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jeudi 9 mars 2017

A propos de l'explosion démographique et du chauffage électrique

Deux lettres d'un auditeur/lecteur en réponse à CO2 mon amour (émission de Denis Cheyssoux sur France Inter le samedi de 14h à 15h)  et au journal La Croix 


A propos de l'explosion démographique

De Jean Monestier Le Soler, le 21.02.2017

A Denis CHEYSSOUX
Emission « CO2 mon amour »
Maison de Radio France
116, avenue du Président KENNEDY
75220 PARIS CEDEX 16

Objet : Commentaire sur l’explosion démographique.

Monsieur,

Je ne peux m’empêcher de réagir à ce que j’ai entendu récemment sur « CO2 mon amour ». Je ne défends pas une opinion, mais une certaine exactitude scientifique. Vous évoquiez l’explosion démographique, qui, selon de nombreux auteurs, est autorisée par l’accès apparemment illimité aux énergies fossiles. Et votre invité, questionné sur l’épuisement des ressources naturelles, de répondre benoitement que la quantité de ressources dépensée pour chaque dollar ou €uro créé baisse régulièrement, et donc qu’il n’y a pas de problème. Est-ce de la naïveté ou de l’irresponsabilité ?

Ce phénomène où une valeur augmente tandis qu’une autre qui lui est liée baisse s’appelle le « découplage ». Il est bien commenté par Tim Jackson dans « Prospérité sans croissance » (réf 1). Cette baisse de quantité de ressources nécessaire à la création de chaque unité monétaire se nomme plus précisément le « découplage relatif ». Encore est-il sujet à certaines observations désobligeantes, que vous vous gardez soigneusement d’évoquer : il n’est pas universel ; il y a de bons et de mauvais élèves, ceux dont nous vient tout le mal, et de mauvaises langues calculent même que, si la France se vante de bons résultats dans ce domaine, ce serait parce qu’elle évacue de ses calculs toutes les émissions de carbone causées par la fabrication des produits industriels qu’elle importe de Chine pour son propre bien-être. C’est ainsi que la Chine est présentée comme le mauvais élève et la France comme un des premiers de la classe. Cocorico !!!

Mais le « découplage relatif » est sans intérêt s’il n’aboutit pas au « découplage absolu », celui de l’ensemble des ressources prélevées pour toutes les activités humaines au niveau de la planète. Or celui-ci augmente irrésistiblement et je trouve malhonnête, juste pour rester optimiste à tout prix, de balayer cet argument sous le tapis du salon.

Pourquoi ce prélèvement continue-t-il à croître ?

D’une part à cause de l’augmentation de la demande de chaque être humain, riche ou pauvre, la course au toujours plus, stimulée par l’inégalité des situations, ayant été bien analysée par Veblen, lui-même bien commenté par Hervé Kempf dans « Comment les riches détruisent la planète » (réf 2).

Mais aussi, j’y arrive, par l’augmentation du nombre des individus dont l’énorme majorité cherche à consommer plus que ses semblables. Passer des 7 milliards que nous serions aujourd’hui, à 11 milliards, chiffre que Cyril Dion évoque comme une évidence dans son film « Demain », c’est entériner une augmentation de la population de 57%, donc une augmentation minimale de 57% des prélèvements de ressources. Dans cette perspective, il est incohérent de remettre en question la croissance une seule seconde. Inutile, par ailleurs, de déplorer l’extractivisme analysé par Anna Bednik dans le livre du même nom (réf 3).

De plus, cet impossible « découplage absolu » des créations de valeurs par rapport à la consommation de ressources cache d’autres pertes non réellement chiffrables, qui échappent donc au radar des économistes : artificialisation des sols, destruction des territoires, perte de la biodiversité, donc de facultés de résilience. Déplorez-vous assez souvent ces phénomènes sans voir que notre nombre même en est une puissante cause ? Vivement qu’on vienne chercher du gaz de schiste au pied de la Maison de la Radio ! Alors vous poserez vous peut-être les vraies questions ?

Mais je m’aperçois que je vous ai déjà cité trois livres à lire. Est-ce déjà trop ? Je ne résiste pas à l’envie d’y ajouter le magistral « La fin de l’abondance », de John Mickael Greer (réf 4), et, au cas où votre curiosité serait émoustillée, à vous souhaiter « Bonnes lectures ! ».

Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de mes Très Sincères Salutations Terrestres.

Jean Monestier.

Diplômé en économie auprès de l’Université de Toulouse,
Etudiant en collapsologie,
Défenseur du maintien d’une biosphère humainement habitable.

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Références :

Réf 1 : « Prospérité sans croissance - La transition vers une économie durable » par Tim Jackson, Editions Etopia & De Boeck 2010.

Réf 2 : « Comment les riches détruisent la planète », par Hervé Kempf, Editions Seuil 2009, collection Points Essais N°611.

Réf 3 : « Extractivisme - exploitation industrielle de la nature : logiques, conséquences, résistances. », par Anna Bednik, Editions Le passager clandestin 2016.

Réf 4 : « La fin de l’abondance - l’économie dans un monde post-pétrole», par John Michael Greer, Editions Ecosociété 2016.

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A propos du chauffage électrique

De Jean Monestier                                                                                  
Le Soler, le 16.02.2017



A LA CROIX
Courrier des lecteurs
18, rue BARBÈS
 92128  MONTROUGE


Objet : Chauffage électrique.

                        Madame, Monsieur,

Il ne suffit pas d’écrire et de publier une énormité pour qu’elle soit vraie. Si certains de vos lecteurs ne comprennent pas pourquoi le chauffage électrique est si largement critiqué, comme il apparait dans La Croix du 15 février, il faut expliquer pourquoi il représente la plus irrationnelle façon d’utiliser l’électricité.  En fait, c’est parce qu’il faut produire environ trois fois plus de chaleur dans la centrale électrique qu’on n’en récupère par effet Joule à l’arrivée du fluide au point de consommation. C’est la conséquence des lois de la thermodynamique, qui ne sont pas discutables. Cette chaleur initiale est produite essentiellement à partir d’énergies fossiles, y compris la radioactivité, mise en jeu dans les centrales nucléaires, qui ne se renouvelle pas et ne fait que diminuer au fil des siècles. De plus, nous ne payons pas les ressources, charbon, pétrole, gaz, uranium, mais seulement l’activité humaine déployée pour en tirer de l’énergie. C’est pourquoi ces énergies fossiles sont, en fait, relativement gratuites, ce qui nous incite à les gaspiller allègrement de diverses manières, alors qu’il a fallu des centaines de millions d’années pour les concentrer. Mauvaise habitude, observée également dans la généralisation forcenée de l’automobile, qui transforme en effort mécanique guère plus de 25% de l’énergie contenue dans son réservoir. Mauvaise habitude que l’on conserve, hélas, en passant aux énergies renouvelables. Brûler la quasi-totalité des forêts du sud-est pour convertir au bois la centrale à charbon de Gardanne, c’est accepter, pour la fraction consacrée à la simple production de chaleur par effet Joule, d’en brûler les deux tiers pour chauffer le ciel. Rappelons que, si la déplétion de l’accès aux énergies fossiles a déjà commencé en 2006 pour les pétroles conventionnels, comme le reconnaît l’Agence Internationale de l’Energie, les énergies renouvelables, elles aussi, peuvent s’épuiser, quand les prélèvements sont supérieurs au potentiel de renouvellement de la ressource. Nous mangeons déjà le capital du bois, du poisson, de l’eau, etc., ce qui n’est pas durable. C’est pourquoi il vaut mieux réserver l’électricité aux usages où elle est irremplaçable : force motrice, éclairage, électronique…

Tout ce qui précède ne constitue pas mon opinion, mais s’appuie sur des réalités scientifiques reconnues par une grande majorité de professionnels et de scientifiques, et j’en tiens les références à la disposition de qui voudra. Pour conclure, je reprendrai une expression que mon père m’a apprise il y a longtemps : utiliser l’électricité pour le chauffage des bâtiments, c’est « donner de la confiture aux cochons ». Sur ce point seulement on peut me reprocher de m’appuyer sur une simple opinion.

Jean Monestier.

Diplômé en économie auprès de l’Université de Toulouse,
Etudiant en collapsologie,
Défenseur d’une biosphère humainement habitable.



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