Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

jeudi 2 mai 2024

Hervé Le Tellier : "Le nom sur le mur" - A lire

 

Hervé Le Tellier : 

« Le nom sur le mur »

Le

 Un entretien avec l’écrivain Hervé Le Tellier (VIDÉO et PODCAST l 47:42)

 

Hervé Le Tellier - Le nom sur le mur par Là-bas si j'y suis
 

C’est un nom qu’il découvre gravé sur un mur de la maison qu’il vient d’acheter dans un village près de Dieulefit. « ANDrE CHAIX ». Avec le R en minuscule, « r ».

C’est quelque temps après qu’il tombe sur ce nom sur le monument aux morts avec deux dates : 1924-1944. Vingt ans, fusillé à 20 ans, ça fera 80 ans au mois d’août cette année. Mais qui était cet André Chaix, mort pour la France ? La recherche commence. Une photo, une lettre, une archive, sa fiancée, un fume-cigarette. Hervé Le Tellier raconte son enquête sans esbrouffe, sans effet de manche ou de plume, sans voler la vie d’un autre, sans faire son malin, mais avec l’idée que par les temps qui courent (et qui gourent) il est important de retrouver l’esprit de cette résistance-là.

Hervé Le Tellier est l’auteur d’une trentaine de livres et d’un tas de textes qui ne cherchent pas trop le grand public jusqu’à une anomalie intitulée L’ANOMALIE, prix Goncourt 2020 qui fait un record de vente, 1,6 millions d’exemplaires, traduit en 50 langues. Ça lui est arrivé comme un gagnant du loto. Il s’est payé quelques yachts, quelques palaces et quelques Ferrari, mais il a su rester une grande vedette toute simple, fidèle à ses vieux amis, et il s’est remis à écrire tout simplement, en retraçant la vie d’un héros modeste.

Mourir à vingt ans n’est pas rien, et s’engager dans la résistance non plus. 80 ans, c’est loin ces vieilles histoires de guerre, de maquis, de tondues et de collabos avec toujours la même question : « Qu’est-ce que j’aurais fait à l’époque ? ».

Mais aujourd’hui la question devient : « Qu’est-ce que je fais aujourd’hui ? ».
Elle se pose cette question, quand l’extrême droite gonfle de partout et quand un parti aux origines nazies manifeste en plein Paris pour soutenir un gouvernement israélien qui massacre en représailles les palestiniens de Gaza, quand le facho Zemmour réhabilite Pétain dont il fait le sauveur des Juifs, quand le Portugal fête le 50 ans de sa révolution des œillets contre l’extrême droite alors même que l’extrême droite revient en force au Portugal, oui, la question se pose.


Hervé Le Tellier rappelle comment rapidement après la guerre l’amnistie a amené l’amnésie. Comment la confusion et toute une zone grise propice au pire s’est installée. Comment on a pris les loups pour des chiens. Au passage, réflexion faite, il rejette Céline et Brasillach. Il rappelle les origines fascistes du Front National à sa création en 1972. La fille a repeint la façade de la boutique de papa, mais le fonds de commerce reste le même.

Il est temps de repenser à la résistance, surtout la résistance des gens ordinaires, les André Chaix et leur « Idéal » comme on disait. Ça parait clair à posteriori, on voit qui étaient les méchants et qui étaient les gentils. Mais comment faire aujourd’hui pour ne pas se laisser embrouiller dans la démagogie qui monte avec la puissance des médias d’un Bolloré qui vous roulent à longueur de journée ? On ne débat pas de telles idées, on les combat dit Le Tellier en citant Jean-Pierre Vernant : « On ne discute pas recettes de cuisine avec des anthropophages ».

Le Tellier évoque les comportements révélés par la fameuse expérience de Milgram, ou celle de la série « We are the wave », qui montrent comment nous nous laissons manipuler, malléables et vulnérables que nous sommes. Et pire encore, il rappelle le livre de Christopher Browning, Des hommes ordinaires, le 101ème bataillon de réserve de la police allemande et la « solution finale en Pologne. Résister à ces soumissions, garder son quant-à-soi, penser par soi-même (Selbstdenken) n’est pas inné et les personnes cultivées et distinguées ne sont nullement à l’abri de ces dérives, elles y sont sans doute plus exposées encore.

Au début du livre, l’auteur cite Walter Benjamin : « Il se peut que les révolutions soient l’acte par lequel l’humanité qui voyage dans le train de l’histoire tire le frein d’urgence ».

Voilà à quoi peut vous mener un nom sur le mur.

Daniel Mermet 

 

André Chaix sur son cheval | Le maquis après Monclus ©DR


Source : https://la-bas.org/la-bas-magazine/entretiens/herve-le-tellier-le-nom-sur-le-mur

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire