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mercredi 1 novembre 2017

Ces enfants qui vont à l’école et dorment dehors

Ces enfants qui vont à l’école 

et dorment dehors



À Lyon, plusieurs parents d’élèves se sont récemment mobilisés pour faire connaître la situation de plusieurs élèves sans domicile fixe.

La plupart sont issus de familles dont la demande d’asile est en cours d’instruction.


Des parents en soutien aux écoliers SDF à l’école «Lucie Aubrac»Après leur évacuation par la police de l’école «Lucie Aubrac» les parents d’éléves se réunissent devant l’établissement pour partager un repas avec des familles russes et tchétchénes sans domicile, le 23 octobre 2017 à Lyon, France. 
 
Des parents en soutien aux écoliers SDF à l’école « Lucie Aubrac »

Après leur évacuation par la police de l’école «Lucie Aubrac» les parents d’éléves se réunissent devant l’établissement pour partager un repas avec des familles russes et tchétchénes sans domicile, le 23 octobre 2017 à Lyon, France.

  / Robert Deyrail/Gamma-Rapho

Un enfant qui porte le même jogging tous les jours. Des cernes qui se creusent au fil des semaines. Ces signes ne trompent plus Sandra Hyppolite. « Voilà cinq ans que des enfants n’ont pas de toit », s’indigne cette mère de famille de l’école élémentaire Lucie-Aubrac, à Lyon. Dans cet établissement, « douze élèves dorment dans des squats ou des squares, sur les berges du Rhône ou sous les ponts », rapporte-t-elle.

Cette année n’est pas pire que les précédentes. Encore qu’avec le démantèlement de nombreux bidonvilles à Lyon par les forces de l’ordre, « le nombre de familles isolées, dépourvues de tout, même d’une tente, a augmenté », pointe Élisabeth Gagneur, de l’association Classes, qui œuvre à la scolarisation des enfants des squats.



Près de la gare de Perrache en tout cas, là où se situe l’école Lucie-Aubrac, les parents d’élèves se sont toujours mobilisés pour donner un coup de main. Un appartement prêté pour fêter un anniversaire. Un coin de table pour les devoirs. Une collecte payant quelques nuits d’hôtels. Un sac de provision pour tenir quelques jours.

« On dort parfois à Perrache, parfois à Part-Dieu, mais toujours dehors »


Cette année toutefois, l’indignation s’est cristallisée sur le sort d’une maman vivant seule dans la rue avec sa fille de dix ans. Au soir des vacances de la Toussaint, Sandra Hyppolite fut au nombre des parents d’élèves qui occupèrent l’école, avant que la police n’évacue les lieux dimanche dernier.


Réunis au sein du collectif « Pas d’enfants sans toit », ils réclament, en lien avec d’autres écoles, un hébergement pérenne pour les 134 écoliers concernés dans la seule ville de Lyon. Il s’agit pour l’essentiel de demandeurs d’asile, déboutés ou non, originaires de pays de l’ex-URSS, des pays de l’est et de l’Afrique subsaharienne.

« Nous prendrons le relais de la métropole et de la ville de Lyon pour prendre en charge ces enfants et leurs familles, a indiqué mardi le nouveau préfet du Rhône, Stéphane Bouillon. Nous regarderons aussi leur situation au regard de la législation. »

Au premier refus, ils sont mis dehors


Parmi les enfants concernés, Ibrahim, arrivé en France en juillet avec ses parents et ses trois frères et sœurs. « On dort parfois à Perrache, parfois à Part-Dieu, mais toujours dehors », dit le garçon tchétchène. Sa syntaxe est approximative, mais il parle déjà sans accent de la situation difficile de sa famille, alors même que leur demande d’asile est en cours d’instruction, explique son père Islam.

« Auparavant, on trouvait des solutions, y compris pour les déboutés du droit d’asile, qui pouvaient conserver leur hébergement le temps que soit étudié leur appel, témoigne l’assistante sociale de l’école Lucie-Aubrac. Désormais, au premier refus, ils sont mis dehors. Et certaines familles en première demande d’asile doivent parfois attendre plusieurs mois avant d’être hébergées », à l’image d’Ibrahim et de sa famille.


Certes, dans tous les cas de figure, « la ville scolarise l’ensemble des enfants », insiste la municipalité, et ils suivent des cours spécialisés. Ibrahim, à l’école élémentaire Alix, est ainsi inscrit dans une classe d’accueil pour enfants allophones où il bénéficie de douze heures de cours par semaine pour mieux apprendre le français.

Ils sont conscients que l’école est leur seule chance


Aidé par ses camarades, il fait consciencieusement ses devoirs. Comme la plupart des enfants concernés. « La majorité d’entre eux comprennent que l’école est leur seule chance de s’en sortir. Ils s’investissent beaucoup », indique une professeure des écoles qui a compté plusieurs premiers de la classe parmi des élèves migrants ou réfugiés sans domicile.

La municipalité verse également une aide financière aux familles sans abri, comme elle le fait pour toutes les familles sans ressources. L’enveloppe couvre la cantine, l’assurance scolaire, l’inscription au préscolaire, les transports en commun et l’achat de matériel scolaire. À condition que les enfants aient une adresse, même administrative, à Lyon. Mais de plus en plus de familles finissent par être relogées dans des Formule 1 en périphérie de Lyon.

Dans l’attente d’un vrai logement, elles continuent d’amener leurs enfants à l’école au centre de la ville, où ils ont commencé leur scolarité, au prix de plus d’une heure de transport. Une ténacité qui n’étonne pas l’assistante sociale de Lucie-Aubrac : « la scolarité est le seul point d’ancrage pour ces enfants ».

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Un phénomène d’ampleur

 

En France, selon un rapport de l’Unicef présenté en 2015, trois millions d’enfants vivent sous le seuil de pauvreté, soit un sur cinq.

D’après l’Insee, en 2012, les services d’aide aux sans domicile fixe avaient accueilli 81 000 adultes. Le nombre d’enfants accompagnant certains de ces usagers s’élevait à 30 000.

Au soir du 4 septembre dernier, date de la rentrée scolaire, de nombreux élèves ont dû dormir dans la rue ou dans des abris de fortune, faute de place d’hébergement d’urgence et d’accès aux logements sociaux.

Selon une enquête réalisée dans 40 départements, 63 % des moins de 18 ans ayant demandé un hébergement au 115 (Samu social) ne l’ont pas obtenu.


Bénévent TOSSERI 

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