ZAD DU TESTET - PROJET DE BARRAGE DE SIVENS (TARN)
Source :
Un certain nombre d’élus plaident pour la construction d’une version réduite du barrage, tandis que les opposants, dont le collectif pour la défense de la zone humide du Testet, soutenus par un ensemble d’associations, refusent catégoriquement cette option. Chacun des scénarios validés par le ministère est jugé inacceptable par les uns ou les autres. Dans ces conditions, que peut annoncer le conseil général vendredi ? À quinze jours du premier tour des élections départementales, qui risquent de faire basculer le département à droite, il ne dispose ni du temps ni de l’autorité politique pour s’engager sur les suites du projet. Il pourrait décider de ne pas décider dans l’immédiat.
"On ne connait pas le dossier"
Un certain nombre d’élus plaidaient pour la construction d’une version réduite du barrage, tandis que les opposants, dont le collectif pour la défense de la zone humide du Testet, soutenus par un ensemble d’associations, refusaient catégoriquement cette option. Chacun des scénarios validés par le ministère était jugé inacceptable par les uns ou les autres.
Le POINT des RASSEMBLEMENTS qu’on nous communique
Ce vendredi 6 mars,
Les
quatres derniers opposants étaient refugiés sur une tour de plus de
six mètres de haut.
Aujourd’hui vendredi 6 mars 2015, sous pression du syndicat agricole majoritaire et de milices fascisantes, le CG du Tarn a demandé l’expulsion immédiate de la ZAD du Testet et a choisi la pire solution : un barrage sur le même site. En solidarité avec les occupants assiégés, harcelés, violemment agressés toute la semaine et finalement expulsés, contre la collusion des pouvoirs politiques et des milices fascisantes, nous occupons dès maintenant la place de la Libération à Gaillac. Contre le barrage et le monde qui va avec, venez nous rejoindre. Pour celles et ceux qui ne le peuvent pas, nous maintenons notre appel à actions ciblées là où elles/ils vivent : préfectures, FNSEA, PS, etc.
« Je suis arrivé il y a un an et demi, ce qui m’a permis de faire des aller-retours très réguliers sur la ZAD du Testet. Aujourd’hui, le système impuissant à se débarrasser de nous est allé chercher son bras armé fasciste : des personnes qui profitent des réseaux FNSEA, et dont certains sont connus comme étant de l’extrême droite.
« Je suis resté presque six mois sur la Zad à partir de février 2014. Puis J’ai fait un break, et je suis revenu en octobre. L’idée, pour moi, ce n’était pas d’occuper la zone de façon pérenne, parce qu’elle est trop petite, et sur le long terme, notre présence aurait été trop impactante pour l’environnement. Ce qu’on veut, c’est faire en sorte que ce projet de barrage soit abandonné.
« Je suis venu dans la région il y a longtemps, et revenu avec des amis au mois de septembre 2014. Je n’imaginais pas la quantité de violence qu’il y avait autour de ce projet. Il y a eu la mort de Rémi Fraisse, puis l’escalade de pressions de la part des pro-barrages, adhérents de la FDSEA, des JA ou partisans du FN, et qui viennent là pour faire de l’activisme fascisant. On est dans un mélange politico magouillard invraisemblable.
« Je me suis installé sur la Zad le 25 octobre. La rencontre avec les agriculteurs ? A travers le prisme médiatique, on peut avoir l’impression que c’est un échec total. Le message véhiculé souvent, c’est : les zadistes-gauchistes-anarco-terroristes versus les agriculteurs. La réalité est différente : certains d’entre eux, syndiqués ou non, nous soutiennent. Peut-être les prémices d’un succès futur pour une rencontre avec des personnes qui, a priori, ne sont pas de notre côté. Certains ont pris la mesure de la situation sur le terrain, savent que ce projet est absurde pour de nombreuses raisons et que notre mouvement d’opposition est légitime.
« Manifestement, on est à une mi-temps de cet affrontement, et j’ai l’impression qu’on a fait un peu match nul. Tout est encore possible : le pire, comme le meilleur. Enfin, pas vraiment le meilleur puisqu’une partie de la forêt a déjà été détruite par le début des travaux. Il est clair que le Conseil Général n’a pas renoncé à transformer la vallée de Sivens en un sinistre lac, même s’il est de quelques mètres inférieur au projet initial. Donc, pour nous, le danger reste strictement le même, mais je pense qu’on a gagné du temps et que la mi-temps va durer… longtemps.
MARS 2015
Infos du 1er au 8 Mars
Dimanche
1er
mars
Communiqué
de presse de la coordination des opposants au projet
Barrage de Sivens, les pro-barrage sont dangereux
Dans la vallée de Sivens, les pro-barrage sont toujours plus violents. Après avoir bloqué et interdit l’accès plusieurs week-ends de suite, ils se mobilisent nuit et jour jusqu’au 5 mars quitte à affamer les occupants du site. Ils font pression sur les élus du CG qui se réunissent le 6 mars espérant que ces derniers opteront pour un barrage pourtant majoritairement contesté. Ils ont donné un premier assaut samedi matin qui s’est soldé par de la violence.
Nous sommes très inquiets quant à leur capacité de nuisance physique, et la propagande qu’ils sont capables de faire circuler via leur syndicat agricole, quelques élus et et la presse locale. Nous en avons averti la préfecture.
Ici, depuis la Seconde guerre mondiale, nous refusons que les milices fassent la loi.
Dans la vallée de Sivens, les pro-barrage sont toujours plus violents. Après avoir bloqué et interdit l’accès plusieurs week-ends de suite, ils se mobilisent nuit et jour jusqu’au 5 mars quitte à affamer les occupants du site. Ils font pression sur les élus du CG qui se réunissent le 6 mars espérant que ces derniers opteront pour un barrage pourtant majoritairement contesté. Ils ont donné un premier assaut samedi matin qui s’est soldé par de la violence.
Nous sommes très inquiets quant à leur capacité de nuisance physique, et la propagande qu’ils sont capables de faire circuler via leur syndicat agricole, quelques élus et et la presse locale. Nous en avons averti la préfecture.
Ici, depuis la Seconde guerre mondiale, nous refusons que les milices fassent la loi.
Lundi
2 mars
A
Sivens, les pro-barrages font monter la tension
Les
FDSEA
de Midi Pyrénées ont lancé samedi une opération de blocage de la
Zad de Sivens. La tension s’est accrue pendant le week-end.
La
tension est montée d’un cran, ce week-end, sur le site du barrage
de Sivens.
Selon
le collectif Tant
qu’il y aura des bouilles,
une attaque violente de pro-barrages s’est produite à l’entrée
de la ZAD
samedi 28 février. "Des
affaires persos (outils, papiers d’identité,etc…) [ont
été] brulées
et un copain tabassé, les quelques gendarmes présents au moment des
faits s’étant fait déborder. Grosse présence policière
(fourgons de GMs) alentours depuis."
Selon
l’AFP,
les gendarmes sont intervenus samedi pour bloquer les deux principaux
accès au site. « Il
y avait trop de monde pour qu’on assure la sécurité, on a reçu
l’ordre de ne laisser entrer personne »,
a indiqué l’un des gendarmes.
« Les
forces de l’ordre nous ont empêchés de poursuivre jusqu’à la
Zad comme certains parmi nous le voulaient, et ils ont eu raison dans
ce contexte tendu »,
indique à La
Dépêche
Bernard Boulze, conseiller régional (UDI)
de Midi-Pyrénées.
Dans
un communiqué
de presse,
la coordination des opposants au projet, s’inquiète de la violence
de pro-barrages : "Dans
la vallée de Sivens, les pro-barrages sont toujours plus violents.
Après avoir bloqué et interdit l’accès plusieurs week-ends de
suite, ils se mobilisent nuit et jour jusqu’au 5 mars, quitte
à affamer les occupants du site. Ils font pression sur les élus du
Conseil général qui se réunissent le 6 mars, espérant que
ces derniers opteront pour un barrage pourtant majoritairement
contesté. Ils ont donné un premier assaut samedi matin qui s’est
soldé par de la violence…"
Une
barricade construite et détruite trois fois
Le
point de tension est une barricade installée par les zadistes au
carrefour de la D999. Elle a donc été détruite et reconstruite
trois fois avant d’être définitivement démantelée dimanche
matin.
Les
agriculteurs ont obtenu samedi « l’autorisation
de redétruire la barricade »,
selon la gendarmerie. Les zadistes l’ont ensuite reconstruite dans
la nuit mais dimanche matin elle a de nouveau été démantelée par
les agriculteurs.
La
montée de tension est une stratégie délibérée des pro-barrages,
à quelques jours de la discussion du Conseil général du Tarn,
vendredi 6 mars, sur les projets de retenue de Sivens. Dans
un communiqué publié le 26 février,
la FDSEA
(Fédération départementale des syndicats agricoles) du Tarn
avertissait : « Afin
de s’assurer que l’Etat prenne bien ses responsabilités et fasse
effectivement évacuer le site, la FDSEA,
les JA
[Jeunes agriculteurs]
du Tarn, la FRSEA
[Fédération régionale]
et les JA
de Midi-Pyrénées ont engagé avec les huit FDSEA
et JA
de Midi-Pyrénées un blocage de la Zad pendant toute la semaine du 2
au 6 mars. Chaque département bloquera le site sur une journée,
ce lundi 2 mars ce sera le tour de l’Aveyron, le Tarn se
chargeant de maintenir le blocage pendant les nuits »…
« La
comédie n’a que trop duré. Il faut passer d’une phase où les
« anti-tout » peuvent
tout bloquer, à une phase de développement responsable, où les
projets économiques structurants pour nos territoires peuvent être
engagés et réalisés »,
ajoute le communiqué.
Camille
Martin - Reporterre
À Paris ce soir
18h30 : APPEL À RASSEMBLEMENT DEVANT LE SIÈGE DE LA FNSEA
11
rue de la Baume, dans le 8e arrondissement, Métro Miromesnil.
Des membres du collectif francilien de soutien à
Notre-Dame-des-Landes et des ami-e-s et soutiens de la lutte au
Testet
- Expression libre] Les conseillers du CG81 sont les seuls responsables de cette situation dramatique. En oeuvrant pour les seuls intérêts des dirigeants de la FNSEA, CACG, SAFER, Chambre Agri, des toutous trop habitués à se faire assister et en excluant de la réflexion globale toutes les autres composantes de la population. C’est André Cabot, qui palpe du fric à tous les rateliers dans le projet de barrage, c’est Thierry Carcenac qui palpe du pognon sur tous les fronts (avec son entreprise qui fait du Wifi), c’est Georges Paulin qui se gave avec ses entreprises et sa centrale photovoltaïque…
- Lettre d’Attac Tarn au Préfet : poser des conditions favorables à un débat raisonnable autour d’un projet alternatif au barrage de Sivens
- Avertissement de la Destroïka (blog du lundi matin)
- Sivens : une centaine d’agriculteurs bloquent la Zad (presse des bourgeois : Le Point)
- Semaine à haut risque à Sivens (presse les bourgeois c’est comme les cochons, plus ça devient vieux, plus ça devient bête ; les bourgeois c’est comme les cochons, plus ça devient vieux, plus ça devient… Le figaro)
- Sivens : les gendarmes bloquent l’accès après de vives tensions (Boursorama, qui s’inquiète du niveau de ses bourses)
Autour de Sivens, les élus font bloc pour défendre leurs prérogatives
Dans
le Tarn, les élections départementales se préparent dans une
atmosphère explosive. Les pro-barrage de Sivens pratiquent
l'intimidation, tandis que les élus mènent un jeu politique
opportuniste et brouillent les lignes. Le département de Jaurès
pourrait basculer à droite.
Tarn,
de notre envoyée spéciale.-
Un verre de vin rouge se tend vers le plafond du bar du marché :
« Je
trinque au
“changement,
c’est maintenant”. »
La main qui le tient appartient à Philippe
Folliot, député UDI,
et possible futur président du conseil général du Tarn, bastion de
la gauche menacé d’alternance lors des élections départementales
(22 et 29 mars). Le toast provoque les éclats de rire des militants
et candidats des listes d’union UMP-centristes qui prennent
quelques minutes de pause après une matinée de tractage. Nous
sommes le samedi 28 février, à Albi.
Au même moment, à une trentaine de kilomètres de là, des agriculteurs ont sorti les tracteurs pour dégager une barricade sur la départementale 132 conduisant au site du barrage de Sivens, occupé depuis l’été dernier par des opposants : la ZAD du Testet. C'est un avant-goût d'une semaine de blocus. À partir du lundi 2 mars, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs veulent bloquer la ZAD pour faire pression sur le conseil général qui doit voter le 6 mars sur les suites du projet. L’action a démarré lundi matin. Mercredi, un convoi « alimentaire » d’anti-barrage doit encercler les bloqueurs. Sur les routes du Tarn, la tension est à son comble, quatre mois après la mort de Rémi Fraisse, jeune opposant au barrage tué par la grenade offensive d’un gendarme, dans la nuit du 26 au 27 octobre dernier.
Le barrage de Sivens, c'est le boulet de Thierry Carcenac, le président socialiste du conseil général du Tarn qui s’est obstiné à vouloir construire cet équipement malgré l’opposition croissante qu’il suscitait. Son refus de rencontrer les opposants et d’écouter leurs critiques a nourri la tension. « Mourir pour des idées, c’est une chose, mais c’est quand même relativement stupide et bête » : sa déclaration après la mort du jeune homme l’a figé dans une posture méprisante, aux accents cyniques, qui jette une ombre sur son mandat quasi perpétuel. Il siège au conseil général depuis 36 ans et le préside depuis 1991. Fonction qu’il cumule depuis l'automne dernier avec un fauteuil de sénateur – la loi ne l’obligera à choisir entre les deux qu’en 2017.
Au même moment, à une trentaine de kilomètres de là, des agriculteurs ont sorti les tracteurs pour dégager une barricade sur la départementale 132 conduisant au site du barrage de Sivens, occupé depuis l’été dernier par des opposants : la ZAD du Testet. C'est un avant-goût d'une semaine de blocus. À partir du lundi 2 mars, la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs veulent bloquer la ZAD pour faire pression sur le conseil général qui doit voter le 6 mars sur les suites du projet. L’action a démarré lundi matin. Mercredi, un convoi « alimentaire » d’anti-barrage doit encercler les bloqueurs. Sur les routes du Tarn, la tension est à son comble, quatre mois après la mort de Rémi Fraisse, jeune opposant au barrage tué par la grenade offensive d’un gendarme, dans la nuit du 26 au 27 octobre dernier.
Le barrage de Sivens, c'est le boulet de Thierry Carcenac, le président socialiste du conseil général du Tarn qui s’est obstiné à vouloir construire cet équipement malgré l’opposition croissante qu’il suscitait. Son refus de rencontrer les opposants et d’écouter leurs critiques a nourri la tension. « Mourir pour des idées, c’est une chose, mais c’est quand même relativement stupide et bête » : sa déclaration après la mort du jeune homme l’a figé dans une posture méprisante, aux accents cyniques, qui jette une ombre sur son mandat quasi perpétuel. Il siège au conseil général depuis 36 ans et le préside depuis 1991. Fonction qu’il cumule depuis l'automne dernier avec un fauteuil de sénateur – la loi ne l’obligera à choisir entre les deux qu’en 2017.
Philippe Folliot, candidat
UDI-UMP, en campagne à Réalmont (Tarn) (JL).
|
Selon
Philippe Folliot, « les
gens en ont assez du système Carcenac, une organisation pyramidale,
où tout remonte au président, sans transparence. C’est une
organisation du passé. Il faut de la collégialité et non pas un
autocrate qui décide de tout ».
Lui-même est favorable au barrage et souhaite une commission d’élus
pour sortir de l’ornière politique dans laquelle le projet est
englué. Au volant de sa voiture, entre Castres et Albi, en route
vers une réunion de candidats et militants de la campagne, il
insiste : « Il
faut plus de modestie. Je conduis ma voiture. Le système du conseil
général aujourd’hui, c’est : le président se déplace
avec son chauffeur, le vice-président aussi et un photographe suit.
Il faut être plus économe.
»
Pourtant,
lui aussi s’apprête à cumuler sièges parlementaire et
départemental. Dans la salle des fêtes de Réalmont, il est
accueilli par Françoise Bardou, candidate divers droite :
« Nous
sommes tous des travailleurs.
»
Folliot se régale, entre deux tranches de saucisson :
« Ça
fait très longtemps que j’en rêve, je vais pouvoir commencer un
discours en disant
“Travailleuses,
travailleurs”. »
Dans le Tarn, la droite s’amuse à parler comme la gauche. Mais cela ne l’empêche pas de s’unir contre la majorité socialiste sortante. Opposées lors des législatives de 2002, 2007 et 2012, UMP et UDI se sont rassemblées pour les départementales de 2015, dans la foulée de la victoire à la mairie d’Albi d’une coalition UMP-UDI-Radicaux valoisiens-MoDem-PRG. « Notre but c’est d’avoir la majorité, au minimum 12 cantons (sur 23 au total – ndlr). » Ce serait un dénouement retentissant dans le département de Jean Jaurès, natif de Carmaux, ancien pays minier, de textile et de mégisserie, frappé par la désindustrialisation et le dépeuplement des campagnes. Sur les listes de droite, on trouve une ancienne conseillère régionale PS, Marie-Claude Bascoul, enseignante en psychologie à l’université Champollion d'Albi : « Les gens ne font plus confiance à aucun parti politique. Il faut dépasser les clivages. »
Face à cette offensive, Thierry Carcenac lui aussi joue l’ouverture : « J’ai considéré que j’avais une motivation intacte pour conduire une équipe très large, dans le cadre d’une majorité pas forcément de gauche » (Le Journal d'ici, 6 janvier 2015). Un conseiller général de sa majorité actuelle n’exclut pas (en off) que le sénateur du Tarn sauve sa présidence, même en cas de majorité des cantons à droite. Difficile d’établir des pronostics avec un nouveau mode de scrutin (binominal) et des circonscriptions cantonales redécoupées. Bien des choses vont dépendre de l’abstention, qui promet d’être substantielle.
Sollicité par Mediapart, Thierry Carcenac n’a pas donné suite à nos demandes d’interview. La vice-présidente Claudie Bonnet, vers laquelle son responsable de communication nous a renvoyés, n’a pas non plus répondu à nos appels. Le barrage de Sivens n’est pas au cœur de la campagne des départementales dans le Tarn. Mais pour l’opposition, ce fiasco politique et ce drame humain symbolisent l’usure du patron du Tarn, qui brigue, encore une fois, un mandat départemental.
Dans le Tarn, la droite s’amuse à parler comme la gauche. Mais cela ne l’empêche pas de s’unir contre la majorité socialiste sortante. Opposées lors des législatives de 2002, 2007 et 2012, UMP et UDI se sont rassemblées pour les départementales de 2015, dans la foulée de la victoire à la mairie d’Albi d’une coalition UMP-UDI-Radicaux valoisiens-MoDem-PRG. « Notre but c’est d’avoir la majorité, au minimum 12 cantons (sur 23 au total – ndlr). » Ce serait un dénouement retentissant dans le département de Jean Jaurès, natif de Carmaux, ancien pays minier, de textile et de mégisserie, frappé par la désindustrialisation et le dépeuplement des campagnes. Sur les listes de droite, on trouve une ancienne conseillère régionale PS, Marie-Claude Bascoul, enseignante en psychologie à l’université Champollion d'Albi : « Les gens ne font plus confiance à aucun parti politique. Il faut dépasser les clivages. »
Face à cette offensive, Thierry Carcenac lui aussi joue l’ouverture : « J’ai considéré que j’avais une motivation intacte pour conduire une équipe très large, dans le cadre d’une majorité pas forcément de gauche » (Le Journal d'ici, 6 janvier 2015). Un conseiller général de sa majorité actuelle n’exclut pas (en off) que le sénateur du Tarn sauve sa présidence, même en cas de majorité des cantons à droite. Difficile d’établir des pronostics avec un nouveau mode de scrutin (binominal) et des circonscriptions cantonales redécoupées. Bien des choses vont dépendre de l’abstention, qui promet d’être substantielle.
Sollicité par Mediapart, Thierry Carcenac n’a pas donné suite à nos demandes d’interview. La vice-présidente Claudie Bonnet, vers laquelle son responsable de communication nous a renvoyés, n’a pas non plus répondu à nos appels. Le barrage de Sivens n’est pas au cœur de la campagne des départementales dans le Tarn. Mais pour l’opposition, ce fiasco politique et ce drame humain symbolisent l’usure du patron du Tarn, qui brigue, encore une fois, un mandat départemental.
Les militants du MJS en
plein tractage sur le marché d'Albi. (JL)
|
Dans
les allées du marché couvert d’Albi, Nicolas Bruihle, militant au
Mouvement des jeunes socialistes (MJS), déprime : « Quand
les gens voient nos tracts, ils disent soit “surtout pas vous”,
soit “j’espère que vous êtes contre Hollande”, soit “la
politique, j’y crois pas”. » Mathilde
Maulat, ajoute :
« Quand on leur explique que le département, c’est la
politique sociale, on nous répond “assistanat” et “profiteurs
du système”. »
Les seuls passants motivés par l’élection qu’ils ont croisés
disent vouloir voter Front national. La gauche se présente divisée
dans plusieurs cantons. Carcenac affronte Roland Foissac, conseiller
général communiste sortant, qui explique : « Il
n’y a plus de majorité ! Depuis 2012, Carcenac a épousé la
politique du gouvernement actuel. »
Brigades anti “pue la pisse”
Pendant
ce temps, dans le canton de Vignoble-Bastide, celui du barrage de
Sivens, l’ambiance est à couteaux tirés. À la sortie de
Montauban, sur le bord de la route, une main a tracé en grosses
lettres noires : « Ségo+Conf=fachos »
(“Conf” pour Confédération paysanne). Sur les troncs des
platanes, on peut lire : « Pelus
dehors. »
Les « pelus »
ou « pelutes »,
ce sont les « pue
la pisse »,
les occupants de la ZAD du Testet, qui ont construit cabanes et fort
de défense pour empêcher la construction du barrage de Sivens.
C’est là que Rémi Fraisse, 21 ans, est mort, tué par les
gendarmes lors d’un affrontement nocturne. Le sort du barrage est
suspendu à la décision que doit annoncer le conseil général du
Tarn le 6 mars, à quinze jours du premier tour des élections.
Marie Chantepie, candidate
d'une liste citoyenne anti-barrage de Sivens. © JL
|
Marie
Chantepie, 35 ans, candidate aux départementales sur une liste
citoyenne opposée au barrage, a subi la dégradation de sa voiture :
« ZAD »
tagué sur le capot. Et sur le côté : « ZAD
partou »,
sans « t », fait-elle remarquer. Pourtant, contrairement
aux zadistes parfois décrits comme des « occupants »
par les agriculteurs pro-barrage, c’est une fille du coin, née
dans le Tarn. Ouvrière agricole, elle habite Castelnau-de-Montmiral,
un village d’une centaine d’âmes.
Ces
derniers mois, elle a vu surgir des « milices »,
en treillis, sweat-shirts à capuche équipés de dossards « soutien
aux gendarmes de Sivens »
et de brassards orange où l’on peut lire « brigades
anti pelutes ».
Ils bloquent parfois les voies d’accès à la ZAD et font des
rondes en quads dans la forêt. Un zadiste raconte avoir vu le slogan
« Zad
dehors sinon mort »
et des pendus gravés sur des troncs d’arbres. Un autre décrit les
pneus crevés de la voiture d’un sympathisant, l’intérieur
souillé par de l’urine, et le caddie de ravitaillement d’une
copine réquisitionné par des pro-barrage. Une page Facebook a un
temps annoncé « ouverture
de la chasse : un zadiste tué =une balle offerte ».
Marie Chantepie a porté plainte. Les auteurs du post s’en sont
tirés avec une convocation au commissariat.
Dans
les rues du village, il lui arrive d’entendre des klaxons hostiles,
de croiser des regards « de
dégoût ».
À l’école, sa fille s’entend dire que sa mère est « une
pelute »
et qu’à cause de ses amis, « on
ne pourra plus boire l’eau ».
La maire de la commune toute proche de Lisle-sur-Tarn, Maryline
Lherm, « a
réussi à détourner le regard du barrage vers les zadistes par une
campagne de dénigrement »,
décrit Marie Chantepie. Fin 2014, l’édile a convoqué les
services sanitaires pour de supposés problèmes de gale sur la zone.
Patrick
Rossignol, maire de Saint-Amancet (JL).
|
Le
1er
février, des incidents ont éclaté entre opposants et défenseurs
du barrage. Patrick Rossignol, maire de la petite commune de
Saint-Amancet, dans le sud du Tarn, adhérent de la FDSEA, producteur
de céréales et de maïs, mais opposant au barrage de Sivens,
raconte avoir été « bousculé »
par un groupe d’hommes en tenue de chasse, équipés de manches de
pioche, barrant une route départementale. « Ils
veulent me retourner le fourgon et me pousser dans le fossé. Ils
m’insultent : “Dégage pauvre con !”, “J’espère
que vos électeurs vous cracheront à la gueule quand ils sauront que
vous soutenez ces rats”. »
Quelques
heures plus tard, dans les rues de Gaillac, il tombe sur quatre ou
cinq de ces pro-barrage, barre de fer en main, « qui
voulaient s’en prendre à des jeunes ».
Il s’interpose et se présente en tant qu’élu. « Ils
me menacent
:
“On est chez nous”, “T’as rien à foutre ici”. »
Il retrouve ensuite sa camionnette « fracassée,
avec de longs impacts sur le côté, le pare-brise et la vitre
latérale brisés ».
Il part, avec d’autres (crevaison de pneu, entrave à la
circulation), déposer plainte à la gendarmerie de Gaillac. À la
sortie, surprise : les mêmes hommes menaçants, avec « les
mêmes outils en main »,
habillés de sweat-shirts noirs à cagoule avec un logo « Brigade
antiPelluts-soutien aux gendarmes de Sivens »,
s’approchent d’eux.
Le
groupe de plaignants appelle alors l’interphone de la gendarmerie :
« Il
y a des personnes avec des barres dans les mains qui arrivent. »
Réponse de l’autre côté du mur : « Non,
ils n’ont rien dans les mains. »
Il faut attendre que les pro-barrage cassent l’appareil photo d’une
journaliste stagiaire pour que les militaires sortent de leur bureau,
et raccompagnent la bande d'agresseurs jusqu'à leurs voitures.
« Nous
avons été surpris de voir les gendarmes laisser partir les
agresseurs après avoir discuté avec eux. »
Pour Rossignol, adhérent à Europe Écologie-Les Verts (EELV) mais maire sans étiquette, « si les élus avaient géré la situation comme il fallait, on n’en serait pas là. Les zadistes ne seraient pas venus et on n’aurait pas des miliciens armés faisant régner la terreur ». Pour Guillaume Cros, conseiller régional EELV, « les élus en place qui attisent la violence sont irresponsables ».
Pour Rossignol, adhérent à Europe Écologie-Les Verts (EELV) mais maire sans étiquette, « si les élus avaient géré la situation comme il fallait, on n’en serait pas là. Les zadistes ne seraient pas venus et on n’aurait pas des miliciens armés faisant régner la terreur ». Pour Guillaume Cros, conseiller régional EELV, « les élus en place qui attisent la violence sont irresponsables ».
Conférence de presse
d'ACTES à Lisle-sur-Tarn (JL).
|
Sur
le canton de Vignoble-Bastide, celui de Sivens, la liste citoyenne
ACTES conteste le barrage de Sivens. Elle dénonce le monopole de la
décision publique exercé par les élus, les conflits d’intérêts,
le refus d’écouter les opposants. « On
ne pouvait pas laisser le canton sans candidat contre le barrage »,
explique Claude Forgeot, ancien technicien agricole puis patron d’une
entreprise de BTP, encarté au Parti de gauche et désigné candidat
par un processus d’assemblées citoyennes.
« C’est
la prochaine assemblée qui va décider de ce qui sera fait à
Sivens. On veut faire entendre les citoyens. On a un modèle, c’est
Podemos. Le barrage de Sivens est emblématique des maux de notre
société : les conflits d’intérêts, les dépenses
déraisonnables, les dossiers bidonnés. Un élu a le droit de tout à
partir du moment où il est élu. Ce sont les mêmes élus depuis des
années, il faut que ça change. »
Pour sa fille, Maud, candidate à Saint-Sulpice : « Certains
élus disent qu’il faut réaffirmer leur rôle, sous-entendu quand
les projets sont votés, ils ne doivent pas être contestés par les
citoyens. C’est tout ce qu’on dénonce ! C’est une vision
dépassée de la politique. »
« Sivens
nous a ouvert les yeux,
explique Marie Chantepie. Je
ne me rendais pas compte à quel point dès que l’on n’est pas
d’accord avec la majorité, on n’est pas entendu. On voulait
protéger nos forêts, on a manifesté pacifiquement, et on nous fait
passer pour des terroristes ! »
Katia Guillaumé, 49 ans, aide à domicile, remplaçante sur la liste
d’ACTES : « Le
jour où des gens se sont enterrés pour empêcher les bulldozers
d’entrer sur la ZAD, j’ai vu un gradé donner l’ordre à ses
hommes de foncer sur eux. Ça m’a énormément choquée. J’ai
capté son regard pour lui demander pourquoi il faisait ça. Il m’a
répondu en faisant des mains le signe qu’il n’y pouvait rien.
Là, j’ai pensé qu’il fallait faire changer les choses. »
Leur
liste est soutenue par EELV, les Alternatifs et, officiellement, le
Front de gauche – à ceci près que les communistes ont
préféré présenter leurs propres candidats. Ils espèrent un bon
score car, aux dernières européennes, les bureaux de leur
circonscription ont accordé plus de voix aux écolos et au Front de
gauche qu’au PS et à la droite. Mais moins qu’au FN.
« On ne va quand même pas baisser le pantalon »
« Sivens,
c’est une ânerie énorme, on n’impose pas les projets à la
matraque » :
c’est la voix de Jacques Pagès, assis dans son salon, entre une
réunion au conseil général et la sortie d’école de ses deux
jeunes enfants. Élu
départemental sortant,
il fut le seul à voter contre le projet de barrage. Infirmier à
domicile, président de la commission des infrastructures et des
déplacements au conseil général, il repart en campagne sous les
couleurs de la majorité, malgré la rupture de Sivens. Il affronte
Philippe Folliot, le candidat de droite et potentiel futur chef du
Tarn, à armes inégales, dans une circonscription énorme où la
plupart des électeurs ne le connaissent pas.
Sa
voix s’étrangle, les larmes lui sont montées aux yeux. « Je
suis anéanti par le fait que ce projet stupide et déconnecté a
foutu en l’air tout notre bilan. »
Quelques secondes de silence. « Sur
90-95 % des actions du conseil général, j’ai été d’accord,
et même, enthousiaste : agenda 21, plan énergie-territoire, la
politique sociale, l’aide aux cantines scolaires, les trajets en
car à 2 euros, la défense des zones humides, de l’environnement. »
Jacques Pagès, élu divers gauche au conseil général. |
Enfant
des monts de Lacaune, au sud du Tarn, il est entré en militantisme à
la fin des années 1980 en s’opposant à un projet de barrage sur
la rivière Viaur, déjà voulu par le conseil général et la CACG
– la société au cœur du conflit d’intérêts de Sivens –,
qui menaçait de noyer sa vallée. « Un
jour, on a vu débarquer des gens avec des lunettes de mesure. Ils
nous ont dit :“Vous
n’êtes pas au courant ? Demain, il y aura de l’eau jusqu’au
clocher de l’église.” »
Les
habitants se mobilisent alors contre le projet. Pagès devient maire
de son village. « Je
n’aurais peut-être jamais eu l’idée de me présenter si je ne
m’étais pas dit que les élus faisaient n’importe quoi. Ma vie
politique est née de l’anti-barrage. »
Si bien que trente ans plus tard, lorsqu’il a vu arriver le dossier
de Sivens, « ça
a fait tilt ».
Pour aller chez lui, la route traverse le relief granitique des monts
de Lacaune, ses rivières de rochers et ses forêts. L’Aveyron
n’est pas loin, on y produit le lait qui sert à fabriquer le
Roquefort.
Pourquoi
n’a-t-il pas réussi à infléchir le projet ? « J’en
ai été malade. J’étais seul contre tous. C’était comme être
face à une religion. Ça m’a déstabilisé. »
La logique majoritaire de l’assemblée et la division des tâches
ont fait le reste. « Les
conseillers généraux ne maîtrisent qu’un ou deux sujets, sur le
reste, ils font confiance aux autres. Chaque élu travaille son
dossier avec les services, puis le présente au groupe majoritaire et
le soumet au vote. C’est un travail superficiel. »
Pourquoi une telle obstination de l’exécutif ? « En
réunion, j’ai entendu : “On ne va quand même pas baisser
le pantalon”, et aussi : “ On ne pourra plus rien faire.”
Mais heureusement qu’on ne peut plus tout faire ! »
L’alternative,
il y en a un qui ne doute pas de l’incarner, c’est Frédéric
Cabrolier, conseiller municipal et communautaire du Front national à
Albi. Il donne rendez-vous dans la grande salle du plus grand café
de la ville, en bordure de sa plus grande place, haute silhouette
derrière son verre de jus d’ananas. « Ici,
je suis comme un poisson dans l’eau. Il y a des gens qui ne
m’aiment pas du tout mais je fais partie du paysage local. »
Conseiller
financier pour un groupe d’assurance, 48 ans, il se présente
contre Thierry Carcenac : « C’est
l’archétype du politicien qui a échoué. Nous sommes le
département le plus mal géré de France. C’est un exécutif de
copains et de coquins. Sivens a mis au grand jour des conflits
d’intérêts. On fait travailler des entreprises amies. Tout est à
l’avenant. Quand il y a de la suspicion, on n’a plus de
démocratie apaisée et juste. Au bout de trois, quatre mandats, nos
élus n’écoutent plus le peuple. Ils sont dans leur tour
d’ivoire. »
Lui aussi est favorable au barrage de Sivens, mais en plus petit.
À gauche, le FN, à
droite, le Front de gauche, sur le marché de La Madeleine, à Albi.
(JL).
|
Pour
son parti, il lorgne les votes ruraux de cette périphérie de
Toulouse qui accueille de plus en plus de ménages rejetés par la
hausse des prix de l’immobilier dans la métropole régionale.
L’emploi s’y fait rare. Les laboratoires Pierre Fabre, longtemps
puissance économique locale, sont en pleine restructuration et
viennent d’annoncer un plan social. « Ce
sont les territoires oubliés de la République. On a dépensé des
milliards d’euros en politique de la ville en direction des
quartiers, et on a délaissé les campagnes où la misère s’est
développée. »
Il espère emporter quatre cantons, dont celui de Carmaux, 1'ancien
bastion de la gauche ouvrière : « Le
Tarn, c’est là où nous avons le plus d’élus municipaux en
Midi-Pyrénées, c’est le département où nous aurons le plus
d’élus. »
Samedi matin, il tracte au marché de la Madeleine à Albi, au côté de sa deuxième de liste « d’origine africaine», comme il la décrit. Bonnefoi Ndietom, 40 ans, standardiste dans l’hôtellerie, fille d’une réfugiée politique tchadienne, et habitante de Cantepau, une zone urbaine sensible. C’est une transfuge de l’UMP : « J’ai fait la campagne de Sarkozy en 2007 : une fois l’élection passée, plus personne ne me prenait au téléphone. » Frédéric Cabrolier insiste : « On pratique la diversité, ça devrait vous plaire. Je suis pour l’assimilation et envoyer des signaux à tous ces Français issus de l’immigration : ils peuvent réussir en politique, ils ont leur place chez nous. »
Samedi matin, il tracte au marché de la Madeleine à Albi, au côté de sa deuxième de liste « d’origine africaine», comme il la décrit. Bonnefoi Ndietom, 40 ans, standardiste dans l’hôtellerie, fille d’une réfugiée politique tchadienne, et habitante de Cantepau, une zone urbaine sensible. C’est une transfuge de l’UMP : « J’ai fait la campagne de Sarkozy en 2007 : une fois l’élection passée, plus personne ne me prenait au téléphone. » Frédéric Cabrolier insiste : « On pratique la diversité, ça devrait vous plaire. Je suis pour l’assimilation et envoyer des signaux à tous ces Français issus de l’immigration : ils peuvent réussir en politique, ils ont leur place chez nous. »
Pratique-t-on
la politique différemment après la mort d’un jeune contre un
barrage ? Et après que les experts mandatés par le ministère
ont révélé les failles, les zones d’ombre et les erreurs
techniques du projet voté à la grande majorité par le
département ? Si peu. Thierry Carcenac se représente. Le
préfet est toujours en place. Les principales formations politiques
continuent de promouvoir de grands projets pour développer leur
territoire : la Zac des Portes du Tarn, développée par la SEM
81, le syndicat mixte du conseil général ;
une autoroute entre Castres et Toulouse ;
le câblage en haut débit des campagnes. Philippe Folliot rêve d’un
« troisième Louvre » à Castres. « Le
drame de Sivens n’a pas politiquement affaibli Thierry Carcenac,
analyse Guillaume Cros, conseiller régional EELV.
Au contraire : les présidents de la chambre d’agriculture et
de la chambre des métiers, la FDSEA, la FNSEA sont tous montés au
créneau pour défendre le vote des élus et donc sa décision. »
Le barrage de Sivens est devenu un symbole pour les élus, celui du
pouvoir qu’ils veulent garder. « C’est
comme s’il fallait qu’ils resserrent les rangs pour garder leurs
privilèges »,
décrit Guillaume Cros, pour qui « Sivens
n’a rien changé
».
Jade
Lindgaard - Médiapart
Mardi
3 mars
Une nuit sur la Zad du Testet
Alors
qu’opposants et pro-barrages attendent la décision du Conseil
général du Tarn quant à l’avenir du barrage de Sivens, la
tension monte sur la zone humide du Testet. Les pro-barrages bloquent
la Zad. Il y a quelques jours, Reporterre
a passé une nuit avec les zadistes qui veillent face aux
provocations.
Zad
du Testet, Lisle-sur-Tarn (Tarn), reportage
1
h 30 du matin, la température extérieure tombe à -7 degrés. Une
poudre glacée recouvre la vallée du Tescou. Il fait à peine plus
chaud dans la guérite du checkpoint « Barikade »,
une cabane construite en bois, isolée par des couvertures et des
bâches en plastique. Cette nuit de février, ils sont cinq zadistes
dont une femme, âgés de 19 à 23 ans. Groupés autour d’un petit
poêle centenaire, ils sirotent du thé à la menthe. Ils scrutent
les environs avec leurs lampes frontales, guettant la moindre
anomalie, les oreilles rivées au talkies-Walkies.
Bienvenue
au principal point d’entrée de la ZAD
du Testet. Tous les autres sont condamnées par des barricades et des
ravins. Situé sur la départementale D999, on y pénètre après le
passage de cinq chicanes et en attendant l’ouverture d’une lourde
porte en métal.
Vingt-quatre
heure sur vingt-quatre, des groupes se relaient à ce poste
stratégique : c’est ici que se situe le dernier accès encore
praticable par des véhicules. Militants, ravitaillements ou
policiers et « pro-barrage »...
tous passent par ici. « On
observe qui entre sur la zone, car on est jamais à l’abri des
infiltrés »,
expliquent les veilleurs, qui souhaitent garder l’anonymat. « On
repère tout de suite les gens à leur attitude, on se rend vite
compte s’ils connaissent les lieux et les usages. »
En cas de problème, les veilleurs lancent une alerte par
talkies-walkies. La nuit, toutes les heures, un « check
radio »
permet de vérifier que les autres postes de surveillance reçoivent
bien les communications... et qu’ils ne dorment pas. Les noms de
code sont d’usage, comme « Espion »,
« Stardust »
ou « Kebab ».
"Des
locaux nous soutiennent en apportant matériel et nourriture"
« Ici
on est la première ligne. S’il y a une attitude agressive sur la
barricade, même si on lance une alerte aux talkies et que les
renforts arrivent vite, les premiers sur la zone, ce sont nous. »
Boucliers, barrières, cailloux, bâtons. Les zadistes préfèrent
garder quelques armes de fortune, au cas où. Pour la surveillance,
ils élèvent aussi des chiens. « Certains
sont particulièrement attentifs et arrivent à repérer des
mouvements et des bruits à plusieurs centaines de mètres la nuit.
Mais la plupart du temps, ils pensent surtout à manger. »
Les
veilleurs nocturnes restent souvent au check point plus de dix
heures. La cabane dispose donc d’une cuisine, et un lieu pour
dormir est en construction. « C’est
aussi un lieu de vie »,
précisent les zadistes. Le poêle permet de maintenir un peu de
chaleur, mais rien à faire contre l’humidité. « On
a beau mettre des sacs en plastique dans nos chaussures ou fabriquer
des sur-chaussures en couverture, la flotte est partout »,
soupirent-ils.
Quand
des visiteurs surgissent sur le chemin, ils se retrouvent nez-à-nez
avec les veilleurs munis de masques et de boucliers. « Ceux
qui viennent pour la première fois sont parfois perturbés, mais il
y a surtout des locaux, qui nous soutiennent en nous apportant du
matériel et de la nourriture. Il y a un même un groupe qui vient de
Montpellier tous les jeudi avec du tabac, du vin et des bougies ! »
Des
provocations fréquentes
Soudain
on entend une, puis deux explosions, comme des coups de feu,
provenant de l’autre bout de la vallée. Les talkies-walkies ne
tardent pas à crépiter de tous les indicatifs. « Vous
avez entendu ça ?
Ça vient d’où ? »
La réponse ne se fait pas attendre et arrive du poste avancé sur la
D999 : « La
barricade du pont est en feu ».
Tout le monde pense immédiatement à une action nocturne des
pro-barrages. « On
a besoin de soutien sur la barricade du pont, la situation n’est
pas claire et on voit des mouvements de lampes frontales dans les
bois ».
Immédiatement
une partie de l’équipe du checkpoint Barikade saute dans une
vielle 106 déglinguée, fonçant toutes lumières éteintes à
travers la ZAD.
En chemin, ils se masquent et éteignent leurs lampes frontales. Une
fois sur place, la barricade a été éteinte à grand renfort de
neige et d’eau du Tescou. Ça sent l’huile et l’essence à des
centaines de mètres. Les zadistes découvrent des bonbonnes de
peinture, hautement explosives, dans le brasier. Certains se lancent
à la poursuite des « assaillants ».
On entend des cris, « Sortez
de mon champ ! »,
et des imitations de hurlements de loups.
Si
les actions de pro-barrages sont très fréquentes, les policiers
semblent plus discrets. « Ils
viennent jeter un coup d’œil, mais ils s’arrêtent à la
première chicane. Et en général si on s’avance avec les
boucliers et les masques, ils s’en vont. »
Mais depuis quelques jours, la situation se tend à nouveau.
La zad du Testet vue du ciel |
Gaspard
Glanz – Reporterre
A Paris, une manifestation devant la FNSEA en soutien à la Zad du Testet
Lundi
soir, une cinquantaine de personnes sont venues exprimer leur soutien
aux zadistes du Testet aux abords du siège de la FNSEA.
Le syndicat agricole présidé par Xavier Beulin encourage les
provocations contre les zadistes.
Paris,
reportage
Alors
que la situation s’est tendue ce week-end autour
de la Zad de Sivens,
des « membres
du collectif francilien de soutien à Notre-Dame-des-Landes et des
ami-e-s et soutiens de la lutte au Testet »
appelaient à
un rassemblement
lundi 2 mars à 18h30 devant le siège de la FNSEA
(Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles), rue
de la Baume, à Paris.
Le
rassemblement n’ayant pas été déposé en préfecture, les forces
de l’ordre étaient présentes afin d’éviter le « risque
de manifestation »,
selon les mots d’un agent. À 18 h 30, des policiers étaient
présents à chaque extrémité de la rue afin de filtrer les
passages et ne laissaient passer que les riverains.
Mais
vers 19 h, un regroupement d’une cinquantaine de personnes s’était
constitué du côté de l’avenue Percier. D’abord pris au
dépourvu, les manifestants ont finalement commencé à donner de la
voix : « La
police protège la FNSEA »,
« FNSEA
- milice »,
entendait-on.
"Les
pro-barrages agissent avec la bénédiction de la FNSEA"
« Ceux
qui bravent la loi c’est la FNSEA,
pas nous ! Ils n’ont pas le droit de bloquer la route. C’est
eux qu’il faut coffrer »
expliquait un manifestant, en référence aux récents évènements
de Sivens (lien). « La
police défend la malbouffe, et nous on est obligé de consommer
béton et agro-industrie productiviste »
déplorait un autre. « Mais
les policiers aussi ont besoin d’une bonne alimentation. On veut
vivre avec eux dans un monde meilleur. L’ennemi c’est pas nous,
c’est eux
[la FNSEA] ! »
concluait un troisième.
Joël,
membre du collectif francilien de soutien aux Zad, justifiait ainsi
le rassemblement : « Les
zadistes ont un sentiment de solitude. Ils nous disent qu’ils sont
littéralement assiégés et ont du mal à avoir de la nourriture.
Là-bas, ils sont trop peu nombreux pour mettre en place un rapport
de force. C’est pour cela qu’on a décidé de venir ici et de
montrer à la FNSEA
qu’on n’est pas d’accord avec ce qui se passe. »
En
effet, l’appel à manifester rappelait que « les
pro-barrage agissent avec la bénédiction de la direction
départementale de la FNSEA
et la complicité des gendarmes ».
De plus, il évoquait l’urgence à « soutenir les ami-e-s qui
se sentent bien isolé-e-s dans la lutte sur place et appellent à
l’aide depuis maintenant deux semaines dans un silence
assourdissant ».
« La
FNSEA
encourage les pratiques d’intimidation et de destruction de biens à
Sivens. Ils sont dans le coup de force, pas dans le débat. Et puis
il y a une complicité évidente entre les agriculteurs de la FNSEA
et la police. Alors plus on est nombreux ici plus on peut dire à la
FNSEA
qu’elle ne peut pas tout se permettre »,
expliquait encore Joël.
Bloquant
pendant plusieurs minutes la circulation de l’avenue Percier, les
manifestants étaient bientôt confrontés aux sorties des forces de
l’ordre destinées à les repousser. Après quelques mouvements de
ligne des policiers auxquels répondaient ceux des manifestants, les
derniers présents se dispersaient autour de 20h.
Baptiste
Giraud - Reporterre
Mercredi
4 mars
APPEL à
actions décentralisées : Nous, sympathisant-e-s tarnais de la
lutte contre le barrage de Sivens, sommes indignés des méthodes
utilisées par la FNSEA (Fédération Nationale des Syndicats
d’Exploitants Agricoles) et les JA (Jeunes Agricoles) pour assiéger
et tenter d’affamer des militants écologistes légitimes.
Nous dénonçons le « deux poids, deux mesures » et la passivité des forces de répression face aux menaces de mort et actes violents commis par les membres de ces syndicats. Nous appelons à des actions décentralisées visant la FNSEA et les JA dans tous les départements du territoire!
Nous dénonçons le « deux poids, deux mesures » et la passivité des forces de répression face aux menaces de mort et actes violents commis par les membres de ces syndicats. Nous appelons à des actions décentralisées visant la FNSEA et les JA dans tous les départements du territoire!
Une captain
de gendarmerie parlait de 8 escadrons de gendarmes qui seront
mobilisés pour déloger les zadistes dans les prochains jours. Ils
ont déjà fait le coup d’agir pendant des appels à rassemblement
à Albi…
Rassemblement à
Gaillac, place de la Libération à 14h pour un départ en convoi
alimentaire vers la ZAD dans l’après midi. Apportez de la
nourriture même si vous ne pouvez vous vous joindre au convoi par la
suite.
Marche
Toulouse-Testet-Albi en deux étapes : RV à 8h aujourd’hui, place
du Capitole
Autour de Sivens, la solidarité s’organise face au blocage des pro-barrages
A
deux jours du vote du Conseil général du Tarn sur l’avenir du
projet de barrage, le blocage de la zone du Testet continue. Les
zadistes endurent et font face tant bien que mal aux provocations des
pro-barrages. La solidarité extérieure s’organise.
Saint
Affrique (Aveyron), correspondance
"Pro
barrage en bas de chez nous, les mensonges fusent. Impossibilité
d’aller chercher notre fils à l’arrêt de bus qui se situe sur
la D999 qui est une route a grande circulation. Les pro barrages
refusent catégoriquement que l’on sorte de chez nous. Menace de
mort, de dégradation de véhicule, coup de téléphone de pro
barrages qui se trouvent en bas de chez nous, etc."
Tel est le témoignage que livre Nadine Lacoste dans une lettre
ouverte au préfet du Tarn.
Habitante
de Barat, confinée chez elle à cause du blocus des pro-barrage,
venus nombreux depuis lundi matin pour bloquer les accès à la zone.
Le tort de cette famille : ne pas suivre une supposée
"volonté des habitants de vallée"
de faire le barrage de Sivens. Sauf si l’on est riverain (favorable
au projet) ou journaliste disposant de la carte de presse, il est
presque impossible d’accéder à l’intérieur de la zone du
Testet, soit sous la pression des pro barrages, soit de celle des
gendarmes.
"Il
faut savoir si on est dans un Etat de droit".
La tirade de Philippe Jougla, responsable de la FDSEA
(Fédération départementale des syndicats d’exploitants
agricoles) du Tarn, pourrait faire sourire en d’autres
circonstances. Car de fait, c’est bien son syndicat agricole qui
organise des opérations d’entrave manifeste aux libertés de
circulation sur la zone. Pourtant, son propos vise les occupants,
réduits à une petite cinquantaine sur place depuis le début de
l’hiver, qui "menacent
la démocratie"
par le seul fait d’être présent sur la ZAD
du Testet.
Blocus
24h sur 24
Jour
et nuit, venus de tous les coins des départements voisins, les
agriculteurs en colère campent et barrent l’accès à la zone du
Testet. Sur les route adjacentes et les sentiers forestiers, d’autres
groupes patrouillent, menaçants. Et quand la voie n’est pas barrée
par les agriculteurs, elle l’est par les gendarmes. Des forces de
l’ordre passives face à ces actions qui "troublent
l’ordre public"
selon les définitions légales.
-
A Albi -
|
Mais
pour l’heure, le préfet tente d’empêcher les affrontements
directs. Les gendarmes appliquent cette consigne avec une ardeur
mesurée, selon leur tempérament personnel. Philippe Jougla,
conscient de l’existence de ces tentatives violentes, explique :
"Ce
blocus c’est aussi un moyen de gestion"
de ses propres affiliés. Sans condamner directement les excès de
certains, il précise que "l’objectif
est de dénoncer l’inaction des pouvoirs publics qui ne mettent pas
en oeuvre les décisions de justice"
en ayant "pour
ligne de conduite d’éviter la violence".
Ce
qui n’empêche pas des débordements. Ainsi, en fin de matinée, ce
mardi, aux abords de la D999, un groupe très décidé, armé de
barres de fer et de bâtons, décide de franchir les bois séparant
la route du premier campement zadiste. Un face à face s’engage, un
cordon de gardes mobiles bloque les zadistes, un autre retient les
pro-barrages, sans les empêcher de se rapprocher. Et forcément, à
un moment donné, la tension monte. Des coups sont échangés au
milieu des bois. Après des pierres et des insultes, c’est un engin
incendiaire qui est jeté par un pro barrage sur une yourte plantée
à côté.
Le
temps est humide et les opposants parviennent à éteindre l’incendie
naissant sur l’habitation, mais l’acte délictueux est bien là,
filmé et avec des témoins. Sauf que, les gendarmes, plutôt que de
s’en prendre aux assaillants, demandent fermement aux zadistes de
reculer car "leur
présence fait monter la tension".
Les
délits des pro-barrages restent impunis par la police
Comme
si la faute de la montée de violence des pro-barrages revenait aux
militants écologistes. A ce jour, aucune arrestation de pro barrage
n’a été jusqu’ici recensée depuis le déclenchement de cette
stratégie de la tension permanente, orchestrée par le syndicat
agricole majoritaire. Bilan de la journée : "Des
coups sur la tête, dans les côtes et coup de poing sur un jeune de
22 ans ainsi qu’un autre blessé par des coups de bâton sur la
tête ",
rapporte Camille (pseudonyme). Ces blessés seront finalement évacués
à l’hôpital.
"Ils
nous empêchent de travailler et d’accéder à nos terres",
expliquent en réponse les pro-barrages. Pourtant, dans
une lettre d’apaisement,
les occupants de la zone avaient fait part il y a déjà plusieurs
semaines de leur accord pour dégager les terres que les riverains
souhaitaient cultiver, situées aux alentours de la zone.
Quant
à Mme Maurel,
habitante de la zone qui, selon les pro-barrages, "ne
pouvait pas accéder à son domicile"
[information démentie par l’intéressée dans
le Canard
Enchainé],
Camille raconte avoir vu "ce
matin les barricades à l’intérieur de la zone être ouverte pour
laisser passer le fils Maurel qui est allé récupérer des meubles
de sa mère"
et repartir de la zone sans avoir aucunement être menacé.
La
solidarité se réveille
Face
à ce statu
quo
où les zadistes sont face à deux groupes peu amènes, gendarmes et
pro-barrages, le soutien s’organise. "Des
soutiens locaux et autres personnes motivé-e-s sont rassemblé-e-s
dans les locaux de la FDSEA
à la chambre d’agriculture d’Albi".
Après l’action
parisienne devant le siège de la FNSEA,
c’est dans les locaux de la Chambre départementale, soutien
fervent du projet, que des opposants au projet de la région se sont
retrouvés mardi 3 mars après midi.
Selon
l’AFP,
ils étaient une trentaine a avoir envahi les locaux de la Chambre
d’Agriculture. La directrice, Maire-Lise Housseau, raconte :
"Il
y a eu une grosse bousculade. La police a mis tout le monde dehors à
coups de lacrymogène".
Selon Helios (pseudonyme), présent dans cette action et joint par
Reporterre,
"les
choses avaient démarré calmement, avec un affichage de messages
comme ’agriculture
toxine’
ou ’que
vont devenir les paysans’
sur des papiers".
Le
ton monte, des agriculteurs s’invitent dans les discussions lançant
des "Je
vais t’écraser, t’es pas chez toi ici" à
des personnes habitant pourtant sur les communes voisines. Quelques
coups sont échangés, conduisant les gendarmes, observateurs
jusqu’ici, à faire sortir tout le monde à coup de lacrymogènes.
La suite, raconte Helios, c’est "l’arrivée
de la Brigade anti criminalité, beaucoup plus énervée, qui nous
menaçait
’Vas-y, donne nous une raison de te frapper, viens, viens’. Le
directeur de cabinet du Préfet est enfin arrivé sur place pour
clore l’accrochage, disant ’on
ne peut pas être partout à la fois’ ".
Dans
la foulée, à Toulouse, on s’organise à la hâte pour réagir au
blocage continu de la zone. Issu de l’association Les amis des
bouilles, un petit groupe décide d’organiser une marche "sur
le modèle de celle de Nice à Notre Dame des Landes".
La "Marche
de la solidarité avec les zadistes assiégés"
a pris le départ ce mercredi matin à 8 heures de la mairie de
Toulouse.
Camille
est optimiste : "Il
ne faut pas se décourager. A Nice, ils ont commencé à quatre
seulement après avoir décidé ça la veille pour le lendemain".
Arrivée prévue cet après midi à Saint Sulpice La Pointe et
Rabastens avant de converger vers la ZAD
jeudi et à Albi vendredi.
Ce
mercredi également, un rassemblement est prévu à Gaillac, pour
organiser un soutien alimentaire "et
même humanitaire"
pour ravitailler la zone où "ils
n’ont plus que des lentilles".
Presque une blague, et pourtant ... Si l’action de porter des
légumes et des médicaments est symbolique, c’est un problème
réel de pénurie alimentaire que pourrait connaître la ZAD
du Testet.
La
stratégie de siège est assumée par le syndicat agricole. "Notre
objectif c’est bien qu’ils partent de la zone et qu’ils ne
reviennent plus",
y dit-on. il n’est pas sûr que la stratégie de blocus généralisée
par les agriculteurs et riverains n’engendre pas l’effet inverse
et re-propulse la lutte de Sivens au cœur des attentions des
mouvements militants de toute la région. En tout cas, elle n’empêche
pas les premiers bourgeons de fleurir sur les lieux même du
chantier.
Dernières
manœuvres avant le vote du Conseil Général
Plus
l’échéance du vote du Conseil général de ce vendredi se
rapproche et plus la situation se précise. Dans une lettre
datée du 27 février,
Ségolène Royal, ministre de l’Ecologie, a annoncé que l’Etat
s’engagera à indemniser le porteur du projet poru les coûts liés
à l’arrêt du projet initial. « Je
me suis engagée à ce que l’Etat vous accompagne pour solder
financièrement les opérations déjà mises en œuvre au titre du
projet initial et qui ne pourront pas être redéployées pour
réaliser le nouveau projet »,
explique t elle.
La
contrepartie : "L’abandon
définitif et irrévocable des travaux et de tout recours
indemnitaire contre l’Etat, en cas de l’annulation de
[l’autorisation]. » Cette affirmation est directement liée à
la menace d’une sanction européenne pour non respect de la loi sur
l’eau ainsi qu’aux recours juridiques toujours pendants sur
l’arrêté initial d’autorisation des travaux à Sivens.
De
leur côté, les écologistes ont une nouvelle fois appelé "au
calme"
et réitèrent "leur opposition à tout projet destructeur de la
zone naturelle du Testet".
Grégoire
Souchay – Photos
:
Elie
Parachini - Reporterre
Un
témoignage-résumé de la journée
Le rassemblement à Gaillac est un beau succès : on est au moins
150-200 personnes, slogan : « des poireaux, pas des fachos ! ».
Le dispositif policier est impressionant : toutes les issues sont
surveillées par un cordon de GMs. Beacoup de médias. Quand on
commence à s’organiser pour décoller, on se rend compte que l’on
est bloqué : impossible de sortir. Les autorités ne veulent pas que
le convoi parte et se posent en intermédiaire pour faire parvenir la
nourriture à la ZAD. La tension monte vers 15h30 quand des appels
venant de la ZAD font état d’un raid des pro-barrages : deux
camions retournés, une cabane détruite,etc…des dégats matériels
seulement, au niveau de la Pinède. On bouge sur la place d’une
issue à l’autre pour tenter de forcer le passage. Les gendarmes
sont un peu débordés et il y a aussi plein de civils (enfants,
etc…) dans le tas donc au final ils se retrouvent à encercler une
vingtaine de personne, les autres étant passées « du bon
côté » du cordon.
Du coup, départ du convoi, très beau convoi avec une
trentaine-quarantaine de véhicules pleins de gens motivés et de
bouffe…il serpente sur les côteaux du gaillacois, direction Barat.
Quand vous êtes perdus dans ces coins là, pour retrouver la bonne
direction, c’est facile, levez les yeux et regardez où est
l’hélico de la gendarmerie…c’est par là !!! On arrive par la
route St Jérôme-Barat. A 100m de Barat, on stoppe, le comité
d’accueil n’a pas l’air super sympa et on est presque content
de voir rappliquer la cavalerie (en l’occurrence une bonne
quarantaine de GMs) qui forment un double cordon entre nous et la
FNSEA. On les surprend tous à être aussi nombreux !
Le face à face commence, on veut passer pour apporter la nourriture.
En queue de convoi, deux 4*4 blancs rutilants (la PAC, ça paie !)
avec des gros bras masqués et armés (battes de base ball, barre de
fer) débarquent. Là on est content d’avoir des motivé-e-s avec
nous qui rappliquent aussitôt (bien plus vite que le petit groupe de
GMs qui parcourt les 300m depuis l’avant du convoi en 4
bonnes minutes). Cela discute vigoureusement et au final les gros
bras de la FNSEA partent en panique, marche arrière à fond, portes
ouvertes, avec un peu de tôle froissée…Puis les GMs prennent
position en queue de convoi.
Ensuite 2 heures d’attente/négociation pour le passage de la
nourriture sous le soleil couchant. Un groupe se monte pour aller
soutenir les marcheurs de Toulouse qui arrivent vers St Sulpice où
la FNSEA barre la nationale notamment, avant d’apprendre qu’ils
sont en sécurité. Finalement, on lève le camp et le convoi rentre
sur Gaillac.
On n’est pas passé mais on est arrivé jusqu’à Barat et on se
s’est pas laissé intimider !
19h00 : Fin de l’action à Barat. On essaie toujours de
trouver un moyen d’acheminer la nourriture sur zone.
Les
milices FNSEA ont bloqués les accès à St Sulpice empêchant les 8
marcheurs d’entrer en ville. Ils ont vraiment les jetons. Faut dire
qu’il auront du mal à faire le poids sur le terrain de la cote de
sympathie vu leur méthode de fachos.
Sivens : pour Le Foll, « 80 agriculteurs, ça mérite qu’on s’en occupe »
Le
ministre a réaffirmé mercredi 4 mars sur France Info qu'il était
« pour »
le projet de retenue d'eau, qui permettra de stocker de l'eau en
hiver quand elle est abondante, au profit, l'été, des cultures et
de l'élevage dans la région concernée.
Le
ministre de l'agriculture Stéphane Le Foll appelle à la « raison »
à Sivens à deux jours de la décision du conseil général du Tarn.
Le ministre a réaffirmé mercredi 4 mars sur France Info qu'il était
« pour »
le projet de retenue d'eau, qui permettra de stocker de l'eau en
hiver quand elle est abondante, au profit, l'été, des cultures et
de l'élevage dans la région concernée : « Le
jour où on aura une sécheresse, même si on n'en a pas eu depuis
longtemps, personne ne sera là pour les agriculteurs et on viendra
voir le ministre pour lui demander d'acheter du foin »
pour les élevages. Et il ajoute : « Il
faut être raisonnable et comprendre les besoins. 80 agriculteurs, ça
mérite qu'on s'en occupe. »
Jeudi
5 mars
- Beaucoup d’intox dans les médias, notamment en provenance de la FNSEA, suivez le site pour des infos fiables et recoupées !
- Les marcheurs partent de Rabastens ce matin : RV à partir de 8h30 devant la Mairie. Soyons encore plus nombreux qu’hier! Après 35 kms jusqu’à St Sulpice, les 6 marcheurs-ses ont été bloqué-e-s par FNSEA et pro-barrages à 1 km du but. Plein de tracts distribués, énorme soutien le long du trajet. Gendarmes et médias les ont suivis à la trace.
- Communiqué de gens du peuple suite aux violences commises par des milices fascistes après le rassemblement du 4 mars 2015 (conférence de presse le 5 mars à la préfecture d’Albi)
Mercredi 4 mars, des sympathisant-e-s de la lutte contre le barrage de Sivens se sont réuni-e-s dans le calme à Gaillac pour organiser un convoi alimentaire destiné aux habitant-e-s de la ZAD du Testet assiégée à l’appel de la FDSEA et des JA du Tarn.
Nous sollicitons votre présence pour vous alerter des évènements ayant suivi le non-départ du convoi. Aujourd’hui, dans le Tarn, des individus organisés en milices font la loi et sèment la terreur. Ils/Elles nous menacent de mort, nous pourchassent et nous frappent sous prétexte que nous ne sommes “pas d’ici”. Les forces de l’ordre sont impuissantes ou passives.
L’heure est grave, combien de temps pour dénoncer cette escalade de la violence avant un nouveau drame? Condamnons toute forme de haine, qu’elle bafoue la liberté d’expression ou quelque liberté que ce soit. Rendez-vous à la préfecture d’Albi jeudi 5 mars pour une conférence de presse.
- Nimes le 10/03 : La FNSEA assiège Sivens, assiégeons la FNSEA ! Dans le ton de l’appel à actions décentralisées publié hier…Qu’elles se multiplient !
- Un nouveau communiqué de la Ligue des Droits de l’Homme : Sivens : éviter un nouveau drame.
A Sivens, les milices de la FDSEA multiplient les agressions dans l’impunité
Un
nouveau cap a été franchi ce mercredi dans la stratégie de la
tension imposée par la FDSEA
du Tarn. Alors qu’un convoi alimentaire tentait d’être acheminé
depuis Gaillac pour alimenter la zone du Testet en vivres, les
attaques des pro-barrages se sont multipliées. Récit d’une
journée folle, devenue le quotidien à Sivens.
Gaillac
(Tarn), reportage
Il
est près de 14 heures mercredi 4 mars quand nous parvenons sur
la place de la Libération à Gaillac. Environ deux cent personnes
sont là, rassemblées pour témoigner de leur soutien aux occupants
de la zone du Testet et pour mettre en place un convoi alimentaire
afin de ravitailler la cinquantaine d’occupants présents sur la
Zad de Sivens. L’ambiance est bon enfant et calme. Le préfet du
Tarn, Thierry Gentilhomme, est là et discute avec Jean-Claude, un
militant anti barrage à qui il explique : « Je
veux éviter la confrontation et ne faire prendre de risque à
personne ».
Une consigne qui n’a pas empêché de multiples agressions depuis
plusieurs mois, avec une intensification depuis le début de la
semaine et le blocage total de la zone par les agriculteurs pro
barrage.
Le
maire de Gaillac, Patrick Goisserand, regarde ce qui se passe. Il
insiste sur la nécessité de « respecter
la loi. Il faut qu’ils partent, agriculteurs comme zadistes,
ensuite, je me ferai l’écho pour que tout le monde se mette autour
de la table et qu’on reparte à zéro ».
Intention louable mais à Sivens, rien n’est jamais si simple.
L’odyssée
des poireaux de Gaillac
L’épisode
du convoi de ravitaillement a été le fil conducteur de la journée.
Ce qui devait être une simple transmission de légumes et de
matériel de pharmacie aux zadistes a pris une tournure absurde
jusqu’à devenir impossible.
Au
départ, le préfet refuse l’entrée de tout véhicule sur la zone
« pour
éviter les contacts ».
Les manifestants rassemblés sur la place centrale de Gaillac
s’insurgent contre cette décision. Les voilà enfermés dehors,
pendant une heure, entre divers cordons de policiers qui se déplacent
dès que les manifestants bougent. Devant l’impuissance, une
discussion s’improvise entre le préfet et Patrick, charpentier,
repéré comme interlocuteur par un commandant de gendarmerie.
-
Patrick -
|
Voilà
donc Patrick parti pour « négocier »,
bien qu’il précise d’emblée qu’il n’a aucun mandat et qu’il
se fait juste « la
bouche et l’oreille »
du collectif. Proposition du préfet : acheminer les vivres par
un autre camion, neutre, de la municipalité ou par un camion de
gendarmerie. Dehors, on discute, chante, crie des slogans, tente des
percées, proteste contre les mouvements policiers.
Une
information tombe : à Sivens, un « commando »
d’agriculteurs a fait une incursion en traversant les bois et a
créé du grabuge sur la ZAD :
une camionnette retournée, la tente dédiée à l’espace radio
ravagée, un chapiteau mis au sol, une ferme avec des animaux
d’élevage dégradée et enfin, ultime provocation, l’arbre érigé
au milieu de la zone déboisée le 24 octobre dernier a été
coupé. Philippe Jougla, de la FDSEA
du Tarn, confirme l’information auprès de l’AFP
dans l’après midi.
-
Agriculteur armé d’un bâton -
|
En
réaction, à Gaillac, la majorité des personnes décide de partir
en voiture vers les abords de la zone, en évitant les routes
principales. J’entends plusieurs personnes sur la place indiquer
discrètement au téléphone : « Ca
y est, ils s’en vont vers la zone »
sans savoir s’il s’agit de pro ou d’anti barrage.
Des
milices organisées pour des agressions éclair
Arrivés
à proximité de Barat, les manifestants sont bloqués par des CRS
disposés pour maintenir à distance les opposants des agriculteurs
bloqueurs. Ceux-ci sont une centaine à Barat, et une autre centaine
à l’autre extrémité de la zone. Beaucoup sont armés de bâtons
de bois, barres de fer, de manches de pioche ou de battes de
base-ball. Je reste du côté zadiste, les agriculteurs s’en
prenant souvent aux journalistes, comme cela m’est déjà arrivé.
Soudain,
à cent mètres, au bout du cortège de voiture garées, trois 4x4
surviennent et leurs occupants commencent à s’en prendre à des
véhicules et aux quelques manifestants venus de Gaillac et restés
sur place. Zadistes et gendarmes accourent, les agresseurs sont déjà
repartis, parfaitement organisés et rompu à ces exercice
d’agression éclair. Puis, deux jeunes casqués traversent un champ
sur une moto tout-terrain et s’approchent du groupe d’opposants
en contournant le dispositif policier. D’un peu trop près,
puisqu’un militant, fou de rage, saute littéralement sur la moto
et frappe le conducteur qui est bien obligé de s’arrêter au
milieu du champ. Alors seulement les gendarmes interviennent.
-
Négociation avec un représentant du ministère -
Mais
la question du convoi alimentaire n’est pas réglée. La discussion
reprend avec un représentant du ministère de l’Intérieur.
Patrick est de nouveau reparti pour entendre les propositions. Deux
heures d’aller retour lui seront nécessaires pour aboutir à une
proposition qui en surprend plus d’un : « Ce
qui a été dit c’est que la FNSEA
et les agriculteurs s’en vont si nous aussi on s’en va. Et le
responsable de la gendarmerie s’engage à acheminer les vivres sur
la zone, mais il faut que nous les amenions à Gaillac dans un camion
prêté par la municipalité ».
Patrick n’est pas décideur, beaucoup font la moue, et exigent que
les agriculteurs partent les premiers, que des garanties soient
prises. Quasiment personne ne fait confiance à la gendarmerie :
« Ils
nous ont déjà tellement trompés, ils sont complices des milices »
soupire Camille (pseudonyme). Finalement, de mauvaise grâce et sous
l’avancée des cordons policiers, le convoi des automobiles repart
dans l’autre sens, signe de bonne volonté. En face, les
agriculteurs, eux, ne bougent pas.
-
Des pommes de terre pour les zadistes -
Quant
aux vivres, au lieu de traverser le kilomètre restant vers les
campements du Testet, ils font marche arrière eux aussi pour être
transbordés dans une autre camionnette. Mais celle-ci reste ensuite
clouée sur le parking de la gare de Gaillac. La raison ? Il
semblerait que, craignant pour sa sécurité, le maire ait appel au
Préfet qui a lui-même appelé le ministère. Les zadistes décident
de récupérer la moitié de la marchandise et de « l’acheminer
avec leurs propres moyens ».
La
nuit tombée, la violence des pro barrage redouble d’intensité
Rien
n’est encore fini. Revenant de l’intérieur de la zone, après
avoir été menacée de mort par des pro-barrage, une confrère
raconte l’incapacité totale des occupants à faire face à la
situation.
A
l’extérieur de la Zad, on peine aussi à faire face. En deux
heures, après la tombée de la nuit, plusieurs agressions se
produisent. Une jeune fille est interpellée par une patrouille
d’agriculteurs en voiture et découvre en fuyant que ses agresseurs
discutent paisiblement avec les gendarmes. Plus loin, un autre
zadiste, tentant de venir voir le cortège depuis l’intérieur de
la zone, est pris a partie et cogné par plus d’une vingtaine
d’agriculteurs. Les gendarmes le sauvent d’agressions plus graves
et l’évacuent de la zone. On apprend qu’à Saint-Jérome, hameau
où le cortège avait fait une halte en quittant la zone, certains se
font fait attaquer, deux voitures étant prises d’assaut. Un des
occupants témoigne avoir reçu un coup de barre à mine dans le
bras. Et la liste semble encore longue des faits et gestes
incontrôlables des milices pro-barrage.
Au soir, beaucoup de militants ont le sentiment que les autorités pratiquent deux poids, deux mesures, entre un convoi alimentaire bloqué toute la journée et l’impunité pour les multiples agressions commises par les pro-barrages.
Au soir, beaucoup de militants ont le sentiment que les autorités pratiquent deux poids, deux mesures, entre un convoi alimentaire bloqué toute la journée et l’impunité pour les multiples agressions commises par les pro-barrages.
Une
cinquantaine d’agriculteurs avait également mis en place un
barrage à l’entrée de Saint Sulpice La Pointe, première étape
pour les marcheurs partis de Toulouse à une vingtaine hier matin.
« On
a appris la menace, on a décidé de continuer quand même »,
raconte l’une des cinq marcheurs restants hier soir. Les marcheurs
repartent ce jeudi matin dès 8 heures de la mairie de Rabastens en
espérant arriver sur la zone dans la journée et à Albi vendredi.
LES
JOURNALISTES
MENACES
La
parole des agriculteurs est absente de cet article. « Ils
connaissent ton nom », « fais gaffe », « ils
parlent de toi derrière, attention à toi ».
Les conseils ont été nombreux et salutaires pour révéler le
danger qu’il pouvait y avoir pour Reporterre
à se rendre à proximité des zones contrôlées par les pro barrage
pour les interroger. Un confrère journaliste s’est par ailleurs vu
menacer de mort un peu plus tôt juste pour avoir voulu se rendre à
l’intérieur de la ZAD.
Reporterre,
qui donne la parole à tous les agriculteurs quelle que soit leur
carte syndicale et mène un travail continu sur les questions
agricoles et écologiques, proteste contre cette atteinte à la
liberté d’expression et à notre travail de journaliste.
Grégoire
Souchay - Reporterre
Sivens : à la veille du vote du conseil général, le débat tourne à l'irrationnel
Le
conseil général du Tarn doit annoncer vendredi 6 mars sa décision
de construire ou non un barrage sur le site controversé de Sivens.
Mais la bataille est devenue tellement idéologique que les arguments
se perdent dans l’irrationnel, en particulier sur le nombre
d'agriculteurs concernés.
Quelle
sortie de crise dans le Tarn autour du projet de barrage de Sivens ?
Le conseil général doit annoncer vendredi 6 mars sa décision :
créer un réservoir plus petit, 330 mètres en amont du site
initial, ou installer des retenues collinaires en aval. Ce sont les
deux options retenues par Ségolène Royal, à l’issue de la
mission d’expertise commandée par son ministère (lire
ici le rapport d’octobre 2014 de Nicolas Forray et Pierre
Rathouis).
La ministre a écrit aux élus départementaux fin février pour leur
signifier que le projet initial de barrage devait être
« définitivement
abandonné »
(voir
sa lettre publiée par Le
Tarn Libre)
et
qu’elle s’engage à indemniser le département des coûts
occasionnés par les travaux (la zone humide du Testet a été
déboisée en septembre dernier), en contrepartie de l’abandon
« définitif
et irrévocable des travaux ».
Mais l’assemblée s’est réunie à huis clos lundi pour préparer
le vote du 6 mars, sans qu’aucune position commune n’émerge,
selon La
Dépêche du Midi.
Manif de zadistes et de
sympathisants devant le Palais de justice à Albi (février 2015) ©JL
|
Un certain nombre d’élus plaident pour la construction d’une version réduite du barrage, tandis que les opposants, dont le collectif pour la défense de la zone humide du Testet, soutenus par un ensemble d’associations, refusent catégoriquement cette option. Chacun des scénarios validés par le ministère est jugé inacceptable par les uns ou les autres. Dans ces conditions, que peut annoncer le conseil général vendredi ? À quinze jours du premier tour des élections départementales, qui risquent de faire basculer le département à droite, il ne dispose ni du temps ni de l’autorité politique pour s’engager sur les suites du projet. Il pourrait décider de ne pas décider dans l’immédiat.
C’est
exactement ce que veut éviter la FDSEA, dont des militants,
accompagnés de membres des Jeunes Agriculteurs, bloquent
les accès de la ZAD,
empêchant ses occupants d’entrer et sortir, depuis le début de la
semaine pour mettre sous pression l’exécutif tarnais. L’occupation
du site du barrage est dénoncée par la majorité des élus, locaux
mais aussi nationaux – notamment le
député socialiste Jacques Valax –
qui réclament au préfet, Thierry Gentilhomme, l’expulsion du
site. Le représentant de l’État, déjà en place au moment de la
mort de Rémi Fraisse, le jeune homme tué par les gendarmes en
octobre, semble pris entre des injonctions contradictoires :
d’un côté, celles du ministère de l’intérieur, qui veut
mettre fin à la ZAD ; de l’autre, le ministère de
l’écologie, qui veut en finir avec le projet de barrage.
Dans ce contexte extrêmement tendu, les arguments rationnels et les faits se perdent. Ainsi, le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a déclaré mercredi (sur France Info) qu’il était « pour » un barrage plus petit et qu’« il faut être raisonnable et comprendre les besoins. 90 agriculteurs dans une petite vallée, ça mérite qu'on s'en occupe. »
90 agriculteurs ? C’est beaucoup plus que le nombre de bénéficiaires comptabilisés par les experts missionnés par le ministère de l’écologie. Dans leur rapport d’octobre 2014, ils estiment à 30 le nombre de bénéficiaires se situant « dans une optique de sécurisation/substitution » et à « environ 10 » le nombre d’éventuels nouveaux préleveurs (à lire ici p. 19). Selon les opposants, seules 19 personnes auraient besoin de l’équipement. Même la CACG, la société maître d’ouvrage du barrage, n’estime qu’à 80 le nombre
Dans ce contexte extrêmement tendu, les arguments rationnels et les faits se perdent. Ainsi, le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, a déclaré mercredi (sur France Info) qu’il était « pour » un barrage plus petit et qu’« il faut être raisonnable et comprendre les besoins. 90 agriculteurs dans une petite vallée, ça mérite qu'on s'en occupe. »
90 agriculteurs ? C’est beaucoup plus que le nombre de bénéficiaires comptabilisés par les experts missionnés par le ministère de l’écologie. Dans leur rapport d’octobre 2014, ils estiment à 30 le nombre de bénéficiaires se situant « dans une optique de sécurisation/substitution » et à « environ 10 » le nombre d’éventuels nouveaux préleveurs (à lire ici p. 19). Selon les opposants, seules 19 personnes auraient besoin de l’équipement. Même la CACG, la société maître d’ouvrage du barrage, n’estime qu’à 80 le nombre
Selon
un autre rapport d’experts du ministère, « Mission pour un
projet de territoire du bassin du Tescou » (à
lire ici, p. 80),
le nombre de bénéficiaires du barrage peut même être revu à la
baisse. En décembre 2014, ils ont invité à une réunion de travail
80 exploitations agricoles disposant de terres à proximité de la
rivière Tescou, et donc susceptibles de demander un volume d’eau.
Au moins 120 personnes sont venues, pas tous des agriculteurs. Les
experts leur ont remis des questionnaires sur leurs besoins en eau,
dont 33 ont été remplis sur place et remis. Les documents sont
anonymes. Il en résulte que : seulement 16 personnes disent
avoir pompé dans le volume d’eau qu’elles sont autorisées à
prélever dans le Tescou. On est, encore une fois, loin des 90
agriculteurs décrits par Stéphane Le Foll.
Parmi les exploitants qui irriguent leur culture à partir de la seule rivière Tescou, seulement huit sont demandeurs de volume supplémentaire. Et quand on leur demande combien ils seraient prêts à payer pour cette eau, les réponses sont instructives : un ne veut rien payer, cinq « le moins cher possible ». Une personne est d’accord pour payer 10 euros par hectare, deux autres pour payer entre 20 et 30 euros par hectare. Or, à titre d’exemple, les volumes d’eau issus du barrage tout proche de Thérondel sont payés 25 euros par hectare pour un volume de 2 000 m3 par hectare. Au total, le nombre d’agriculteurs se disant prêts à payer environ le prix de l’eau qui sortira du barrage de Sivens s’élève donc à onze. On peut imaginer qu’ils soient plus nombreux une fois l’équipement en place.
Parmi les exploitants qui irriguent leur culture à partir de la seule rivière Tescou, seulement huit sont demandeurs de volume supplémentaire. Et quand on leur demande combien ils seraient prêts à payer pour cette eau, les réponses sont instructives : un ne veut rien payer, cinq « le moins cher possible ». Une personne est d’accord pour payer 10 euros par hectare, deux autres pour payer entre 20 et 30 euros par hectare. Or, à titre d’exemple, les volumes d’eau issus du barrage tout proche de Thérondel sont payés 25 euros par hectare pour un volume de 2 000 m3 par hectare. Au total, le nombre d’agriculteurs se disant prêts à payer environ le prix de l’eau qui sortira du barrage de Sivens s’élève donc à onze. On peut imaginer qu’ils soient plus nombreux une fois l’équipement en place.
Mais
en plein drame local, aucune solution durable ne pourra être trouvée
sans prise en compte rigoureuse et de bonne foi par les décideurs de
la réalité du dossier.
Jade
Lindgaard – Médiapart
Alternatives au barrage de Sivens : elles existent, bien sûr !
Première mise en ligne le
24 novembre 2014.
L’étude
des solutions alternatives a enfin officiellement commencée. En
fait, les alternatives sont étudiées et proposées de longue date
par les opposants. Ce qu’elles annoncent : une meilleure
agriculture locale, adaptée au changement climatique et créatrice
d’emploi.
Il
n’y a jamais eu de « réelle
analyse des solutions alternatives »
au projet de barrage de Sivens. C’est ce qu’affirment les experts
mandatés par Ségolène Royal dès l’introduction
de leur rapport.
Un
groupe de travail a donc commencé à plancher sur le sujet. Autour
de la table, les représentants des opposants, des conseils généraux
du Tarn et du Tarn-et-Garonne, et les Chambres d’agriculture des
deux départements. Leur mission : remettre à plat le débat et
aboutir à un compromis. Mais attention, le projet de barrage n’est
« pas
enterré »,
a averti Pierre-Alain Roche, l’un des deux experts qui préside les
discussions.
Cinq
solutions selon le rapport
Parmi
les alternatives possibles, il y a d’abord celles évoquées dans
le rapport remis à Ségolène Royal. En tout, ses deux auteurs
envisagent cinq issues au problème :
- l’arrêt
total du projet, - le
maintien en l’état du projet, - la
réduction du volume du barrage, - le
maintien en l’état du barrage, mais avec plus d’eau allouée au
maintien du débit du Tescou, le
remplacement du barrage par plusieurs petites retenues d’eau le
long du Tescou. Le coût est « nettement
plus faible »,
l’impact sur la rivière moindre, mais la gestion de l’eau serait
plus complexe, précise le rapport.
Le
président de la FDSEA
(Fédération départementale des syndicats d’exploitants
agricoles) du Tarn, Philippe Jougla, a déjà fait son choix. Hors de
question d’abandonner le projet de barrage. Le quatrième scénario,
qui propose de le conserver tel quel, mais avec une « ré-allocation »
d’une partie des volumes d’eau vers la rivière est selon lui la
solution de compromis. « Il
permettrait d’améliorer la vie aquatique de la rivière, alors que
la zone humide n’est pas le vrai problème »,
dit-il à Reporterre.
Pourtant,
« si
on concevait le projet aujourd’hui, la solution choisie serait
plusieurs retenues d’eau plus modestes »,
admet-il. Mais il y quinze ans, elle ne faisait pas partie des
techniques préconisées par les spécialistes.
Il
se retranche derrière les experts pour affirmer que le maintien du
barrage est la seule possibilité : « Le
rapport considère que les travaux sont déjà engagés, et que
juridiquement il est trop compliqué d’annuler le barrage. »
Pour
le consultant spécialiste de l’eau, Marc Laimé, rien n’est en
revanche impossible. « Toute
la question est de savoir si un rapport de force peut s’installer
pour remettre en cause le système d’utilisation de l’eau dans le
Tarn ou le Gers : aujourd’hui, il repose sur l’utilisation
de dizaines de retenues collinaires comme celle projetée à
Sivens »,
dit ce pourfendeur des lobbies.
Prendre
le problème par le bon bout
Mais
si le nœud du problème n’était pas l’eau ? Pour France
Nature Environnement, partir des besoins en eau des agriculteurs
revient à prendre le problème par le mauvais bout.
« On
ne veut pas partir de la problématique eau,
expose Thierry de Noblens, président de France nature environnement
Midi-Pyrénées. Sinon,
on retombe dans le piège de
’’il faut une réserve d’eau.’’ On
propose de partir des agriculteurs qui ont des problèmes. »
« Nos
difficultés économiques sont liées à la conjoncture, pas
seulement au manque d’eau »,
reconnaît Philippe Jougla. Même constat pour Pierre Lacoste, l’un
des agriculteurs de la vallée du Tescou. Il est opposé au barrage
et ose même le dire publiquement. « Dans
la vallée du Tescou, on a les mêmes problèmes économiques que
tous les agriculteurs en France. Les marchés des céréales et de la
viande sont très fluctuants, les primes de la Politique agricole
commune (PAC)
nous empêchent de vendre nos produits à la vraie valeur. Mais nous
ne sommes pas plus pauvres qu’ailleurs. »
Cependant,
dans ce contexte difficile, l’accès à l’eau reste une sorte
« d’assurance »,
maintient Philippe Jougla. « Quand
il y a de l’eau sur mon exploitation, je peux faire des cultures à
valeur ajoutée comme le soja, la luzerne ou la production de
semences,
explique-t-il. C’est
ce qui me permet de trouver un successeur. »
La
production « maïs
semence »,
en particulier, pourrait se développer en aval de la vallée si le
barrage est construit. Pierre Lacoste affirme que plusieurs de ses
collègues « d’en-bas »
lui ont fait part de leur souhait de s’y mettre. Une production « à
très forte valeur ajoutée »,
mais qui demande un soin particulier et beaucoup d’eau aux étapes
cruciales de croissance de la plante, explique l’agriculteur.
Le
maïs semence sert à produire une variété de maïs hybride,
récoltée pour ses graines. Celles-ci sont revendues à un
semencier, qui les cède à son tour à des producteurs dits de maïs
grain, utilisé pour la consommation humaine ou du bétail.
Mais
ce choix agricole mène à une fuite en avant, juge Pierre Lacoste :
« Avec
le réchauffement climatique, les sécheresses vont être plus
fréquentes. D’abord on fait Sivens, puis le barrage ne suffira
plus. Est-ce qu’on va encore faire d’autres barrages ? »
Des
« bassines » existent, mais elles sont sous-utilisées
Lui
a décidé de se passer d’irrigation. Il produit de la viande :
poulets, cochons et vaches. Tous gambadent dans ses quarante hectares
de prairies, plutôt que d’être nourris de maïs ensilage.
D’ailleurs, il semble que d’autres agriculteurs de la vallée
aient déjà commencé à s’adapter.
« A
une époque, les primes de la PAC
étaient majorées quand on irriguait,
raconte-t-il. Mais
plus maintenant. Du coup, de nombreux agriculteurs de la vallée se
sont tournés vers les cultures sèches type blé, orge, colza,
tournesol. Car irriguer cela a un coût. »
Le
rapport des experts confirme que les « bassines »,
ces petites retenues d’eau de substitution construites par les
exploitations grâce aux primes PAC,
sont aujourd’hui « largement
sous-utilisé[es]. »
La question, ici, n’est pas un problème de ressource, mais de
gestion en commun. Pour l’instant, chaque agriculteur propriétaire
de "bassine"
utilise jalousement son eau, en pompant au maximum dans les
ressources communes avant de recourir à sa propre réserve. Ce qui
manque, c’est la méthode et le désir de gérer le bien commun
dans un esprit de coopération.
Il
n’est donc pas du tout certain que le barrage permettrait de sortir
les agriculteurs locaux de leurs difficultés économiques. France
nature environnement propose de saisir l’occasion pour faire de la
vallée du Tescou « une
zone test »,
où la relation des agriculteurs à leur territoire et leur rôle
dans la protection de l’eau ne serait plus subis, mais choisis et
valorisés. Son modèle ? La ville de Munich, en Allemagne.
Là-bas,
dès 1998, le service municipal de l’eau encourage les agriculteurs
se situant sur les zones de captage à se convertir en bio. Pour les
convaincre, la ville s’engage à leur trouver des débouchés et
introduit leurs produits au menu des crèches, des cantines, etc.
Elle leur verse également une prime par hectare, pour service rendu
à la protection de la qualité de l’eau. Au final, le programme
coûte moins cher à la municipalité que le traitement de l’eau.
Sauver
la polyculture
La
première proposition du Collectif
de défense de la zone humide du Testet
est donc de mettre des produits locaux dans les cantines des écoles,
des maisons de retraite et en particulier des collèges, gérés par
le Conseil général promoteur du projet de barrage. Le prix d’achat
des produits pourrait être garanti par des contrats de cinq à dix
ans, pour permettre aux agriculteurs de pouvoir enfin « vivre
de leur production »,
explique Sylvain Doublet, vice-président de FNE
Midi-Pyrénées.
La
priorité pour cet ingénieur agronome est de préserver la diversité
des productions de la vallée, notamment en aidant les fermes en
polyculture élevage, pour « aller
contre le tendanciel, qui conduit à la perte des emplois agricoles
et à l’abandon dans les fermes de l’élevage au profit des
grandes cultures. »
Ensuite,
« une
fois qu’un partenariat de confiance sur plusieurs années sera mis
en place, tout le monde sera prêt à modifier ses pratiques,
assure-t-il. Les
agriculteurs pourraient être accompagnés pour réduire les produits
phytosanitaires et l’azote, et arrêter le maïs irrigué. »
Paysan
bio, membre de l’agence de l’eau Adour-Garonne et opposant de
longue date au barrage de Sivens, Benoît Biteau imagine déjà le
nouveau paysage qui pourrait se dessiner. « Il
faudrait planter le long du Tescou des arbres en alignement de façon
à faire remonter l’eau vers la surface et satisfaire les besoins
des cultures développées entre les arbres, quand l’eau est en
pénurie »,
soutient-il.
Il
faudrait surtout, selon lui, soutenir un modèle agricole basé sur
des variétés de maïs, de tournesol, de blé, d’orge ou d’avoine
qu’on appelle « variétés
populations : elles permettent d’obtenir des rendements
surprenants en culture sèches, justement parce qu’elles sont
parfaitement adaptées à leur zone de production, qui n’ont rien à
voir avec les variétés standardisées proposées par les firmes
semencières ».
Marie
Astier et Philippe Desfilhes – Reporterre
Sivens
: l’expulsion des zadistes imminente
L’expulsion
de zadistes qui occupent le site du barrage contesté de Sivens, dans
le Tarn, est imminente, selon notre envoyée spéciale sur place. La
police est d’ores et déjà entrée dans la zone occupée et
discute avec les zadistes pour tenter de les convaincre d’évacuer
la zone. Cette opération, qui ne devait pas intervenir selon nos
informations avant lundi ou mardi, se fait en présence du
sous-préfet de Castres, Jean-Yves Chiaro.
Environ
300 gendarmes mobiles ont été mobilisés, ainsi que deux buldozers.
On dénombrait environ 400 agriculteurs et une
quarantaine de zadistes.
Un
débat doit se tenir vendredi au conseil général d’Albi sur des
projets alternatifs à la retenue d’eau contestée.
Delphine
de Mallevoüe - LeFigaro.fr
Interdiction
du rassemblement albigeois ce vendredi
22h30:
« Le Collectif Tant qu’il y aura des Bouilles apprend que
tout rassemblement est interdit demain par la Préfecture à Albi.
Il appelle ce soir à ne pas se rendre à Albi mais plutôt à organiser concrètement la solidarité envers les zadistes de Sivens, agressé-e-s et menacé-e-s par les milices pro-barrages/FNSEA depuis plusieurs jours, et dont l’expulsion semble imminente. »
Il appelle ce soir à ne pas se rendre à Albi mais plutôt à organiser concrètement la solidarité envers les zadistes de Sivens, agressé-e-s et menacé-e-s par les milices pro-barrages/FNSEA depuis plusieurs jours, et dont l’expulsion semble imminente. »
- Pas d’intrusions des miliciens sur la ZAD aujourd’hui
- Un super reportage de l’agence des copains sur la journée d’hier : la fausse impuissance des nouveaux casques bleus
- Solidarité avec le Testet :
« Ce vendredi 6 mars, 18h30, devant la Préfecture de Vannes (Place du Général de Gaulle) : rassemblement pour dénoncer la brutalité des milices de la FDSEA du Tarn, la complaisance de la gendarmerie… et pour continuer à revendiquer l’arrêt du projet de barrage de Sivens, et non sa simple réduction, contre l’agro-industrie productiviste, pour soutenir les zadistes et autres opposants au barrage. Appel du groupe Lochu et d’individus. « »Cette nuit un message clair a été laissé sur le parvis de la chambre d’agriculture de Rennes, abritant les locaux de la FDSEA et des J.A.(Jeunes Agriculteurs): DEGAGEZ DU TESTET Face aux violences de la FNSEA et des J.A. ces jours-ci au barrage de Sivens: -Encerclement de la ZAD empêchant le ravitaillement et les entrées et sorties de la zone. -Passage à tabac d’individus. -Destruction d’affaires personnelles et habitats. -Attaque de groupes d’occupantEs et de leurs véhicules. Nous nous devons de réagir, quelques soit nos gestes. Ils pillent la terre, ruinent les sols, engraissent des multinationales de l’agro et de la phyto industrie. Parce que nous ne voulons pas de ce monde ni ici ni ailleurs. RESISTANCE ET SABOTAGE » - Les marcheurs ont donné un rendez-vous Place de la Libération à Gaillac pour 16h30, en solidarité avec les copain-e-s qui sont en danger sur la ZAD. Là-bas, les milichiens sont devant la barricade, les GMs font barrage, empêchent toute confrontation, mais aussi toute discussion, comme il y a pu avoir hier par exemple. les marcheurs sont partis de Gaillac pour se reposer en lieu calme vers 19h. Un grand merci à eux !
-
- Témoignage de Myriam vécu hier mercredi 4 mars
- Communiqué du NPA, communiqué du Front de Gauche, d’EELV sur leurs sites respectifs. Rien du PS, rien de l’UMP, rien du FN.
- Attention aux rumeurs : il n’y a pas « expulsion ». La milice voudrait expulser elle-même, continuer les exactions, mais aujourd’hui, les GMs se sont déployés autour pour faire mine d’empêcher quelque chose.
- Cette nuit, une bagnole a cramé, hors ZAD.
APPEL
à rassemblement massif dans le calme devant la Préfecture d’Albi
PLACE
DU VIGAN
(le trottoir devant le CG est « réservé » par la FNSEA)
à 14h ce jour pour conférence de presse – Communiqué
de gens du peuple suite aux violences commises par des milices
fascistes après le rassemblement du 4 mars 2015
- Même les caméras de France 3 ont filmé le saccage de la ZAD par la milice, comme si elles étaient accréditées durant des opérations officielles des forces de l’ordre : voir le journal de France 3 ! Ça nous fait penser à ce dessin de Pierre Fournier (Charlie Hebdo n°64, 7 fév. 1972) :
-
- Témoignage du 4 mars – milices en action sous le regard débonnaire des GMs
- HOLLANDE UTILISE LA MÉTHODE SAMARAS SUR LA ZAD DU TESTET (Yannis Youlountas) qui décortique la méthode d’un gouverneur de générer le chaos violent avec des énervés d’extrême-droite pour pouvoir imposer par la force ses décisions.
- Les marcheurs partent de Rabastens demain matin : RV à partir de 8h30 devant la Mairie. Soyons encore plus nombreux qu’aujourd’hui ! Après 35 kms jusqu’à St Sulpice, les 6 marcheurs-ses ont été bloqué-e-s par FNSEA et pro-barrages à 1 km du but. Plein de tracts distribués, énorme soutien le long du trajet. Gendarmes et médias les ont suivis à la trace.
- Témoignage des aventures d’hier
- Nimes le 10/03 : La FNSEA assiège Sivens, assiégeons la FNSEA ! Dans le ton de l’appel à actions décentralisées publié hier…Qu’elles se multiplient !
Les miliciens de la FNSEA ont des noms et des adresses
Barrage
de Sivens. Des tags contre la FDSEA en Ille-et-Vilaine
Des
inscriptions hostiles à la FDSEA ont été peintes sur la Maison de
l’agriculture à Rennes, et dans le bourg de Chasné-sur-Illet,
commune du directeur du syndicat.
«
Zad » ; « FDSEA et JA dégagez du Testet ». Des tags ont été
peints, dans la nuit de mercredi à jeudi, sur la façade de la
Maison de l’agriculture à Rennes.
La
Zad du Testet bloquée
Ces
slogans, hostiles au syndicat agricole, font référence à
l’engagement
des agriculteurs de la FDSEA qui, depuis plusieurs jours, bloquent
l’accès à la Zad du Testet, dans le Tarn. Ils empêchent
ainsi le ravitaillement des militants, opposés au barrage de Sivens,
qui se sont installés sur le site.
D’autres
tags ont été peints dans le bourg de Chasné-sur-Illet, au nord de
Rennes. Les inscriptions visent directement le directeur de la FDSEA
35, nommé en fin d’année dernière et qui réside dans la
commune.
«
Inadmissible »
Loïc
Guines, président de la FDSEA en Ille-et-Vilaine, réagit : « Notre
directeur a été visé, dans sa commune, alors qu’il est arrivé
il y a quatre mois. On nous insulte et on nous assimile au FN. C’est
inadmissible. » Il ajoute : « Les zadistes, dont certains sont des
énergumènes, ne respectent pas la République. »
Plusieurs
plaintes ont été déposée pour dégradation et insultes.
Ouest-France.fr
Vendredi
6 mars
Armé d’une tronçonneuse, le milicien FNSEA hurle : « Ta gueule, salope »
Des
pro-barrages venus de loin et ignorant le dossier. Des injures et des
tronçonneuses. Des menaces envers les agriculteurs opposés au
barrage. Des gendarmes bien polis avec les miliciens de la FNSEA.
Récit de la journée du 5 mars. Bienvenue à Sivens.
Lisle-sur-Tarn
(Tarn), reportage
« Votre
carte de presse ! »
En ce jeudi après-midi, ce n’est pas auprès de gendarmes mobiles
mais d’agriculteurs qu’il faut montrer patte blanche pour accéder
à la ZAD
du Testet. Postés à l’entrée de Barrat, décorée pour
l’occasion de drapeau FNSEA,
un petit groupe de pro-barrages filtre le passage. Le ton est
péremptoire. Moi et mon confrère nous exécutons. « Il
faudra penser à changer la couleur du véhicule parce qu’ici ça
ne passe pas, ça fait ’baba-cool’ »,
nous avise-t-on avant de nous laisser filer. Pourquoi ce conseil ?
La camionnette de mon collègue photographe a le malheur d’être
verte. La route d’accès principale est encombrée de voitures de
pro-barrages. Une soixantaine d’entre eux sont rassemblés à
quelques mètres seulement des premières barricades de la ZAD,
retenus par un cordon de gendarmes mobiles.
L’agriculteur
est contre le barrage ? Il est menacé
Ce
« spectacle »,
Pierre Lacoste l’observe tous les jours depuis chez lui où il est
confiné. Au même titre que les zadistes, l’agriculteur-riverain
qui s’est toujours prononcé contre la construction du barrage de
Sivens est dans le collimateur des pro-barrages. Son fils de 14 ans a
manqué plusieurs jours d’école cette semaine.
Impossible
pour ses parents de passer au travers des barrages de la FNSEA :
« Les gendarmes ont essayer de négocier avec eux mais ont fini
par nous avouer qu’ils ne peuvent pas assurer notre sécurité ».
Pierre Lacoste limite ses déplacements au maximum parce qu’il n’a
pas l’esprit tranquille : « Ils
tournent autour de la maison avec des pioches et en disant des
grossièretés. Je ne veux pas prendre le risque qu’on crame mon
exploitation agricole. Tout ce qui se passe depuis le début de la
semaine c’est de la folie. Ils n’ont pas le droit d’être là
et les zadistes n’ont jamais bloqué les accès comme eux le
font ».
"On ne connait pas le dossier"
Dans
le champ où sont rassemblés les pro-barrages, les regards sont
suspicieux, voire haineux. Les Jeunes Agriculteurs de Haute-Garonne
sont en première ligne. Ils balaient mes questions d’un revers de
la main : « On
ne connait pas assez bien le dossier, interrogez plutôt quelqu’un
du coin, d’ailleurs on va bientôt s’en aller ».
Comme
chaque jour, les FDSEA
de toute la région Midi-Pyrénées viennent se relayer aux entrées
de la ZAD.
De l’autre côté, sur la départementale 999, ce sont les
agriculteurs du Gers qui tiennent le siège. Un gendarme mobile
regarde la scène d’un air amusé : « On
fait le tampon ! »
s’esclaffe-t-il devant la situation. Des estafettes montent la
garde à deux pas des barricades érigées par les occupants il y a
quelques mois pour empêcher les forces de l’ordre de passer.
Sur
la ZAD,
l’atmosphère est électrique. Deux tirs de pétards viennent de
résonner de part et d’autre de la clairière. Accroché au
talkie-walkie, Hector donne l’alerte : « Les
pro-barrages savent qu’on écoute leurs fréquences, ils utilisent
les pétards pour communiquer entre eux. Ces deux tirs, ça veut dire
qu’ils sont planqués dans les bois et prêts à attaquer ».
Il
quitte la barricade à pas pressés. Direction la Métairie, le seul
bâtiment en dur occupé par les zadistes. « Ils
vont entrer au milieu »,
lance-t-il à la volée. Baignée sous un soleil pâle de fin
d’après-midi, la ZAD
est déserte. Des voitures aux vitres brisées et un chapiteau
démonté témoignent du saccage opéré la veille par les
pro-barrages lors d’une incursion.
Seul
au milieu de l’ex-zone de chantier, Guillaume fait le guet. Son
talkie-walkie grésille. « A
tous les indicatifs, à tous les indicatifs, les pro-barrages qui
sont entrés dans les bois ont été repoussés des deux côtés par
les gendarmes mobiles ».
Incrédule, Guillaume regarde au loin dans les arbres : « Il
y a toujours des petits groupes disséminés. Je ne sais pas ce
qu’ils cherchent, s’ils voulaient nous faire du mal ils
l’auraient fait depuis longtemps, ils sont trois fois plus nombreux
que nous. Tout ça me semble téléguidé. Ça arrangerait bien les
autorités de ne pas avoir à s’occuper de notre expulsion. Ils ne
veulent pas d’un deuxième Rémi Fraisse. Ils ne veulent pas d’un
deuxième martyr »,
dit-il couvert du bruit de l’hélicoptère qui survole la zone
depuis le matin.
"Ta
gueule, salope"
Une
nouvelle alerte est donnée du côté de la départementale 999. Des
zadistes traversent la ZAD
au pas de course. Munis de bâtons et de barres de fer, deux-cents
agriculteurs ont forcé le cordon des forces de l’ordre à l’entrée
du chantier pour se rapprocher au plus près des zadistes.
Pro-barrages et occupants se font face à cinquante mètre d’écart,
séparés par quelques gendarmes mobiles et de maigres barricades.
Ils se regardent en chiens de faïence sous les flashs des
photographes.
Quelques
noms d’oiseaux et des invectives fusent. « Ce
n’est pas de notre faute, si vous avez des cancers à quarante ans
à cause des OGM »,
lance une jeune zadiste. « Ta
gueule salope »,
répond-on de l’autre côté. Une tronçonneuse rugit. Les
agriculteurs ont pris l’initiative de dégager une barricade faite
de troncs d’arbres pour laisser passer les camions des forces de
l’ordre.
Après
quarante-cinq minutes de face-à-face, les pro-barrages se font
cordialement repousser mètre par mètre par les gendarmes. « Reculez
messieurs s’il vous plaît ».
On se pousse un peu, pour le jeu. « Reculez
encore un chouïa, messieurs s’il vous plaît. »
Collés les uns aux autres, agriculteurs et gendarmes rient aux
éclats.
Des
pro-barrages foncent vers les chapiteaux où les attendent des verres
de Pastis. Les leaders de la FDSEA
parlementent à voix basse avec les gendarmes. Un groupe
d’irréductibles continue de narguer les zadistes de loin. « On
reviendra, on reviendra ! »
s’égosillent-ils en arborant des sweats siglés « Soutien
aux gendarmes de Sivens ».
Michel,
agriculteur arrivé en bus du Gers le matin même s’est approché
de la ZAD
« par
défi et par curiosité aussi. Mais je suis déçu, on ne voit
rien »,
soupire-t-il. Le cultivateur de céréales et de maïs syndiqué à
la FNSEA
s’est déplacé par solidarité dit-il avec ses confrères du Tarn.
« Je
ne comprends pas pourquoi les politiques n’expulsent pas les
zadistes, ils sont illégaux ici. C’est aux agriculteurs de faire
respecter la loi puisque l’Etat ne le fait pas. »
Un
homme en costume fend la foule. Jacques Valax, député socialiste du
Tarn et conseiller général est venu rassurer ses ouailles. En
aparté avec un vieil homme, il parle de soutenir le projet de
barrage à son « emplacement
initial »
lors de la réunion décisive au Conseil Général qui aura lieu ce
vendredi matin. « Et
vous demanderez aussi l’expulsion immédiate de la ZAD ! »
vocifère l’agriculteur au visage rougi par la colère. « Parce
que sinon nous, à 14h on dégage tout ! »
Le vieil agriculteur n’est pas le seul à promettre une expulsion
rapide. En marge d’une visite en Haute-Vienne ce jeudi, Manuel
Valls le premier ministre a déclaré « qu’il
faudra très vite évacuer les lieux ».
Zad
is the end ? Les trois-cents gendarmes mobiles déployés autour
du site et les forces de sécurité en jeep militaires arrivées à
Gaillac dans la journée laissent en effet croire que la fin de la
ZAD
est proche.
Marine
Vlhahovic - Reporterre
Lisle-sur-Tarn,
reportage
Isabelle
Rimbert arrive dans l’après-midi aux abords de la zone
Près
de la maison de la forêt, le premier contact donne le ton : à
peine la voiture arrêtée pour vérification de carte de presse, un
homme muni d’une tronçonneuse s’approche et fait vrombir l’engin
en signe de bienvenue. Ses collègues encerclent la voiture, ouvrent
le coffre, s’emparent d’un casque et de lunettes de protection.
Un autre crie à un policier : "Ici
c’est une zone de non droit, on fait ce qu’on veut".
Pas de réponse du représentant de "l’état
de droit"...
On
finit par passer. A quelques kilomètres, c’est le poste "Sierra
1".
Environ 150 voitures sont stationnées des deux cotés de la D999 qui
croise l’entrée sud de la zad. Le petit chemin bucolique
desservant la forêt ressemble à un parking de gendarmerie. Entre un
champ détrempé et les arbres, 100 à 150 pro-barrages armés de
bâtons et de barres de fer scrutent la barricade tenue par une
quinzaine d’opposants. Une forte détermination émane des deux
camps, séparés par un groupe de gendarmes.
"De
ce côté, c’est plutôt tranquille,
ironise Mimi, une zadiste de 20 ans, qui se chauffe au soleil près
d’une tente de fortune. On
est là depuis une semaine, on se relaie tous les jours".
En face la milice pro-barrage trépigne et s’impatiente :
"Vermines, pelluts !"
hurlent-ils. "Fachos,
alcooliques",
répondent les zadistes.
Impossible,
sur le chemin, d’éviter les agriculteurs : l’un d’eux
tente de me bloquer. "Prends
son appareil photo",
éructe son collègue. S’ensuit une bousculade où la casse est
évitée de justesse, sous le regard éteint des gendarmes qui ne
bougent pas d’un pouce. Bienvenue à Sivens.
Isabelle
Rimbert-
Reporterre
- D’importantes forces de police arrivent d’Albi, présageant l’expulsion de la zone mais rien n’est sûr encore. On attend des nouvelles du CG.
- Rendez-vous 9h30 place du griffoul à Gaillac pour se retrouver et aller autour de la zone pour récupérer les copains de la ZAD. L’Expulsion de la Zad a déjà commencé. Mais visiblement, on attend tous la décision du CG : il abandonne le projet de barrage ou pas ?
- La maison des Druides a été expulsée « en douceur ».
10:07
Info Bouilles Orange :
L’expulsion de la maison des druides a commencé : les
gendarmes laissent le temps aux gens de préparer calmement leurs
affaires pour partir dès que le CG se sera prononcé. A priori, ce
sera une expulsion générale mais cela n’a pas encore commencé
ailleurs. Manif interdite aujourd’hui à Albi, rassemblement
actuellement à Gaillac pour décider de la suite. Beaucoup, beaucoup
de GM à Barat, une des routes d’accès à la ZAD. Voilà pour le
moment.
11h05
source sur place :
PAS d’expulsion effectué à ce moment ! Tout a l’air en
attente des décisions du CG.
Le
CG 81 a décidé ce matin d’abandonner le projet de barrage de
Sivens qui lui avait été demandé par la CACG, étudié par la
CACG, réalisé par la CACG. On pense à tous les efforts de tous ces
gens qui ont créé la résistance à ce projet, et bien sûr à
celui à qui il ont tout pris, Rémi. Ils lui ont pris tout ce qu’il
avait, tout ce qu’il aurait pu jamais avoir.
11h45
:
vu l’abandon du projet, enfin reconnu comme ne satisfaisant pas
l’intérêt général, les habitants de la vallée ont posé comme
condition pour sortir volontairement du site, que 1) tous les
inculpés de Sivens soient amnistiés,
2)
que tous les dégâts matériel fait par les gendarmes et les
pro-barrages soient remboursés.
12h01
:
Le préfet donne l’ordre d’évacuer le site
14h00 :
Des gens sur le toit de la Métairie, une armée de robocop pousse
les gens à pied depuis Barat vers le bas de la vallée. Idem
semble-t-il depuis le fort. Du coup, on espère que les pro-barrages
ont déguerpi de la D999.
A
tous les médias : arrêtez avec votre utilisation du futur « il
y aura un barrage plus petit » ; dans ce pays, il y a des
règles, des enquêtes publiques, et tant que l’enquête publique
ne s’est pas déroulée, on est prudent, on utilise le
conditionnel.
APPEL
A RASSEMBLEMENT SPONTANÉ A GAILLAC !
12h00 :Suite à la décision du Conseil général du maintien d’un projet de retenue sur la ZAD du Testet et de l’expulsion immédiate de tous les occupants, et suite à l’interdiction de se rassembler en protestation à Albi comme aux alentours de la ZAD,
L’AG du rassemblement en cours à Gaillac appelle toutes les personnes choquées par cette décision à nous rejoindre Place de la Libération à Gaillac, dès maintenant et quelle que soit l’heure.
Pique-nique spontané sur place, nouvelle AG à 14h, initiatives diverses, n’hésitez pas à amener vos instruments de musiques pour danser et chanter la vie contre le pouvoir mortifère qui nous gouverne, sous un magnifique soleil aujourd’hui.
Si le rassemblement est contraint de se déplacer, il continuera obstinément sur d’autres places de la ville.
Venez nombreux quelle que soit l’heure et faites circuler partout cet appel.
TOU-TE-S A GAILLAC AUJOURD’HUI !!!
12h00 :Suite à la décision du Conseil général du maintien d’un projet de retenue sur la ZAD du Testet et de l’expulsion immédiate de tous les occupants, et suite à l’interdiction de se rassembler en protestation à Albi comme aux alentours de la ZAD,
L’AG du rassemblement en cours à Gaillac appelle toutes les personnes choquées par cette décision à nous rejoindre Place de la Libération à Gaillac, dès maintenant et quelle que soit l’heure.
Pique-nique spontané sur place, nouvelle AG à 14h, initiatives diverses, n’hésitez pas à amener vos instruments de musiques pour danser et chanter la vie contre le pouvoir mortifère qui nous gouverne, sous un magnifique soleil aujourd’hui.
Si le rassemblement est contraint de se déplacer, il continuera obstinément sur d’autres places de la ville.
Venez nombreux quelle que soit l’heure et faites circuler partout cet appel.
TOU-TE-S A GAILLAC AUJOURD’HUI !!!
Agriculteur,
il préserve l’eau…. Et perd ses subventions ! (Association
Action Citoyenne Environnementale (ACE) Hendaye)
Pour pouvoir juger exactement de
ce qui a été voté par le CG ce matin, nous attendons le texte
exact qui a été approuvé à 43 voix sur 46 : on dirait des scores
soviétiques, on se demande où est le bolchevik vraiment…
[Expression
libre] La peur du rouge (voir Qui
est le zadiste ?),
ce bolchevik qui va prendre le pouvoir et faire faire fabriquer des
millions de chaussures identiques pour toute la population est plus
forte que tout en France, et chez nos « amis »
pro-barrages, elle fait des ravages ! Ils se vautrent dans une chasse
aux sorcières digne de celle qu’ont pratiqué les faucons
néo-libéraux pendant la guerre froide. Il leur faut un ennemi en
chair et en os, cela leur évite d’avoir à penser leur condition
d’assistés aux aides de la PAC, voulant faire des légumes
productivistes là où il n’y a pas d’eau et demandant qu’on
leur paye un barrage pour cela. Bon, on verra plus tard pour la suite
des commentaires sur leurs croyances. Mais qui est donc ce théoricien
du bolchevisme sauce Testet qui se cache derrière les initiales TS ?
Manque de bol, la peur du rouge, comme la peur de la chemise brune
ont toutes les chances de se répandre comme des virus sans vaccin…
Enfin, c’est vrai quand même qu’il y a des gens qui n’ont
toujours pas compris ce qu’a donné la croyance en Staline… Si on
pouvait seulement discuter sur ces croyances, ça irait peut-être
mieux…
Sivens :
le conseil général opte pour un barrage plus petit
Le
conseil général du Tarn a annoncé ce vendredi sa décision de
construire un barrage, de taille réduite, sur le site controversé
de Sivens. L'expulsion de la Zad par les gendarmes semble avoir
commencé.
Les
élus du Conseil général du Tarn ont pris leur décision.
Par 43 voix sur 46, les élus du département ont voté une
résolution, proposée par le président socialiste du conseil
général, Thierry Carcenac, qui propose de procéder à la
construction d'une « retenue
d'eau redimensionnée » sur
la zone du projet initial. Le Conseil général opte de fait pour la
solution la plus proche de la décision initiale, alors que deux
solutions étaient sur la table. À l’issue de la mission
d’expertise commandée par son ministère (lire
ici le rapport d’octobre 2014 de Nicolas Forray et Pierre
Rathouis),
la ministe de l'écologie Ségolène Royal avait en effet annoncé
qu'il pourrait y avoir un barrage plus petit sur la même zone, ou
bien l'installation de retenues collinaires en aval. La
ministre a écrit aux élus départementaux fin février pour leur
signifier que le projet initial de barrage devait
être « définitivement
abandonné » (voir
sa lettre publiée par Le
Tarn Libre) et
qu’elle s’engage à indemniser le département des coûts
occasionnés par les travaux (la zone humide du Testet a été
déboisée en septembre dernier), en contrepartie de
l’abandon « définitif
et irrévocable des travaux ».
Dans
leur décision, les élus du Tarn se sont également prononcé pour
l'évacuation sans tarder de la Zad, la zone à défendre tenue par
les opposants au barrage. Le ministère de l'intérieur aurait, selon
le quotidien Le
Monde,
donner l'ordre d'évacuer la zone. Les gendarmes étaient déjà
présents sur place dans la matinée, un le survol d'un drône était
même signalé et des opérations ont déjà commencé.
Jointe
par Mediapart, la Legal Team de la Zad nous avait indiqué qu'une
évacuation volontaire des lieux était exclue en l'état, même si
certaines personnes pouvaient le décider individuellement. Une
manifestation qui devait se tenir à Albi a été interdite.
Un certain nombre d’élus plaidaient pour la construction d’une version réduite du barrage, tandis que les opposants, dont le collectif pour la défense de la zone humide du Testet, soutenus par un ensemble d’associations, refusaient catégoriquement cette option. Chacun des scénarios validés par le ministère était jugé inacceptable par les uns ou les autres.
À
quinze jours du premier tour des élections départementales, qui
risquent de faire basculer le département à droite, le Conseil
général ne dispose de fait ni du temps ni de l’autorité
politique pour s’engager sur les suites du projet.
Du
côté de la FDSEA, dont des militants, accompagnés de membres des
Jeunes Agriculteurs, bloquent
les accès de la ZAD,
empêchant ses occupants d’entrer et sortir, depuis le début de la
semaine pour mettre sous pression l’exécutif tarnais, tout
scénario renonçant au projet était impossible. L’occupation du
site du barrage est dénoncée par la majorité des élus, locaux
mais aussi nationaux – notamment le
député socialiste Jacques Valax –
qui réclament au préfet, Thierry Gentilhomme, l’expulsion du
site. Le représentant de l’État, déjà en place au moment de la
mort de Rémi Fraisse, le jeune homme tué par les gendarmes en
octobre, semble pris entre des injonctions contradictoires :
d’un côté, celles du ministère de l’intérieur, qui veut
mettre fin à la ZAD ; de l’autre, le ministère de
l’écologie, qui veut en finir avec le projet de barrage.
Dans ce contexte extrêmement tendu, les arguments rationnels et les faits se perdent. Ainsi, le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, avait déclaré mercredi (sur France Info) qu’il était « pour » un barrage plus petit et qu’« il faut être raisonnable et comprendre les besoins. 90 agriculteurs dans une petite vallée, ça mérite qu'on s'en occupe. »
90 agriculteurs ? C’est beaucoup plus que le nombre de bénéficiaires comptabilisés par les experts missionnés par le ministère de l’écologie. Dans leur rapport d’octobre 2014, ils estiment à 30 le nombre de bénéficiaires se situant « dans une optique de sécurisation/substitution » et à « environ 10 » le nombre d’éventuels nouveaux préleveurs (à lire ici p. 19). Selon les opposants, seules 19 personnes auraient besoin de l’équipement. Même la CACG, la société maître d’ouvrage du barrage, n’estime qu’à 80 le nombre d’exploitants souhaitant utiliser le barrage.
Dans ce contexte extrêmement tendu, les arguments rationnels et les faits se perdent. Ainsi, le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, avait déclaré mercredi (sur France Info) qu’il était « pour » un barrage plus petit et qu’« il faut être raisonnable et comprendre les besoins. 90 agriculteurs dans une petite vallée, ça mérite qu'on s'en occupe. »
90 agriculteurs ? C’est beaucoup plus que le nombre de bénéficiaires comptabilisés par les experts missionnés par le ministère de l’écologie. Dans leur rapport d’octobre 2014, ils estiment à 30 le nombre de bénéficiaires se situant « dans une optique de sécurisation/substitution » et à « environ 10 » le nombre d’éventuels nouveaux préleveurs (à lire ici p. 19). Selon les opposants, seules 19 personnes auraient besoin de l’équipement. Même la CACG, la société maître d’ouvrage du barrage, n’estime qu’à 80 le nombre d’exploitants souhaitant utiliser le barrage.
Selon
un autre rapport d’experts du ministère, « Mission pour un
projet de territoire du bassin du Tescou » (à
lire ici, p. 80),
le nombre de bénéficiaires du barrage peut même être revu à la
baisse. En décembre 2014, ils ont invité à une réunion de travail
80 exploitations agricoles disposant de terres à proximité de la
rivière Tescou, et donc susceptibles de demander un volume d’eau.
Au moins 120 personnes sont venues, pas tous des agriculteurs. Les
experts leur ont remis des questionnaires sur leurs besoins en eau,
dont 33 ont été remplis sur place et remis. Les documents sont
anonymes. Il en résulte que : seulement 16 personnes disent
avoir pompé dans le volume d’eau qu’elles sont autorisées à
prélever dans le Tescou. On est, encore une fois, loin des 90
agriculteurs décrits par Stéphane Le Foll.
Parmi les exploitants qui irriguent leur culture à partir de la seule rivière Tescou, seulement huit sont demandeurs de volume supplémentaire. Et quand on leur demande combien ils seraient prêts à payer pour cette eau, les réponses sont instructives : un ne veut rien payer, cinq « le moins cher possible ». Une personne est d’accord pour payer 10 euros par hectare, deux autres pour payer entre 20 et 30 euros par hectare. Or, à titre d’exemple, les volumes d’eau issus du barrage tout proche de Thérondel sont payés 25 euros par hectare pour un volume de 2 000 m3 par hectare. Au total, le nombre d’agriculteurs se disant prêts à payer environ le prix de l’eau qui sortira du barrage de Sivens s’élève donc à onze. On peut imaginer qu’ils soient plus nombreux une fois l’équipement en place.
Parmi les exploitants qui irriguent leur culture à partir de la seule rivière Tescou, seulement huit sont demandeurs de volume supplémentaire. Et quand on leur demande combien ils seraient prêts à payer pour cette eau, les réponses sont instructives : un ne veut rien payer, cinq « le moins cher possible ». Une personne est d’accord pour payer 10 euros par hectare, deux autres pour payer entre 20 et 30 euros par hectare. Or, à titre d’exemple, les volumes d’eau issus du barrage tout proche de Thérondel sont payés 25 euros par hectare pour un volume de 2 000 m3 par hectare. Au total, le nombre d’agriculteurs se disant prêts à payer environ le prix de l’eau qui sortira du barrage de Sivens s’élève donc à onze. On peut imaginer qu’ils soient plus nombreux une fois l’équipement en place.
Mais
en plein drame local, aucune solution durable ne pourra être trouvée
sans prise en compte rigoureuse et de bonne foi par les décideurs de
la réalité du dossier.
Jade
Lindgaard – Médiapart
Le POINT des RASSEMBLEMENTS qu’on nous communique
Ce vendredi 6 mars,
- A Gaillac : Place de la Libération à toute heure. AG à 14 h.
- A Toulouse: Rassemblement 16h30 pétante à Compans
- A Vannes, à 18h30, devant la Préfecture (Place du Général de Gaulle) : rassemblement pour dénoncer la brutalité des milices de la FDSEA du Tarn, la complaisance de la gendarmerie… et pour continuer à revendiquer l’arrêt du projet de barrage de Sivens, et non sa simple réduction, contre l’agro-industrie productiviste, pour soutenir les zadistes et autres opposants au barrage
- A Paris, à 18h30, Rassemblement festif de soutiens à la ZAD du Testet, Vendredi 06/03, au métro Belleville (a changé suite à une coordination de plusieurs appels)
- A Lille: Lille 19h à république http://lille.demosphere.eu/rv/2944
- A Perpignan 18h devant la Chambre d’Agriculture ce soir vendredi
- À Langon, 18h devant la sous-préfecture
Mardi
10 mars
Nîmes 10h devant la FDSEA du Gard, Maison de l’agriculture 1120
route de Saint Gilles Opresco
- Il y aurait des interpellations, on ne sait pas combien.
- 15h15 Communiqué :
Juste
après la décision du Conseil Général, expulsion de toute la ZAD
en
cours
cours
A
la métairie les gardes mobiles brûlent tout
Les
copains ne peuvent pas sortir avec leur véhicule, (camion chargé de
leurs
effets personnels)
effets personnels)
Les
violences policières perdurent sous le commandement de Manuel Valls
Vers
14h, une ambulance est rentrée sur le site
Impossible
pour la population environnante qui les soutient de rentrer
sur
le site
le site
Pas
de journaliste et donc pas de témoin
C’est
le chaos démocratique piloté par la FNSEA avec l’aval des élus à
tous
les niveaux
les niveaux
Besoin
urgent d’une presse libre pour endiguer la montée du fascisme
Les
opposants au projet de Sivens
Sivens : les dernières heures de la ZAD
Ce
6 mars 2015, exactement 120 jours après la mort de Remi Fraisse, les
derniers occupants de la Zad de Sivens ont été évacués par les
forces de l'ordre. Ils s'étaient installés là durant l'été 2014,
pour protéger la zone humide du Testet menacée par le projet de
construction d'un barrage. Ils avaient reçu, lors du week-end des 25
et 26 octobre, le soutien de plusieurs milliers de personnes –
parmi lesquelles José Bové, Pascal Durand et Jean-Luc Mélenchon.
Ce 6 mars, le conseil général du Tarn a voté, par 43 voix
sur 46, la construction d'un barrage, de taille réduite (lire ici).
Vendredi
6 mars, en début d'après-midi.
Regroupés en chaine humaine autour du lieu où Remi Fraisse est mort
en octobre dernier, tué par un gendarmes, les derniers occupants de
la “zone à défendre” (la ZAD) sont encerclés par les gendarmes
mobiles et patientent dans une ambiance calme.
Quelques
heures auparavant, ce vendredi 6 mars au matin, le sourire de
certains agriculteurs opposés à la présence des Zadistes sur le
site de Sivens annonçait la future évacuation de la zone.
Les
opposants observent l'arrivée des forces de l'ordre. Plus de 300
gendarmes mobiles et unités spéciales ont été deploye sur le site
« occupé
ce matin par une quarantaine d’opposants au projet »
précisait un communiqué du ministre de l'intérieur, Bernard
Cazeneuve.
Vers
13h, ils ne restent qu'une vingtaine d'habitants de la ZAD, regroupés
autour du lieu où Remi Fraisse est mort en octobre dernier.
Les
gendarmes procèdent aux évacuations, les opposants ont refusé
toute violence mais la douleur de se faire expulser est très forte.
En
fin de journée, précise un communiqué du ministère de
l'intérieur,
« 21 individus ont été interpellés, pour des faits de
violence ou pour attroupement interdit après sommation ».
Photographe
: Romain
Etienne / Item - Médiapart
Sujet : [testet46] José Bové: "(...)
ces élus en fin de mandat ont voté une délibération incohérente,
bâclée, illégale et finalement inexécutable..."
Sivens : le 6 mars 2015, le Département du Tarn a enfanté un monstre juridique.
Ce département met aussi tout en œuvre pour que les conséquences financières de ses erreurs et de son profond dysfonctionnement soient assumées par l’Etat, le tout par une sorte de fuite en avant à quelques jours des élections
Alors que le projet de barrage fait l’objet d’une procédure d’infraction qui a toutes les chances (ou tous les risques) de conduire à la condamnation de la France, le Conseil Général persiste dans l’erreur :
Il maintient le choix de l’essentiel du projet (localisation, utilisations de l’eau, maître d’œuvre, constructeurs, gestionnaires, etc.) qui a fait l’objet de la DUP en passe d’être sanctionnée par l’UE et bientôt par les Tribunaux
Il soutient pouvoir continuer sur la base de cette DUP
Il annonce vouloir négocier « un protocole transactionnel avec l’Etat »
Or, une DUP est un acte pris par l’Etat qui ne peut faire l’objet d’aucune transaction et d’aucune négociation ; soit une DUP est exécutée, soit elle ne l’est pas, et ce uniquement en considération de sa teneur c’est-à-dire de l’ensemble des éléments du projet qui a été autorisé. Il ne peut être retranché ou ajouté de nouveaux éléments
Elle ne peut pas légalement faire l’objet de modifications, d’arrangements ou de transaction selon le bon vouloir de son bénéficiaire. S’il en était autrement cela reviendrait à ne tenir aucun compte de la procédure d’élaboration de la DUP, des enquêtes publiques, du contrôle des services de l’Etat ; cela constituerait finalement une atteinte à l’Etat de Droit.
Bien plus, le Conseil Général a donné un mandat à son exécutif pour négocier un tel « protocole » sans indiquer sur quoi il porterait, dans quels buts et dans quels délais.
Or, dans quelques semaines cet exécutif aura changé, quels que soient les résultats des élections, et ne pourra pas mettre en œuvre une directive aussi incomplète et aussi imprécise.
De plus, il est sidérant de constater que le Conseil Général du Tarn tente de tirer un profit financier d’une situation totalement illégale de laquelle il persiste à ne pas vouloir sortir, et ce d’autant plus qu’il est interdit à l’Etat de transiger sur la légalité et notamment sur le pouvoir de police qu’il exerce au titre de l’environnement.
Autrement dit, il ne peut y avoir de dérogation à l’application de la Loi.
En définitive, ces élus en fin de mandat ont voté une délibération incohérente, bâclée, illégale et finalement inexécutable, qui tente de surcroît d’entraîner par le fond l’Etat qui aurait à payer les conséquences de leur impéritie.
Sivens : le 6 mars 2015, le Département du Tarn a enfanté un monstre juridique.
Ce département met aussi tout en œuvre pour que les conséquences financières de ses erreurs et de son profond dysfonctionnement soient assumées par l’Etat, le tout par une sorte de fuite en avant à quelques jours des élections
Alors que le projet de barrage fait l’objet d’une procédure d’infraction qui a toutes les chances (ou tous les risques) de conduire à la condamnation de la France, le Conseil Général persiste dans l’erreur :
Il maintient le choix de l’essentiel du projet (localisation, utilisations de l’eau, maître d’œuvre, constructeurs, gestionnaires, etc.) qui a fait l’objet de la DUP en passe d’être sanctionnée par l’UE et bientôt par les Tribunaux
Il soutient pouvoir continuer sur la base de cette DUP
Il annonce vouloir négocier « un protocole transactionnel avec l’Etat »
Or, une DUP est un acte pris par l’Etat qui ne peut faire l’objet d’aucune transaction et d’aucune négociation ; soit une DUP est exécutée, soit elle ne l’est pas, et ce uniquement en considération de sa teneur c’est-à-dire de l’ensemble des éléments du projet qui a été autorisé. Il ne peut être retranché ou ajouté de nouveaux éléments
Elle ne peut pas légalement faire l’objet de modifications, d’arrangements ou de transaction selon le bon vouloir de son bénéficiaire. S’il en était autrement cela reviendrait à ne tenir aucun compte de la procédure d’élaboration de la DUP, des enquêtes publiques, du contrôle des services de l’Etat ; cela constituerait finalement une atteinte à l’Etat de Droit.
Bien plus, le Conseil Général a donné un mandat à son exécutif pour négocier un tel « protocole » sans indiquer sur quoi il porterait, dans quels buts et dans quels délais.
Or, dans quelques semaines cet exécutif aura changé, quels que soient les résultats des élections, et ne pourra pas mettre en œuvre une directive aussi incomplète et aussi imprécise.
De plus, il est sidérant de constater que le Conseil Général du Tarn tente de tirer un profit financier d’une situation totalement illégale de laquelle il persiste à ne pas vouloir sortir, et ce d’autant plus qu’il est interdit à l’Etat de transiger sur la légalité et notamment sur le pouvoir de police qu’il exerce au titre de l’environnement.
Autrement dit, il ne peut y avoir de dérogation à l’application de la Loi.
En définitive, ces élus en fin de mandat ont voté une délibération incohérente, bâclée, illégale et finalement inexécutable, qui tente de surcroît d’entraîner par le fond l’Etat qui aurait à payer les conséquences de leur impéritie.
Communiqué
de l’assemblée populaire de la place de la Libération à Gaillac
– 6 mars 2015 – 20h
Aujourd’hui vendredi 6 mars 2015, sous pression du syndicat agricole majoritaire et de milices fascisantes, le CG du Tarn a demandé l’expulsion immédiate de la ZAD du Testet et a choisi la pire solution : un barrage sur le même site. En solidarité avec les occupants assiégés, harcelés, violemment agressés toute la semaine et finalement expulsés, contre la collusion des pouvoirs politiques et des milices fascisantes, nous occupons dès maintenant la place de la Libération à Gaillac. Contre le barrage et le monde qui va avec, venez nous rejoindre. Pour celles et ceux qui ne le peuvent pas, nous maintenons notre appel à actions ciblées là où elles/ils vivent : préfectures, FNSEA, PS, etc.
L’assemblée populaire
de la place de la Libération, qui se réunira de nouveau samedi 7
mars à 14h (Gaillac).
Samedi
7 mars
Sivens : la Zad est expulsée, l’histoire n’est pas finie
La
Zad du Testet a été évacuée vendredi 6 mars. Près de cinq
cents gendarmes, deux hélicoptères et un drone ont été déployés
pour expulser une quarantaine de zadistes. Reportage photo et video.
Lisle-sur-Tarn
(Tarn), reportage
Le
jour se lève sur la zad du Testet, vendredi 6 mars 2015. Barat,
l’entrée est de la zone, est bloquée par une quinzaine de
fourgons de gendarmerie. Sur place, les occupants sont déjà sur le
pont. Tous savent que l’expulsion n’est plus qu’une question
d’heures. Deux camions ont été autorisés à entrer sur zone pour
mettre en sécurité une partie des animaux. Poules, brebis, cochons,
chèvres, bouc : l’ arche de Noé prend le large. A la Maison
des druides, dans la forêt, une dizaine de personnes discutent de la
situation : ce lieu fait partie des parcelles non expulsables
pour l’instant. Pourtant, « à
sept heures ce matin, les flics sont passés et nous ont demandé de
partir ».
En
contrebas, ça s’active : on range et met à l’abri des
affaires personnelles et du matériel dans les véhicules stationnés
sur la route traversante. A partir de 10 h, l’helicoptère de
gendarmerie tournoie au dessus de la zad. Au sol, les talkies walkies
sont en surchauffe. Le compte à rebours a commencé. Moins de deux
heures plus tard, l’évacuation commence par la Maison des
druides : les gendarmes montent cueillir les quatre personnes
encore présentes.
De
part et d’autre de la route qui traverse la zad, il reste deux
pôles de résistance, séparés l’un de l’autre d’environ un
kilomètre et demi. D’un côté, le lieu ou est mort Rémi Fraisse,
de l’autre, la Métairie. Vers 12h30, peu après le déploiement
massif de policiers autour de la Métairie, une épaisse fumée noire
s’échappe d’une cabane en feu. On ne saura pas qui, des
policiers ou des zadistes, est à l’origine de l’incendie. Alors
que le feu crépite, les interpellations commencent.
Trois
opposants se postent sur le toit de la Métairie avant d’être
délogés, comme le reste des occupants présents à cet endroit.
Au
bout de la route, le dernier pôle de résistance donne lieu à un
dispositif policier démesuré. Toute la zone est quadrillée par des
centaines de gendarmes qui encerclent une trentaine de zadistes.
Trois
personnes sont installées en haut du Mirador, une plate forme
emblématique qui surplombe le lieu de l’assassinat de Rémi
Fraisse. A l’endroit où le jeune homme est tombé, se trouve un
mémorial réalisé en son souvenir. C’est précisément là que se
sont réunis la trentaine d’opposants restant. Ils sont assis, très
calmes, serrés les uns contre les autres, et chantent alors
qu’autour d’eux la nasse se resserre inexorablement. « Rémi,
Rémi, on t’oublie pas ».
Il
est environ 14 h : les deux hélicoptères qui balaient la zone
sont rejoints par un drone qui tournoie comme une guêpe. Si aucune
grenade n’est lancée, les interpellations n’en sont pas moins
musclées : sur chaque zadiste fondent cinq ou six gendarmes.
Les jeunes sont molestés, écrasés au sol, trainés. Une fille
hurle alors que les gendarmes l’ont à moitié déshabillée en
essayant de la maitriser.
Voir
la vidéo :
Expulsion ZAD
Sivens (06/03/2015)
from Reporterre on
Vimeo.
Des
agents photographient leurs cibles, et le sous-préfet, très élégant
dans son gilet pare-balle crème, contemple la scène avec une
apparente satisfaction.
La
disproportion des forces en présence confine à l’absurde. Les
interpellés sont ensuite répartis entre les futurs gardés à vus
et ceux qui seront relâchés un peu plus tard.
Il
est 14 h 40. Il ne reste plus que les personnes au sommet de la plate
forme dite Mirador. Les gendarmes tentent de les amadouer, mais c’est
peine perdue. Les opposants profitent de la tribune qui leur est
offerte : « Réimplantation
de la zad du Testet dès que possible ! »
Des chants de résistance alternent avec des invectives et des
diatribes politiques : « On
ne peut pas se battre contre le peuple au profit du capital. Les
crises économiques, la désignation de l’ennemi intérieur, tout
ça est trop gros. Il faut arrêter la machine pendant qu’il est
encore temps ».
Voir
la vidéo de la prise de la plate-forme :
Évacuation des derniers
Zadistes from Reporterre
on Vimeo.
Les
policiers menacent d’envoyer un tir « non
létal »
si les occupants ne descendent pas de leur perchoir. Au bout de vingt
minutes, un policier grimpeur escalade les dix mètres de la tour,
alors que les derniers zadistes finissent par redescendre.
Il
est 15h30, l’opération est terminée. Les interpellés sont
emmenés aux abords de la Maison de la forêt, toujours sous très
grosse escorte. Si une bonne partie est relâchée, certains sont
placés en garde à vue.
En
bas, les gendarmes s’apprêtent à commencer la destruction des
cabanes. La zad ouverte
début 2014 est maintenant déserte et silencieuse. Le mémorial
érigé à la mémoire de Rémi Fraisse a été mis en pièce. Un
tractopelle arrive sur zone pour évacuer ce qu’il reste des mois
de vie sur place.
Pourtant,
la zone humide a repris ses droits depuis le défrichage : de
jeunes pousses étirent leurs minuscules feuilles vert tendre en
direction du soleil.
Isabelle
Rimbert et Gaspard Glanz – Reporterre
Les
rassemblements qui nous sont communiqués :
- A Bordeaux : rassemblement 14h place Saint Projet (croisement rue ste Catherine et rue de l’Utopia) en solidarité avec la Zad du Testet.
- A Paris : samedi 7 mars à 15h au métro Belleville : La FNSEA expulse la ZAD de Sivens, expulsons la FNSEA !
- à Angers: soutien au
- à Caen : Appel à rassemblement samedi 7, à 14h Place Bouchard
à Tours :
Le collectif NDDL Loches appelle à un rassemblement cet après midi
à 15 heures place Jean Jaurès, en soutien au Testet.
- à Marseille : 18h au kiosque de la Canebière. Occupation.
Ce matin, l’expulsion a continué :
les derniers véhicules et animaux sont sortis de la ZAD. Une GO-PRO,
caméra portable a été confisquée par les GMs, et rendue à son
propriétaire avec la carte vide. Les expulsés en arrivant à
Gaillac se sont garés sur un parking. Des GMs ont déboulé en leur
disant que « l’accès à Gaillac est interdit aux zadistes –
arrêté préfectoral ». Ce qui ressemble fort à la loi du 4
octobre 1940 prise par le gouvernement de Vichy. Question piège :
c’est quoi un « zadiste » ? Même topo sur le parking
du Leclerc où ils allaient pour faire des courses, d’un camion
militaire au haut-parleur : « le camion rouge : sortez de
Gaillac ! ».
12h15 :
trente personnes sur la place de la Libération qui ont dormi là.
Maintenant, de la flicaille qui fait semblant de négocier et qui
s’apprête à produire de la violence et effectuer des
arrestations, tandis que les assistés et les casseurs de la FNSEA et
des fachos se dorent la pilule aux autels des curés de la
technoscience. Assis par terre, les bras dans les bras, il faudra du
muscle aux hormones pour bouger les copainEs. Appel à automédia et
renforts !
12h45 :
suite à l’évacuation de la place, RV est donné à l’ancien
camp de concentration pour femmes de Brens (depuis Gaillac, c’est
de l’autre côté du Tarn, en passant le pont St Michel)
13h20 : Les résistants qui ont
dormi place de la Libération ont été expulsés un par un sous les
yeux de nombreuses caméras. Présents à l’expulsion : le maire de
Gaillac, Préfet et sous-préfet. Un arrêté leur interdit tout
rassemblement sur Gaillac. Le collectif a du partir en direction de
Brens.
13h45 : AG à partir de 14h
devant l’ancien camp de concentration de Brens à la sortie du pont
qui mène à Gaillac, route de Montans (il y a cinquante personnes).
Appelez les médias à venir. La gendarmerie bloque les accès à
Gaillac, donc venir par Brens, lieu symbolique au vu du fascisme qui
monte. Venez nombreux et nombreuses !
Suite à l’AG d’aujourd’hui
devant l’ancien camp de concentration de Brens,
Appel à venir nombreux demain dimanche 8 mars à partir de 12h au bord du lac de Lisle-sur-Tarn pour un repas partagé, suivi d’une AG à 14h. Venez nombreux-ses !
Appel à venir nombreux demain dimanche 8 mars à partir de 12h au bord du lac de Lisle-sur-Tarn pour un repas partagé, suivi d’une AG à 14h. Venez nombreux-ses !
- À Paris, 17h, le rassemblement part en manif vers métro Villiers. Les vélorutions sont présents. Nous sommes 250-300, pour le moment pas de flicaille en vue.
- A Perpignan (rassemblement du vendredi soir) :
Message
de solidarité : « Les nouvelles des expulsions au Testet
nous font mal au coeur, et nous enragent. On pense a vous. Soyez
forts ! » Attachés sont quelques messages de solidarité
pour les expulsées et les inculpées de Sivens, écrit sur des murs
chez nous cette nuit : "Solidaritet med kamraterna i
Sivensskogen. Mot fascism och statensvåld"/"Solidarité
avec les camarades de la forêt de Sivens. Contre le fascisme et la
violence de l’état"
A Toulouse : « Bonjour, c’est pour quoi ? - C’est les ZAD ! »
Un
modeste rassemblement de soutien aux zadistes s’est tenu à
Toulouse. Atmosphère triste, mais pas défaitiste : « On
a perdu une manche, mais une manche, ce n’est pas la guerre »
Toulouse,
correspondance
« On
en est où, de l’évacuation de la ZAD ? »
Ce vendredi après-midi à Toulouse, la trentaine de personnes
rassemblées au métro Compans Cafarelli prend des nouvelles de
Sivens. Elles arrivent au compte-gouttes : selon un dernier
comptage, 21 personnes ont été interpellées. Anne-Marie et Danièle
s’agitent : « On
ne comprend pas pourquoi les zadistes se font arrêter. Les
agriculteurs ont commis des exactions toute la semaine et n’ont pas
été inquiétés ! »
« C’est
une justice à deux vitesses »,
renchérit Mélina, encore abasourdie. L’étudiante toulousaine
s’inquiète pour l’une de ses amies qui occupe la ZAD
depuis août : « Elle
a tout lâché pour s’installer là-bas, elle doit être dans un
état pas possible. Je ne pense pas qu’elle puisse revenir vivre à
Toulouse, elle ira de ZAD
en ZAD ».
Mélina elle n’a jamais mis les pieds à Sivens, ni sur une ZAD
mais elle a accouru au rassemblement.
Le
petit groupe stagne. Huit camions de CRS
patientent au loin. Un départ en action est donné. Fatima, qui a
marché de Toulouse à Gaillac cette semaine pour soutenir les
occupants du Testet, reprend son bâton de pèlerin. Direction la
Chambre d’agriculture de Haute-Garonne. Objectif : l’occuper.
Arrivés
devant le bâtiment, les trente manifestants trouvent les grilles
baissées. Un agent de sécurité passe une tête : « Bonjour,
c’est pour quoi ? »
demande-t-il. « Bonjour,
c’est les ZAD ! »,
lui répond d’un ton enjoué un manifestant cagoulé. L’agent
appelle vite la police. Quelques tags sont apposés sur les murs. Une
banderole « FNSEA
Milice Fasciste »
est déployée au milieu de la route pour couper brièvement la
circulation. Après une tentative avortée de rejoindre le local du
Parti Socialiste, les manifestants se dispersent en petits groupes
dans les rues de Toulouse.
Tous
n’attendent qu’une chose : rejoindre les abords de la ZAD.
Il faut désormais régler les questions logistiques, le rapatriement
des uns et des autres ainsi que du matériel laissé sur place. « On
a perdu une manche, et les gros bras de la FNSEA
ont gagné »,
soupire Fatima, « mais
une manche, ce n’est pas la guerre ».
La réoccupation du site est dans toutes les têtes. Les idées
germent pour de prochaines actions : « On
a perdu la forêt, on a perdu Rémi, désormais on a plus rien à
perdre »,
explique-t-elle avant de partir pour Gaillac pour retrouver les
zadistes expulsés.
Marine
Vlhahovic - Reporterre
EDITO - MM. Hollande et Valls ouvrent la voie au fascisme
L’affaire
de Sivens est tout sauf anecdotique : pour la première fois, le
gouvernement y a déployé une tactique de répression propre aux
régimes fascistes.
La
méthode suivie par le gouvernement pour en finir avec l’affaire de
Sivens est nouvelle et extrêmement grave.
Dès
septembre 2014, le ministère de l’Intérieur avait laissé la
gendarmerie exercer une pression violente, souvent illégale, à
l’encontre des zadistes du Testet. Cela n’avait pas suffi à
décourager les opposants au barrage, renforcés par le mouvement de
solidarité qui se développait dans la région. La tension est
montée jusqu’au 26 octobre, lorsque la gendarmerie tua un
jeune manifestant, Rémi Fraisse. Un tel événement est – jusqu’à
présent - exceptionnel en France. Il ne suscitait pourtant pas une
indignation unanime. Une large partie des médias relayait la
communication gouvernementale mettant en avant la violence
qu’exerceraient les opposants aux grands projets inutiles. Xavier
Beulin, président de la FNSEA
et du groupe agro-industriel Avril-Sofiproteol, qualifiait les
zadistes de
« djihadistes
verts »,
ce qui dans un contexte où la France est en guerre contre l’Etat
islamique, revient à un appel au meurtre.
L’homicide
de Rémi Fraisse était d’autant plus absurde que le ministère de
l’Ecologie publiait un rapport
d’expertise
confirmant l’essentiel des arguments développés depuis des années
contre le projet de barrage : coûteux, inutile, impactant sur
l’environnement, fondé sur des études médiocres et trompeuses.
Peu après, la Commission européenne engageait une procédure
d’infraction
contre le projet au titre de la directive sur l’eau.
Mais
localement, les élus PS
et autres ne voulaient pas céder, non plus que les instances de la
Chambre d’agriculture et de la FNSEA
(Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles). La
ministre de l’Ecologie élaborait un compromis écartant les
propositions d’alternatives mises en avant par les opposants :
on ferait soit un plus petit barrage, soit divers réservoirs dans la
vallée du Tescou. Et sur le terrain, légitimée par la provocation
de Xavier Beulin, la FDSEA
organisait des groupes d’agriculteurs pour mener en décembre près
de la Zad une opération
« Manche
de pioche »
dont le nom dit tout.
Elle
répétait l’opération en janvier, jusqu’à organiser en février
un blocus de la zone. Les agressions et injures se multipliaient de
la part de ces agriculteurs chauffés à blanc contre les « peluts »
(chevelus, en occitan), alias zadistes, mais aussi contre les locaux
opposés au barrage et contre des journalistes. Fin février, ces
milices – au sens
précis d’organisation paramilitaire
– bloquaient les routes, armées de bâtons, de manches de pioche
ou de barres de fer, et commettaient de nombreuses agressions,
pare-brises cassés, pneus crevés, menaces, sous l’œil
indifférent des gendarmes bien présents dans le secteur.
Elles
ont agi comme des supplétifs de la police : chargés
d’accomplir les basses besognes de tension et d’effroi, soit pour
provoquer des réactions violentes qui justifieraient l’action des
forces légales de répression, soit pour changer le rapport de
forces et affaiblir la capacité de résistance et de solidarité des
opposants. La tactique a fonctionné, et l’évacuation de la Zad,
menée par dix fois plus de gendarmes que de zadistes, s’est opérée
le 6 mars sans heurts.
L’affaire
est loin d’être close, mais la tactique répressive employée par
le gouvernement, allié avec le représentant affairiste de
l’agriculture productiviste et surfant sur le torrent d’injures
déversées par l’extrême-droite sur les réseaux sociaux à
l’encontre des zadistes et autres écologistes – tel ce sondage
lancé par Valeurs actuelles, et parlant des « fascistes
verts ».
Tout
ceci, comme l’expression de Xavier Beulin, résonne avec la
stigmatisation de l’ « islamo-fascisme »
de Manuel Valls,
pour associer les écologistes – car les zadistes font partie du
mouvement écologique – aux « terroristes
islamistes »,
contre qui, on le sait, le permis de tuer est officiel. C’est ce
qu’a bien compris un tweet : « Comment
un Etat peut aller tuer des centaines d’islamistes en Afrique, et
se laisser dicter sa loi par une poignée de dégénérés ? »
On
glisse vite des zadistes aux jeunes Français indésirables, comme ce
commentaire après la phrase de Manuel Valls annonçant le 5 mars
que « l’ordre
républicain »
- qui ne concerne pas, donc, les miliciens de la FNSEA
– doit s’imposer sur la Zad : « Ben
mon colon il serait temps ! Mais c’est embêtant parce que aux
prochaines émeutes des "jeunes" nantis du 93 il va falloir
enfin appliquer aussi l’ordre républicain ».
La
tactique de MM. Valls
et Hollande est délibérée. Elle ouvre la porte à la répétition
de ce type d’actes : des groupes sociaux savent maintenant
que, pourvu qu’ils ciblent l’écologie et les jeunes alternatifs
tout en glorifiant la police, ils ont le champ libre. Elle s’appuie
sur les sentiments d’extrême-droite qui montent dans ce pays. Et
suscitera en retour des réactions de même nature, impliquant une
répression encore plus stricte.
Je
ne sais la qualifier autrement que de pré-fasciste : utlisant
les méthodes mêmes du fascisme (des milices supplétives d’un
Etat autoritaire) et stimulant la xénophobie et la haine des
alternatives. L’essentiel est que rien ne soit mis en cause de
l’ordre capitaliste : c’est ce que révèle l’analyse du
journal des affaires Les
Echos :
« Sivens
(…) a été choisi par Manuel Valls pour faire valoir (…) la
fermeté de son gouvernement face à toutes les résistances au
changement ».
Les
choses sont claires : un projet coûteux, pourri de conflits
d’intérêt, financé par le public pour des intérêts privés,
détruisant l’environnement, c’est « le
changement ».
D’aucuns
persistent encore à croire que le gouvernement de MM. Hollande
et Valls est « de
gauche ».
Il ne l’est pas. C’est pire : il ouvre, à peine dissimulé,
la voie au fascisme.
Hervé
Kempf - Reporterre
Pour le conseil général du Tarn, « la vie », c’est le barrage
Comme
si rien ne s’était passé depuis un an, le Conseil général du
Tarn a voté vendredi 6 mars l’engagement d’un projet de
barrage à Sivens, dans une version plus petite que le plan initial.
Sans tenir aucun compte des arguments des opposants.
Albi,
reportage
Ambiance
très calme à Albi vendredi 6 mars. Des camions de CRS
sont répartis dans les rues autour du bâtiment du Conseil général.
Les manifestations ont été interdites, la grille devant l’entrée
du Conseil est fermée, l’on entre par l’arrière. A l’étage,
les chaînes d’info continue se préparent devant l’entrée de la
salle, tandis qu’un employé prépare à la chaîne café croissant
pour tous les présents.
Le
débat n’aura pas vraiment lieu en séance plénière. Lundi, une
réunion s’était tenue à huis clos pour élaborer entre majorité
PS
et opposition UMP
une position commune. Le procédé s’est répété vendredi avec
une pré-réunion pour finaliser un texte commun. Un habitué de ces
pratiques explique : « C’est
comme dans les congrès PS.
Plutôt que de poser les désaccords sur la table, on rédige une
motion de synthèse qui ne satisfait personne mais qui sera votée
par à peu près tout le monde. »
Thierry
Carcenac, président du Conseil, est donc serein quand il entre dans
la salle à la sonnerie de 9 heures 30. Les journalistes sont dirigés
à l’étage, en surplomb. Presque tous les médias nationaux et
locaux sont là pour couvrir l’évènement. Le spectacle peut
commencer. Les 46 conseillers généraux sont présents. « Nous
nous en tiendrons à des débats brefs et concis »,
lance le président. « Je
ne prétends pas que nous ayons eu raison sur tout, mais nos
intentions étaient sincères. Si vous avons voté à une très large
majorité ce projet, c’était bien pour répondre au besoin en eau
sur la vallée du Tescou, nous ne pouvions ignorer ces difficultés
incontestables ».
La supposée évidence est posée d’entrée de jeu : la vallée
du Tescou aurait besoin d’eau et donc d’un barrage. Elle ne
cessera d’être répétée par les différentes prises de parole.
« Une
retenue redimensionnée dans la vallée du Tescou, sur la zone du
projet »
Une
seule motion est proposée au vote par Thierry Carcenac.
Télécharger
la motion :
Le
texte écarte l’option de retenues collinaires latérales, « compte
tenu des coûts et des délais de réalisation ».
C’était le deuxième scénario proposé par les experts du
ministère de l’Ecologie dans
leur rapport du 27 octobre dernier.
Ce sera donc « une
retenue dans la vallée du Tescou, redimensionnée, sur la zone du
projet » avec
un « mandat
à l’exécutif départemental pour négocier un protocole
transactionnel avec l’Etat »
et enfin l’exigence « que
l’Etat procède sans délai à l’expulsion des occupants sans
droit ni titre ».
S’en
suit une suite de prises de parole où, malgré les critiques à la
motion « imprécise »,
« qui
ne va pas assez loin »,
tous ou presque finiront par dire « qu’ils
voteront la motion »
ou « qu’ils
ne pourront pas la désapprouver ».
Ainsi,
un premier conseiller, avec une sincérité désarmante, rappelle que
« la
zone du projet ça peut vouloir dire à cent, deux cent ou trois cent
mètres ? J’aurais préféré qu’on dise sur le site du
projet ».
La seule question devient de savoir pourquoi on ne ferait pas le même
projet sur le même site. Il n’y a pas d’autre solution qu’un
barrage car, comme l’explique un conseiller, « créer
des réserves est la meilleure solution que les hommes ont toujours
choisie pour palier au manque d’eau ».
Au vu du nombre d’interventions en ce sens, on sent que diminuer de
moitié la taille du barrage est pour beaucoup d ’élus une énorme
concession, voire un aveu de défaite.
Les
zadistes, « animés par le seul but de détruire »
Les
paroles abondent pour fustiger ceux qu’on n’aime pas. Jean-Louis
Henry, élu du canton de Mazamet, s’attache à fustiger les
occupants de la zone : auteurs « d’exactions
sur le terrain et au Conseil général, personnes animées par le
seul but de détruire et de s’opposer systématiquement à tout
projet ».
A la presse, il demande : « Pensez-vous
que la parole des gens qui masquent leur visage et refusent de donner
leur identité vaut plus que celle de lettres anonymes ? »
Aux journalistes, il enjoint de « regarder
dans les coulisses du théâtre de marionnettes pour connaître tous
ceux qui tirent les ficelles ».
Car il lui paraît impensable que les zadistes aient une volonté
propre et posent des questions légitimes.
« La
vie, c’est comme le temps, ça va toujours en avançant »
Les
responsables écologistes nationaux, « révolutionnaires
de salon », « idéologues urbains »,
sont également attaqués, eux « qui
voulaient expliquer que l’enjeu était celui de la décroissance
face au capitalisme agricole ».
Henry conclut sa péroraison : « Proposer
un retour en arrière, c’est aller contre la vie. La vie, c’est
comme le temps, ça va toujours en avançant ».
Toutes
les prises de parole vont, fastidieusement, dans le même sens. La
palme revenant à Jacques Valax qui, dans un discours d’un quart
d’heure, défend « une
retenue de taille ridicule qui va apporter une plus value sur le
territoire ».
Et parce que de taille réduite, ce projet pour lui va de soi. « Et
d’aucuns, là haut, au nord de la Garonne, se gaussent sur
l’immensité de ce dossier. »
La délibération lui paraît claire : « Ce
projet doit se faire et il se fera sur le site. Il sera simplement un
peu redimensionné »
Maryline
Lherm, maire de Lisle-sur-Tarn, commune où se situe le projet, est
également conseillère générale. Elle a participé activement à
la montée en tension en relayant des rumeurs infondées sur la zone
et en soutenant pleinement le blocage orchestré par la FNSEA,
poursuit sur le registre de l’émotion : « J’ai
envie de vous dire on en a rien à cirer des élections. Nous sommes
des gens raisonnables, des Tarnais avant tout, mais nous avons
aujourd’hui sur nos épaules la responsabilité de six-cents
personnes autour du site. »
Elle poursuit : « Si
je vote ce texte, c’est que derrière, il y a évacuation du site.
Dès ce soir, ça n’attendra pas plus. »
Selon elle, « il
faut que les choses aillent ensuite très vite pour faire avancer le
projet ».
« Quand
on connait la puissance des lobbys de la Chambre et de la FNSEA... »
Au
milieu d’un flot unanime, seules trois voix discordantes se font
entendre. Roland Foissac, conseiller communiste d’un canton d’Albi,
est l’un des trois conseillers généraux qui n’ont pas voté le
projet initial et qui a depuis appelé à l’abandon pur et simple
du projet de barrage.
Il
insiste sur le jugement des citoyens et « non
pas les bas instincts, les pulsions brutales qui rabaissent l’homme
et révèlent la paresse de la pensée ».
Ce sera la seule référence de toute la matinée à la brutalité
des milices pro-barrages. Dénonçant « les
attitudes de déni depuis deux ans »,
il considère la gestion du dossier comme « calamiteuse ;
ce sont les faits qui m’autorisent à employer ce qualificatif. »
Lucide,
il « conçoit
que reconnaître de s’être trompé et d’avoir été trompé
exige un effort sur soi-même »
mais « il
faut accepter humblement de se mettre en doute ».
Il appelle avant toute future décision à ce que s’engagent « au
plus vite les études complémentaires ».
Son
collègue Serge Entraygues, invite de son côté, avec humour :
« Le
comité de tourisme va se mettre en vacances, la France entière va
maintenant venir voir Sivens, plus connu que la cathédrale d’Albi ».
Il demande un vote séparé entre « l’abandon
du projet initial »
et « les
autres propositions »,
considérant que « quand
on connait la puissance des lobbys de la Chambre et de la FNSEA,
j’ai des inquiétudes fortes qu’on refasse un projet bis ».
Le vote séparé est refusé. Entraygues, Foissac et Jacques Pagès
(divers-droite) votent contre. Les quarante-trois autres, sans
exception, votent pour.
« Tout
recommence maintenant »
A
aucun moment il n’a été question de conflit d’intérêt. Au
contraire, Jacques Valax a réaffirmé son soutien à « André
Cabot, celui qui a tout pris »,
malheureuse victime de son cumul de fonctions entre CACG
(Compagnie d’aménagement des côteaux de Gascogne), Agence de
l’eau et Conseil général. Personne n’a parlé de la CACG,
du déboisement illégal, de l’archéologie oubliée. L’écologie
a été oubliée, sinon pour rappeler combien les agriculteurs sont
raisonnables et vertueux dans leurs pratiques.
Aucun
élu n’a évoqué l’importance de la zone humide du Testet, des
espèces protégées, de biodiversité, ni parlé de la procédure
d’infraction de la Commission européenne au titre de la directive
sur l’eau. Et jamais la mort de Rémi Fraisse n’a effleuré le
bloc de certitude d’élus qui se considèrent toujours légitimes,
à deux semaines de la fin de leur mandat.
Au
final, on se retrouve quatre années en arrière, lorsque le Conseil
général, avec la même majorité, les mêmes votes et les mêmes
arguments, avait voté le projet initial. « Cette
assemblée départementale est surréaliste »,
déplore Françoise Blandel, du Collectif pour la sauvegarde de la
Zone Humide du Testet : « Le
projet futur posera les mêmes problèmes que le projet initial. La
zone humide est détruite, dont une partie de manière irréversible.
Ils sont passés dessus comme sur la mort de Rémi Fraisse. »
Quelle
issue désormais ? « Nous
avions déposé quatre recours sur le fond sur la déclaration
d’utilité publique et la destruction de la zone humide, la loi sur
l’eau. La justice doit maintenant les juger ».
Avec leur avocate, elle entend « faire
avancer les jugements, avant le vote de la prochaine assemblée ».
Des
études supplémentaires doivent maintenant être faites pour
« affiner
le nouveau projet ».
Et sans doute, un processus réglementaire d’enquête publique et
d’autorisations. La bataille de Sivens n’est pas finie.
Grégoire
Souchay - Reporterre
Infos du 9 au 15 Mars
Lundi
9 mars
Merci
pour tous vos messages de soutien, toutes vos actions ! Bien entendu
la bataille est loin d’être finie et nous continuerons à la
mener sur le terrain et à en faire l’écho sur ce site !
Vraiment
le Tarn est un département accueillant !! à Gaillac ce samedi
un arrêté municipal interdit tout regroupement, à Lisle sur Tarn
ce dimanche un arrêté municipal interdit tout regroupement. Ceci
afin d’empêcher tout rassemblement des opposants au barrage de
Sivens. Les barrages filtrants pratiqués par les GM se font à le
gueule du client, ainsi des opposants.tes
de plus de 40 ans passent tandis que tout jeune chevelu est bloqué.
Ainsi, ces villes seraient « interdites
aux zadistes »…
Si c’est pas de la discrimination ça… Ce serait légal ? Ce
serait acceptable ?? En France, pays où nous serions tous
« Charlie », où la liberté d’expression serait
défendue, sachez-le : aux défenseurs de la terre, aux lanceurs
d’alerte sur les dépenses délirantes et nuisibles du CG81 et de
la CACG, la place publique est interdite !!!
Malgré
ces pratiques liberticides, l’AG prévue ce dimanche a pu se
dérouler dans un lieu ami et l’assemblée a réuni plus de 100
personnes !! Un moment fort en chaleur humaine, militante et
résistante, après la bien triste expulsion de la Zad du Testet et
après le délibéré indécent de Carcenac et sa clique du CG81.
Nous vous invitons tous.tes
à lire cette déclaration du CG81 qui reste dans le flou le plus
complet quant à la réalisation ou non du projet initial « il
n’en reste pas moins que… » À croire que les élections
départementales sont pour bientôt et que les socialos sont prêts à
tous les mensonges et compromis pour sauver la mise…
Aussi,
plus que jamais, nous appelons tous les sympathisants.tes
de la cause du Testet à rester mobilisés, la lutte continue jusqu’à
l’abandon pur et simple du projet de barrage initial et de tout
autre projet similaire !!
APPEL
A REGROUPEMENT DE PLAINTES POUR TOUTES LES AGRESSIONS SUBIES CES
DERNIERS JOURS ET DERNIERES SEMAINES : si vous avez été
victime ou témoin de ces agressions, vos photos, films et
témoignages écrits seront des plus utiles. La lutte devant les
tribunaux sera longue et là aussi, ON NE LÂCHE RIEN !
De
même, nous dénonçons avec vigueur la désinformation dont se sont
fait complices la plupart des médias. Qu’il s’agisse de médias
locaux partiaux et mensongers ou de caméras venues guetter le
moindre emportement de zadistes et très curieusement muettes et
aveugles aux violences nombreuses et graves perpétrées par les
milices pro-barrage. Pas un mot non plus sur la terreur que ces
miliciens font régner sur tout habitant du Tarn opposé à ce
délirant barrage.
Un
communiqué de presse complet, en cours de rédaction sera publié
cette semaine.
Dates
de RDV à retenir :
Dimanche
15 mars à 14h : AG du Collectif Tant qu’il y aura des
Bouilles à la Fontié.
24
mars Rassemblement de soutien Procès de 2 résistants inculpés à
qui il est interdit de se déplacer dans le département du Tarn !
Attention !! Un rassemblement de miliciens pro-barrage est annoncé
le même jour ! Aussi, les 2 inculpés appellent tous et toutes
à venir nombreux.euses
ce 24 mars. Notre nombre demeure la seule garantie de sécurité,
puisque les pro-barrage agissent violemment et en toute impunité
sous l’oeil bienveillant de la gendarmerie locale.
8
septembre : procès de la plupart des 21 (!) inculpés suite à
l’expulsion de la Zad ce vendredi 6 mars. Retrouvons-nous
nombreux.euses
à leurs cotés !
Après
le rush médiatique de la fin de semaine dernière, on commence à
voir arriver textes et analyses des plus intéressants. En voici une
sélection.
-Sur
l’expulsion de la ZAD, le
récit de l’agence des copains.
Celui
du Tarn Libre,
avec son style caractéristique.
Le
texte d’occupant-e-s de NDDL est également très intéressant
(texte
de soutien à Sivens)L’état
de droit est de retour,
par C. Dujardin, qui défend de nombreux occupants de la ZAD…à
faire lire à Valls, qui se gargarise avec cette expression :
-Sur
la décision du Conseil Général, énormément de réactions
également, dont de nombreuses montrent bien dans le détails que
rien n’est réglé, ni fini : Les Eaux Glacées (Sivens,
tout est pardonné)
avec pas mal de liens à l’intérieur.
Et
aussi, le
communiqué d’Ensemble,
le
compte-rendu de l’action de soutien des Toulousains,
et un texte (lettre ouverte) des Indignés de Nimes :
FNSEA, syndicat agricole ou bras armé du lobby agro industriel ?
- Des plaintes ont été déposées contre Laurent Viguier, secrétaire général de la FDSEA du Tarn. Il conduisait un des véhicules qui a coursé, arrêté puis saccagé des voitures de copains la semaine dernière. Il va devoir se justifier pour participation à des dégradations de biens privés en bande organisée.
- Camille est passé en direct sur sud radio, la première fois le 2 mars au soir face à Maryline Lherm et Philippe Jouglas (de la 30ème minute à la 45ème sur le lien suivant): http://www.sudradio.fr/Podcasts/Actu-et-compagnie/Actu-et-Cie54
Et juste après Philippe Jouglas au début de l’expulsion le 6 mars à midi (de la 8ème à la 12ème minute sur le lien suivant):
http://www.sudradio.fr/Podcasts/Le-12-14-Info-Sud-Radio/Sivens-l-insoluble-barrage - Nous avons fait notre entrée aux guignols de l’info!!! http://www.canalplus.fr/c-divertissement/pid1784-c-les-guignols.html?vid=1227160
Rassemblement à Dijon lundi
URGENT
L’ÉTAT RÉPRIME
Vendredi
6 mars la préfecture du Tarn ordonnait l’expulsion de la ZAD de
Sivens par 600 gendarmes et la violence qui va avec.
Depuis
plusieurs semaines la dizaine d’agriculteurs pro-barrage, aidé par
leur organisation syndicale, harcelait et violentait les militants
écologistes présents sur la zone.
Contrairement
aux déclarations de la ministre de l’Écologie après l’assassinat
de Rémi Fraisse, l’État a clairement choisi son camp : ça ne
sera pas celui de la protection de la nature.
L’évacuation
de la ZAD du Testet est un message fort envoyé par le gouvernement
Valls à toutes les zones occupés et tous les lieux en lutte contre
les grands projets inutiles. Aujourd’hui c’est le Testet,
demain les Lentillères et suivront ensuite Notre-Dame-des-Landes,
Roybon etc.
Partout
les appels à solidarité se multiplient, de Toulouse à Lille en
passant par Nantes, Paris, Lyon… Nous appelons donc à un
rassemblement lundi 9 mars à 17h30 devant la Chambre d’Agriculture
de Dijon, au 42 rue de Mulhouse, pour montrer à la FNSEA (qui a ses
bureaux à cette adresse) que leur profit est moins important
que la nature. Nous marcherons ensuite jusqu’à la préfecture pour
nous faire entendre de cet État qui reste sourd.
RDV
LUNDI 17H30 DEVANT LA CHAMBRE D’AGRICULTURE
Communiqué
de presse des « défenseurs unis des derniers espaces
sauvages » :
40
militants écologistes ont été expulsés de la Zad du Testet. 800
membres des forces de l’ordre ont été mobilisés pour cette
action.
Pourquoi un tel déploiement ? Combien cela à-il coûté aux français ? Pourquoi choisir l’affrontement ? Monsieur Hollande avait fait de la jeunesse la priorité de son mandat, voila comment il la traite, méprisant les enjeux environnementaux qui en premier lieu la concernent. Des centaines de plaintes déposées contre nous, expulsions, destructions, séquestration, persécutions, complicité avec les milices liées à la FNSEA.
Nous sommes des lanceurs d’alerte dénonçant l’illégalité du projet de barrage et la corruption du système.
Nous voulons êtres entendus, c’est pourquoi nous vous invitons à une conférence de presse mardi 10 mars à 14h30, devant le Panthéon.
Des défenseurs unis des derniers espaces sauvages
Pourquoi un tel déploiement ? Combien cela à-il coûté aux français ? Pourquoi choisir l’affrontement ? Monsieur Hollande avait fait de la jeunesse la priorité de son mandat, voila comment il la traite, méprisant les enjeux environnementaux qui en premier lieu la concernent. Des centaines de plaintes déposées contre nous, expulsions, destructions, séquestration, persécutions, complicité avec les milices liées à la FNSEA.
Nous sommes des lanceurs d’alerte dénonçant l’illégalité du projet de barrage et la corruption du système.
Nous voulons êtres entendus, c’est pourquoi nous vous invitons à une conférence de presse mardi 10 mars à 14h30, devant le Panthéon.
Des défenseurs unis des derniers espaces sauvages
- URGENT : appel à photos documents dans vos archives : Stéphane Lamberto porte plainte pour avoir été blessé à la main. Il prétend que cela s’est passé hors zone ! Partisan pour le barrage depuis toujours, il a fait partie des agriculteurs mobilisés et énervés qui tentent des intimidations, voire plus, sur les opposants au barrage depuis leur occupation du site. Situé au Vergat, juste au-dessus de la ferme Lacas « canards », c’est un des exploitants agricoles figurant comme bénéficiaire de l’eau qui aurait été retenue par le barrage de Sivens. Deux copains comparaissent le 24 mars suite à cette plainte. Nous cherchons toute preuve de l’implication active et partisane de Lamberto dans l’accomplissement des travaux du barrage de Sivens, dans les violences et exactions faites aux habitants de la vallée opposés au projet.
Mardi
10 mars
Nous
recevons beaucoup de messages nous demandant comment il est possible
de venir en aide financièrement aux personnes expulsées.
L’association Les Ami-e-s des Bouilles, qui soutient financièrement
les personnes inquiétées juridiquement suite à leurs actions de
résistance au Testet, peut recueillir vos dons. Ils pourront servir
à rembourser les effets personnels des ex-occupants (souvent
purement et simplement brulés par les forces de l’ordre), faire
réparer leurs véhicules (vandalisés par les milices), etc… Si
vous souhaitez une autre utilisation particulière de votre don,
indiquez là au dos du chèque ! Merci pour eux !
Toutes les infos sont ici : https://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/aider-la-lutte-du-testet-financierement/
Toutes les infos sont ici : https://tantquilyauradesbouilles.wordpress.com/aider-la-lutte-du-testet-financierement/
- Les peurs de Monsieur Valls, très bon texte
- Rassemblement mercredi 11 mars à 11 h devant le siège du PS de Sète, place de la mairie. On espère être très nombreux ! Le collectif sétois *REMI, on ne t’oublie pas*
- A Rochefort, jeudi 12 à 19h, rassemblement place Colbert pour une soupe populaire en soutien aux expulsé-e-s de Sivens puis à 20h30 au palais des congrès pour une réunion de soutien à la ZAD d’Echillais (https://www.facebook.com/ZoneADefendreEchillais).
- Milices FNSEA à Sivens chez la Feuille Mutine
Sivens, Rémi Fraisse : la justice sur les freins
L’enquête
sur la mort de Rémi Fraisse avance péniblement : les
magistrats ont refusé une reconstitution des faits ainsi que
l’audition du préfet du Tarn, responsable du dispositif de
maintien de l’ordre à Sivens la nuit du 25 octobre 2014. D’autres
plaintes de zadistes sont en souffrance.
Comme
très souvent en matière de violences policières, la justice
française fait preuve d’une extrême prudence, pour ne pas dire
d’une grande frilosité, dans le traitement des événements
survenus ces derniers mois à Sivens. L’affaire la plus grave, le
décès de Rémi Fraisse, tué à 21 ans ans par une grenade
offensive lancée sur lui par un gendarme mobile, n’échappe pas à
la règle.
Rémi
Fraisse, botaniste de 21 ans.
|
Depuis
le 29 octobre 2014, soit trois jours après le drame, deux juges
d’instruction toulousaines, Anissa Oumohand et Élodie Billot, sont
chargées d’une information judiciaire contre X pour « violences
par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné
la mort sans intention de la donner ». Or après plus de quatre
mois d’enquête, les défenseurs de la famille Fraisse (Claire
Dujardin, Arié Alimi et Éric Dupond-Moretti), ont l’impression
désagréable de se « heurter
à un mur »,
selon l’expression de Me
Arié Alimi.
Le
gendarme mobile auteur du tir mortel a été placé en garde à vue,
puis relâché sans mise en examen, le 14 janvier dernier. Quant
au retour de la commission rogatoire confiée conjointement à la
section de la recherche de la gendarmerie et à l’Inspection
générale de la gendarmerie nationale (IGGN), il se fait attendre.
S’impatientant, inquiète pour la suite de la procédure, la
famille a réclamé plusieurs actes d’enquête dont une
reconstitution ainsi que l’audition du préfet du Tarn, responsable
du dispositif de maintien de l’ordre à Sivens la nuit du 25
octobre. Ces demandes d’actes ont été jugées inutiles ou
prématurées par les deux juges d’instruction, qui les ont
rejetées le 22 janvier 2015.
Face
à ce refus des juges, les avocats se sont tournés vers la chambre
de l’instruction de la cour d’appel de Toulouse, comme ils en ont
le droit. En pareil cas, un débat a habituellement lieu, au cours
duquel chaque partie peut expliquer pourquoi elle estime que tel acte
d’enquête serait utile. Mais, fait rare, le président de la
chambre de l’instruction de Toulouse a préféré statuer seul dans
ce cas d’espèce, cela sans même réunir la chambre de
l’instruction, comme il en a le pouvoir. Et sans surprise, il a
rejeté le 5 février 2015 les trois demandes de la famille Fraisse.
Que
demande la famille du jeune botaniste ? Tout d’abord
l’audition de Thierry Gentilhomme, le préfet du Tarn, ainsi que la
transmission de ses communications écrites avec les gendarmes et
l’exécutif national la nuit du 25 au 26 octobre 2014. Les avocats
ont visé large : Beauvau, Matignon et l’Élysée. Il s’agit
de retracer heure par heure les ordres qui ont été donnés cette
nuit-là, ainsi que les informations dont disposaient les autorités
avant et après la mort de Rémi Fraisse.
Car
il subsiste une contradiction majeure dans ce dossier. Alors que le
préfet du Tarn, tout comme le ministre de l’intérieur et le
directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN), ont répété
avoir donné des consignes d’apaisement, sur le terrain le
lieutenant-colonel L. semble, pour sa part avoir, reçu des ordres
contraires, comme
l’avait révélé Mediapart.
Entendu
comme témoin au petit matin du 26 octobre, cet officier de la
gendarmerie mobile avait déclaré avoir régulièrement rendu compte
au centre d'opérations et des renseignements de la gendarmerie
(CORG) ainsi qu'au lieutenant-colonel Andréani, numéro deux du
groupement de gendarmerie du Tarn « qui
me confirme ma mission à savoir tenir le site ». « Le
préfet du Tarn, par l'intermédiaire du commandant de groupement,
nous avait demandé de faire preuve d'une extrême fermeté vis-à-vis
des opposants par rapport à toutes formes de violences envers les
forces de l'ordre ». Et
ce malgré une situation de plus en plus tendue :
« Les jets de pierres deviennent de plus en plus virulents,
nous recevons des fusées de détresse et des cocktails Molotov »,
relate le lieutenant-colonel L. lors de son audition (lire
notre enquête ici).
Malgré
cela, Michel Regaldo-Saint-Blancard, le président de la chambre de
l’instruction de Toulouse, a confirmé le refus des juges
d’instruction de faire droit à cette demande de la partie civile,
estimant – le plus sérieusement du monde – que
« le contexte dans lequel les forces chargées du maintien de
l’ordre ont agi n’est (…) qu’indirectement lié aux faits
objets de l’information ».
Il avance également que les juges d’instruction sont là pour
« investiguer sur des faits susceptibles de recevoir une
qualification pénale »,
et non pas pour
« apprécier de l’opportunité des décisions prises par
l’autorité administrative ».
Doit-on en conclure qu’il revient donc à l’inspection
administrative d’apprécier l’opportunité de ce genre de
décision ? Pas de chance, l’IGGN, dans son rapport
administratif
rendu le 2 décembre 2014, faisait l’impasse sur cette
contradiction, et ne parlait que de consignes d’« apaisement »...
La
demande de reconstitution effectuée par Me
Dupond-Moretti, « afin
d’éclaircir la question des distances, de l’éclairage et de la
façon dont a été utilisée la grenade offensive »,
a été tout aussi fraîchement accueillie. Inutile, répondent les
juges d’instruction comme le président de la chambre de
l’instruction, qui arguent, de façon paradoxale, du caractère
« prématuré »
d’une reconstitution, du fait de l’occupation et la modification
des lieux par les zadistes « qui
ont même opéré leur propre "gel des lieux" en dressant
des grillages et autres tresses rouges et blanches »,
ont écrit les magistrats. L’expulsion des derniers opposants au
projet de barrage vendredi 6 mars va donc, sans nul doute, donner un
coup de fouet à l’enquête !
Dans
une autre demande, Me
Dupond-Moretti s’est également étonné auprès des juges
d’instruction de propos désobligeants sur la famille Fraisse tenus
par un des gendarmes participant à l'enquête. L’avocat écrit le
6 janvier : « Mes
clients considèrent à juste titre qu’il est déjà surprenant que
des gendarmes enquêtent sur des faits reprochés aux gendarmes,
surtout lorsque de telles manifestations de partialité leur sont
rapportées. »
Des plaintes de zadistes classées sans suite
Un
autre avocat de la partie civile, Arié Alimi, s’est également
interrogé sur la classification de la grenade offensive OF F1,
suspendue puis interdite à la suite de la mort de Rémi Fraisse. Le
6 mars 2012, une loi a simplifié la classification des armes en
France, désormais réparties
en quatre catégories
au lieu de huit. À charge pour le ministère de la défense
d’attribuer par arrêté une nouvelle classification à chaque
arme.
Or,
au moment des faits en octobre 2014, aucun arrêté ne semblait avoir
été pris concernant les grenades OF F1 et les grenades
instantanées. Dans le tableau listant les armes à feu en maintien
de l’ordre, un
blanc apparaît
en effet en face de leur classification. Si c’est le cas, ces
grenades « n’étaient
ni classifiées, ni légalement utilisables le jour du décès de
Rémi Fraisse »,
écrit Me
Alimi. Les autorités se sont-elles rendu compte de cette lacune aux
conséquences potentiellement fâcheuses ? Toujours est-il que
le lundi 27 octobre 2014, soit au lendemain du décès de Rémi
Fraisse, un décret de Matignon remplaçait
le tableau défectueux et classait les grenades OF F1 et les grenades
instantanées parmi les armes de catégorie
A
(dont la détention est interdite sauf pour les forces de l’ordre).
Là
encore, l’avocat s’est fait rembarrer par les juges d’instruction
et le président de la chambre de l’instruction, qui lui demandent
de patienter un peu, « les
vérifications sur la classification des grenades OF F1 »
faisant partie des « missions
confiées aux enquêteurs chargés de l’exécution de notre
commission rogatoire ».
La
famille Fraisse s’interroge, par ailleurs, sur la légalité
d’opérations de maintien de l’ordre à Sivens sur des
« parcelles
privées appartenant au conseil général ».
« L’intervention
de la gendarmerie mobile sur des parcelles privées ne peut
intervenir d’une part qu’à la demande du propriétaire et
d’autre part sur autorisation judiciaire »,
avance Arié Alimi, en demandant la communication de ces
autorisations.
L'avocat
se réfère notamment à une décision
du défenseur des droits,
concernant l’intervention musclée de gendarmes qui avaient
gazé
des manifestants bloquant un train touristique à Anduze (Gard). Le 2
juillet 2013, le défenseur des droits avait rappelé que la gare,
propriété d’un syndicat de communes, était un site privé.
« Ainsi,
les forces de l’ordre n’étaient pas dans un cadre de maintien de
l’ordre, donc ne pouvaient se voir appliquer les règles relatives
à la dispersion d’un attroupement, puisque la manifestation ne se
déroulait pas sur la voie publique »,
indiquait le défenseur. Mais les juges d’instruction toulousains
n’ont, là encore, pas jugé cette demande « utile
à la manifestation de la vérité »,
ce qu’a confirmé la cour d’appel.
Elsa Moulin a failli
perdre sa main après un jet de grenade par un gendarme. © LF
|
Sans
surprise, la justice se montre tout aussi peu empressée s'agissant
des plaintes déposées
par des zadistes
visant les forces de l’ordre. À ce jour, Me
Claire Dujardin, avocate toulousaine qui défend les militants, a
compté 24 plaintes déposées, la plupart dans le ressort du
tribunal d’Albi, dont quatre ont été classées sans suite.
L’avocate est sans nouvelle des autres procédures.
Le
syndicat de la magistrature (SM) et le syndicat des avocats de France
(SAF), via
leurs instances régionales, ont écrit fin décembre au procureur de
la République d’Albi pour lui demander des éclaircissements sur
le traitement de ces plaintes, et l’encourager à déclencher des
poursuites, mais ces organisations n’ont pas reçu de réponse à
ce jour.
Selon
Me
Dujardin, seule une information judiciaire est en cours, portant sur
l’agression d’Elsa Moulin, une militante de 25 ans gravement
blessée à la main, le 7 octobre, par une grenade de désencerclement
lancée par un gendarme du PSIG à l’intérieur de la caravane où
la jeune femme s’était réfugiée. Mais là encore, comme
l’a annoncé Mediapart,
il a fallu attendre janvier 2015, plus de trois mois après son dépôt
de plainte, pour qu’une enquête pour « violences volontaires
ayant entraîné une mutilation ou une infirmité permanente »
soit enfin ouverte et confiée à la doyenne des juges d'instruction
de Toulouse,
Myriam
Viargues.
L’audition
de la victime est prévue le 23 mars 2015.
Le
rapport de l’Inspection générale de la gendarmerie nationale
(IGGN) avait
relevé
une faute du gendarme du PSIG. Ce dernier a cependant continué à
intervenir sur la ZAD en janvier 2015, selon plusieurs zadistes. Le
gendarme en question s’était illustré dès le 27 février 2014,
lors de la première expulsion opérée par les forces de l’ordre à
Sivens (après une décision de justice). Une expulsion qui s’était
« dans
un premier temps déroulée de manière normale »,
a relaté Ben Lefetey devant la commission d’enquête parlementaire
sur le maintien de l’ordre, jusqu’à ce qu’un manifestant
franchisse le cordon des forces de l’ordre pour grimper sur un tas
de débris.
Un gendarme du PSIG
renverse un zadiste le 27 février 2014 (photo d'un militant)
|
« La
logique aurait voulu que les gendarmes viennent le chercher pour le
ramener sur la voie publique,
a relaté le militant écologiste. Au
lieu de cela, un membre du PSIG – le même que celui qui avait
jeté la grenade dans une caravane – est arrivé en courant,
l’a saisi par le bras, l’a fait tomber en arrière, risquant de
le blesser grièvement sur les débris tranchants, avant de le
traîner sur le sol. Cela a évidemment suscité la colère des
autres manifestants, qui ont débordé le cordon de gendarmes pour
porter secours à leur camarade et ont commencé à escalader les
pelleteuses. »
Photo
amateur du gendarme du Psig en question, prise le 27 février 2014.
|
À
l’époque, les opposants n’étaient qu’une dizaine à dormir
sur place. D’après Ben Lefetey, joint par Mediapart, ce sont
d’ailleurs les images de cette « expulsion
violente de militants pacifistes »,
diffusée sur Internet, qui ont provoqué l’afflux la semaine
suivante d’une cinquantaine de personnes « venues
occuper le site en renfort ».
« Si
le procureur avait été réactif sur les violences dès février
2014, on aurait sans doute pu éviter pas mal de dérives ensuite »,
regrette le militant.
Deux
zadistes passeront le 24 mars 2015 devant le tribunal correctionnel
d’Albi pour des violences sur un agriculteur auquel ils sont
accusés d’avoir donné un coup de serpette (dix jours d’ITT,
incapacité temporaire de travail). Une vingtaine de militants ont
été interpellés lors de l’expulsion du site le 6 mars. Selon Me
Claire Dujardin, plusieurs sont ressortis de garde à vue avec une
convocation au tribunal correctionnel d’Albi pour participation à
un attroupement malgré des sommations, pour deux d’entre eux
« outrage et rébellion » ou « violences sur
personnes dépositaires de l’autorité publique ». Encerclés
par les agriculteurs de la FNSEA, les militants « ont
vécu une dernière semaine de terreur sur le site, mais aucun
agriculteur n’est en revanche poursuivi »,
remarque l’avocate.
Sollicité
par Mediapart, le procureur de la République de Toulouse,
Pierre-Yves Couilleau, ne souhaite pas s’exprimer, et dit réserver
ses explications jusqu’au stade de ses futures réquisitions
écrites. Quant à son homologue d’Albi, Claude Dérens, il n’a
pas donné suite à notre demande.
Michel
Deléan et Louise
Fessard - Médiapart
Vidéo
de l’expulsion filmé par http://taranisnews.com :
Mercredi
11 mars
Rassemblement
de soutien aux expulsés du Testet : samedi 14 mars 14h, devant la
mairie de Langon organisé par le Collectif de soutien à la ZAD en
Sud-Gironde
Rassemblement
pour dénoncer les pratiques fascisantes des milices de la FNSEA et
la complicité de l’état : vendredi 13 à 10H à Foix devant
la chambre d’Agriculture (32 av du général De Gaulle)
- Action de soutien de la ZAD de NDDL : perturbation d’une AG des JA à Sautron (44)
- une autre dans le Calvados : Suite aux exactions commises par des agriculteurs la semaine dernière, sur la ZAD du Testet , à l’appel de la FNSEA Tarn et Tarn-et-Garonne ; la FDSEA du Calvados (14) s’est faite visiter ce jour. Du courrier s’est envolé dans un nuage (mal-) odorant, pour être ensuite envoyé à ses destinataires, accompagné du tract ci-joint, largement inspiré des indigné-es de Nîmes. Contre le barrage et son monde, en soutien aux zadistes du Testet !
Nous
recevons beaucoup de messages nous demandant comment il est possible
de venir en aide financièrement aux personnes expulsées.
L’association Les Ami-e-s des Bouilles, qui soutient financièrement
les personnes inquiétées juridiquement suite à leurs actions de
résistance au Testet, peut recueillir vos dons. Ils pourront servir
à rembourser les effets personnels des ex-occupants (souvent
purement et simplement brulés par les forces de l’ordre), faire
réparer leurs véhicules (vandalisés par les milices), etc… Si
vous souhaitez une autre utilisation particulière de votre don,
indiquez là au dos du chèque ! Merci pour eux !
Vendredi
13 mars
Sivens : des journalistes de Reporterre portent plainte contre
l’homme à la tronçonneuse
Pendant
plusieurs jours, des partisans du barrage de Sivens ont pu bloquer
les accès de la Zad du Testet et menacer les journalistes ou les
zadistes. Ces actes ont été commis sous l’œil passif des
gendarmes. Directement menacés, des journalistes de Reporterre
ont porté plainte.
Les
violences et tentatives d’intimidation de la part de pro-barrages à
l’égard des opposants, ainsi qu’à l’égard de certains
journalistes, n’ont fait qu’augmenter lors de la semaine
précédant l’évacuation de la zone. Constitués en milices, ces
personnes ont agi en dehors de toute légalité sans que quiconque n’
y trouve à redire, et ce depuis des mois. Comment dénoncer des
exactions lorsqu’elles sont commises avec l’accord tacite et sous
le nez de représentants de "l’Etat
de droit" ?
Nous
avons décidé de porter plainte contre l’homme à la tronçonneuse
(que l’un d’entre nous a photographié), comme peuvent le faire
toutes les personnes ayant subi violences, dégradations de biens,
agressions physiques et harcèlement de la part des pro-barrages.
Rappelons
les faits que nous avons déjà rapportés
dans Reporterre.
Arrivés
à trois journalistes près de la Zad du Testet, dans le Tarn, le
jeudi 5 mars à 17 h, nous cherchions un point d’entrée afin
d’accéder à la Zad, bouclée de toutes parts en cette semaine
sous haute tension.
Au
niveau de la Maison de la forêt de Sivens étaient postés trois
fourgons de gendarmes mobiles contrôlant les accès. Les gendarmes
nous ont fait signe d’arrêter le véhicule, puis ont demandé à
voir les cartes de presse. Juste devant nous, autour d’un feu de
camp, se trouvait une dizaine de pro-barrages, qui nous ont paru
avinés. L’un d’eux était muni d’une tronçonneuse. Il s’est
approché, a allumé l’engin et l’a brandi en nous invectivant,
alors que ses collègues entouraient la voiture en s’esclaffant. A
aucun moment, la tronçonneuse n’a été saisie par les forces de
l’ordre, pourtant bien présents.
Un
pro-barrage a ouvert le coffre de la voiture et s’est emparé du
matériel de protection qui s’y trouvait (casque, lunettes), tandis
qu’une autre personne ouvrait la portière arrière droite avec
l’intention manifeste d’inspecter l’intérieur du véhicule.
S’en
est suivie une discussion entre un gendarme et un agriculteur qui
hurlait : "Ici
c’est une zone de non droit, on fait ce qu’on veut".
Ce à quoi le gendarme n’a rien répondu, et nous a rendu les
affaires dérobées avant de nous laisser partir.
A
quelques kilomètres, la route D999 croise une entrée de la Zad.
Dans le champ desservi par la route, un face à face tendu opposait
une centaine de pro-barrages armés de bâtons ou de barres de fer,
et des zadistes surveillant une barricade. Entre les deux groupes se
tenait un cordon de gendarmes.
Nous
sommes restés un moment sur place, avant de devoir traverser le
groupe de pro-barrages pour retourner vers la route. L’un d’eux a
crié : "Prends-lui
son appareil".
Un très jeune homme muni d’une barre de fer a alors bondi sur moi
et tenté d’attraper mon boitier. Je l’ai vivement repoussé, un
de mes confrères est venu en renfort, et après une bousculade, nous
avons pu quitter les lieux.
Cette
scène s’est déroulée en présence et sous le regard de gendarmes
postés à quelques mètres, qui n’ont pas fait un pas en ma
direction pour éviter que l’agression ne dégénère. Au "check
point"
suivant, des voitures de gendarmerie ainsi que des véhicules de
tourisme étaient garés des deux côtés de la route. Impossible de
passer.
Nous
avons arrêté la voiture, et c’est un pro-barrage qui a demandé à
vérifier les papiers d’identité et les cartes de presse.
Interloqués, nous avons refusé, et c’est finalement un gendarme
qui a procédé au contrôle.
« Violences avec usage d’une arme sans ITT »
Le
lundi 9 mars, mes deux confrères journalistes Gaspard Glanz et
Louis Witter, ainsi que moi-même, avons déposé une plainte contre
l’homme à la tronçonneuse à la gendarmerie de Gaillac, qualifiée
juridiquement de "violences
avec usage d’une arme sans ITT"
(incapacité totale de travail). Elle sera transmise au procureur de
la République au Tribunal de grande instance d’Albi.
Elle s’est vue menacée par des hommes armés de bâtons
Les
infractions dont nous avons été témoins ne sont qu’une infime
partie de ce qui s’est déroulé quotidiennement dans et aux
alentours du périmètre de la Zad. En effet, le blocus de la zone
décrété par les pro-barrages la semaine précédant l’évacuation
(qui s’est déroulée
vendredi 6 mars) a donné lieu à de nombreuses agressions
envers des zadistes ou des sympathisants. Certaines ont abouti à un
dépôt de plainte, portée par l’avocate Claire Dujardin.
Me
Dujardin mentionne le cas de jeunes femmes retenues enfermées dans
leurs voitures pendant plus d’une heure et menacées. Ou celui d’un
homme blessé par les éclats d’une vitre de la voiture dans
laquelle il se trouvait, cassée par des pro-barrages. Ou encore
cette femme, au volant de son véhicule, poursuivie sur plusieurs
kilomètres. Une fois rattrapée, elle s’est vue menacée par des
hommes armés de bâtons, qui s’en s’ont pris aux vitres de sa
voiture.
Une
autre plainte pour séquestration est également en cours de dépôt :
elle concerne les membres d’une famille riveraine de la Zad, très
investis dans la lutte contre le barrage, empêchés de quitter leur
domicile pendant quatre jours.
Enfin,
le lendemain de l’expulsion, des opposants venus récupérer leur
véhicule ont vu un camion benne aux plaques minéralogiques cachées
sortir de la Zad, rempli d’affaires personnelles. Selon ces
témoins, un groupe de pro-barrages a lancé au sol le contenu de la
benne en un énorme tas avant d’y mettre le feu. Une des opposantes
a alors pris des photos. Des gendarmes sont arrivés et un
pro-barrage a crié : "C’est
elle".
Un gendarme dont le matricule a été relevé a alors tenté
d’arracher son téléphone à la jeune femme qui s’est défendue.
Elle a également décidé de porter l’affaire en justice.
« Ils ont commis des infractions en présence des gendarmes, restés passifs »
Pour
Me
Dujardin, "c’est
comme si l’Etat avait abandonné une partie de son rôle pour
laisser la place à des milices privées qui prétendent incarner
l’ordre public. On constate l’absence de poursuites à l’endroit
des pro-barrages pendant toute la semaine du blocus, bien qu’ils
aient commis des infractions en présence des gendarmes, restés
passifs. Dans cette affaire, il y a clairement deux poids, deux
mesures : ces agriculteurs qui participaient à des
attroupements n’ont pas fait l’objet d’interpellation. Personne
ne leur a intimé l’ordre de se disperser, alors que le 6 mars,
dix-sept opposants ont été interpellés pour ’participation
à un attroupement malgré sommation de se disperser’.
Pourtant, on est dans le cas de personnes qui habitent depuis
plusieurs mois sur le site, ce qui questionne la notion même
d’attroupement."
L’avocat
du barreau de Toulouse poursuit : "Il
ne faut pas laisser passer cela. L’Etat de droit est en danger
lorsqu’on laisse des milices faire régner l’ordre en présence
de gendarmes".
Me
Dujardin conseille de signaler les infractions commises sous le
regard de gendarmes ou policiers qui ne sont pas intervenus, auprès
du défenseur des droits.
Une des missions de celui-ci consiste à contrôler le respect de la
déontologie de la sécurité par les forces de l’ordre.
Infos du 16 au 22 Mars
Lundi
16 mars
Qui
veut la peau des ZAD ?
Était-‐ce
de l’ironie ? Le 6 mars, jour
même où la Zone A Défendre
(ZAD) de la forêt de Sivens a
été une
nouvelle fois évacuée par la police,
Manuel Valls s’est inquiété du «
silence de la société et des intellectuels
» devant la montée de
l’extrême-‐droite (cf. Le Monde du
7 mars). Vue du Tarn, où les opposants
à la construction du barrage de
Sivens ont été pendant tout le
mois de février confrontés à
des pratiques d'inspiration fasciste, la
déclaration du Premier ministre apparaît
comme une insolente
provocation. Car c’est bien sur une
frange de l'extrême-‐droite que son
gouvernement s’est appuyé
pour affaiblir la lutte contre le
projet de barrage et faciliter
l’évacuation de la ZAD du Testet.
Pour
rendre intelligible cette affirmation, un
bref retour sur des faits peu
médiatisés est nécessaire.
A
partir du weekend du 31 janvier
dernier, de petits groupes d’hommes
commencent à bloquer l’accès
de la ZAD à tous ceux qui
veulent s’y rendre. Pour couper le
contact entre les zadistes et leurs nombreux
soutiens dans la région, ces groupes
n’y vont pas de mainmorte :
ceux qui apportent des vivres
aux défenseurs de la forêt sont
dévalisés de leur chargement ;
d’autres se retrouvent les pneus
crevés,
la voiture dans le fossé ou
même renversée sur le toit, faute
d’avoir fait profil suffisamment bas
; tous sont ouvertement menacés, et
parfois suivis quand ils s’éloignent
des barrages de ces «
pro-‐barrages ».
C’est
ainsi que le maire d’une petite
commune du Sud du Tarn, Patrick
Rossignol, venu participer à une
discussion sur la ZAD le 1 er
février, est « filé » de
Sivens jusqu’au centre-‐ville de
Gaillac. Y ayant garé
sa voiture le temps d’une réunion,
il retrouve à la sortie son
pare-‐brise éclaté. Dans le témoignage
qu’il a fait tourner sur internet,
il relate aussi comment le groupe
de militants gaillacois
venus
l’accompagner à la gendarmerie pour
porter plainte, quelques minutes plus
tard, est attaqué à la
barre de fer par des «
pro-‐barrages » ; les gendarmes
ne daignant sortir de leur bâtiment
qu’au dernier
moment, alors que les faits se
déroulent juste sous leurs fenêtres.
Tout
au long du mois, les participants
à la lutte contre le barrage
sont fréquemment menacés et molestés
en présence des forces de l’ordre
(les zadistes, eux, ont la chance
de l’être sans témoin dans
la forêt, à toute heure du
jour et de la nuit). Les
gendarmes se présentaient aux abords
de la ZAD
en mission d’interposition, mais leur
connivence avec les « pro-‐barrage
» était grossière.
Dimanche
1 er mars, un jeune homme tentant
de gagner la ZAD en soirée se
voit ainsi barrer la route et
sommer de descendre de son camion,
lequel est promptement incendié sous
les yeux des gendarmes.
Ceux-‐ci se disant trop peu
nombreux pour s’y opposer, ce qui
les empêchera même de
dresser
un procès-‐verbal… Mercredi 4
mars, enfin, les forces de l’ordre
qui encerclaient le site pour empêcher
tout renfort et tout approvisionnement
aux zadistes laissent les «
pro-‐barrage » (plus nombreux
à ce moment-‐là) déferler sur
le campement d’opposants, où les
témoignages font état de chasses
à l’homme, de saccage et
d’incendie, jusqu’à des cabanes
abritant des animaux (voir les
reportages
du site Reporterre.net).
Cet
effrayant élan de citoyenneté active
a d’abord été mené sans étiquette
politique visible, si ce n’est
les brassards « anti-‐pelluts »
(anti-‐chevelus) qu’arboraient les «
pro-‐barrages ». Dans la presse locale,
ces petits groupes pratiquant l’intimidation
étaient présentés comme des «
agriculteurs du
coin
en colère » ; mais les gens
qui les connaissent les disent
électeurs voire militants du Front National,
et pas tous agriculteurs. Les sites
internet revendiquant ces actions tiennent
un discours de droite
dure (anti-‐chômeurs, anti-‐étrangers)
agrémenté de menaces de mort contre
les zadistes. L'un des
animateurs du blog Testet.sivens.com serait
contributeur du journal Boulevard Voltaire.
Sur
place,
certains 4*4 arboraient des écussons
du Front national. En assumant
publiquement l’organisation
d’une semaine de blocage de la
ZAD à compter du 2 mars, la
FNSEA (qui avait depuis plusieurs
mois encouragé l’action de ces «
ultras » au niveau local), a
apporté sa caution officielle à des
pratiques crapuleuses. En ne les
dénonçant pas, le gouvernement de
Hollande et Valls leur a aussi
donné son approbation.
En
fait, pour tous ceux qui ont été
confrontés à cette offensive, la
situation a ceci de troublant qu’on ne
sait pas dire si la police était
en soutien des « pro-‐barrage
» civils ou si ce sont ces
miliciens qui ont
aidé la police à réprimer une
occupation insupportable, aussi bien aux
yeux des barons du Conseil
général du Tarn qu’à ceux du
Premier ministre.
Par
ailleurs, le contraste est assez
frappant entre l’extrémisme des moyens
employés pour remettre la
forêt de Sivens à disposition des
bétonneurs, et le caractère consensuel
des arguments servant à justifier
ce coup de force. Prenons l’appel
des Jeunes Agriculteurs de Midi-‐Pyrénées
aux agriculteurs FNSEA
de toute leur région (28 février)
: «La comédie n’a que trop
duré. Il faut passer d’une phase
ou
les
«anti-‐tout» peuvent tout bloquer à
une phase de développement responsable
où les projets économiques
structurants pour nos territoires peuvent
être engagés et réalisés. Au-‐delà
de cette retenue
sur le Tescou, c’est l’enjeu
global de Sivens». Voilà un mot
d’ordre auquel personne dans la classe
politique ne saurait s’opposer, à
part peut-‐être Jean-‐Luc Mélenchon
quand il va à la pêche aux voix
en masquant son vieux fond
productiviste. Le secrétaire d’État à
la Réforme territoriale, André Vallini,
n’a-‐t-‐il pas déclaré récemment
« Pour que la France reste la
France, nous devons continuer à construire
des aéroports, des barrages, des
autoroutes, des lignes de TGV, des
équipements de tourisme
» ? Mais cela pourrait être
François Bayrou, Xavier Bertrand ou
Marine Le Pen.
Cela
veut dire qu’en allant bastonner
dans le froid et la pluie les
jeunes chevelus qui tentent concrètement
de rendre un autre monde possible,
les miliciens du FN et de la
FNSEA défendent les intérêts
de l’élite politico-‐économique qu’ils
disent honnir. Celle-‐ci continue
généralement de se présenter
comme modérée et démocrate, mais
elle peut apparemment compter sur des
hommes de
terrain
pour empêcher, par tous les moyens
nécessaires, qu’émergent des alternatives
idéologiques et
pratiques au développement industriel, à
la société de croissance et à
son inévitable saccage, humain
et écologique. On est là au
cœur de l'identité historique de
l’extrême-droite – au-‐delà
de ce qu’elle
charrie évidemment de chauvinisme et
de xénophobie, au-‐delà des votes
essentiellement
protestataires
qui font son succès électoral :
l’extrême-‐droite s’enracine dans la
société quand les classes
dirigeantes sont contraintes de lui
confier un rôle dans le maintien
de l’ordre, c’est-‐à-‐dire la répression
de mouvements anti-‐capitalistes et
la pérennisation des affaires courantes
(que le business
puisse continuer as usual). Ce
rôle est en général tenu par
des individus et des groupes qui devraient
aussi s’en prendre au système
économique, car celui-‐ci s’apprête
à les broyer, mais qui
pour
tout un ensemble de raisons,
personnelles et sociologiques, se rangent
du côté de l’ordre – le leitmotiv
des « pro-‐barrage » pendant
toutes ces semaines était « nous
demandons à l’État d’appliquer
la loi »... quitte bien sûr à
exercer cette pression en piétinant
nombres de lois.
Au
moment où l’Etat français s’engage
dans une gigantesque opération de
com’ environnementale, qui
culminera en décembre prochain avec
la conférence Paris Climat, il est
crucial pour lui d’étouffer la
voix qui se fait, poussivement mais
avec insistance, entendre depuis quelques
années en France et ailleurs,
notamment à travers les luttes contre
les grands projets utiles au
capitalisme : seul l’arrêt du
développement
industriel, suivi d’un inventaire poussé
dans notre civilisation de machines,
peut nous
rendre l’espoir d’un monde vivable,
socialement et écologiquement. Cela
implique bien sûr un changement
politique immense que nos élites
veulent conjurer à tout prix, en
jouant sur les peurs et les
contradictions au sein du peuple.
Si
l’ambiance était plus légère ces
temps-‐ci, on pourrait rire
longuement de cette fanfaronnade de Manuel
Valls en vue du sommet de
décembre : « Comme la France
des Lumières a su montrer un chemin,
le modèle environnemental français doit
inspirer le monde. C’est en quelque
sorte un nouvel
universalisme
que nous devons proposer. » Après
les derniers rebondissements du conflit
de Sivens et
le blanc-‐seing donné par le
gouvernement à la FNSEA, on sait
donc que le Diderot du XXIè
siècle s’appelle
Xavier Beulin, et que le nouvel
universalisme français consistera à
encourager partout sur la terre
l’usage de pesticides dans les mêmes
quantités que chez nous.
Trêve
d’ironie grinçante : pour les
nombreux habitants de la région de
Sivens qui se sentent meurtris par
les derniers événements, comme ils
l’avaient été par la mort de
Rémi Fraisse il y a 4 mois,
tout n’est
pas encore joué. Le barrage reste
à construire et peut donc être
empêché. Mais nous savons désormais
jusqu’à quelles extrémités les
défenseurs de cet ouvrage sont prêts
à aller – nombre d’articles
de presse sur la réunion du
Conseil Général le 6 mars attestent
d’ailleurs que certains élus tarnais
n’ont aucune intention de construire
un barrage plus petit que celui
initialement prévu.
Célia
Izoard et Matthieu Amiech
Matthieu
Amiech est un des éditeurs du
recueil Sivens sans retenue (La
Lenteur, 2015) et Célia Izoard est
traductrice et journaliste. Tous deux
habitent le Tarn et sont opposés
au projet de barrage sur le Tescou.
lettre
à France 3 concernant sa couverture récente sur Sivens…
On
peut être pour ou contre le
barrage de Sivens. Mais ce qu’on
attend des médias c’est une
information neutre ou donnant la
parole aux différents partis. Or, FR3
Midi-Pyrénées
s’est illustré par le traitement
ignominieux de cette actualité régionale.
Les JT de
FR3 national étant souvent plus
nuancés, plus informatifs en quelque
sorte.
Le
dernier exemple en date concerne Mme
Odette Maurel, la vieille dame
habitant une maison
dominant le chantier, donc la ZAD.
Si elle est partie et a été
relogée c’est d’abord et
avant tout parce que lors des
travaux de déboisement indûment initiés
par le CG du Tarn
et la CACG les poteaux électriques
alimentant sa maison ont été «
malencontreusement » abattus. C’est
certes beaucoup plus facile de
stigmatiser les méchants
zadistes.
Et
tous ces mercenaires des différentes
FDSEA, pas la moindre critique de
leur
impunité
?
Vive
donc le retour de la Milice et
des collabos, votre rédaction est
prête à recevoir la Francisque
Du
mouvement à Sivens (engins de chantier, GMs),
la version du préfet, que l’on vérifiera :« J’ai
été informé du fait que l’arrivée sur le site de SIVENS de
matériel de chantier suscitait un certain émoi au sein des
opposants laissant à penser que les travaux du barrage reprenaient.
Il n’en est rien. Il s’agit avant tout de nettoyer le site des
matériaux qui y ont été accumulés lors de l’occupation et de
reboucher les douves qui avaient été établies autour de la base
vie. Ces dernières représentent en effet un danger pour les
personnes et n’ont plus aucune utilité. Par ailleurs, ces douves
qui accumulent de l’eau directement en relation avec la nappe du
Tescou seront rebouchées avec la terre extraite lors de leur
creusement. Les travaux sont effectués sous le contrôle de la DTT.
Les entreprises engagées ont fait l’objet d’une réquisition de
ma part et agissent donc dans ce cadre uniquement. Par ailleurs, des
travaux de rétablissement des lignes électriques et de la route
vont être engagés prochainement. »
Mardi
17 mars
Trois
livres qui viennent d’être publiés sur Sivens :
- Sivens, un barrage contre la démocratie par Ben Lefetey (préface de José Bové)
- Sivens, le barrage de trop par Grégory Souchay et Marc Laimé (préface d’Hervé Kempf)
- Sivens sans retenue par les éditeurs (La Lenteur) et quelques opposants.
Mercredi
18 mars
La commission spécialisée du Conseil National de la Transition
Ecologique (CNTE) présidée par le sénateur Alain Richard et
chargée, après la mort de Rémi Fraisse, de proposer des pistes de
rénovation du débat public a reçu 13 membres et représentant-e-s
de mouvements citoyens opposés à des projets inutiles et
imposés. Bon, nous on ne croit pas trop à ce genre de trucs mais les docs sont intéressants : le communiqué de la coordination et surtout la plate-forme proposée par les « opposants » avec plein d’exemples intéressants. A regarder…
imposés. Bon, nous on ne croit pas trop à ce genre de trucs mais les docs sont intéressants : le communiqué de la coordination et surtout la plate-forme proposée par les « opposants » avec plein d’exemples intéressants. A regarder…
Jeudi
19 mars
- Auto-congratulation et préchi précha productiviste suite au blocage de la ZAD, prélude à l’expulsion de la ZAD dans l’étincelle, le journal des JA. Trois docs scannés: le premier, le second et le troisième.
Samedi
21 mars
Les zadistes sont les héros de notre temps
On
y va fort avec ce titre : « Héros de notre temps ».
Mais face à l’opprobre que le gouvernement et la presse possédée
par les intérêts financiers déversent sur ceux et celles qui
s’opposent à la destruction du monde, il est nécessaire de le
dire : oui, le mouvement des Zad est un enjeu crucial de
l’époque, oui le courage de s’opposer pacifiquement aux
ravageurs est exemplaire. Deux semaines après l’expulsion de la
Zad de Sivens, voilà ce que disent les zadistes.
-
Sivens, reportage
Depuis
des mois, à Sivens, zadistes et associations tentent d’alerter sur
les collusions entre le pouvoir politique, l’agrobusiness et le
maintien de l’ordre. Après l’homicide par la gendarmerie, en
octobre dernier, d’un jeune écologiste, Rémi Fraisse, les
occupants de la Zad et les opposants au projet de barrage ont subi,
au quotidien, les agressions des pro-barrages
organisés en véritables milices, sous l’oeil passif des
"forces
de l’ordre"
Expulsés
de la zone à défendre puis des communes environnantes, zadistes et
militants n’en ont pas pour autant disparu. C’est là une des
forces des Zad. Insaisissables, elles peuvent se désagréger sans
dommage, pour se recomposer dans un autre espace temps. Paroles de
zadistes :
Après
la décision du Conseil Général du Tarn de construire
un barrage sensiblement similaire au projet initial, la lutte est
loin d’être finie pour les opposants. Et la "deuxième
mi-temps"
pourrait reprendre avec le
« Printemps
de Sivens »,
deux jours de mobilisation populaire attendus les 25 et 26 avril.
Comment
voient-ils la situation ? Comment envisagent-ils la suite ?
Rencontres avec des militants, trois jours après leur expulsion de
la zone à défendre.
Laurent : « Un processus a été amorcé, et ils ne pourront plus l’arrêter »
« Je suis arrivé il y a un an et demi, ce qui m’a permis de faire des aller-retours très réguliers sur la ZAD du Testet. Aujourd’hui, le système impuissant à se débarrasser de nous est allé chercher son bras armé fasciste : des personnes qui profitent des réseaux FNSEA, et dont certains sont connus comme étant de l’extrême droite.
On
n’est pas surpris de les voir maintenant traîner autour des
barons. Dans cette histoire, nous sommes moins une menace pour l’Etat
que pour le système que protège le gouvernement, et qui inclut des
gros lobbies, notamment agricoles. Là on attaque une véritable
mafia qui est très bien enracinée, avec des élus un peu partout.
Ils faisaient ce qu’ils voulaient jusqu’à présent, sans qu’il
y ait de réelle opposition.
Pour
une fois, ces lobbies n’ont pas pu agir librement, et ils n’ont
sans doute pas trouvé d’autres solutions que d’appeler les
milices fascisantes, qu’on a vues à l’oeuvre : des
intimidations et agressions en tous genres avec parfois la complicité
de la gendarmerie (on a des exemples filmés de gendarmes qui
protègent des exactions de pro-barrages). Je suppose et j’espère
que la majorité des agriculteurs, y compris tarnais, ne cautionnent
pas ce qui s’est passé...
Et
pour la lutte contre le barrage, on est toujours là, car rien n’a
changé. Contrairement aux apparences, ils ne se sont pas débarrassés
de la Zad, ils ne s’en débarrasseront jamais. On discute, on se
concerte, et dès qu’il y aura besoin de réoccuper, on réoccupera.
Nous sommes en lien avec d’autres luttes : un processus a été
amorcé, et ils ne pourront plus l’arrêter. Rien n’est fini à
Sivens, et nous n’avons toujours pas l’intention de laisser faire
ce barrage.
Camille : « Imaginer des infrastructures qui créent du social et de l’humain »
« Je suis resté presque six mois sur la Zad à partir de février 2014. Puis J’ai fait un break, et je suis revenu en octobre. L’idée, pour moi, ce n’était pas d’occuper la zone de façon pérenne, parce qu’elle est trop petite, et sur le long terme, notre présence aurait été trop impactante pour l’environnement. Ce qu’on veut, c’est faire en sorte que ce projet de barrage soit abandonné.
Pour
nous, ça va bien au-delà car il s’agit d’une lutte contre
l’incohérence écologique et contre la corruption. J’avais
l’espoir que notre détermination permette aux gens d’ouvrir les
yeux sur les collusions entre le pouvoir politique en place et les
entreprises. Il faut vraiment que la décision soit reconsidérée,
le projet repensé. Les porteurs de projet vont devoir tout reprendre
depuis le début, l’enquête publique, les études et tout le
reste. Je crois encore qu’il est possible que ce barrage ne voit
jamais le jour, malgré les pressions de syndicats agricoles. Qui,
pour certains, donnent l’impression d’être instrumentalisés.
Je
considère qu’on est dans une forme de victoire puisque les buts et
les méthodes employées par les politiques pour imposer leur projet
ont été mises au grand jour, même si encore trop peu de gens s’en
rendent compte. C’est symbolique ce qu’on fait ici : s’en
prendre aux gros projets anti-démocratiques. Ce qui m’intéresse,
c’est d’imaginer des infrastructures qui créent du social et de
l’humain, mais pas de la croissance. »
Gaël : « Un mélange politico-magouillard invraisemblable »
« Je suis venu dans la région il y a longtemps, et revenu avec des amis au mois de septembre 2014. Je n’imaginais pas la quantité de violence qu’il y avait autour de ce projet. Il y a eu la mort de Rémi Fraisse, puis l’escalade de pressions de la part des pro-barrages, adhérents de la FDSEA, des JA ou partisans du FN, et qui viennent là pour faire de l’activisme fascisant. On est dans un mélange politico magouillard invraisemblable.
Sur
le projet lui-même, on s’est aperçus que c’était une sacrée
mafia qui avait mis ça en place. Je retrouve une ambiance du terroir
bien patriarcale. Ce que je souhaite, c’est que la lumière soit
faite sur toutes les personnes qui ont commis des exactions à
Sivens, et qu’on arrive à ouvrir un peu cette république et cette
soi-disant démocratie à des voix qui sont loin d’être
majoritaires.
Et
que l’on commence enfin à respecter nos ressources premières que
sont l’eau, la terre et l’air. Il faut mettre la pression pour
que justice soit faite. Justice à tous les niveaux : social,
environnemental, humain et politique. Mon but est de continuer à
lutter : on est en vie, on a des convictions, et notre combat
est légitime !
Ou
alors il faudra que l’Etat trouve un moyen d’éradiquer tous les
"djihadistes
verts",
tous les gens qui pensent que l’écologie est une chose
incontournable pour que la planète ait une chance de survivre. »
Nadine et Pierre Lacoste : « Un gros gâchis humain et environnemental »
Pierre :
« Tout ça est un gros gâchis humain et environnemental depuis
le début : on veut faire un lac là où il n’en faut pas,
avec de l’argent public, dans un projet inutile d’un autre
siècle.
Et
la semaine passée, on a vu, avec les pro-barrages, les rouages d’un
système soutenu par des gens dont certains ne savaient même pas ce
qu’ils défendaient, mais qui sont capables de tout. »
Nadine :
« La FDSEA
et les JA
ont fait des actions complètement illégales : intimidations,
agressions, violences, ont empêché les gens de sortir de chez eux,
de circuler sur les routes, ils ont fait des contrôles au faciès,
des contrôles d’identité. Le tout en présence de gendarmes qui
ne faisaient strictement rien, sur ordre. Aujourd’hui, nous en
sommes exactement au même point qu’avant la mort de Remi Fraisse.
Avec les tensions en plus. »
Pierre :
« Avant de voter quoi que ce soit, il aurait au moins fallu
répertorier les agriculteurs qui ont réellement ces besoins en eau,
savoir combien d’hectares ils veulent irriguer et pourquoi.
Actuellement, c’est le grand flou. En réalité, ce barrage répond
aux besoins d’une vingtaine d’exploitants et il ne serait
d’aucune utilité pour ceux qui sont le long de la vallée.
Pour
moi, la solution était de créer de retenues collinaires en rapport
avec des besoins réels. En tant qu’éleveur, je défends une
vision respectueuse de l’agriculture, de l’environnement, de
l’humain, et j’aimerais que l’argent public soit mieux utilisé.
Je veux pouvoir nourrir mes vaches avec du foin et de l’herbe sans
avoir recours au maïs et aux compléments comme le soja. Ce projet,
c’est aussi le risque de voir arriver dans la vallée la culture
intensive du maïs semence. »
Nadine :
« La suite de la lutte ? Pour nous rien n’a changé :
pas de barrage à Sivens ! »
Rezée : « Rien n’est joué, pas question de perdre espoir »
« J’étais
sur zone lors de l’expulsion. On ne s’attendait pas que ça
puisse se passer comme ça. Bien sûr, on savait qu’il y avait
beaucoup d’entraide et de liens entre les pro-barrages et la
gendarmerie, mais là, ça a dépassé absolument toutes les limites.
On a eu droit à des menaces de mort, et j’ai entendu de très
nombreux récits d’agressions.
Nous,
on ne lâchera rien, c’est certain. Mais j’espère surtout que ça
va réveiller des gens. Ce qui se passe ici est totalement fou :
on se croirait en 1940, on n’a même plus le droit de circuler en
ville sans être traqués par deux camions de gendarmerie, même
quand on se promène à trois ou quatre. Ce qui m’a le plus marquée
cette semaine, c’est le mensonge des gendarmes avec un grand
sang-froid. Ils osent dire que non, ils ne font rien d’illégal. La
réalité, c’est qu’ils ont brûlé nos affaires et nos pièces
d’identité pour nous reprocher ensuite de ne pas les avoir. Ils
ont cassé tout ce qu’on pouvait avoir sur la Zad pour dire ensuite
qu’on est sales, désordonnés…
Mais
cette lutte m’a aussi montré que je ne suis pas seule à voir les
choses telles qu’elles le sont réellement, ça fait du bien !
Ça me conforte dans mon engagement, et dans l’idée qu’il y a
encore beaucoup à faire. Au final, toute ce qu’on a vécu pendant
des mois a permis de montrer et de faire grandir notre détermination.
Avec la solidarité, on peut arriver à changer les choses. Rien
n’est joué, et il n’est pas question de perdre espoir. Pour la
suite, il faut commencer par se reposer un peu après ce qu’on a
vécu. Et continuer la lutte de plus belle. »
Hélios : « Continuer à faire de vraies rencontres »
« Je me suis installé sur la Zad le 25 octobre. La rencontre avec les agriculteurs ? A travers le prisme médiatique, on peut avoir l’impression que c’est un échec total. Le message véhiculé souvent, c’est : les zadistes-gauchistes-anarco-terroristes versus les agriculteurs. La réalité est différente : certains d’entre eux, syndiqués ou non, nous soutiennent. Peut-être les prémices d’un succès futur pour une rencontre avec des personnes qui, a priori, ne sont pas de notre côté. Certains ont pris la mesure de la situation sur le terrain, savent que ce projet est absurde pour de nombreuses raisons et que notre mouvement d’opposition est légitime.
Dans
la presse, on lit que l’appareil de maintien de l’ordre est une
machine puissante et bien organisée, qui a expulsé une trentaine de
Zadistes à bout de souffle. Ma version, c’est qu’on fait peur à
l’Etat, au vu de l’arsenal déployé. Car sous de nombreux
aspects, le droit nous a donné raison. Les idées que nous défendons
sont très fortes, notamment au niveau de la démocratie directe
contre la démocratie représentative, et de l’autonomie contre une
organisation généralisée de la dépendance.
Il
y a eu ces dernières semaines un climat anxiogène dangereux. Nous
ne voulons pas de nouveaux incidents, donc ce qui a été envisagé
collectivement, c’est de passer provisoirement la lutte sous une
autre forme, moins visible, en sous-marin, mais tout aussi
déterminée, avec des actions ciblées.
Surtout,
on est dans un mouvement d’enracinement, beaucoup de gens nous ont
soutenu car ils ont compris le sens de cette lutte. Il faut
maintenant qu’on leur rende ce soutien, qu’on aille dans les
fermes, qu’on aille les aider, aller sur les marchés, discuter
avec les tarnaises et les tarnais et continuer à faire de vraies
rencontres. »
Pétov, opposant de la première heure : « Une mi-temps après un match nul »
« Manifestement, on est à une mi-temps de cet affrontement, et j’ai l’impression qu’on a fait un peu match nul. Tout est encore possible : le pire, comme le meilleur. Enfin, pas vraiment le meilleur puisqu’une partie de la forêt a déjà été détruite par le début des travaux. Il est clair que le Conseil Général n’a pas renoncé à transformer la vallée de Sivens en un sinistre lac, même s’il est de quelques mètres inférieur au projet initial. Donc, pour nous, le danger reste strictement le même, mais je pense qu’on a gagné du temps et que la mi-temps va durer… longtemps.
On
verra avec la nouvelle assemblée départementale, si les élections
changent la donne, si l’affaire de Sivens joue un rôle, si
Carsenac et ses complices vont être désavoués par les électeurs.
J’en doute un peu, mais on peut toujours rêver !
Nous,
on se prépare à empêcher le redémarrage des travaux, et à garder
cette zone intacte. Ce qui est sûr, c’est que depuis le début, on
ne sait pas sur quel pied danser avec nos adversaires : il y a
toujours un flou extraordinaire sur cette affaire. Le vote du Conseil
général le prouve, ils veulent absolument faire ce barrage, malgré
la mort de Rémi Fraisse, malgré notre résistance déterminée,
malgré l’avis défavorable du Conseil National de Protection de la
Nature, et d’associations écolo, malgré toutes les voix qui
s’élèvent. Ils s’entêtent, nous aussi.
D’ores
et déjà, nous sommes en train d’organiser un week-end les 25 et
26 avril, "le
printemps de Sivens".
Ces deux jours auront pour but d’appeler à la vigilance et à la
mobilisation, afin de marteler encore et toujours notre opposition au
nouveau projet de barrage. »
- Des ami-e-s d’Angers ont rendu visite à la FNSEA mardi dernier pour y faire un peu de ménage… La vidéo est ici et une chanson chantée sur place est en vidéo là...Dans la presse locale tendance PPA, il est dit que la FNSEA porte plainte, notamment pour le « traumatisme occasionné »…on l’a connue plus vaillante par chez nous….
- Un nouveau film militant sur Sivens : «La lutte contre le barrage de Sivens et la nécessité de désobéir». Dans une société soit-disant démocratique, des élu-e-s utilisent l’argent public sans concertation pour des projets qui s’avèrent parfois illégaux et surtout contradictoires avec la protection de l’environnement, sous la pression des entreprises privées et d’un modèle agricole intensif. Ce film dénonce la violente répression policière qu’utilise l’Etat pour faire taire une contestation légitime qui elle de son côté use et usera de l’occupation de terrain comme un moyen fort de résister à ces projets inutiles et nuisibles et à ce monde toujours plus productiviste et destructeur.
- Un texte sur la situation politique locale à la veille des élections : la Valls des sans-étiquettes
Infos du 23 au 29 Mars
Lundi
23 mars
Un
témoignage/analyse pertinent de Camille,
occupant depuis les premiers jours de la ZAD du Testet…
Le
premier communiqué de la coordination anti-fasciste 81,
longue vie à elle…
Mardi
24 mars
Assiégeons
la FNSEA : un
compte rendu de l’action des copains et copines de Nimes
et alentours le 10 mars dernier. 5 pages de récit et de réflexions
: à lire sans faute
Mercredi
25 mars
A
prévoir près de Tarbes ce samedi 28 (Cf. aussi page
Agenda),
à Bordères sur l’Echez, 10h30, un rassemblement massif sur le
site de la future usine de traitement des déchets…un dossier
fumeux dont on a déjà parlé sur ce site…
Jeudi
26 mars
« Sivens,
rien n’est réglé » sur le site de la Ligue des Droits
de l’Homme
Elections
départementales et GPII tarnais : le
collectif RN126 contre le projet d’autoroute Castres-Toulouse a
sondé les candidats sur les cantons concernés
et un électeur désabusé nous envoie sa
lettre à P. Verdier et C. Oriol,
candidats DVG sur le canton comprenant Sivens.
On
ne l’a pas donné jusqu’à présent : le
site de la ZAD d’Agen
!
Dimanche
29 mars
- A noter d’ores et déjà : le mardi 31 mars. Nous appelons à un rassemblement de soutien pacifiste devant le tribunal d’Albi à l’occasion du procès de C. Voir la page Légal avec également un compte rendu de récents procès…
- Encore un bulletin de vote… :
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