionel Fontaine du Journal de la
Haute-Marne ou de
Martine Valo pour le Monde (qu’on remercie pour leurs articles
fidèles à ce que nous tentons d’exprimer et construire),
également présents lors de cette conférence, et qui ont
visiblement été bien plus inspirés qu’elle.
Bref, un mauvais article qui ne
contribue pas à relever la moyenne, loin de là …
Un autre candidat bien placé
dans la malhonnêteté journalistique, M. BASSAND Ludovic qui, dans
l’Est Républicain, s’est
ingénié à atrophier nos propos et les caricaturer. C’est
exactement pour cette raison que nous essayons d’être prudents
dans notre rapport aux journalistes et que nous avons choisi de les
enregistrer par audio et images.
– Là encore la prétendue
interdiction du camp aux journalistes. (cf. ci-dessus).
– Le tri sélectif opéré dans
l’énumération des journées thématiques de discussion est pour
le moins insolite : « moment de partage non mixte pour une
gynécologie domestique », « expériences et considérations sur
l’alcool dans nos luttes », cours matinal de krav-maga (self
défense). Retenir du programme, qui s’articule autour de grandes
questions thématiques et de réflexions sur les luttes passées,
seulement quelques ateliers sortis de leur contexte, pousse à se
demander l’intention sous-jacente de Monsieur BASSAND et son
indépendance. On avait été habitué à un peu mieux avec
l’article
de Sébastien GEORGES, le rédac. chef départemental de l’Est
Républicain, en date du 27 juillet. M. BASSAND devrait relire ce
qu’écrivent ses collègues avant de prendre la plume.
Ensuite, viennent en vrac tous ceux
qui veulent absolument inventer une ZAD dans la Meuse par
sensationnalisme ou mimétisme, alors que nous répétons à l’envi
que l’évènement n’appelle ni ne prédispose à une ZAD. Ce
terme devenu générique pour toute lutte de territoire ne répond à
aucune définition réelle (n’en déplaise à l’académie
française qui se ridiculise en l’avalisant) et ne peut en rien
recouvrir les réalités à chaque fois singulière de chaque
endroit de lutte. Un florilège de médias qui ne se sont pas
déplacés et qui paraphrasent ce qu’ils pensent avoir perçu et
compris de ce que nous construisons actuellement à
Luméville-en-Ornois. On peut ainsi citer Le Parisien qui titre
« Bure,
nouvelle ZAD ?« , Valeurs Actuelles s’interroge sur
« l’émergence
d’une nouvelle ZAD« , France Inter a changé son titre
initial « Une
nouvelle ZAD à Bure » et France Info se demande si le
« centre
d’enfouissement va se transformer en ZAD« . Pour la
Croix, comme le projet d’enfouissement ne démarre qu’en
2020-2025, en phase pilote, il serait encore « trop
tôt pour envisager une ZAD« . Quand tout sera construit
on pourra faire une grande ZAD souterraine …
Et le meilleur pour la fin : BFMTV et
sa légendaire objectivité, son
traitement médiatique sensationnaliste et populiste (il suffit
de demander aux journalistes des autres médias ce qu’ils en
pensent pour prendre la mesure de la perception qu’ils ont de ce
média qui emprunte aux USA ce qui se fait de pire comme
journalisme). Visiblement ils n’ont soit pas
apprécié qu’on les éconduise (à raison) soit ils sont en
service commandé de stigmatisation. Dans tous les cas, on ne peut
que s’affliger d’une presse aussi ostensiblement propagandiste
et agressive, se dire que l’ANDRA sera ravie de cette pub fortuite
qu’on nous offre sur les grandes ondes et voter « contre »
au petit
sondage écoeurant qui est proposé par ce média.
Sinon, du côté de l’ANDRA ou de la
préfecture, la communication est en vacances: on ne doit pas
vouloir que ça parle de Bure.
Enfouissement de déchets radioactifs à Bure
Sur le code de l’environnement, le texte reste fidèle au Sénat : il ne sera pas possible de le changer sur simple ordonnance, ce qui était prévu en première lecture. Le soulagement aura cependant été de courte durée pour les écologistes. Mercredi 8 juillet, un jour seulement avant l’adoption définitive du texte, un amendement autorisant un projet d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure, dans la Meuse, s’est glissé dans le texte.Le projet Cigéo, porté par l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs
(Andra), vise à enterrer 80 000 m3 de résidus produits par l’industrie nucléaire française. L’amendement, présenté en première lecture à l’Assemblée (puis retiré), adopté au Sénat, puis rejeté en commission spéciale, a finalement fait son retour dans le texte définitif, signe de l’acharnement du député meusois à le voir aboutir. Cette victoire de Gérard Longuet, sénateur LR (ex-UMP), sera vraisemblablement de courte durée. Le Conseil constitutionnel peut retoquer ces « cavaliers législatifs », des amendements sans aucun lien avec le projet de loi initial et introduits en toute dernière minute. Le parti écologiste EELV l’a alerté immédiatement.
Mathilde
Goannec - Médiapart
La gestion
des déchets nucléaires stockés en profondeur
Là encore, le Conseil constitutionnel a estimé qu’il s’agissait d’un cavalier législatif. La censure porte donc sur la forme et non pas sur le fond. Et Bercy a déjà annoncé, après avoir pris acte de la décision des juges, que « l’expérimentation de l’enfouissement des déchets nucléaires devrait faire l’objet d’une proposition de loi au premier semestre 2016 ».
Le
Monde.fr
Mercredi
5 août
Fil d’info à couper le Bure
Entre autres choses, ce matin, une partie du collectif Mauvaise troupe, auteur de « Constellations, trajectoires révolutionnaires du jeune 21è siècle », propose une discussion dans le grand chapiteau. Ils et elles commencent par des lectures de récits de plusieurs NoTav sur des batailles dans la Vallée, et d’habitant.e.s de Notre-Dame-des-Landes et des alentours qui évoquent les premières assemblées de lutte et comment elles ont évolué en réunissant de plus en plus de personnes différentes, ou du rapport aux médias. Puis s’enchaîne une présentation du mouvement NoTav, de sa dimension populaire, des moments forts qui ont construit un sentiment de puissance collective et de solidarité. La lutte de Notre-Dame-des-Landes, nourrie d’une histoire de lutte assez différente, met davantage de temps à prendre une dimension populaire. Mais une notion émerge qui permet de dépasser la question de la lutte contre l’aéroport et d’envisager quelle serait la vie sur la ZAD après l’abandon du projet : comment faire commune, pas au sens administratif actuel mais au sens de la Commune de Paris, du mouvement ouvrier à Nantes en 68 ou d’Oaxaca. Comment revenir sur les succès et les échecs liés aux histoires de ces luttes, comment se construire à partir de ça ; autrement dit de mettre en commun, des forces, des visions, construire ensemble.
En parallèle avait lieu un atelier autour des médias, de l’automédia et des médias libres, avec des personnes qui travaillent sur des projets de sites d’infos alternatives comme Paris Luttes Infos, La Rotative, ou sur des versions papier automédia type journaux de ZADs (Roybon, NDDL…). La discussion s’est ouverte sur la question juridique de l’automédia et le rapport à la loi en particulier, notamment autour du droit de diffusion, du droit de réponse à la presse bourgeoise et de la responsabilité des écrits produits. Puis plus concrètement, ont été abordées en vrac les questions de nos financements et de la mutualisation de nos ressources, de l’autonomie face à la diffusion de nos médias, de la présence de journalistes plus ou moins problématiques sur nos espaces de vie (et de comment l’on pourrait s’en prémunir…)…
Dans l’après-midi, une balade est partie du camp pour continuer à explorer les environs.
Dans le même temps, une discussion avait lieu sous le grand chapiteau à propos des ZADs. Nommée « Retours critiques sur les ZADs et perspectives« , cette discussion a permis d’explorer les déconvenues et les réussites liées à cet outil qu’est une « ZAD », d’aborder de façon approfondie la question de l’ancrage local et l’importance d’un terreau de lutte qui va au-delà de la simple occupation par des squatteureuses. Le retour sur la ZAD de Sivens, notamment, a été l’occasion de faire le bilan sur les oppositions qui ont pu naître entre locaux/locales et occupant.es et les incompréhensions qui en ont découlées.
Des interventions autour d’autres ZADs (Roybon, Notre-Dame…) ont pu permettre d’inscrire cette forme de lutte dans une temporalité historique et d’ouvrir le débat sur la nécessité d’une mémoire collective. Enfin, à partir d’expériences de la ZAD de Notre-Dame, l’échange s’est ouvert sur les perspectives liées à ces formes d’occupation et sur comment elles pouvaient être l’occasion d’arracher à l’état des espaces de vie où il serait possible de réinventer nos vies au sens large, de déconstruire nos rapports notamment de domination et nos constructions oppressives, et de travailler à dépasser l’entre-soi militant et la tendance à s’enfermer sur nos modes de vie respectifs. La discussion s’est finie sur la nécessité de dépasser et se détacher de « la ZAD » et de ce que ce terme peut aujourd’hui véhiculer, notamment à travers l’usage qu’en font les médias, et sur l’importance de ne pas brider nos imaginaires dans ce terme, ainsi que de construire l’hétérogénéité autour de ce que nous offre ces espaces de vie et de faire des ponts entre nos luttes.
Dans la soirée, une assemblée générale extraordinaire a été proposée à mi-camp. Cette assemblée a été l’occasion d’évoquer les questions de dominations sexistes, transphobes, lesbophobes ou racistes vécues sur le camp.
Dès le début de l’assemblée générale, qui se déroulait sous le chapiteau central après le repas du soir, un groupe a demandé la parole et a lu un communiqué pour dénoncer les différentes formes d’oppression et de domination constatées sur le camp. Cette prise de parole a entraîné de longs échanges sur ces questions, et la manière dont elles étaient prises en compte dans nos luttes de manière générale, et sur l’espace du camp en particulier. Bien que la tension ait été palpable toute la discussion, et les échanges parfois peu sereins, des ressentis très forts liés aux oppressions vécues ici ont pu être exprimés, et la nécessité d’ouvrir d’autres espaces de discussions liés aux questions du sexisme dans nos milieux a été posée de façon claire. Suite au(x) prochain(s) épisode(s) donc…
Différentes commissions ont également présenté des informations d’ordre technique sur la vie du camp. Quelques éléments en vrac :
– le nombre de personnes participant aux commissions (Vladimir, Martine, Nestor, etc.) qui contribuent à la vie du camp est assez faible par rapport au nombre de personnes présentes (environ 160 sur 600). Inscrivez-vous à l’espace dédié, sous la tente qui accueille le Point Info (espace central);
– le camp a un coût (à vue de nez, 29 000 balles) et 15 000 euros ont été récoltés avant le camp et depuis le 1er août. Plusieurs caisses de soutien sont disposées à l’accueil, à la tente infos, aux différentes cantines, pour accueillir les contributions ; le détail des dépenses est consultable auprès de l’équipe thunes.
– des crieurs et crieuses circulent dans le camp avec les petits messages qu’ill et elles trouvent dans la boîte de la tente Infos. Si vous avez une info à faire passer, vous pouvez faire appel à elles !
– le collectif Bla est présent avec son matériel de traduction simultanée et a mis en place une caisse prix libre pour être soutenu. On salue également le travail impressionnant des volontaires polyglottes qui traduisent en direct en anglais, allemand, russe, espagnol, portugais les discussions du grand chapiteau.
– l’équipe anarcho-pompiers a fait un point sécurité ; vu la chaleur, faites gaffe aux départs de feux !
– l’équipe médic manque de personnes motivé.es et formé.es. Pour remédier à ça, illes proposent un atelier « Conseils en action » jeudi à 17h30 ainsi qu’un rendez-vous « Formation street médic » à 19h, le tout à la tente médic derrière la gare.
– enfin, une éolienne est en cours de construction et sera finie aujourd’hui. Vers toujours plus d’autonomie !
Nous profitons de ce fil d’info pour lancer un petit appel. Etant donné que la maréchaussée procède à de plus en plus de contrôles dans les environs du camp, nous serions rassuré.es si nous pouvions compter sur le soutien d’avocat.es ami.es. Qu’illes n’hésitent pas à nous contacter s’illes veulent apporter leur aide.
Jeudi
6 août
Contexte et historique de la lutte locale contre Cigeo
NB: Ce compte-rendu a été retranscrit par deux personnes volontaires, elles ont tout fait pour rester fidèles à ce qui s’est dit oralement, et nous invitons toutes les personnes qui voudraient approfondir cet aspect à se renseigner auprès du collectif Bure Stop, qui fédère toutes les initiatives locales d’opposition à l’Andra et à son projet Cigéo.
Un représentant du Cedra 52 (Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs) commence à nous expliquer l’historique. Dans les années 80, les industriels des pays nucléarisés se retrouvent confrontés au problème des déchets nucléaires. La solution étant alors de les jeter en mer. L’enterrement des déchets a donc été envisagé dans la Creuse, mais la population n’a pas été consultée. La population locale, découvrant la situation, entre en résistance, suivie par les élus.
En 1987, quatre départements sont ciblés mais la situation n’était pas claire sur la localisation envisagée. Un moratoire est décidé en 1990 suite à la rebellion de la population.
En 1991, le député (PS) Christian Bataille est à l’initiative de la première loi relative au traitement des déchets : il recherche des sites candidats en France avec un projet de laboratoire souterrain, un accompagnement économique pour les régions impactées, et des promesses d’emplois.
Fin 1993, quatre départements sont envisagés par Christian Bataille : la Vienne, le Gard, la Haute Marne et la Meuse, ces deux derniers ayant une frontière commune. La Meuse et la Haute Marne seront finalement retenus, avec Bure comme cible.
Jean-Pierre Remmelé, maire de Bonnet entre 1995 et 2014, agriculteur retraité, prend la parole pour raconter avec émotion l’implantation de Cigéo. Quatre ZIRA (Zone d’intérêt pour la recherche approfondie) sont envisagées sur la communauté de communes. Ce qui crée des tensions entre les quatre municipalités (Mandres-en-barrois, Ribeaucourt, Bonnet, Bure), car chacune convoite la « descenderie » qui est présentée comme un important facteur de développement économique.
Dans la commune de Bonnet, le conseil municipal vote à l’unanimité contre le projet. En octobre 2009, toutes ces municipalités sont invitées par l’Andra à la présentation du projet. Finalement, c’est une cinquième ZIRA qui est retenue, malgré le fait que personne n’en a entendu parler ! Il s’agit de Bure. En janvier 2010, lors d’une autre réunion, les 4 maires sont réunis autour d’une table et font face à quatre fonctionnaires : le préfet, le secrétaire de la préfecture, une stagiaire de l’ENA, et… le chef des RG de la région !
Trois maires sur quatre souhaitent consulter leurs administrés, mais la préfecture sort alors un texte interdisant les référendums locaux. Seule la mairie de Bonnet tente de s’opposer en évoquant le principe de précaution en prenant une délibération contre l’enfouissement, entamant ainsi une bataille rangée contre l’ANDRA, et donc ontre l’État.
L’association EODRA (Elus opposés aux déchets radioactifs), avec le soutien de la population locale de la Meuse, rechigne car la loi Bataille imposait la création de plusieurs laboratoires, et cela n’est donc pas respecté.
En janvier 2000, un second laboratoire est donc envisagé parmi 16 départements candidats. Parmi eux, la Corrèze, département dont F. Hollande était député. Sous la pression des opposants, le projet du second labo est rejeté, alors que Hollande avait voté pour la loi Bataille de 1991.
La mobilisation locale
L’opposition locale prend corps en 1994 avec une première manifestation contre CIGEO, à l’appel de diverses associations comme le CDR 55, le CEDRA ou l’EODRA, regroupant plusieurs centaines d’élus meusiens ayant signé contre CIGEO.
Corinne, militante locale, raconte : « En 1994, l’association Meuse Nature environnement a lancé l’idée de créer des collectifs de résistance. L’ensemble du département s’est mobilisé, on a fait des chaînes téléphoniques, des réunions mensuelles, des blocages du Conseil général, des manifestations, des recours juridiques, etc.. Car en 1994, à la vue du cahier des charges de l’ANDRA, on s’est rendu compte que le projet était de confiner les remontées radioactives en surface. Au fur et à mesure, on a découvert les dangers et l’ensemble des problèmes mettant en péril les générations futures, l’eau, les nappes phréatiques, etc. Le but de l’ANDRA est d’enfouir le problème pour 100 ou 200 ans. Il y a donc un risque que les générations futures ne puissent plus connaitre le lieu exact de la contamination. Le travail, avec des experts indépendants, met en évidence des problèmes techniques que l’ANDRA n’a toujours pas résolu : les déchets produisent de l’hydrogène qui peut devenir explosif, il y a donc des risques d’incendie en grande profondeur. Sans parler du transport : il y aura deux convois de matières radioactives par semaine pendant 130 ans. Un risque insensé d’accident et de contamination. Comment prédire l’imprévisible?»
Jean-Marc Fleury, président de l’association EODRA, renchérit : « la question du coût de cette opération est largement éludée par CIGEO alors que l’on sait qu’il s’agit aujourd’hui d’une opération de quelques 35 milliards d’euros, minimum. Et si les porteurs de ce projet suivent les recommandations de sécurité de l’IRSN et de l’ASN, on est au dessus de 50 milliards. L’État en a-t-il les moyens ? Non. Sur quoi va-t-il devoir rogner ? Il n’y a aucun contrôle, ni technique ni financier. Je fais partie du CLIS (Comité Local d’Information et de Suivi). En 2000, nous avons commandé une contre expertise. On s’est trouvé face à un gros problème : impossible d’expertiser le programme de l’ANDRA, car il n’y avait tout simplement pas de programme de recherche ! Ici, ce qui est recherché par les sociologues et psychologues payés par l’ANDRA, c’est la capacité d’une population à accepter un tel projet. C’est la seul chose étudiée ici. A chacune de nos questions, l’ANDRA répond par l’opacité. Aujourd’hui, environ une quinzaine d’associations se battent contre le projet, avec chacune ses spécificités et ses modes d’action (manifestations, information citoyenne, actions juridiques, participation à la lutte anti-nucléaire nationale, etc.).
Irène, du collectif des Habitants Vigilants de Gondrecourt, explique : Aujourd’hui le projet de poubelle nucléaire, une sorte de « CIGEO Valley » a permis à d’autres d’entreprises liées au nucléaire de prospérer aux alentours du labo. Par exemple : à Saudron, Syndièse, un projet du CEA, est une usine de biocarburants dite « de 2ème génération » à 22 millions d’euros, destinée à engloutir la forêt alentour car le procédé utilise le bois. Le tout avec un permis de construire non déposé ! A Velaine-en-Haye, EDF a construit une centrale logistique de pièces de rechange pour son parc de centrales nucléaires (37 millions d’euros). A une trentaine de kilomètres de là, à Void-Vacon, une plate forme de transit a été construite en 2009 par une filiale d’Aréva. Il s’agit d’une aire de repos de matières radioactives en provenance du Tricastin. Autre exemple: à Saint-Dizier, une usine de maintenance nucléaire pour Areva et EDF est en cours de construction pour 42 millions d’euros. De multiples entreprises devraient encore voir le jour autour de CIGEO.
Claude Kaiser, Association La Graine.
« Dans la Meuse, on trouve ici concentrées toutes les horreurs du capitalisme. On nous a dit « peut importe ce que vous pourrez dire, vous l’aurez, la seule façon d’empêcher l’implantation de CIGEO est de mettre 10.000 personnes dans la rue ». Mais avec 7 habitants au km2, comment mettre 10.000 personnes dans la rue ? C’est bien la raison pour laquelle ce site a été choisi, nous a-t-on répondu. Je n’ai plus aucun espoir dans ce système. Il faut mettre en place un rapport de force, car ils ne comprennent que ça. Aujourd’hui, on sent un vrai renouveau dans la lutte. La mobilisation a pris un bel essor avec le blocage du débat public en 2013. Ce pseudo débat a été perturbé puis finalement empêche par des centaines de militants locaux. Pour les vieux militants que nous sommes, c’est un grand coup de fouet et beaucoup d’émotion. Il y a eu les 100 000 pas à Bure le 7 juin, l’occasion de réunir prés de 2000 personnes. On n’avait pas vu ça depuis longtemps. Et désormais, le projet mobilise bien au-delà de la Meuse et la Haute Marne. Par l’action de TOUS, dont le camp VMC, on sent que le rapport de force commence à se structurer. Un des problèmes reste que les gens pensent qu’ils n’ont pas les moyens de faire arrêter le projet. Maintenant, je pense qu’il est possible de mettre ces 10 000 personnes dans la rue. Et ça commence aujourd’hui !
Questions dans la salle
En quoi la loi Macron accélère t-elle le projet de BURE ?A l’origine, il y a la loi Bataille de 91, puis une nouvelle loi sur les déchets nucléaires votée en 2006. Cette dernière, relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs, définit une politique nationale, renforce la transparence dans ce domaine, et met en place des dispositions de financement ainsi que d’accompagnement économique.
L’autorisation pour l’enfouissement en couche géologique profonde ne sera délivré que si la « réversibilité » du stockage est assurée pour au moins 100 ans. Mais il y avait une date limite pour l’autorisation de la création d’un centre de gestion durable des déchets, et ce délai arrive à terme. C’est pourquoi le gouvernement a accepté, dans la dernière loi Macron, de valider un amendement – déposé par Gérard Longuet, sénateur LR de la Meuse –qui entérine cette « réversibilité ». (Même si le 6 août, nous avons appris que le Conseil constitutionnel vient d’invalider cet amendement).
Mais la « réversibilité » n’est qu’un concept psychologique pour assurer l’acceptabilité sociale. L’Andra est capable de truquer les résultats scientifiques et les associations luttent juridiquement. Le cahier des charges est public. Mais le site de l’ANDRA est tellement blindé de documents qu’il est difficile de s’y retrouver. Au CLIS, on a commandité une contre expertise. Ce ne fut pas possible car il n’avait pas de programme de recherche à expertiser! C’est une anecdote invraisemblable à propos de la supercherie de ce projet. Cela pose aussi le problème de la capacité d’une population à accepter un projet aussi terrible.
Nous connaissons un centre d’enfouissement, le WIPP au Nouveau Mexique (USA) où il y a eu, en février 2014, un accident suivi de fuites radioactives. Les futs les « moins dangereux », qui du moins n’auraient pas été envisagés comme dangereux, ont contaminé 21 ouvriers et les installations souterraines. Il n’y a que très peu d’information relayé mais Mediapart a réalisé un bon dossier sur ce sujet.
Combien de personnes travaillent autour du projet et combien d’emplois sont prévus?
La totalité des emplois directs et indirects est de 280, répartis sur les deux départements. Mais il n’y a qu’une dizaine de personnes réellement du coin qui sont employées. Loin des promesses formulées au début.
Pourquoi ne pas boycotter les instances crées par les institutions ?
Le CLIS de Bure est le seul (organe) qui ait de réels moyens financiers. Grâce à lui, plusieurs études ont été réalisées grâce à l’intervention des opposants.
Interlude
L’Andra se dépense beaucoup pour convertir les esprits à son utilité. Ci-dessous, une carte postale de propagande distribuée un peu partout dans la région.Plus bas, notre modeste contribution à la création publicitaire…
Vendredi
7
août
le
conseil
constitutionnel invalide CIGEO, mais à Bure, le camp continue !
Fil d’info à couper le Bure
La tente « écoute » a également été mise en place. L’idée de cet espace est de pouvoir parler dans la confiance et la confidentialité de violences et de dominations subies, de moments difficiles. Des permanences sont mises en place en mixité, en non-mixité femmes et en non-mixité LGBTIQ. Peut-être cette tente se développera-t-elle davantage dans les jours à venir.
Jeudi, le programme était extrêmement chargé ! C’était notamment la journée de lancement des discussions sur la COP 21.
La première discussion, à 10 h, concernait les enjeux de cette grand messe sur le climat qui se déroulera à Paris au mois de décembre. Une discussion en grand groupe, suivie d’une autre session, à 14h, en petits groupes autour des thèmes agriculture, énergie, lien avec la justice climatique, répression, déchets…
Un agenda international des mobilisations de l’automne a été présenté.
Les discussions reprennent vendredi sur ce sujet.
Le matin a également été l’occasion de se parler de non-exclusivite amoureuse et de sortir du conformisme du couple. Inventer et experimenter des relations libres et choisies.
La question de l’antispécisme (la lutte contre l’exploitation des autres animaux par l’humain) fait partie de la réflexion sur le camp. La restauration vegan continue de nous remplir de joie à chaque repas.
Il y eu un atelier « auto-défense physique en manif », mais aussi un atelier d’auto-défense juridique, ainsi qu’un autre d’auto-défense numérique. S’approprier des moyens de protection pour lutter contre un monde ultra sécuritaire semble indispensable sur un camp comme celui-ci, et les motivations pour s’autoformer viennent de partout. Merci à celleux qui partagent leurs savoirs sur ces questions !
Dans l’après-midi, un atelier rap a aussi eu lieu à la maison de Bure (dessin de droite), on attend d’entendre ça à la radio !
Les discussions sur la gynécologie domestique se sont poursuivies dans le camp non-mixte. On y a abordé des tas de questions liées à nos sexualités, à nos corps et à la manière la plus adaptée de se les réapproprier, et d’éviter le plus possible les contacts potentiellement traumatiques avec la médecine allopathique, qui considère bien trop souvent nos corps comme des machines détachées d’émotions et de ressentis humains…
La question du regain réactionnaire et de l’exrême droite a fait l’objet d’une discussion en fin d’après-midi.Le postulat de départ posé est que l’extrême droite est un groupe hétérogène, et qu’à ce titre ses pratiques sont diverses. On a continué en parlant du contexte de regain d’intérêt pour ce groupe politique, regain qui pourrait éventuellement s’expliquer à travers les évènements récents (la mort de Clément Méric, les manifs pour tous…). Plus globalement, le constat est fait de la droitisation du paysage français et de la lepénisation des esprits. Le discours d’extrême droite devient décomplexé, et les idées qui y sont liées touchent une frange plus élargie de la société. Il est constaté aussi que les médias tendent à paticiper à la projection de ces idées, ainsi que les réseaux sociaux qui ont été largement investis par l’extrême droite. Enfin, les moyens de lutte sont discutés à travers une autocritique du mouvement antifa, le constat d’une nécessité de vigilance quotidienne face à la banalisation de certains propos et actes (racistes, sexistes, etc…) ainsi que celle de continuer à réfléchir collectivement pour effectuer un travail de veille, d’intervention et d’analyse pour lutter contre ces idéologies, en contextualisant ces outils par rapport aux territoires dans lesquels ces luttes s’inscrivent…
Dans la même veine, un autre débat a concerné le confusionnisme (théorie du complot). Il semble que des personnes confusionnistes aient manifesté leur vision du monde lors de cette discussion. Les participant.es ont essayé de définir le confusionnisme, les « confus ». Certains le définissaient comme un mélange des idées traditionnellement attribuées à la droite et à la gauche. Déconstruire leur discours ne suffit pas, on débusque la confusion à l’aune des actes militants des uns et des autres.
Il y a eu également une discussion sur la présence de l’alcool dans nos luttes. C’était une discussion détendue en grand groupe. Certain.es ont parlé de leurs expériences par rapport à l’alcool sur des lieux d’occupation, ZAD, camps, squat…). Notamment le fait que les lieux collectifs où l’alcool était interdit ne survivaient pas longtemps à cette interdiction.
Certain.es pensaient que l’alcool pouvait nuire à l’image d’un lieu, d’autres expliquaient les circonstances qui menaient à l’alcoolisation. Une discussion en plus petit groupe a suivi sur l’alcool dans le cadre des lieux occupés et des questions comme : comment remplacer l’alcool, quelles solutions inventer ?
Réunions et ateliers :
Un incroyable atelier « Chant de luttes » a donné lieu à des créations vocales (à plusieurs voix) de haute volée sur des chansons comme « Je suis fille de.. », « Allez les gars », « Fusk Ushima »… (ci-dessous!)… Les participant.es en redemandent et les lanceuses d’atelier comptent bien en proposer un nouveau dans la journée de samedi. Pour plus de renseignements, regardez le programme mural du point info !
Une réunion non-mixte a eu lieu pour définir un moment de discussion collective mixte sur le sexisme, afin de réagir aux agissements dénoncés lors de l’AG de mercredi soir. Les participantes souhaitent expliquer le sexisme, le féminisme et l’interconnexion (l’intersectionnalité) des luttes en faisant preuve de pédagogie.
En soirée, un apéritif était proposé à Bonnet, un village proche, suivi d’une discussion sur l’avenir des terres agricoles et la question foncière : la façon dont l’ANDRA s’approprie toutes les terres autour du lieu du projet d’enfouissement. Une mobilisation des agriculteurices en colère serait un soutien fort. Des copains-copines de COPAIN 44 (association de paysan.nes qui luttent contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes) étaient présent.es pour échanger avec les paysan.nes du coin sur les modalités de défense d’un territoire face à un projet imposé…
La chaleur est toujours de rigueur, pensez à picoler de l’eau à tout va !
Un préfet très emmerdé…
On a reçu ça dans la boite de VMC…Vendredi matin, aux alentours de 3 heures du matin, cinq sacs de compost frais de toilettes sèches ont été vidés sur les marches de la préfecture de la Meuse à Bar-le-Duc, et deux tags les accompagnants : « AREVA, REPREND TA MERDE » et « NUCLEAIRE = POUBELLE ETERNELLE ».
Et encore, notre merde à nous, elle est compostable. Pas comme les tonnes de déchets nucléaires hautement radioactifs que l’Etat envisage d’enterrer sous nos pieds, et qui resteront dangereux pendant plusieurs centaines de milliers d’années.
Ce message a été déposé parce que le préfet de la Meuse est largement impliqué dans les projets de l’ANDRA, bras armé de l’Etat pour digérer les résidus immondes de l’industrie nucléaire dont AREVA est le fleuron.
Par son aveuglement et son refus de prendre en compte des principes de précaution les plus évidents, ce préfet met en péril l’avenir commun des formes de vie et se rend ainsi complice de la destruction des écosystèmes et des nappes phréatiques.
Habitué comme ses congénères à passer l’éponge sur les exactions de la FNSEA qui déverse régulièrement son purin devant ses fenêtres, il devrait facilement trouver un débouché pour nos déchets organiques.
Notre civilisation est un bateau ivre, s’enfonçant dans des eaux sombres et glaciales. Nous formons ensemble un radeau de survie fuyant ce naufrage promis. Ne laissons pas leurs poubelles polluer plus longtemps nos vies.
Empêchons leurs fantasmes morbides de devenir notre destin.
Des défenseurs unis des derniers espaces sauvages
Samedi
8
août
Accident nuke à Void-Vacon ?!
8 août. Réveil
bizarre ce matin. Ça s’affole dans tous les sens. Void-Vacon est
une ville entre Bure et Nancy, et là-bas une boite de transport
filiale d’Areva sert de plateforme pour des convois d’UF6
(composés d’uranium), et ça devait arriver non?
Le site de la mairie ne répond pas, mais on a reçu une capture d’écran ce matin…
COMMUNIQUE / URGENT
LEGER INCIDENT DE TRANSPORT DANGEREUX – RISQUE DE POLLUTION
Un accident de circulation vient d’avoir lieu ce matin en centre ville, rue Notre Dame, devant la pharmacie non loin du croisement avec la rue Louvière.
Nous attendons confirmation des services préfectoraux, mais il s’agirait d’un des nombreux camions qui transitent par la plateforme des établissements LMC, filiale d’Areva Transport.
Nous demandons à la population de ne surtout pas paniquer, mais le principe de précaution nous conduit à conseiller aux habitants de rester confinés dans leurs domiciles jusqu’à nouvel ordre en évitant de se rendre en centre ville.
A priori, aucun danger de radioactivité n’est à prévoir mais en raison du type de matières transportées habituellement (des colis renfermant des composés d’uranium destinés à être utilisés dans les centrales nucléaires), une pollution chimique n’est pas à exclure (de type acide
fluorhydrique).
La municipalité de Void-Vacon est consciente des risques encourus par ces transports fréquents. Mais elle reste totalement confiante dans la manière dont les autorités sauront gérer ce problème momentané. La circulation devrait être rétablie dans les plus brefs délais. Un nouveau bulletin sera diffusé dès que possible.
Fil d’info à couper le Bure
Ce matin, un groupe s’est réuni pour aborder une discrimination dont on parle relativement peu : l’âgisme. Parmi les réflexions proposées, on a vu le fait que l’âgisme se distingue de discriminations plus binaires comme le racisme où le sexisme, dans le sens où les personnes sont opprimées pendant leur enfance avant de devenir oppresseuses à l’âge adulte, puis d’être de nouveau opprimées en vieillissant. Différentes thématiques ont été abordées, par exemple le fait que nos luttes sont dégradées par la plupart des médias qui les attribuent uniquement à des jeunes qui vont un jour changer, mûrir, laisser tomber leurs belles illusions et rentrer dans le rang…
Il y a également eu une assemblée antinucléaire pour tenter de faire le point sur là où en est la lutte aujourd’hui. On cherche à identifier et viser les points névralgiques du nucléaire aujourd’hui : les réseaux de transport et flux ferroviaires, lignes THT, infrastructures, identifier les points sensibles dans l’idée de mettre des bâtons dans les rouages de la pieuvre nucléaire. Une personne semble chercher à (re)définir le lien entre le nucléaire et le capitalisme. Il est exprimé aussi le besoin de se redéfinir au-delà de nos définitions multiples pour agir ensemble. Il est rappelé que les malfaiteurs en bande organisée sont les lobbies qui créent ces projets mortifères. Ne pas se laisser entraîner dans une inversion des rôles , portons notre message haut et fort en arrêtant de s’excuser, assumons nos idées, nos actions.
L’après-midi a eu lieu une discussion sur les perspectives de lutte contre cigéo, avec un rappel du début des travaux sur la voie ferrée dédiée au transport des déchets radioactifs à partir de décembre 2015 et du débat législatif qui aura lieu au premier semestre 2016.
Plusieurs pistes sont envisagées : tout d’abord un appel à créer dès maintenant des groupes locaux de soutien un peu partout qui se réuniraient régulièrement pour populariser la lutte contre Cigéo et organiser des actions décentralisées : manifs, blocages, animations clown, actions juridiques. Une autre préoccupation anime l’assemblée : maintenir et faire grandir les liens entre les luttes et les individus comme cela est tenté à la Zad de Notre-Dame-des-Landes par exemple. Et tisser d’autres solidarités avec des luttes sociales à partir des liens existants ou créés pendant le camp VMC. Il y a l’envie aussi d’utiliser davantage les outils de communication dont nous disposons : radios, journaux, internet, pour informer régulièrement de ce qui se passe. Diffuser largement le film « Poubelle la vie » qui évoque l’histoire de la lutte contre cigéo et les politiques d’acceptabilité sociale qui participent à imposer ce genre de projet. Agir contre contre la propagande du projet cigéo, par exemple contre le discours techno-scientiste posé comme référence, qui suit la logique du capitalisme et brouille les pistes, ainsi qu’informer sur la réversibilité (la croyance diffusée par l’andra qu’on pourra remonter les déchets sans problèmes si on change d’avis plus tard…). Et pourquoi pas organiser un autre camp par ici dans quelques mois?
A la tombée de la nuit, une écoute collective commence dans le chapiteau. Il s’agit d’extraits d’un documentaire sonore en 5 épisodes réalisé à partir de témoignages de lutte contre la THT Cotentin-Maine. Ce mouvement contre la construction d’une ligne à 400 000 volts dans la Manche de 2005 à 2013 a réuni de nombreuses formes d’action, des recours juridiques aux sabotages en passant par les manifs à plusieurs milliers de personnes. Des participant.e.s de l’assemblée antiTHT ont décidé d’aller enregistrer les voix des personnes qui ont vécu cette lutte, afin qu’elles racontent à leur manière leur histoire, bien loin de l’histoire officielle. Ces témoignages ont aussi été pensés pour être partagés avec des personnes en lutte contre Rte ou d’autres projets ailleurs, comme par exemple dans les Alpes, en Aveyron ou à côté de Lille.
Cette écoute collective clôturée par la chanson du Pieu de Marc Robine est immédiatement suivie d’un open mic à l’entrée du camp, puis d’une boom !
Visiblement nous sommes les seuls à ne pas nous prendre trop au sérieux dans cette histoire de simulation d’accident nucléaire de Void-Vacon : l’Est Républicain titrait ce matin « Bure : piratage du site de la Mairie de Void-Vacon » (téléchargeable ici en cas de modif/disparition de cet article)
Ce
matin l’automédia a reçu un communiqué d’action qui réjouira
certainement du monde (téléchargeable
ici)
:
Et la préfecture elle-même semble
avoir pris l’événement très (trop) au sérieux si on en juge son
communiqué :
Réduisons
l’ANDRA et Hance à l’impuissance !
Dans
la nuit du dimanche 9 au lundi 10 août, nous avons rendu une petite
visite de courtoisie à Emmanuel Hance, négociateur des acquisitions
foncières de l’ANDRA et salarié de l’Observatoire Pérenne de
l’Environnement. Souvent surnommé « le bon Dieu sur terre »
par les habitant.e.s qu’il harcèle depuis des années pour obtenir
leurs terres par des échanges opaques, il nettoie sans ménagement
le territoire de celles et ceux qui y vivent et cultivent pour y
implanter la pire des poubelles radioactives.
Stockage
de surface
Pour
lui rappeler le harcèlement quotidien qu’il inflige aux
habitant.e.s et paysan.ne.s de la région depuis plusieurs années et
lui manifester tout le respect qu’il nous inspire, nous avons
joyeusement déversé des litres d’excréments sous ses fenêtres,
sur son paillasson et devant son salon. Nos quelques crottes dans son
jardin ne pèsent toutefois pas bien lourd par rapport aux 100 000 m3
de déchets radioactifs que Hance cherche à enfouir dans le
sud-Meuse.
Nous
avons également pris au mot la politique de greenwashing
de l’ANDRA, mise en œuvre par Hance à travers
l’O.P.E. (le machin destiné à sauvegarder la mémoire de la
nature pré-nucléaire pour mieux étudier sa destruction), en
aspergeant abondamment sa façade d’un gros vert qui tache. Rien de
tel qu’un petit nettoyage vert pour
se remettre les idées en place, pas vrai Manu ?
L’ANDRA
se met au vert
Cette
petite escapade nocturne n’est que le début d’une résistance
collective. Car au vu de la colère qu’Emmanuel Hance inspire
partout où il traîne sa moustache et son 4×4 noir, la riposte
contre le système qu’il sert pourrait être beaucoup plus forte.
Hance
fait de la région un désert social, permettant
à l’ANDRA d’acquérir, avec la complicité des SAFER, près de
3000 hectares en Meuse et en Haute-Marne, sans compter les autres
départements où aucune donnée n’est disponible. Pour un projet
dont l’emprise des installations au sol est d’environ 400ha, on
se demande bien à quoi rime tout ce gavage foncier, si ce n’est
accentuer un peu plus la désertification du territoire en faisant
grimper les prix et en empêchant les jeunes de s’installer.
Certains habitants se préparent même à ce que leurs villages
soient rasés d’ici à 20 ans…
Hance
méprise la volonté populaire quand,
accompagné de deux vigiles, il interdit l’accès au conseil
municipal de Mandres-en-Barrois en juillet pour échanger le bois
communal de Lejus avec le bois de la Caisse en dépit du refus déjà
fermement exprimé lors de la consultation des habitant.e.s en
janvier 2013.
Hance
négocie bien au-delà de toute limite éthique,
en n’hésitant pas à harceler les personnes âgées pour s’emparer
de leurs terres, à appeler inlassablement jour après jour pour
vaincre toute volonté de résistance, à brandir la menace
d’expropriation pour intimider ses interlocuteurs. Beaucoup ont
tenté de résister mais ont cédé ou déménagé par peur des
contrôles. Il se raconte même dans le village de Saudron qu’un
jeune agriculteur aurait fait un AVC suite à un échange
conflictuel.
Hance
divise pour mieux régner, en
accentuant les rivalités déjà fortes entre agriculteurs et
familles pour arriver à ses fins, en profitant du climat de
résignation et d’isolement si fort dans ces villages en
dépeuplement. En effet beaucoup ont peur, certains culpabilisent,
quelques un.e.s ferment les yeux et surtout, tout le monde se
suspecte et s’accuse.
Mise
en oeuvre de la réversibilité
Mais
cette atmosphère de résignation, d’isolement et de rancœurs a
assez duré. Par ce geste, nous voulons mettre en évidence le fait
que face à celles et ceux qui sont
décidé.e.s à ne pas laisser s’installer l’horreur radioactive,
Hance et le système qu’il sert sont vulnérables.
Nous
invitons les habitant.e.s, paysan.ne.s, propriétaires de terres à
cesser d’avoir peur de celui qui incarne le cynisme de l’ANDRA, à
tirer un trait sur leurs divisions et s’allier pour refuser
collectivement cet accaparement des terres. Il est plus qu’urgent
de réagir et s’organiser : d’ores et déjà de nombreux
agriculteurs ont perdu l’usage de plusieurs centaines d’hectares
de terres de l’ANDRA dédiées aux futurs chantiers. Ces terres qui
ne peuvent plus être cultivées, c’est l’aménagement par le
vide et la fabrique du désert orchestrés par l’ANDRA qui prennent
corps et réclament des réponses. Notre colère n’est pas
réversible.
Résistons
ensemble face à l’accaparement des terres et la désertification
de nos lieux de vie !
Communiqué : une visite très désagréable !
Ce matin, notre campement, qui arrive
sur sa dernière journée et sa clôture, a eu une bonne et une
mauvaise surprise à son réveil.
M. Emmanuel Hance, responsable pour
l’eau, les activités humaines et la biodiversité, accessoirement
maître-chanteur notoire de l’ANDRA a eu le droit à un ravalement
de façade bénévole de la part d’un groupe d’action qui nous a
transmis son communiqué dans la foulée (voir site
http://vmc.camp/2015/08/10/une-action-contre-laccaparement-des-terres-par-landra/).
Pour un individu aussi méprisé dans les environs de Bure, c’est
très étonnant que ça ne lui soit pas arrivé auparavant.
La mauvaise surprise, c’est que ce
même individu s’est invité sur le terrain de notre campement ce
matin, peu avant 8h, et s’est livré à des menaces non voilées à
notre encontre, disant que dès ce soir nous allions le regretter
et ne serions plus là. Comme si les actes d’un groupe
pouvaient être imputables aux centaines de personnes qui s’y sont
retrouvées durant ces dix derniers jours et démontent désormais le
campement. Menacer d’expropriation, intimider et exercer des
pressions sur les agriculteurs et habitant-es des environs a
visiblement fait naître chez M. Hance un sentiment d’impunité
très prononcé.
Ce monsieur doit sans doute s’imaginer
qu’il a la force de l’intimidation pour lui. Mais nous n’avons
absolument aucune crainte de ce qu’il pourrait entreprendre, bien
au contraire : nous avons la conviction que tout ce qu’il
pourrait entreprendre ne ferait que publiciser son nom, délier les
langues et rendre visible son action néfaste des années passées,
en discréditant l’ANDRA et sa stratégie de corruption et
d’oppression sur tout un territoire.
Nous sommes des centaines de personnes,
venues de multiples réseaux et collectifs militants, qui se sont
rassemblées et retrouvées à Bure tout au long de ce campement ou
au cours des dernières années. Nous avons en nous la colère et la
détermination de tou-tes ceux et celles qui ne tolèrent plus qu’on
leur impose des projets ruineux et mortifères sous couvert de
démocratie. Nous attaquer c’est nous grandir, nous renforcer,
parce que face à la loi du silence qui couvre les malversations des
aménageurs du territoire, notre arme première est la parole. Face à
l’isolement, notre première arme est la solidarité.
Nous avons accueilli des habitant-es
des environs, les comités de lutte locaux, construit des moments
précieux avec elles et eux. Des liens tels que l’ANDRA n’en
tissera jamais malgré toutes ses tentatives pour se rendre
acceptable. Ceux qui dérobent à un territoire son histoire, sa
vitalité, sa fierté et ses ressources et qui prétendent lui
substituer une pâle économie de déchets mortels ne récolteront
jamais que mépris et haine des populations.
S’il devait arriver quoi que ce soit
de désagréable ou de malveillant, ce qui s’est passé cette nuit
réjouira incomparablement la population du sud
de la Meuse et elle nous soutiendra. Il ne sera pas facile de nous
stigmatiser et nous isoler. Nous conseillons plutôt à l’ANDRA
d’opter pour ce qu’elle fait de mieux quand il s’agit
d’opposition : se taire, ne pas faire de vagues et continuer à
creuser son trou patiemment ; nous saurons le combler.
Cette semaine, le soutien de celles
et ceux qui nous ont accompagné nous renforce dans notre
détermination à nous opposer radicalement au projet CIGÉO et à
l’industrie nucléaire !
Collectif VMC
Lundi 10 août : Fil d’infos à couper le Bure
Nous sommes encore quelques dizaines lundi matin à nous réveiller sous la pluie, prenant notre courage à deux mains pour continuer à démonter et ranger le campement.Le message circule qu’un gars agressif s’est pointé vers 8h30 pour accuser les participant.e.s au campement d’avoir arrosé sa façade de peinture verte et de merde. On prend conscience qu’il peut revenir mettre ses menaces à exécution et on réfléchit à comment se défendre tou.te.s ensemble le cas échéant.
Mais ça ne nous empêche pas de continuer à démonter des barnums, des toilettes sèches, les douches, l’éolienne, les panneaux solaires, rassembler le matériel à restituer, ramasser tout ce qui traîne. L’idée commence à circuler de se retrouver à la gare en septembre pour se donner des nouvelles, garder les liens et passer un bon moment ensemble.
Les fabuleuses cantines qui se sont occupées de remplir nos ventres et enchanter nos papilles toute cette semaine, sont sur le départ. Alors comme pour les chantiers, on repart en cantine autogérée et des ami.e.s nous préparent des beignets de courgettes avec du riz et une délicieuse sauce tomate-oignon.
Certain.e.s discutent avec des habitant.e.s du coin qui nous racontent comment ils et elles ont vécu ces dernières semaines avec nous. Illes nous remettent des coupures de journaux évoquant le campement, le projet Cigéo éjecté de la loi Macron et les dernières déclarations des technocrates de l’Andra.
Les notes prises lors de l’assemblée de clôture de dimanche ont commencé à être rassemblées et mises en forme, dans le but d’être partagées, par exemple sous forme de brochure. Cela nous semble important pour prendre acte ensemble de ce que nous avons vécu et construit pendant ces dix jours, nos réussites et nos échecs, afin de ne pas toujours repartir de zéro, d’avancer sur ces histoires d’action politique, d’organisation collective, de lutte contre les discriminations, etc…
Suite à plusieurs demandes, des personnes réfléchissent aussi à une brochure qui raconterait comment ce campement s’est organisé pendant les nombreux mois qui ont précédé.
La pluie cesse peu à peu, la nuit tombe et de petits groupes se retrouvent tantôt pour chanter, débriefer, se chauffer près du brasero jusque tard dans la nuit
Ce fil d’infos à couper le Bure sera peut-être le dernier, car le camp est officiellement terminé, mais on reste là tout près, et la lutte continue !
Si vous voulez rester au courant des prochaines aventures, vous pouvez vous inscrire sur la liste de diffusion campvmc@lists.riseup.net et bien sûr continuer de venir sur http://vmc.camp qui ne va pas s’arrêter d’être alimenté.
ZAD
d'OLERON (17)
Vendredi
31
juillet
L’élevage-usine d’huîtres stoppé par la justice à Oléron
Le juge des référés du tribunal
administratif de Poitiers a rendu son délibéré jeudi 30 juillet.
Il a ordonné la suspension de l’arrêté préfectoral autorisant
l’implantation de 313 filières à moules et à huîtres sur 250
hectares dans l’anse de la Malconche, entre l’île d’Oléron et
le fort Boyard.
Le Tribunal
administratif de Poitiers
a suspendu le développement des filières conchylicoles
d’huîtres génétiquement manipulées dites "Triploïdes" !
Ça, c’est FAIT !!
Des zadistes sont toujours poursuivis par la justice : Thill et Hugo étaient au tribunal le 9 juillet.
Une prochaine audience se
tiendra le 11 septembre à 9h30 au Tribunal Correctionnel de la
Rochelle : Neuf Zadistes sont accusés de recel d’électricité
et dégradations Il serait intéressant de s’y rendre en masse et
de façon joyeuse et colorée afin de démontrer le ridicule d’une
telle situation après la suspension du projet de filières. Vous
êtes toutes et tous invitées à venir mettre un joyeux bordel !
plus d’infos sur http://zadoleron.com/
NDA :
Une video sur Air ZAD One, la 1ère ZAD flottante à l'île d'Oléron
le 1er août : (voir le site zadoleron.com)
ZAD
de SIVENS (81)
►Une
plainte
a été déposée contre Thierry Carcenac, président du CG du Tarn,
par des membres du Comité Sivens,
dans l’affaire de la destruction de la Métairie Neuve. Carcenac
risque 10 ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende.
►
La
FDSEA du Tarn recrute un animateur syndical. Une bonne connaissance
de la stratégie militaire (gestion de milices d’agriculteurs) et
une grande diplomatie (relations avec la préfecture, le conseil
général etc.) sont de mise. On vous invite à postuler – de
manière anonyme, humoristique ou à charge – et à nous envoyer
votre candidature en copie. Les meilleures contributions seront mises
en ligne sur le site des Bouilles.
Pour candidater,
envoyer lettre de motivation et CV à :Philippe BARDY
FDSEA du Tarn
96 rue des agriculteurs
81011 ALBI CEDEX 9
tél : 0563488360
mail : philippe.bardy@fdsea81.com
P.S : une offre similaire datant de 2013 est disponible ici
http://www.fnsea.fr/media/741933/offre%20emploi%20animateur%2004%202013.pdf
Vendredi
14
août
►PUB ! le bouquin paru au printemps de Sivens « L’époque est-elle fasciste ? » est disponible dans le Tarn. Voici son résumé.
►PUB ! Le film « La résistance respire » (Bande Annonce) sera diffusé :
- vendredi 7 août à la cantine pirate à Najac
- vendredi 14 août à la Zad d’Agen
- jeudi 12 novembre au cinéma Utopia de Toulouse
► l’annonce
d’une expansion des effectifs militaires sur le Camp du Larzac,
(voir une lettre ouverte à Hollande ici)
NDA :
1 200 légionnaires tranférés d'Abou Dabi sans consulter la
population !
À LA UNE - la
nouvelle "affaire Larzac"
La lettre ouverte de ce collectif du Larzac ainsi que de nombreux documents complémentaires sont disponibles sur la page :
http://douze.noblogs.org/la-legion-sur-le-larzac/
Vous pouvez joindre le collectif à l’origine de cette initiative et signer la lettre ouverte en envoyant un mail contenant votre nom, lieu d’habitation et éventuellement profession, statut à :
stm.larzac@laposte.net
La légion sur le Larzac
Mardi 18 Août 2015 à 20h30 à la
Jasse – Maison du Larzac (D809 entre Millau et La Cavalerie).
Réunion des opposants à l’arrivée de la légion sur le Larzac.
Mercredi
12
août
Un article de libération ici : LARZAC
arrivée de la légion
Le communiqué de presse de l’inénarrable
ex-sénateur alain Fauconnier : ici
Deux articles édifiants de rue 89 sur le
monde merveilleux de la légion :
Et enfin un reportage sur nos nouveaux
voisins :
https://www.youtube.com/watch?v=Uywy8XEOOxAhttps://www.youtube.com/watch?v=es6RBzMTjXw
Vendredi
21
août
Bonjour
à toutes et tous,
Voici
les prochaines dates du Collectif :
-
Réunion ouverte de la Commission
"Communication"
le Samedi
22 Août 2015
à 20h30 chez Christine et Benoît THELEN au Mas Nau du Larzac (à
gauche au carrefour de la Blaquière, route de Saint Martin du
Larzac)
-
Réunion ouverte de la Commission
"Actions"
le Dimanche
23 Août 2015
à 19h au Marabout chez les CASTORS sur le Larzac (croisement à
gauche sur la route vers Montredon du Larzac après les croisements
de Jassenove et du Tournet)
-
Assemblée
générale ouverte
le Lundi
31 Août 2015
à 20h30 à la Salle de la Menuiserie (parking rue de la Menuiserie)
à MILLAU (salle a priori disponible, en attente de réponse de la
Mairie de Millau...)
-
Actions en Septembre 2015... Mobilisons-nous ! Soyons "créactifs"
! :-)
N'hésitez
pas à y participer, à réagir, à commenter, à débattre... à
communiquer vos idées, suggestions... à apporter par oral ou à
l'écrit des réflexions de fond, de forme, des arguments, des
paroles, vos émotions, vos ressentis... à permettre des échanges
les plus ouverts possibles, dans l'écoute et le respect de nos
différences...
EN
BREF : Depuis le lancement de l'appel à signature de la lettre
ouverte, nous recevons chaque jour des mails ou commentaires de
soutien de personnes qui nous écrivent leur profond attachement aux
valeurs symboliques, non-violentes et humanistes associées au Larzac
! Les mots sont parfois forts d'émotions... Certains décrivent un
enjeu "sociétal" qui dépasse le seul cadre d'un projet de
territoire...
(Il
commence à y avoir quelques mails en colère aussi, aux arguments
plus ou moins "loufoques" parfois... Ce matin, c'était :
"JE
VOUS ACCUSE... ...en espérant que cette lettre vous fasse réfléchir
et revenir sur votre décision...")
Salutations
larzaciennes, bon WE...
Lundi
24
août
Voici
quelques nouvelles du Collectif... réuni les 4 et 18 Août 2015 sur
le Larzac suite à la décision de la venue de la Légion étrangère
dans le Camp militaire du Larzac :
1-
Vous trouverez en pièces jointes :
-
Communiqué de presse de ce jour rédigé par la commission
COMMUNICATION suite à la réunion du 18 Août 2015
-
Compte-rendu de la réunion du 18 Août 2015 - notes de réunion sur
les réflexions, propositions... évoquées des uns et des autres
avant, pendant et après la réunion...
2-
En vue des prochaines actions, il est lancé 2 appels :
-
Appel à Atelier
banderoles
le Dimanche 30 Août 2015 à 14h au Marabout chez les CASTORS sur le
Larzac (croisement à gauche sur la route vers Montredon du Larzac
après les croisements de Jassenove et du Tournet). Amener
vos bâches, draps, tissus, papiers, pot de peintures, pinceaux,
marqueurs... !
3-
La prochaine assemblée
générale ouverte aura
lieu le Lundi
31 Août 2015
à 20h30 à la Salle de la Menuiserie (parking rue de la Menuiserie)
à MILLAU.
Ordre
du jour proposé :
-
Travail des commissions
-
Préparation des actions de Septembre 2015...
Remarque
:
La réunion suivante aura sans doute lieu à l'Hospitalet-du-Larzac.
Date à définir...
4-
Suite à la dernière réunion de la commission ACTION et sous
réserve de validation/modification par l'assemblée générale, la
prochaine
action
est a priori prévue le Samedi 5 Septembre 2015 au matin sur
Millau... A vos agendas... Soyons
nombreuses et nombreux à montrer notre opposition à la décision de
l'arrivée dès l'année prochaine de la Légion étrangère sur le
camp du Larzac !
On
vous en dira + sur les actions proposées à la réunion du 31
Août... :-)
5-
Quelques autres idées en prépa... seront présentées à la réunion
du 31 Août...
6-
D'ici là, des personnes du Collectif devraient être présent le
Samedi 29 Août 2015 à Saint-Victor-et-Melvieu à la Fête du Vent
(http://douze.noblogs.org/)
pour débattre avec le public de la situation vécue par le Larzac...
Si vous souhaitez en être, écrire à stm.larzac@laposte.net.
Croisons les luttes !
Pour
toute question, écrire à : stm.larzac@laposte.net
Salutations
larzaciennes.
La
Commission Communication pour le Collectif... (après Collectif pour
un Avenir Civil du Larzac, il y a Collectif Gardem Lo Larzac qui
prend la tête des sondages... on en reparle le 31... cette
information vous est bien sûr diffusée afin de tester vos
réactions... :-) )
stm.larzac@laposte.net
Lettre
ouverte au président de la République française
Les
signatures peuvent et doivent évidemment continuer !
Pour
ce faire :
1- aller à cette adresse : http://www.elysee.fr/ecrire-
2- remplir les champs obligatoires, (ceux avec *)
3- copier/coller le texte de la lettre (cf. lettre ci-dessous hors premiers signataires)
4- valider en recopiant le texte présenter sous forme graphique en bas de la page...
1- aller à cette adresse : http://www.elysee.fr/ecrire-
2- remplir les champs obligatoires, (ceux avec *)
3- copier/coller le texte de la lettre (cf. lettre ci-dessous hors premiers signataires)
4- valider en recopiant le texte présenter sous forme graphique en bas de la page...
En
retour, vous recevrez ce mail type de réponse à l'adresse mail que
vous avez renseigné :Madame,
Monsieur,
Nous vous informons de la bonne réception de votre message.
Toutefois, pour que l’envoi à la Présidence de la République soit effectif, vous devez cliquer sur le lien suivant : http://ecrire.elysee.fr/
Sans confirmation de votre part, le message posté sur le site sera effacé sous 72 heures.
L’outil Ecrire au Président Présidence de la République
Nous vous informons de la bonne réception de votre message.
Toutefois, pour que l’envoi à la Présidence de la République soit effectif, vous devez cliquer sur le lien suivant : http://ecrire.elysee.fr/
Sans confirmation de votre part, le message posté sur le site sera effacé sous 72 heures.
L’outil Ecrire au Président Présidence de la République
5-
cliquer sur le lien de votre mail automatique afin de valider votre
message.
6- enfin, merci d'envoyer un mail à : stm.larzac@laposte.net pour nous permettre de vous comptabiliser, en mentionnant votre Nom / Prénom suivi de votre Lieu d'habitation (+ éventuellement : profession, fonction...).
Libre à vous de rajouter un message de soutien à ce qui s'initie ce jour...
Merci de mentionner également si vous souhaitez être inscrit à la mailing-list pour être tenu informé de l'évolution de la situation.
6- enfin, merci d'envoyer un mail à : stm.larzac@laposte.net pour nous permettre de vous comptabiliser, en mentionnant votre Nom / Prénom suivi de votre Lieu d'habitation (+ éventuellement : profession, fonction...).
Libre à vous de rajouter un message de soutien à ce qui s'initie ce jour...
Merci de mentionner également si vous souhaitez être inscrit à la mailing-list pour être tenu informé de l'évolution de la situation.
Au-delà
de cet envoi et comme d'autres résistances en cours desquelles je
suis solidaire, il est important pour nous de faire grandir le nombre
de sympathisants / soutiens de cette nouvelle lutte du Larzac afin de
montrer qu'il n'y a pas unanimité derrière ce projet militaire /
cette manière de concevoir le vivre ensemble et le monde de demain !
N'hésitez
pas à diffuser sans modération cet appel par tous les réseaux dont
vous disposez !
Autre
moyen pour signer la lettre
:
Cyber
action N° 732: Non au camp légionnaire du Larzac !
Cliquer
ici : http://www.cyberacteurs.org/
Texte
de la lettre ouverte au président de la République française :
Monsieur le Président de la République
Palais de l’Élysée
55, rue du faubourg Saint-honoré
75008 Paris
Palais de l’Élysée
55, rue du faubourg Saint-honoré
75008 Paris
Le
5 août 2015,
Lettre ouverte au président de la République française.
Lettre ouverte au président de la République française.
Monsieur
le Président,
«
Nous vous faisons une lettre que vous lirez peut-être, si vous
avez le temps… »
À l’issue du Conseil des ministres du 31 juillet 2015, nous apprenons la décision du ministère de la Défense, d’une expansion des effectifs militaires sur le Camp du Larzac.
Le Ministère annonce la venue à terme de 1200 militaires permanents de la Légion étrangère alors que le départ annoncé du CEITO nous avait fait entrevoir l’opportunité d’une fermeture du camp et sa reconversion à usage civil.
Cette décision a été prise à l’initiative d’élus locaux en négociations secrètes au ministère de la Défense sans que les populations locales ne soient ni informées ni consultées.
En pleine période de restrictions budgétaires, le Ministère et le Département de l’Aveyron ont annoncé le déblocage de crédits publics importants pour des aménagements tant militaires que civils liés à l’augmentation du nombre de militaires.
Ce qui est présenté comme une « chance » pour le Sud-Aveyron remet en cause 34 ans d’une cohabitation pacifique qui a permis un développement du Larzac fondé sur des activités agricoles, touristiques, patrimoniales et économiques.
Ce territoire a vu sa population et son activité augmenter significativement. En outre, la vocation pastorale des causses a été reconnue par l’inscription au patrimoine mondial de l’Unesco.
Cette décision et ses conséquences mettent en péril la réflexion déjà engagée et souhaitée d’un avenir civil du Larzac, s’inscrivant dans une dynamique solidaire et humaniste.
L’État rompt ainsi le contrat moral établi en 1981 avec François Mitterrand pour mettre fin à 10 ans de lutte contre le projet d’extension du Camp du Larzac.
Nous
vous demandons, Monsieur le Président, d’annuler cette
décision.
Vigilants et déterminés, nous sommes pour un avenir civil du Larzac.
Vigilants et déterminés, nous sommes pour un avenir civil du Larzac.
Des
paysans, des habitants, des citoyens du Larzac et d’ailleurs
réunis le 4 août 2015...
Mercredi
12
août
La
mise
en vente par Auchan de la
ferme des bouillons à Rouen :
la lutte n’est pas finie !
Mercredi
19
août
►URGENT !
La ferme des bouillons vient d’être évacuée, appel à
rassemblement à la ferme. (Pas plus de détails pour l’instant,
mais vous pouvez vous tenir au courant ici)
La ferme des Bouillons évacuée
Les
militants écologistes qui occupent depuis deux ans et demi la ferme
des Bouillons, près de Rouen, pour lui conserver son caractère
agricole, ont été évacués mercredi matin par les forces de
l’ordre, annonce l’AFP de source préfectorale.
Lundi la Société d’aménagement foncier et d’établissement rural (Safer) de Haute-Normandie a donné sa préférence au projet d’une SCI qui veut pratiquer du maraîchage bio sur ce site agricole, écartant la possibilité de préempter le terrain pour y mettre en concurrence un autre projet de culture bio soutenu par les zadistes.
Auchan renonce à la zone commerciale
Début août Immochan a renoncé à cette parcelle et a signé un compromis de vente pour 150.000 euros avec des experts paysagistes qui ont formé une SCI familiale.
Ce projet de SCI « s’inscrit au premier rang des priorités en matière d’installation agricole », selon la Safer. Il s’agit d’un jeune agriculteur « disposant de la capacité professionnelle » et « souhaitant développer l’agriculture biologique ».
En réponse à ce projet bio sur le site qu’ils occupent, les zadistes normands avaient soutenu un autre projet de maraîchage bio, soupçonnant la SCI familiale d’être prête à céder ses parts au groupe Auchan dans quelques années.
Pour éviter que ce cas se présente, la Safer a obtenu qu’un cahier des charges soit inséré à l’acte de vente entre la SCI et Auchan, mentionnant notamment « le maintien d’une activité agricole pendant 25 ans au moins » ou encore l’engagement d’y pratiquer une agriculture biologique inscrite dans le bail.
Quant
au projet de l’autre jeune agriculteur, soutenu par les zadistes,
la Safer lui propose de le rencontrer pour envisager de lui trouver
un autre terrain, toujours en périphérie rouennaise.
AFP
sur
Politis.fr
Expulsion policière : la réponse de Laurent Fabius à la Ferme des Bouillons ?
Le Tour Alternatiba dénonce l'expulsion ce matin par la police des habitants de la Ferme des Bouillons. Le Tour avait fait étape aux Bouillons et exprimé son soutien au projet le 11 août dernier.
La ferme des Bouillons avait adressé, le 15 août, une lettre à Laurent Fabius, Ministre des Affaires étrangères, en charge de l'organisation du sommet lui demandant son soutien. Pour toute réponse, l'État français fait intervenir la police pour évacuer les lieux. Toute discussion semble impossible. Une attitude étrange pour un gouvernement qui dit vouloir être exemplaire sur la question climatique.
Lundi 17 août la Région Haute Normandie et la Métropole Rouen Normandie ont demandé la préemption de la ferme par la SAFER. Malgré cela, la SAFER a validé mardi 18 la vente de la ferme à une société proposant un projet agricole purement virtuel et fondée par des personnes déjà gérants de plusieurs société immobilières. Cette société a été montée de toute pièce et pourra être rachetée à tout moment, perdant ainsi son objet agricole. L'État a soutenu ce choix en faisant intervenir dès le lendemain à l'aube, mercredi 19, les forces de l'ordre pour expulser les habitants de la ferme des Bouillons.
Le Tour Alternatiba s'inquiète de l'avenir agricole de la ferme qui est menacée à moyen terme, alors que nous avons plus que jamais besoin d'une agriculture saine et de proximité, notamment en zone péri-urbaine. Le Tour Alternatiba regrette que le gouvernement ne donne pas la priorité aux projets soutenus et portés par les citoyens.
Le combat pour la ferme des Bouillons continue !
Actualités et mobilisations à suivre sur : http://www.lafermedesbouillons.fr/
Alternatiba
Le mauvais coup de l’été : l’Etat évacue la ferme des Bouillons et la cède à des proches du groupe Auchan
Reporterre
a tiré le rideau pour ce mois d’août. Mais parce que nous ne
voulions pas rédiger à la rentrée un article intitulé « Ce
que vous avez raté pendant l’été : une occupation évacuée,
il est maintenant trop tard », nous ré-ouvrons nos
colonnes. Mercredi 19 août, la ferme des Bouillons, lieu
agricole alternatif près de Rouen, a été évacuée par les CRS.
Tout
allait pourtant pour le mieux à la
ferme des Bouillons entre un stage de construction d’éoliennes,
le passage d’Alternatiba et le marché maraîcher hebdomadaire ;
mais la période estivale est propice aux entourloupes étatiques.
C’est
ce qu’a vécu la ferme occupée, située à Mont-Saint-Aignan, en
périphérie de Rouen. Une entourloupe bien ficelée qui a abouti,
mercredi matin 19 août, à
l’évacuation par les CRS de la trentaine de personnes qui
occupaient depuis plus de deux ans et demi la ferme pour la sauver
d’un projet immobilier du groupe Auchan.
Fin
juillet, l’association de protection de la ferme des Bouillons
apprend qu’un compromis de vente a été signé entre Immochan, la
foncière d’Auchan, au profit d’une SCI nommée In Memoriam
dirigée par les frères Mégard pour la somme de 150 000 euros.
L’établissement en charge du foncier agricole et sous tutelle de
l’Etat, la Safer, a confirmé cette vente mardi soir 18 août.
Et dès le lendemain matin, dans une précipitation exceptionnelle
qui témoigne que cette décision de la Safer a été prise en
parfait accord avec le préfet, la police intervenait.
La
Safer refuse de préempter, alors qu’elle le peut, c’est-à-dire
examiner d’autres propositions de reprises, les comparer et évaluer
quelle offre est la plus pertinente. La Safer a donc fait le choix de
ne pas ouvrir le
dossier présenté et mûri pendant un an par les militants, et
portés par plus d’un millier d’adhérents à l’association,
sans compter les sympathisants.
|
Un projet porté
par Romain
Pavot, maraîcher bio, en activité au sein du réseau des Amap
depuis six saisons et paysan sans terre d’ici la fin de l’année.
La confirmation de la vente à la SCI In memoriam a ainsi amené le
préfet a signé l’évacuation de la ferme mercredi matin, à 6h.
Bien plus qu’une affaire de marchands de tapis, il s’agit d’un
dossier politique.
La ferme des Bouillons, légitimité contre légalité
Le
groupe Auchan a acheté la ferme de quatre hectares il y a trois ans.
Depuis décembre 2012, elle est occupée par des militants de tous
bords. Sur
place, le quotidien s’organisait entre le travail aux champs,
les conférences, formations et concerts organisés. Agriculture,
culture et éducation populaire sont au cœur de cette occupation qui
draine de nombreux soutiens allant de
la Confédération paysanne à EELV
en passant par l’ancien maire de la commune, Patrice
Colasse (PS). La société civile est également présente, en
masse sur le site. A titre d’exemple, le festival
La Tambouille organisé en septembre 2014 avait attiré 3 000
personnes durant un week-end.
Ces
presque trois années d’occupation ont porté leurs fruits. En
janvier 2013, la ferme a été classée
en zone naturelle protégée, et six mois plus tard, le permis de
démolition d’Auchan n’a pas été reconduit. A l’été 2014,
la ferme était sauvée. Dernier obstacle pour la rendre pérenne
avec un projet légal de maraîchage et d’éducation populaire, le
propriétaire : Auchan, qui ne voulait pas négocier avec ses
détracteurs.
Des nouveaux propriétaires proches de la famille Mulliez et de l’extrême-droite
Un
an plus tard, presque jour pour jour, l’association de protection
de la ferme apprend donc qu’un compromis de vente est signé. Les
acheteurs sont deux frères réunis au sein d’une SCI (société
civile immobilière) nommée In memoriam, les frères Mégard. Un
faisceau d’éléments permettent de douter de leurs intentions
affichées. Avant tout chose, laissons-les se présenter, dans une
vidéo où ils remercient le groupe Immochan de son aide.
Le
statut juridique de SCI est assez commun. Dans le cas de la ferme, il
est particulièrement utile. Une fois rachetée, la SCI pourra
revendre des parts à qui bon lui semble sans que la Safer, ni les
pouvoirs publics ne puissent s’y opposer. La Safer elle-même
dénonce
ces pratiques. Cette manière de faire est bien connue, par
exemple à travers le dossier de la ferme-usine
des mille vaches. C’est par ce biais que Michel Ramery est
parvenu à acquérir autant de terres.
Les
militants dénoncent cette opacité et mettent en avant leur modèle
économique fondé sur l’épargne citoyenne, avec le soutien de
Terre
de Liens, et le contrôle de la société civile afin de garantir
la vocation agricole du site. A cet argument, la Safer a répondu en
ajoutant au compromis de vente une clause garantissant la vocation
agricole du lieu pendant au moins 25 ans.
Mais
qui sont ces repreneurs sortis du chapeau ? L’aîné Thibault
Mégard attire l’attention. Il détient plusieurs entreprises,
surtout dans
le secteur immobilier. Un secteur plus proche des activités
d’Auchan que du projet de maraîchage bio qu’il
met en avant avec son frère.
Du
côté de la sensibilité à l’environnement, Thibault Mégard fait
aussi partie de l’entreprise paysagiste Œuvre
d’arbre. La structure se vante de son Certiphyto, un certificat
qui garantit les bonnes pratiques dans l’usage des biocides.
Pratiques éloignées des soucis de culture biologique et permacole.
Merci Auchan
Homme
aux multiples casquettes, Thibault Mégard est aussi engagé en
politique. Lors des élections européennes de 2014, il était
candidat sur une liste divers droite à Villiers-sous-Mortagne
(Basse-Normandie). La tête de liste n’est autre qu’André-Paul
Leclercq, membre de la famille
Mulliez en charge du développement du groupe Auchan dans les
pays de l’Est.
A
cela s’ajoute le prix de vente : 150 000 euros. Auchan a
acheté le site en plus de
700 000 euros, une fois reclassé en zone naturelle protégée, le
site ne valait plus que 300 à 350 000 euros selon les expertises
commandées par l’association de protection de la ferme. Les Mégard
seraient donc de très bons négociateurs, à moins qu’Auchan ne
leur ait fait une fleur. Un geste commercial qu’il conviendrait de
qualifier d’étonnant de la part de la famille Mulliez, plutôt
proche de son argent vu son implantation massive en Belgique.
C’est
peut-être la cerise sur le gâteau, les orientations politiques des
deux frères sont diamétralement opposées à celles portées par
l’association de la ferme des Bouillons. Thibault Mégard s’est
porté candidat lors des élections
législatives de 2007 à Rouen sur une liste Mouvement pour la
France, son leader national étant Philippe de Villiers.
Le
collectif Ras le Front de Rouen, classé comme anti-fasciste, révèle,
photo
à l’appui, l’implication du petit frère, Baptiste, dans les
mobilisations Manif pour tous et Veilleurs de nuit.
Dans
ce contexte, difficile de ne pas s’étonner du nom de leur
entreprise : In Memoriam. In Memoriam est le nom d’un groupe
de rock d’extrême-droite, une référence dans le rock identitaire
français. Le
Figaro
lui a consacré un article au début du mois suite à sa
venue à Fréjus.
Tout
ceci dessine un tableau dans lequel le gouvernement a préféré
privilégier une solution portée par la collusion entre
l’extrême-droite et un des plus grands groupes de distribution
français. Le message est clair : tout plutôt que des
alternatives portées par les citoyens.
Le
refus de la Safer de préempter, de prendre en considération le
fruit de deux ans et demi de travail de la part de la société
civile laisse pantois. Comme l’explique l’association pour la
Sauvegarde de la ferme des Bouillons dans
une lettre ouverte adressée à Laurent Fabius, président de la
COP21 à venir et élu de Seine-Maritime : « Comment
pourrions-nous justifier à l’opinion publique française
qu’échappe à
[la] société
civile pacifiquement organisée, le fruit de trente-deux mois de
travail de persuasion et de rédaction d’un projet indépendant des
lobbies de l’argent, reposant sur une expertise citoyenne
partagée ? (…) Quel terrible exemple pour un mouvement
reposant sur la compétence collaborative et sur une jeunesse très
conscientisée sur ces questions environnementales, qu’un
’coup monté’ renvoyant
à la désespérance de toute action pacifiquement et patiemment
construite, après un premier échec de la voie politique
classique ? »
Les alternatives pacifiques renvoyées à la désespérance
Tout ceci dessine un tableau dans
lequel le gouvernement a préféré privilégier une solution portée
par la collusion entre l’extrême-droite et un des plus grands
groupes de distribution français. Le message est clair : tout
plutôt que des alternatives portées par les citoyens.
Le refus de
la Safer de préempter, de
prendre en considération le fruit de deux ans et demi de travail de
la part de la société civile laisse pantois. Comme l’explique
l’association pour la Sauvegarde de la ferme des Bouillons dans
une lettre ouverte adressée à Laurent Fabius, président de la
COP21 à venir et élu de Seine-Maritime : « Comment
pourrions-nous justifier à l’opinion publique française
qu’échappe à [la] société
civile pacifiquement organisée, le fruit de trente-deux mois de
travail de persuasion et de rédaction d’un projet indépendant des
lobbies de l’argent, reposant sur une expertise citoyenne
partagée ? (…) Quel terrible exemple pour un mouvement
reposant sur la compétence collaborative et sur une jeunesse très
conscientisée sur ces questions environnementales, qu’un
’coup monté’ renvoyant à la désespérance
de toute action pacifiquement et patiemment construite, après un
premier échec de la voie politique classique ? »
Vendredi
21
août
Près de Rouen , l'Etat fait expulser les «zadistes» de la ferme des Bouillons
Près de Rouen, sur les terres de Laurent Fabius, le ministre de la COP 21, l’État vient de faire expulser les «zadistes» de la ferme des Bouillons, un temps rachetée par une filiale du groupe Auchan. Occupée depuis plus de deux ans, des dizaines de personnes voulaient y pérenniser une activité agricole bio, et en faire un lieu de formation et d’éducation populaire.
Au début de l’été, des déclarations de
Matignon laissaient croire à une possible évacuation de la ZAD de
Notre-Dame-des-Landes avant l’automne. C’est finalement une
autre « zone à défendre », près de Rouen, installée
sur un terrain acheté par Immochan, filiale d'Auchan, le géant de
la grande distribution, qui a été vidée de ses habitants par la
force publique, au petit matin du mercredi 19 août.
La ferme des Bouillons était occupée depuis deux ans et demi par des habitants qui voulaient empêcher sa destruction et sa transformation en grande surface commerciale. Ils y avaient développé du maraîchage bio, y animaient des rencontres militantes et des activités culturelles. Ils souhaitaient pérenniser leur activité agricole, et en faire un lieu de formation et d’éducation populaire. Petit à petit, ils s’étaient attiré le soutien des collectivités locales (dont la commune de Mont-Saint-Aignan où est sise la ferme, mais aussi Rouen métropole et la région Haute-Normandie), de l’association Terre de liens qui aident les agriculteurs sans terre à s’installer – par le biais notamment de financements collaboratifs –, et du millier de personnes qui avaient adhéré à l’association de soutien.
http://www.ina.fr/video/RYC9806185700
Si bien que début août, Auchan annonçait renoncer
à ses 4 hectares. C'était une victoire en demi-teinte pour les
opposants car le groupe annonçait aussi avoir signé un compromis
de vente avec une SCI familiale formée par des paysagistes, voulant
y développer eux aussi du maraîchage bio et de la permaculture.
Sollicitée, la Société d’aménagement foncier et
d’établissement rural (Safer) de Haute-Normandie a pourtant
renoncé à son droit de préemption, qui aurait permis de mettre le
projet de la SCI en concurrence avec celui des occupants de la
ferme. Quelques heures après l’annonce de la Safer, la préfecture
expulsait les lieux.
Cette expulsion précipitée d’un lieu devenu emblématique des alternatives au tout béton sanctionne ainsi les dizaines de personnes qui ont permis la préservation de ces terres, autrement promises à la destruction, par leur travail et leur capacité à créer un environnement social et solidaire autour de leur projet. La ferme des Bouillons n’était pas seulement une activité agricole ; c’était aussi un espace d’utopie concrète, animé collectivement, et autour d’une vision partagée de l’importance des communs, qu’il s’agisse de terres, de l’air que l’on respire, ou de pratiques pour vivre et penser librement.
C’est cette zone d’expérimentation sociale que la puissance publique est en train de démolir. La Safer a promis d’aider à trouver un autre lieu de culture au maraîcher du groupe. Mais rien ne remplacera les terres et les bâtisses habitées depuis deux ans, désormais riches de la valeur sociale de tout ce qui s’y est fabriqué au fil des mois d’occupation. La Safer a beau se retrancher derrière les arguments juridiques, il y a une dimension punitive, vexatoire, dans le refus de prendre en compte le projet des habitants de la ZAD des Bouillons.
C’est d’autant plus frappant que les acheteurs choisis par Immochan affichent un projet qui présente quelques similitudes avec celui des zadistes : agriculture bio et, même, permaculture. Mais imposé par les CRS, il en devient une caricature, comme le manifeste d’une certaine manière la vidéo auto-promotionnelle des créateurs de la SCI : ils y parlent d’agro écosystème autonome en se présentant comme de « petits entrepreneurs », en remerciant Immochan et en souhaitant que les parents des enfants qui visiteront leur ferme aient envie de beaucoup y consommer.
Selon Ras l’front Rouen, Baptiste Mégard, le jeune fondateur de la SCI, est un militant de la Manif pour tous et fait partie des Veilleurs pour la famille (notamment opposés au mariage pour tous). Son frère aîné que l’on voit aussi dans la vidéo, gérant de l’entreprise Œuvre d’Arbre, Thibault Mégard, a été candidat suppléant aux élections législatives de 2007 dans la première circonscription de Rouen de Hubert de Bailliencourt, sous l’étiquette du Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers.
« Nous avons quitté, un peu forcés, notre "ZAD de luxe" pour l'occupation d'une prairie face à la ferme occupée depuis ce matin par la SCI In Memoriam, qui démarre ses travaux de permaculture par le creusement de tranchées et l'envoi de nombreux vigiles avec molosses », ont réagi les habitants des Bouillons dans un communiqué.
Pour David Cormand, conseiller régional EELV en Haute-Normandie, l’évacuation de la ferme est « une injustice qui laissera des traces. La guerre menée à toute forme d'alternative est une faute ». Selon la Confédération paysanne, « les Bouillons sont un symbole, un mouvement porteur d’espoir. Et c’est toujours dangereux de briser un espoir ». C’est cet espoir d’une résistance citoyenne et non violente au saccage des hectares agricoles (un département disparaît tous les sept ans sous le béton) que l’État sanctionne.
Le message peut surprendre alors que l’affaire se déroule dans la région de Rouen, sur les terres de Laurent Fabius, ministre de la COP 21, la conférence sur le climat en décembre.
La ferme des Bouillons était occupée depuis deux ans et demi par des habitants qui voulaient empêcher sa destruction et sa transformation en grande surface commerciale. Ils y avaient développé du maraîchage bio, y animaient des rencontres militantes et des activités culturelles. Ils souhaitaient pérenniser leur activité agricole, et en faire un lieu de formation et d’éducation populaire. Petit à petit, ils s’étaient attiré le soutien des collectivités locales (dont la commune de Mont-Saint-Aignan où est sise la ferme, mais aussi Rouen métropole et la région Haute-Normandie), de l’association Terre de liens qui aident les agriculteurs sans terre à s’installer – par le biais notamment de financements collaboratifs –, et du millier de personnes qui avaient adhéré à l’association de soutien.
http://www.ina.fr/video/RYC9806185700
Assemblée générale de plusieurs centaines de personnes devant la ferme des Bouillons après son expulsion (Facebook du collectif) |
Cette expulsion précipitée d’un lieu devenu emblématique des alternatives au tout béton sanctionne ainsi les dizaines de personnes qui ont permis la préservation de ces terres, autrement promises à la destruction, par leur travail et leur capacité à créer un environnement social et solidaire autour de leur projet. La ferme des Bouillons n’était pas seulement une activité agricole ; c’était aussi un espace d’utopie concrète, animé collectivement, et autour d’une vision partagée de l’importance des communs, qu’il s’agisse de terres, de l’air que l’on respire, ou de pratiques pour vivre et penser librement.
C’est cette zone d’expérimentation sociale que la puissance publique est en train de démolir. La Safer a promis d’aider à trouver un autre lieu de culture au maraîcher du groupe. Mais rien ne remplacera les terres et les bâtisses habitées depuis deux ans, désormais riches de la valeur sociale de tout ce qui s’y est fabriqué au fil des mois d’occupation. La Safer a beau se retrancher derrière les arguments juridiques, il y a une dimension punitive, vexatoire, dans le refus de prendre en compte le projet des habitants de la ZAD des Bouillons.
C’est d’autant plus frappant que les acheteurs choisis par Immochan affichent un projet qui présente quelques similitudes avec celui des zadistes : agriculture bio et, même, permaculture. Mais imposé par les CRS, il en devient une caricature, comme le manifeste d’une certaine manière la vidéo auto-promotionnelle des créateurs de la SCI : ils y parlent d’agro écosystème autonome en se présentant comme de « petits entrepreneurs », en remerciant Immochan et en souhaitant que les parents des enfants qui visiteront leur ferme aient envie de beaucoup y consommer.
Selon Ras l’front Rouen, Baptiste Mégard, le jeune fondateur de la SCI, est un militant de la Manif pour tous et fait partie des Veilleurs pour la famille (notamment opposés au mariage pour tous). Son frère aîné que l’on voit aussi dans la vidéo, gérant de l’entreprise Œuvre d’Arbre, Thibault Mégard, a été candidat suppléant aux élections législatives de 2007 dans la première circonscription de Rouen de Hubert de Bailliencourt, sous l’étiquette du Mouvement pour la France (MPF) de Philippe de Villiers.
« Nous avons quitté, un peu forcés, notre "ZAD de luxe" pour l'occupation d'une prairie face à la ferme occupée depuis ce matin par la SCI In Memoriam, qui démarre ses travaux de permaculture par le creusement de tranchées et l'envoi de nombreux vigiles avec molosses », ont réagi les habitants des Bouillons dans un communiqué.
Pour David Cormand, conseiller régional EELV en Haute-Normandie, l’évacuation de la ferme est « une injustice qui laissera des traces. La guerre menée à toute forme d'alternative est une faute ». Selon la Confédération paysanne, « les Bouillons sont un symbole, un mouvement porteur d’espoir. Et c’est toujours dangereux de briser un espoir ». C’est cet espoir d’une résistance citoyenne et non violente au saccage des hectares agricoles (un département disparaît tous les sept ans sous le béton) que l’État sanctionne.
Le message peut surprendre alors que l’affaire se déroule dans la région de Rouen, sur les terres de Laurent Fabius, ministre de la COP 21, la conférence sur le climat en décembre.
Qui est légitime pour
décider du sort des terres ? C’est l’autre question
soulevée par cette affaire. En soutenant les acheteurs choisis par
Immochan, la Safer Haute-Normandie semble tracer un cordon sanitaire
entre les professionnels agricoles et les acteurs du monde
associatif et militant qui veulent développer des alternatives à
l’agro-industrie.
Chambres d’agriculture, banques, mutuelles,
syndicats veulent préserver leur entre soi, imperméables
aux demandes de ces nouveaux acteurs. Cette attitude conservatrice
favorise les petits arrangements entre amis – vendre une
terre agricole à la grande distribution ou à un parc de loisirs
peut rapporter beaucoup d’argent à son propriétaire. En
situation de dérèglement climatique et de pollution endémique des
campagnes par les pesticides et les engrais chimiques, il n’est
plus défendable que le sort des parcelles de prairie ou de culture
soit entre les seules mains de la FNSEA.
Jade
Lindgaard –
Médiapart
Vendredi
28
août
La
lutte continue et les
activités se poursuivent, à lire ici un récit
des suites de l’expulsion de la ferme occupée depuis 2 ans et
demi contre Auchan.
ZAD
d'ailleurs
►
Un
camp international anticapitaliste aura lieu en Grèce (Chalkidiki,)
du 18 au 25 août. http://beyondeurope.net/
Lundi
31
août
En Aveyron, alternatifs et citoyens s’opposent aux éoliennes industrielles
Saint-Victor-et-Melvieu
(Aveyron), reportage
Alors
que l’éolien comme les autres énergies renouvelables commencent à
prendre une place notable dans la production électrique, des voix
s’élèvent dans les zones rurales du pays pour contester
l’implantation de ces nouvelles industries. En Aveyron, un projet
de transformateur électrique cristallise les débats.
Jour
tranquille sur le marché de Saint Affrique. En cette fin d’été
dans le sud de l’Aveyron, il n’y a pas foule pour acheter les
légumes des producteurs locaux. Certains affichent néanmoins un
sourire complice à l’évocation de la Fête
du Vent qui se déroule du 28 au 30 août à
Saint-Victor-et-Melvieu. Une affiche sur les étals précise :
"Ni
ici ni ailleurs, non au transformateur de Saint Victor, qui ajoute au
nucléaire des énergies dites
’vertes’ pour
étendre toujours plus le marché de l’électricité au-delà des
frontières et des besoins".
Le
ton est donné et reste le même quand on s’élève au dessus de la
petite ville pour arriver sur un plateau, à proximité du village de
Saint-Victor-et-Melvieu. On tourne pour un chemin de terre pour
accéder à la colline qui surplombe le village et nous y voici :
yourtes, chapiteau mais surtout une cabane, l’Amassada,
"assemblée", en occitan. En contrebas, l’animation bat
son plein. Plus de deux cent personnes sont là, présentes sous
différents barnums, écoutant divers conférenciers, tandis qu’ici
on boit une bière artisanale devant le bar, et que là des enfants
jouent avec un cerf-volant, une girouette et divers jouets de
récupération qui volent au vent. On retrouve des têtes connues :
militants locaux, agriculteurs, néo-ruraux, voisins du Tarn croisés
au moment de la lutte de Sivens, militants libertaires et
écologistes.
Pourquoi
sont-ils là ? Si l’Aveyron est connu pour ses paysages, son
viaduc de Millau et sa gastronomie, le département n’en est pas
pour autant épargné par les projets d’aménagement à grande
échelle, « inutiles et imposés » selon d’adage.
En cause ici : un « méga-transformateur »
électrique, porté par RTE (Réseau de Transport d’électricité),
filiale à 100% du groupe EDF qui gère le réseau électrique haute
tension dans le pays. Le transformateur ? "C’est un
projet nécessaire, dit Jean Marc Perrin, directeur du projet
chez RTE, interrogé par Reporterre la semaine précédente,
"pour augmenter la sécurité du réseau et créer un lien
entre le réseau 225 000 volts et le 400 000 volts" (réseau
THT). Traduction : il faut désencombrer les routes et
autoroutes de l’énergie qui sont aujourd’hui saturées.
"On est déjà en passe de saturer et on ne peut pas accueillir actuellement de production supplémentaire", assure Jean-Marc Perrin. Un transformateur existe déjà, il en faut donc un deuxième pour accueillir toutes ces nouvelles productions. Coût : 75 millions d’euros, investis par RTE, à quoi s’ajoutera le doublement de la ligne 400 000 volts d’ici dix ans.
Télécharger le plan de développement régional :
Elle a alors lancé avec d’autres habitants une association d’opposants, Plateau Survolté. Pour l’association, au-delà des nuisances pour la population (ondes électromagnétiques, dégradation du paysage, proximité des habitations), la question centrale réside dans le contexte global de la production énergétique et de la mise en concurrence internationale de la production d’électricité via un grand marché européen. Sur des revendications ouvertement hostiles au projet, une liste d’opposition remporte les élections municipales en 2014. Après trois années de bataille, les promoteurs consentent à réduire le projet de onze à sept hectares, "pour minimiser l’impact paysager", selon M. Perrin, mais sans remettre en cause son fondement-même.
L’agriculteur et la cabane
|
Dans le village, il a fallu un peu de temps pour apprivoiser le mouvement : "Au début, les gens ont eu un peu peur que ça fasse comme dans le Tarn. Et puis maintenant, les occupants sont mieux acceptés", dit Carole Joly. Désormais, c’est l’Amassada qui prend l’initiative de la lutte contre le transformateur, en complémentarité avec Plateau Survolté. Comme ailleurs, les stratégies diffèrent, mais le but est commun. Après une manifestation de 400 personnes en mars dernier dans les rues de Saint-Affrique, les militants ont décidé d’organiser un grand rendez vous festif et militant « pour montrer qu’il y a mieux à faire avec ce souffle que d’alimenter des moulins à frics, qu’il existe des objets à taille humaine, qui embellissent le ciel au lieu de pourrir nos nuits » m’explique-t-on.
"Une politique colonialiste"
|
Invitée également, Fleur Daugey, journaliste, auteur et éthologue venu décrypter l’impact des éoliennes sur les oiseaux, sujet de controverse y compris dans le milieu scientifique. On croise aussi l’économiste, ou plutôt "anti-économiste", Jacques Fradin qui travaille sur le lien entre technique et politique et brosse un portrait peu reluisant des ingénieurs et de leur rôle dans l’aménagement du territoire.
Mais sont aussi présents des habitants du village de Saint-Victor, comme Francis, qui ne prend pas de gants pour dénoncer "une politique colonialiste. Ce qui me révolte, c’est que ça s’impose alors que c’est une connerie économique comme écologique". Pour lui, la solution viendra des économies d’énergies, de la rénovation et de la construction de logements économes "qui eux, au moins, font vivre un territoire et des artisans locaux".
Pour Pauline, habitante de la commune de Saint-Affrique, « ça ne sert à rien de faire une usine à vent si tu ne repenses pas tout le système qui va avec. Les éoliennes comme elles sont faites, ça pète tous les liens sociaux, ça divise les gens et ça fait primer l’intérêt individuel sur l’intérêt collectif ». Car le premier bénéficiaire d’une éolienne est le propriétaire du terrain sur lequel celle-ci est construite. Et quand c’est un maire ou un élu qui est concerné, le conflit d’intérêt n’est pas loin.
Comme un pied de nez aux projets "industriels", le collectif a érigé une petite éolienne artisanale qui permet d’alimenter en électricité la buvette ainsi qu’un studio radio délocalisé sur place par une radio associative du secteur. "On ne se trompe pas : ce n’est pas l’éolien qui est le problème, c’est l’ensemble de la politique de développement et de croissance de l’énergie qui est en cause", dit Alexandre.
Avec près de trois cent participants, cette fête du vent marque un nouveau pas pour la lutte contre le transformateur. Le projet lui, s’il est toujours en discussion, avance malgré tout. Pour Jean-Marc Perrin, de RTE, "nous savons que derrière la contestation du projet, c’est la contestation de l’implantation d’éoliennes. Nous prendrons le temps nécessaire pour discuter. Ce sera à la commission d’enquête publique, désignée par le tribunal administratif, de décider si ce projet est d’utilité publique". D’ores et déjà, alors que l’enquête est prévue début 2016, les militants dénoncent une "simulation de concertation" et préparent une manifestation d’ampleur dans la semaine qui précèdera l’ouverture de l’enquête.
En attendant, l’Amassada est aujourd’hui déclarée construction illégale. Un permis de construire a été déposé a posteriori, mais a été refusé. Une première bataille juridique est entamée pour demander un recours gracieux devant le tribunal administratif. Mais rien qui n’arrêtera les militants aveyronnais, qui veulent empêcher leur territoire de devenir "une zone industrielle de l’électricité" et, jouant, de l’occitan clament : "Amassada, pas res nos arresta".
Plus
d’infos :
écoutez l’émission le douze douze le vendredi 4 septembre, à
12h ou en podcast sur Radio
Saint Affrique.
L’AMASSADA
OU COMMENT POPULARISER UNE LUTTE
Tirant
certains enseignements des mobilisations passées, les militants de
Saint-Victor ont décidé de prendre les devants pour ne pas se
retrouver devant un chantier qui démarre et un passage en force. Un
ancien occupant de Sivens constate qu’au Testet, "on a
toujours été dans l’urgence, pris de court".
Prête
à être utilisée pour s’opposer aux travaux, la cabane de
l’Amassada n’est pas, pour l’heure, un lieu d’occupation et
de vie, mais un pôle de rencontre, rassemblement, avec des réunions
ouvertes organisées une fois par semaine.
Autre
problème rencontré ailleurs : le lien avec le territoire, qui
fut si difficile à Sivens ou à Roybon. Quand on leur demande,
comment l’Amassada fait le lien avec les gens du coin, Marion,
membre du collectif, répond : "Mais c’est nous les
gens du coin ! On habite presque tous ici ou dans les villages
voisins." Et de fait, le collectif est présent sur les
marchés locaux et rencontre régulièrement les habitants des
communes du secteur. Et pour accentuer ce lien, le collectif a
organisé une "paume", reprenant cette coutume des
fêtes votives du sud de France où le comité des fêtes fait la
tournée des hameaux et du village en fanfare.
Enfin,
dans sa volonté d’ouverture, le collectif n’hésite pas à
rencontrer d’autres mouvements anti-éolien. Une position simple
selon Marion : "La plupart des gens ne sont pas pro
nucléaire par conviction mais parce que ça leur parait la seule
alternative. A nous [ndlr : ouvertement anti nucléaire] de
les convaincre d’autre chose."
Au
final, plus qu’à la ZAD de Notre Dame des Landes, l’inspiration
se retrouve peut être plus du côté des mouvements italiens contre
la ligne à grande vitesse Lyon Turin où "la
lutte n’a pas été le fait de quelques militants, mais d’une
population toute entière".
Reste à voir si les Aveyronnais réagiront avec la même ardeur pour
"défendre
leur territoire".
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