De Jean Monestier Le Soler, le 01.01.2015
à INDEPENDANT
Courrier des lecteurs
2, Bld des PYRÉNÉES
66007 PERPIGNAN CEDEX
Objet : Baisse du prix du pétrole ?
De toutes parts des voix s'élèvent pour demander la baisse des prix de l'énergie et notamment celle des taxes sur les carburants, sous le prétexte que le prix international du pétrole serait au plus bas. C’est une vision à courte vue qui équivaut à confondre le creux d’une vague avec une marée descendante.
Oui ! Le baril est tombé à 55 dollars, mais c’est encore cinq fois le prix de 10 $ auquel il se trouvait il n’y a pas si longtemps. L’aurait-on oublié ou voudrait-on l’oublier ?
En fait, ce prix de 55 $ n’est que le résultat d’un faible excédent, temporaire et plus ou moins politiquement organisé, de l’offre sur la demande. Cette dernière est affaiblie en effet par notre manque de « croissance », cette drogue dont la dose est très liée à la consommation d’énergie. Mais, à terme, nos capacités à produire des kilowatts par les énergies fossiles diminueront de façon irrésistible.
Ne parlons pas des gaz de schistes, dont une étude démontre déjà que leur exploitation s’appuie sur une nouvelle bulle spéculative.
Restent les énergies renouvelables, abondantes mais bien plus coûteuses à capter. D’où l’intérêt économique des négawatts, beaucoup plus faciles à produire puisqu’ils s’obtiennent en renonçant à la gabegie et au gaspillage.
Mais de la transition énergétique nous ne connaissons pour l’instant que le nom.
L’intérêt général commande de la mettre en pratique au plus vite, alors que les intérêts particuliers, voulant ignorer la marée montante du prix des énergies fossiles, exigent des baisses tarifaires suicidaires, au lieu de demander de l’aide à l’isolation des bâtiments et le déploiement de transports en commun permettant de mener une vie normale.
Sur ce point, il faut rappeler encore et encore que le mode ferroviaire est deux à cinq fois plus sobre en énergie que le mode routier, qui devra être réservé à des besoins spécifiques. En quelques mois, voire quelques semaines, le prix du baril peut remonter à 250 $, par exemple sous l’effet d’une reprise économique, sans doute dans les pays émergents.
Il serait hautement préférable de tenir compte dès maintenant que nous ne sommes que sur un « pallier ondulé ».
Il faut donc plutôt réinvestir les bénéfices de la baisse temporaire de ce prix dans la transition énergétique. Le Danemark a su le faire dès 1982. Ce serait pour nous une bonne résolution à prendre pour l’année 2015 qui commence.
Tout ce qui précède s’appuie sur une documentation fournie, mais on peut au minimum lire les chapitres 4, sur le pic pétrolier (pages 85 à 118), et 9, sur la révolution énergétique (pages 210 à 234), du livre « Sacrée Croissance ! », écrit par Marie-Monique Robin en accompagnement du DVD du même nom (Editions ARTE-La Découverte).
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