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mardi 3 janvier 2023

SNCF :  les contrôleurs  ne sont pas à la fête

SNCF : 

les contrôleurs 

ne sont pas à la fête

 





 
La grève des contrôleurs à Noël n'a pas manqué de susciter la colère du gouvernement et des éditorialistes. Pourtant, le mouvement est tout sauf illégitime. Explications.
 
« Complet » ; « Indisponible à la réservation » ; « Annulé »…, les centaines de milliers de voyageurs en transit pour les fêtes flippaient de voir s’afficher sur l’application SNCF Connect ces messages porteurs de malédiction, qui risquaient de priver tout un chacun du repas familial des fêtes de fin d’année.
 
À l’heure où l’on écrit ces lignes, la grève est en train de gâcher le Noël de quelque 200 000 personnes. Mais – ô miracle ! – le ­préavis de grève a été levé le vendredi 23 décembre pour sauver le jour de l’An.
 
Il n’y avait pourtant pas que des mauvais côtés à cette grève des contrôleurs. D’abord, c’était une excellente excuse pour s’épargner la gastro, la gueule de bois et les discussions vaseuses sur le match France-Argentine ou la réforme des retraites. Et puis, pour les usagers réguliers du train, ces messages sont tout sauf une surprise. Ils s’affichent tout au long de l’année sans que personne ne s’en émeuve, car les avaries ne nécessitent pas de grévistes pour se produire : la vétusté du matériel, l’absence de conducteur ou de locomotive… peuvent à tout moment signifier le report ou l’annulation d’un voyage. Certes, ça touche moins de monde en même temps, mais ça reste révélateur de la dégradation du service public ferroviaire. Or c’est au sein de cette entreprise publique, désormais fractionnée en une myriade de filiales peu compréhensibles, qu’évoluent les cheminots et, parmi eux, les agents du service commercial trains (ASCT), plus communément appelés « contrôleurs » ou « chefs de bord ». Outre le contrôle de la validité des billets, ils ont la responsabilité de la sécurité des voyageurs durant tout le trajet. Sans leur présence, aucun train ne peut rouler. Et comme les contrôleurs en ont ras la casquette, ils ont décidé de frapper un grand coup en s’attaquant au sacro-saint esprit de Noël.
 
 
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Mais de quoi se plaignent au juste ces vils « preneurs d’otages » ? En premier lieu et sans surprise, de leur traitement qui, comme celui d’autres agents de la fonction publique, est loin d’être mirobolant, même agrémenté de quelques primes. Vient ensuite un gros besoin de reconnaissance. Une notion floue dans laquelle s’agrègent un environnement de travail pas terrible, des horaires de nuit, le boulot les jours fériés, des clients irascibles, injurieux ou violents physiquement… Les négociations engagées avec la direction de la SNCF ont permis des avancées sociales saluées par certains syndicats (Unsa Ferroviaire, CFDT Cheminots), mais insuffisantes pour d’autres (Sud Rail, CGT Cheminots). Ces deux derniers avaient d’ailleurs le cul entre deux voies. Ils maintenaient un préavis de grève (qui rendait possible le mouvement), mais n’appelaient pas officiellement à l’action collective ! D’où des explications alambiquées de divers responsables syndicaux pour tenter de justifier cet inconfortable grand écart. Et si faire grève durant cette période est « inacceptable » pour certains leaders syndicaux – Laurent Berger, de la CFDT –, c’est carrément sacrilège pour les éditorialistes et les politiques, où c’est l’affolement total. À la veille du conflit du 23 au 26 décembre, Olivier Véran, porte-parole du gouvernement, demandait purement et simplement aux grévistes de « renoncer » à faire grève. Et Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie, faisait le fier-à-bras en demandant à la direction de la SNCF de trouver « une solution dans les prochaines heures, je dis bien dans les prochaines heures ». Tandis que le patron de la SNCF faisait déjà une croix sur le petit Jésus et la dinde, et tentait vaille que vaille de sauver le jour de l’An. Bref, panique à bord de trains restés à quai.
 
C’est que ce mouvement parti de la base est du genre atypique : construit en collectif, lancé sur Facebook, il déborde les syndicats par son côté jusqu’au-boutiste. Une bronca qui ose la comparaison avec les « gilets jaunes » ? Pas vraiment puisque, contrairement au mouvement de 2018, le collectif de contrôleurs demande quand même le soutien des syndicats et entend « travailler » avec eux. Les organisations syndicales, elles, ont un peu de mal avec la temporalité de cette grève qui rend très impopulaire ce mouvement social en privant 200 000 personnes de fêtes en famille. Construit hors des structures syndicales, s’affranchissant des codes implicites des mouvements sociaux – on discute, on menace, on temporise à certaines périodes et on espère une reprise du mouvement plus tard –, le collectif national ASCT a rassemblé sur les réseaux sociaux quelque 3 500 contrôleurs sur 10 000 environ, soit un peu plus d’un tiers des effectifs. Pas si mal pour une mobilisation que la direction de la SNCF dit ne pas avoir vue venir et qui peut, à terme, inquiéter les centrales syndicales dans leurs traditionnels modes d’action : à savoir des journées de grève à répétition et à efficacité limitée. Un train-train dont les salariés sont las. ●
Natacha Devanda
 

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