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Image d'archive d'un centre de détention en Libye, en septembre 2017. Crédit : Reuters |
Libye :
détérioration des conditions
de vie des migrants
dans des centres de détention surpeuplés
Par Dernière modification : 25/07/2018
En Libye, plus de 9 000 migrants sont actuellement en centre de détention, contre 5 000 il y a quelques mois. L’ONG Médecins sans frontières alerte sur la détérioration de leurs conditions de vie et accuse l’Union européenne d’être responsable de cette situation.
"Cela fait plus d’un an
que je travaille sur place, je n’ai jamais vu les centres de détention de la
région de Khoms et Misrata aussi remplis. La situation est effrayante".
Ces mots sont ceux d’un médecin de Médecins sans Frontières (MSF) dont des
membres interviennent dans les centres de détention libyens, cité dans un communiqué de l’association publié mercredi 25 juillet.
Depuis le début de
l’année, près de 12 000 migrants ont été interceptés en Méditerranée et ramenés
en Libye par les garde-côtes libyens, selon le Haut-Commissariat
des Nations unies pour les réfugiés (HCR). D’après l’Organisation
internationale des migrations (OIM), le nombre de personnes détenues dans les
centres est passé de 5 000 à 9 300 ces trois derniers mois.
Chaque migrant qui est intercepté en mer par les
garde-côtes libyens – y compris "les enfants non accompagnés ou les
personnes sévèrement malades" signale MSF - est systématiquement transféré
dans les centres de détention situés le long des côtes libyennes.
"Plus les garde-côtes libyens enverront
automatiquement en détention les migrants qui sont secourus en mer, plus les
centres seront surpeuplés", a déclaré Othman Belbeisi, chef de mission de
l’OIM en Libye, à l’agence de presse Reuters, ajoutant que la situation pour
les migrants en Libye n’a jamais été aussi "sombre".
Détérioration des conditions de vie
MSF alerte également sur les conditions de vie des
migrants enfermés en centre de rétention, et signale une "nette
détérioration de leur situation", causée par la surpopulation.
Promiscuité, détention arbitraire, besoins élémentaires
non respectés, manque d’hygiène, violences… sont le quotidien des migrants qui
vivent dans les centres de détention officiels.
"Il y avait plus de 300 personnes, y compris de
très jeunes enfants, enfermées dans un centre de détention qui pouvait contenir
120 personnes maximum", explique Anne Bury, coordinatrice médicale
adjointe pour MSF en Libye. "Il n’y a pas d’aération et dans la chaleur
étouffante les détenus manquent d’eau potable. Ils n’ont accès qu’à un mélange
d’eau de mer et d’eaux usées. Dans une des cellules, il y avait environ 150 personnes
qui restaient nuit et jour sans être autorisées à en sortir",
raconte-t-elle.
“I've been here a year and have never seen so many people in detention centers in Misrata and Khoms. I've treated 2nd degree burns, scabies, respiratory infections, some patients had no clothes. They ask me how long they must stay here and I have no answer" -#MSF doctor in #Libya pic.twitter.com/Kiqpu8ln9H— MSF Sea (@MSF_Sea) 24 juillet 2018
L’OIM, qui intervient dans les centres libyens pour
notamment proposer aux migrants des retours volontaires dans leur pays, ne
cesse de demander à la Libye de ne plus renvoyer les migrants interceptés en
mer en centre de détention. "On veut la fermeture des centres fermés, que
les migrants puissent circuler librement et que les femmes et les enfants
soient séparés des hommes", dit à InfoMigrants Flavio Di Giacomo, porte-parole
de l’OIM en Italie.
Les réseaux de contrebande "plus organisés et plus
forts"
L’augmentation du nombre de migrants en détention et plus
largement en Libye est une aubaine pour les trafiquants. Les réseaux de
contrebande "deviennent plus organisés et plus forts", a déclaré
Othman Belbeisi de l’OIM. "Moins de personnes qui arrivent en Europe ou
qui prennent des bateaux ne signifie pas qu’il y a moins de migrants. Cela
signifie le contraire, ils sont bloqués [en Libye]", dit-il encore.
"Certains migrants détenus sont enfermés durant une
longue période, d’autres disparaissent du jour au lendemain et peuvent se
retrouver à nouveau dans les mains de passeurs et de trafiquants", assure
MSF qui accuse l’Union européenne d’être responsable de la situation des
migrants en Libye.
L’UE a en effet signé plusieurs accords avec le
gouvernement d’Union nationale libyen. Elle fournit une aide matérielle et
financière importante à la Libye pour empêcher les migrants d’atteindre
l’Europe. Elle équipe, forme et soutient notamment les garde-côtes libyens qui
sont pourtant soupçonnés par plusieurs ONG, dont Amnesty International, de
travailler main dans la main avec les réseaux de trafiquants. Ils sont
notamment accusés de faits de torture pour extorquer de l’argent aux migrants.
Ces accords ont bien réduits les arrivées en Italie mais
ont encore plus fragilisé les personnes bloquées sur le territoire
libyen : les actes de torture se sont accentués et les trafiquants
demandent davantage d’argent, avaient estimé en avril dernier des membres du
HCR.
"La fermeture des frontières a pour conséquence directe
le développement des trafiquants", conclut Flavio Di Giacomo.
Source : http://www.infomigrants.net/fr/post/10875/libye-deterioration-des-conditions-de-vie-des-migrants-dans-des-centres-de-detention-surpeuples
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