Merci à l 'auteur pour cette compilation
PROJET D’AYRAULT – PORT de NOTRE DAME
DES LANDES ( 44 )
Source : ZAD.nadir.org
février 2015
ZAD du TESTET – PROJET DU BARRAGE DE SIVENS (81)
ZAD ailleurs :
MaquiZAD à ROYBON (38) – ZAD d’AGEN
(47) – ZAD D’ALLAUCH (13)
Projet de Center-parcs à CASTEL JALOUX (47) – LGV
LYON-TURIN (TAV) /VAL DE SUSA
Mardi
3 février
NDA :
une grande pensée à Ronan
OMNES qui nous a
quitté ce jour, victime d’une crise cardiaque.
ZAD
de NDDL - 44
Infos du 9 au 15 Février
Mardi 10 février
L’aéroport de Notre-Dame-des-Landes est incompatible avec la biodiversité, jugent des scientifiques
Le Conseil scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité vient de rendre un avis négatif sur les impacts du projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. C’est le troisième rapport de ce type.
Et
encore un. Un avis scientifique de plus qui estime qu’en l’état
actuel, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes n’est pas
compatible avec la préservation de la biodiversité.
Cette
fois-ci c’est le Conseil
scientifique du patrimoine naturel et de la biodiversité
qui s’exprime. Cet organe indépendant, bien que rattaché au
ministère de l’Ecologie, rassemble des experts de l’environnement
venant à la fois des sciences dures (naturalistes, agronomes, etc) et
des sciences sociales (sociologues, philosophes, etc).
Les
1.400 hectares sur lesquels s’étendrait l’aéroport, qui sont
pour 98 % une zone humide, « abritent
des cortèges floristiques et faunistiques remarquables, présentant
une grande valeur patrimoniale »,
note-t-il dans un
avis publié le 2 février.
Le
projet d’aéroport prévoit donc une « compensation » :
de nouvelles zones humides seraient créées dans les environs de
l’aéroport. Mais le Conseil se montre très dubitatif face à
cette solution car « les
bilans de telles opérations de compensation sur des zones humides
restent très insatisfaisants. »
En
clair, on ne pourra pas recréer ailleurs une zone humide aussi riche
en biodiversité et en services écologiques que celle de
Notre-Dame-des-Landes. Le conseil « émet
donc un avis défavorable à la destruction de cet ensemble très
original par la réalisation de l’aéroport de
Notre-Dame-des-Landes ».
Une
zone humide « pas compensable »
Cette
conclusion ravit le Collectif
d’élu-e-s doutant de la pertinence du projet d’aéroport de
Notre Dame des Landes.
C’est une preuve de plus que « le
choix du site de Notre-Dame-des-Landes, fait dans les années 70,
n’était pas pertinent compte tenu des problèmes environnementaux
qu’il pose »,
expliquent-ils dans une lettre adressée à la ministre de
l’environnement Ségolène Royal.
« Le
Conseil n’a pas fait dans la dentelle pour dire non, c’est
inhabituel pour des scientifiques »,
se félicite également François de Beaulieu, naturaliste et
historien breton, actif dans la lutte contre l’aéroport.
Selon
lui, cet avis vient enfoncer le clou, après toute une série de
rapports et d’avis qui émettent de fortes réserves :
La
conclusion
de l’enquête publique sur le respect de la loi sur l’eau,
à l’été 2012. Elle est favorable à la construction de
l’aéroport, mais à condition que la méthode de compensation soit
validée par un comité d’experts.
Ce comité d’experts rend un rapport en avril 2013, moins d’un an plus tard. Il émet de nombreuses réserves sur la possibilité de compenser la destruction de la zone humide. « Ces réserves devraient être levées pour que le projet puisse être poursuivi », conseillent les experts.
Puis c’est au tour du Conseil National de protection de la nature de se prononcer. Il reprend les mêmes réserves, et demande un délai de deux ans pour effectuer des études.
Enfin arrive aujourd’hui l’avis du Conseil scientifique de la biodiversité. Après avoir invité l’un des auteurs du rapport des experts, Ghislain de Marsily, il se prononce sans ambiguïté contre la destruction de la zone humide.
« Cela
confirme ce que disent tous les experts et les opposants à
l’aéroport : la zone humide de Notre-Dame n’est pas
compensable »,
estime François de Beaulieu. Seul problème, « aucun
des avis de ces conseils n’a de valeur légale, le préfet ou le
gouvernement peuvent s’asseoir dessus »,
déplore le naturaliste.
Éviter
de détruire, la meilleure solution
Virginie
Maris, philosophe de l’environnement et membre du Conseil,
précise : « L’avis
ne se prononce pas sur le projet d’aéroport »,
mais juste sur la préservation de la zone humide. Avec ses
collègues, ils s’intéressent depuis quelque temps à la
« compensation
écologique ». « Et on a des réserves »,
explique-t-elle. Pour preuve, une
fiche
rédigée par le Conseil pour la ministre Ségolène Royal, qui
l’avertit « d’une
grande incertitude quant aux succès de restauration des milieux
naturels »
et lui rappelle que « la
meilleure façon de ne pas perdre de biodiversité reste
l’évitement. »
En d’autres termes, l’état de nos connaissances scientifiques ne
nous permet pas de détruire puis recréer des écosystèmes. Il vaut
mieux tout simplement les préserver.
Alors,
cet avis peut-il servir aux opposants à l’aéroport ? Au
moins, « il
apporte la preuve que le ministère a été averti des conséquences
d’une destruction »,
estime la philosophe. « Il
peut être utilisé pour les recours devant le tribunal
administratif,
ajoute François de Beaulieu. Cela
montre qu’on a des arguments scientifiques très forts. »
Ce
sera donc une pièce de plus dans le dossier des opposants. Ils
contestent les arrêtés pris par le préfet sur la loi sur l’eau
et les espèces protégées. Rendez-vous devant le tribunal
administratif de Nantes fin février ou début mars.
Marie
Astier – Reporterre
Ils se plantent, nous plantons : journée de plantation de haie
NOUS PLANTONS : ILS SE PLANTENT
appel
à planter des haies sur la Zad
Quoiqu’en
disent Valls et Hollande, quelque soit l’acharnement judiciaire de
Vinci et de l’etat, nous sommes déterminé-e-s, habitant-e-s de
longue date du bocage ou plus récemment arrivé-e-s, opposant-e-s de
tous bords, à y lutter et y rester !
Nous
invitons à se retrouver sur la Zad pour
une journée d’entretien de haies le 10 février.
Lors
de l’occupation des 24ha de la zone travaux en octobre 2013, nous
avions mis en place un kilomètre de buttes et planté les centaines
arbres apportés par chacun-e. Ces arbres ont depuis souffert de
l’appétit des chevreuils. Pour ce chantier, nous voulons remettre
des arbres plus petits ou des graines, et pailler les buttes.
Cette journée sera aussi l’occasion d’une conférence de presse pour signifier notre volonté déterminée de rester sur le terrain et de le protéger : ces haies, nous voulons les voir pousser des dizaines d’années, nous mettrons tout en œuvre pour les préserver du bétonnage !
Cette journée sera aussi l’occasion d’une conférence de presse pour signifier notre volonté déterminée de rester sur le terrain et de le protéger : ces haies, nous voulons les voir pousser des dizaines d’années, nous mettrons tout en œuvre pour les préserver du bétonnage !
Le
rendez vous est donné
à 10H, le 10 février, sur le chemin au dessus des Planchettes.
Amenez vos potes, vos bottes, un pique nique, des arbres très jeunes et des graines d’arbres.
Amenez vos potes, vos bottes, un pique nique, des arbres très jeunes et des graines d’arbres.
A
bientôt !
A
noter d’ores et déjà dans vos agendas : mercredi
25 mars : rassemblement à Saint Nazaire pour le procès de la
famille Herbin
A
l’appel de l’ACIPA, l’ADECA, ATTAC, Copain 44, les Naturalistes
en lutte, des occupant-e-s de la ZAD....
Communiqué de presse lu à l’occasion de cette journée :
Notre
Dame des Landes : nous plantons, ils se plantent !
Nous,
paysan-ne-s, associations, élu-e-s, occupant-e-s de la ZAD,
naturalistes en luttes, réaffirmons notre détermination à mener à
leur terme l’ensemble des combats que nous avons engagés contre le
projet d’aéroport, que ce soit sur le plan juridique ou sur celui
de la résistance sur le terrain.
Le
gouvernement s’est engagé l’an dernier à ne pas « débuter
les travaux avant l’épuisement de tous les recours juridiques
déposés ». Son premier ministre préjuge depuis plusieurs
semaines que ces recours seront perdus : il avance de manière
répétée que les travaux démarreront quoi qu’il arrive au second
semestre 2015. Il revient ainsi sur les engagements pris en laissant
entendre qu’il n’attendra pas effectivement l’épuisement des
recours, qui est pourtant censé inclure l’ensemble des appels et
pas seulement le passage en premier instance. De plus des pressions
continuent sur certain-e-s des plus anciens habitant-e-s de la zone
comme en témoigne la nouvelle assignation au tribunal pour demander
l’expulsion de la famille Herbin.
Face
à ces menaces et cette volonté affichée de passage en force nous
voulons rappeler que le combat juridique a toute son importance.
Contrairement au gouvernement, nous ne présageons pas de l’issue
des recours. Nous savons par contre que nous avons des arguments de
poids et que nous irons jusqu’au bout de cette bataille juridique.
Ce
que nous savons aussi, c’est que ce qui se vit et s’enracine sur
le terrain, dans les villages et dans les champs sera décisif. Comme
nous l’affirmons depuis plus de deux ans, nous irons aussi jusqu’au
bout de cette bataille-là. A ce titre, nous, paysan-e-s,
associations, élu-e-s, occupant-e-s de la ZAD, naturalistes en
luttes affirmons ici :
que
l’occupation de la ZAD continue, que les cultures et habitats se
densifient et s’envisagent dans le long terme (comme en témoignent
les plantations d’arbres d’aujourd’hui et de multiples autres
projets).
que nous résisterons ensemble dans toute notre diversité sur les terres de Notre Dame des Landes et bien au-delà face à toute tentative d’attaque de la ZAD et de démarrage des travaux. Nous l’avons déjà fait face à l’opération César en 2012. Nous sommes aujourd’hui plus fort-e-s encore grâce à l’énergie accumulée par le mouvement dans la région et ailleurs, et le soutien de plus de 200 comités locaux.
que nous résisterons ensemble dans toute notre diversité sur les terres de Notre Dame des Landes et bien au-delà face à toute tentative d’attaque de la ZAD et de démarrage des travaux. Nous l’avons déjà fait face à l’opération César en 2012. Nous sommes aujourd’hui plus fort-e-s encore grâce à l’énergie accumulée par le mouvement dans la région et ailleurs, et le soutien de plus de 200 comités locaux.
La
multiplication actuelle des résistances face à des projets aussi
inutiles que nuisibles nous conforte dans le fait qu’un grand
mouvement s’est lancé dans la population face à l’aménagement
marchand du territoire, à la privatisation du vivant, ou encore à
la disparition des terres agricoles. Ce mouvement porteur d’un
immense espoir, laisse augurer de la possibilité de choisir d’autres
manières de vivre, d’habiter, de travailler et de cultiver. Elles
sont déjà à l’oeuvre et ne se laisseront pas écraser.
Signataires :
CéDPa, Adeca, Copain 44, Acipa, des occupant-e-s de la Zad,
Naturalistes en Lutte, Union Syndicale Solidaires, NPA, Attac, ...
Infos du 16 au 22 Février
Jeudi
19 février
Relaxe pour Camille
à couette et Camille à barbe : A poil Ayrault, à poil Valls,
à poil Vinci !
Samedi
22 février
Aujourd’hui
manifestations contre les violences meurtrières des farces de
l’ordre à Nantes, Toulouse, Turin.
- 12h30 - Nantes :
- 14h10 : Pique-nique sur la place Davais
- 15:15 : Le cortège (Nantes) avec un beau banner signé en plusieurs langues contre la violence policière
16h00 : Un de la BAC semble être tombé dans
leur charge
Première victime de flashball (un journaliste)
Première victime de flashball (un journaliste)
- 16h15 : Un Face à face devant l’Hôtel Dieu aux sons des tambours et hélico.
18h00 : (Nantes) Quelque personnes courageuses parmi les
1000+ manifestant-es ne se laissent pas intimider par la présence
policière.
- 18h15 : A Toulouse la manif est dispersée
- 18h30 : Selon Presse océean 10 interpellations et 2 flics blessés ... pas au courant des blessés du coté des manifestant-es. Un journaliste a été arrêté et on lui a obligé d’effacer les données sur son appareil (à confirmer !), un autre a été la cible d’un flashball (voire taranis news)..
Infos du 23 Février au 1er Mars
Lundi
23 février
Nantes : 3
comparutions immédiates liées à la manif de samedi :
- le 1er 2 mois fermes (sans mandat de dépôt) + 4 mois de sursis + 300 euros pour chaque flic + 400 euros pour payer l’avocat des flics + 3 ans d’interdiction du département.
- Le 2ème 2 mois fermes avec mandat de dépôt + 4 mois de sursis avec mise à l’épreuve : obligation de soin, obligation de travailler + 250 euros pour les flics.
- Le 3ème 3 mois fermes sans mandat de dépôt + 3 mois de sursis + 200 euros pour les flics.
- 3 personnes dont on n’a pas de nouvelles.
On est sûr qu’il y a 2 comparutions immédiates demain, c’est à 14h00.
Vendredi
27 février
Nantes, capitale des mutilations policières
Communiqué
de l’assemblée des blessés suite à la manifestation du 21
février 2015 à Nantes
La
manifestation de ce samedi 21 février à Nantes contre les violences
policières, sociales et économiques ainsi que la semaine de
résistances qui l’a précédé sont des réussites. Bien qu’un
important dispositif policier quadrillait la ville, ce sont plus de
3000 personnes qui ont défilé dans des rues qui avaient été
interdites lors des précédentes manifestations et l’année
dernière.
Des
manifestations ont aussi eu lieu à Toulouse, Le Havre, Calais,
Montreuil, etc. À chaque fois, les manifestants ont fait face à
d’importants dispositifs policiers. À
Montreuil, les manifestants ont été encerclé, bloqués pendant des
heures et finalement fouillés.
Faut-il
le répéter, ce ne sont pas les manifestants mais la police qui
détermine le niveau de violence d’une manifestation. Il est normal
que la colère s’exprime alors que les morts et les mutilations
causées par les forces de l’ordre se multiplient. Il est normal
que la colère s’exprime quand nous subissons au quotidien la
violence de l’économie, la dépossession des territoires où nous
vivons.
Alors
même que nous avons été des milliers à défiler contre les
violences d’État, la police a encore tiré sur la foule à hauteur
de tête avec des Lanceurs de Balles de Défense. Dans la capitale
des mutilations policières, les forces de l’ordre continuent de
blesser en toute impunité, y compris en s’attaquant délibérément
aux journalistes chargés de couvrir la manifestation.
À
ces violences s’ajoute une justice implacable qui distribue des
peines expéditives et disproportionnées aux manifestants jugés. Un
prévenu, blessé par un tir de flashball, a été condamné en
comparution immédiate le 23 février. En plus d’une peine de
prison il devra payer une amende aux policiers qui lui ont tiré
dessus. D’un côté la justice frappe ceux qui luttent, de l’autre
elle blanchit les policiers violents.
Nous
continuerons de nous organiser pour que ces violences cessent.
Nous
appelons les blessés par la police à nous
contacter.
L’assemblée
des blessés, 24 février 2015
Ci-dessous,
le texte lu en début de manifestation
Nantes
n’est pas simplement la capitale de la culture et de l’écologie
mais aussi celle du Flash-Ball : elle détient le triste record de
personnes mutilées. Quatre exactement.
Ce
21 février 2015, un an après la manifestation contre l’aéroport
de NDDL, où trois personnes avaient été mutilées par la police
suite à des tirs de Flash-Ball, nous sommes venus le rappeler.
Cette
manifestation s’inscrit dans une semaine de mobilisation contre le
Flash-Ball, contre les violences policières à laquelle participe «
l’assemblée des blessées, des familles, des collectifs contre les
violences policières ».
Cette
assemblée s’est réunie une première fois à Montreuil début
novembre 2014. Elle réunit des blessés et mutilés, suite à des
tirs de Flash-Ball par la police, venus de toute la France.
Parmi
eux :
• Davy,
blessé aux abords du stade de la Beaujoire en 2014 ;
• Yann, blessé lors de l’évacuation d’un squat à Toulouse en 2014 ;
• Emmanuel, Damien et Quentin blessés pendant la manifestation contre l’aéroport de NDDL le 22 février 2014 à Nantes ;
• Casti, blessé aux abords du stade de la Mosson à Montpellier en 2012 ;
• Ayoub, blessé pendant une intervention policière à Audincourt en 2011 ;
• Geoffrey, blessé lors d’un blocage de lycée contre la réforme des retraites en 2010 à Montreuil ;
• Joachim, blessé lors d’un rassemblement suite à une expulsion de squat en 2009 à Montreuil ;
• Clément, blessé pendant la fête de la musique à Paris en 2009 ;
• Pierre, blessé dans une manifestation lycéenne contre la loi LRU à Nantes en 2007.
• Yann, blessé lors de l’évacuation d’un squat à Toulouse en 2014 ;
• Emmanuel, Damien et Quentin blessés pendant la manifestation contre l’aéroport de NDDL le 22 février 2014 à Nantes ;
• Casti, blessé aux abords du stade de la Mosson à Montpellier en 2012 ;
• Ayoub, blessé pendant une intervention policière à Audincourt en 2011 ;
• Geoffrey, blessé lors d’un blocage de lycée contre la réforme des retraites en 2010 à Montreuil ;
• Joachim, blessé lors d’un rassemblement suite à une expulsion de squat en 2009 à Montreuil ;
• Clément, blessé pendant la fête de la musique à Paris en 2009 ;
• Pierre, blessé dans une manifestation lycéenne contre la loi LRU à Nantes en 2007.
Depuis
2005, depuis que le Flash-Ball existe, on compte trente six mutilés
ou blessés graves (recensés !)
Parmi
eux, deux enfants de moins de dix ans :
• Nassuir,
9 ans, blessé pendant une intervention policière à Mayotte en
2011,
• Daranka, 8 ans, blessé lors d’une intervention policière à Corbeil-Essonnes, en 2011.
• Daranka, 8 ans, blessé lors d’une intervention policière à Corbeil-Essonnes, en 2011.
Et
un mort par Flash-Ball, Mostefa, assassiné pendant une intervention
policière à Marseille en 2010.
Pour
toutes ces histoires la justice a été saisie.
On
compte seulement une condamnation d’un policier contre 37
classements sans suite, non-lieux ou relaxes.
1
contre 37, L’impunité policière est la règle.
Notons
qu’après une plainte déposée devant le Tribunal administratif,
la responsabilité d’un préfet a été reconnue et l’État
condamné à verser des indemnités. D’autres plaintes ont été
déposées collectivement et sont en cours.
Face
à cette impunité, «l’assemblée des blessés, des familles, et
des collectifs contre les violences policières» a pour objectif de
:
• Soutenir
les personnes blessées par la police.
• Partager et diffuser nos expériences en matière médicale, juridique, médiatique et politique.
• Lancer des initiatives communes.
• Se soutenir mutuellement lors des procès.
• Participer aux luttes en cours.
• Partager et diffuser nos expériences en matière médicale, juridique, médiatique et politique.
• Lancer des initiatives communes.
• Se soutenir mutuellement lors des procès.
• Participer aux luttes en cours.
Pour
nous, qu’est-ce que le Flash-Ball et sa nouvelle version, le
lanceur de balle de défense (LBD 40)?
Une
arme de terreur.
Sa
devise est «en blesser un pour terroriser tous les autres».
Une
arme mutilante.
Si
le Flash-Ball tue rarement, il mutile très souvent. C’est en tant
que tel qu’il doit-être interdit.
Une
arme punitive.
Dans
bien des cas, le Flash-Ball est utilisé comme une arme punitive.
Une
punition extrajudiciaire infligée par la police à ceux qui se
révoltent, à ceux qui osent emprunter d’autres formes de vie,
etc.
Enfin,
on peut finir par ce que le Flash-Ball n’est pas, contrairement à
ce que disent les fabricants d’armes et la préfecture :
• Le
Flash-Ball ne se substitue pas à l’arme de service.
• Il ne réduit pas le nombre de personnes tuées par la police.
• Les policiers continuent d’utiliser leurs armes de service.
• Il ne réduit pas le nombre de personnes tuées par la police.
• Les policiers continuent d’utiliser leurs armes de service.
Les
policiers continuent de tuer : de 2000 à 2014, on compte 127
personnes tuées par la police.
Là
encore, l’impunité est la règle.
Le
Flash-Ball ne se substitue pas à l’arme de service mais bien
plutôt à la matraque. En ce sens, il augmente considérablement la
violence de la police.
Cette
violence (la mort de Rémi Fraisse, les événements de Ferguson
entre autres) l’avait remise sur le devant de la scène.
Les
attentats de ce début d’année risquent de recouvrir une légitime
défiance envers des institutions de plus en plus violentes et faire
passer les victimes de la police pour des dégâts collatéraux de la
guerre au terrorisme.
Ces
derniers mois, combien de manifestations interdites, combien
d’arrestations préventives ?
L’État
français a beau se présenter comme « le grand défenseur des
libertés publiques », il ne se passe pas un jour sans qu’il les
remette en cause.
Habitants
des banlieues, manifestants, grévistes, zadistes, lycéens,
étudiants, migrants, supporters de football “Ultras” : nous
sommes de plus en plus nombreux à subir la violence de la police et
l’impunité qui l’accompagne.
Nous
ne nous laisserons pas gouverner par la peur.
C’est
ensemble que nous allons faire face à la militarisation de la police
et sa violence, aux mensonges de la préfecture relayés par les
médias, au mépris des politiques, à l’impunité
quasi-systématique accordée aux policiers par la justice.
Nous
le prouvons aujourd’hui par notre présence.
Des
collectifs et des blessés au Flash-Ball sont venus de toutes la
France pour manifester à Nantes où Pierre, Quentin, Damien,
Emmanuel, Davy ont été mutilés par la police.
Face
aux armes de la police, 26 février 2015
ZAD
du TESTET - 81
Infos du 2 au 8 Février
Lundi 2 février
Barrage de Sivens : première procédure d'expulsion des «zadistes»
INFOGRAPHIE
- Après
un appel à la mobilisation, les « zadistes » occupant le site du
barrage de Sivens arrivent en nombre pour résister à la première
procédure d'expulsion. Ils comparaissent lundi et mardi au tribunal
d'Albi.
Les
«zadistes» du site du barrage de Sivens (Tarn) n'ont jamais été
aussi près de la porte de sortie de la ZAD («Zone à défendre»)
qu'ils occupent illégalement, au moins juridiquement. Alors
qu'«aucun arrêté préfectoral d'expulsion» n'a été pris par les
autorités, confirme au Figaro
le sous-préfet de Castres (Tarn) Jean-Yves Chiaro, ces opposants au
barrage - et aux solutions alternatives proposées par les experts
mandatés par Ségolène Royal depuis l'abandon du projet hydraulique
initial - font l'objet d'une procédure d'urgence qui les conduit dès
lundi après-midi et mardi matin devant les tribunaux de la région.
Un
huissier de justice est venu samedi sur la ZAD, en forêt de Sivens,
pour leur remettre leurs assignations à comparaître au TGI d'Albi,
à 25 kilomètres de là. Mercredi dernier, il s'était déjà rendu
sur place pour dresser le constat de toutes les parcelles occupées,
mettant la
puce à l'oreille aux écolo-activistes qui se tiennent prêts à
entrer dans la lutte. Cette procédure serait conduite par le
Conseil général du Tarn, grand promoteur du projet, et la Compagnie
générale des coteaux de Gascogne (CACG), le maître d'œuvre du
barrage, mais aussi quelques propriétaires particuliers réunis en
collectif.
La zone à expulser concerne la «Métairie neuve»
Cette
procédure d'expulsion intervient alors que Ségolène Royal a
annoncé, mercredi dernier, que
les zadistes seraient délogés dès lors que les élus locaux auront
fait le choix du projet à mettre en œuvre, selon les deux
propositions recommandées par les experts. Un choix qui, le temps
des mille et une études, enquêtes publiques et sésames
administratifs nécessaires, prendrait de deux à quatre ans, selon
les spécialistes. Mais «seulement» un an et demi, d'après le
rapport des experts.
La
zone à expulser concerne la «Métairie neuve», une bâtisse où
s'organise la communauté zadiste, mais aussi des lieux épars où
tentes et cabanes dans les arbres se sont disséminées depuis des
mois. Quant au nombre d'«alters» à déloger, il pourrait créer la
surprise comme à Notre-Dame-des-Landes au plus fort de la lutte dans
le maquis nantais. Si les zadistes étaient une cinquantaine il y a
encore une semaine, ils promettent d'être beaucoup plus nombreux,
après avoir lancé la semaine dernière un appel à la mobilisation
des «forces» venant des autres ZAD de France
(Notre-Dame-des-Landes, Roybon, Agen…). «En théorie, le site peut
être expulsable dès le 4 au matin…, envisage un opposant au
barrage. Il faut être prêt». Ce week-end sur Facebook, la page de
«Soutien à la ZAD du Testet» haranguait les internautes : «Toutes
et tous au Testet pendant tout février!», afin d'«être
intouchables, juste grâce à notre nombre et à notre
détermination!»
Des militants pro-barrages venus «encercler» la ZAD
Dimanche,
les tensions, déjà très vives depuis des mois entre les zadistes
et les pro-barrages de la région (agriculteurs et riverains),
redoublaient. Alors que la ZAD entendait fêter la «Journée
mondiale des zones humides», en organisant des conférences et des
visites avec des spécialistes de la faune et de la flore, tout a été
annulé en raison de militants pro-barrages venus «encercler» la
ZAD. Des brigades de gendarmes mobiles étaient sur les lieux, pour
en interdire les accès. Selon Camille, un zadiste, «des quads ont
quadrillé la forêt toute la matinée», leurs conducteurs
expliquant défendre les intérêts des agriculteurs car «ils sont
nos clients», rapporte-t-il.
Dans
l'attente de la décision judiciaire d'expulser ou non, les renforts
zadistes commencent déjà à arriver sur place. Les co-voiturages
s'organisent sur les réseaux sociaux, et des «djihadistes verts» -
comme les surnomment les agriculteurs du coin - apparaissent sur le
bord des petites routes de la vallée du Tescou, le pouce levé en
direction des automobilistes. Jeudi, les zadistes devraient aussi
rencontrer le préfet, pour la première fois.
Delphine
de Mallevoüe
– le
Figaro.fr
IMPORTANT
: des
commentaires nous font comprendre que le message n’est pas bien
passé sur la situation juridico-politique. Le projet de barrage
N’EST PAS ABANDONNÉ ! La zone humide n’est pas du tout sauvée !
Les déclarations de S. Royal ne sont que fumeuses et médiatiques.
Le projet sera peut-être arrêté le 6 mars lors d’une plénière
du Conseil Général du Tarn. En attendant, il y a une procédure
d’expulsion en cours sur la métairie. Dès mercredi 4
probablement, suivant ce que diront les juges (mais on sait déjà ce
qu’ils diront), la ZAD du Testet sera expulsable. S’ils
nous dégagent, on revient !
- Hold-up financier en Grèce : SYRIZA mon amour ! (Panache Salvetois) : 77% du plan de sauvetage de la Grèce a servi à renflouer les banques (des centaines et des centaines de milliards d’euros). Du déjà vu déjà connu. N’attendons rien de ce côté là…
- La presse en petit foulard s’en donne à coeur-joie sur les clichés « zadistes » déshumanisant : Barrage de Sivens : première procédure d’expulsion des «zadistes» (Le Figaro) et Sivens : procédures d’expulsion des zadistes (Le Monde). Ils se croyaient tellement certains d’être « dans l’actualité » avec cette expulsion programmée. Mais aujourd’hui, aucune expulsion décidée ! On va donc continuer à réfléchir à « qu’est-ce que ça veut dire de tuer quelqu’un pour faire un barrage pour l’irrigation du maïs en 2015 » ? À vos copies !
- L’audience d’aujourd’hui au tribunal pour la Métairie Neuve a été repoussée au mercredi 11 février. On verra demain ce qu’il se passe pour les autres parcelles.
- Demain mardi, soutien aux 3 inculpés qui récupéraient de la nourriture dans les poubelles d’Inter à frontignan! Nous appelons à nous rassembler demain mardi devant le TGI de Montpellier, dès midi pour partager une soupe et exprimer notre soutien aux 3 inculpés par notre présence à l’audience de 14H
- Sur les événements de hier, les témoignages convergent sur la présence de groupes identifiés extrême-droite, le MAS, qui avait déjà placardé à Gaillac, et qui s’en prend à n’importe qui. Les voilà maintenant avec un sweat noir « anti-pellut » sous le regard débonnaire des gendarmes (voir l’article du 1er février) :
Mardi
3 février
Sivens : les milices pro-barrage agissent dans l’impunité alors que l’expulsion de la Zad se dessine
Le
11 février au plus tôt, le tribunal d’Albi rendra sa
décision sur l’ordonnance d’expulsion de la Zad de Sivens. Sur
le terrain, les milices pro-barrages entretiennent un climat de
violence, sous l’oeil indifférent de la gendarmerie.
Toulouse,
correspondance
« Ce
qui se passe est hallucinant » !
Les opposants au barrage de Sivens ne reviennent toujours pas de ce
qui s’est déroulé ce dimanche 1er février.
Durant toute la journée étaient prévues des activités
naturalistes et conviviales sur la zone du Testet, à l’occasion de
la Journée
mondiale des Zones Humides.
Le Collectif Testet et l’association naturaliste APIFERA
organisaient l’évènement. Sauf que, dès le matin, des groupes
d’agriculteurs et de riverains étaient présents et barraient tous
les accès à la zone.
« On
sentait une pression qui montait depuis plusieurs semaines mais on ne
s’attendait pas à ça »,
raconte Paul, présent sur place : « Ils
ont bloqué les routes, et patrouillaient en quad sur tous les
chemins donnant accès à la zone ».
Ils, ce sont les pro-barrages, ou plus clairement « anti-zadistes ».
Rassemblant agriculteurs favorables au projet, riverains et militants
locaux d’extrême droite, ils se rassemblent en demandant le départ
de la zone des « peluts »,
patois de « pelés »,
désignation péjorative et injurieuse à l’intention de celles et
ceux qui ne « sont
pas du pays »
- les zadistes et leurs soutiens.
Ces
riverains ne parviennent pas à concevoir que des habitants « du
cru »
soient
contre le projet de barrage.
Durant toute la journée, les accès à la ZAD
ont été bloqués, pour une part par ces groupes et d’autre part
par les gendarmes. Ces derniers semblaient d’ailleurs s’accommoder
de ces opérations pourtant illégales, discutant avec les bloqueurs
de manière cordiale sans leur intimer l’ordre de partir.
Des
milices violentes et menaçantes
Pourtant,
les motifs d’interpellation ne manquent pas. Dès le matin, un
opposant a découvert sa voiture, garée à proximité de la zone,
les quatre pneus crevés. Plus tard dans la journée, alors qu’une
réunion de crise s’organisait chez un particulier à Gaillac, une
petite dizaine d’anti-zadistes ont débarqué et tenté de forcer
l’entrée, armés d’armes de fortune, barre de fer, pioche,
masse… Plus loin, d’autres opposants ont découvert le pare-brise
de leur camionnette défoncé à coup de masse.
L’organisation
de ce groupe ne laisse aucun doute si l’on en juge par l’habillage
commun, treillis militaire ou un sweat-shirt portant l’inscription :
« Club
anti PLP,
soutien aux gendarmes de Sivens ».
Même
un élu, agriculteur, producteur de céréales et irrigant, a fait
les frais de ces milices. Patrick Rossignol, maire de la commune de
Saint-Amancet, a fait partie de ces élus locaux qui ont mis en garde
sur de possibles dérives violentes début septembre lors du
déploiement massif des forces de l’ordre pour protéger le
chantier.
Ce
dimanche, il venait sur place pour s’informer sur la zone humide et
« apporter
quelques vivres aux occupants ».
Comme les autres, et malgré sa qualité d’élu, on lui a barré le
passage. Il s’est retrouvé ensuite à Gaillac avec les opposants
et a assisté à l’arrivée de ce groupe « habillé
de treillis militaire et avec des barres de fer et des manches de
pioche ».
Tentant de rejoindre son véhicule après la réunion, il découvre
avec stupeur « le
pare-brise et les vitres latérales totalement explosés. On voyait
même clairement les marques des barres de fer ».
La raison ? « Il
semblerait qu’ils aient pris en photo mon véhicule quand j’ai
tenté de me rendre sur la zone. »
Une
inaction coupable de la gendarmerie locale
Alors
que Patrick Rossignol se rend à la gendarmerie de Gaillac pour
porter plainte, comme d’autres, le même groupe, toujours aussi
équipé, revient et tente de nouveau d‘agresser physiquement les
opposants au barrage attendant leurs camarades à l’intérieur de
la gendarmerie. Les personnes sur place témoignent « du
calme conservé tout le long par les opposants au barrage pour
justement éviter que la situation dégénère ».
Un journaliste pour un média indépendant s’est alors fait
arracher son appareil photo, piétiné et détruit. Une journaliste
toulousaine a eu plus de chance et est parvenue à sauver son micro
qu’un
gros bras tentait de lui arracher des mains.
Tous
ces événements se déroulaient devant le commissariat lui-même.
Lorsqu’une des personnes a alerté les gendarmes, ceux-ci ont
répondu : « Mais
non, ils n’ont rien dans les mains ».
Devant
la montée de l’hostilité manifestée par le groupe de miliciens,
les gendarmes ont fini par sortir, pour séparer les groupes,
récupérer une des barres de fer lancée contre la grille du
bâtiment… et laisser partir les miliciens pro-barrage comme si de
rien n’était. « Comment
est-il possible d’avoir des groupes armés et équipés ainsi qui
patrouillent dans les rues de Gaillac sans que la police
n’intervienne ? »
interroge un opposant.
Ce
comportement de la gendarmerie a fait réagir des citoyens
participants à la coordination et opposants au barrage de Sivens, le
Parti de Gauche Tarn et le NPA
81 dans un communiqué : « Pro-barrages
et gendarmes, même combat ? ».
Sur
ce comportement récurrent des milices et de la gendarmerie, les
syndicats d’agriculteurs pro-barrage ne disent mot, ou plutôt
avertissent comme toujours que si le projet ne se fait pas et la ZAD
n’est pas évacuée, ils ne seront pas en mesure de retenir des
velléités violentes de certains agriculteurs et déplorent que
l’Etat n’intervienne pas plus rapidement. S’ils n’appuient
pas ouvertement ces comportements, ils ne les remettent en cause à
aucun moment et nous avons pu observer une certaine bienveillance de
la part des responsables agricoles sur de telles actions
d’intimidation en
décembre dernier.
Ce
lundi soir, la Fédération régionale des Syndicats d’Exploitants
Agricoles de Midi-Pyrénées annonçait par communiqué un nouveau
pas dans leur mobilisation en faveur du projet : « Tant
que l’Etat ne sera pas capable de faire respecter sa volonté et le
droit à Sivens, il ne sera pas accepté un quelconque contrôle par
les agents de l’Etat en Midi-Pyrénées ».
Expulsion
de la ZAD
attendue dans les prochaines semaines
Parallèlement,
la sortie de crise n’est toujours pas claire en ce qui concerne le
projet en lui-même. Les occupants de la zone maintiennent toujours
leur revendication d’un abandon total du projet. La semaine
dernière, un huissier est venu sur la zone du Testet constater
l’occupation et notifier les occupants de l’illégalité de leur
présence.
Lundi
2 février après-midi, une première audience avait lieu
concernant l’expulsion de la ferme de la Métairie Neuve. Me
Dujardin, avocate des occupants, nous indiquait que « l’audience
a été renvoyée au 11 février, afin que tout le monde puisse
disposer d’un avocat et constituer sa défense ».
Selon elle, « sans
qu’on ne soit sûr de rien, il semble que la justice ne soit pas
aussi expéditive qu’elle l’a été à l’automne dernier où
elle refusait systématiquement les renvois de jugement ».
Ce
mardi 3 février, une nouvelle audience se déroule à Albi
concernant les autres parcelles occupées sur la zone, notamment à
proximité du lieu de la mort de Rémi Fraisse. Si beaucoup craignent
une expulsion rapide dès le rendu du jugement à la mi-février, la
ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, ainsi que le ministre de
l’Intérieur, Bernard Cazeneuve ont déclaré que celle-ci
interviendrait dès le vote le 6 mars prochain de la décision
du Conseil Général concernant l’avenir du barrage de Sivens.
Les
conseillers généraux devront alors trancher entre les deux
scénarios, élaborés par les experts dans la précipitation entre
le mois de décembre et de janvier, et qui nécessiteront dans tous
les cas des études supplémentaires et probablement une nouvelle
enquête publique. Hasard du calendrier : cette décision
interviendra une semaine avant les élections départementales. Dans
ce département du Tarn, l’enjeu de Sivens sera certainement
central pour en déterminer l’issue.
Camille
Martin - Reporterre
Jeudi
5 février
Sivens : Quand la milice pro-barrage fait la loi.
Dimanche
1er février étaient programmés à Sivens des évènements faisant
échos à la journée mondiale des zones humides dont un repas
partagé ainsi que des conférences et visites à thèmes avec des
naturalistes bénévoles.
Seulement
voilà, des pro-barrages en avaient décidé autrement. Rassemblés
sous prétexte de manifestation de riverains, ils sont venus dans
l'intention « ...de
mettre une gifle à la journée mondiale des zones humides... »
et « ...de
bloquer la ZAD pour manifester et surtout pour montrer au
gouvernement (leur)
détermination
pour expulser les zadistes et pour que la zad soit LIBÉRÉE. »
Ce
sont là les propos relevés dans l' article « Dimanche
1er février, les riverains ont bloqués la ZAD »,
sur le site web anonymedes pro-barrages.
Le
ton est donné. « ...prêts
à faire respecter la loi »,
ils interdisent tout accès à la zone et par conséquent à la ZAD,
en bloquant les routes et en patrouillant en quad sur les chemins.
« Si,
après m’être présenté, j’ai pu débattre avec certaines
personnes, je me suis fait insulter et menacer par quelques autres.
Menaces verbales et menaces physiques. »
écrit Patrick Rossignol venu participer à cette journée de
découverte.
Devant
cet état de fait, la préfecture a dépêché des Gendarmes Mobiles
afin d'éviter un affrontement possible. Les comportements observés
ensuite, les gendarmes discutant avec les pro-barrages de manière
cordiale, la non réaction suite à la crevaison des quatre pneus du
véhicule d'un opposant, mettent en évidence un parti-pris des
forces de l'ordre (républicain?) contre les défenseurs de la zone
humide et en faveur des pro-barrages. Ce comportement ambigu de la
gendarmerie a fait réagir des citoyens, des opposants au barrage, le
Parti de Gauche Tarn et le NPA 81 dans un communiqué :
« Pro-barrages
et gendarmes, même combat ? »
Suite
au bouclage de la zone, quelques opposants qui en ont la possibilité
décident de se rassembler à Gaillac, chez un particulier. Suivis
par des manifestants pro-barrages, ils sont menacés par ce qui ne
peut être appelé autrement qu'une milice «armée
de barres de fer, manches de pioche ».
Également à Gaillac,
Patrick
Rossignol, constatera, de retour à son véhicule, le pare-brise
défoncé et la vitre de la portière droite descendue. Son
témoignage
en document joint est un document qui relate et illustre en
grande partie le déroulement de la journée de dimanche. Nous vous
proposons également un texte remarquable, qu'il a écrit à froid
après les évènements de dimanche, texte exprimant sa
position de citoyen, d'élu en tant que maire de St Amancet (Tarn) et
d'agriculteur, (maïsiculteur-irrigant) envers le projet de
Sivens.
Cette
journée sous tension démontre les clivages profonds entre des
conceptions radicalement différentes de l'agriculture, entre des
perceptions sociales aux philosophies fondamentalement opposées
ainsi qu'à la façon d’appréhender les résolutions de ces
conflits. Il est à espérer que la violence ne soit pas une fois de
plus la méthode retenue par les partisans du barrage de Sivens.
Quelques
liens vers des articles en rapport avec les évènements de dimanche
:
Collectif
pour la sauvegarde de la zone humide du Testet
Samedi
7 février
Lettre ouverte de quelques zadistes de Sivens aux « anti-zadistes » du Tarn.
«
Quelques réflexions autour d’un conflit stérile»
Après
15 mois de « guè-guerre » quasi quotidienne entre nous, et avant
qu’elle ne débouche sur un nouveau drame que, nous espérons, nous
voulons tous éviter, il nous semble important de marquer une pause.
Et pourquoi pas, de nous rencontrer autour d’une table afin
d’essayer de résoudre ce conflit en adultes responsables autrement
qu’à coups d’insultes, de calomnies et de manches de pioches.
Pour
lancer le débat, nous aimerions rappeler quelques réalités de base
concernant les acteurs en lice et également resituer ce conflit
local dans son contexte global.
Vous êtes en majorité des ruraux vivant dans cette région du Tarn et beaucoup, pensons-nous, sont des « petits paysans » confrontés depuis soixante ans à la modernisation accélérée de l’agriculture. Cette dernière vide inexorablement les campagnes en éliminant les faibles au profit des plus forts, comme le veut la logique libérale de compétition incessante, de façon à concentrer le nombre d’exploitations agricoles. Ce terrible processus, à l’oeuvre depuis trois générations, est d’ailleurs en train de s’accélérer avec l’apparition des fermes-usines comme la fameuse « ferme des milles vaches » en Picardie. Comme d’habitude, l’Europe technocratique et l’Etat français de gauche comme de droite favorise cette évolution qui nous prépare un monde sans paysans où toute la production sera assurée par d’immenses exploitations gérées par des sociétés multi-nationales de capitaux. Le barrage de Sivens fait partie de cette dangereuse politique, dont nous serons tous victimes avec le monde rural dans son ensemble. La centralisation du contrôle de l’eau liée à ce barrage mène à une concentration des exploitations où nombres d’agriculteurs sont voués à disparaître. Un barrage crée un robinet qu’une seule main contrôle et vous devrez vous soumettre au bon-vouloir de cette main.
Vous êtes en majorité des ruraux vivant dans cette région du Tarn et beaucoup, pensons-nous, sont des « petits paysans » confrontés depuis soixante ans à la modernisation accélérée de l’agriculture. Cette dernière vide inexorablement les campagnes en éliminant les faibles au profit des plus forts, comme le veut la logique libérale de compétition incessante, de façon à concentrer le nombre d’exploitations agricoles. Ce terrible processus, à l’oeuvre depuis trois générations, est d’ailleurs en train de s’accélérer avec l’apparition des fermes-usines comme la fameuse « ferme des milles vaches » en Picardie. Comme d’habitude, l’Europe technocratique et l’Etat français de gauche comme de droite favorise cette évolution qui nous prépare un monde sans paysans où toute la production sera assurée par d’immenses exploitations gérées par des sociétés multi-nationales de capitaux. Le barrage de Sivens fait partie de cette dangereuse politique, dont nous serons tous victimes avec le monde rural dans son ensemble. La centralisation du contrôle de l’eau liée à ce barrage mène à une concentration des exploitations où nombres d’agriculteurs sont voués à disparaître. Un barrage crée un robinet qu’une seule main contrôle et vous devrez vous soumettre au bon-vouloir de cette main.
En
fin de compte, malgré nos différences culturelles plus ou moins
marquées, nous luttons contre le même système. Nous recevons vos
problèmes et vos colères légitimes, mais nous vous proposons de
discuter ensemble des réelles causes et des vrais responsables des
difficultés traversées afin d’en dégager des solutions.
Alors
c’est vrai, nous ne sommes pas né-e-s ici, mais nous sommes
tombé-e-s amoureux-ses de cette petite vallée sauvage et paisible
jusqu’à vouloir y vivre et ainsi empêcher qu’elle soit noyée
par un énième barrage que nous estimons nuisible autant d’un
point de vue économique qu’environnemental.
Depuis
un an, nous construisons peu à peu un village alternatif, basé sur
une agricultures vivrière comme des tout-petit-e-s paysans-annes.
L’ambiance y est fraternelle et joyeuse et nous vous invitons à
venir nous rendre visite sur site.
Dans un souci d’apaisement, nous avons libéré les champs le long de la rive droite du Tescou et nous avons démonté toutes les structures qui s’y trouvaient afin de laisser les parcelles libres d’accès aux riverains pour une utilisation agricole. Nous nous sommes engagé-e-s auprès de la Préfecture à laisser libre accès aux équipes de ERDF pour qu’elles ré-installent la ligne électrique qui avait été détruite par l’entreprise responsable des travaux d’aménagement du site du chantier. Ceci afin de permettre le retour souhaité de Madame Morel et le bon fonctionnement de la Maison de la Forêt.
Nous serions heureux de vous accueillir sur le site (tant que vous n’êtes pas armés d’intentions belliqueuses).
Dans un souci d’apaisement, nous avons libéré les champs le long de la rive droite du Tescou et nous avons démonté toutes les structures qui s’y trouvaient afin de laisser les parcelles libres d’accès aux riverains pour une utilisation agricole. Nous nous sommes engagé-e-s auprès de la Préfecture à laisser libre accès aux équipes de ERDF pour qu’elles ré-installent la ligne électrique qui avait été détruite par l’entreprise responsable des travaux d’aménagement du site du chantier. Ceci afin de permettre le retour souhaité de Madame Morel et le bon fonctionnement de la Maison de la Forêt.
Nous serions heureux de vous accueillir sur le site (tant que vous n’êtes pas armés d’intentions belliqueuses).
Dans
l’attente d’une réponse favorable de votre part, nous réitérons
donc notre proposition de rencontre afin d’établir ensemble des
relations de bon voisinage et de paix.
Des
habitants et sympathisants de la ZAD.
[7-8 février 2015] Ils font un barrage à Sivens, mais sur les routes…
Samedi
dans l’après-midi, deux femmes sont sorties de la Zad côté
route de Montauban pour se rendre à Gaillac en stop.
ELLES ONT ÉTÉ MENACÉES PAR DES PRO-BARRAGES avec outils.
Un vieil homme a dit vouloir les trucider avec un gros tournevis et en présence des GM, il s’est avancé jusqu’à 1 m, très déterminé. Elles se sont réfugiés juste à côté des GM, craignant l’agression imminente.
Morgane a tél à son p’tit copain pour qu’il vienne les chercher.
Il est allé immédiatement sur la D999 en voiture et les a trouvé très choquées, voir paniquées.
C’est assez compliqué de continuer à faire son train comme d’hab dans ce contexte.
Ces grands malades ont réussi à semer la terreur et à faire en sorte que même si tu ne renonces pas, tu t’organises pour ne plus aller et venir librement mais en étant accompagnée.
C’est à vomir
voilà pour le témoignage
ELLES ONT ÉTÉ MENACÉES PAR DES PRO-BARRAGES avec outils.
Un vieil homme a dit vouloir les trucider avec un gros tournevis et en présence des GM, il s’est avancé jusqu’à 1 m, très déterminé. Elles se sont réfugiés juste à côté des GM, craignant l’agression imminente.
Morgane a tél à son p’tit copain pour qu’il vienne les chercher.
Il est allé immédiatement sur la D999 en voiture et les a trouvé très choquées, voir paniquées.
C’est assez compliqué de continuer à faire son train comme d’hab dans ce contexte.
Ces grands malades ont réussi à semer la terreur et à faire en sorte que même si tu ne renonces pas, tu t’organises pour ne plus aller et venir librement mais en étant accompagnée.
C’est à vomir
voilà pour le témoignage
UNE
BALLADE EN FORET (07-02-2015)
Zad
du Testet Non auX barrageS AG des Bouilles, à 14h.
Aujourd’hui
samedi, encore une fois nous avons été empêchés de nous rendre à
Sivens par pro-barrage et gendarmes. L’enjeu pour nous était la
présentation du livre « Sans retenue » à partir de midi
autour d’une soupe. Certes, nous avons pu nous rassembler ailleurs,
en tout cas nous avons cédé le terrain aux miliciens qui nous
interdisaient l’accès des lieux.
Demain
dimanche est le jour de l’AG hebdomadaire des Bouilles. Si vous
voulez faire valoir votre droit à vous rendre sur ces lieux, et à
ne pas vous en faire interdire l’accès
par une force illégale,
par une force illégale,
Rendez-vous
à Gaillac, place d’Hautpoul (place de la mairie) demain dimanche à
midi
De
là nous organiserons un co-voiturage afin que nous n’ayons pas à
laisser notre voiture à Sivens où elle risquerait d’être
dégradée.
Il
n’est pas nécessaire d’appartenir à un collectif d’opposants
comme les Bouilles pour vous joindre à nous.
Il
suffit d’être attaché à la liberté de circulation et
d’expression et de vouloir l’affirmer publiquement.
- Dans la presse bourgeoise ; Barrage de Sivens: le conflit vire à l’affrontement (Libération et exactement même article dans Le point comme quoi les médias de masse se partagent le marché droite/gauche mais c’est la même information-bourrage-de-crâne qui parvient à tout le monde) ; où l’on voit qu’il y a amalgame entre la violence générée par les miliciens pro-barrage et occupation du site, amalgame entre habitant de la Zad et soutiens aux habitants, tous désormais appelés « zadistes », un peu comme « juif » en 1940. Ils ne peuvent pas accepter que cette population puisse influer sur le cours des choses politiques ! Ils ne peuvent pas faire un barrage pour irriguer, alors ils font des barrages sur les routes !
- Sivens: la FDSEA adopte une résolution (le journal d’ici)
- FDSEA : «Nous voulons que l’état de droit soit respecté à Sivens» (DDM) – À lire les commentaires anti-FNSEA… L’État de droit, grâce auquel la FNSEA a détruit des millions d’emplois de paysans…
- Sivens : un témoignage qui pose question (Hélène Duffau)
- À lire pour mémoire : l’article de la semaine dernière où le barrage a commencé.
- Collectif Testet a écrit au préfet : la lettre lui demandant de poursuivre la stratégie d’apaisement entamée ces dernières semaines.
- Gaillac : un « honnête » citoyen agressé par des zadistes (le journal détarné) ; l’histoire du nonnête citoyen qui a perdu sa barre de fer et qui s’est fait agressé…
- Sivens : l’extrême droite de la gauche tarnaise organise un pogrom anti-zadiste (Le petit journal détarné)
Ça
fait maintenant presque un an et demi que nous travaillons à la ZAD
pour sauver ce qui peut l’être de nos contingences biologiques
environnementales du monde des machines, et faire économiser 10
millions d’euros aux finances publiques. Et notamment, nous y
travaillons le week-end.
Là,
ça fait deux week-end de suite que des milices cosmopolites
comprenant des fascistes, des pro-barrages, de la bourgeoisie élue
réactionnaire saucialiste et sarkozyste, accompagnés des Gendarmes
Mobiles, bloquent les entrées de la ZAD du Testet.
On
peut voir un résumé du blocage du 1er février ici
:
http://wp.me/p4a0HO-1k8
http://wp.me/p4a0HO-1k8
Ils
cherchent à faire grimper la tension. Ils cherchent la bagarre, les
dérapages. Comme on l’a remarqué dimanche dernier, ils ont
l’impunité : les gendarmes ferment les yeux sur les agressions et
les exactions puis trainent des pieds pour enregistrer les plaintes.
Nous assistons donc à une « mexicanisation » de la zone.
La
désinformation est relayée par le journal de Vichy La Dépêche du
Midi :
https://lejournaldetarne.wordpress.com/2015/02/05/gaillac-un-honnete-citoyen-aurait-ete-agresse-par-un-zadiste/
Quelques
personnes du collectif d’occupation ont écrit aux énervés
:
http://wp.me/p4a0HO-1lX
http://wp.me/p4a0HO-1lX
On
comprend mieux ainsi la stratégie du Préfet qui a cherché
l’apaisement, discuté avec des gens du collectif d’occupation ce
jeudi : il ne veut pas salir les mains des forces de l’ordre, ne
pas prendre la responsabilité d’un dérapage avec la force
publique, il veut obtenir une situation de conflits privés
suffisamment dégénérée pour justifier une intervention générale
musclée. On connaît la chanson. Elle s’accompagne d’un rythme
de bottes…
Donc
aujourd’hui encore, attention aux routes autour de la ZAD.
Plan B pour le livre « Sans aucune retenue »
Plan B pour le livre « Sans aucune retenue »
Infos du 9 au 15 Février
Lundi
9 février
BESOINS de toute urgence de compétences en mécanique sur la ZAD ! Transmettre son savoir-faire en partage de connaissances, rémunération envisageable.
Pique-nique à Sivens « pour lui dire je t’aime ! »
Depuis
deux week-ends, la zone de Sivens est isolée
par
miliciens et gendarmes qui empêchent toute circulation.
Pour
dire non à cette stupide escalade,
pour
continuer à nous rencontrer à Sivens,
pour
réaffirmer ensemble que nous avons raison de nous opposer à ce
projet de barrage,
soyons
nombreux au rendez-vous de co-voiturage
dans
la bonne humeur et la fierté.
dimanche 15 février à 10 h 30 à Gaillac, place de la Libération
- A prévoir aussi les manifs du 21 février 2015 à Toulouse et à Nantes : 21fevrier2015.noblogs.org. Tout récent : le texte des occupant-e-s de la ZAD et du collectif Tant qu’il y aura des Bouilles appelant à rejoindre cette manifestation
Mardi
10 février
- Pique-nique à Sivens « pour lui dire je t’aime ! » – dimanche 15 février à 10 h 30 à Gaillac, place de la Libération.
- La lettre à la Commission d’enquête parlementaire sur les missions et modalités du maintien de l’ordre républicain dans un contexte de respect des libertés publiques et du droit de manifestation concernant les évènements des derniers week-ends, avec un rappel exhaustif des faits (on ne vous avez pas parlé de la voiture d’un riverain renversée par les miliciens, après être venue en aide à un copain en difficulté !), et signée par les sections tarnaises du PG, NPA, Alternatifs, PCF et EELV.
- Loi Macron : les députés approuvent un dispositif complexe pour simplifier le droit de l’environnement (Arnaud Gossement) ; ils fabriquent le droit de l’environnement, c-a-d la restriction organisée de la vie sauvage. Ce n’est pas une critique radicale, Gossement n’est pas Grothendieck !
A Sivens, les pro-barrage deviennent fous et renversent les voitures :
Une voiture renversée en représailles
Barrage de Sivens - Lisle-sur-Tarn (81)
Parce qu'elle a pris un zadiste à
bord, une sexagénaire raconte que sa voiture a été renversée
alors qu'elle était au volant./Photo DDM
La
violence peut-elle régler le dossier de Sivens ? Sûrement pas et
pourtant, chaque week-end, désormais, apporte son lot de dérapages.
Si chacun renvoie la faute vers l'État ou l'autre camp,
l'aveuglement dans les propos ou les actes, d'où qu'ils viennent,
peut faire craindre le pire. Les faits qui se sont déroulés
dimanche, une fois encore en attestent. Et ils concernent une
riveraine de la forêt de Sivens qui, selon son témoignage, n'a fait
qu'agir en citoyenne. Une riveraine de 60 ans qui, parce qu'elle
habite à proximité de la ZAD, dit «avoir toujours veillé à
rester neutre, le contexte étant difficile et les représailles
monnaie courante». Mais dimanche, elle s'est retrouvée au cœur de
cette haine qui monte les uns contre les autres.
«Je
venais de quitter mon domicile pour me rendre à Gaillac lorsque j'ai
aperçu un premier groupe d'hommes qui semblait assez agressifs.
Après les avoir dépassés, j'ai vu devant eux, une personne seule.
Manifestement, le marcheur allait se faire mettre à mal par le
groupe derrière lui. C'est la raison pour laquelle je me suis arrêté
à sa hauteur pour le faire monter. Sinon, c'était non-assistance à
personne en danger.»
Mais
c'est aussi le début des ennuis pour la conductrice, qui vient de
prendre à son bord un anti-barrage : «Le temps qu'il referme la
porte, trois hommes étaient devant ma voiture. D'autres sont arrivés
et ils ont fait basculer la voiture sur le toit et dans le champ
alors que l'on était à l'intérieur. Le temps de sortir par la
porte arrière et ils étaient partis.»
L'habitante
de Sivens dit ne pas avoir compris ce qui se passait dans l'instant.
«Mais maintenant, je ressens de la peur et de la colère. De la peur
par rapport à ce déchaînement de violences que je qualifierai de
primaire. Une violence gratuite et vengeresse. De la colère aussi
car ma voiture va partir à la fourrière».
Une
fois sortis, la conductrice et son passager ont alerté la
gendarmerie qui est venue constater les faits. La sexagénaire a
porté plainte pour dégradation et violences auprès des gendarmes
de Lisle (plainte confirmée par la gendarmerie).
Cette
habitante a souhaité témoigner pour que ces violences cessent. Mais
elle a souhaité aussi garder l'anonymat «de peur des représailles».
Dans
la vallée, c'est la quiétude que beaucoup aspirent à retrouver.
Mais sans passer par la vengeance.
Patrick
Guerrier
- La Dépèche.fr
Mercredi
11 février
- Des nouvelles des décisions de justice concernant les procédures d’expulsion en revue de presse
Infos du 16 au 22 Février
Vendredi
20 février
[Toulouse] Le 21 février nous reprenons la rue
Retour
des manifestants anti-Sivens samedi à Toulouse
24
heures avant la
grande manifestation nationale des «zadistes» à Toulouse,
l’inquiétude grandit en centre-ville, loin des revendications
récurrentes des contestataires.
Les
«zadistes» sont de retour. Demain, tous ceux qui estiment avoir une
«zone à défendre», les anti-Sivens bien sûr, mais également les
opposants à la future Technopole d’Agen ou à l’Aéroport de
Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), se sont donné rendez-vous
derrière la place du Capitole, à partir de 14 heures, dans un
square Charles-de-Gaulle qui s’annonce plein comme un œuf.
Combien
seront-ils seulement à se rassembler, ces «zadistes» qui auront
convergé depuis plusieurs points de France, d’Albi, d’Agen, de
Pau, mais aussi de Montpellier ou de Marseille ? Le rassemblement est
déclaré en préfecture, et, pour la première fois, la
manifestation devant s’ensuivre n’a pas été interdite, même si
celle-ci sera fortement encadrée par les forces de police (lire
par ailleurs).
Quelques
conseils juridiques | VOIR LE TRACT
Les
«zadistes» reviennent à Toulouse pour deux raisons officielles
majeures : la lutte contre le «monde des bétonneurs», mais aussi
celle contre les «violences policières», un point sur lequel la
préfecture n’aurait pas été alertée (lire
également par ailleurs).
Elsa, dont la main avait été atteinte par une grenade policière
lancée dans une caravane le 7 octobre 2014 (soit 19 jours avant la
mort de Rémi Fraisse), fait spécialement le déplacement depuis
Marseille. Elle et ses amis sont signataires de l’appel à la
manifestation de demain. Où ils haranguent clairement : «Il est
essentiel de rappeler que c’est l’État qui se place en agresseur
de par la violence sociale qu’il impose et la répression
systématique qu’il met en place. N’oublions pas que souvent des
lacrymogènes pleuvent avant les pavés…»
Centre-ville
à éviter
Le
ton est donné. Tant les promeneurs du samedi après-midi que les
commerçants, lassés par les manifs à répétition de l’automne
dernier (lire
ci-contre),
redoutent le retour des «zadistes». Hier, bon nombre de commerçants
commençaient déjà à se protéger d’éventuelles échauffourées
en installant des panneaux ou des rideaux protecteurs, sur l’ensemble
du parcours prévu de la manif [Rue
d’Alsace-Lorraine, boulevard de Strasbourg, Monument-aux-Morts, rue
de Metz, rue du Languedoc, place du Salin].
«On n’est pas à l’abri d’un défilé musclé en
centre-ville», confie ce propriétaire de boutique de prêt-à-porter
de la rue d’Alsace-Lorraine. Un centre-ville toulousain où il ne
fera sans doute pas bon circuler demain après-midi. Avec en
filigrane la menace éventuelle d’un nouvel arrêt du métro, cela
avait été plusieurs fois le cas en novembre.
Vers
une nouvelle course-poursuite provocation demain entre «zadistes»
et forces de l’ordre ?
«On
vient avant tout pour faire écho à la grande manif de Nantes de
l’an passé, en pensant aussi à l’actualité récente», glisse
Camille. Outre une première décision d’expulsion des «zadistes»
du 10 février, ceux-ci ont pris comme un camouflet la nouvelle
décision du tribunal d’instance d’Albi de lundi dernier de les
chasser de la «métairie», lieu emblématique de cette zone du
Testet/Sivens, qu’ils occuperont du reste dès le lendemain de la
manif de Toulouse. Toujours pour dire «non» au barrage de Sivens.
Le
mois de novembre dans le rétroviseur des Toulousains…
Demain,
les «zadistes» manifesteront pour dénoncer les violences
policières, dès 14 heures, à la sortie de la station de métro
«Capitole» (ligne A). Des manifestations aux revendications
similaires avaient déjà eu lieu l’automne dernier dans le
centre-ville toulousain pour dénoncer ces violences policières
survenues sur le chantier du barrage de Sivens, violences qui avaient
causé la mort du militant Rémi Fraisse. Ces manifestations,
souvenons-nous, avaient causé des dégâts importants, provoquant
l’arrêt total du métro et des bus pendant plusieurs heures. Des
perturbations qui avaient touché Toulouse durant trois samedis de
suite (les 8, 15 et 22), au grand dam des commerçants, qui
s’estiment aujourd’hui encore lésés par le manque à gagner
subi à quelques semaines des fêtes de fin d’année. Notons qu’au
lendemain de leur manifestation prévue ce samedi, les «zadistes»
se rassembleront sur la zone du Testet, dès dimanche matin «pour la
construction d’un chantier et pour poursuivre nos rencontres»,
précisent-ils dans un communiqué.
Xavier
Hurtevent et P.M.- LaDepeche.fr
Forte
mobilisation policière attendue
Selon
la préfecture, «un dispositif policier important» est attendu,
demain, dans les rues de Toulouse pour encadrer la manifestation des
«zadistes», prévue dès 14 heures, autour du square
Charles-de-Gaulle, derrière le Capitole.
Fin
novembre, l’un des derniers rassemblements avait mobilisé pas
moins de 400 policiers et gendarmes mobiles. Au cours de cette
manifestation, seize personnes avaient été interpellées pour des
dégradations en tout genre. Certains ont écopé d’une peine de
prison ferme.
Demain,
un hélicoptère de la gendarmerie, prêt à décoller en cas
débordement, viendra se greffer au vaste service de sécurité
déployé tout autour de la ville. Avec les CRS et les gendarmes
mobiles, des effectifs de la brigade anticriminalité (BAC), de la
compagnie de sécurisation et d’intervention (CSI) viendront
compléter le dispositif. Des modes d’intervention spécifiques
sont prévus pour parer à tous débordements et faire face à tout
début d’incidents.
Hier
matin, les services de la préfecture ont enregistré le dépôt de
déclaration de manifestation émanant du collectif des «zadistes».
Ce nouveau rassemblement intervient alors que la justice tarnaise
vient d’ordonner l’évacuation partielle d’un terrain occupé
par les anti-Sivens, où un projet de construction de barrage
cristallise toujours de fortes tensions. Ces manifestants se
rassemblent également demain pour afficher leur soutien à toutes
les «zones à défendre», en France.
F.
Ab. - LaDepeche.fr
«Le
contexte est très différent de novembre»
Olivier
Delcayrou, directeur de cabinet du Préfet de Région, revient sur le
dispositif mis en place à l’occasion de cette manifestation. Les
forces de l’ordre seront vigilantes mais l’inquiétude est
moindre qu’au mois de novembre.
La
manifestation prévue demain à Toulouse est-elle interdite par les
services de la Préfecture ?
Les
organisateurs de cette manifestation ont fait une déclaration auprès
de nos services avec un parcours en centre-ville depuis le square De
Gaulle, derrière le Capitole, jusqu’à la place du Salin, en
passant par la rue Alsace-Lorraine, le boulevard de Strasbourg, le
monument aux Morts, la rue de Metz et la rue du Languedoc. Ces
personnes se sont engagées, nous n’avions pas de raison de
l’interdire.
Doit-on
craindre, comme certains commerçants, des débordements similaires à
ceux que nous avons connus au mois de novembre ?
Le
contexte pour nous est totalement différent. D’une part parce
qu’il y a cette déclaration et d’autre part parce que c’est un
appel de soutien aux ZAD uniquement. Nous n’avons pas identifié de
velléités de manifestation contre les violences policières comme
au mois de novembre.
Le
dispositif policier sera-t-il pour autant plus léger ?
Il
y aura un dispositif important mais je ne peux pas vous donner de
chiffres à ce sujet. Nous serons vigilants. Le dispositif sera
déployé tout au long du parcours pour assurer à la fois la
sécurité des manifestants et celle des nombreux passants qui
risquent d’être présents ce samedi en centre-ville. Il y aura du
monde sur le terrain. Le Préfet lui aussi sera présent en salle de
commandement.
À
cet égard, invitez-vous les Toulousains à ne pas se rendre dans le
centre-ville ce samedi ?
Non
pas du tout, comme je vous l’ai dit, le contexte est différent de
celui de novembre.
Combien
de manifestants sont attendus ?
Il
est difficile aujourd’hui (N.D.L.R., hier) de savoir s’il y aura
beaucoup de personnes. Le chiffre de la participation est difficile à
évaluer.
propos
recueillis par Claire Lagadic – LaDepeche.fr
- « La Zone humide s’enflamme » : un reportage de Taranis.news :
Dimanche
22 février
Appel à GRAND CHANTIER PARTICIPATIF ce Dimanche 22 février dès
11h sur la Zad du Testet !!!
Pic-nic sur la zone et CONSTRUCTIONS de nouveaux lieux de vie.
Dès maintenant, appel à apporter tout au long de la semaine à
la Zad le matériel que vous pouvez offrir (et bien entendu Dimanche
22) Besoin de nombreux matériels, (liste ci-dessous*), de vos
savoir-faire en construction d’habitats durables ou légers tels
que cabanes, flex-yourtes. Charpentiers et autres artisans bienvenus,
ainsi que vous tous-tes !
Appel général à toute votre bonne volonté, bonne humeur et
enthousiasme pour réussir ensemble ce chantier de construction.
S’ils ont massacré la forêt, la zone humide est bien vivante,
que la vie pousse dessus
Infos du 23 Février au 1er Mars
Lundi 23 février
- Les élus emmenés par Lherm sortent déçus de leur rencontre avec le préfet : cela doit vouloir dire qu’on ne va pas se faire expulser dans les prochaines 48h !
- Une tribune libre de M. Costadau sur Sivens, dans le journal des Alternatifs du Tarn
- La commission spécialisée sur la démocratisation du dialogue environnemental débute ses travaux : niveau foutage de gueule, ça vaut des points !
Mardi
24 février
Cette
semaine, deux moments pour soutenir les copains et copines qui
passent en justice: mardi 24 à 14h au tribunal d’Albi pour
soutenir A. et le jeudi 26 même lieu, même heure pour le procès
de Catherine et Manon coupables de calinades en pleine
manif…Alors on remet tous cela ce jeudi : attaque de calins sur
Albi ! Le lien
internet est ici…
D’actualité
aussi, le dialogue que l’on essaie de renouer avec nos voisins
« anti-zadistes ». Ils se laissent désirer alors que
l’on souhaite les rencontrer. On vous en a déjà parlé (voir par
exemple ici),
voici le dernier épisode en date… Dans le même ordre d’idée,
un texte qu’un copain de retour des Chambarans nous a fait parvenir
: « Retour
des Chambarans, quelle guerre voulons nous ? »
A
noter le
dernier post du blog « Les eaux glacées du calcul égoïste »,
sur Sivens avec une analyse globale et politique intéressante comme
toujours. Vous y trouverez le lien vers le
courrier adressé tout récemment par le collectif Testet aux
conseillers généraux du Tarn.
Mercredi
25 février
EXCLUSIF - Des vestiges archéologiques retrouvés sur le site du barrage de Sivens
En
septembre dernier, Reporterre
révélait
que les travaux du barrage de Sivens n’avaient pas pris en compte
la loi sur l’archéologie préventive, en dépit des indices de
présence archéologique au Testet. Nous sommes aujourd’hui en
mesure d’affirmer qu’il existe des traces archéologiques
effectives sur la zone. Des fouilles devraient être entreprises.
Lisle-Sur-Tarn,
reportage
27 octobre
2014 au matin, sur la zone humide du Testet, près de l’endroit où
le jeune Rémi Fraisse a été tué par la police la veille. Alors
que partout l’on cherche à recueillir le plus d’éléments
possible sur les circonstances de sa mort et que la police
scientifique se fait attendre, nous croisons la route de Sabine
Puech, habitante de la région et archéologue à l’Institut
national de Recherches Archéologiques Préventives (INRAP)
de Toulouse.
Aucun
diagnostic archéologique n’a jamais été conduit
« J’ai
été appelée par une connaissance qui a trouvé des fragments
abondants de terre cuite dans les tranchées »,
dit-elle. Ces tranchées sont les excavations creusées à la pelle
mécanique par les promoteurs du barrage. Elles mesurent environ deux
mètres de largeur sur trois mètres de profondeur, délimitant les
zones de chantier. En y regardant de plus près, la scientifique
décèle sur 1,5 mètre de profondeur et plusieurs mètres de large
un nombre important de tuiles et de fragments divers.
« Il
est très difficile d’évaluer à l’œil la datation d’un
fragment et son origine ainsi que le contexte dans lequel il est
découvert, c’est-à-dire la fonction du lieu, surtout quand on ne
peut observer que des coupes de tranchées écroulées »,
explique-t-elle. Elle récupère néanmoins quelques fragments
qu’elle présente à ses collègues quelques jours plus tard.
L’un
d’entre eux, Pierre Marty, assistant d’étude dans le même
Institut et spécialiste de la céramique antique, indique à
Reporterre
avoir repéré dans les échantillons recueillis « des
tessons, des fragments de vase ainsi que des morceaux de terre cuite
architecturale et des briques d’habitation ».
De quand datent-ils ? La réponse est difficile à fournir
compte tenu « du
mauvais état de conservation de ces vestiges »,
mais le chercheur se risque néanmoins : « Ils
proviendraient soit de la fin du moyen âge, soit de l’époque
moderne, à partir de la fin du XVe
siècle. »
Le
chercheur tient toutefois à rester prudent : « Il
est extrêmement rare de pouvoir établir une origine précise avant
d’effectuer un diagnostic ».
Or, au Testet, aucun diagnostic archéologique n’a jamais été
conduit.
Vestiges
sous les pieds des gendarmes
Les
chercheurs de l’INRAP
ne sont pas les seuls à avoir retrouvé des témoins du passé.
Philippe, habitant d’une commune voisine, raconte avoir été avec
sa compagne sur la zone pour chercher. « Nous
avions déjà découvert des vestiges dans notre jardin ».
Le
25 octobre, le voilà sur place « à
chercher des fragments tandis qu’en face on voyait des échanges
musclés avec la police ».
Sur les collines situées au sud de la zone, « là
où tout a été décapé et décaissé et où l’on voit les
marnes, on a trouvé des morceaux de terre cuite, de tuile ancienne,
enfouies à au moins trois mètres de profondeur ».
Plus
bas, au milieu de la zone terrassée, Sabine Puech a de son côté
trouvé « le
fragment d’une anse d’un vase médiéval, ramassé hors
contexte »,
et donc isolé, même si « toute
la terre qui a été tassée à cet endroit provient de la zone
elle-même ».
Ironie
du sort : c’est la destruction en profondeur de la zone humide
qui a engendré la mise à jour de ces indices. Sous la zone de vie
des gendarmes, lieu de tous les affrontements, dans les tranchées
creusées qui délimitent le parking, Sabine Puech a également
constaté la présence d’une « structure
de type drain ou fossé qui traverse la tranchée à plus de
cinquante centimètres en dessous du sol »
mais dont la datation est indéterminée.
Dans
la même zone, l’archéologue a également recensé un « petit
niveau charbonneux, dans une couche où se trouvaient des fragments
de terre cuite, au minimum à soixante centimètres en dessous du
niveau du sol ».
Y aurait-il un lien entre cette présence charbonneuse et les amas de
tuiles ? « La
seule manière de le savoir serait d’ouvrir et de fouiller mais on
voit bien déjà dans ces quelques tranchées que le sol a été
occupé par le passé et que nous sommes susceptibles de trouver un
site archéologique dans la zone humide du Testet ».
Sans
aller aussi loin, il nous a suffi de visiter le musée Raymond Lafage
de Lisle-Sur-Tarn pour en savoir plus. Dans la plaquette Voyage
archéologique dans le canton de Lisle-Sur-Tarn,
on remarque qu’hormis la période de la préhistoire ancienne, on
trouve des traces de présence humaine aux environs immédiats de la
zone (moins de 500 m) durant toutes les périodes historiques, depuis
le paléolithique jusqu’à l’époque moderne. L’un des sites
médiévaux recensé est d’ailleurs localisé directement dans la
zone, probablement au lieu-dit Testet puisqu’il s’appelle « Saint
Pierre d’en Teste ».
Le
service régional de l’archéologie toujours aussi peu réactif
Lors
de notre précédente enquête, le conservateur régional, Michel
Vaginay nous avait répondu : « Nous
avons bien été saisis d’une demande de renseignements en 2008.
Nous avons évalué cette requête et au regard des éléments
fournis à ce moment-là en matière d’archéologie, nous n’avons
pas prescrit d’opérations archéologiques. »
Sa
réponse d’alors peut aujourd’hui être éclairée à l’aune
des statistiques interrégionales des Services Régionaux de
l’Archéologie (SRA).
Celles de l’année 2013 nous apprennent que si l’inter-région
Grand-Sud-Ouest est la plus grande en superficie, elle est aussi
l’une de celles qui, en proportion du territoire, opère le moins
de prescriptions de diagnostic archéologique préalable.
Corollaire :
le taux de fouilles reste lui aussi très faible, comparable à
l’Outremer qui dispose pourtant de moyens bien plus restreints,
bien que s’y ajoute la concurrence de sociétés privées
spécialisées dans le domaine et remettant en cause les missions de
service public en matière d’archéologie.
Contacté
par Reporterre,
Daniel Schaad, ingénieur au SRA,
indique « ne
pas être au courant de l’existence de ces indices ».
A la suite de notre description orale, il dit : « Ces
quelques indices ne traduisent pas la présence d’un site, d’autant
qu’ils ont l’air plutôt récents. Sans les avoir en visuel, je
ne peux vous dire grand-chose de plus ».
Seul
moyen pour qu’un éventuel diagnostic archéologique soit établi :
« Il
faudrait que l’on découvre vraiment un énorme site incomparable,
dans le cas présent, je crois qu’il faut être raisonnable ».
La
raison du manque d’intérêt du site du barrage : « Ce
n’est pas la taille du projet qui détermine le fait ou non de
prescrire un diagnostic. La retenue de Sivens se trouve en entrée de
vallon, ce n’est pas une zone à grand risque. En revanche, nous
demanderons probablement un diagnostic en aval, lorsque, si le
barrage se fait, des agriculteurs voudront mettre en place un système
d’irrigation ».
Il
lui aurait pourtant suffit de regarder les courriers envoyés par ses
propres archéologues pour en tirer la conclusion inverse.
La
question doit dans tous les cas être reposée avant le 6 mars
prochain : le Conseil général veut alors adopter une nouvelle
mouture du projet, déplaçant de 300 mètres en amont le chantier du
barrage, et le positionnant de ce fait en plein dans la zone
susceptible de contenir des traces archéologiques.
Grégory
Souchay - Reporterre
- Menacé par les milices des pro-barrage
La fnsea/fdsea/frsea et les jeunes agri-tueurs vont tenter bloquer la
ZAD :
http://www.lafranceagricole.fr/actualite-agricole/retenue-d-eau-de-sivens-les-fdsea-et-ja-de-midi-pyrenees-vont-bloquer-le-site-100794.htm
« Afin de s’assurer que l’Etat
prenne bien ses responsabilités et fasse effectivement évacuer le
site, la FDSEA, les JA du Tarn, la FRSEA et les JA de Midi-Pyrénées
ont engagé avec les huit FDSEA et JA de Midi-Pyrénées un blocage
de la Zad (ndlr : zone à défendre) pendant toute la semaine du
2 au 6 mars. Chaque département bloquera le site sur une journée,
ce lundi 2 mars ce sera le tour de l’Aveyron, le Tarn se chargeant
de maintenir le blocage pendant les nuits », indique jeudi
un communiqué de la FDSEA de l’Aveyron
Pour Sivens, c’est maintenant !!! Semaine déterminante !
Besoin
de personnes motivées sur la ZAD du Testet pour résister à la
pression policière et milicienne. Ramenez-vous dès que possible !
-Rassemblement
mercredi 4 mars à Gaillac, place de la libération à 14h
pour un départ en convoi alimentaire vers la ZAD dans l’après
midi.-Rassemblement
vendredi 6 mars à 10h à Albi devant le Conseil Général
pour une soupe populaire et conviviale au moment où sera discutée
la relance du projet de Sivens.
La
ZAD est en danger, menacée par la collusion entres des milices et
les forces de l’ordre. Nous nous attendons à une expulsion à
partir du samedi 7 mars ou jours suivants. En attendant, dès le
lundi 2 mars, jour et nuit, les pro-barrages, par le biais de la
FDSEA et des JA (Jeunes Agriculteurs de la FDSEA) prévoient le
blocage des entrées et sorties de la ZAD. Chaque jour, une
délégation par département se mobilise, celle du Tarn assurant une
présence chaque nuit. La pression se fait de plus en plus forte.
Depuis début février, les agressions se sont multipliées. Des
blocages se sont mis en place avec voiture retournée (avec des
personnes à l’intérieur), pare-brises éclatés, personnes
menacées ou frappées, affaires personnelles brûlées avec
l’approbation des gendarmes, racket de denrées alimentaires dans
les voitures. On a besoin de soutien !! S’il semble acté que
le projet initial est abandonné, il n’en reste pas moins que les
deux scénarios alternatifs proposés restent inacceptables. En
effet, ces deux projets restent sur la zone humide, ces deux projets
surévaluent les besoins en eaux, ces deux projets continuent de
servir les intérêts des pouvoir locaux et ces deux projets restent
dans une logique de destruction. On ne lâche rien !
Pour
rejoindre la zone, contacter l’Infozad : 06.78.57.37.60
Les
bouilles et les occupants, le 1er mars 2015
ZAD
des Chambarans
- ROYBON – 38
- ROYBON – 38
Infos du 2 au 8 Février
Lundi
2 février
[Chambard dans les Chambarans] 2. Les vérités qui dérangent parcourent des chemins difficiles
Les vérités qui dérangent parcourent des chemins difficiles
De l’internement forcé à l’enfermement volontaire dans le Chambaran
Dans
leur histoire, les Chambarans ont abrité de nombreux et multiples «
indésirables ». Tout le monde connaît ici la Résistance qui s’y
organisa dès le mois de juillet 1940 : quelques valeureux dissidents
et « indésirables » aux yeux du régime de Vichy y constituèrent
un maquis [Cf.
Le
Bataillon de Chambaran
de Pierre Deveaux ou encore le mémorial
du maquis du Chambarand
qui se trouve près du camp militaire et ancien camp d’internement.
La Résistance est très souvent glorifiée. Toutefois on oublie
souvent de penser que les résistants comptaient dans leurs rangs des
membres et sympathisants nationalistes et royalistes comme par
exemple les anciens comploteurs cagoulards qui, en partie,
s’engagèrent, dès les premières heures, contre l’envahisseur
étranger.].
Mais très peu de personnes savent qu’en l’an III de la
République, des « fanatiques » et des « prêtres réfractaires »,
selon l’agent national de la commune de Roybon, y préparaient la
contre-révolution [«
[…] le fanatisme augmente, l’indiscipline se propage, la
contre-révolution se prépare, et bientôt cette commune isolée à
l’aide des prêtres réfractaires deviendroit un second noyaux de
la Vendée. » (Arch. dép. Isère)].
Cet agent a probablement exagéré, et la situation ne fut sûrement
pas aussi insurrectionnelle qu’il ne le laissa entendre. Bien qu’on
célébra à Bressieux, non loin de Roybon, une messe en présence de
quelque deux milles « fanatiques », en toute illégalité, il ne
s’agissait ici que d’un attroupement de femmes qui alla sonner,
par deux fois, l’angélus et, de quelques chants contre les prêtres
constitutionnels. La mémoire reste néanmoins très sélective.
L’internement
des « indésirables » durant la guerre 1939-40 dans le Chambaran
est peu connu des historiens. Tal Bruttmann, chargé de mission
auprès de la Commission d’enquête de la ville de Grenoble sur les
spoliations des biens juifs, nous dit même : « on ignore tout de
ces huit camps [Chambaran, Arandon, Saint-Savin, Vif, Roybon, Prémol,
Vienne et Bourgoin] ayant existé durant cette première période de
l’internement en Isère, notamment parce qu’il ne subsiste guère
d’archives. Gérés par l’armée, leur fonctionnement demeure
très largement étranger à la préfecture de l’Isère. De plus,
en juin 1940, face à l’avancée allemande, préfecture et
sous-préfectures du département ont procédé à la destruction des
archives les plus sensibles, dont probablement celles traitant de
l’internement. ». Nous pouvons toutefois penser que ce ne sont
peut-être pas les seules raisons qui ont fait méconnaître
l’histoire des Chambarans durant cette période d’internement
forcé… Il y a certainement des faits honteux et gênants sur
lesquels il fallait savoir se taire.
En
1938, la IIIe République de Daladier décide, à titre préventif,
d’enfermer dans les camps les étrangers « indésirables »
[L’actualité
révèle malheureusement que la République exige une nouvelle fois
de rassembler certains « indésirables » étrangers. Une nouvelle
fois des fonctionnaires établissent des fiches et des dossiers. Une
nouvelle fois des gendarmes viennent chercher les « indésirables »
jusqu’à la porte des écoles. Des directeurs d’écoles et de
Centres régionaux des œuvres universitaires et scolaires (CROUS)
collaborent aujourd’hui à cette ignominie. Cette fois-ci, il
s’agit d’envoyer ces nouveaux « indésirables » dans des
centres de rétention et ensuite de les expulser. Cette manière
d’agir est bien évidemment honteuse et criminelle.],
et notamment, à partir de la déclaration de guerre, les réfugiés
allemands ; ceux qui avaient fui, dès 1933, le IIIe Reich d’Hitler.
À partir de septembre 1939, jusqu’à sept cent cinquante
ressortissants allemands et autrichiens [Le
nombre des ressortissants nous est donné par l’ouvrage Les
Barbelés de l’exil.
Parmi ces exilés qui se retrouvèrent internés dans les Chambarans,
il y eu Wilhelm Münzenberg, un des fondateurs du KPD (parti
communiste allemand), un idéologue et un théoricien dans l’art de
la propagande au sein du komintern
durant l’entre-deux guerres. Personnage assez retors, il fut le
chef d’orchestre du monde des « compagnons de route », ces
intellectuels et artistes non communistes qui combattirent
l’anticommunisme. Il est celui qui instrumentalisa l’affaire
Sacco et Vanzetti contre les États-Unis et qui par conséquent causa
la destruction du mouvement anarchiste américain. Münzenberg «
inventa » l’antifascisme pour des raisons tactiques. Avec son
Livre
brun sur l’incendie du Reichstag et la terreur hitlérienne,
il imposa au monde la version du complot nazi dans l’incendie du
Reichstag du 27 février 1933. Expulsé du KPD et du komintern
au moment des grandes purges staliniennes, on le retrouvera mort une
corde autour du cou, au pied d’un chêne, le 17 octobre 1940 (selon
le rapport de gendarmerie), dans le bois de Caugnet entre
Saint-Antoine l’Abbaye et Montagne, près de Saint Marcellin. La
mort de Münzenberg remontait probablement autour du 21 juin 1940,
date de la fuite du camp de Chambaran favorisée par la débâcle de
l’armée française devant l’avancée de l’armée d’occupation
allemande.]
rempliront le « camp de concentration de Chambarand » [Ces
termes étaient utilisés par un des fonctionnaires de la préfecture
de l’Isère chargés des dossiers concernant les étrangers
bénéficiaires du droit d’asile dans le camp de Chambaran. Notons
que l’on écrivait dans ces années-là indifféremment Chambaran
et Chambarand.]
à l’intérieur même du camp militaire existant depuis 1881, près
du village de Viriville [Le
camp de Chambaran accueille « tous les corps de la 5e Région
militaire pour l’entraînement et les exercices de tir : régiments
professionnalisés y compris gendarmes et CRS » (Histoire
des communes de l’Isère
– 1988).].
Beaucoup de juifs allemands et autrichiens furent conduits de
Chambaran au camp d’Arandon non loin de Morestel toujours en Isère
[Cf.
Et
ils partirent pour la guerre
de David Vogel. Selon ce roman autobiographique, 400 juifs
autrichiens et allemands furent conduits du camp de Chambaran au camp
d’Arandon où se trouvait l’auteur à ce moment là.],
qui fut, durant cette période, un des camps des plus durs.
Le
pacte germano-soviétique venait d’être conclu (le 23 août 1939)
lorsque la France et la Grande-Bretagne déclarèrent la guerre à
l’Allemagne (le 3 septembre 1939). Le Parti communiste français
fut dissous (le 26 septembre 1939) pour allégeance à Moscou et
propagande contre la « guerre impérialiste ». Du fait de l’accord
entre Staline et Hitler, il était suspecté d’agir en intelligence
avec l’ennemi allemand. Les communistes du PCF seront recherchés
et internés en tant qu’« indésirables » français, comme le
prévoyait la loi du 18 novembre 1939 [Lire,
sur le site
http://www.dordogne-perigord.com/fr/histoire_culture_tradition/histoire/sablou/sablou14.asp,
l’article sur la Situation
du Parti communiste français en 1939
écrit à partir de la thèse de 3e cycle soutenue par Guillaume
Bourgeois en 1983 : Communistes
et anticommunistes pendant la drôle de guerre.].
Certains de ces « indésirables » français furent envoyés au camp
d’internement de Roybon [Ce
fut le cas de Nestor Calonne qui, selon le Dictionnaire
Biographique du Mouvement Ouvrier Français (1789-1939)
de Jean Maîtron, fut interné au camp de Roybon. Nestor Calonne
deviendra sénateur peu après la guerre et le restera jusqu’en
1958.].
Après la fermeture du camp de Roybon en 1940, beaucoup furent
transférés dans celui de Fort-Barraux, près de Pontcharra [Selon
différents dossiers les « indésirables » français affectés à
la 5e Compagnie Spéciale de Travailleurs Militaires, plusieurs
internés partirent de Roybon le 2 juin 1940 pour Saint
Vincent-les-Forts, puis à Luitel pour ensuite rejoindre le camp
d’internement de Fort-Barraux le 15 août 1940. Le camp
d’internement de Fort-Barraux fut dirigé à partir d’octobre
1943 par le très zélé François Risterucci, qui sera le dernier
condamné à mort pour faits de collaboration et sera exécuté le 29
décembre 1946 dans l’Isère.].
Bien
des raisons, dont les pressions qu’ils subirent de la part de
l’armée française, ont contraint des Algériens à s’engager à
ses côtés durant la guerre d’Algérie. En 1962, considérés
comme des traîtres dans leur pays, les Harkis durent s’exiler en
France. Certains de ces « indésirables » se retrouvèrent à
Roybon où deux camps furent mis à leur disposition afin qu’ils
travaillent dans les forêts domaniales de Chambaran pour le service
des eaux et forêts de l’Office
national des forêts.
Terre
d’asile et de détention, les Chambarans deviendraient-ils
aujourd’hui une région vouée au tourisme industriel ? Il
semblerait que cela soit souhaité. Certains opposants au projet de
la décharge ont cru voir une aubaine lorsqu’ils apprirent que
cette forêt qu’ils avaient défendue contre le pire, devait
accueillir un Center
Parcs.
Ils voyaient là l’épouvantail qui devait éloigner toutes leurs
inquiétudes : la décharge ne pourrait exister si la région
développait un tourisme de masse ! Il y a chez nos contemporains une
manière très particulière de défendre leur opinion. Ils ne
raisonnent plus en terme d’idées ou de volontés individuelles et
collectives. Ils calculent et rationalisent selon la méthode du
lobbying.
C’est-à-dire qu’ils iront toujours dans le sens du pragmatisme
et en fonction du « réalisme » le plus désastreux. Et ils sont
prêts à renoncer à ceci pour peut-être
ne pas avoir à supporter cela. Misérable époque !
Misérable
époque où l’on considère, aussi paradoxal que cela paraisse,
l’enfermement comme étant un refuge, une manière de passer le
temps des vacances à l’abri de toutes craintes. L’enfermé n’est
pas ici « l’indésirable » bien sûr, mais celui qui cherche à
se protéger de ce dernier ; « l’indésirable » étant la société
dans son ensemble, c’est-à-dire aussi l’autre, l’étranger,
l’inconnu, vous, moi … ceux qui habitent ici dans les Chambarans
et qui accueillent les bras ouverts ce Center
Parcs.
«
Il faut s’imaginer dans une grande réserve d’animaux où les
animaux c’est nous. […] Pas de voiture dans l’enceinte. Pour
entrer et sortir, il faut montrer patte blanche. On est sur une autre
planète et tout est fait ici pour être bien. Pas de tracasserie ;
juste un porte-monnaie bien rempli », nous raconte un client du
Center
Parcs
du lac d’Ailette. Le directeur marketing du Center
Parcs
des Bois Francs près de Verneuil-sur-Avre nous l’expliquait, il y
a déjà quelques années : « nous proposons une succession de
bulles. Le cottage,
le confort d’un chez soi ; la bulle du paradis aquatique tropicale,
chaude, sécurisante ; le domaine lui-même, clôturé. Dans ce monde
bon enfant, sans violence, on baisse d’autant plus volontiers la
garde que l’on côtoie des gens qui viennent habiter là en famille
». « Les enfants peuvent même aller faire les courses tout seuls »
nous confirmait une responsable de ce même centre. Ce monde clos et
rassurant offre l’occasion de renouer avec une existence familiale,
si difficile à l’extérieur. Dans une société parcellaire et
sans attaches, où il est de plus en plus impossible aux familles
d’exister durablement dans une vie quotidienne morcelée par les
obligations et l’urgence, entre le bureau ou la salle blanche, les
transports, l’école et les multiples « activités extrascolaires
» des enfants, la consommation et la culture de masse, les vacances
assistées et son tourisme sans répit, il était nécessaire que le
marché proposât à nos contemporains dépossédés de tout, un
espace totalement modelé à l’écart de la vie réelle où ils
peuvent consommer la représentation d’une manière de vivre
harmonieusement en famille. Le Center
Parcs
nous offre cette « mise en fiction du monde témoignant des
difficultés à conjuguer les vraies relations sociales » : « le
vélo, les courses, tout baigne, comme dans la bulle tropicale. On
joue à la famille parfaite, les parents sont attentifs, les enfants
sympas… » Ici la vie est « entre parenthèse » nous dit
l’anthropologue Marc Augé. Ces centres permettent à leurs clients
de s’isoler, de se « retirer du jeu » nous dit le directeur
commercial de Center
Parcs…
« La réalité est trop peu satisfaisante pour le Français : la vie
artificiellement recréée est plus belle et plus sûre, estime le
sociologue Gérard Mermet. L’engouement pour ces « paradis
artificiels » démontre leur incapacité à se situer dans le monde
dans lequel ils vivent. » [Les
citations de ce paragraphe sont pour la plupart tirées de l’article
Les
« mondes artificiels » attirent toujours plus de vacanciers
de Pascale Krémer paru dans le journal Le
Monde
du 22-23 décembre 1996, et de l’article Ces
lieux où le réel copie la fiction – Un ethnologue à Center Parcs
de Marc Augé paru dans le journal Le
Monde diplomatique
du mois d’août 1996. La citation du client du Center
Parcs
du domaine du lac d’Ailette est tiré de la page :
http://www.ciao.fr/Center_Parcs_domaine_du_lac_d_Ailette__Avis_1017562]
Cette
incapacité
à se situer dans le monde dans lequel nous vivons
est une caractéristique de notre effondrement social. Une société
qui ne partage aucun projet commun, excepté celui de produire et
consommer des marchandises, a besoin de se forger une idéologie
basée essentiellement sur l’argent et le travail. Il lui fallait
toutefois, jusqu’à présent, qu’elle se trouve une identité,
des références historiques, une mémoire basées sur d’autres
valeurs communes. À l’est, comme à l’ouest, l’histoire
officielle glorifiait ses valeurs, mais aussi un passé qu’elle
remodelait à sa convenance ; la mémoire reconnaissant certains
événements et certaines situations plutôt que d’autres.
Aujourd’hui, dans notre société marchande devenue globale et
totalitaire, l’histoire officielle magnifie toujours un passé
idéalisé ; mais elle ne cherche plus systématiquement à cacher
cette vérité qui pouvait apparaître si subversive auparavant. Et
puisque la réalité entache et contredit l’histoire officielle, la
communication
se consacrera à la couvrir d’un voile afin d’amoindrir ses
effets néfastes. La vérité et la contre-vérité éclateront en
soubresauts, par scoops
successifs qui paradoxalement n’auront généralement que peu de
conséquence dans le temps. Chaque scoop balayera le précédent, si
bien qu’il restera dans la mémoire collective l’illusion que
chacun détient une certaine vérité ; qu’aucune vérité n’est
réellement tranchée ; qu’elle serait subjective. Mais peut-on se
représenter une vérité, si la société ne la reconnaît pas comme
telle ? Peut-on avoir
raison si personne ne nous donne
raison ?
Dans
leur folle
solitude,
nos contemporains se retrouvent sans aucun véritable repère face à
leur présent dont ils ne savent plus quoi penser ; prêts à croire
qu’une terre forestière chargée de son histoire et de son essence
serait semblable à une zone touristique et artificielle. Prêts à
admettre que pour protéger les Chambarans, il suffirait de les
détruire.
Henri
Mora (correspondance),
le 29 septembre 2008
[Chambard dans les Chambarans] 3. Des ordures dans un couloir
Des
ordures dans un couloir
Il
n’est pas fréquent qu’un conflit donne raison aux opposants à
un projet d’intérêt public. Et lorsque nous considérons la
contestation qui s’est maintenue sans répit durant 15 années
contre la décharge d’Izeaux, nous pouvons prétendre que la
victoire sourit aux audacieux et aux obstinés.
À
partir de février 1989 — date à laquelle la préfecture
autorisait la société Lély
et fils
à exploiter à Izeaux un Centre d’enfouissement technique (CET)
[L’appellation
a évolué avec la réglementation. Le Centre d’enfouissement
technique (CET) de classe 2 est devenu le Centre de stockage de
déchets ultimes (CSDU) de classe 2. Suite à l’arrêté du 19
janvier 2006, les CSDU de classe 2 sont désormais appelés
Installations de stockage de déchets non dangereux (ISDND) de classe
2.]
de classe 2 — l’opposition locale n’a plus baissé sa
garde : elle séquestra durant toute une nuit le Conseil municipal
d’Izeaux. Elle détourna la circulation automobile sur le site des
carrières. Elle bloqua les accès à un rond-point, immobilisa
plusieurs TGV, occupa le site et empêcha l’entrée des camions à
ordures. Elle manifesta sur place et à Grenoble tandis qu’elle
entamait une bataille juridique avec l’exploitant [Cf.
l’histoire chronologique de cette opposition sur le site :
http://comitedizeaux.free.fr].
Le
préfet de l’Isère est allé jusqu’à dire : « À Izeaux on se
heurtait à un problème insoluble, qui provoquait de surcroît des
troubles à l’ordre public, des conflits tel que la sécurité des
personnes n’était pas assurée. » (Le
Dauphiné libéré
du 5 octobre 2005) [«
La décharge d’Izeaux n’aura jamais vraiment tourné, juste
quelques dépôts par-ci, par-là, très sporadiques. À peine les
camions de la Société Lély se présentaient-ils sur le site pour y
larguer quelques tonnes de déchets ultimes qu’une armada de
manifestants bloquait les entrées … et parfois les sorties »,
concluait le journaliste du Dauphiné
libéré
du 5 octobre 2005 qui annonçait la fermeture de la décharge. « Les
échauffourées durent depuis quinze ans entre opposants, exploitants
et gendarmes » ajoutait-il.].
Mais
les discours des hauts fonctionnaires ne sont que des masques qu’ils
appliquent sur leurs actions. Si le préfet de l’Isère a décidé
de reconnaître une défaite, c’est qu’il avait un autre lapin
dans son chapeau.
Il
fallait diluer les responsabilités et impliquer les « acteurs
locaux » pour proposer un autre site. L’ordre venait des
ministères. Madame Nelly Olin et Monsieur Nicolas Sarkozy,
respectivement Ministre de l’écologie et du développement durable
et Ministre de l’intérieur et de l’aménagement du territoire,
avaient adressé une lettre datée du 16 septembre 2005, à Monsieur
Michel Bart, préfet de l’Isère, dans laquelle il était dit :
«
Depuis une quinzaine d’années, l’exploitation de la décharge
d’Izeaux, autorisée en 1989, s’est heurtée à de très
nombreuses difficultés qui ont suscité d’importants problèmes
d’ordre public et qui en ont interdit l’exploitation normale.
«
[…] De l’analyse d’ensemble à laquelle il a été à nouveau
procédé de cette affaire, il ressort que la recherche, la création
et l’exploitation d’un nouveau centre de stockage sur un ou
plusieurs nouveaux sites, ne suscitant pas les mêmes interrogations
d’environnement pourraient seules permettre de résoudre ces
difficultés.
«
[…] une solution alternative à la décharge d’Izeaux doit être
trouvée dans un délai rapide, et au plus tard dans les six mois à
venir, de façon à permettre ensuite l’instruction de la nouvelle
autorisation et la réalisation du centre de déchets dans 2 ans.
«
[…] Bien entendu, le ou les établissements publics compétents
susceptibles d’intervenir ne le feront que si ce concours est
demandé par les acteurs locaux, dont notamment le Conseil général
de l’Isère. Le cas échéant, si d’autres questions le
justifiaient, le ou les services de l’État compétents pourraient
être sollicités dans les mêmes conditions. »
[http://sosdechets.net/IMG/pdf/Letttre_Sarkosy.pdf.
La plupart des documents concernant le projet de décharge de Roybon
est consultable sur le site de SOS Déchets
(http://www.sosdechets.net).]
Une
copie de cette lettre fut adressée à Monsieur André Vallini,
Président du Conseil général de l’Isère.
Qui
voudrait d’une décharge devant chez lui ? Personne évidemment !
Seuls ceux qui ont un intérêt dans cette affaire, et ceux qui ont
la responsabilité de la gestion des déchets, les exploitants et les
administrateurs au sens large, avanceront qu’il faut sacrifier un
territoire pour l’intérêt de tous et celui de l’environnement.
Selon le dire des décideurs, nous produisons tous des déchets qu’il
convient de traiter et d’enfouir. L’intérêt de la communauté
passe, ainsi, avant celui des quelques malheureux qui auront à
supporter directement les méfaits de ces nouvelles décharges ; leur
soumission dépendant de leur manque de détermination et de leur
faiblesse à manifester leur opposition. Pour mener à bien ce
dossier, les autorités devaient donc proposer une alternative qui
tienne compte de ces différents éléments. Il fallait encore
qu’elles se trouvent des alliés et proposent un emplacement assez
retiré. « Monsieur le Maire [de Roybon, monsieur Marcel Bachasson]
rappelle et précise […] qu’il a été informé officiellement
par monsieur le Préfet en juillet 2006 que l’État et le Conseil
général étaient conjointement à la recherche (autorisation
préfectorale mais compétence départementale) d’une solution
alternative à la décharge d’Izeaux (site fermé en cours de
démantèlement) [ ; ] que dans le cadre du Plan Départemental
d’Élimination des Déchets, un comité de pilotage associant
Monsieur le Préfet, la Fédération Rhône-Alpes de Protection de la
Nature (FRAPNA) [Totalement
intégrée au pouvoir de décision, la FRAPNA reconnaît avoir «
travaillé [au sein du comité de pilotage] avec le Bureau de
Recherches Géologiques et Minières pour la recherche d’un site
sur des critères très restrictifs, de façon à ne pas répéter la
même erreur que le choix d’Izeaux (décharge sur une nappe
phréatique) » (Isère
Nature
de septembre 2006).],
le Bureau de Recherches Géologiques et Minières (BRGM), la
Direction Départementale de l’Agriculture (DDA) … était chargé
de cette recherche et que les premières études laissaient entrevoir
une possibilité d’implantation sur 7 sites en Isère, dont 3 sur
la commune de Roybon » [Extrait
du compte rendu de la réunion du Conseil municipal du 20 octobre
2006
(http://pagesperso-orange.fr/mairie-roybon/Centre%20Stockage.htm)].
Roybon
se trouve en effet loin de tout axe routier et ferroviaire et loin de
toute concentration urbaine. Les probables opposants ne peuvent être
que peu nombreux et ne pourront pas mener les mêmes actions que les
opposants à la décharge d’Izeaux : pas de TGV ni de grands axes
routiers à bloquer !
Le
maire de Roybon ne vit pas alors d’un mauvais œil ce projet dans
sa commune : « … l’implantation d’un tel centre représenterait
pour la commune une rentrée supplémentaire de taxes et des aides
diverses substantielles pour la réalisation de nos projets. » [Les
membres du Conseil ajoutaient dans leur compte rendu de réunion
qu’ils restaient ouverts à la négociation sous conditions : le
Conseil se prononcerait favorablement si « des contreparties
financières sont données, permettant à la commune de faire face à
son développement, avec notamment des aides accrues au financement
de certaines réalisations nécessaires, en évitant d’accroître
la fiscalité (gymnase des Collèges, déversoir au lac,
requalification de la zone de loisirs, mise aux normes des voiries
communales, aménagement de la salle des fêtes … de la
mairie, des entrées du village, aménagement de la traversée du
village et des places, chaufferie bois, mise aux normes de certaines
voies départementale si le trafic le nécessite…) et inscription
de projets départementaux ou nationaux d’établissements
sanitaires demandés par la commune (établissement pour handicapés,
établissement pour personnes âgées dépendantes), aménagement de
l’hôpital, blanchisserie… »
(http://pagesperso-orange.fr/mairie-roybon/Centre%20Stockage.htm).
Sans vergogne, ils affichèrent ainsi le prix de leur abnégation.].
Le maire de Roybon et la FRAPNA n’avaient à ce moment là,
apparemment, que très peu d’objections à cette décharge. Il leur
suffisait qu’elle soit aux normes, que les eaux souterraines soient
protégées et que les déchets soient sous contrôle.
Le
vent a tourné lorsque le Conseil municipal « a constaté
l’opposition marquée d’une grande majorité des maires des
communes environnantes et celle de la plupart des associations de
défense de l’environnement »
(http://pagesperso-orange.fr/mairie-roybon/Centre%20Stockage.htm).
Voyant
la colère des maires des communes avoisinantes qui, contrairement à
elle, n’avaient rien à espérer de ce projet si ce n’est les
nuisances, et voyant l’opposition s’organiser, la municipalité
de Roybon fit volte-face et rejoignit cette opposition, donnant
finalement le 24 janvier 2007 un avis défavorable au projet
d’implantation d’une décharge sur sa commune.
Actuellement
une opposition ne paraît recevable que si elle fait des propositions
et si elle explique en quoi le projet en question n’est pas
acceptable dans le cadre d’une gestion de la société actuelle. On
ne pourra sûrement pas condamner un projet pour la seule raison
évidente que personne ne souhaite avoir devant ou à côté de chez
soi une montagne de déchets, fussent-ils ultimes ou non dangereux,
ainsi que la valse incessante des camions que cela engendre. La
société industrielle est grande productrice de déchets. De par sa
nature même, nous savons qu’elle ne se maintient qu’en
produisant toujours davantage, dans une fuite en avant. Par
conséquent nous savons qu’elle engendrera toujours plus de
déchets. Malgré cela, il semble impossible de la dénoncer en tant
que telle. On dira plutôt qu’il faut trier et recycler les déchets
et en réduire la quantité [On
demande à chacun de réduire ses déchets. Mais on sait que la
plupart de nos ordures ménagères sont constituées d’emballages
et de contenants : cartons, boîtes de conserve, papiers, plastiques
de toute sortes, bouteilles, etc. Ces emballages et ces contenants
doivent leur existence au seul fait que les marchandises sont
conditionnées par l’industrie, pour le transport et la grande
distribution… L’organisation industrielle du traitement de nos
ordures ménagères est une vaste tromperie. Les centres de stockage
des ordures ménagères ou d’incinération, les services de tri des
déchets et les industriels de leur valorisation dépendent
essentiellement de la quantité d’ordures qu’ils auront à
traiter. Ils ont tout intérêt à ce que nous en produisions
davantage. Leur environnementalisme n’est qu’un argument
commercial. Avant que l’environnement ne soit devenu la bonne et
fausse conscience de notre monde, ne pouvions-nous pas lire sur les
conteneurs et les camions de la société Lély
environnement
actuelle, l’enseigne Évac-ordures
? Il est pourtant indéniable que cette société s’emploie
davantage aux ordures qu’à l’environnement.
Jaunes, verts ou bleus, les conteneurs à la disposition des éco-citoyens, disséminés un peu partout sur les places, les parkings et le long des rues, sont autant de verrues qui enlaidissent nos villes et nos villages. Mais n’est-ce point ici le moindre des griefs que l’on puisse formuler contre le recyclage ? La valorisation des déchets est essentiellement critiquable de par le fait qu’elle devienne marchande et technicienne. Par conséquent son
objectif sera purement commercial et technique : pour un problème donné, on cherchera immédiatement une solution technique que l’on voudra commercialiser sans se préoccuper du problème social, humain et même environnemental, dans son sens le plus large. Parfois ces solutions techniques sont précipitées et ne répondent pas tout à fait aux attentes escomptées pour le long terme. L’important est avant tout d’innover afin d’ouvrir une nouvelle niche commerciale avant la concurrence. Les bouteilles plastiques, pour certaines des bouteilles d’eau minérale que l’on consomme parce que les nappes phréatiques sont polluées par les nitrates et les pesticides agricoles, sont recyclées pour devenir de la « laine polaire » qui deviendra impossible à recycler de nouveau. Le recyclage du papier désencré et blanchi au chlore (et oui !) donne des fibres de papier plus courtes et un papier de moins bonne qualité (ce qui ne permet qu’une dizaine de recyclages successifs, grand maximum). Le recyclage du verre pose aussi des problèmes car il est lourd et nécessite donc beaucoup de carburant pour son transport. Il faut le fondre à 1550°C pour le recycler, ce qui demande une grande consommation d’énergie. Il n’y a pas si longtemps les bouteilles en verre étaient consignées. Les industriels ont préféré ne plus organiser ce système de consignes jugé non rentable d’un point de vue commercial.]. On cherchera à formater les enfants à l’école dès leur plus jeune âge, espérant ainsi que les progénitures, nouveaux chiens de garde éco-citoyens, sauront éduquer les parents encore rétifs devant l’organisation si complexe qu’on leur demande de mettre en place chez eux et dans leur poubelle. On cherchera une nappe d’eau, une espèce végétale ou animale rare qu’il faudra à tout prix protéger et qui justifiera l’annulation du projet [L’ensemble de la « biodiversité » est menacé. On voudrait nous faire porter la responsabilité de cette catastrophe et nous montrer du doigt en nous demandant de réduire notre « empreinte écologique » alors même qu’on nous explique qu’il faut travailler plus et produire encore plus. Les contradictions de la société industrielle sont flagrantes. La disparition des espèces est bien plus dépendante de la dévastation et du morcellement des territoires que d’autre chose. Qui décide de construire une décharge ou un Center Parcs, avec toutes les conséquences que cela implique, dans un territoire vierge de tout grand aménagement sait qu’il réduira le territoire de toutes les espèces présentes. Il sait aussi qu’il participera par conséquent à leur extinction dans ce territoire dans un premier temps, et qu’il contribuera, à terme et en général, à l’appauvrissement de la diversité des espèces. Il ne faut pas crier au loup, après l’avoir invité à entrer dans la bergerie.].
Jaunes, verts ou bleus, les conteneurs à la disposition des éco-citoyens, disséminés un peu partout sur les places, les parkings et le long des rues, sont autant de verrues qui enlaidissent nos villes et nos villages. Mais n’est-ce point ici le moindre des griefs que l’on puisse formuler contre le recyclage ? La valorisation des déchets est essentiellement critiquable de par le fait qu’elle devienne marchande et technicienne. Par conséquent son
objectif sera purement commercial et technique : pour un problème donné, on cherchera immédiatement une solution technique que l’on voudra commercialiser sans se préoccuper du problème social, humain et même environnemental, dans son sens le plus large. Parfois ces solutions techniques sont précipitées et ne répondent pas tout à fait aux attentes escomptées pour le long terme. L’important est avant tout d’innover afin d’ouvrir une nouvelle niche commerciale avant la concurrence. Les bouteilles plastiques, pour certaines des bouteilles d’eau minérale que l’on consomme parce que les nappes phréatiques sont polluées par les nitrates et les pesticides agricoles, sont recyclées pour devenir de la « laine polaire » qui deviendra impossible à recycler de nouveau. Le recyclage du papier désencré et blanchi au chlore (et oui !) donne des fibres de papier plus courtes et un papier de moins bonne qualité (ce qui ne permet qu’une dizaine de recyclages successifs, grand maximum). Le recyclage du verre pose aussi des problèmes car il est lourd et nécessite donc beaucoup de carburant pour son transport. Il faut le fondre à 1550°C pour le recycler, ce qui demande une grande consommation d’énergie. Il n’y a pas si longtemps les bouteilles en verre étaient consignées. Les industriels ont préféré ne plus organiser ce système de consignes jugé non rentable d’un point de vue commercial.]. On cherchera à formater les enfants à l’école dès leur plus jeune âge, espérant ainsi que les progénitures, nouveaux chiens de garde éco-citoyens, sauront éduquer les parents encore rétifs devant l’organisation si complexe qu’on leur demande de mettre en place chez eux et dans leur poubelle. On cherchera une nappe d’eau, une espèce végétale ou animale rare qu’il faudra à tout prix protéger et qui justifiera l’annulation du projet [L’ensemble de la « biodiversité » est menacé. On voudrait nous faire porter la responsabilité de cette catastrophe et nous montrer du doigt en nous demandant de réduire notre « empreinte écologique » alors même qu’on nous explique qu’il faut travailler plus et produire encore plus. Les contradictions de la société industrielle sont flagrantes. La disparition des espèces est bien plus dépendante de la dévastation et du morcellement des territoires que d’autre chose. Qui décide de construire une décharge ou un Center Parcs, avec toutes les conséquences que cela implique, dans un territoire vierge de tout grand aménagement sait qu’il réduira le territoire de toutes les espèces présentes. Il sait aussi qu’il participera par conséquent à leur extinction dans ce territoire dans un premier temps, et qu’il contribuera, à terme et en général, à l’appauvrissement de la diversité des espèces. Il ne faut pas crier au loup, après l’avoir invité à entrer dans la bergerie.].
L’opposition
s’est bien sûr structurée. Un collectif de 18 communes s’est
constitué fin décembre 2006, contre ce projet en Chambaran. Une
pétition sur le site http://www.sosdechets.org/
compte de nombreuses signatures. Pour protester contre cette
décharge, les habitants du petit village de Brion ont boycotté les
élections législatives. Ce dimanche 10 mars 2007, aucun électeur
de la commune de Brion n’est passé par l’isoloir. L’urne est
restée vide [Cf.
Le
Dauphiné Libéré
du 11 juin 2007.].
Le Président du Conseil général, monsieur André Vallini chargé
par le préfet et les ministres de trouver et proposer un nouveau
site et qui, jusqu’alors, n’avait émis aucun avis défavorable
sur le site de Roybon, se prononce clairement contre ce projet. Il
adresse un courrier le 21 mai 2007 au préfet de l’Isère dans
lequel il déclare : « Je suis attaché à la forêt des Chambarans
et à cette région dont il faut à la fois préserver
le cadre naturel et développer l’attractivité touristique
[c’est moi qui souligne], et je vous demande donc de faire examiner
par vos services en toute transparence des solutions de stockage des
déchets dans les zones industrielles productrices de ces déchets et
bien connectées aux infrastructures routières. » [Cf.
document sur http://www.sosdechets.org/.]
C’est
peu dire qu’un nouveau projet était en train de naître dans
l’esprit de notre élu chargé de l’administration du
département. Une véritable politique départementale visant à
recycler et à refaçonner un territoire vierge de tout grand
aménagement venait de surgir. La presse locale nous apprenait le 15
décembre 2007 que le président du groupe Pierre
et Vacances
avait écrit officiellement à André Vallini pour lui annoncer que
le cinquième Center Parcs de France allait s’implanter dans les
Chambarans, à Roybon. Beaucoup se sont réjouis d’apprendre que
l’on voulait développer le tourisme dans les Chambarans. Tout
d’abord Monsieur Marcel Bachasson, maire de Roybon, toujours
alléché par la nouvelle manne que représenteraient les taxes liées
au permis de construire, la taxe foncière, la taxe professionnelle
et les autres taxes de séjour, se félicite et « mesure à quel
point 3500 ha de forêts vont être utiles ». Selon Jean-Michel
Revol (conseiller général de Saint Marcellin), « c’est un plus
pour la vitalité de nos territoires ». Et selon René Vette
(conseiller
général du canton de Saint-Étienne-de-Saint-Geoirs)
[http://sillon38.com/blog/2007/12/17/roybon-heureux-elu-de-pierre-et-vacances/],
« ça va créer un couloir touristique important ». Comment peut-on
se flatter de vivre dans un
couloir touristique important
?
Le
projet de décharge n’a toujours pas été abandonné. Certains,
avec André Vallini espèrent jouer la carte du tourisme industriel
contre celle des ordures industrielles.
Pour
l’instant les deux projets sont d’actualité. Les riverains se sont manifestés contre la décharge. Personne ou presque ne s’est déclaré publiquement contre le Center Parcs. Peut-être pense-t-on que les nuisances seraient moindres ?
l’instant les deux projets sont d’actualité. Les riverains se sont manifestés contre la décharge. Personne ou presque ne s’est déclaré publiquement contre le Center Parcs. Peut-être pense-t-on que les nuisances seraient moindres ?
Quant
à moi, je souhaite pour les Chambarans avec, je l’espère, ceux
qui les aiment pour ce qu’ils sont, ne jamais savoir ce que
préserver
le cadre naturel
veut dire dans la bouche de l’aménageur de couloir touristique.
Henri
Mora (correspondance),
le 13 octobre 2008
[Chambard dans les Chambarans] 4. On finit par avaler sa salive
Quand
on ne cesse de nous dire qu’il n’y a rien à faire, on finit par
avaler sa salive
Le
monde étant devenu une vaste galerie marchande, il était difficile
de penser que les Chambarans pussent passer entre les mailles du
filet à provisions. Les lois du marché auront finalement imposé la
raison d’être d’un nouveau Center
Parcs,
dans le bois des Avenières, à Roybon, avec ses bungalows, son
équipement aqualudique
sous cloche et ses loisirs préfabriqués. On nous annonce toujours
les bienfaits des projets proposés. Leurs laudateurs s’abstiennent
de nous dire de quoi nous priveront-ils. Ici, il s’agit de 150 ha,
et vraisemblablement davantage, qui seront retirés de la libre
circulation des promeneurs, des cueilleurs, et des sylvains. La
pratique de la chasse y sera naturellement interdite. Probablement
d’autres conséquences sont à craindre ; les inconvénients ne
sont pas toujours faciles à qualifier et à quantifier a
priori.
En revanche il est indéniable que la vie et les paysages que nous
connaissons aujourd’hui, ne seront plus. Les résultats du tourisme
de masse sur le littoral méditerranéen, ou encore dans nos
montagnes, témoignent de la désastreuse évolution à laquelle nous
pouvons nous attendre.
Le
15 décembre 2007, nous apprenions par la presse locale [Le Dauphiné
Libéré
du 15 décembre 2007. Selon le communiqué de presse du 17 décembre
2007, du Conseil général de l’Isère : « Pierre
et Vacances
envisage de consacrer l’année 2008 aux procédures
administratives, de débuter les travaux fin 2009 et d’ouvrir le
parc au printemps 2012. ». Nous apprenions donc, à la mi-décembre,
les intentions de nos décideurs. Mais ceux qui connaissaient le bois
des Avenières avaient pu remarquer les mois précédents (septembre,
octobre et novembre 2007), l’abattage de nombreux arbres formant
une allée de plusieurs centaines de mètres à l’intérieur même
du domaine envisagé. Aujourd’hui cette allée est devenue
carrossable… Monsieur Marcel Bachasson, maire de Roybon, se
serait-il joué de la
transparence
et des procédures officielles ?]
que la société Pierre
et Vacances
avait choisi la commune de Roybon pour construire un nouveau Center
Parcs.
Gérard Brémond, président de Pierre
et Vacances
confirma l’intention du groupe de bâtir ce cinquième complexe en
France. Gérard Brémond est considéré comme un pionnier dans le
domaine de la réalisation de stations de ski. Il est le premier à
avoir développé le principe de la station sans voitures, en 1967 à
Avoriaz. Un écologiste avant l’heure, penseront certains. Il est
celui qui a développé, dans les années 1980, le concept de «
nouvelle propriété » : son groupe fait construire des résidences
touristiques qu’il revend ensuite à des particuliers qui
bénéficieront de quelques avantages fiscaux. Le nouveau
propriétaire loue ensuite son bien au groupe Pierre
et Vacances
qui est chargé de trouver les locataires. Le groupe Pierre
et Vacances
fut introduit en Bourse en 1999 ; son chiffre d’affaire annuel
étant de plus de 1,5 milliard d’euros, en 2007. En 2005, le groupe
Pierre
et Vacances
rédigea avec la fondation mondiale de protection de la nature WWF,
une charte environnementale. Toute la presse adule ce personnage qui,
parti de presque rien, se retrouve en Europe, à la tête d’un
empire dans le domaine de l’immobilier et du tourisme blanc et
vert, respectueux
de l’environnement.
Il est un symbole de la réussite écolo-libérale.
Sur
le
terrain,
Avoriaz n’enchante vraiment pas tout le monde. Cette station se
trouve à 1800 m d’altitude sur le territoire de la commune de
Morzine en Haute-Savoie. Elle est effectivement interdite aux
voitures ; on s’y déplace à pied ou en traîneau à cheval.
Située au centre du domaine
des portes du soleil
qui compte 14 stations, elle permet aujourd’hui de skier sur un
domaine de 650 km de pistes. Chacun pourra imaginer ce que cela
signifie : les routes conséquentes et leurs bouchons, les immenses
parkings aux abords de la station qui permettent d’accueillir 2500
véhicules, la multitude de remontées mécaniques dont la dizaine de
télésièges débrayables débitant 3000 skieurs chacun par heure
vers le haut des pistes ; mais aussi le remodelage, le dynamitage,
les terrassements et le bétonnage de la montagne qu’impose chaque
projet d’extension. Une véritable horreur qui s’est développée
à l’ensemble du massif alpin ! On a ainsi offert la montagne aux
investisseurs et aux touristes. Les premiers s’enrichissent tandis
que les seconds s’adaptent en masse aux modes et consomment selon
les saisons. La forêt avait échappé à cette frénésie. Gérard
Brémond l’a désormais fait entrer dans la cour des grands.
«
La Drôme et l’Isère étaient en compétition pour accueillir
l’équipement » pouvait-on lire dans Le
Dauphiné libéré
du 15 décembre 2007. L’enjeu est en effet de taille : « […],
les équipements de loisirs – centre aqualudique, restaurants,
commerces, activités sportives… – occuperont la surface de
30’000 m². L’ensemble sera entouré d’aménagements paysagers
et [de] 1000 maisons. » Mille maisons !
Les
quelque quatre mille sept cents personnes [Selon
les estimations des professionnels et en reprenant leur jargon, les
1000 bungalows représentent 5000 lits qui, selon le taux de
remplissage annoncé, permettront d’accueillir en moyenne par
semaine 4000 touristes. 700 salariés seront présents sur le site
pour les recevoir.]
présentes continuellement sur le site ne manqueront certainement pas
de poser des problèmes dans ce village qui ne compte guère plus de
mille quatre cents âmes aujourd’hui. Pourtant, selon les élus, ce
projet serait de l’eau bénite : « Si le projet voit le jour, cela
profitera à l’ensemble des territoires des Chambarans, du Sud
Grésivaudan et de la Bièvre, notamment en terme d’emplois » [Le
Dauphiné Libéré
du 15 décembre 2007]
s’enthousiasme André Vallini, président du Conseil général de
l’Isère. Marcel Bachasson, maire de Roybon et conseiller général,
s’enflamme aussi : « Avec la présence de près de 4000 vacanciers
par semaine, cette implantation va également générer un volume
d’achats de près de 12 millions d’euros par an et forcément
engendrer de nombreuses retombées pour l’économie locale. On ne
pouvait rêver mieux » [Isère Magazine,
février 2008].
Un dossier réalisé en 2002 par les services du Conseil général du
Territoire de Belfort, pour un projet de Center
Parcs
dans ce département [Ce
projet a depuis été abandonné.],
avançait des propos beaucoup moins exaltants : « Il est manifeste
que la concentration dans quelques régions de la majeure partie de
l’activité touristique a contribué à transformer totalement
celles-ci, qui certes en vivent, mais ont vu en contrepartie
disparaître une partie de leurs caractéristiques propres. »
[Consultation de la population du 15 décembre 2002 – Implantation
de Center Parcs.
Ce dossier n’est plus consultable sur Internet. Je le tiens à
votre disposition.]
Dans
ce dossier qui concernait la construction d’un Center
Parcs
bien plus petit que celui qui est en projet pour Roybon, on
s’inquiétait de certaines conséquences :
«
La question de l’eau, pour un équipement de type Center
Parcs
est bien évidemment fondamentale. Au-delà de la consommation
journalière d’une population d’environ 3000 personnes, soit une
petite ville, et de 500 employés, l’ensemble des loisirs
aquatiques, en particulier ceux localisés sous la bulle tropicale,
en dépit des efforts de recyclage, nécessite des apports
journaliers importants. »
«
On estime, sur la base des constats effectués sur les sites
existants, qu’un site Center
Parcs
représente une consommation quotidienne de l’ordre de 650 m³
d’eau .»
Chacun
pourra apprécier et méditer en se souvenant peut-être de la
campagne de sensibilisation Je
sauve une goutte,
organisée il y a une quinzaine d’années par le Conseil général
de l’Isère.
Les
services du Conseil général du Territoire de Belfort qui
craignaient un impact notable sur la circulation du gros gibier, et
sur les lieux de repos des oiseaux migrateurs, ajoutaient dans ce
même dossier : « la présence en permanence sur le site d’environ
3500 personnes ne peut pas ne pas avoir un impact fort ; de fait
chacun des sites évolue d’un statut purement forestier à une
forêt de type périurbain » [Ibid.].
La
question de la circulation et du stationnement engendrée par un
Center
Parcs
est aussi une question préoccupante pour les habitants des communes
riveraines, comme pour ceux qui appréciaient cette forêt à l’écart
des routes à circulation. Dans les Chambarans, il s’agirait d’un
trafic de l’ordre de deux mille véhicules qui se croiseraient lors
des rotations,
sans compter les véhicules des salariés. Les petites routes de
campagne existantes seraient élargies ou encore aménagées en
routes à circulation ; des ronds-points apparaîtraient aux
intersections. Des parkings seraient construits, non seulement à
l’entrée de Center
Parcs,
mais aussi ailleurs. Ces nouvelles infrastructures routières, mais
aussi l’assainissement et le traitement des ordures du site,
comparables à ceux d’une ville de près de cinq mille habitants,
seraient pris en charge soit par le Conseil général, soit par la
communauté de communes, c’est-à-dire qu’ils seraient payés par
le contribuable. Il semblerait que cela déplaise. Mais seraient-ils
seulement à la charge de Gérard Brémond ou du touriste qu’ils ne
seraient pas plus enviables.
Nous
ne pouvons pas accepter moralement de travailler à n’importe quel
prix, contre notre conscience [Les
riverains ne peuvent pas, non plus, accepter moralement de vendre les
terrains utiles à ce projet, s’ils ont conscience de ce qui
adviendrait.].
Les élus, à l’esprit comptable et intéressé, chantent les
louanges du nombre d’emplois créés, du volume d’achats et de
toutes les taxes qui seraient engendrés par un Center
Parcs
à Roybon. Selon les panégyristes de l’argent et du travail à la
Shadok,
la destruction des Chambarans, les nuisances à supporter et la
soumission des riverains à de nouvelles conditions de vie ne
devraient pas peser sur la balance des décisions.
Les
mécontents finiront-ils par accepter l’idée qu’il ne s’agit
là que d’un problème comptable et qu’il leur faudra, malgré
tout, avaler leur colère et vendre leur âme au démon ?
Henri
Mora (correspondance),
le 27 octobre 2008
Publié
dans le
Jura libertaire
Vendredi
6 février
Des nouvelles du front (ZAD des Chambarans)
Ce
soir, aux environs de 20 heures 45, la guérite d’accueil de la ZAD
Roybon, installée à l’entrée du chemin communal menant à la
maison de la Marquise a entièrement brûlée, suite à un jet de
plusieurs cocktails Molotov. Cette attaque, n’est pas un simple
acte de destruction et fait suite à une série de jets de
projectiles sur cette même installation, servant chaque nuit
d’habitation, depuis le 30 novembre dernier.
Cet
incendie criminel, visant à détruire cette habitation, et à
atteindre l’intégrité physique de tiers de manière volontaire,
est ni plus ni moins qu’une tentative d’homicide.
Les
forces de l’ordre et le CDIS de Roybon se sont rendus sur place
suite à notre appel. L’intervention a commencée environ 1 heure
après cet appel. Rappelons que la commune de Roybon et la caserne de
pompiers sur place, sont à moins de 5 kilomètres du lieu de
l’incendie.
À
l’arrivée des militaires et des pompiers, nous avions déjà
maîtrisé l’incendie, par nos propres moyens, malgré les risques
que cela importe. Notre intervention a donc limité la propagation de
l’incendie.
En
début de semaine, le député de l’Isère, Jean-Pierre Barbier, a
interpellé le Premier Ministre, lui demandant d’évacuer la ZAD
Roybon et, d’interdire notre
rassemblement Open Barrikad. Nous avions fait en sorte de limiter
la communication de cet événement. Communication mise à mal par
cette intervention.
Dans
sa question au gouvernement, le député Barbier a notamment accusé
les gouvernants de « complicité » avec notre action de blocus du
chantier de Center Parcs. La réponse obtenue de la Ministre de
l’écologie laisse à entendre qu’aucune intervention n’aurait
lieu jusqu’à nouvel ordre. Cette intervention a provoqué un
certain émoi chez les plus extrémistes des pro-Center Parcs.
Suite
à ceci, mardi dernier au soir, une réunion de pro-Center Parcs
avait lieu dans une salle communale de Roybon, organisée par
l’association « Vivre en Chambaran » en présence du Maire du
village, M. Serge Perraud. Certaines personnes présentent y
auraient, selon plusieurs témoignages, clairement proférées des
menaces de violences physiques à notre encontre.
La
violence gratuite de ces personnes est intolérable. Nous sommes
aujourd’hui inquiets pour le bon déroulement de notre
rassemblement du week-end du 7, 8, 9 février.
En
effet, les pro-Center Parcs ont décidés d’organiser un
contre-rassemblement et promettent une action « spectaculaire ». Le
triste spectacle de ce soir ne nous laisse pas indifférents à ce
sujet.
De
plus, la société Alternative Sécurité, employé pour surveiller
la zone de construction du Center Parcs, continue de patrouiller,
nous épiant jours et nuits, et ce sur la voie publique. Nous
continuons de nous interroger sur la légalité de ces activités de
surveillance, les milices privées étant à ce jour toujours
interdites sur le territoire.
Nous
tenons à rappeler que notre manifestation est ouverte à toutes et à
tous. Cet événement se veut festif et familial. Nous souhaitons
qu’elle se déroule en paix, mais nous n’oublierons pas la
violence des actes de ceux qui s’en prennent à notre intégrité
physique, et menacent de fait nos vies.
Pour
Demain.
Samedi
7 février
NDA :
Chambard dans les Chambarans – 7 – de Henri Mora :
passionnant ! mais comme ça fait 10 pages, je ne peux que
joindre le lien - l’histoire des Chambarans et de Grenoble de 1939
(avec les réfugiés espagnols, allemands) à la fin de la guerre …
et le rapport avec maintenant. Du grand art.
Infos du 9 au 15 Février
7 et 8 février 2015, deux journées mouvementées sur la ZAD de Roybon
7
Février 2015, 10h30. Du monde malgré le froid pour cette journée
de construction sur la ZAD de Roybon dans la forêt de Chambaran.
Nous sommes près de 200 à avoir passé les barrages assez tôt pour
monter ensemble sur la colline, après quelques débats, parfois
tendres, parfois houleux, avec les quelques dizaines d’habitants
postés dans le village pour faire entendre leur soutien au projet.
Nous sommes rejoints toute la journée par de nombreux sympathisants,
venus soutenir cette action, et poursuivre la construction des
cabanes et des barricades.
Ce qui marquera cette journée, c’est l’attitude d’une minorité parmi les « pro », organisés pour faire monter la tension dans le village : barrages sur les routes d’accès à Roybon et à la ZAD, pression et insultes sur les personnes, 4x4 poursuivant des manifestants après leur départ et deux voitures brûlées en fin d’après-midi. Trois individus ont tenté une intimidation à la tronçonneuse devant une barricade. Sans succès. Aujourd’hui 8 février, les barrages étaient de nouveau en place. Dans la journée, les pro-Center Parcs ont attaqué physiquement plusieurs personnes autour de la ZAD.
Ce qui marquera cette journée, c’est l’attitude d’une minorité parmi les « pro », organisés pour faire monter la tension dans le village : barrages sur les routes d’accès à Roybon et à la ZAD, pression et insultes sur les personnes, 4x4 poursuivant des manifestants après leur départ et deux voitures brûlées en fin d’après-midi. Trois individus ont tenté une intimidation à la tronçonneuse devant une barricade. Sans succès. Aujourd’hui 8 février, les barrages étaient de nouveau en place. Dans la journée, les pro-Center Parcs ont attaqué physiquement plusieurs personnes autour de la ZAD.
Les
flics, présents depuis hier matin aux barrages des pro, partagent le
café avec eux. Ils ont joué leur rôle : ils ont laissé
faire. Des témoignages indiquent qu’ils ont également contrôlé
des manifestants dans des villages voisins, où des riverains sont
heureusement intervenus. Notez bien : gendarmes et pro-center
parcs sont désormais copains comme cochons. Mais ne nous laissons
pas intimider. La minorité qui organise ces blocages fait pression
sur les habitants comme sur les zadistes pour avoir gain de cause.
Ils prétendent défendre cette forêt, qu’ils viennent pourtant de
vendre pour une bouchée de pain. À Roybon comme dans les villages
alentour, nous avons rencontré bien des personnes qui avouent ne pas
oser manifester leur point de vue, de peur des représailles.
Et
pendant qu’une poignée d’excités joue les durs, ces messieurs
de Pierre&Vacances restent bien au chaud. De notre côté,
n’oublions pas notre objectif : nous nous opposons au
capitalisme, même repeint en vert, et à ses infrastructures
logistiques, industrielles ou touristiques. Comme face au TGV
Lyon-Turin, à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, à la retenue
de Sivens, notre lutte n’est pas un conflit de territoire entre
bons et mauvais, locaux ou extérieurs, c’est une lutte politique.
C’est l’une des formes de l’opposition à la colonisation par
l’économie de tous les domaines et tous les espaces. Ce fameux
« or vert » que représente l’intérieur du territoire
pour le capitalisme, nous comptons bien le défendre.
Les
recours juridiques n’y suffiront pas. Plus que jamais, les actions
collectives doivent se poursuivre et se multiplier sur la ZAD.
Rejoignez-nous.
Lapins
et écureuils unis contre Center ParcsCommuniqué
suite au weekend des 7 et 8 février 2015 sur la ZAD de Roybon.
Nous
appelons à témoigner des actions et agressions sur cette adresse :
lapins-ecureuils[arobase]riseup[point]net
- Le 9 février à 18:49, par #
2
bagnoles copains cramées dans la nuit du 7 au 8 février par des
pros center parcs 2
potes tabassés au visage par les pros 1
guérite de cramée par les pros Crevaisons
de pneus par les pros sous l’œil des GMs qui laissent faire les
fachos et qui ensuite repartent ensemble pour aller se réunir pour
parler ensemble hors zone...
Nous
avons les plaques et marques des véhicules, plus les photos qui
devraient tourner prochainement.
Rebellyon.info
Un
autre récit plus détaillé du week-end avec photos par « les
mutins et lutines de la forêt » :
Jeudi 12 février
[ZAD des Chambarans] Des spéculateurs avides d’argent public pour prospérer, soutenus par des élus qui tentent de passer en force en employant la violence, et à coups d’opérations de propagande, devraient être sanctionnés, et le projet de Center-Parcs de Roybon, purement et simplement abandonné
Le
collectif grenoblois de soutien à la Zad des Chambarans tient à
alerter largement de la
gravité des agressions dont les manifestants du week-end des 7 et 8
février ont été la cible à Roybon et dans ses environs.
Alors
que la population était invitée à rejoindre la ZAD pour une marche
suivie d’un pique-nique et de deux jours d’échanges sur le site
occupé, quelques “pro-Center-Parcs” se sont livrés à une série
d’actes graves et délictueux : barrages routiers empêchant les
manifestants de rejoindre la ZAD, insultes et intimidations
(notamment à l’aide d’une tronçonneuse), et pour finir, un
passage à tabac et l’incendie de deux véhicules.
Ces
méfaits sont le résultat de mois de dénigrement orchestrés
politiquement et médiatiquement contre les opposants au
Center-Parcs. Alors que des élus de tous bords favorables au projet
bénéficient de pleines pages pour diffamer les opposants, les
agressions de ce week-end n’ont fait l’objet que de minces
entrefilets.
Nous
constatons que confrontés à une opposition déterminée mais
pacifique à ce projet, des élus se livrent à une campagne de
dénigrement et de manipulation des populations locales. Celle-ci a
donné libre-cours ce week-end à des pratiques que l’on peut
qualifier de fascisantes. Des appels au meurtre à l’encontre des
occupants de la ZAD circulent déjà sur internet. Nous exhortons
solennellement les médias à faire leur travail honnêtement, et les
responsables politiques à cesser ce jeu malsain.
Le
collectif grenoblois de soutien à la Zad des Chambarans continuera
sans relâche de combattre ce projet de “Center-Parcs” autorisé
en dépit d’un rapport d’enquête négatif et retoqué par le
tribunal administratif. Des spéculateurs avides d’argent public
pour prospérer, soutenus par des élus qui tentent de passer en
force en employant la violence, et à coups d’opérations de
propagande, devraient être sanctionnés, et le projet de
Center-Parcs de Roybon, purement et simplement abandonné.
Collectif
grenoblois de soutien à la Zad des Chambarans
Infos du 16 au 22 Février
Mardi 17 février
Communiqué
du 17 février 2015
Bonjour,
Ici
la neige fond, mais la motivation ne diminue pas. Les constructions
se complexifient autant que la surveillance et les contrôles des
forces de gendarmerie. L’agence « Alternative Sécurité » fidèle
à son poste continue de nous imposer sa présence qui n’a
d’éblouissante que la lumière de ses phares.
Coucher de soleil sur la forêt des Chambarans
Coucher de soleil sur la forêt des Chambarans
Lorsqu’ils
ne bloquent pas les routes, en procédant à des fouilles, aidés de
leurs chiens renifleurs, les gendarmes se baladent, niant le droit à
la circulation, afin de constater, au même titre que l’huissier,
que nous sommes toujours là, et que nous ne bougerons pas.
Après
un week-end voulu violent par les anti-zadistes et répressif par les
arrêtés préfectoraux et municipaux bloquant les accès à la ZAD
Roybon
; après une semaine de réflexions avec les gens des environs et de
travaux d’avenir de notre côté, nous nous étonnons de
l’engouement soudain de nos opposants pour cette violence physique.
Une
coïncidence des calendriers avec des prochaines élections
départementales (ex-cantonales) où seront élus les futurs
conseillers généraux, si importants à notre quotidien, notamment
lorsqu’il s’agit de voter les subventions aux grandes
entreprises… Une coïncidence aussi sans doute avec les récentes
attaques des pro-barrages sur le site de Sivens et le rapprochement,
sur les réseaux sociaux, des pro-barrages et des pro-Center Parcs
(surtout anti-zadiste)…
Capture
d’écran du groupe FaceBook « Oui au Center Parcs »
L’heure
est donc à l’abus de pouvoir autour de la ZAD Roybon. Notamment
avec l’annulation, à Viriville, de la location d’une salle des
fêtes à l’organisation du Carnaval des Grenouilles, dans le cadre
de la journée mondiale pour les zones humides.
Cette
annulation s’est faite quelques jours à peine avant la tenue de
l’événement, via une annonce sur les différents sites de la
mairie. Considérée comme une action d’opposition au projet de
Center Parcs, cette manifestation pédagogique et ludique devait
porter sur la question des zones humides de la région en général.
Nous
apportons notre soutien aux organisateurs et nous nous indignons de
ce coup porté à la liberté de réunion, d’association et
d’expression. Nous tenons à rappeler que l’association Vivre en
Chambaran n’avait, elle, pas eu les mêmes problèmes pour
organiser sa réunion anti-zadistes dans une salle communale de
Roybon. Deux poids, deux mesures et un même faux semblant de
démocratie…
Nous
continuons cependant à recevoir autant de visiteurs, comme hier
après-midi, où 7 véhicules occupés par des curieux sont venus
faire demi-tour dans le champ du voisin de la Barricade Sud. Surpris
par notre superbe Château Fort de Camp à Gnole, ils ont demandé en
passant ce que c’était que ce « bordel »… ?
Nous
vous invitons vous aussi à venir contempler nos constructions et
participer à cette nouvelle expérience de vie qui tend la main à
une autonomie qui, nous l’espérons, fleurira avec le printemps…
À
bientôt dans les bois…
ZAD
d’AGEN
à
Ste COLOMBE-en-BRUILHOIS - 47
Ste COLOMBE-en-BRUILHOIS - 47
Infos du 2 au 8 Février
Mercredi
4 février
Près
d’Agen, la guerre qui oppose l’économie à l’écologie est
livrée autour d’un projet de zone d’activité. Les promoteurs y
voient la promesse d’emplois, les opposants un gaspillage de terres
agricoles et un déni de démocratie. Une ZAD
a vu le jour sur le terrain d’un des agriculteurs concernés tandis
que des procédures judiciaires sont en cours.
-
Agen, reportage
Agen
est économiquement sinistrée et déplore un taux de chômage de
18,6 %. Les élus de l’agglomération ont trouvé la parade :
le Technopole Agen Garonne (TAG).
Cette zone d’activité économique « haute
qualité environnementale »
viendrait selon eux créer 4000 emplois en vingt ans. Le chantier,
dont le coût estimé est de 65 millions d’euros, devrait commencer
à l’été 2015 sur la commune de Sainte-Colombe-en-Bruilhois.
Mais
il y a un hic : le technopole viendrait recouvrir de béton 220
hectares de terres agricoles particulièrement fertiles. Une dizaine
d’agriculteurs et une vingtaine d’habitations sont concernées.
Depuis 2010, l’association Très grande vigilance en Bruilhois et
en Agenais a été créée pour s’opposer au projet.
Des
élus EELV,
la Confédération paysanne, le Modef (Mouvement de défense des
exploitants familiaux) et même la FDSEA
(branche départementale du syndicat agricole majoritaire), ont
rejoint le mouvement. Et, depuis le 13 décembre, des zadistes
occupent
légalement le terrain d’un des agriculteurs menacé
d’expropriation (voir encadré ci-dessous).
Le
syndrome de l’élu bâtisseur
Pour
justifier la création du TAG,
l’agglomération assure que la dizaine de zones d’activités
entourant Agen sont saturées. Jean-Marc Gilly, maire d’Estillac,
favorable au projet, explique que dans l’Agropole, la zone
économique située sur sa commune, « tout
est plein. Il y a urgence à ouvrir des terrains économiques ».
Pour lui, l’Agropole est un « succès »
qui assoit la légitimité du projet de TAG.
Bernard
Péré, conseiller régional EELV
relativise : « Il
a fallu vingt ans pour remplir soixante-dix hectares de l’Agropole
alors que la situation économique était tout autre. Combien en
faudra-t-il pour remplir 200 hectares ? »
Pour
lui, le projet est surdimensionné. « J’espère
qu’on sera un jour en nécessité de construire de nouvelles zones
pour faire face au développement économique, mais pour l’instant,
j’aurais préféré qu’on optimise au fur et à mesure ce qui
existe déjà. »
Il
s’appuie sur un rapport du cabinet CODE,
rendu en 2009, qui estime que 55 ha sont encore à commercialiser sur
les zones existantes et que 290 ha peuvent être dégagés dans
l’agglomération en requalifiant l’existant. « Les
promoteurs du projet pensent que les infrastructures créent de
l’emploi. Je pense plutôt que c’est en fédérant les acteurs
économiques et en mutualisant que l’on crée de l’activité »,
dit l’élu.
À
l’instar des opposants, le Conseil général demandait, lors de
l’enquête d’utilité publique, une « étude
détaillée des disponibilités foncières sur le territoire et
notamment sur les espaces à proximité des pôles économiques
existants ».
Sans s’opposer au projet, son président, Pierre Camini, a émis
« des
réserves sur la taille et le calendrier de réalisation prévisionnel
de cette zone ».
Un
an plus tard, il estime avoir été entendu : « J’avais
milité pour un phasage, en cela on a été suivi. Le déploiement
sera progressif en fonction de l’activité. Je n’avais pas
d’opposition de fond à ce que le technopole se fasse. Je mettais
un bémol sur la communication de l’Agglo. Ils voulaient tout
aménager tout de suite alors que c’est ridicule. Je ne crois pas à
un aménagement de 200 hectares dans les cinq ans qui viennent ».
La
première tranche de 60 hectares doit être livrée à l’été
2016. Le calendrier prévoit ensuite un aménagement en cinq phases
qui devrait s’étaler jusque 2029 et au-delà. Mais ce phasage ne
répond pas aux attentes des opposants qui réclament toujours un
aménagement de l’existant.
« C’est
le même débat que pour la LGV
où l’on veut construire du neuf alors qu’il y a des lignes à
rénover. C’est le syndrome des élus qui veulent montrer qu’ils
font des choses. Ils veulent du visible, des nouveaux projets, et les
intégrent sur une carte sans se soucier de la réalité du
territoire et des gens qui vivent dessus »,
dénonce Christian Crouzet, porte-parole de la Confédération
Paysanne 47.
Un
projet démesuré
On
pourrait s’étonner du fait que Serge Bousquet-Cassagne, président
de la Chambre d’agriculture, soutienne ce projet gourmand en terres
agricoles. Mais il le justifie au nom de l’emploi : « En
tant qu’agriculteur, voir des terres s’artificialiser me plaît
moyennement. Mais on est aussi des citoyens. Demain, les écoles se
videront des gosses s’il n’y a plus d’ouvriers. Je défends
l’avenir de mes enfants et de la ruralité en laissant faire cette
zone »,
plaide cet agriculteur fort en gueule. Il s’insurge contre « ces
écolos qui sont contre tout », « vivent dans un monde de
Bisounours »
et « veulent
laisser mourir le département ».
Suzanne,
riveraine et opposante de la première heure fait partie de ces
écolos "Bisounours"
et dénonce les arguments des défenseurs du TAG :
« Ils
partent de problèmes réels mais apportent de fausses solutions.
Bien sûr que l’emploi est un enjeu. Mais il y a d’autres moyens
d’y faire face »,
pense-t-elle.
Les
opposants craignent qu’en voulant relancer l’industrie, les élus
pénalisent l’agriculture : « Il
ne faut pas oublier que l’emploi agricole existe. C’est la
première force économique du territoire. Il est très difficile
pour les jeunes de s’installer. Et il y a peu de foncier
disponible. Dès qu’il y en a qui se libère, les gens sautent
dessus. Que les pouvoirs publics créent des réserves foncières
d’accord. Mais qu’ils les mettent à disposition des jeunes
agriculteurs »,
défend Jean-Luc Poli de la FDSEA.
Christian Crouzet renchérit : « L’agriculture
péri-urbaine est créatrice d’emplois de proximité à faible
impact environnemental. C’est ce qu’ils veulent non ? »
Il
ajoute que « si
on continue à détruire des terres agricoles de qualité, on va
faire travailler les jeunes agriculteurs qui veulent s’installer
sur des terres ingrates, et dans un contexte de concurrence, ce sera
compliqué pour eux. Il faut que les élus locaux prennent en compte
cette réalité ».
En
outre, les opposants doutent de la réalité des créations
d’emplois. L’Agglomération s’est engagée à ne pas
délocaliser d’entreprises locales pour les installer sur la
nouvelle zone. Pourtant, Bruno Dubos, le maire de Foulayronnes,
annonce qu’une des entreprises de sa commune a été contactée par
l’agglomération afin de délocaliser son activité.
« Mon
inquiétude est que ce projet débouche sur un transfert de richesses
d’une commune à l’autre. Je me demande s’il ne va pas falloir
prendre du recul »,
réfléchit l’élu qui pourtant n’était pas opposé au projet au
départ. Surtout que ce démarchage d’entreprises locales n’est
pas un cas isolé. « Je
ne suis pas le seul élu de l’agglomération à être dans cette
situation »,
affirme Bruno Dubos.
Un
peu plus loin, à Pont-du-Casse, un membre de la coopérative De
Sangosse affirme également que son entreprise a été approchée
dans le même but. « Ils
n’arrivent pas à remplir la zone alors ils démarchent des locaux
pour justifier sa création »,
analyse-t-il.
Une
situation anticipée par le Conseil général pendant l’enquête
publique : « La
superficie de cette zone [...] pourrait amener des entreprises
endogènes à se déplacer sur ce site en générant des friches
industrielles sur d’autres sites de l’agglomération d’Agen ».
Contactée à plusieurs reprises, l’agglomération n’a pas donné
suite à mes demandes d’entretien. Elle a néanmoins annoncé à
Sud-Ouest
qu’une entreprise avait déjà signé un compromis de vente et
qu’une autre était en pourparlers.
Artificialisation
à marche forcée
Les
opposants dénoncent en premier lieu l’artificialisation des terres
agricoles liées au projet. Selon le ministère de l’Ecologie, la
progression des surfaces artificialisées est quatre fois plus rapide
que la croissance démographique. Rien que dans le département, 17
900 hectares agricoles ont disparu entre 2000 et 2010. Des chiffres
qui ne semblent pas émouvoir le président de la Chambre
d’agriculture.
« Nous
sommes face à des écolos qui sont dans le déni de réalité et
souhaitent qu’on ne touche pas à la nature. Mais la nature est
faite pour que les hommes qui sont là la domptent et la façonnent. »
Il argue qu’il existe au bas mot 20 000 hectares de friches
agricoles sur le département. « Alors,
qu’est ce que vous voulez que représentent deux-cents hectares de
terres qui vont entre guillemets s’artificialiser ? Ça va
produire autre chose que des légumes, des boulons par exemple »,
raille-t-il.
Un
argument qui fait bondir Jean-Luc Poli de la FDSEA :
« Justement !
Quitte à artificialiser, autant le faire sur des terres médiocres
et inutilisées plutôt que d’exproprier des agriculteurs en
activité et d’utiliser des terres alluviales de Garonne, de
première catégorie et de haute qualité agronomique. »
L’agglomération
assure que les exploitants concernés par la zone sont dédommagés
ou se voient proposer d’autres terres à proximité. Jean-Luc Poli
affirme « qu’ils
n’arrivent pas à retrouver du foncier pour tous ceux qui vont être
expropriés. Pour ceux qui veulent arrêter leur activité, ce n’est
pas un problème, mais pour les autres ? »
« Il
y a une concurrence pour les terres au niveau planétaire, les
Chinois achètent des terres en Afrique et nous on les gaspille »,
dénonce Christian Crouzet. Surtout que les 220 hectares en question
ne sont pas n’importe quelles terres. « C’est
un trésor que l’on a sous nos pieds »,
dit-il.
Jean-Christophe
Robert, président de Filière Paysanne, association engagée dans la
préservation des terres agricoles, rappelle que ces terres reposent
sur une des plus importantes nappes phréatiques du département et
met en évidence un paradoxe : « À
Sivens on veut construire un barrage pour irriguer des champs, et ici
on veut artificialiser des terres qui sont naturellement irriguées. »
Incertitudes
autour de la LGV
Le
technopole est partout présenté comme étant un élément d’un
projet plus global qui comprend le passage de la ligne LGV,
la création d’une nouvelle gare et de ses infrastructures ainsi
qu’un nouvel échangeur autoroutier, un pont et un barreau routier.
Pour
les défenseurs du TAG,
ces infrastructures rendraient la zone facilement accessible par
train et par route, dynamiseraient l’économie et, regroupées sur
un seul espace, elles limiteraient les nuisances et l’emprise au
sol.
« C’est
un projet d’aménagement et de développement global »,
explique le président du Conseil général. Sauf que les
infrastructures sur lesquelles s’adossent le projet sont remises en
question, et notamment la ligne LGV
Bordeaux-Toulouse. « La
pertinence de ce projet est, dans les circonstances actuelles, très
incertaine »,
déclarait la Cour des comptes dans un rapport récent.
Lors
de l’enquête d’utilité publique, le président du Conseil
général faisait également valoir que le nouvel échangeur
autoroutier en projet « ne
trouvera sa pleine utilité que lorsque la gare LGV
sera en service, l’échangeur actuel n’étant pas saturé ».
Quant au barreau routier et au pont, le Conseil général indiquait,
toujours dans l’enquête d’utilité publique, que « aussi
bien la contrainte financière liée aux capacités budgétaires des
collectivités que les nécessités techniques rendent l’objectif
d’une réalisation à court terme peu réaliste, sinon complexe ».
Malgré
tout, Pierre Camani affirme aujourd’hui que « cela
ne remet pas en cause l’économie du projet ».
Dans leurs prises de paroles, les défenseurs du projet s’expriment
toujours comme si la réalisation de ces infrastructures étaient
évidente et continuent de s’en servir pour justifier la pertinence
du TAG.
En
outre, si toutes ces infrastructures voyaient le jour, c’est selon
les opposants près de six-cents hectares qui seraient artificialisés
selon les opposants. L’agglomération conteste le chiffre mais, à
ma connaissance, n’en propose pas d’autres.
Une
concertation pour la forme
Le
projet de TAG
est passé à travers tous les filtres administratifs et a reçu le
blanc-seing de toutes les autorités compétentes. Des réunions de
concertation ont également été organisées. Mais les opposants
dénoncent un « simulacre
de démocratie ». « Lors d’une réunion publique, on
nous a dit :
‘Le projet est acté, on va vous l’expliquer’, se rappelle
Suzanne. Je
n’ose même pas appeler ça de la concertation. »
Néanmoins,
les opposants ont joué le jeu de l’enquête d’utilité publique.
Des dizaines de contributions ont été déposées comprenant
notamment des propositions alternatives. Mais comme le conclut le
commissaire enquêteur : « Aucune
des remarques formulées lors de l’enquête publique ne remet en
cause le projet. »
« Comme
d’habitude, l’enquête d’utilité publique va dans le sens de
ceux qui la demandent »,
note Bernard Péré. Quant à la concertation, pour lui, « il
n’y en a pas eu. Il y a concertation quand les propositions
alternatives sont étudiées avec autant de sérieux que la
proposition initiale. Ici, elles ont été ignorées au mieux, sinon
ridiculisées ».
Conflits
d’intérêts
La
bataille autour du projet de TAG
se joue aussi sur le terrain judiciaire. Les opposants soupçonnent
les élus de Sainte-Colombe-en-Bruilhois d’avoir tiré
personnellement profit des opérations foncières réalisées dans le
cadre du projet.
« Le
PLU
[plan local d’urbanisme] fait l’objet d’un contentieux pour
prise illégale d’intérêts : au gré des opérations
d’urbanisme, un certain nombre de conseillers ont rendu leur
terrains constructibles alors que des habitants ont vu leur terrain
devenir non constructibles »,
raconte Etienne Tête, avocat qui suit le dossier (et par ailleurs
conseiller régional EELV).
La
municipalité n’a pas donné suite à mes sollicitations afin de
« ne
pas alimenter la polémique ».
À noter qu’ils n’ont pas non plus voulu me communiquer le
dossier de l’enquête d’utilité publique, probablement afin de
« ne
pas alimenter la polémique ».
Mais
ce n’est pas tout. La procédure elle-même est mise en cause.
« Les
élus municipaux ont cru que pour ne pas être considérés comme
intéressés, il suffisait de ne pas participer au vote. Je n’ai
jamais vu ça ! Mais comme ils sont tous partie prenante d’un
système mafieux, ils n’étaient pas assez nombreux pour atteindre
le quorum [nombre de présents nécessaires pour que le vote soit
valide] ».
En
plus de la procédure au pénal pour prise illégale d’intérêts,
l’annulation du PLU
est donc demandée. La déclaration d’utilité publique est
également attaquée. En cause, le caractère démesuré du projet et
la non prise en compte des alternatives.
Mais
outre la bataille juridique, c’est une bataille idéologique qui
est en cours. D’un côté les porteurs du projet défendent
l’emploi et ne voient réglementations et terres agricoles que
comme des obstacles à la croissance. De l’autre des opposants qui,
non sans se soucier du dynamisme économique de leur territoire,
refusent que l’écologie soit sacrifiée sur l’autel de l’emploi.
JOSEPH
BONOTTO,
L’IMPROBABLE
ZADISTE
« Je
me sens moins seul, heureux, soulagé »,
déclare Joseph Bonoto, 64 ans, solide gaillard au ton bourru, à la
nuée de journalistes qui l’entourent. Et pour cause, une
soixantaine de personnes ont répondu à son
appel à occuper la dizaine d’hectares de terres qui lui
appartiennent et qui sont menacées par le projet de TAG.
Sur son terrain, des élus, des responsables syndicaux mais aussi des
zadistes, venus des alentours ou d’autres zones de lutte pour
donner un second souffle à la mobilisation qui peinait jusque là à
décoller.
L’affaire
avait pourtant bien commencé. Dès 2010, l’association TGV
BA
(Très Grande Vigilance en Bruilhois et en Agenais) qui réunit une
vingtaine de propriétaires concernés par le projet de Technopole,
est créée. Mais le collectif d’opposants devient peu à peu une
coquille vide.
« Les
propriétaires ont progressivement accepté le rachat de leurs
terres. L’agglo est d’abord allé voir les plus fragiles :
un agriculteur avec un enfant handicapé, un couple en instance de
divorce... »,
raconte Joseph Bonotto qui dénonce des « procédés
écœurants ».
Deux
ans plus tard, les offres de rachat ou de compensation ont eu raison
de la plupart des opposants. Avec sa femme, ils se retrouvent seuls
ou presque à lutter. La grande gueule de Joseph Bonotto n’arrange
pas les choses. Un voisin me dit qu’il « soutient
la lutte mais pas le personnage ».
Dans
le voisinage, l’ambiance n’est pas à la révolte. Même si parmi
la quinzaine de riverains que j’ai pu rencontrer, tous sont opposés
au projet, la plupart semblent s’être fait une raison. « Ils
ne feront pas marche arrière »,
résume une cinquantenaire.
Les
Bonotto, eux, ne renoncent pas. Faute de trouver suffisamment de
soutien dans la commune, ils font appel à Filière Paysanne qui a
déjà sauvé des terres agricoles du bétonnage dans d’autres
départements. C’est son président, Jean-Christophe Robert, qui
souffle l’idée d’un appel à occupation. Quinze jours plus tard,
les zadistes débarquent et le premier tipi est monté, légalement,
sur les terres de l’agriculteur.
Zadiste
inattendu
Pourtant,
Joseph Bonotto n’a rien d’un révolutionnaire. Pendant trente
ans, il a été un entrepreneur dans le négoce de fruits et légumes
avant de devenir agriculteur il y a une vingtaine d’années. Sur
ses douze hectares de terre, il employait une dizaine d’ouvriers
agricoles qui logeaient dans des maisons qu’il avait fait
construire pour louer afin de « palier
aux aléas du métier d’agriculteur ».
Dès
l’annonce de l’occupation, les promoteurs du projet ont dit que
les zadistes étaient manipulés par Joseph Bonotto en rappelant
qu’il y a peu, celui-ci voulait lui-même bétonner en devenant
« promoteur
de ses terres ».
Il est vrai que sa position est ambigüe.
Interrogé
par les zadistes au cours d’une assemblée, il ne nie pas et
explique que « comme
beaucoup d’agriculteurs, je voulais me protéger des aléas du
métier et préparer ma retraite. À l’époque j’étais seul, je
faisais ce que je pouvais pour défendre mes intérêts. Aujourd’hui,
la donne est différente, je ne suis plus seul à décider »,
précise-t-il, en assurant que les occupants seraient associés aux
discussions futures.
Recontacté
quelques semaines plus tard, il précise : « J’ai
fait une première proposition à l’agglo de garder mes terres,
elle a été refusée. Une deuxième qui était de garder six
hectares et de leur vendre le reste : refusée également. Là,
l’avocat m’a dit qu’il fallait négocier, qu’il ne savait
plus quoi demander, alors je leur ai dit : laissez-moi mes
terres, je vais les vendre moi-même pour qu’on les lotisse ».
Aujourd’hui,
en cas d’abandon du projet, il s’engage à garder les terres
agricoles : « Je
garde les trois hectares autour de ma maison et je donne les sept
autres pour faire des jardins partagés ou un projet agricole
alternatif ».
Deux
des personnes qui faisaient partie des premiers occupants ne doutent
pas de sa bonne foi. Les zadistes eux aussi sont confiants. « On
reste vigilants, mais je doute qu’il ait envie de se mettre des
zadistes à dos »,
glisse un occupant.
Pour
l’instant, Joseph Bonotto est toujours propriétaire de ses terres
et la ZAD
continue de s’installer dans la légalité. Trois tipis, une tente,
une caravane et un hangar isolé et aménagé ont poussé sur la
zone. Suzanne, opposante d’une soixantaine d’années, se réjouit
qu’une ZAD
prenne racine à Sainte-Colombe en Bruilhois afin que « les
bulldozers n’aillent pas plus vite que la justice ».
Emmanuel
Daniel – Reporterre
ZAD
ailleurs
Infos du 9 au 15 Février
Lundi
9 février
- Des rendez-vous en fin de semaine à l’Amassada (12) et à Allauch (13) !
Mercredi
11 février
Dans
le Lot-et-Garonne, un projet de Center Parcs accueilli comme
« le veau d’or »
Le
Conseil Général du Lot-et-Garonne et Pierre & Vacances
annoncent la création d’un nouveau Center Parcs, avec force
« retombées
économiques ».
Les élus sont unanimes pour soutenir le projet. Mais des voix
commencent à remettre en cause les chiffres mirobolants avancés par
le groupe et soulignent l’aberration écologique d’un tel parc.
Le
16 décembre, le Conseil général du Lot-et-Garonne et la
direction de Pierre & Vacances ont rendu public le site choisi
pour l’implantation d’un nouveau Center Parcs. Il s’agit d’un
ensemble de 127 hectares, principalement couvert de forêt, à cheval
sur les communes de Pindères et de Beauziac, dans les Landes de
Gascogne, près de Casteljaloux. Les travaux ne doivent pas commencer
avant 2017, pour une ouverture prévue en 2019. Le projet a jusqu’à
présent été porté à l’unisson par tous les élus du
département. Quant aux habitants, ils se réjouissent des
« retombées
économiques »
annoncées.
Dans
le département, on parle de l’arrivée de Pierre & Vacances
depuis 2011. Si des discussions ont lieu depuis cette époque entre
Jean-Michel Klotz, directeur général développement de Pierre &
Vacances, et Pierre Camani, président du Conseil général du
Lot-et-Garonne et sénateur socialiste, ce n’est que fin avril
dernier, qu’une conférence de presse les officialise : un
Center Parcs doit être construit dans le département. L’annonce
s’appuie alors sur de nombreux chiffres, issus de la communication
de Pierre & Vacances et regroupés dans le
diaporama présenté au Conseil général
le jour de la conférence de presse.
Chiffres
magiques
Depuis
cette date, les déclarations d’élus et de responsables de
l’entreprise se fondent systématiquement sur certains de ces
chiffres, assénés sans l’ombre d’un doute : « Un
investissement de 170 millions d’euros », « (environ)
300 emplois directs »
créés ainsi que « 250
à 500 emplois locaux pendant les travaux », « 1,3
million d’euros de retombées fiscales »
et « 5
millions d’euros de retombées économiques »
par an.
Seule
une chose parait alors incertaine : le lieu d’implantation du
centre. Le calendrier de Pierre & Vacances prévoit six mois pour
en décider. Les candidatures se multiplient, atteignant la dizaine.
Chaque maire cherche à séduire Pierre & Vacances, voyant dans
l’arrivée d’un tel projet un vecteur de richesse et de
développement. « C’est
le sujet du siècle pour notre communauté de communes ! »
déclare par exemple Michel Ponthoreau, maire de Fargues-sur-Ourbise
(Sud
Ouest,
5 mai 2014).
Une
compétition bien entretenue par la presse locale, qui en fait un
feuilleton. « Casteljaloux :
Center Parcs s’invite au conseil »
(2/05), « Projet
Center Parcs en Lot-et-Garonne : les communes fignolent leurs
dossiers »
(5/05), « Center
Parcs en Lot-et-Garonne : six communes en lice »
(7/05), « Déjà
sept candidats »
(13/05), « Center
Parcs : ‘Si le meilleur des sites n’est pas à vendre, on
fait quoi ?’ »
(21/05), « Center
Parcs : une dizaine de dossiers déposés »
(11/06), « Center
Parcs en Lot-et-Garonne : s’il n’en restait qu’un »
(10/09). Soit sept articles à propos du choix de l’emplacement,
sur le seul site web du quotidien Sud
Ouest.
De
son côté, Pierre & Vacances fait le tri en fonction de son
« cahier
des charges ».
Le site doit d’abord être facile d’accès en voiture :
moins d’une demi-heure de trajet depuis un échangeur autoroutier,
et des routes pouvant supporter un trafic de 400 voitures par jour.
Mais il faut surtout un lieu à la fois aménageable (120 hectares
plats, dont 39 000 m² constructibles, « de
préférence propriété de collectivités territoriales »)
et « naturel »
(« espace
à dominante boisé », « site de qualité »,
et « absence
de contraintes environnementales sensibles telles que Natura 2000,
zones humides […] »).
"Choix
stratégique" du Conseil Général
Finalement,
mi-décembre, le choix du domaine du Papetier, sur les communes de
Pindères et Beauziac, est rendu public. Il s’agit de 127 hectares
de forêt appartenant à trois particuliers et servant surtout,
aujourd’hui, de réserve de chasse.
Raymond
Girardi, président communiste de la Communauté de communes des
Coteaux et Landes de Gascogne ainsi que vice-président du Conseil
général chargé de l’agriculture, de la forêt et de
l’environnement, s’est particulièrement impliqué dans ce
projet. « Nous
prenons de plus en plus conscience de la vocation touristique de
notre département, l’arrivée du Center Parcs conforte cette
orientation à laquelle il faut donner de l’ampleur parce qu’elle
est porteuse d’emplois, de développement économique »,
déclare-t-il au Républicain
(25 décembre 2014).
Tout
est dit. Développer le tourisme pour créer des emplois. Cela
correspond au « choix
stratégique »
du Conseil général présidé par le socialiste Pierre Camani. Il
s’agit de profiter de la proximité des grandes métropoles que
sont Bordeaux et Toulouse (la « zone
de chalandise »
selon le vocabulaire des entrepreneurs). Le projet de Center Parcs
vient par exemple s’ajouter au parc d’attraction Walibi (1992)
ainsi qu’à la Résidence du Lac ouverte en 2003 à Monflanquin
par… Pierre & Vacances.
Et
la petite ville de Casteljaloux (un peu moins de 5 000 habitants) est
déjà bien équipée en ce qui concerne l’accueil de touristes.
Outre la station thermale spécialisée dans la rhumatologie, elle
possède une piscine olympique de 50m, ainsi que, sur le site de
Clarens, un lac de baignade, un casino et un golf 18 trous !
Si
le projet aboutissait, il faudrait donc y ajouter une « bulle
Aquamundo »,
espace aquatique chauffé reproduisant une atmosphère « tropicale »,
ainsi que 400 « cottages »,
des habitations de 40 à 90 m² en bois – achetées par des
particuliers qui en confient la gestion à Pierre & Vacances,
bénéficiant
au passage d’une niche fiscale.
Voté
à l’unanimité
Pour
cela, un partenariat entre l’entreprise et les collectivités
locales doit être mis en place. En effet, une société d’économie
mixte (SEM)
sera prochainement créée, comprenant Conseil régional, Conseil
général, Caisse des dépôts et consignations, Communauté de
communes des Coteaux et Landes de Gascogne, et organismes bancaires.
Cette SEM
a pour vocation de devenir propriétaire des bâtiments de loisirs et
services. Pierre & Vacances en serait locataire, signant un bail
sur vingt ans.
Dans
le même temps, ce partenariat prévoit l’achat par le Conseil
général du Lot-et-Garonne de 45 des 127 hectares du site, pour 900
000 euros (soit 20 000 euros l’hectare), afin de « créer
un espace naturel protégé au titre de la compensation
environnementale qui sera accessible à la clientèle de Center
Parcs, mais aussi à la population locale »,
d’après le président Camani, cité
par Sud
Ouest.
De
plus, il investirait dans les travaux de voiries et réseaux pour 3
millions d’euros maximum. Au total, la participation des
collectivités serait plafonnée à 35 millions d’euros. « Une
opération blanche pour les collectivités au terme de ces deux
décennies »,
selon Camani.
Réuni
le 23 décembre, le Conseil général a voté à l’unanimité
le choix du site et l’achat des 45 hectares. Les 15 élus de
l’opposition (UMP,
divers droite, centristes, et un sans étiquette) rejoignent donc
entièrement la majorité socialiste sur ce projet. Pour Alain Merly,
président UMP
du groupe d’opposition, la construction d’un Center Parcs
correspond pleinement à « l’intérêt
du Lot-et-Garonne et des Lot-et-Garonnais »
(cité
par La
Dépêche du Midi).
Aucun écologiste ni membre de la gauche du PS
ne fait partie de l’assemblée. Le débat ne peut donc avoir lieu
qu’en-dehors de l’institution.
"Chantage
à l’emploi et peinture verte"
C’est
par un communiqué de presse, au même moment, que le Parti de Gauche
(PG)
du Lot-et-Garonne exprime sa vision des choses, demandant l’abandon
du projet. Il dénonce le subventionnement par les collectivités du
projet d’un groupe privé, « entreprise
cotée en bourse ».
Selon lui, les élus pratiquent le « chantage
à l’emploi »,
alors que « les
emplois promis se révèlent être partout ailleurs des emplois
précaires, à temps partiels […], quand ça n’est pas des
emplois subventionnés ou des stages ».
Quant
à l’aspect environnemental, le PG
dénonce la communication « à
grand renfort de peinture verte »,
tandis que le projet consiste à chauffer une serre aquatique « à
29 degrés, 365 jours (et nuits) par an ».
A
côté de cela, aucune association écologiste ou environnementaliste
ne s’est pour le moment prononcée. Les discussions au Conseil
régional d’Aquitaine pourraient s’avérer plus animées, du fait
des dix élus EELV.
Le
département du Lot-et-Garonne possède déjà deux projets
d’aménagement qui suscitent des oppositions : la
LGV
Bordeaux-Toulouse,
et la zone industrielle de Sainte-Colombe-en-Bruilhois près d’Agen
qui
fait l’objet d’une Zad depuis peu.
Faut-il pour autant assimiler ces différents projets ?
Peut-être
pas si l’on suit Raymond Girardi : « Je
me suis battu contre la LGV
parce qu’elle bousillera 3000 ha sur un tronçon de 80 m de large
sur 150 km, un saccage environnemental pour un gain de temps
ridicule. Mais je soutiendrai ce projet de Center Parcs parce qu’il
représente un enjeu déterminant pour l’avenir de notre secteur »
(Le
Républicain,
25 décembre).
Un
"veau d’or" ?
Chez
les habitants de Casteljaloux et ses environs, les voix discordantes
sont très rares. Pour Christine Bento, une citoyenne qui a joint
Reporterre,
le Center Parcs est vu par beaucoup de gens comme « le
veau d’or »,
devant apporter emplois et argent : « Ce
qu’ils voient, c’est les emplois, 300 emplois ».
Or rien ne prouve que le projet sera bénéfique sur le plan
économique, puisqu’il « entrera
directement en concurrence touristique dans un rayon de 6 km »
avec les trois autres structures aquatiques (thermes, piscine et
lac).
Aberration
écologique aussi : « L’eau
va devenir rare et chère et on s’autorise à en dépenser sans
compter ».
Le projet ne correspond donc ni aux « défis
liés au changement climatique et à la crise du capitalisme »,
ni aux « attentes
et besoins des citoyens ».
Jean-Pierre
Marot, qui vit sur un terrain tout proche du site choisi, a le même
point de vue. « Ils
pensent que les gens qui viennent en vacances à Center Parcs vont
aller faire leurs courses à Casteljaloux. Mais ils vont prendre un
forfait tout compris une semaine et ils ne mettront pas le nez
dehors »,
explique-t-il à Reporterre.
Il
critique aussi le choix du lieu : « Je
trouve scandaleux de détruire une forêt naturelle pour en faire une
forêt artificielle, un site marécageux, avec des bois, très beau
naturellement. On ne reconstruit pas la campagne à la campagne,
qu’ils le fassent dans un lieu totalement artificiel. »
Il
émet également des doutes sur l’achat des terres par le Conseil
Général, qui doit se faire au prix de 2 euros le m² soit 20 000
euros l’hectare. « Personnellement,
je suis sûr qu’il y a eu des dessous de table considérables. Le
terrain vaut 1 000 euros l’hectare et pas 20 000. Y’a que du bois
de merde dessus. »
Lui possède vingt hectares, sans arbre, achetés 750 euros
l’hectare. Mais il ne cherchera pas à empêcher les choses de se
faire, ayant pris la décision de partir depuis longtemps déjà :
« Ça
ne me concerne plus, je suis trop vieux et je m’en vais ».
Etudes
et concertation
Quoi
qu’il en soit, le projet est loin d’aboutir. Les travaux ne
commenceront pas avant 2017, pour une ouverture prévue en 2019.
D’ici là, des études et concertations doivent avoir lieu, via
notamment la mise en place d’un comité de suivi
associant l’Etat, les collectivités, les associations
environnementales et les acteurs socio-économiques locaux.
Un
temps de préparation que les quelques opposants vont suivre avec
attention, s’attendant à devoir fournir un « gros
travail »
de recherche et de vérification.
Baptiste
Giraud – Reporterre
NDA :
ca sent la Zad en devenir cette histoire ! ( Casteljaloux est à
50 km de la Zad d’Agen )
Samedi
14 février
Ouverture
d’une nouvelle ZAD à Allauch
CONTRE LA ROCADE (LINEA) qui menace plusieurs hectares de terres
fertiles pour les remplacer par de l’asphalte, menaçant la faune
et la flore locale dans cette ceinture verte de Marseille.
LGV
LYON-TURIN – VAL DE
SUSA
SUSA
Infos du 23 Février au 1er Mars
Mardi
24 février
Erri
de Luca : « La ligne ferroviaire Lyon-Turin doit être
sabotée »
François
Hollande et Matteo Renzi vont annoncer ce mardi à l’issue du
sommet franco-italien à Paris leur engagement définitif en faveur
de la ligne ferroviaire Lyon-Turin. « Il
y a deux ans, Matteo Renzi était résolument contre ce projet »,
relève Erri de Luca qui comparaît depuis janvier devant le
tribunal de Turin pour « incitation au sabotage ».
L’écrivain continue d’affirmer ses convictions et défend avec
détermination sa liberté d’expression.
Rome,
correspondance. – « Je
comparais pour incitation au crime, parce que j’ai dit que le
sabotage du chantier de la ligne Lyon-Turin – la TAV (Treno
Alta Velocità) – est nécessaire »,
tient à préciser d’emblée, en français, Erri de Luca. « Au
crime »,
marmonne-t-il en m’accueillant dans sa cuisine, pièce principale
de cette maison qu’il a construite de ses mains, il y a trente ans,
dans la campagne romaine.
Poursuivi
depuis septembre 2013 par la société franco-italienne LTF (Lyon
Turin Ferroviaire), Erri de Luca risque jusqu'à cinq ans de
prison. Ayant refusé que le procès se déroule à huis clos,
l’écrivain a déjà affronté une audience publique le 28 janvier
2015. La prochaine audience aura lieu le 16 mars : le juge
entendra alors cinq témoins – deux de l'accusé et trois de
la défense – puis procédera à l'examen de l'accusé et
annoncera la date de l'audience suivante, pour les plaidoiries.
Au
jour de notre rencontre, le 22 février, le silence de la demeure de
l’écrivain et alpiniste italien contraste avec la clameur de la
foule qui défile dans les rues de Turin. 10 000 personnes
– 4 000 selon les forces de l’ordre – dénoncent
l’accord devant être signé ce mardi 24 février à Paris entre le
président de la République française François Hollande et le
président du conseil des ministres italien Matteo Renzi engageant la
France et l’Italie dans la phase de travaux définitifs du tunnel
de la ligne Lyon-Turin.
À 64
ans, Erri de Luca, ex-activiste d’extrême gauche, vit seul et
passe ses journées à lire et traduire des textes sacrés de
l’hébreu ancien. Sa traduction du livre d’Esther a été publiée
en même temps que La
Parole contraire,
ce pamphlet qu’il a rédigé pour préparer sa défense suite à la
plainte déposée par la LTF, et publié notamment en France et en
Italie en janvier dernier.
Depuis
sa convocation en justice, il ne parvient pas à se plonger dans
l’écriture et attend impatiemment le verdict dont la date est à
ce jour inconnue.
Mediapart.-
Erri de Luca, quand vous avez qualifié le sabotage du chantier de la
ligne Lyon-Turin de « nécessaire », étiez-vous
conscient des conséquences de ces mots ?
Erri
de Luca
Erri
de Luca.-
Je suis de près la lutte du Val de Suse depuis une dizaine d’années.
Je suis allé dans des manifestations, je suis souvent intervenu en
public et j’ai à chaque fois répété que ce projet doit être
saboté dans le sens politique du terme : il faut tout faire
pour entraver les travaux. « Saboter ». Voilà l’idée
que j’exprimais le plus souvent. Mais en 2013, pour la première
fois, je le disais à un journal. On m’a téléphoné pour avoir
une réaction. Je n’ai fait que répéter ce que je disais depuis
des années dans les assemblées et qui n’avait jamais posé de
problème jusque-là. Le fait de le dire à la presse apparemment
devenait un problème.
Et
vous persistez.
« Saboter »
est un verbe noble, utilisé par Gandhi et Mandela. Je continuerai à
le dire, car je suis convaincu qu’il faut empêcher ce chantier.
Pour réaliser cette ligne Lyon-Turin, il faudrait percer des
montagnes bourrées d’amiante, ce qui causerait une pollution
gigantesque. Lutter contre ce projet, c’est une défense légitime
contre l’agression physique, politique, chimique… C’est la vie
de toute une vallée qui en dépend. Sans compter que cette
infrastructure est inutile !
Pourquoi
cette ligne Lyon-Turin est-elle inutile ?
Parce
qu’il y a déjà une ligne ferroviaire qui fonctionne en
sous-régime, à seulement 30 % de ses capacités ! Cette
nouvelle ligne de 57 km qu’ils veulent construire ne sera
d’ailleurs même pas une ligne à grande vitesse ! Les trains
circuleront à une vitesse normale. Et même si elle était
indispensable, il faudrait l’empêcher car il est criminel de
perforer des montagnes qui contiennent des gisements de pechblende,
un matériau hautement radioactif et d’éparpiller de l’amiante.
La
résistance contre la ligne Lyon-Turin est plus forte du côté
italien des Alpes qu’en France. Pourquoi ?
La
ligne Lyon-Turin est un projet italo-français. C’est un projet
énorme, dont personne ne parvient d’ailleurs vraiment à
comprendre combien de milliards d’euros il pourra coûter, ni
quelle sera la participation de l’Union européenne à ce projet.
La cour des comptes en France a déjà émis des objections à ce
sujet. En France, les rapports entre les coûts et les bénéfices
d’un ouvrage sont très clairs et plus évidents. Mais ici, en
Italie, le rapport coût-bénéfice, c’est : des coûts pour
l’État et des bénéfices pour les entreprises privées. C’est
pour cela qu’il n’y a aucun intérêt à faire des ouvrages
utiles, l’important c’est juste de les faire ! En Italie, il
y a des centaines d’ouvrages, d’infrastructures inachevées.
Jamais de coupables, personne ne rembourse. Ces grandes
infrastructures sont une façon de gaspiller de l’argent public au
profit des entreprises privées qui sont, bien entendu, liées aux
partis politiques. Ce ne sont pas des entreprises lambda qui gagnent
les appels d’offres, non, ce sont toujours des entreprises liées
aux partis politiques. Parce que chez nous, il y a tout un usage de
contournement des règles et de favoritisme.
La
société LTF qui a porté plainte contre vous est une société
franco-italienne : elle a son siège social à Chambéry en
France et son siège opérationnel à Turin. Dans votre pamphlet
La
Parole contraire,
vous soulignez qu’il n’y a rien d’étonnant à cela, parce que
« les
normes antimafia ne sont pas les mêmes en France et en Italie ».
Expliquez-nous.
En
Italie, il existe toute une procédure de contrôles antimafia avant
d’accorder un appel d’offres à une entreprise. En créant une
société en France, on contourne ce problème. Il y a évidemment
des entreprises liées à la mafia – plus précisément de la
n’drangheta calabraise – qui travaillent sur le chantier de
la ligne Lyon-Turin, comme sur les chantiers de l’Expo 2015 à
Milan. C’est une forme de « normalité » chez nous. Il
faut savoir que l’Italie est le pays où l’on construit des
autoroutes en enfouissant dessous des déchets toxiques, grâce à un
système de complicité entre la mafia, les partis politiques, les
entreprises de travaux publics, y compris ceux qui sont chargés de
faire les contrôles sur les travaux publics ! C’est un
système de corruption à l’état pur qui jouit d’une impunité
totale.
Début
février, l’Olaf – l’Office antifraude de l’Union
européenne – a ouvert une enquête sur la ligne Lyon-Turin
afin de voir si des fraudes ou des irrégularités avaient eu lieu.
Des soupçons d’irrégularités, de fraudes, de conflit d’intérêts
et même d’infiltrations mafieuses pèsent sur le projet…
Le
projet de la ligne Lyon-Turin, la TAV comme on l’appelle ici, a
d’abord été « saboté » par la lutte des citoyens du
Val de Suse. Maintenant, il va peut-être être « saboté »
par une enquête ! Ce serait curieux… [il
sourit]
mais raisonnable ! Je souhaite même que le projet soit aussi
saboté par le manque de financements. S’il devait se poursuivre
malgré tout, j’espère qu’un jour les responsables seront
condamnés pour catastrophe environnementale.
Sauf
que, pour l’instant, c’est la « parole contraire »
des citoyens qui est poursuivie en justice au tribunal de Turin…
Manifestation
en janvier 2012 © Reuters
Le
tribunal de Turin a produit des milliers de chefs d’incrimination
contre des militants « No Tav » du Val de Suse. Les
magistrats ont profité de mes mots pour réprimer, pour tenter de
réduire à néant ce mouvement de masse et briser ses soutiens
extérieurs. La société française LTF qui a porté plainte contre
moi avait le droit de le faire. En revanche, le tribunal de Turin
n’aurait jamais dû la juger recevable. Je suis le premier écrivain
incriminé pour ce qu’il a dit… pour incitation à commettre des
crimes ! Mais je suis extrêmement déterminé à me défendre,
même si je suis le dernier.
Le
27 janvier dernier, les militants « No Tav » ont
été lourdement condamnés…
En
première instance du maxi-procès à Turin, les militants « No
Tav » ont été condamnés à un total de 140 ans de prison,
sans que soient prises en compte les circonstances atténuantes
obligatoires pour ceux qui avaient un casier judiciaire vierge. Il y
a eu une volonté politique d’éliminer ces circonstances
atténuantes et c’est sans doute ça le plus grave. Je connais l’un
de ces condamnés, c’est un barbier, habitant de Bussoleno. Il a
été condamné à trois ans de prison pour avoir soi-disant blessé
sept policiers en lançant des pierres à une distance de 57 mètres.
Cette performance lui aurait valu la médaille d’or olympique au
lancer de poids ! C’est absurde !
En
réponse à la « parole contraire » de ses habitants, la
vallée a été militarisée…
La
militarisation de cette vallée a été une immense violence d’État.
Ce projet a été déclaré « ouvrage stratégique », ce
qui signifie que l’on ne peut pas protester contre sa réalisation.
La première fois que cette disposition d’Opera
Strategica
a été utilisée, c’était pour construire un incinérateur de
déchets dans la région de Naples, contre l’avis des riverains. Il
a finalement été construit grâce à l’emploi de la force
militaire. Dans le Val de Suse, l’armée contrôle les lieux. C’est
une force d’occupation, comme si le Val de Suse était un autre
pays.
Juin
2011. Durant une manifestation anti-TAV © Reuters
L’État
opprime ses propres citoyens qui s’opposent. Ceux qui résistent
sont traités comme des criminels. Cela ne vaut pas seulement pour le
Val de Suse. À Lampedusa par exemple, une loi interdisait aux
pêcheurs de venir en aide aux migrants sous peine d’être
poursuivis pour complicité d’immigration clandestine. Une loi
absurde, horrible et contre laquelle la population et les pêcheurs
se sont battus et ont finalement obtenu de pouvoir faire leur métier
tout en conservant leur dignité humaine en apportant de l’aide à
ceux qui sont en mer. La loi de la mer, qui vaut depuis toujours, ne
peut pas être reniée par des législateurs ivres.
Vous
êtes poursuivi pour une phrase publiée et répétée dans les
médias… Qu’en est-il de la liberté de la presse en Italie ?
L’Italie
a la pire liberté d’information d’Europe, ce n’est pas moi qui
le dis mais les observatoires de la liberté de la presse [selon le
classement Classement
mondial de la liberté de la presse 2014
de Reporters sans frontières, l’Italie arrive au 49e
rang sur 180]. En Italie, les journalistes ne sont pas des
professionnels de l’information, ce sont des employés
d’entreprise. Ils doivent obéissance au comité, au PDG de
l’entreprise qui les emploie. Les journalistes italiens sont des
employés, des « embedded », ce sont les subordonnés
d’un quartier général de l’information qui a une structure
militaire. La grande presse italienne est liée aux partis, aux
entreprises et donc à la ligne Lyon-Turin. C’est un système bien
huilé, et je n’ai donc pas reçu de soutien particulier de la part
de la « grande presse ». Mais j’ai pu exprimer mes
convictions dans certains médias, à la radio ou dans des programmes
télévisés.
Ce
procès intenté contre vous, un écrivain, n’est-ce pas
surdimensionné ?
Il
faut savoir qu’au tribunal de Turin, depuis quelques années tous
les procès contre les activistes No Tav ont été déclarés
prioritaires sur tous les autres. Des procès de corruption géants
ont ainsi été repoussés ! Ce procès contre mes mots est un
gaspillage d’argent et de temps, et c’est aussi pour cela que je
ne ferai pas appel si je suis condamné.
Craignez-vous
d’être condamné ?
Je
pense que je serai condamné, car sinon ils n’auraient pas fait ce
procès qu’ils ont monté de toutes pièces. La plainte est bien
réelle, mais les magistrats ont inventé un procès sur le « droit
de parole ». Je crois donc qu’ils vont poursuivre sur cette
voie avec l’intention d’incriminer la Parole
contraire.
Car c’est une question de liberté de parole contraire.
Il n’y a pas de problème de liberté d’expression en Italie :
les paroles favorables au pouvoir sont toujours bien acceptées.
Si
vous êtes condamné, ferez-vous appel ?
Je
défendrai mes mots jusqu’au verdict, parce que je n’ai que ça.
Je suis fier de pouvoir et de devoir défendre mes mots et mon droit
de parole. Je ne suis pas une victime de cette affaire. La victime
pour le moment, c’est l’article 21 de la constitution italienne
qui garantit au citoyen la plus large liberté d’expression, et
c’est la première fois qu’elle est mise en doute, qu’elle
conduit à un procès.
Si
vous êtes acquitté, crierez-vous victoire ?
Non,
si je suis acquitté, il n’y aura pas de victoire. Une erreur aura
été évitée.
Vous
dites que ce procès, c’est votre premier prix littéraire…
Je
n’aime pas les prix littéraires et en Italie je n’en ai reçu
aucun, c’est d’ailleurs une virginité que je veux maintenir.
Mais le fait que mes mots aient pu être considérés comme
dangereux, capables de susciter des réactions même criminelles,
c’est une exagération que je prends comme un prix littéraire.
--------------------------
Le
précédent français
L’an
dernier, côté français, Daniel Ibanez, fervent opposant français
au projet – auteur de Trafics
en tous genres, le projet Lyon-Turin
–, a été cité en justice par la société LTF. Cette société
Lyon Turin Ferroviaire (LTF) – dont le siège social est à
Chambéry et le siège opérationnel à Turin – avait porté
plainte contre lui pour injure publique auprès du tribunal de
Chambéry. La société LTF reprochait à ce militant écologiste des
propos tenus lors d’une réunion publique le 21 février à Modane
et rapportés par Le
Dauphiné Libéré.
« Les
derniers à dire qu’ils travaillaient pour des siècles, c’est
quand même le IIIe
Reich »,
aurait déclaré le militant écologiste selon la plainte, propos
qu’il contestait par ailleurs avoir tenus. En juillet 2014, le
tribunal de Chambéry a finalement jugé irrecevable la citation à
comparaître. « S’il
y a injure dans cette affaire, c’est une injure au bon sens en
voulant continuer à construire des infrastructures inutiles »,
avait commenté Daniel Ibanez à la sortie du tribunal, saluant une
centaine de militants français et italiens venus lui témoigner leur
soutien.
Mathilde
AUVILLAIN - Médiapart
Vendredi
27 février
François
Hollande et Matteo Renzi, le premier ministre italien, ont signé un
accord sur le tunnel ferroviaire Lyon Turin. Négligeant les cas
avérés de conflits d’intérêt qui gangrènent ce projet.
Le
23 août 2013 le premier ministre Jean-Marc Ayrault signait un
décret au Journal officiel déclarant « d’utilité
publique et urgents les travaux nécessaires à la réalisation de
l’itinéraire d’accès au tunnel franco-italien de la liaison
ferroviaire Lyon–Turin entre Colombier-Saugnieu (Rhône) et
Chambéry (Savoie) ».
Mardi
24 février, lors d’une conférence de presse à l’Elysée
avec le président du Conseil italien Matteo Renzi, le président
François Hollande a annoncé le
lancement des travaux du tunnel à partir de l’année prochaine.
Les deux ministres des Transports, Alain Vidalies pour la France et
Maurizio Lupi pour l’Italie, ont signé un « engagement
définitif des travaux de la section transfrontalière ».
La
décision a été prise aussi sur la base du rapport
remis le 2 juillet 2012 au préfet de la Savoie
par la Commission d’enquête publique qui avait donné son avis
favorable au projet de ligne à grand vitesse. Toutefois, ce document
est depuis longtemps dans le collimateur des opposants, « à
cause d’évidents conflits d’intérêts, d’absence
d’impartialité et d’indépendance »,
explique à Reporterre
Daniel Ibanez, porte-parole de la coordination des opposants en
France.
Le
doigt est pointé notamment contre le commissaire Philippe Gamen,
actuel maire du Noyer et ancien président du CPNS
(Conservatoire du patrimoine naturel de la Savoie, rebaptisé
aujourd’hui CENS,
Conservatoire d’espaces naturels de Savoie), une association qui a
formalisé des partenariats
par convention avec plusieurs collectivités et sociétés,
parmi lesquels la société LTF
(Lyon-Turin Ferroviaire, filiale de RFF
et de Rete Ferroviaria Italiana) chargée de la phase de préparation
du chantier. Aujourd’hui, M. Gamen
fait toujours partie du conseil d’administration du CENS.
Gamen
s’est défendu en disant qu’il ne pouvait pas imaginer, alors
qu’il était commissaire, que LTF
lui proposerait ensuite ce travail. En réalité, il apparaît que
RFF
avait déjà rencontré le CPNS
en 2011. Plus précisément au mois de mars, écrit la Commission
elle-même à page 28 du rapport, alors que Gamen présidait encore
l’association.
« Ce
document,
poursuit Ibanez, démontre
que la totalité de la commission d’enquête savait qu’un des
treize commissaires avait déjà eu des contacts avec Réseau
Ferroviaire de France afin de préparer l’enquête publique ».
Le
19 février, Politis
a révélé un compte-rendu
du bureau du CPNS,
daté du 31 janvier 2012, où on affirme que « dans
le cadre des rencontres entre LTF
et CPNS,
LTF
a proposé que soit constitué un groupe de travail sur les mesures
compensatoires ‘patrimoine
naturel’ en
lien avec le projet de LGV ».
Pour l’hebdomadaire, cela permet d’affirmer que « Philippe
Gamen, maire du Noyer, et commissaire enquêteur lors de cette
enquête publique menée du 16 janvier au 19 mars 2012, a
menti sur ses activités et ses liens avec RFF
et LTF ».
« Des
rencontres avec LTF,
poursuit
l’hebdomadaire,
ont débuté avant le lancement de l’enquête publique et se sont
poursuivies pendant celle-ci avec le promoteur de la LGV
Lyon-Turin, alors que Philippe Gamen, président de l’association,
était aussi commissaire enquêteur ».
Le
CPNS
est de nouveau cité dans le rapport de la Commission d’enquête
publique, à page 212, alors que les commissaires donnaient leur avis
final sur la question des zones humides : « RFF
devrait se rapprocher des conservatoires d’espaces naturels
départementaux (le ’CREN’
pour le Rhône, ’Avenir’ pour l’Isère et le ’CPNS’
pour la Savoie) afin de définir les travaux de création et de
réhabilitation des zones humides et signer des conventions de
gestion à long terme. Un budget devrait être prévu sur 30 ans pour
la gestion des milieux créés ou réhabilités ».
La
nécessité de se rapprocher au CPNS
est rappelée encore page 240, dans les 22 recommandations avancées
par la Commission, qui demande d’adopter « une
stratégie de compensation des zones humides respectant les principes
suivants : (...) un rapprochement devra être engagé avec les
conservatoires d’espaces naturels (le ’CREN’
pour le Rhône, ’Avenir’ pour l’Isère et le ’CPNS’
pour la Savoie) pour définir les travaux de création et de
réhabilitation des zones humides et les conventions de gestion à
long terme ».
Le
cas de Philippe Gamen a été précédé par d’autres cas de
conflits d’intérêt dans le projet Lyon Turin. Le 3 octobre
2012, Le
Canard Enchaîné
révélait que la Commission
avait passé un marché avec une entreprise de travaux publics
dirigée par le frère d’un des commissaires d’enquêteurs.
A la page 124, le rapport invitait en effet RFF
« à
étudier le mémoire de l’entreprise Truchet TP,
qui propose de mettre à disposition du projet un terrain de 9
hectares, dans la zone artisanale d’Arbin, pour y stocker de
manière définitive 950 000 m3
de déblais, après autorisation d’extraction de matériaux
alluvionnaires ».
Cette société est présidé par Roger Truchet, frère du
commissaire Guy Truchet.
Coté
italien, l’architecte Mario Virano a été désigné directeur
général de la nouvelle société TELT
(Tunnel Euralpin Lyon-Turin), choisie pour construire et gérer la
section transfrontalière de la LGV.
Or Virano a été déjà membre de la délégation italienne de la
Conférence intergouvernementale pour le Lyon-Turin, président de
l’Observatoire technique et commissaire extraordinaire du
gouvernement italien.
« C’est
au moins inopportun,
dit à Reporterre
Monica Frassoni, co-présidente du Parti vert européen, que
la même personne qui a été protagoniste de toute l’histoire de
l’ouvrage, depuis plus de dix ans, soit choisie pour cette
fonction. Il personnifie désormais ce projet inutile et destructeur
qui a déjà fait gaspiller 1,2 milliard d’euros en études et
analyses menées par amis et amis des amis, sans aucun respect de
l’intérêt général ».
Enquête
européenne sur la fraude
En
février 2014, les opposants français au Lyon-Turin ont déposé un
recours devant le Conseil d’Etat en demandant l’annulation de
l’enquête publique ainsi que de la déclaration d’utilité
publique de l’ouvrage.
Le
6 février, l’Office anti-fraude européen a décidé d’ouvrir
une enquête après
la saisine en décembre dernier de deux députées européennes
écologistes,
Michèle Rivasi et Karima Delli, qui contestent « des
pratiques douteuses et de nombreux conflits d’intérêt ».
Selon
Monica Frassoni, il y a « un
problème majeur au niveau des instruments de contrôle de la part de
l’Union européenne sur les grands ouvrages, pour vérifier comment
l’argent publique est utilisé. La décision de l’Office
anti-fraude européen d’ouvrir une enquête montre que les
documents fournis ont été jugés pertinents, et qu’il faut
enquêter ».
Andrea
Barolini - Reporterre
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