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dimanche 19 mars 2017

Mardi 21 mars à 20h45 : 'Le ruisseau, le pré vert et le doux visage' au Lido à Prades


A noter : le Lido ouvre la caisse à partir 20h15


Mardi  21 mars à 20h45 au lido
Les Ciné-Rencontres vous proposent

Le ruisseau, le pré vert et le doux visage

Film de Yousry Nasrallah
 

Synopsis


Yehia et ses fils, Raafat et Galal, sont des traiteurs spécialisés dans les réceptions et les banquets. Sa nièce, Karima, est promise à Raafat, son fils aîné. Mais la jeune femme en aime un autre. De son côté, Raafat est amoureux de Shadia, de retour des Emirats arabes unis. Fraîchement divocée, elle éprouve la même attirance, mais craint que leur différence d'âge et de classe ne soient un obstacle à leur histoire. De son côté, Galal, le cadet, autrefois marié à la défunte soeur de Karima, mène une vie dissolue. Leurs existences vont basculer au cours d'un mariage paysan dont ils s'occupent...


Lien vers Bande Annonce : https://www.youtube.com/watch?v=mQhDmQDQl-0&feature=youtu.be


Critique TELERAMA lors de la sortie en salle


par Pierre Murat


On connaît depuis toujours le goût de Yousry Narsallah — l'élève, le disciple de Youssef Chahine — pour les fresques romanesques. Et sa volonté d'approcher la réalité politique et sociale de son pays par une accumulation d'intrigues disloquées, de personnages éparpillés façon puzzle. Il n'y parvient pas toujours : son précédent film, intitulé Après la guerre (2012), mais qu'il avait conçu et réalisé au coeur même des événements de la place Tahrir en février 2011, était plus émouvant que réussi : trop long, trop brouillon... Le désordre plane à nouveau sur Le Ruisseau, le pré vert et le doux visage (trois éléments du paradis dans la poésie arabe), mais assumé, charmeur, attractif... Yehia est le roi des repas de mariage : il en organise sans cesse ­autour de la petite ville de Belqas où son entreprise est si célèbre qu'elle a déjà donné son nom à une rue... Il travaille d'arrache-pied avec ses deux fils : Galal, qui refuse d'avouer son attirance pour la fiancée de son frère, et Reffat, qui vient de tomber raide dingue de la belle Chadia, revenue au pays après la mort de son petit garçon.

Tout le monde s'affaire pour la noce qui se prépare. Les femmes se coiffent et se maquillent. On négocie âprement le prix de 20 kilos d'amandes. Dans une énorme bassine qui sert de chaise à porteur, une vieille parente est transportée tant bien que mal dans un camion. La belle-soeur du marié drague ouvertement Galal, qui a du mal à lui résister. Des ados chavirés guettent, tel le loup de Tex Avery, l'arrivée de la splendide Kiki, qui plus tard se lancera dans une danse effrénée, moulée dans une robe à deux coeurs, l'un posé sur les seins, l'autre sur les fesses... Le cinéaste se faufile entre tous ses personnages, il passe constamment des coulisses où les cuisiniers s'affairent aux salons où les invités s'égaient et s'amusent. On se croirait dans un film choral de Robert Altman (Un mariage), en plus gai, plus extravagant, plus bondissant...

Certes, une réalité infiniment plus triste finit par s'infiltrer dans le conte. Par moments, Galal, qui a fait de la taule pour avoir agressé un militaire et ne parvient pas à oublier ce qu'il y a vu, songe à émigrer en Arabie saoudite. Un promoteur prétentieux menace de détruire Yehia et ses fils s'ils s'opposent à sa volonté de transformer la ­région en parc à touristes avec fast-foods à gogo. Et pour avoir osé épouser secrètement sa bien-aimée, un jeune homme est assassiné. « Tous les jours, dit le cinéaste, on trouve en Egypte des cadavres au bord des routes désertes »...

Mais, dans ce film où le drame est tenu à distance, même la mort peut ­devenir bouffonne : celle de Yehia, par exemple, qui, par inexpérience, avale un flacon entier de Viagra, au grand dam de ses deux potes qui jurent de ne jamais révéler la vérité à sa veuve, l'un au nom du Christ, l'autre sur le saint Coran... Si de tous les films de Yousry Nasrallah celui-ci est le plus subversif, c'est parce qu'il y montre des hommes qui boivent et rient, des femmes qui se déhanchent en entonnant des chansons aux paroles équivoques. Un petit café agrémenté d'une poudre magique, et voilà que les dernières barrières se brisent. Les sentiments dissimulés s'expriment, ceux qui devaient s'aimer se disent leur amour avant de le faire. Soudain, l'insolence, la sensualité, la paillardise redeviennent des armes.

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