On a reçu ça :
De
Jean Monestier
19,
avenue Jean Jaurès
66270 LE
SOLER
04 68
92 89 49
06 83
99 03 25
Le Soler, le 28.10.2014
à
Journal LA CROIX
Courrier des lecteurs
18, rue BARBÈS
92128 MONTROUGE CEDEX
Réf courrier :
14U28LTA
Objet : Controverse
sur l’envoi à domicile de la propagande électorale.
Madame, Monsieur,
En tant que
lecteur occasionnel de LA CROIX, je me permets d’ajouter quelques arguments
pour le maintien de l’envoi à domicile de la propagande électorale, dont le
journal évoque la suppression dans l’édition du 22 octobre 2014.
1) Quant à
l’argument de modernisation de la vie publique, il est passablement idéologique. Plutôt que dans la généralisation forcée
des hochets électroniques, je la verrais plutôt dans celle des référendums à
initiative populaire, authentiquement démocratiques. Mais, curieusement, les
élus et les ministres ne trouvent que des inconvénients à ces derniers.
2) L’économie
de papier représenterait autour des 5000
tonnes qu’ont dévorées les législatives de 2012. Toutefois Philippe Bihouix,
dans « L’âge des LOW TECH », avance que le gaspillage représenté par la
distribution des prospectus publicitaires dans les boites aux lettres en
consommerait un million de tonnes par an, soit 200 fois plus, y compris les
années sans élections. Ça me rappelle une vieille histoire de paille et de
poutre. Restons conscients des ordres de grandeurs. Même observation pour
l’énergie consommée par la distribution de ces documents. Ajoutons que, si l’on
accepte d’un cœur léger la disparition complète et définitive de La Poste, donc
de ses structures et de ses compétences, on pourrait le regretter cruellement
quand Internet fera défaut, ce qui ne manquera pas de se produire un jour.
3) Quant au
coût financier pour l’Etat, Monsieur
Valls ne parle évidemment pas de celui du traitement électronique de
l’opération, que j’aimerais connaître, en intégrant celui, évidemment externalisé,
de la contrainte pour les électeurs de changer régulièrement leurs équipements
« hard » et « soft », si fréquemment obsolètes. A comparer
avec celui d’une bonne vieille boite aux lettres, qui rend service, fidèlement,
durant des décennies. De plus, arguer que cet effort n’empêche pas une abstention
importante dans ce pays ne prouve
absolument pas que cette abstention n’augmenterait pas du fait d’y renoncer. Je
suis même prêt pour ma part à parier qu’elle deviendrait plus importante.
4) Quant à l’égalité
entre les citoyens, elle touche aussi au
DROIT de ne pas avoir de connexion à domicile, et à l’OBLIGATION qui serait
imposée aux 18% de ménages stigmatisés implicitement par Eurostat d’avoir au
moins une adresse électronique, et, pour la consulter, de se rendre
régulièrement, pourquoi pas deux fois par jour, dans une médiathèque ou un
cybercafé, alors qu’il suffit de quelques secondes pour savoir si une boite aux
lettres est vide ou pas.
5) Enfin,
je ne crois pas qu’Internet soit une option réellement soutenable, si l’on
considère pour commencer la gabegie énergétique qu’il exige pour son
fonctionnement (cf. le Rapport ECOTIC, qui rappelle que l’augmentation annuelle
de la consommation d’énergie des TIC est supérieure à celle du transport
aérien). Quant aux ressources physiques qu’elles mobilisent, dans un excellent
article intitulé « L’horreur numérique » et publié dans le
numéro 111 de La Décroissance (copie jointe), Fabrice Flipo, philosophe et
enseignant chercheur, écrit notamment : « Le numérique est le
seul domaine dans lequel on trouve que remplacer du renouvelable (papier) par
de l’épuisable (métaux, etc.) est une stratégie « durable ». Sait-on en effet que le matériel électronique, si frénétiquement
renouvelé, consomme en quantités croissantes pour sa fabrication des métaux
rares, qui, comme le précise Philippe Bihouix, par ailleurs Ingénieur des
Mines, ne sont dans ce cas pratiquement pas recyclables ? Toute cette
« modernité » est donc appuyée sur un château de cartes. Oserez-vous
imprimer ce blasphème ?
Je vous
prie d’agréer, Madame, Monsieur, l’expression de mes
Très Sincères Salutations Citoyennes.
Jean
Monestier :
Formé à l’économie auprès de
l’Université de Toulouse.
Membre de diverses associations intéressées aux problèmes de l’énergie.
Artiste-Auteur-Indépendant.
Défenseur d’une biosphère habitable
Amorce
de bibliographie.
« L’âge
des LOW TECH », Vers une
civilisation techniquement soutenable, par Philippe Bihouix,
édité par le Seuil - 2014.
« Rapport
ECOTIC », dirigé par Fabrice Flipo, qui a été résumé sur papier sous le
titre :
« La
face cachée du numérique », coordonné par Fabrice Flipo, Editions
l’ÉCHAPPÉE - 2013.
« Quel
futur pour les métaux ? », de Philippe Bihouix & Benoît de Guillebon,
Edité par EDP Sciences - 2010.
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