Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

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jeudi 18 janvier 2018

Chronique des ZAD - Deuxième partie mi-janvier 2018

Aujourd'hui la Chronique des ZAD arrive en deux parties et au milieu du mois vu l'actualité foisonnante...

Des infos, des liens, des photos pour tout savoir (ou presque) sur ce qu'il s'est passé dans/autour des ZAD (Zones A Défendre) pendant cette première moitié du mois de janvier 2018 ; on y parle de Notre Dame Des Landes, de Bure, de l'anti CGO de Strasbourg, et de plein d'autres sujets.

Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle précieuse.



AILLEURS


Hambach (Allemagne) - Amassada (12) - Bure (55) - Médias : De Johnny à Champigny - Anti rep - Chiapas (Mexique) - Procès sur la mort de Rémi Fraisse (81) - Anti GCO (67) - Attaque de squat à Lyon (69) -



Infos du 1er au 7 janvier


Mardi 2 janvier


Le charbon menace d’engloutir une forêt, 

à Hambach, en Allemagne

 

Convoitée par le géant de l’énergie RWE, la forêt de Hambach, dont le sous-sol regorge de lignite, est au cœur du mouvement de résistance contre l’exploitation du charbon en Allemagne.


Berlin (Allemagne), correspondance



C’est un joli coin de forêt au cœur du bassin minier rhénan, l’un des derniers poumons verts de la région, coincé entre les agglomérations de Cologne et d’Aix-la-Chapelle. La forêt de Hambach est réputée pour ses chênes et ses charmes, ses chauves-souris, grenouilles et oiseaux rares. Mais un autre de ses trésors attire la convoitise : son sous-sol riche en lignite, le moins cher des combustibles fossiles. Le plus polluant aussi.

En moins de 40 ans, les pelleteuses ont englouti 90 % de la forêt, sa faune, sa flore et plusieurs villages voisins pour y creuser la plus grande mine à ciel ouvert d’Allemagne. Quarante millions de tonnes de « charbon brun » en sont extraites chaque année par les excavatrices géantes de la compagnie d’énergie RWE. Et pour assurer l’alimentation de ses centrales électriques jusqu’en 2040, elle prévoit l’abattage complet du bois.

La mine de charbon de Hambach.
 
Outre-Rhin, la forêt de Hambach est devenue l’un des emblèmes du mouvement de lutte contre le sacro-saint charbon allemand, première source de production d’électricité du pays. À la lisière de ce qu’il reste de la forêt, face à la mine, plusieurs dizaines de militants occupent les lieux depuis 2012, dans des cabanes en haut des arbres. « C’est un combat très symbolique, contre le capitalisme, contre ces entreprises qui détruisent la planète, explique , une militante francophone. RWE promet de créer une nouvelle forêt un peu plus loin, mais il faudra très longtemps pour qu’un écosystème équivalent à celui de Hambach s’y développe. »

    « Ça vaut le coup de se battre pour chaque arbre, 

    pour chaque mètre carré de forêt restant » 

     


Le groupe vit des dons de la population locale et observe une mobilisation croissante. « Le problème du charbon préoccupe de plus en plus de gens et le lien se fait entre la question du charbon et l’avenir de la forêt, poursuit Sara. La couverture médiatique a aussi joué, avec les blocages de mines organisés par Ende Gelände et l’organisation de la COP23 en novembre près d’ici, à Bonn. »

Le sauvetage de la forêt de Hambach passe aussi par les tribunaux. L’organisation environnementale allemande Bund en est la figure de proue depuis les années 1990. « Ça vaut le coup de se battre pour chaque arbre, pour chaque mètre carré de forêt restant, explique Dirk Jansen, le directeur de la section régionale de Rhénanie-du-Nord–Westphalie. La forêt de Hambach ne fait plus que 700 hectares aujourd’hui, mais elle est toujours l’espace naturel le plus important de la région à la fois par sa taille mais aussi par sa biodiversité. »

Plusieurs centaines de manifestants réunis dimanche 10 décembre contre l’abattage de la forêt de Hambach.

  Concrètement, BUND porte plainte contre l’autorisation d’exploitation de la mine de Hambach jusqu’en 2030, délivrée par les autorités régionales. Elle critique notamment l’absence d’étude d’impact environnemental du projet, notamment sur une espèce protégée de chauve-souris, la Murin de Bechstein. Après plusieurs échecs, l’ONG vient de remporter sa première victoire : la cour d’appel de Münster a ordonné la suspension des travaux d’abattage en attendant une décision sur le fond au début de l’année 2018. Le géant de l’énergie ne semble en tout cas pas prêt à revoir ses plans. « Nous sommes confiants du fait que les travaux vont bientôt reprendre » a affirmé le porte-parole de RWE, Guido Steffen, à la Deutsche Welle. Dans la Zad de Hambach, on ne croit guère à une issue positive : « On se prépare à une évacuation d’un moment à l’autre », explique Sara. A quelques mètres de là, les excavatrices de la mine continuent de creuser.



Amassada

Agenda : Et une nouvelle année pour les luttes et les victoires !


On se retrouve pour le début d’année le 2 à Crassous au dolmen dès 8H pour organiser la suite du blocage de chantier. La semaine qui se termine, de nombreux gendarmes sont passés sur le site, contrôlant les quelques personnes qui les ont croisés. La pelle mécanique a été aperçue chargée sur son porte char dans la cour de l’entreprise Arles de Saint Rome de Tarn. Les travaux pourraient démarrer dans les jours qui viennent alors restons en alerte et prêts à se rejoindre si nécessaire.


Agenda de janvier : le mardi 16 à 20H Au lieu dit, rue de l’industrie Saint Affrique : Elsa Dorlin vient présenter son livre "Se défendre, une philosophie de la violence". Elsa Dorlin y retrace l’histoire de l’autodéfense à travers l’histoire politique des subalternes, de la résistance des esclaves aux blacks panthers en passant par l’insurrection du ghetto de Varsovie ou le ju-jitsu des suffragistes.... un livre passionnant et de première actualité !! Venez nombreux


le samedi 20 à l’Amassada : réunion d’organisation en cas d’expropriation et d’expulsion du hameau de l’Amassada et de l’ensemble des terres concernées par le mégatransfo.


Contact: amassada@riseup.net blog : douze.noblogs.org



Mercredi 3 janvier


 

Val Tolosa : le Conseil d’Etat confirme 

l’annulation du permis d’un méga-centre commercial





 
Les opposants au projet de méga-centre commercial Val Tolosa, quelques 60.000 m² de surface commerciale et 120 boutiques sur la commune de Plaisance-du-Touch, viennent de remporter une nouvelle victoire. La plus haute juridiction administrative, le Conseil d’Etat, a, dans un arrêt rendu le 28 décembre, confirmé l’annulation par la cour administrative d’appel de Bordeaux du deuxième permis de construire de Val Tolosa, obtenu en 2009 après l’annulation d’un premier permis de construire.

Le combat juridique ne semble toutefois pas prêt de s’arrêter. Unibail, le promoteur de Val Tolosa, a obtenu de la mairie de Plaisance-du-Touch au mois de juin 2016 un troisième permis de construire. « Nous, les particuliers avons déjà engagé des dizaines de milliers d’euros en procédure. Unibail, entreprise du Cac 40 pour qui toute cette procédure ne représente pas grand chose, compte sur notre épuisement », calcule Pascal Barbier, coprésident du collectif « Non à Val Tolosa ». « Mais cette nouvelle victoire ne fait que renforcer notre détermination, ajoute-t-il, car le nouveau permis de construire, encore plus entaché d’irrégularité, sera lui aussi annulé si les promoteurs maintiennent leur projet. » Les opposants au projet ont déjà déposé un recours en annulation de ce troisième permis de construire pour non-conformité au schéma de cohérence territoriale (Scot) de l’agglomération toulousaine voté en 2012.

Sur le terrain, le projet est toujours figé par une récente décision en référé du tribunal administratif de Toulouse. Cette juridiction a en effet estimé que l’autorisation de destruction d’espèces protégées ne peut se faire que pour un projet d’intérêt général public majeur et en l’absence de solution alternative. Ces deux conditions n’étant pas réunies, le tribunal administratif a donc suspendu les autorisations d’effectuer des travaux jusqu’à ce qu’elles soient purgées de tout recours.

Jeudi 4 janvier



Amassada :


Chantier - Rendez-vous à ceux qui le souhaitent ce samedi 6 à partir de 10h pour avancer sur les chantiers du hammeau de l’Amassada. Prévoir outillages de couverture. En ce qui concerne le chantier éolien de crassous, les travaux n’ont pas redémarré cette semaine. Restons vigilants et mobilisés.

►Bure :


Bure - Pluie de convocations et antirep

 



"INFORMATION IMPORTANTE À DIFFUSER TRÈS LARGEMENT


En septembre dernier le juge d’instruction de Bar-le-Duc a supervisé une série de perquisitions opérées le 20 septembre 2017 dans le cadre d’une commission rogatoire suite aux dégradations commises à l’Hôtel-restaurant du site de l’Andra à Bure durant la semaine d’action de juin 2017.

Dans ce cadre, des enquêteurs de la Section de Recherche criminelle de la gendarmerie de Nancy mènent une enquête poussée qui s’étend plus largement aux événements antérieurs de l’été 2016, des 23 et 30 janvier 2017, du 18 février 2017, de mai 2017, de juin 2017, du 14 juillet 2017 et du 15 août 2017 et sans doute davantage. Depuis janvier 2017, les convocations en audition libre se succèdent aléatoirement auprès de personnes dont les plaques d’immatriculation ont été relevées à l’occasion de ces événements, de personnes contrôlées ou conduites aux postes lors de contrôles routiers à différents moments de l’année, de personnes identifiées sur des photos, par leurs affaires perdues ou par des agents lors de journées de mobilisation, ou encore de responsables associatifs en lutte contre le projet CIgéo.

Nous avons de bonnes raisons de penser que ces convocations vont aller en s’intensifiant au cours de l’année 2018 et qu’elles visent, à travers des enquêtes préliminaires liées aux plaintes en série déposées par des responsables de l’Andra ou des poursuites engagées à l’initiative du procureur de la république, à nourrir une procédure bien plus lourde destinée à étouffer la lutte avec sa judiciarisation et une intimidation policière (déjà très perceptible sur le terrain avec une présence constante et des coups de pression de la part des gendarmes mobiles). L’association de malfaiteurs est un cadre judiciaire maintes fois décrié, flou, fondé sur du délit d’intention et nourri par des présupposés sécuritaires du ministère de l’Intérieur. Sous couvert de convocation en audition libre ou en qualité de témoin, il s’agit progressivement de nourrir un dossier inconsistant au départ à à charge à l’arrivée. La méthode éprouvée en d’autres endroits est perverse et épuise les énergies, suscite les peurs, dissocie les militant-e-s avant de faire tomber un couperet judiciaire de milliers de pages quelques années plus tard, en resserrant le champ sur quelques obstiné-e-s considéré-e-s comme responsables en fin de course.

Face à cette répression de basse intensité, il est essentiel d’être solidaire-s contre la volonté de scinder le mouvement par les menaces, l’intimidation, de montrer notre cohésion au-delà de notre diversité d’opinions et de pratiques. C’est en communicant sur les convocations, en nous tenant informé-e-s les un-e-s les autres, en définissant collectivement nos lignes de défense et de résistance, en conservant notre farouche et joyeuse détermination à résister et en refusant de nourrir les fantasmes sécuritaires avec des déclarations en audition, que nous disperseront le fantasme d’une association de malfaiteurs, là où il y a surtout de notre part l’expression d’un furieux sentiment d’injustice et de révolte. Face une corruption organisée, institutionnalisée autour d’un projet radioactif qui progresse proportionnellement à l’omerta, la résignation et les mensonges scientifiques qu’il génère, nous ne nous laisserons pas atomiser, nous sommes nombreuses à vouloir vivre, créer et lutter ici, avec une vision politique et sociale qui va au-delà de la seule lutte antinucléaire !

Des chouettes hiboux de la legal team de Bure

AGENDA Un atelier d’autodéfense juridique face aux auditions aura lieu à Bure le 21 janvier dans l’après-midià la Maison de Résistance, au lendemain de l’Assemblée de lutte du 2O janvier.

EN CAS D’ARRESTATION OU CONVOCATION Contactez arr@riseup.net

Si vous avez été contrôlé-e-s et/ou conduit-e-s au commissariat pour un délit quelconque autour de Bure

Si vous êtes convoqué-e-s, afin que nous en discutions ensemble plutôt que vous restiez isolé-e-s face à cela

Si vous avez été convoqué-e-s et auditionné-e-s par la police, pour que nous puissions déterminer ensemble des implications

Si vous êtes convoqué-e-s devant un tribunal, pour une assistance juridique"

 Dimanche 7 janvier

Appel à don pour la cabane Dijon-Bure 

dans le bois Lejuc



Le projet Cigéo doit être arrêté.


Le plus gros chantier d’Europe à venir (25-35 milliards d’euros) pour enfouir à 500m de profondeur pour des dizaines de milliers d’années les déchets les plus radioactifs de l’industrie nucléaire est une menace qui dépasse même l’échelle nationale.

L’Andra, l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs, rencontre depuis 20 ans à Bure et dans la Meuse, où elle s’est implantée en arrosant de millions d’euros les mairies locales, une résistance qui doit absolument prendre de l’ampleur.

La répression hallucinante (perquisitions, violences policières, contrôles, procès...) que l’État fait subir aux habitant-e-s qui s’opposent à la poubelle nucléaire ne saura avoir raison du mouvement. Partout en France dans les derniers mois, des dizaines de comités de soutien à Bure sont nés, des centaines de personnes se sont rassemblées. Dans chaque ville, il nous faut maintenant inventer nos propres manières de se rapporter à la lutte contre Cigéo – construction de cabanes, solidarité matérielle, rassemblements, actions, projections, sessions d’informations...

[Appel à dons à retrouver ICI]

Le bois Lejuc, occupé depuis un an et demi maintenant, bloque concrètement l’avancée des travaux de l’Andra et nous paraît être le coeur vivant de la lutte. Or les conditions de vies y sont difficile, et particulièrement l’hiver. Il faut renforcer l’occupation du bois, et ceci aussi en le rendant plus habitable.

Voilà pourquoi nous lançons, en espérant être copié, ce projet de dortoir.

Notre mois de février sera consacré à l’édification d’une cabane solide et isolé de 6 mètres sur 4 faisant office de dortoir pour 10 personnes.

Les trois premières semaines, la découpe, la construction puis la déconstruction de la cabane se fera à Dijon.ay some places until

La dernière semaine de février, nous amènerons la cabane à Bure et la monterons avec l’aide des participants à la marche du 3 mars à l’endroit qui paraîtra le plus intéressant pour la défense du bois.

Une partie du matériel que nous allons utiliser sera récupéré par nos soins et donc gratuit. Pour l’autre, nous lançons un appel à don de 3 000 euros.

Pour participer vous pouvez 
:
- Donner ou relayer cet appel à don (lien ICI ou vous pouvez envoyer un chèque à "Les Tanneries, 37 rue des ateliers, 21000 Dijon" à l’ordre : "Les Tanneries" avec un mot qui précise que c’est pour la cabane Dijon-Bure) - Venir aux chantiers de février que ce soit à Dijon du 29 janvier au 19 février ou à Bure du 26 au 3 mars (hébergement et repas sur place). - Donner du matériel de construction dans la liste des matériaux ci-dessous.

Liste des matériaux : 8 m3 de sciure ou paille (isolation plancher et toit)
6 m3 d’isolant pour les murs (laines, polystyrène, paille...)
2 fenêtres doubles vitrage avec cadre
1 porte avec cadre
35 m2 de tôle
7m de goutière + 2m vertical
un bac de récupération de pluie
un poêle à bois avec 4m de conduit
5 matelas 2 places
5 oreillers et couvertures


[Amassada] répression /réaction : 

Lundi Tous à Crassous !



Vendredi 11 personnes se sont vues signifier des convocations en gendarmerie suite au blocage du chantier des éoliennes industrielles de Crassous le 12 décembre. Leurs convocations s’étalent sur une semaine à partir de lundi dans diverses gendarmeries du sud Aveyron.

Réunis en grand nombre cet après-midi, nous avons décidé d’appeler à nous rassembler au chantier (Dolmen de Crassous 12400 Saint Affrique) lundi à 9H pour continuer le blocage. Nous convoquons aussi une conférence de presse à 10H30 pour signifier que nous ne nous rendrons pas aux convocations et que leurs tentatives d’intimidation échoueront à nous faire renoncer à défendre les terre sur lesquelles nous vivons.

Nous continuerons à nous opposer aux travaux de toutes les manières qui nous sembleront utiles.

Nous avons la légitimité, ils ont la force, faisons preuve d’une intelligence déterminée et bravons leur imbécile autorité.

Pas res nos arresta !

De même nous relayons l’appel à manifester devant la mairie de Ceilhes et rocozels (34) le vendredi 19 janvier à 14h pour la fin de l’enquête publique du parc éolien sur le Canari. Non aux éoliennes industrielles, ni ici, ni ailleurs.

Infos du 8 au 14 janvier

Lundi 8 janvier

Contre la poubelle nucléaire de Bure, 

de l’indignation au projet de société





 
Présentation du livre par son éditeur : 
 
Pour la filière nucléaire en France et beaucoup d’autres acteurs, son enfouissement à 500 mètres de profondeur à Bure est la meilleure solution. Personne ne nie la nécessité de traiter les déchets nucléaires. Ce projet rationnellement mené depuis plus de vingt ans n’est cependant pas consensuel. Bien au contraire, il a créé de la part des opposants à ce projet des affinités électives contre le projet entre des acteurs très différents : de l’agriculteur aux zadistes en passant par l’Église catholique. Le projet avance (difficilement) et la critique des opposants s’est transformée en une véritable indignation contre le projet et ses promoteurs. Cette indignation est-elle condamnée à s’essouffler ou peut-elle se transformer en un projet de société ?


Les limites de l’indignation, de Jan Spurk, éditions du Croquant, octobre 2017, 190 p., 15 €.


Bure, la bataille du nucléaire – Infotour

Discussion avec projection, photos et présentation du livre "Bure la bataille du nucléaire" de Gaspard d’Allens et Andrea Fuori.


"Bravant le froid de l’hiver quelques chouettes et hiboux de Bure s’invitent dans vos contrées pour vous donner quelques nouvelles de la lutte contre la poubelle nucléaire CIGEO "


Vendredi 12 janvier à 19h au café-associatif le Pisse-Mémé, 13 rue du docteur Cornudet, La Roche-Bernard


Soupe à prix libre en soutien à l’infotour de Bure.



Une soirée solidaire initiée par le comité Sud-Vilaine en lien avec les acteurs de la lutte de Bure et le Pisse-Mémé.



►Toutes les dates de l’infotour en janvier à l’Ouest : https://vmc.camp/2017/12/24/en-janvier-bure-est-a-louest-session-infotour-sur-la-lutte-presentation-dun-livre/


Communiqué de l’Amassada depuis le chantier bloqué des éoliennes de Crassous.



Le 8 janvier 2018, à Crassous en Aveyron.

Au cours de cette semaine, onze personnes ont été convoqué à la gendarmerie. Ces convocations constituent pour nous une tentative d’intimidation et de division d’un mouvement qui est amorcé ici et ailleurs contre l’invasion éolienne et le méga transformateur. Nous dénonçons cette manœuvre policière qui cherche à individualiser des gestes de résistance décidés collectivement.

L’Amassada est une assemblée de collectifs et de personnes, c’est un des point d’appui contre les éoliennes à Crassous. Elle incarne l’idée de se réunir pour trouver ensemble des manières enthousiasmantes de lutter, produire, construire, se réunir,... autrement. C’est pourquoi les personnes convoquées ne se rendront pas au poste ni aujourd’hui ni dans les jours à venir.

La tentative de criminalisation des luttes et des personnes qui y participent n’est pas une nouveauté. Nous préférons nous exprimer ici à Crassous, et dans les médias pour informer les gens et les inviter à nous rejoindre ou à agir chez elles.

Nous sommes des personnes vivant dans la région qui avons différentes manières de concevoir les actions à mener, mais nous agissons ensemble car elles disent toutes un non ferme au transformateur et aux éoliennes. Cette hétérogénéité fait notre force et nous y tenons beaucoup.

Il y a une évidence à lutter contre les éoliennes quand on comprend les intérêts défendus par leur promoteurs, et autres aménageurs sans scrupules et appuyés par une justice complice. Ici à Crassous, nous dénonçons un montage financier entre Futurem le groupe d’investissement, sa filiale Téolia et une micro société Cesou représentée par une boîte à lettres à côté de centaines d’autres à Montpellier.

Le gouvernement Macron lui même nous annonce qu’il « ne peut pas remplacer le nucléaire par les énergies renouvelables ». Enfin ! Le masque de la dite transition énergétique tombe. Les éoliennes ne sont qu’une manne financière verte parmi d’autres.

Il est évident de lutter contre les éoliennes quand on connaît leur mode de production : mines à ciel ouvert, exploitation humaine, crise sanitaire et désastre écologique dans les pays « en voie de développement ». Une fois de plus nous nous sentons légitimes quand on voit la forêt détruite à Crassous. Nous bloquons donc le bétonnage massif de terres agricoles et sauvages.

Ce qui se passe ici, c’est que nous ne voulons pas de compromis : nous avons dit non à l’enquête publique, non au transfo, et non aux éoliennes.

Nous bloquerons le chantier de Crassous tant qu’il le faudra. Pour que Crassous ne devienne pas Crassou.

Pour plus d’infos : douze.noblogs.org Ecrire à amassada@riseup.net

Lecture : https://zad.nadir.org/spip.php?article5011


De Johnny à Champigny : 

histoire d’une surenchère sécuritaire



24 février 1961. En pleine vague yé-yé, le jeune rockeur Johnny Hallyday se produit au Palais des Sport, à Paris. Le concert déclenche une émeute. La salle est littéralement saccagée, les sièges sont arrachés et jetés, des bagarres éclatent entre le public et la police. Les affrontements se poursuivent aux alentours. Une station de métro est dévastée par les « blousons noirs » qui envahissent les rames de métro, vandalisées à leur tour. Le trafic est interrompu.

La même année, la tournée de Johnny Hallyday est marquée par des émeutes récurrentes, notamment à Montbéliard, où jeunes et policiers échangent cailloux contre lacrymogènes. A Arles, la façade du bâtiment le Femina est détruite par le public. A Grenoble, un square est retourné. A Marseille, une émeute géante éclate sur la Cannebière. Un écrivain marseillais raconte l’ambiance à l’époque : « on est plusieurs à porter le cuir noir malgré la chaleur, histoire d’amortir les coups… Dans le parc qui jouxte la salle il y a plein de chaises pliantes… beaucoup en ont pris une sous le bras tout en déambulant se rapprochant des flics en képi disposés autour du concert […] ça commence au corps à corps puis ils se replient sous une pluie de chaises pliantes […] de l’autre côté de l’avenue un chantier nous offre de nouvelles munitions […] on ramasse des galets et on arrose, les bâtards se replient avec les trois quatre copains qu’ils ont pesqués, on les suit à distance, quelques caillasses continuent de voler de retour vers le concert qui se poursuit à l’intérieur, on se reçoit des grenades lacrymo, […] sûr qu’ils auront eu des blessés eux aussi… »

En juin 1963, un concert de Johnny Place de la Nation, à Paris, est encore marqué par des bagarres et affrontements entre des centaines de blousons noirs et la police. La tournée du rockeur en 1970 provoque plusieurs émeutes, notamment à Pointe à Pitre. En 1975, « l’idole des jeunes » se bagarre avec la police à Thonon.

A l’époque, les médias ne parlent pas de « lynchages » ni « d’actes criminels », et le rockeur jouit d’un prestige quasiment unanime. Dès ses premières années de notoriété, il est par exemple invité à Noël par le général de Gaulle. Johnny deviendra un grand ami de la classe politique, notamment à droite, il sera proche de Chirac et de Sarkozy. Lors de ses obsèques, l’ensemble des représentants nationaux lui rendront hommage.

31 décembre 2017, à Champigny, en banlieue parisienne. Une soirée privée est organisée dans un hangar, au milieu d’une zone industrielle, pour la nuit du Premier de l’An. Les jeunes du coin s’y massent par centaines. Vers 23H, la salle est pleine à craquer, et les vigiles ne laissent plus entrer personne. La foule, qui se retrouve coincée dans la rue un soir de Réveillon, s’énerve. Des dégradations sont commises. La police arrive et arrose le groupe, déjà bien énervé, de grenades lacrymogènes et de tirs de Flash-Balls. Plusieurs jeunes sont blessés. La situation évolue en affrontement. C’est dans ce contexte que deux policiers isolés reçoivent des coups au sol. Un acte lâche. Un jeune présent sur place vient en aide aux policiers, et les exfiltre. Les agents écopent de 10 et 7 jours d’ITT : ils présentent des contusions.

Immédiatement, d’abord sur des sites d’extrême droite puis dans l’ensemble des médias, une véritable tornade se déchaîne à partir de quelques secondes d’images filmées sur un téléphone portable. On parle de « lynchage », « d’actes criminels », de « barbarie », « d’images horribles » jusqu’au plus haut sommet de l’État. La classe politique appelle à durcir plus encore la législation pénale, à « la plus grande sévérité » contre les fauteurs de troubles. Des syndicats policiers manifestent. La presse fait sa « une » plusieurs jours de suite sur cet événement, alors qu’un viol à coup de matraque ou des yeux crevés par les armes de la police – entraînant, eux, des séquelles à vie – commis quelques mois plus tôt avaient suscité une indifférence gênée.

Alors, que s’est-il passé en quelques décennies pour que des événements comparables – c’est à dire des rixes devant une salle de fête – connaissent un traitement aussi différent ?

Les médias se sont droitisés à l’extrême. Les chroniqueurs et éditorialistes des grandes chaînes de télé sont proches des thèses les plus réactionnaires de l’échiquier politique et ne s’en cachent pas. La police est devenue une institution sacrée et intouchable sur fond d’antiterrorisme. Et, surtout, le rapport à la jeunesse a totalement changé. Ce qui était considéré jadis avec un regard attendri comme des « excès de la jeunesse » est aujourd’hui décrit comme un acte criminel. Les « blousons noirs » sont remplacés par les termes « racailles », « sauvageons », voire « barbares ».

Aussi absurdes qu’aient été les violences de Champigny, il ne s’agit ni de « lynchage », ni de « crime », ni même d’un événement « inédit » ou plus grave qu’auparavant. Les mots ont un sens. Par contre, le traitement médiatico-politique de l’événement s’inscrit dans un agenda politique clair, qui vise à mettre un tour de vis supplémentaire dans la logique sécuritaire qui continue de se durcir en France.

Mardi 9 janvier




AntiRep 

 

La justice aux ordres.

En prononçant un non lieu en faveur du bras armé de l’état à Sivens, la "justice" enterre une énième fois Rémi Fraisse et toutes les autres victimes de violences policières.

A lire ici, ou ailleurs…

Les juges délivrent un non-lieu : 

l’affaire Rémi Fraisse est enterrée




Les juges d’instruction de Toulouse ont rendu une ordonnance de non-lieu pour clore le dossier de la mort de Rémi Fraisse à Sivens, après que toutes les demandes de sa famille ont été rejetées. Un enterrement judiciaire qui suit les réquisitions du parquet. Mediapart publie le document.



Il était prévisible, il est maintenant effectif. L’enterrement judiciaire de l’affaire Rémi Fraisse, ce jeune pacifiste tué à 21 ans par la grenade offensive d’un gendarme mobile, le 26 octobre 2014 à Sivens (Tarn), est prononcé. Selon des informations obtenues par Mediapart, les deux juges d'instruction chargées du dossier, Anissa Oumohand et Élodie Billot, viennent de rendre une ordonnance de non-lieu de 62 pages, en date du 8 janvier, qui met un terme à l’affaire. Elles ont suivi l’avis du procureur de la République de Toulouse, Pierre-Yves Couilleau, qui avait requis un non-lieu le 20 juin dernier, épousant fidèlement la thèse des gendarmes.

Extrait de l'ordonnance de non-lieu 
 
Le gendarme mobile, qui avait reçu l'autorisation préalablement, « n'avait d'autre solution que de lancer une grenade OF1, en raison de l'impérieuse nécessité de mettre à distance les opposants les plus virulents, dont certains étaient quasiment au contact », écrivent notamment les juges d'instruction.

En conclusion, les deux magistrates estiment qu'il « ne résulte pas de l'information des charges suffisantes contre quiconque d'avoir commis » le crime de violences volontaires ayant entraîné la mort ni le délit d'homicide involontaire.

La famille de Rémi Fraisse fera certainement appel de cette décision (lire son communiqué ici (pdf, 1 B)). Aucune mise en examen n’a été prononcée en plus de trois ans d’instruction, et la justice a mis un point d’honneur à ne pas pousser trop loin les investigations dans cette affaire
 
L’impartialité du tribunal de Toulouse mise en cause


L’ensemble de cette affaire a été maltraité par les services de l’État. Pendant 48 heures après la mort du jeune homme, les pouvoirs publics (préfecture du Tarn, parquet d’Albi, Direction générale de la gendarmerie nationale, ministère de l’intérieur) feignent d’abord d’ignorer les circonstances de la mort de Rémi Fraisse et multiplient des déclarations tendancieuses, alors que les premières constatations effectuées sur place ne laissent aucun doute sur le jet d’une grenade offensive vers le jeune manifestant et l’explosion mortelle de l’engin qui l’a tué à bout touchant.

Le 29 octobre 2014, soit trois jours après le décès de Rémi Fraisse, deux juges d’instruction toulousaines, Anissa Oumohand et Élodie Billot, sont chargées d’une information judiciaire contre X pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Mais une fois saisi, le tribunal de grande instance de Toulouse (compétent pour les affaires militaires) s’illustre par sa volonté de ne pas se fâcher avec la gendarmerie, la préfectorale ou le gouvernement Valls. Pourtant, dès les premières heures de l’enquête, une possible direction est montrée par un lieutenant-colonel de gendarmerie, qui déclare sur procès-verbal : « Le préfet du Tarn nous avait demandé de faire preuve d’une extrême fermeté », comme le révèle Mediapart le 12 novembre 2014. Les deux juges d’instruction s’abstiendront de s’engouffrer dans cette voie et le ministère de l’intérieur se retranchera derrière des démentis répétés, Bernard Cazeneuve jurant avoir donné des consignes de prudence.

Pendant près de trois ans, les avocats de la famille Fraisse ont demandé aux deux juges d’instruction de remonter la chaîne de responsabilités. Mais les magistrates ont confié les investigations à des gendarmes, qui ne bousculent pas trop leurs collègues et officiers supérieurs (ce qui peut se comprendre), alors qu’ils se montrent parfois désagréables – voire menaçants – avec certains témoins. Sans surprise, l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) dédouane ses hommes, qui n’auraient commis aucune faute pendant cette nuit de violences à Sivens, même si le tir en cloche d’une grenade offensive n’est pas réglementaire. L’usage de cette arme de guerre, qui a déjà tué Vital Michalon en 1977, est tout de même interdit par Bernard Cazeneuve. Un minimum.

Debout sur les freins, les juges toulousaines refusent d’organiser une reconstitution sur les lieux du drame, puis d’entendre le préfet du Tarn. La partie civile avait sollicité l’audition de Thierry Gentilhomme, alors préfet du Tarn, ainsi que la transmission de ses communications écrites avec les gendarmes et l’exécutif national la nuit du 25 au 26 octobre 2014, en ciblant Beauvau, Matignon et l’Élysée. Cela aurait permis de retracer heure par heure les ordres donnés cette nuit-là (dont les consignes de fermeté évoquées par un officier), ainsi que les informations dont disposaient les autorités avant et après la mort de Rémi Fraisse. Quant aux demandes d’actes sur la légalité de l’usage des grenades offensives, ou le caractère privé des terrains de Sivens où les forces de l’ordre ont été déployées en masse, elles sont également rejetées, comme toutes les questions qui fâchent.

En revanche, magistrats et gendarmes font preuve d’un zèle étonnant pour décortiquer le passé, la vie privée et les relations du jeune Rémi Fraisse, ce qui heurte profondément ses proches. On ne trouvera, dans ce volet de l’enquête, que des témoignages de ses engagements écologiques et citoyens, mais rien à reprocher à celui qui est – faut-il le rappeler ? – la victime. Quant aux alertes sur l’extrême tension qui régnait sur place, notamment les violences exercées par des agriculteurs et par des membres des forces de l’ordre sur des zadistes, elles figurent dans le dossier d’instruction, mais sans que les juges n’en tirent des conséquences particulières sur les responsabilités du préfet, des officiers de gendarmerie et du ministère de l’intérieur.

L’État s’est braqué sur un projet de barrage très controversé pour montrer sa puissance et il a fait usage d’une force redoutable, de violence froide, pour défendre un bout de terrain. Certes, cette nuit-là, à Sivens, des jeunes ont bombardé les forces de l’ordre avec divers projectiles, mais aucun gendarme mobile n’a été blessé. Et selon le décompte officiel, le nombre d’engins tirés par les militaires est impressionnant : plus de 700 grenades en tout genre. À savoir 312 grenades lacrymogènes MP7, 261 grenades lacrymogènes CM6, 78 grenades explosives assourdissantes F4, 10 grenades lacrymogènes instantanées GLI, 42 grenades offensives OF, ainsi que 74 balles en caoutchouc LBD 40 mm. Les grenades offensives OF, les plus dangereuses, sont lancées à la main, à 10 ou 15 mètres maximum (lire ici les récits des gendarmes présents sur place).



De nouveaux témoins se manifestent auprès des enquêteurs pour mettre en cause le rôle des gendarmes mobiles la nuit du drame, et l’un d’eux déclare sur procès-verbal que Rémi Fraisse s’avançait pacifiquement vers les gendarmes, les mains en l’air, quand il a été tué, comme le révèle Mediapart le 25 mars 2016.

Dans un rapport du 1er décembre 2016, le Défenseur des droits pointe la responsabilité du préfet du Tarn, dont les ordres n’étaient pas clairs. Il « constate le manque de clarté et les incompréhensions entourant les instructions données aux forces de l’ordre par l’autorité civile, préfet et commandant du groupement de gendarmerie départementale, ainsi que les incertitudes sur l’état d’esprit dans lequel elles devaient assurer leur mission : fermeté ou apaisement, entre défense de la zone ou riposte ou retrait des militaires ».

Le Défenseur des droits note également « qu’en l’absence de l’autorité civile, à partir de 21 h 30, le choix de l’adaptation des objectifs et du dispositif à mettre en œuvre, malgré ce flou, a été laissé à la seule appréciation de la hiérarchie opérationnelle sur le terrain ». En clair, les gendarmes ont été placés dans une situation où ils ont fait usage de la force pour défendre une « zone de vie » qui ne présentait pas grand intérêt, jusqu’au drame.

Les juges d’instruction n’en tiennent aucun compte : le préfet ne sera pas inquiété. Elles ne cherchent pas plus à savoir si le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve ou le premier ministre Manuel Valls, dont plusieurs hommes de confiance sont restés en poste après son départ de la place Beauvau, ont pu jouer un rôle dans cette démonstration de force fatale. Il s’agit pourtant du premier manifestant tué sous un gouvernement socialiste depuis Guy Mollet. Aucune mise en examen n’a été prononcée et les juges s’acheminent tranquillement vers une ordonnance de non-lieu. Pour relancer l’enquête, les avocats de la famille Fraisse déposent une plainte pour faux témoignages contre les gendarmes et une autre pour subornation de témoins, le 18 janvier 2017. Quelques jours plus tôt, les juges avaient fait savoir qu’elles avaient achevé leurs investigations.

De guerre lasse, la partie civile finit par demander le dessaisissement de la juridiction toulousaine en mettant en cause son impartialité, dans une requête en suspicion légitime déposée le 27 mars à la Cour de cassation. Cette requête a été rejetée sèchement par la chambre criminelle le 16 mai.




Mort de Rémi Fraisse : 

les juges confirment le non-lieu, 

les questions demeurent

 

 

 

Ce mardi 9 janvier, la justice a prononcé le non-lieu sur l’ensemble du dossier de la mort de Rémi Fraisse, à Sivens, en octobre 2014. Les parties civiles, peu surprises par la décision, ont d’ores et déjà annoncé qu’elles feraient appel.


C’est une chose de présumer d’une décision de justice et une autre de la découvrir. Hier, lundi 8 janvier, les juges d’instruction toulousaines Anissa Oumohand et Élodie Billot ont rendu leur décision concernant la mort de Rémi Fraisse. Dans cette affaire dont, dès l’origine, Reporterre avait révélé qu’une grenade de gendarme avait tué Rémi Fraisse, les juges ont donc confirmé les réquisitions du procureur Pierre-Yves Couilleau, qui avait demandé le non-lieu le 20 juin dernier.

 



Deux questions se posaient. La première concernait la qualification de violences volontaires entraînant la mort sans intention de la donner, soit la responsabilité pénale directe du gendarme, auteur du lancer de la grenade offensive F1 qui a, selon les expertises réalisées, tué le jeune Rémi Fraisse, lors des affrontements dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, à Sivens (Tarn).

Sur ce point, selon les éléments de la réquisition auxquels Reporterre a pu avoir accès, les juges considèrent que le cadre légal a bien été respecté, que le gendarme avait bien autorité pour lancer ladite grenade et avait bien reçu un ordre de la part de son commandement. D’autre part, les juges soutiennent que les gendarmes mobiles étaient, comme ils l’affirment, dans l’incapacité de mettre à distance les manifestants les plus violents et n’avaient pas d’autre moyen de défendre le terrain. Des éléments sur lesquels le doute subsistait pourtant, même après les dernières auditions de l’été 2016.

 



Concernant le délit d’homicide involontaire, qui concernait cette fois la responsabilité de la hiérarchie, de manière beaucoup plus laconique, les juges soutiennent que « la chaîne de commandement n’a commis aucune faute caractérisée » et réfute les arguments des parties civiles, non sans quelques contradictions. Car, d’une part les juges soutiennent qu’il n’est pas de leur ressort de juger du bien-fondé de la décision administrative de garder un terrain vide. En même temps, elles assurent plus loin que le désengagement des gendarmes de la zone était une solution plus périlleuse que le maintien des troupes sur place. Enfin, concernant les contradictions dans les consignes données aux forces de maintien de l’ordre, les juges considèrent qu’elles ont été levées au vu des différentes auditions. En conclusion, « il ne résulte pas de charges suffisantes contre quiconque » pour le crime de violences ayant entraîné la mort comme du délit d’homicide involontaire.


    « Il n’y a pas de justice en France »


Cette décision reprend finalement point par point l’argumentation des gendarmes tout au long de cette affaire émaillée de nombreuses zones d’ombres, de pressions sur les témoins et de refus quasi systématique des juges de répondre aux demandes de pièces et compléments des avocats des parties civiles [1]. « L’ordonnance de non-lieu était inévitable car personne n’avait été mis en examen [dans cette affaire], donc ce n’est pas réellement une surprise », a indiqué à l’AFP Me Jean Tamalet, l’avocat du gendarme qui a lancé la grenade.

Un résultat qui n’a pas non plus surpris Claire Dujardin, l’une des avocates des familles. « L’instruction était menée de telle sorte qu’on s’attendait à ce résultat, estime Claire Dujardin, Nous maintenons notre désaccord sur la qualification juridique et nous maintenons que le gendarme a bien commis une faute » avec « un usage de l’arme disproportionné ».

Si depuis le 11 mai dernier, l’usage des grenades offensives en maintien de l’ordre est définitivement interdit, les grenades de type GLI-F4 et de désencerclement sont, elles, toujours autorisées et continuent de faire des dégâts, comme on l’a vu durant le mouvement contre la loi Travail en 2016 ou récemment à Bure, dans la Meuse, où un manifestant contre le projet d’enfouissement des déchets a gravement été blessé au pied le 15 août dernier par une grenade GLI-F4.

La justice ne répond également pas au fait que Rémi Fraisse était, selon les témoignages concordants, pacifique et non menaçant durant cette nuit du 25 au 26 octobre 2014.

De son côté, la famille ne cache pas son amertume. Le père de Rémi, Jean-Pierre Fraisse, indique à Reporterre : « On ne tient pas compte des zones d’ombre du dossier, on ne va pas au bout des contradictions des gendarmes. » Pour lui, c’est « le reflet d’une enquête menée à décharge », il estime qu’avec une telle décision, « il n’y a pas de justice en France ». Pour le reste, les proches renvoient les médias à leur communiqué commun précisant les positions et les ressentis à la suite de cette décision de justice.
 
Le communiqué des familles.

https://reporterre.net/IMG/pdf/cq_090118_fraisse.pdf



On sait cependant d’ores et déjà que les avocats des parties civiles feront appel, et que, si cela n’aboutissait pas, ils envisagent de « porter l’affaire au niveau de la Cour européenne des droits de l’homme si nécessaire », souligne Claire Dujardin, afin de déterminer « si l’État français peut utiliser de telles armes contre des manifestants » quand bien même une partie de ceux-ci agiraient de manière violente. Reste à voir également quelles seront les suites données au niveau administratif, pour savoir la responsabilité de l’administration et de l’État dans ce dossier, enterré presque depuis le jour où il avait été ouvert, le 28 octobre 2014, deux jours après la mort de Rémi Fraisse à Sivens, quand les juges avaient confié cette enquête aux gendarmes eux-mêmes.



Chiapas


Un grand big up aux compañeras zapatistes qui organisent la première rencontre internationale politique, artistique, sportive et culturelle des femmes qui luttent.



« Qu’importe ton age, ta couleur, ta taille, ta croyance religieuse, ta race, ton mode, il importe seulement que tu sois une femme et qui lutte de n’importe quelle manière contre le capitalisme patriarcal et machiste. »

AntiRep :

Ni oubli, ni pardon

Hommage à Wissam El-Yamni, tué par la police le 9 janvier 2012 "En ce jour de triste anniversaire nous joignons notre peine à celle de la famille de WISSAM et toutes les autres familles victimes de l’infamie étatique et des violences policières. On n’oubliera jamais Wissam, celles et ceux d’avant et, c’est à craindre, celles et ceux à venir"...

Mercredi 10 janvier

Début de travaux sous protection policière 

sur le parc éolien aveyronnais


 



Retour sur la journée du mardi 9 janvier 2018

toutes les infos sur le blog du collectif

Une rude journée de passée, deux pelleteuses et une broyeuse ont travaillé toute la journée sur le site de la première éolienne. Entre 80 et 100 gendarmes verrouillent le site, une partie en battle-dress quadrillent les bois. Un arrêté de la mairie interdit tout stationnement sur les routes qui entourent le chantier.

Le TGI de Rodez a pris une décision interdisant la pénétration d’un vaste périmètre (même pour les propriétaires des terrains qui se sont vu refuser l’accès et à qui on a dit qu’il devaient s’adresser au TGI). La violation de ce périmètre devient en soi un délit. Les journalistes de france 3 ont été contrôlés, la gendarmerie tentant même d’essayer de leur soutirer leur sources...

Mieux qu’à Flavin plusieurs barrages de contrôles routiers répétitifs jalonnent les routes de Saint Affrique à Nogayrolle et pour ceux qui vivent et travaillent dans les fermes environnantes jusqu’à 8 contrôles dans la même journée ont été relevé.

Malgré cela une douzaine de personnes ont réussi à parvenir sur le cœur du chantier et à déployer une banderole durant deux minutes avant de se replier.

Demain, mercredi 10 janvier, retrouvons nous à 13H30 place Foch à Saint Affrique pour se rendre sur le chantier tous ensembles.

Dans les jours qui viennent différentes actions seront menées soyez attentifs à vos courriels.

Honte aux entreprises et collectivités qui collaborent avec les promoteurs et destructeurs de notre territoire : l’entreprise Arles de Saint Rome de Tarn, le Maire de Saint Affrique Alain Fauconnier, la préfecture de l’Aveyron, le juge du TGI, Le Domaine de Nogayrolle...

Résistances et sabotages pour reprendre le slogan de Notre Dame des Landes !

Pas res nos aresta !


Alsace, 

la lutte contre l’autoroute Vinci continue !




Sur le front de l’Est contre Vinci et son projet d’autoroute à péage, des habitant.e.s avec le soutien du mouvement anti-GCO poursuivent l’action « Occupe ton rond-point ».

 

 

NORD :

A Vendenheim, les Fédinois tiennent leur rond-point. En janvier, tous les vendredis de 17h à 18h30, ils nous donnent rendez-vous à l’entrée sud de la commune, au rond-point sur la D263, en direction de Brumath, à l’intersection avec la rue des Artisans (après Cora – devant le commerce Thiriet/Beisser).

entrée sud de Vendenheim – 17h -18h30 :

 vendredi 12-01-2018
 vendredi 19-01-2018
 vendredi 26-01-2018
 vendredi 02-02-2018

SUD :

A Duttlenheim, des habitant.e.s et militant.e.s anti-GCO occuperont un rond-point le vendredi 19 janvier, quasi au même moment que les camarades au nord du tracé à Vendenheim.

Rendez-vous entre 16h30 et 18h00, sur le rond-point entre Duttlenheim et Duppigheim, à l’intersection entre la D393 et la D111.

http://zaddumoulin.fr/occupe-ton-rond-point-janvier-2018



Dimanche 14 janvier


►Squats-espaces autogérés

On relaie un article de copains-copines de Lyon, qui ont récemment subi une attaque de keufs nocturne. Leur version des faits et leur analyse est à lire [ici]

Infos du 15 au 21 janvier

 
Lundi 15 janvier

Déchets nucléaires à Bure : 

l’ASN émet une « réserve » 

et demande des précisions




L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a estimé lundi 15 janvier que le projet Cigéo d’enfouissement de déchets nucléaires à Bure (Meuse) présente une « maturité technique satisfaisante » mais a émis une « réserve » et demandé que certains aspects de ce projet controversé soient précisés.

« L’ASN estime que le projet Cigéo a atteint dans son ensemble une maturité technique satisfaisante au stade du dossier d’options de sûreté », indique le gendarme du nucléaire dans son avis définitif. Mais l’ASN a aussi formulé une « réserve » concernant les déchets bitumineux. Ces déchets, qui représenteront environ 18 % de l’ensemble des déchets stockés par Cigéo, sont très inflammables.

L’IRSN, bras technique de l’ASN, avait soulevé le problème en demandant à l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), qui gère ce projet, d’étudier deux options pour y remédier : soit étudier la possibilité d’un prétraitement de ces déchets pour neutraliser leur inflammabilité avant leur enfouissement, soit de revoir la conception de leur stockage.

Dans son avis définitif, l’ASN demande que la première solution soit privilégiée mais que la seconde piste soit étudiée. Elle réclame aussi « des compléments en vue de la demande d’autorisation de création que l’Andra prévoit de déposer en 2019 ». Ces compléments portent sur la justification de l’architecture de stockage, le dimensionnement de l’installation pour résister aux aléas naturels, sa surveillance et la gestion des situations post-accidentelles.

 

[Bure] Appel à soutien 

contre la répression judiciaire




Le 20 septembre 2017 à 6h du matin, plusieurs dizaines de gendarmes encerclaient la Maison de Résistance et y pénétraient en fracturant des portes et fenêtres.

Un ami tiré de son lit dans la maison, par trois hommes armés et cagoulés, se retrouve brutalement entraîné hors de celle-ci. Il proteste, se cogne la tête sur un mur, ne réalise pas encore ce qu’il se passe qu’on le conduit déjà vers une estafette afin de l’emmener au poste, sous prétexte d’établir son identité, alors qu’il vient de présenter un papier nominatif justifiant la perte de ses papiers d’identité. Il proteste, ne souhaitant pas monter dans le véhicule, crie pour alerter les autres occupant-e-s de la maison de l’opération en cours et est finalement conduit au commissariat de Ligny-en-Barrois. Il va y passer 8 heures, officiellement en garde à vue, menotté à un poteau dans ce qui ressemble à un réfectoire, sous la surveillance de deux gendarmes, avant d’être auditionné une heure avant d’être relâché, vers 16h, avec une convocation à comparaître au tribunal en novembre pour « rébellion, menaces de mort et refus de se soumettre aux prélèvements ».

Après renvoi de son dossier, l’audience aura lieu au tribunal de grande instance de Bar-le-Duc à 14h, le mardi 16 janvier.

Trois autres amis passent en procès le 13 février, et un autre le 6 mars. Face à une judiciarisation de la lutte, où le moindre procès-verbal ou constat de gendarme peut valoir délit et procès, et s’inscrit ainsi dans une stratégie plus large des autorités d’épuisement et d’intimidation des opposant-e-s au projet d’enfouissement de déchets radioactifs Cigéo, vivant et luttant à Bure et ses environs, nous appelons à ne pas banaliser les procès, à briser l’isolement que tente d’induire la répression en individualisant les responsabilités, et à rester soudé-e-s autour de celles et ceux qui sont inculpé-e-s, en venant les soutenir lors des audiences.

Rendez-vous donc ce mardi à 14h au TGI de Bar-le-Duc, au 21 Place St Pierre !

https://vmc.camp/2018/01/15/proces-le-1601-a-bar-le-duc-a-14h-appel-a-soutien/


Des nouvelles de l’Amassada

 

Bonjour à toutes et à tous, voilà les nouvelles par chez nous, autour de l’Amassada.


La semaine passée s’est intensifiée quant à la forte présence policière sur le site de Crassous (sur les avant causses surmontant Saint Affrique), en réponse au blocage des travaux du parc éolien commencé à la mi décembre. Les travaux de défrichage sont pour le moment arrêtés et les travaux plus approfondis de déblaiement devraient entrés en action prochainement. Nous restons mobilisés sur cette situation critique et continuons les tours de garde pour prévenir le plus rapidement possible d’une reprise des travaux.

Sachant aussi que plusieurs autres personnes, liées à la lutte contre le méga transfo de Saint Victor et contre le parc éolien de Crassous, ont été convoquées par la gendarmerie. Ce qui portent le nombre de personnes convoquées à 14. Notre défense commune reste la même : nous ne nous rendrons pas à ces convocations illégitimes.

Nous appelons ce dimanche 21 janvier à toutes les personnes habitantes d’ici et d’ailleurs à faire ensemble une ballade familiale autour du site saccagé de Crassous pour se rendre compte de l’ampleur des dégâts. Sachant que le site convoité pour ce parc éolien se trouve à 600 mètres des premières habitations de Saint Affrique il est évident que tous le secteur se verra impacté. Et que ce saccage du territoire concerne tout le monde.

Rendez-vous donc ce dimanche 21 à 14 h au lieu dit des dolmens de Crassous. (Saint Affrique, direction domaine de Nougayrolles).

Et sans oublier une importante réunion le samedi 20 janvier, à 14h30 à l’Amassada afin de discuter ensemble du rapport de l’enquête publique, et des suites à donner à la mobilisation ici. Venez nombreux.

Autre rappel de la semaine :

Elsa dorlin présente son dernier livre "Se défendre" au lieu dit à St Affrique à 20h mardi 16 janvier.

Nous relayons l’appel à manifester devant la mairie de Ceilhes et rocozels (34) le vendredi 19 janvier à 14h pour la fin de l’enquête publique du parc éolien sur le Canari. Non aux éoliennes industrielles, ni ici, ni ailleurs.

Pour l’Amassada PAS RES NOS ARRESTA

Mardi 16 janvier

Pas d’autre Rémi Fraisse 

à Notre-Dame-des-Landes


NDA : suite de l’article commencé avec NDDL

https://melenchon.fr/2018/01/16/pas-dautre-remi-fraisse-a-notre-dame-des-landes/

... Je n’admets pas qu’on reproduise la préparation des esprits comme cela a été fait jusqu’au point de conduire à la mort de Rémi Fraisse. Car sur ce point non plus, il ne faut pas lâcher l’affaire.

Et je ne lâcherai pas l’affaire. J’ai promis comme d’autres que nous ne cesserions pas d’agir tant que toute la lumière ne serait pas faite. Elle n’est pas faite. La justice vient de conclure par un non lieu le procès à propos de la mort de Rémi Fraisse. Je n’y trouve pas mon compte. Ce que l’on sait depuis la nuit de sa mort et tout ce qu’on ne sait pas, voilà qui a incrusté une ferme volonté de savoir et de punir les responsables si haut qu’ils aient été dans la hiérarchie et si bien cachés qu’ils aient été derrière les gendarmes qui obéissaient à leurs ordres sans savoir ni vouloir ce qui en résulterait.

Dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, Rémi Fraisse, militant écologiste de 21 ans est mort sur le site de Sivens, dans le Tarn. Il s’opposait à la construction d’un barrage à cet endroit, qui aurait été une menace pour l’écosystème de cette zone humide. Il a reçu une grenade offensive tirée dans son dos, provoquant un éclatement de ses poumons et de trois de ses vertèbres. Le 10 janvier 2017, les juges d’instruction en charge du dossier ont prononcé un non lieu général dans l’affaire judiciaire qui a suivi sa mort.

La famille de Rémi Fraisse avait en effet déposé plainte contre X pour violences volontaires entrainant la mort sans intention de la donner et pour délit d’homicide involontaire. La première qualification concernait le gendarme qui a tiré la grenade offensive. Pour son cas, les deux juges ont considéré qu’il a fait usage de la force et de son arme dans les limites de ce que la réglementation autorisait alors et sans outrepasser les ordres de sa hiérarchie. La hiérarchie, par contre, était visée par l’accusation de « délit d’homicide involontaire ». Celle-ci visait à faire la lumière tout le long de la chaîne de commandement sur les responsabilités ayant abouti à ce drame. Sur ce point, les juges ont également prononcé un non lieu, considérant que « la chaîne de commandement n’a commis aucune faute caractérisée ». Cette décision était attendue. Depuis le début, personne n’avait été mis en examen. Le procès sur le fond aurait-il lieu ? Non, vient-on de nous dire.

Cependant, cette décision n’a pas fait la lumière sur toutes les zones d’ombre de cette affaire. Notamment concernant les responsabilité de la hiérarchie dans les faits qui ont conduit à ce drame. Plusieurs acteurs pointent la disproportion des ordres donnés cette nuit là. En effet, les gendarmes avaient reçu pour consigne de défendre un bout de terrain dont l’intérêt n’était pas vital pour le maintien de l’ordre. Le lieutenant-colonel qui dirigeait le dispositif, entendu comme témoin a déclaré : « Je tiens à préciser que le préfet du Tarn, par l’intermédiaire du commandant de groupement, nous avait demandé de faire preuve d’une extrême fermeté vis-à-vis des opposants ». Et en effet, dans la nuit du 25 au 26 octobre, les gendarmes ont fait un usage très important – certains disent disproportionné – de la force. Qu’on en juge : 700 grenades ont été tirées. Et bien qu’il soit établi que certains manifestants aient jeté des projectiles sur les gendarmes, aucun n’a été blessé. Par ailleurs, le préfet du Tarn était absent à partir du 25 octobre à partir de 21h30. Il n’y avait donc aucune autorité civile disponible cette nuit là pour adapter en fonction de la situation le dispositif décidé auparavant.

Le Défenseur des Droits a publié un rapport sur l’affaire le 25 novembre 2016. Il pointe, contrairement aux juges, la responsabilité de la chaîne de commandement. Il le fait sans ambiguïté. Il constate noir sur blanc « le manque de clarté et les incompréhensions entourant les instructions données aux forces de l’ordre par l’autorité civile, préfet et commandant du groupement de gendarmerie départementale ». Quant à la responsabilité du gouvernement de l’époque, du Premier ministre Manuel Valls et du ministre de l’Intérieur Bernard Cazeneuve, elle fut immédiatement récusée à l’époque. Pourtant, elle est dans la logique politique d’un pays démocratique. En effet, ce gouvernement avait fait le choix d’appliquer une politique répressive et violente à l’égard des mouvements sociaux. Et ce malgré les multiples alertes sur la montée de la tension à Sivens dans les jours précédant la mort de Rémi Fraisse. Le choix de la violence décidée d’en haut par ces responsables politiques a pu être constaté à nouveau par les nombreux manifestants du mouvement contre la loi Travail au printemps 2016.

En tous cas, en octobre 2014, Valls et Cazeneuve étaient restés silencieux pendant 3 jours. Ils comprenaient que si l’on établissait la responsabilité de l’intensité des tirs de la gendarmerie on demanderait aussitôt qui les avaient ordonnés. Rumeurs et bruits ont couru pendant de longues heures sur l’identité du mort et sur les causes de son décès. Pourtant, à la fin, Valls et Cazeneuve durent admettre l’implication de la gendarmerie dans la mort de Rémi Fraisse. Mais ils n’ont jamais assumé ni reconnu la leur en tant que donneurs d’ordre de répression disproportionnée. À mes yeux, la responsabilité des gendarmes ne peut être opposée à celle des décideurs politiques. Les gendarmes obéissent aux ordres. Il ne saurait en être autrement dans une démocratie où le pouvoir civil est tout.

Tout au long du procès, les demandes d’actes de Maître Claire Dujardin, l’avocate de la famille Fraisse, pour éclairer les zones d’ombre du déroulement de l’affaire ont été refusées. Ainsi, il a été refusé que le tribunal auditionne le préfet du Tarn en poste à l’époque, Thierry Gentilhomme. Elle demandait aussi une reconstitution du drame. Refusée également. La partie civile avait enfin demandé que soient transmises les communications écrites entre la gendarmerie, la préfecture et l’exécutif national pour pouvoir identifier d’éventuelles fautes dans la hiérarchie. Les deux juges d’instruction ont refusé. Dans son communiqué, la famille prend acte du non lieu mais considère que « donner l’ordre de jeter des grenades offensives sur des manifestants ne peut pas être considéré comme légal et la mort d’un jeune pacifiste parmi ces manifestants, comme un accident. » Elle a fait appel de la décision et a annoncé que si cette procédure n’aboutissait pas plus, elle porterait l’affaire devant la cour européenne des droits de l’Homme pour que « la responsabilité de l’État soit engagée ». C’est exactement ce qu’il faut faire.

Nous avons de bonnes raisons de penser que les tirs décidés étaient disproportionnés. Cela non seulement en raison de l’intensité de ces tirs mais aussi du fait du type de matériel utilisé. Car depuis, le type de grenade offensive qui a tué Rémi Fraisse a été interdite d’utilisation par les forces de l’ordre. Mais d’autres types d’armes le sont toujours. C’est le cas de la grenade de dés-encerclement, elle aussi dangereuse. Cet été, un militant anti-nucléaire a été gravement blessé à Bure, dans la Meuse, du fait d’une de ces grenade. Lors des manifestations contre la loi El Khomri, plusieurs manifestants avaient également été sévèrement blessées. La mort de Rémi Fraisse, l’absurde violence déchaînée dans la répression des manifestations contre la loi El Khomri devrait inciter le gouvernement à faire évoluer l’ensemble des techniques et des matériels utilisés pour le « maintien de l’ordre ».

Jean-Luc Mélenchon

 

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