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mercredi 18 août 2021

"... nous les si petits, nous les si riens, les tant oubliés"

Texte trouvé sur la page fb de Cédric Herrou

 

Cédric Herrou


 

“Pour eux qui sommes-nous, nous les si petits, nous les si riens, les tant oubliés ? Personne ne nous a jamais écoutés et personne ne nous écoutera jamais !” 
 
C’est le cri de désespoir de Mouni quand elle reçut son Obligation de Quitter le Territoire Français en mai dernier, alors qu’elle vient d’apprendre qu’elle est atteinte d’une tumeur au cerveau. Il y a quelques années sa situation administrative l'avait plongée dans une grande précarité jusqu’à ce qu’une main se tende : celle de la communauté Emmaüs Bourg-Servas. “Viens m’aider à aider”. Elle retrouve alors une appartenance à un mouvement, une place dans la vie, du respect, une existence, une activité. 
 
Maintenant elle vit avec une tumeur. La communauté adapte son activité à ses problèmes de santé. 
 
Dans la communauté Mouni n’est pas la seule à se voir infliger une OQTF, d’autres compagnons en reçoivent également. 
 
Elle pleure dans mes bras, je pense alors à Catherine Sarlandie de la Robertie, préfète de l’Ain, cette femme qui depuis son bureau confortable se permet de détruire l’espoir, l’espoir d’une femme et d’une communauté. Est-ce que la vie de Mouni dérange ? Pourquoi maltraiter des gens qui ont une activité sans déranger d’autres ? Pourquoi vouloir précariser des individus ? Est-ce une réponse pragmatique digne d’une gestion politique ? La politique ne devrait pouvoir faire pleurer des gens mais Mouni pleure dans mes bras. 
 
Si Emmaüs existe depuis plus de 70 ans, c’est que trop peu de solutions à la précarité ont été apportées par les gouvernements successifs. L’Etat restera responsable de la précarité. Les communautés Emmaüs apportent des réponses concrètes à la lutte contre l’exclusion et pendant ce temps l’Etat sabote ce travail d’inclusion et d’intégration. Emmaüs a fait ses preuves en termes de solidarité. Comment une préfète peut-elle d’un coup de stylo sadique cracher, insulter, mépriser le travail des 121 communautés Emmaüs ? Car prétendre que Mouni n’est pas “suffisamment intégrée” c’est prétendre qu’Emmaüs ne l’est pas suffisamment. Insulter Mouni c’est insulter tout un mouvement. Mouni qui pleure c’est 70 ans d’Emmaüs qui pleure. 
 
Alors nous avons fait ce que nous savons faire ; nous nous sommes mobilisés, rassemblés, et nous avons fait pression, nous les si petits, nous les si riens, les tant oubliés. 
 
Notre mobilisation a porté ses fruits, sous la pression la préfète a cédé Mouni a été régularisée. 
 
Le rapport de force restera le meilleur des outils, non pas que nous sommes plus fort qu’une préfète, notre force n’est pas de vouloir gagner, notre force est de vouloir donner lumière à la vie. Donner un visage à un dossier, des larmes, des sourires, de la vie tout simplement. 
 
Notre mobilisation a su faire comprendre à Madame la préfète la douleur d’une femme et le travail de 70 années des communautés Emmaüs. 
 
Alors sachez Mesdames et Messieurs les préfets que nous : les si petits, nous les si riens, les tant oubliés, qu’ensemble nous pourrons venir réveiller en vous les derniers soupçons d’Humanité. 
 
Ne nous considérez pas comme vos ennemis mais comme les amis du restant de votre humanité. 
 
“Ne jamais subir toujours agir” 
 

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