On a reçu ça :
Ici Jean Monestier.
Ci joint (...) une petite lettre à l'Indépendant qui publie souvent des propos favorables à la quatre voies Ille-Prades. J'ose maintenant écrire que ce projet est criminel, puisqu'il ne peut que faire augmenter les émissions de carbone sur cet axe.
En appui, quatre pages de Richard Heinberg : " Pétrole : la fête est finie !" dont les propos sont convergents.
Pour la France, l'investissement, notamment des collectivités locales, dans les infrastructures routières, est énorme par rapport à ce qui est consacré au chemin de fer, qui sera pourtant le mode de transport de l'avenir. Par ailleurs, comme les budgets sont en baisse, les dépenses d'entretien, qui augmentent avec la longueur du réseau, sont délaissée au profit des travaux neufs, plus gratifiants et plus "visibles". Tout ceci ne peut qu'imploser.
Amitiés"
Jean Monestier Le
Soler, le 03.03.2015
à
INDEPENDANT
Courrier
des lecteurs
2,
Bld des PYRÉNÉES
66007
PERPIGNAN CEDEX
Objet : Le piège de la route à quatre
voies.
On lit
fréquemment dans l’Indépendant les propos de grands élus ou de technocrates qui
appellent de tous leurs vœux la réalisation de la route à quatre voies entre Ille
et Prades. Pourtant, une chose est certaine : si ce projet du siècle
dernier devait aboutir, cette infrastructure provoquerait mécaniquement une
augmentation des émissions de carbone imputables à cet axe. De nombreux auteurs
établissent que les gains dans l’efficacité des moteurs sont toujours plus que
neutralisés par l’augmentation du trafic, car la meilleure fluidité de la
circulation nous entraine à rouler
plus vite, plus loin, et plus souvent. C’est ce que les spécialistes
appellent l’effet rebond. Or, on vient d’apprendre que l’année 2014 était, en
moyenne bien sûr, la plus chaude depuis que l’on fait des mesures, c'est-à-dire
le dernier tiers du 19ème siècle. Notre culture sportive pourrait
nous faire interpréter joyeusement cela comme un record battu. Mais se
réjouit-on quand un enfant qui avait 39°C depuis trois jours voit sa
température monter à 40°C ? C’est peu probable. Lors d’une conférence
donnée il y a quelques mois à l’Hôtel d’Agglomération Perpignan-Méditerranée,
Hervé Le Treut, scientifique reconnu, face à un public adulte et responsable, nous a recommandé de diminuer
nos émissions de carbone. Or, non seulement, elles ne baissent pas, mais elles
augmentent, si l’on inclut celles qui sont dues à nos importations. Il serait
temps que nos grands élus et technocrates en tiennent compte, car un
réchauffement du climat supérieur à deux degrés, de plus en plus probable, annonce une remise en
cause massive et accélérée de notre prospérité locale. Dans ce contexte,
réaliser cette route à quatre voies serait littéralement criminel. Bien
entendu, je ne parle pas des déviations auxquelles les habitants de Joncet,
Marquixanes etc. ont droit au
titre d’une simple équité républicaine. Par contre, avec le budget restant
disponible il serait temps d’achever l’aménagement de l’axe ferroviaire de
Perpignan à Villefranche : réduction de la différence de niveau entre les
quais et les planchers des véhicules, dissuasive pour les personnes âgées,
handicapés, mères de famille, etc. ; réalisation de la halte de St
Charles, qui concerne 9000 personnes, et pour laquelle l’emplacement du quai a
été réservé ; amélioration des vitesses et des dessertes, de sorte que le
train, qui, à masse et à vitesse égales, consomme deux à trois fois moins
d’énergie, par ailleurs issue de ressources renouvelables, devienne plus séduisant
que le mode routier, qui fonctionne quasi exclusivement avec des énergies
fossiles. Quant au Train Jaune, qui ne survivrait pas à une spécialisation
exclusivement touristique, il ne sera remis au niveau d’efficacité atteint dans
les pays alpins que si on lui consacre l’argent qui est encore flambé dans la
construction de routes nouvelles. Il faudrait le dire franchement, même si cela
fâche ceux qui n’ont pas encore compris la situation.
Jean Monestier.
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