Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan. Mais pas que. Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...
BLOG EN COURS D'ACTUALISATION... ...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...
Ci-dessous la pétition nationale pour le maintien du remboursement des cures thermales, à signer et transférer si possible
C’est
un secteur important au plan de la santé mais aussi économique pour des
territoires comme le nôtre, en raison des emplois directs et indirects,
de la durée des séjours et de la saison thermale de mars à novembre. En Conflent, il y a 2 stations
thermales : Molitg les Bains et Vernet les Bains.
Les cures thermales sont très importantes pour le Conflent
Non à la disparition des cures thermales et des territoires
thermaux !
Nous, parlementaires, élus locaux, professionnels de santé, patients, exploitants thermaux, nous nous opposons fermement au décret envisagé par le Gouvernement visant à réduire drastiquement le remboursement des cures thermales de 100 % à 65 % pour les patients atteints d’affections de longue durée (ALD) et de 65 % à 15 % pour tous les autres patients.
Cette mesure, pour une économie estimée à 200 millions d’euros, remettrait en cause l’existence même de la médecine thermale et mettrait à mal nos communes thermales. Nous dénonçons la brutalité et le non-sens d’une telle orientation.
Le 8 novembre, l’Assemblée nationale a envoyé un message clair en rejetant massivement un amendement prévoyant la remise en cause des cures thermales : 167 voix contre, 24 pour. Ce vote large et transpartisan a réaffirmé le soutien de la représentation nationale à cette médecine éprouvée.
Dans un contexte où le Premier ministre affirme vouloir redonner toute sa place au Parlement, nous espérons que le Gouvernement respecte ce choix démocratique.
Le thermalisme est une médecine évaluée, encadrée et en constante évolution. Chaque année, près de 500 000 patients atteints de maladies chroniques y trouvent un traitement durable. Loin d’être une médecine de confort, elle repose sur plus de 60 études cliniques menées depuis plus de 20 ans et bénéficie d’un encadrement strict de l’Assurance Maladie. Dans 90 % des cas, les cures présentent un service médical rendu démontré : elles réduisent la douleur, améliorent la qualité de vie et limitent le recours aux médicaments et aux hospitalisations.
Les cures thermales ne doivent pas devenir la variable d’ajustement budgétaire court-termiste du Gouvernement. Et la France ne fait pas figure d’exception : l’Allemagne, l’Autriche, l’Italie, la Pologne ou encore la République tchèque remboursent également les cures thermales, souvent à des taux supérieurs à ceux de la France. Un coût dérisoire pour un bénéfice immense. Les cures thermales représentent seulement 0,1 % du budget de l’Assurance Maladie pour 8,3 millions de journées de soins. L’économie espérée de 200 millions serait marginale et rapidement annulée par les coûts de soins de substitution (médicaments, hospitalisations, consultations…). De plus , l’État se priverait de recettes fiscales importantes générées par la filière, notamment en matière de TVA et de cotisations sociales.
Un pilier pour nos territoires.Les établissements thermaux sont indispensables à la vitalité de nombreux territoires. Leur présence favorise une offre de soins supérieure à la moyenne (médecins, pharmacies, maisons de santé) et génère 4,8 milliards d’euros de retombées économiques annuelles ainsi que 25 000 emplois directs et indirects non délocalisables. Près de 70 % des stations thermales sont situées dans des communes de moins de 5 000 habitants : les fragiliser reviendrait à aggraver la désertification médicale et économique de nos campagnes. Pour toutes ces raisons, nous disons non au déremboursement des cures thermales. Parce que la médecine thermale est utile et efficace, parce qu’elle soigne, parce qu’elle fait vivre nos territoires, nous demandons solennellement au Gouvernement de la préserver et de renoncer à ce décret.
Auteurs de ce texte :
Denis Fégné, député des Hautes-Pyrénées, Président du groupe d'études thermalisme à l'Assemblée nationale
Jean-Marc Boyer, sénateur du Puy-de-Dôme, Fondateur des Journées parlementaires du thermalisme
Thierry Dubois, Président du Conseil national des Etablissements Thermaux (CNETh)
Julien Dubois, maire de Dax et président du Grand Dax, Président de l’Association nationale des maires de communes thermales (ANMCT)
Les informations recueillies à partir de ce formulaire font l’objet d’un traitement destiné uniquement à cette action.
À Bruxelles, le collectif Morts de la rue se bat
pour que chaque personne ayant vécu dehors ait droit à un adieu digne.
Face à l’indifférence, ils rappellent que la mort aussi dit la justice
sociale.
Le ciel est bas, couleur d’étain. Un babil d’oiseaux s’élève,
happé à intervalles réguliers par le grondement d’un avion. Le vent
soulève quelques feuilles mortes — celles encore entières, pas encore
dissoutes sur le sol boueux — entre les croix de bois alignées.
Dans ce coin reculé du cimetière de Bruxelles, les morts n’ont ni
marbre ni épitaphe. Juste une plaque vissée, parfois un nom, parfois
rien. Depuis l’été 2025, la Ville n’a même plus payé son fournisseur :
plus de croix, plus de bois. Le temps passe, et les morts se pointent
sans signe distinctif. Plus simple, tu meurs.
Yves, 55 ans, ancien sans-chez-soi, marche d’un pas claudiquant entre
les allées, les bras croisés dans le dos, béret enfoncé jusqu’aux
oreilles. À ses côtés, Florence Servais, 41 ans, travailleuse sociale,
s’arrête sur des plaques familières : Valentino, Jolanda… Son ruban
rouge dans les cheveux, son blazer rouge et ses chaussures roses
tranchent avec le gris ambiant. Plus loin, Cléo, 36 ans, entrepreneure
de pompes funèbres, redresse une petite statue d’ange couchée dans
l’herbe. Autour d’eux, la terre fraîche raconte les enterrements récents
— ceux qu’on ne peut s’offrir en grande pompe.
Recueillir des fragments de vie
Tous trois appartiennent au collectif Morts de la rue, une poignée de
citoyens, d’anciens sans-chez-soi et de travailleurs sociaux décidés à
ce qu’aucune personne ayant vécu dehors ne parte seule. Depuis
vingt ans, ils veillent sur ces tombes modestes, recueillent des
fragments de vie, affrontent les humeurs du ciel et l’indifférence. «"Ne meurent que ceux qu’on oublie", c’est notre philosophie», résume Florence.
Tout commence en 2005. Deux corps sont retrouvés à la gare du Midi :
deux hommes morts depuis plusieurs jours, que personne n’avait réclamés.
Le silence qui entoure leur disparition révolte un petit groupe
d’habitants et de travailleurs sociaux. De cette indignation naît une
promesse : plus personne ne partira sans que l’on se soucie de lui.
Sous la coordination de l’association sans but lucratif (ASBL)
Diogènes, le collectif s’organise. Autour de la table : des habitants
de la rue, des bénévoles, des proches, des associations sociales. Leur
mission est simple et immense : offrir un adieu digne à ceux que la
société a laissés de côté. Depuis, ils ont recensé plus de 760 décès et
organisé plus de 500 cérémonies. L’âge moyen des défunts : 48 ans. La
moitié vivaient encore dehors.
«Un mort de la rue, explique Florence Servais, coordinatrice de l’association, ce
n’est pas forcément quelqu’un qui est mort dehors. C’est souvent
quelqu’un dont la vie a connu la rue, des ruptures, des retours.»
«On demande juste un minimum de respect»
Souvent, tout commence par un coup de fil. Un hôpital, un centre
d’accueil, la police. Alors le collectif s’active : retrouver le corps
avant qu’il ne soit déplacé, chercher un nom, des proches. Parfois il
faut insister. «Nous, on n’a pas accès au registre national, rappelle Florence. Les hôpitaux, si. Alors on pousse, on relance.»
Quand une famille est retrouvée, le collectif l’accompagne. Sinon,
c’est lui qui s’en charge : même sans proches, il faut quelqu’un pour
dire au revoir. Ce quelqu’un, le plus souvent, c’est eux : Florence,
Cléo, Yves et les autres.
Ils demandent trente minutes de recueillement. Il arrive qu’on leur en accorde à peine quinze. «Les fossoyeurs sont pressés», regrette Florence. «On demande juste un minimum de respect : qu’on ne les enterre pas à la chaîne, qu’on puisse personnaliser ce moment», ajoute Cléo.
Des galets peints, un mot au feutre sur le couvercle. Une chanson s’élève d’un téléphone portable — souvent le «GSM» d’Yves, comme il dit. L’autre jour, c’était «Dirty Old Town» de The Pogues pour un Irlandais, «Le Moribond» de Jacques Brel pour d’autres. Yves, lui, préfère la cornemuse. Ça lui secoue les tripes et ça remue ce qu’il garde au fond. «C’est magique, ça ouvre quelque chose.»
Pour Yves, ces rituels ont une saveur particulière. Il a connu la rue
en 2012, après une succession d’effondrements : une rupture, un
logement perdu, des promesses non tenues. «J’étais cassé par la vie»,
dit-il, le sourire creusant de fines pattes d’oie au coin de ses yeux.
Son histoire coule à haut débit, sinueuse et impétueuse, comme une
rivière ayant franchi mille torrents.
«On meurt de solitude»
Sous le grand auvent du Brico, place de Brouckère, il vivait côte à côte avec Papayan, un Polonais qui lui a appris à survivre. «On savait où manger, où se laver. On se serrait les coudes, on rigolait.» Puis il ajoute, plus grave : «La rue, attention, c’est aussi la guerre des territoires.»
La peur, les vols, la fatigue de dormir sur ses gardes. «Le
plus précieux, c’est les chaussures. Tant que t’as tes pieds, t’as une
chance de trouver à manger, de te réchauffer, d’aller faire tes papiers.
T’existes.»
Trois ans plus tard, Papayan lui shoote le derrière : «“Ça suffit Yvo, tu sors de cette rue. Reviens nous sauver.”» Yves obéit. Grâce aux liens tissés avec le collectif, il se relève, retrouve un logement, une stabilité fragile. «C’est eux qui m’ont sorti de là. C’est ma famille.»
Aujourd’hui, il vit en logement social, suit des formations, parle dans les écoles. Il se dit «entrepreneur social» : «Je
raconte mon histoire pour que d’autres sachent que c’est possible de
s’en tirer, même si je sens bien que mon équilibre est encore précaire,
entre les dettes et le coût de la vie.»
Il a enterré, ces dernières années, une quinzaine de connaissances. «Chaque
fois, c’est dur, je me vois à leur place. Mais au moins, avec nous,
c’est plus juste : ils ne partent pas comme des chiens errants.» Parfois, quand la vie tangue, il écoute «Un homme debout», la chanson de Claudio Capéo. L’émotion le traverse, puis il se remet debout.
Derrière la douceur des gestes, une colère gronde. Précarité,
expulsions, refus de soins, papiers manquants : derrière chaque
disparition, une même trame. «L’idée qu’on meurt de froid dans la rue est répandue, remarque Florence, mais elle est en partie fausse. On meurt de solitude, de ne plus compter pour personne, d’avoir été abandonné.»
Florence se remémore l’histoire de Joël, un jeune footballeur venu du
Cameroun dans l’espoir de décrocher un contrat. Il est mort seul sur un
terrain vague : «La commune
m’appelle : “On a un problème avec notre frigo, on ne peut pas le
garder, il fait trop chaud.” On a gagné quelques jours, trouvé un
funérarium, payé de notre poche. Le temps que des amis puissent lui dire
au revoir. Il avait la vingtaine. C’était un gâchis immense.»
Après vingt ans d’existence, malgré quelques avancées — les tombes
identifiées en sont une — les obstacles restent innombrables. Communes
indifférentes [il y en a dix-neuf dans la région de Bruxelles],
procédures absurdes. «Parfois, on nous prévient après l’enterrement», soupire Florence. Des cercueils sans témoin, des croix qui disparaissent. «On demande juste des choses simples. Mais on voit bien que dès qu’on arrête de se battre, ils cessent de prendre soin.»
Pour une sécurité sociale de la mort
Cléo, elle, se reconnaît dans la proposition d’une “sécurité sociale de la mort”, portée par le collectif français du même nom : «Les
pompes funèbres devraient être un service public — et je dis ça en
gagnant ma vie grâce à ce métier. Le minimum doit être garanti. On
cotise toute notre vie, on paie la TVA sur tout ce qu’on achète, et au moment où on meurt, on n’existe plus. Ce n’est pas normal.»
Pour elle, qui est aussi présidente de l’ASBLCompostez-moi!
— qui a pour but d’obtenir l’introduction dans le droit belge du
compostage funéraire — leur engagement s’inscrit pleinement dans une
écologie du lien. «L’écologie, rappelle-t-elle, c’est d’abord être en logique avec son environnement.»
Or, rien n’est plus incohérent, selon Cléo, que d’abandonner les plus fragiles au bord du chemin. Et puis, «le plus grand ennemi de l’écologie, c’est le capitalisme», dit-elle sans détour. «Tant qu’on n’existe que si on a de l’argent, on reste dans une logique mortifère.»
À ses yeux, chaque déplacement du collectif, chaque cérémonie, est un
acte de résistance — une façon de réaffirmer que la dignité dans la
mort, elle aussi, fait partie du soin au vivant.
Cette «écologie du lien»
se déploie chaque année, début novembre, quand le collectif organise
une cérémonie sur la place de l’Albertine, au cœur de Bruxelles. Un
arbre y a été planté pour les morts de la rue. Quand le vent s’y
engouffre, il semble porter les murmures de ceux qui sont partis,
rappelant qu’ils ont un jour existé.
Dans les couloirs des structures d’accueil, la mort laisse toujours une trace. «Elle fait partie de notre travail, mais on ne s’y habitue jamais vraiment», confie Alexandra Trips, psychologue au sein du programme «Housing First»,
qui propose un accès direct au logement pour des personnes sans
chez-soi, souvent confrontées à des troubles psychiques lourds ou à des
addictions.
Elle raconte combien la présence du Collectif des morts de la rue
agit comme un appui essentiel, parce qu’il sait trouver la juste place :
soutenir sans s’imposer, alléger les démarches administratives,
faciliter le lien avec les services, et, quand il le faut, être là au
moment des funérailles. «Sans
chercher la lumière, le collectif apporte un réconfort discret aux
travailleurs sociaux, souvent démunis face à la mort de personnes qu’ils
ont accompagnées. Leur présence amène de la douceur quand c’est le
moment de dire au revoir.»
Yves remet sa casquette, Cléo ramasse un bouquet fané, et Florence
fronce les sourcils devant des croix jetées dans la poubelle. Une autre
cérémonie se déroule à quelques enjambées, dans un autre monde, où la
terre n’est pas nue.
Avant de partir, Yves s’arrête devant une tombe. Il ajuste un galet
bleu. Une manière de dire : On pense à vous. Dans la boue du carré des
indigents, un peu de chaleur demeure.
C'est la semaine prochaine qu'on se donne rdv sur la place de la République à Prades pour dénoncer les VSS !
Un petit rappel de certains chiffres impactant qui font froid dans le dos mais qui donnent l'énergie de se battre toujours plus fort contre le patriarcat
Des
taches brunes au milieu du vert, même en été. Les arbres qui
dépérissent sont de plus en plus nombreux en France comme dans notre
département. Entre des études alarmistes qui vont jusqu’à envisager un
désert et la résilience naturelle des forêts, l’avenir de notre
végétation est en jeu.
Les forêts des Pyrénées-Orientales qui ne seraient plus qu’un
souvenir. C’est l’hypothèse qui conclut une étude de l’université de
Heidelberg en Allemagne, publiée en 2023, avec une projection pour les
forêts de Méditerranée exposées à la sécheresse. Tablant sur un besoin
minimum de 400 mm de pluie par an pour ces forêts, l’étude s’est penchée
sur les fluctuations de la végétation sur les 500 000 dernières années,
grâce à des pollens fossilisés.
Les chercheurs émettent l’hypothèse
d’une désertification progressive en lien avec la concentration de CO2.
Pour aboutir d’ici quelques décennies à un paysage de steppes rases,
sans arbres.
C’est un paradoxe car la surface forestière, au niveau national mais
aussi dans notre département, ne cesse de progresser depuis plus d’un
siècle en raison de la déprise agricole. Les Pyrénées-Orientales ont vu
leur surface forestière doubler depuis 1980, gagnant près de 100 000
hectares. Ce sont notamment les feuillus qui progressent, tandis que les
conifères stagnent ou baissent. Notre taux de boisement fait partie des
plus élevés en France métropolitaine, avec une large part de repousse
naturelle.
La mortalité a explosé sur les dix dernières années
Le problème, c’est la mortalité au sein de ces forêts. En seulement
dix ans, le dépérissement des arbres en France a augmenté de 80 %. On
note aussi une augmentation plus rapide du volume de bois mort depuis
2020. Chute des aiguilles pour les résineux, jaunissement précoce pour
les feuillus, parfois canopées dépouillées, branches et arbres morts.
Les premières inquiétudes remontent aux
années 1980 avec les pluies acides, mais aujourd’hui c’est surtout le
changement climatique qui est pointé du doigt, avec des facteurs
aggravants comme des insectes ravageurs.
Ces derniers sont parfois introduits de l’étranger, ou bien étaient
présents mais se reproduisent davantage en produisant plusieurs
générations sur une période où auparavant ils n’en engendraient qu’une.
Certains arbres, comme le hêtre, sont sensibles aux coups de soleil,
au point de pouvoir en mourir. Dans les Pyrénées-Orientales, la
sécheresse de 2022 a été un baromètre éloquent, avec un taux de
mortalité qui a grimpé de 25 % pour la forêt de la Massane, dans les
Albères. Des cercles vicieux peuvent en découler, car le dépérissement
joue sur le stockage de carbone par nos forêts. Hormis limiter le
changement climatique en jouant sur les émissions humaines, comment
freiner la mort de nos arbres ?
La cavitation, l’équivalent d’une embolie chez l’arbre
L’écologue Diane Sorel, conservatrice de la Réserve Naturelle
Nationale de la Forêt de la Massane, constate aussi des pics de
mortalité suite aux sécheresses. Ainsi, avec une moyenne de mortalité à
1,9% sur 20 ans pour les hêtres, on a observé un pic à 3,7 % en 2007, la
sécheresse ayant touché des arbres déjà fragilisés en 2003, et un taux à
2,7 % en 2024, conséquence des épisodes de sécheresse depuis 2021. Pour
l’instant ces taux de mortalité sont équilibrés avec la régénération.
« On voit des feuilles roussies, souvent
elles restent attachées à l’arbre, elles vont avoir du mal à tomber.
Quand l’arbre est complètement roussi, cela veut dire qu’il est mort.
Mais avant d’arriver à ce stade, il y a des phénomènes de descente de
cime. L’arbre va rabaisser et abandonner sa cime. »
La mort de l’arbre passe par un phénomène de cavitation, comparable à
l’embolie chez les humains. En clair, pendant la sécheresse, le végétal
essaye de capter de l’eau et des sels minéraux qui ne sont plus dans le
sol, et à la place il récupère des bulles d’air, qui peuvent le tuer.
Diane Sorel et les équipes de la réserve réalisent un suivi sur près de
70 000 arbres depuis 1999. Face à la mortalité, l’humain peut-être tenté
de replanter. Pour l’écologue, le plus important serait plutôt de
savoir se retenir. Mieux vaut compter sur la résilience et éviter les
interventions.
Laisser faire la forêt plutôt que d’agir de manière contre-productive
« Chez un arbre, contrairement à l’homme, il y a plusieurs
patrimoines génétiques, de branche en branche. Un arbre est une
communauté d’individus, avec des potentiels d’adaptation. Et ce
patrimoine est diversifié parce que l’homme n’est pas intervenu dans la
dynamique de la forêt. » Elle évoque ces arbres morts dans la Massane
qui créent des trouées et permettent à de nouvelles générations mieux
adaptées de se développer. Le bois mort au sol fonctionne par ailleurs
comme une éponge et stocke de l’eau.
Diane Sorel, conservatrice de la Réserve Naturelle Nationale de la Forêt de la Massane
À l’inverse, les stratégies de plantation de forêts entraîneraient
des séries d’arbres ayant tous le même âge, empêchant les évolutions
naturelles échelonnées.
« On essaie de recréer de manière
simpliste ce que fait très bien la nature. Ce qu’il faudrait, c’est plus
d’espaces où on ne touche à rien, laisser des îlots de sénescence. »
Si les haies ou les plantations en ville peuvent être vertueuses,
Diane Sorel considère le projet national, annoncé par Emmanuel Macron et
visant à planter un milliard d’arbres d’ici à 2032, comme une
catastrophe écologique. « C’est la bonne excuse pour couper des forêts
qui peut-être s’en seraient sorties. On va raser pour replanter, on se
fait payer le bois qu’on a coupé et en plus on est financé pour
replanter. Le dessouchage va décaper les sols. C’est une économie, mais
en termes écologiques c’est n’importe quoi. »
La Massane, une des rares forêts françaises épargnées par l’homme
Il n’existerait que 1200 hectares de forêts en France où l’homme
n’intervient pas du tout, dont 336 hectares à la Massane. « Ce sont des
foyers génétiques fondamentaux pour les populations de hêtres et
d’autres essences. Si on perd ces sites ce serait problématique ». La
dispersion de ce patrimoine génétique se fait avec les oiseaux, les
effets de pente, les rivières etc.
« Ce que je vois aujourd’hui me laisse
présager qu’on aura toujours de la forêt à la Massane. Si les arbres
arrivent à pousser dans les conditions actuelles, c’est plutôt positif,
ils résistent. On fait le pari de l’avenir. »
Un avenir moins certain pour les forêts aux alentours, notamment de
faible altitude, ou celles qui ont été dégradées par une exploitation
humaine. En 2023, l’ONF mentionnait déjà une mortalité massive sur les
pins dans les Pyrénées-Orientales. Les chênes résistent mieux, tandis
que les hêtres de la forêt de Boucheville, dans le nord du département,
montrent déjà des signes de faiblesse. Dans tous les cas, la
pluviométrie et la place laissée par l’homme à la nature vont être
déterminantes pour dessiner nos paysages futurs.
Objectif
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Pyrénées-Orientales !
Rassurez-vous, la rédaction de
Made In Perpignan ne change pas subitement de cap. Nous continuerons
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Parce qu’enquêter sur les réalités sociales, économiques et environnementales des Pyrénées-Orientales a un coût, soutenez-nous !
La viande de porc est la première viande consommée par les Français, avec 32 kg par habitant et par an1. Pour satisfaire cette demande, 23 millions de cochons sont tués chaque année2.
95 % de ces cochons sont élevés en bâtiments fermés, sur un sol en bétonajouré pour laisser passer leurs déjections : le caillebotis3. Ils n’ont jamais accès à l’extérieur
et ne disposent d’aucune litière (telle que de la paille) pour se
coucher. Leur environnement se limite à du béton, des barreaux
métalliques et du plastique.
85 % des cochons élevés en France sont détenus dans d’immenses élevages de plus de 1 000 animaux. En moyenne, les élevages détiennent 226 truies reproductrices4.
Alors que l’espérance de vie des cochons est de 15 à 20 ans, ils sont envoyés à l’abattoir à l’âge de 6 mois pour les cochons à l’engraissement et 3 ans pour les truies reproductrices5.
Dans sa courte vie, une truie donne naissance en moyenne à 70 petits dont 55 seulement survivront jusqu’au sevrage6.
6,5 millions de cochons meurent chaque année dans les élevages avant même le départ pour l’abattoir7, soit 21 % des porcelets nés chaque année8. Un quart des truies sont tuées avant l’âge d’abattage prévu, en raison d’une moindre productivité, de blessure, ou de maladie9.
En élevage intensif, les truies donnent en moyenne naissance à plus de 15 petits nés vivants contre 3 à 6 chez les cochons sauvages et 10 chez les cochons de race piétrain à croissance lente10. Plus d’un tiers des portées comptent plus de porcelets que la truie n’a de tétines11.
84 % des Français sont défavorables à l’enfermement à vie des cochons en bâtiment sur un sol de béton ajouré sans paille, à l’enfermement des truies en
cage et aux mutilations infligées aux porcelets (coupe des queues,
meulage des dents, castration pour les mâles)12.
Dans le cadre du Festival Alimenterre qu'on retrouvera à l'Alchimie le samedi 22 novembre, un atelier cuisine sera proposé en amont sur Vernet, le 20 novembre. Pensez à vous inscrire !
Pour info
Le collectif la Frakture a laissé une boîte dans la salle du bar pour le dépôt de graines alors n'hésitez pas à venir partager pour densifier la grainothèque "graines de pirates" ! + la collecte solidaire de Noël commence...