Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

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vendredi 3 mars 2017

Chronique des ZAD février 2017 - Notre Dame Des Landes et ailleurs : Paris (Théo) - Bouriège (11) - Saint-Jean de Braye (45) - Bure (55) - anti CGO (67) - NY (USA) - Vienne (Autriche)

Des infos, des liens, des photos pour tout savoir (ou presque) sur ce qu'il s'est passé en février 2017 autour des Zones A Défendre : on y parle de Notre-Dame-Des-Landes et de plein d'autres choses.

Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle 



PROJET D’AYRAULT – PORT de 

NOTRE DAME DES LANDES (44)

Source : ZAD.nadir.org et médias

Février 2017

Et ailleurs : Paris (Théo) - Bouriège (11) - Saint-Jean de Braye (45) - Bure (55) -  anti CGO (67) - NY (USA) - Vienne (Autriche)



ZAD de NDDL - 44



Infos du 1er au 5 février



Jeudi 2 février




Haut Fay ZAD

L’atelier d’impression du Haut Fay permet à qui le désire de transposer son imagination sur tous types de supports : affiches, autocollants, textiles, bois,… etc

17, 18 et 19 Février à la Wardine, sur la ZAD RENCONTRES DE LUTTE CONTRE LES PERSÉCUTIONS POLICIÈRES
La question de comment être solidaire avec d’autres luttes se pose à nous, occupant-e-s de la zad, sous différentes formes. Si nous faisons front contre un projet d’aéroport, il reste un problème, son monde.


Macron favorable à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes


Interrogé mercredi 1er février sur France Inter, Emmanuel Macron s’est déclaré favorable à la construction de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes : « Sur le fond, ce projet a été très mal emmanché. Il relève d’un modèle qui n’a sans doute plus cours aujourd’hui. Mais, sur ce sujet, vous ne pouvez pas décider que la voie démocratique n’a aucun sens. Si elle n’avait pas été purgée, j’aurais dit qu’on peut reprendre le sujet, le remettre à plat, parce que, en effet, moi je veux questionner les fondamentaux économiques et les principes. Mais il y a eu une consultation, dans un périmètre défini. Le peuple s’est exprimé, je suis pour respecter cette décision. »


Source : 20 minutes sur Reporterre


Infos du 13 au 19 février



Lundi 13 février




Quelques nouvelles de la semaine passée, et notamment des photos du chantier de montage de la cabane pour le jardin médicinal :




Cette cabane a été réalisée par un groupe de soutien de Rennes, comme une façon de tisser des liens avec des personnes dites "de l’extérieur" et un endroit dédié au plantes médicinales - notamment pour un groupe de personnes qui s’organisent depuis les expulsions autour d’un jardin médicinal dans le champs du Rouge et Noir et un groupe d’autoformation (qui n’existe plus pour le moment).

Elle est en construction depuis plusieurs mois et il y a le chantier final cette semaine pour la monter (malgré la pluie).

Cette cabane a pour vocation d’être un endroit de transformation (des plantes brutes vers des teintures, baumes, vinaigres...) et séchage, mais aussi de stockage pour qu’elles ne pourrissent plus dans nos cabanes. Ces tisanes pourront après être faites en mélange pour distribution sur le non-marché (comme il a déjà été fait quelques fois) ou directement à la cabane pendant des permanences.
Ça servira aussi de lieu pour faire des consultations d’herboristerie ou éventuellement d’autres ateliers en rapport avec les plantes.

Vendredi, c’était soirée de soutien aux frais de cette construction au Haut Fay.


Anti fascisme - bibliothèque du Taslu - violences policières


La semaine prochaine c’est la semaine des résistances à Nantes : elle commencera par 2 soirées sur l’autonomie italienne dans les années 70 au Taslu, la bibliothèque de la zad en construction et se finira par un weekend d’actions antifascistes contre la venue du F-Haine dans la ville. No Pasaran !




Mardi 14 février



Parait que le gouvernement lance une procédure de saisine du Conseil d’État pour qu’il prenne un arrêté de prolongation de la DUP au-delà de février 2018. Quelle panique.. (source Presse Océan)


On apprend la réouverture hier du commissariat Olivier de Clisson au centre de Nantes, qui avait été abimé lors de la manifestation antiaéroport de février 2014. 35 personnels sont affectés au poste et ce sera ouvert de 9h15 à 18h en semaine. A bientôt ;)


Vendredi 17 février



La présence d’une quinzaine de fourgons de CRS est signalée à NDDL, à priori liée à la venue d’une commission d’enquête sur "la réalité des mesures de compensation des atteintes à la biodiversité engagées sur des grands projets d’infrastructures" avec le CEPDA et l’ACIPA


Un we de rencontres contre les persécutions policières commence ce soir à la Wardine.


Infos du 20 au 26 février


Lundi 20 février



Etrange déplacement d’espèces sur la zad :


Stupeur vendredi dernier dans le bocage où on a vu défilé quelques encravato-sénatorius. Ceux-ci auraient quitté leur habitat naturel, douillet et urbain, pour venir affronter le temps d’une après midi les rigueurs de l’air frais et le bruit inhabituel d’une faune encore préservée. Retour sur cette étonnante procession dans 20 minutes


Mercredi 22 février



Mercredi 22 février (quelle date) :

 annif de la manif nantaise du 22-02-2014 contre l’aéroport NDDL : 2 yeux crevés


Nantes : manif du 8 février 2017 pour « Justice pour Théo » (NDA) ça craint ! Merci Cazeneuve



Découverte de la zad avec les Naturalistes en lutte le 19 février :




A venir pour le week end :


SAMEDI 25 : Grande manifestation à Nantes contre le FN à 15H station Commerce à la croisée des trams





DIMANCHE 26 : aux portes du pouvoir, nous sommes aux portes de Nantes !



Les grandes idées se rejoignent : cortège de funérailles du FN le 26 février à Nantes



Jeudi 23 février



Ici, un appel depuis la ZAD à rejoindre ou soutenir les actions prévues ce weekend conre le meeting du FN à Nantes.



ZAD :

Un nouveau recours vient d’être déposé par la Confédération Paysanne contre le SCOT de Nantes-St-Nazaire, document d’urbanisme qui fixe l’aménagement du territoire prévu pour accueillir l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes.


Vendredi 24 février



Ici, des explications de la zad-nddl sur l’appel à rejoindre les actions et manifs contre le meeting du FN ce week-end à Nantes.


Et pour faire un retour sur la Semaine des résistances qui se clôt ce week-end : un compte-rendu illustré de la première soirée "Ingouvernables, devenir commun".


A Nantes, la mobilisation anti-FN doute et se renouvelle


Comment organiser la riposte citoyenne quand le Front national infuse l’ensemble de la politique française ? C’est l’épineuse question qui se pose aux militants dans leur grande diversité, avant la venue de Marine Le Pen dimanche à Nantes.

De notre envoyé spécial à Nantes.
 
S’il n’y avait que les chiffres, le Collectif unitaire contre l’extrême droite et ses idées aurait pu tranquillement continuer à somnoler. Lors des dernières élections présidentielle et législative, le FN a recueilli 7,78% et 5,85 % des voix à Nantes. Pas vraiment de quoi occuper la rue. Depuis, ce n’est un secret pour personne, le climat a changé. Certaines stratégies politiques également. Alors qu’en 2012, les élus PS de la cité des Ducs de Bretagne avaient catégoriquement refusé l’accès de salles municipales ou métropolitaines au Front national, en 2017, les portes du Zénith lui sont désormais grandes ouvertes.


« En laissant l’accès libre à Marine Le Pen, le PS joue sur l’aspect repoussoir du FN et mise sur la future injonction au vote utile », analyse Pierre, membre du collectif A l’abordage. Ce qui a réellement choqué et interroge le milieu militant nantais, c’est la décision prise par la Ville de Nantes de mettre une salle à disposition de Breizh Info. Le 3 février dernier, ce site identitaire, étoile montante de la fachosphère, recevait Jean-Yves Le Gallou. Cofondateur du FN avec Jean-Marie Le Pen en 1972, chantre de la “Réinformation” et adepte du concept de « grand remplacement », ce dernier a pu tranquillement débattre de son dernier livre… sous étroite protection policière. Cet événement a réactivité, pour un temps, “la guerre des faf contre les antifa”, et a surtout déstabilisé le Collectif unitaire contre l’extrême droite et ses idées.


A peine réveillé, après quinze années de sommeil et le souvenir de sa dernière grande mobilisation le 21 avril 2002 (près de 20 000 personnes alors), le voilà obligé de réagir à l’actualité. Et les débats internes, auxquels Mediapart a pu assister, ont révélé une fracture nette parmi la quinzaine d’organisations syndicales et associatives membres du Collectif.

A Nantes, le 22 février 2014 lors de la manifestation contre l'aéroport Notre-Dame-des-Landes
Au cœur de ces tensions, les modalités et les finalités de la lutte. Car à Nantes, depuis quelques années, la question de l’occupation de l’espace public et de la rue est indissociablement liée aux mobilisations contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et la loi sur le travail. Et aux violences policières qui en ont découlé. Pour des structures comme les sections nantaises du MRAP, de la FSU, de la FNASAT ou de la LDH, « il existe des risques de dérapage trop importants pour appeler à manifester contre la venue de Marine Le Pen à Nantes ». « Dans le rapport de force des idées et à 60 jours du premier tour de la présidentielle, si l’on rate la manif, Marine Le Pen l’utilisera dans sa stratégie de dédiabolisation, rappellent leurs représentants. Une mobilisation minoritaire ou violente serait de toute façon contre-productive. »


« Au contraire, répond Mathilde, de Nantes en résistances, ne pas appeler à manifester serait un aveu de faiblesse. D’autant qu’on a eu de la force pendant plusieurs mois contre la loi sur le travail. Il nous faut être ambitieux et réoccuper la rue. » Résultat, après quatre longues réunions et autant de débats musclés, un appel à manifester ce samedi 25 février a fini par être lancé contre la venue de Marine Le Pen à Nantes le lendemain. Un consensus unitaire qui ne règle pas, pour autant, la question de la riposte à mener face à l’extrême droite et ses idées. Et, plus largement, face au désaveu grandissant de la politique classique par les citoyens français.


Lancée à la rentrée de septembre, l’association la Horde des sentiers battus est également traversée par ces enjeux. Au départ, créée pour « redonner du sens, questionner les évidences, décrypter les médias et déconstruire les thèses complotistes », “la Horde”
s’interroge. Faut-il manifester ? Inventer de nouvelles formes d’action ? Combiner les deux ? Pour Violaine, « ce n’est pas un défilé qui changera les idées ». Pour Hélène, « c’est important une manif. Cela a l’avantage de nous rendre visibles et d’occuper le terrain ». Une réalité contre une autre, poursuit-elle, où les « militants de gauche doivent aujourd’hui accepter de sortir d’un certain hygiénisme de la pensée et ne plus refuser l’apprentissage des nouveaux outils de lutte. »

Reprendre la rue, investir la Toile et reconfigurer le mouvement social


Car bien plus que la rue, c’est bien le territoire numérique qui est depuis longtemps laissé aux mains de l’extrême droite. « Pour les militants issus du syndicalisme ou de la gauche classique, utiliser ces outils est synonyme d’allégeance à GAFA » (pour Google, Apple, Facebook et Amazon), poursuivent Hélène et Violaine. Extrêmement efficaces dans la bataille idéologique et culturelle, Facebook et Twitter sont pourtant délaissés par les militants, car ne correspondant pas à leurs valeurs éthiques. « Je comprends le raisonnement, réagit Hélène, également salariée à l’association de décryptage des médias Les Pieds dans le PAF, mais je dis à tous ces militants que la force de frappe n’est pas la même, surtout concernant les plus jeunes qui s’informent sur le net et non grâce à des tracts. »

Et les fondatrices de la Horde des sentiers battus de prendre les exemples des apéros Facebook « saucisson-pinard » ou de la Manif pour tous. « Cela a marché à fond simplement parce que ces gens avaient besoin de manifester et de se manifester. De notre côté, nous nous sommes laissé endormir, prenant pour acquises nos convictions. Nous avons été trop tolérants. Nous avons lâché trop de terrain et, clairement, aujourd’hui, nous sommes complètement largués. »


Reprendre la rue, investir la Toile et reconfigurer le mouvement social, voilà l’objectif que s’est fixé A l’abordage. A l’origine des longs mois de lutte contre la loi sur le travail à Nantes, cette assemblée utilise non seulement les outils de la résistance réelle et virtuelle, mais politise chacune de ses actions. « Après le printemps, nous avons appris que le PS voulait organiser ses nouvelles universités d’été à Nantes, se souvient Pierre, membre de A l’abordage. Nous avons donc mis sur pied des assemblées hebdomadaires avec pour objectif de perturber cette initiative mais surtout de continuer à faire vivre le mouvement auquel avaient participé les syndicats combattifs, les Zadistes, mais aussi les lycéens et les associations de chômeurs. » Devant cette alliance toujours mobilisée, le PS a fini par jeter l’éponge. « Ce qui ne nous a pas découragé, en sourit encore le doctorant en sociologie urbaine. Même si, du coup, notre action n’avait plus l’impact souhaité d’un contre-sommet, 500 à 600 personnes sont venues débattre des enjeux de la mobilisation et de la riposte à mettre en place. »


Un souffle militant nouveau, qui se concrétise ici à la fois par la reprise de la Semaine des résistances – organisée sur Nantes chaque fin février en souvenir du 22 février 2014 « où plus de 40 000 personnes s’étaient mobilisées contre l’aéroport » –, et par le lancement en janvier 2017 de l’appel national « Génération ingouvernable ». « Suite à la brutalisation de la société, à l’utilisation du 49.3 et du flashball comme seuls arguments de discussion, que veut dire être gouvernés aujourd’hui, poursuit Pierre. Ma génération a pris la rue, a été expulseé et éborgnée. Rien que sur Nantes, 350 jeunes ont été interpellés. Nous aurions toutes les raisons de nous retirer, d’appeler à l’abstention ou de céder à la menace politique du “ce sera moi ou le FN”. Et pourtant, nous appelons à manifester ce samedi contre la venue de Marine Le Pen à Nantes, dimanche. »

Au-delà de cette manifestation, et de leur volonté de repenser la logique anti-FN et ses slogans, se pose la question de la gouvernance. Avec ces tentatives de réponses, ces abandons ou ces expérimentations déjà existantes. Si les Zadistes appellent eux aussi à manifester samedi et à une opération escargot dimanche midi sur le périphérique nantais, ils opposent « aux déclarations spectaculaires et aux emplois fictifs, les réalités de l’auto-organisation de la production dans le bocage, les réalités de la solidarité avec les exilé.e.s et celles et ceux qui luttent à leurs côtés, les réalités d’une élaboration politique partagée dans nos assemblées… En clair, la réalité d’un territoire en résistance mais plus que jamais ouvert ».

De son côté, le collectif A l’abordage milite « pour recréer des liens avec le syndicalisme combattif et l’associatif militant. » « C’est d’ailleurs pour ça que, malgré les mésententes inhérentes à ce travail en commun, nous continuerons de participer aux actions du Collectif unitaire contre l’extrême droite et ses idées, reprend Pierre. Parce que la riposte n’est pas une lubie de vieux militants dépassés ou d’une ultra gauche exaltée. C’est une nécessité idéologique, et un combat de terrain à imaginer sur le long terme. Parce qu’au-delà des réponses ponctuelles que l’on peut apporter à l’invitation d’un Jean-Yves Le Gallou ou à la venue de Marine Le Pen au Zénith, l’enjeu de la reconquête sociale va se poser de manière bien plus criante encore entre les deux tours de la présidentielle et au matin du 8 mai. »

Pierre-Yves Bulteau - Médiapart



MANIFESTATION CONTRE LA VENUE DU FN À NANTES : LA RUE S’ENFLAMME par Taranis news




Marine Le Pen veut faire l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes


La candidate du Front National a redit, vendredi 24 février, son opposition au projet de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, sur France Bleu Loire Océan. En revanche, si elle est élue présidente, elle respectera le "oui" au transfert exprimé lors de la consultation.

« Je suis contre cet aéroport depuis le départ sauf qu’il y a eu une consultation populaire et par conséquent rien ne peut aller contre une consultation populaire. Le peuple a toujours raison […] même si moi je suis opposée à cet aéroport », a déclaré Marine Le Pen.


Concernant l’occupation de la Zad, la présidente du FN n’envisage rien d’autre qu’une évacuation. « Maintenant la décision a été prise et la fermeté doit être de mise car il n’est pas question qu’un petit groupuscule d’anarchistes fasse céder indéfiniment l’État français, l’État qui est le représentant de l’ensemble du peuple et il doit faire appliquer la loi  », a ajouté la candidate.




Dimanche 26 février


Ça bouge contre le meeting du FN : 

L’opération escargot autour du Zénith a causé de gros ralentissements sur le périph’ 

"des coloristes sur voie rapide" ont bloqué des bus de militants frontistes en provenance de Rennes, voir leur communiqué ci dessous :

Aujourd’hui, dimanche 26 février, pour perturber la tenue du meeting de Marine Le Pen à Nantes et en réponse à l’appel à blocage lancé par l’assemblée nantaise « A l’abordage », nous avons réservé une petite surprise aux militants frontistes entassés dans les bus en provenance de Rennes.

Dans le calme, la bonne humeur et sans aucun heurt, nous avons bloqué deux bus sur la 4 voies, qui furent au passage copieusement repeints parce que dans la vie, il y a bien d’autres couleurs que le bleu marine.

Comme à son habitude, le Front National ne manquera pas de se poser en victime, invoquant la « démocratie » et la « liberté d’expression ». Nous le répétons, dans une France sous état d’urgence, où la police ratonne dans les banlieues et rafle les migrants, nous ne laisserons pas fleurir le racisme et la xénophobie au prétexte de « liberté ». Nous n’avons pas oublié comment les régimes fascistes d’hier furent institués par des voies parfaitement démocratiques et légales (élection d’Adolf Hitler au suffrage universel, vote massif des pleins pouvoirs à Pétain par le parlement...).

A travers le Front National, c’est à la politique classique dans son ensemble que nous nous attaquons, à tous les partis de gauche comme de droite qui font mine de combattre l’extrême droite tout en pillant ses idées et appliquant son programme sécuritaire.

Aujourd’hui comme demain, dans la rue comme dans les luttes, soyons ingouvernables !

Des coloristes sur voie rapide.

Infos du 27 au 28 février



Lundi 27 février



Anti fascisme


La blague de ce début de semaine c’est Fillon qui parle d’un climat de "quasi guerre civile" pour parler de ce qui s’est passé ce weekend à Nantes. Il rajoute, évoquant le blocage de deux bus de militants F-Haine se rendant au zénith pour la grande messe de leur parti,

"je ne peux pas accepter que des autocars soient pris d’assaut sur l’autoroute comme si on était au far west"

N’empêche que c’est vous les cowboys et nous les Indiens, et qu’il n’est pas question qu’on laisse passer la diligence du Front National.

No Pasaran !!!



AILLEURS




Infos du 1er au 5 février

Jeudi 2 février



Zad Bouriège (11)


"Bonsoir le collectif, nous vous envoyons des nouvelles de la ZAD, 2 bulldozers sont passés aujourd’hui pour agrandir "l’autoroute des éoliennes", demain le compacteur finira de tasser ce passage et ce dès tôt le matin ... Nous avons aussi eu la visite d’une grande troupe de gendarmes qui tentent par tous les moyens de nous empêcher toute action envers les travaux, et nous risquons demain matin tôt de nous faire expulser du terrain de Jean Louis ou bien de subir une perquisition gratuite, sans son accord bien sûr, et nous accuserons une nouvelle défaite...! Voilà donc, nous espérons que ce message parviendra à toutes les personnes concernées... "

(NDA) : Bouriège ( Wikipédia) 


Bouriège est une commune des Pyrénées située dans le Razès, au sud-ouest de Limoux.

Les vestiges de l'ancien village médiéval de Saint-Pierre-le-Clair situés sur les hauteurs de la commune ont été détruits aux trois-quarts en 2013 pour céder la place à l'implantation d'un site d'éoliennes. On peut toutefois encore y voir les ruines d'une ancienne église romane.

Le tribunal d’Orléans bloque le projet de Décathlon


Le tribunal administratif d’Orléans a annulé le 31 janvier dernier l’arrêté préfectoral qui autorisait la destruction de la zone humide dans le projet de village Decathlon prévu sur 16 hectares de terres agricoles et naturelles sur Saint-Jean de Braye (Loiret).


L’arrêté, annulé au titre de la loi sur l’eau, est un document indispensable pour commencer l’aménagement de la zone. Pour le collectif SPLF45, qui s’oppose au projet de centre commercial, « c’est une grande victoire » : « L’un de nos arguments est la sauvegarde des près de 10 hectares de zone humide présents sur le site », explique-t-il dans un communiqué.

collectif SPLF45 sur Reporterre

Infos du 6 au 12 février

Mercredi 8 février

Bure : Flics et tractopelles détruisent des barricades dans la forêt de Bure et autour de l’ancienne Gare de Luméville, coup de pression qui s’en tient là pour le moment, plus d’info sur vmc.camp, avant la MANI MANIF MANIF du 18 fev.


À Bure, la lutte s’envole joyeusement contre la poubelle nucléaire




Aux confins de la Meuse et de la Haute-Marne, l’État multiplie les projets liés au projet Cigéo d’enfouissement des déchets radioactifs. Face à cette offensive, les opposants investissent les arbres et s’implantent durablement, malgré la demande d’expulsion que doit étudier le tribunal de Bar-le-Duc ce mercredi.

  • Bure et Mandres-en-Barrois (Meuse), reportage

La nuit humide plonge les rues dans un silence hivernal. Nimbé dans la brume, le village de Bure paraît éteint, vide. Rue de l’Église, une grande bâtisse se dessine dans la pénombre. Voitures, caravanes et bicyclettes accueillent le visiteur. Sur le mur, un discret « Bure zone libre », tracé à la peinture rouge, ainsi qu’une pancarte « Anti atom club » annoncent la couleur. Depuis 2004, la Maison des résistances héberge celles et ceux qui luttent contre l’implantation du projet Cigéo, un vaste programme d’enfouissement des déchets nucléaires dans les entrailles argileuses de ce plateau meusien.

Le village de Bure.
Derrière la porte d’entrée, une joyeuse tablée ripaille autour d’une purée de potiron fumante. Sur la boisinière (gazinière à bois), un chocolat chaud au lait fermier patiente dans une casserole en cuivre. « Je n’avais jamais vu autant de monde en plein cœur de l’hiver ! s’enthousiasme un habitué des lieux. Il y a deux hivers, nous étions souvent moins de cinq. » En ce mois de février, entre trente et cinquante personnes passent chaque jour dans ce lieu de vie collectif et autogéré.


« Nous sommes dans un moment de balance, de basculement, explique Michel Marie, membre du Cedra, une association qui lutte de longue date contre Cigéo. Depuis deux ans et la tenue du Camp action climat à l’été 2015, les gens ont pris conscience de ce qui se passait ici et la mobilisation va crescendo. » Une mobilisation qui se concentre aujourd’hui sur le bois Lejuc, une dizaine d’hectares de forêt stratégique sous laquelle l’Andra — l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs — entend installer son sarcophage de déchets radioactifs. La lutte antinucléaire prend ainsi des allures de « guerre des forêts », comme l’indique une pancarte à l’orée du bosquet.

    « Tout est prêt pour résister en cas d’arrivée de la police » 


Dans le salon cosy de la Maison, tapissé de livres sur les luttes et le nucléaire, un petit groupe fabrique des longes pour grimper aux arbres. Depuis l’été 2016, les opposants à Cigéo occupent ainsi le bois Lejuc, afin d’« empêcher les travaux de défrichement ou de forage et protéger la forêt ». Cet ancien domaine communal de Mandres-en-Barrois est devenu propriété de l’Andra au terme d’une procédure contestée. « Des habitants remettent en cause la légalité de la délibération municipale qui a permis à l’agence d’entrer en possession du bois », explique Me Samuel Delalande, un des avocats des opposants. Conflits d’intérêts de certains conseillers, sous-évaluation du prix de la forêt, pressions sur les élus. Le 31 janvier dernier, le rapporteur public a notamment conclu à un non-respect de la procédure à bulletin secret. Un vice de forme qui pourrait coûter cher à l’Andra : si le juge confirme cette illégalité le 28 février prochain, le bois redeviendrait communal… ce qui compliquerait le dépôt de la demande d’autorisation de construire, prévu pour 2018.


Sans attendre la réponse de la justice, les militants antinucléaires habitent désormais le bois, bordé de plusieurs « vigies », des cabanes entourées de chicanes et de barricades. « Tout est prêt pour résister en cas d’arrivée de la police », explique Jeannot, ses bottes en caoutchouc couvertes de gadoue. Une expulsion reste en effet possible, l’Andra ayant déposé une plainte pour occupation illégale. Le tribunal de Bar-le-Duc doit se prononcer sur cette question ce mercredi 8 février.

La « vigie Sud »
Pour leur part, les militants mettent en avant les irrégularités des procédures de l’Andra, notamment les défrichements débutés l’été dernier, déclarés illégaux par la justice. « Nous habitons le bois en attendant qu’il revienne à ses habitants », précise Frédérique. Elle nous emmène à travers les arbres, derrière les barricades. Sur plusieurs centaines de mètres, des pans de mur en béton armé gisent à terre depuis leur démantèlement le 14 août 2016. Nous suivons cet étrange sentier en forme de domino géant jusqu’au cœur de la forêt. Un salut amical nous parvient depuis la cime d’un grand chêne. À plus de treize mètres de hauteur, une cabane trône entre les branches dénudées. Frédérique enfile un baudrier et se hisse à l’aide d’une corde. Là-haut, les opposants vivent confortablement, hors d’atteinte des forces de l’ordre et des vigiles de l’Andra. Sous les bâches bleues, c’est un petit nid douillet d’une douzaine de mètres carrés : toilettes sèches, réchaud, mini-bibliothèque, et lit sur lequel s’empilent de chaudes couvertures. Un havre de paix pour Lilou, qui vit perché depuis près d’un mois : « Le seul moment dur, c’est quand les chaussures ont gelé au petit matin », sourit-il. Ici, le thermomètre descend souvent en dessous de zéro.

    « Cigéo, ce n’est pas qu’une nuisance, c’est aussi une opportunité » 

Malgré le froid et l’humidité, les chantiers essaiment. Cabanes arboricoles ou maisonnettes de plain-pied, barrières et chicanes parsèment la forêt. « Aujourd’hui, la lutte contre la poubelle nucléaire se déroule ici », observe Frédérique. L’occupation s’intensifie et les recours se multiplient. « Une bataille décisive va se jouer jusqu’à mi-mars, date à laquelle la nidification empêcherait, selon le code de l’environnement, toute déforestation, explique le Réseau sortir du nucléaire dans un communiqué. Notre détermination est essentielle, mais l’issue du bras de fer reste incertaine. »

Une des cabanes arboricoles du bois Lejuc.

De son côté, l’Andra met en avant sa volonté de respecter les procédures. « Nous attendons les décisions de justice, rien ne sera fait sans l’aval des autorités », insiste Mathieu Saint-Louis, du service de communication de l’agence. Lors de ses vœux, son directeur Meuse–Haute-Marne, David Mazoyer, a reconnu les « erreurs d’appréciation » commises par l’agence l’été dernier, avant d’ajouter : « Mais je tiens à vous rassurer ; tout a été fait pour remettre les choses dans le bon ordre sur le plan des demandes d’autorisation comme de l’exécution des décisions de justice. » Une volonté d’apaisement qui détonne avec les abus observés fin janvier sur le terrain : un opérateur de l’Andra a ainsi été filmé en train de vider de l’huile inflammable sur des opposants résistant pacifiquement au passage d’engins de chantier.


« Les gens ont peur », confie Jean, un habitant de Mandres-en-Barrois. L’Andra semble manier habilement la carotte et le bâton. « Ils achètent les terres et tiennent les agriculteurs via des baux précaires, renouvelables chaque année », explique Nina, qui vit dans la Maison des résistances depuis l’été dernier. Dans un territoire sinistré et dépeuplé, l’argent frais proposé par l’industrie nucléaire peut aussi paraître comme une bouffée d’oxygène. À travers un contrat de développement du territoire et deux groupements d’intérêt public (GIP) dotés de 60 millions d’euros par an, l’État et l’Andra financent de nombreux projets d’infrastructures. « Nous voulons rendre ce projet comme une chose attractive et positive pour ce territoire, détaille Mathieu Saint-Louis. Cigéo, ce n’est pas qu’une nuisance, c’est aussi une opportunité. » Outre l’argument massue de milliers d’emplois créés, le chargé de communication prend l’exemple des agents de sécurité formés comme pompiers volontaires, qui peuvent désormais intervenir sur le plateau de Bure bien plus rapidement que les pompiers basés à Bar-le-Duc. « Pourquoi ne pas imaginer que la clinique et la médecine du travail de l’Andra servent aux habitants ? »

Le site de stockage des déchets radioactifs de l’Andra à Bure.
 
« En se répandant dans toutes les zones géographiques et toutes les dimensions, l’Andra procède à une cancérisation du territoire, dénonce Michel Marie. Le Grand-Est va devenir la poubelle nucléaire de la France. » De fait, les projets en lien avec Cigéo se multiplient, « telles des verrues » : la laverie de linge sale radioactif à Joinville, un projet de conditionnement de déchets nucléaires à Gudmont-Villiers, l’entreposage de colis radioactifs à Gondrecourt. Les lycées de Saint-Dizier et Bar-le-Duc proposent des formations reliées à l’industrie nucléaire. « À coup de subventions et de bourrage de crâne, on annihile toute volonté d’opposition, estime Michel Marie. Le plus grand ennemi, ce n’est pas l’Andra, c’est le fatalisme. »

     Conjurer une bonne fois pour toutes la morosité et le fatalisme


Alors que la « bataille du bois Lejuc » n’est pas encore achevée, la « guerre contre la poubelle nucléaire » serait-elle déjà perdue ? « Il n’y a pas d’avenir ici, conclut Marcel, un agriculteur à la retraite. Que voulez-vous faire ? L’Andra, c’est l’État : c’est eux qui décident. »
Pourtant, à la Maison des résistances, on parle bien plus de charpentes autoconstruites et de baumes aux plantes que de déchets nucléaires. Car, n’en déplaise à Marcel, les opposants à Cigéo ont bien l’intention de se construire un avenir ici. Certains investissent l’ancienne gare de Luméville-en-Ornois avec des envies de maraîchage et de cultures de céréales. D’autres rachètent des maisons dans les communes du plateau, en vue d’ouvrir une épicerie et un café associatif. « Ce n’est pas la Zad de Notre-Dame-des-Landes ici, explique Frédérique. Il n’y a pas de zone à défendre circonscrite, c’est un territoire immense qu’il faut faire revivre. » À ses côtés, Lilou acquiesce : « Nous sommes de plus en plus nombreux à venir nous installer ici, pas pour quelques mois, mais à long terme. Il y a une envie de s’implanter dans ce territoire. »
Mais pourquoi venir s’installer dans un milieu si hostile, froid, humide et nucléarisé ? Pour Nina, la lutte passe par la construction d’une vie alternative, autonome d’un point de vue énergétique et alimentaire : « Nombre d’entre nous rêvent d’un autre monde et partent vivre en Ardèche. Pour moi, c’est ici, dans ces terres délaissées, que ça prend tout son sens. » Et contre la rigueur du climat, elle met en avant la chaleur des relations humaines : « Il y a ici une épaisseur et une intensité des liens créés dans la lutte. » À la Maison des résistances, les rires et les embrassades constituent d’inépuisables énergies renouvelables.


Et comme pour conjurer une bonne fois pour toutes la morosité et le fatalisme, les opposants à Cigéo lancent un appel à l’insurrection artistique. Le 18 février, une mobilisation mêlant manifestation et actions se déroulera à Bure. « Artistes de tous horizons, venez faire vibrer la forêt libérée, pour donner couleur, forme, mouvement et vie à notre résistance ! » peut-on lire sur le site VMC.

    LES MULTIPLES FRONTS DE LA BATAILLE JURIDIQUE

La contestation du projet de Cigéo se place aussi sur le terrain juridique. Depuis quelques années, les recours se sont multipliés. Les mois de janvier et février 2017 sont rythmés par des audiences, dont certaines peuvent affecter fortement le projet de l’Andra à Bure.


  • 8 février : audience au tribunal de grande instance (TGI) de Bar-le-Duc en vue de l’expulsion des occupants du bois Lejuc ;


  • 27 février : audience en appel au TGI de Bar-le-Duc concernant les travaux de défrichement dans le bois Lejuc. À la suite de ces travaux de défrichement entrepris au début de l’été 2016, la justice a condamné l’Andra le 1er août à régulariser ce défrichement d’ici à six mois et à remettre en état le site. L’Andra a fait appel de la décision ;


  • 28 février : le tribunal administratif de Nancy rend son délibéré sur la contestation de la délibération du conseil municipal de Mandres-en-Barrois permettant la cession du bois Lejuc à l’Andra. En 2013, lors d’une consultation, les habitants s’étaient majoritairement prononcés contre l’échange du bois Lejuc à l’Andra contre d’autres parcelles. Mais, début juillet 2015, le conseil municipal a voté à 6 h du matin et à bulletins secrets, par 7 voix contre 4, l’échange du bois Lejuc. Quatre habitants ont donc déposé un recours contentieux en annulation contre cette délibération. L’audience a eu lieu le 31 janvier 2017. Le rapporteur public s’est d’ores et déjà prononcé pour l’annulation de la délibération en raison des violations du code général des collectivités territoriales ;


  • 23 mars : la cour d’appel de Versailles rend son délibéré au sujet de l’affaire du potentiel géothermique de Bure. Alors qu’il est interdit d’enfouir des déchets radioactifs « à l’aplomb d’une ressource géothermique présentant un caractère particulier », l’Andra aurait dissimulé l’existence sous le site de Bure d’un potentiel géothermique qui, de l’avis d’experts suisses du cabinet Géowatt, pourrait être exploité dès maintenant. Six associations ont attaqué l’Andra en justice. L’audience a eu lieu le 5 janvier 2015. Le juge s’est refusé à trancher sur le fond, déclarant que les associations n’avaient pas intérêt à agir. L’audience en appel a eu lieu le 2 février 2017 à Versailles.
Les autres affaires en cours

  • Quatre associations ont déposé un recours devant le Conseil d’État contre l’arrêté ministériel fixant les coûts de Cigéo à 25 milliards d’euros. Alors que l’Andra avait chiffré le coût du projet à 34,5 milliards d’euros et que l’Autorité de sûreté nucléaire estimait que ce montant était sous-estimé, EDF a publié sa propre estimation à 20 milliards. Ségolène Royal a fixé le montant à 25 milliards. L’affaire est en cours d’instruction ;

  • Six personnes victimes de violence de la part des vigiles de l’Andra lors de la manifestation du 16 juillet 2016 ont déposé une plainte collective. D’autres plaintes ont été déposées à la suite des violences commises par des agents et sous-traitants de l’Andra en janvier 2017.

Jeudi 9 février




Soutien pour Théo ici et ailleurs, avec des rassemblements et la propagation

 d’étincelles de solidarité et de révolte, à l’heure où la police, à Aulnay, viole et 
tire a balles réelles.

 (NDA: 10-02-17, la vidéo, sur RTL, a été enlevée ou bloquée, mais celle sur l’innocence de Sarkozy est visible)


Hier à Nantes, un dispositif de répression surréaliste a tout fait pour écourter la manifestation, sans doute afin d’ éviter que des slogans comme "Flics, violeurs, assassins", ou "tout le monde déteste la police" ne fassent grossir le cortège. Des interpellations ont eu lieu, dont une vingtaine de gardes à vue. Un récit ici.

NDA: en complément :









Vendredi 10 février




Soutien à Théo : On relaie cet appel à rassemblement en solidarité avec les aulnaysiens. Faites tourner massivement (chaines de textos, fb, twitter etc)

" Retrouvons-nous dans le forum des Halles pour perturber et montrer notre solidarité avec Théo en plein coeur de Paris

Rassem’Zbeul’ment, Vendredi 10 février à 18h au Forum des Halles (Place Carrée - Niveau -3, si accès impossible, rdv sous le patio)

De Rémy à Adama, des ZAD aux quartiers, de Notre-Dame-Des-Landes à Aulnay-sous-bois, résistons face aux violences/viols/meutres de la police.


Pour le moment, l’Andra ne peut pas expulser les occupants du bois Lejuc

Mercredi 8 février, le tribunal de Bar-le-Duc étudiait la demande d’expulsion des opposants à la poubelle nucléaire Cigéo. Ils occupent le bois Lejuc. Le juge rendra sa décision le 22 février.

  • Bar-le-Duc (Meuse), reportage

Mercredi, 9 h 30, une dizaine de personnes s’engouffrent dans le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc (Meuse). Dans la salle ornée de peintures contemporaines, la poignée d’opposants au projet d’enfouissement de déchets nucléaires est venue depuis Bure et ses alentours pour cette audience qui doit décider de leur expulsion possible du bois Lejuc, qu’ils occupent depuis août.


Les chuchotements vont bon train. « Il y aurait trois fourgons de police à la barricade Nord ! » murmure l’un des opposants, téléphone portable à l’oreille. Une vague de colère secoue le petit groupe. « Ils ne vont pas nous expulser maintenant, alors que l’audience n’a pas eu lieu… » Une demi-heure plus tard, l’inquiétude retombe : les forces de l’ordre n’ont fait que retirer les barricades installées par les militants autour de la forêt et près de l’ancienne gare de Luméville-en-Ornois, où ils cultivent du blé et des légumes en plein champ. « Un coup de pression avant le procès », soupire une opposante.
Le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc.
10 h 15, le juge des référés annonce enfin : « Dossier Andra contre Sven Lindström ». L’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra) demande en effet l’expulsion de M. Lindström du bois Lejuc, où il s’est installé depuis plusieurs mois. « L’Andra est aujourd’hui propriétaire de ce bois, sous lequel elle entend installer le centre de stockage des déchets nucléaires », décrit Me Carine Bourel, avocate de l’établissement public. Problème, ce statut de propriété pourrait être remis en cause le 28 février prochain : la justice doit se prononcer quant à l’illégalité de la procédure qui a permis à l’Andra d’entrer en possession de ce bosquet stratégique.

    « Un homme des bois qui a répondu à son désir de vivre en forêt » 

« M. Lindström fait valoir qu’il a élu domicile dans le bois, mais nous n’avons pu identifier aucun immeuble bâti digne de ce nom. Tout au plus une édification de palettes et de paille, qui ne peut en aucun lieu faire office d’habitat décent », poursuit l’avocate. Me Étienne Ambroselli, qui défend les occupants, présente quant à lui un récit sensiblement différent : « Il s’agit d’une maison forestière bâtie avec un concept architectural certes moderne, mais qui dispose de tout le confort nécessaire : récupération d’eau de pluie, poêle à bois, toilettes sèches. Sven Lindström et ses amis y vivent quotidiennement, j’ai même pu y partager une choucroute hier avec eux. »


Des détails qui ont leur importance, car si l’édifice est effectivement un immeuble bâti et habité, le juge du tribunal de grande instance peut se déclarer incompétent pour ordonner l’expulsion : c’est alors au tribunal d’instance de se prononcer, ce qui retarde significativement la procédure.


Reporterre a visité les lieux : l’édifice en question est une maison en bois de palettes, isolée en paille, où passent et dorment chaque jour des « habitants de la forêt ». À l’intérieur, une « boisinière » — une cuisinière à bois — permet de cuisiner des repas chauds, et un dortoir a été aménagé sur une mezzanine.
La « maison forestière » occupée par les habitants du bois Lejuc.
 Parmi la trentaine d’occupants, dont plusieurs étrangers, nous n’avons en revanche pas pu rencontrer M. Lindström, Finlandais de naissance. Me Bourel non plus, ce qu’elle regrette devant le juge : « Même l’huissier qui s’est rendu sur place ne l’a jamais vu. Il n’y a dans ce bois que des personnes cagoulées qui disent ne pas connaître ou ne pas savoir où se trouve ce monsieur… On se moque de nous ! » « Le bois Lejuc s’étend sur plus de 200 ha, l’huissier s’est toujours arrêté en lisière, ils ne se sont pas croisés, ce n’est pas anormal », réplique Me Ambroselli, qui décrit Sven Lindström comme un « homme des bois qui a répondu à son désir de vivre en forêt ».

D’après l’avocat, « pour être ordonnée, l’expulsion doit être nécessaire, au regard du droit au logement et du respect de la vie privée », surtout en plein hiver. Me Bourel condamne pour sa part « une atteinte manifeste au droit de propriété », et demande au tribunal d’ordonner l’expulsion de M. Lindström et des autres occupants. Vers 11 h, la nouvelle tombe : le juge rendra sa décision le 22 février. Soupirs et sourires de soulagement dans la salle, il n’y aura donc pas d’expulsion avant la grande manifestation prévue le 18 février






URGENT BURE : Plus que jamais, nous comptons sur vous demain samedi 11 février à 14h pour décider collectivement de la toute prochaine suite et fusionner nos énergies !* . Préparation de la manif du déroulement de la journée du 18 février.
L’audience concernant l’expulsion éventuelle des occupants du bois Lejuc s’est tenu mercredi 8 février au tribunal de grande instance de Bar-le-Duc (Meuse). Le juge rendra le 22 fév. sa décision sur l’expulsion 


GCO non Merci - Vinci Geh Heim
« NE SOYONS PAS RESIGNE(E)S ! »


Alors que les travaux préparatoires au Grand Contournement Ouest (fouilles archéologiques et forages géotechniques) ont commencé sur le terrain, le collectif GCO NON MERCI ne baisse pas les bras et continue ses actions pour obtenir l’abandon de ce projet d’autoroute payante, inutile, inadapté et destructeur. Rappelons que ce contournement, s’il était réalisé, ne résoudrait pas les problèmes d’engorgement aux abords de Strasbourg mais conduirait à toute une série de nuisances supplémentaires, non seulement dans les communes traversées, mais aussi au niveau de l’Eurométropole : bouchons supplémentaires (échangeur d’Ittenheim), augmentation de la pollution atmosphérique dans la plaine rhénane, nuisances sonores tout le long du tracé, disparition irrémédiable de terres agricoles, atteintes graves à la biodiversité
IL EST ENCORE TEMPS D’AGIR, ne soyons pas résignés !

Même si les travaux de fouilles archéologiques ont commencé, VINCI est loin de pouvoir commencer les véritables travaux du chantier. Toutes les procédures d’autorisation ne sont pas encore terminées, le plan de financement n’est pas bouclé, des recours juridiques déposés par les opposants n’ont pas encore été jugés …

SOYONS NOMBREUX !!

dimanche 12 février 2017

à marcher entre Griesheim-sur-Souffel et Pfettisheim
Le rendez-vous est fixé à partir de 9h30, au niveau du nouveau cimetière de Griesheim, à proximité de la déchetterie (pas loin de la cabane anti-GCO de Griesheim/Souffel-Pfulgriesheim). Un café vous sera proposé. Le départ s’effectuera à 10h00, pour une arrivée vers 11h30 à Pfettisheim. Après un passage près de la cabane anti-GCO, l‘accueil se fera dans la cour de l’école de Pfettisheim.


Jef Klak

Une brèche dans les vitrines de la tolérance zéro

Reportage à New-York dans la campagne contre le « Stop and frisk » par Mathieu Brier - Photos d’Alexis Berg
En novembre 2013, Bill de Blasio est élu maire de New York avec un programme axé sur la lutte contre l’arbitraire de la police. Une chose plutôt rare, en ces temps sécuritaires, et un comble, dans la capitale de la « tolérance zéro », politique ultra-répressive qui fait florès depuis les années 1980. C’est que, des coins de rues aux tribunaux, une riposte militante s’est organisée contre le « _stop and frisk _ », ces arrestations et fouilles subies en permanence par les New-Yorkais des quartiers pauvres. Cet article est issu du n° 8 de la revue Z, « Vénissieux, la rouge et la révolte » (2014), toujours disponible en librairie.
Jef Klak Revue de critique sociale et d’expériences littéraires http://jefklak.org/


Samedi 11 février







Infos du 13 au 19 février


Lundi 13 février
 
 

Bure :

 

 

Cette semaine, appel à actions partout pour déclarer sa flamme à l’ANDRA, et des infos pratiques pour la manif du 18 : "un site de covoiturage a été mis en place afin que vous puissiez venir à Bure, le 18 février mais également les jours avant ou dans les temps qui suivront.

Au passage, signalez nous sur logistiquedodobure@riseup.net si vous souhaitez être logé-es chez les habitant-es autour, sinon nous avons prévu un bon nombre de couchages en dortoir au chaud.

En espérant vous voir nombreu-ses l ! Les Burien-ne-s qui carburent"

Le collectif Alsace contre l’aéroport de nddl fait passer ce message :
À l’heure où des menaces pèsent sur le Bois Lejuc, tout le mouvement anti-aéroport se met en mouvement pour apporter son soutien. Du grand Ouest au Grand Est, nous résisterons ensemble... D’Alsace, nous proposons la mise en place d’un COVOITURAGE. N’hésitez pas à nous contacter : alsace.soutien.nddl[at]numericable.fr
Opposants à CIGÉO à l’aéroport ou au GCO, retrouvons nous tou.te.s le 18 février pour marcher sur la forêt libérée.



Mercredi 15 février

L’agrandissement de l’aéroport de Vienne interdit au nom du climat

C’est une première mondiale ! En Autriche, la justice interdit la création d’une troisième piste à l’aéroport de Vienne. La raison ? L’impact sur le climat et la destruction de terres agricoles.


  • Berlin, correspondance


La nouvelle a de quoi ravir tous les opposants aux grands projets inutiles - et les gens préoccupés de l’avenir de la planète. En Autriche, la justice a interdit l’agrandissement de l’aéroport de Vienne au nom de la protection du climat. Dans une décision rendue publique le 9 février, le tribunal administratif fédéral de la capitale autrichienne a estimé que "l’intérêt public lié à la protection contre les effets négatifs du changement climatique, dû en particulier aux émissions de CO2, est supérieur aux intérêts publics positifs attendus de la réalisation du projet" (texte de la décision, en allemand. En clair, la réduction des émissions de gaz à effet de serre prime sur les retombées économiques supposées du projet.


Les juges font valoir que les objectifs autrichiens de lutte contre le réchauffement climatique sont incompatibles avec la réalisation d’une troisième piste à l’aéroport de Vienne-Schwechat. Les expertises qu’ils ont commandées ont évalué à 2 % la hausse des émissions de gaz à effet de serre imputables aux transports en Autriche si le projet sortait de terre.


La troisième motivation avancée par les magistrats viennois concerne l’avenir des terres cultivables, dans un pays très attaché à l’agriculture traditionnelle. “La préservation de riches terres arables pour l’alimentation des générations futures est également une urgence qui s’impose”, écrivent-ils. Le projet menaçait de détruire 760 hectares de terres, selon le journal viennois Augustin.


Partisans et opposants s’entendent pour dire que cette décision est une première mondiale. La presse germanophone rappelle que les précédentes plaintes de ce genre dans le monde ont été systématiquement rejetées.


Les membres du collectif citoyen à l’origine de la plainte ont salué la décision du tribunal, qui “a trouvé le courage d’arrêter le projet malgré l’énorme pression politique”. Herbert Janschka, le maire (ÖVP, conservateur) de Wiener Neudorf, une commune à proximité de l’aéroport, s’est lui aussi réjoui d’une “décision d’avenir qui va dans le sens de notre environnement et de notre santé”.


Un projet aéroportuaire contesté, susceptible de nuire à l’environnement ? En France, le dossier fait bien entendu écho à celui du projet d’aéroport à Notre-Dame-de-Landes. Sur place, les opposants au projet saluent d’ailleurs la décision des juges autrichiens. “C’est formidable, dit à Reporterre Françoise Verchère, co-présidente du Cédpa, un collectif d’élus locaux. Pour nous, c’est le signe que des juges peuvent prendre en compte une évolution de la conception de l’utilité publique, qui intègre désormais les problématiques environnementales. Cela montre aussi que certains pays sont beaucoup plus en avance que la France sur les questions climatiques.”


Cependant, la décision des juges viennois crée des turbulences. Programmé depuis dix ans, l’agrandissement de Vienne-Schwechat était censé éviter l’engorgement annoncé des structures actuelles. Plaque tournante du trafic aérien en Europe centrale et du sud, l’aéroport a accueilli 23,4 millions de voyageurs l’an dernier et table sur une hausse de 87 % du nombre de passagers d’ici 2025, selon le journal Der Standard.

Sur l’aéroport de Vienne
Soutenus par le gouvernement, les défenseurs du projet considèrent que le jugement met à mal la croissance de l’économie autrichienne, notamment celle du secteur touristique, au profit des pays voisins, Allemagne et Slovaquie en tête. "Les avions ne voleront pas moins, ils atterriront juste ailleurs", a déclaré l’avocat de l’aéroport Christian Schmelz au journal Die Presse. “Nous ne laisserons pas nos emplois partir à Bratislava ou Munich”, a assuré le représentant du personnel, Thomas Faulhuber, dans un communiqué.

Pour le directeur de l’aéroport, Günther Ofner, cette interdiction de construire est même un non-sens. Il considère que “plus aucune maison, aucune rue et surtout aucune usine ne pourront alors être construites, parce que tous les projets de ce type provoquent une augmentation des rejets de CO2 et une détérioration des sols”.

L’entreprise a d’ores et déjà annoncé qu’elle allait déposer un recours auprès de la plus haute juridiction administrative, voire, si nécessaire, devant la Cour constitutionnelle autrichienne.

 

Vendredi 17 février


Violences policières :


Dans pas mal de villes il y a ce we et dans les jours à venir des rassemblements en solidarité avec Théo et contre l’impunité policière : une compilation collective des dates est visible ici





Et pour finir, la bonne nouvelle du jour : Le parlement vote les pleins pouvoirs à la police


Alors, encore une petite dose, ça se passe en Italie cette fois : où des étudiant-e-s mobilisé-e-s pour empêcher le tout-sécuritaire et la privatisation du savoir occupent leur bibliothèque et se font gazer.

Infos du 20 au 26 février


Lundi 20 février

Communiqué de presse suite à la manifestation du 18 février 2017 à Bure :

Les grilles de l’ANDRA renversées par 20 ans de colère contenue !

" Si on avait fait ça il y a 25 ans ça ne se serait pas passé comme ça " Un ancien agriculteur de Mandres, passant en voiture pour saluer le cortège arrivant devant les grilles de l’Andra
Le 18 février devait être une journée de mobilisation contre l’expulsion prochaine du Bois Lejuc, elle aura au final été un nouveau grand moment de déconfiture infligé à l’Andra.
 

Sous un soleil frais et timide, à 11h du matin, une longue colonne chamarrée et joyeuse de près de 600 personnes s’est étirée entre Bure et le Bois Lejuc. L’occasion d’observer au passage, depuis le point de vue culminant du Chaufour, l’imposant laboratoire de l’Andra et les emplacements des futurs travaux liés à l’installation de la poubelle nucléaire CIGÉO. Le cortège a symboliquement suivi les pas des deux précédentes manifestations de réoccupation de la forêt, lors de l’été 2016, avant de s’y engouffrer, le temps de partager un repas servi par la cantine et de découvrir les différentes habitations. Une ambiance chaleureuse, tandis que 700 rubans jaunes distribués à chacun.e venaient décorer les branches pour symboliser la résistance du bois au désert nucléaire.

Vers 15h, chacun.e muni.e de morceaux de mur de l’Andra détruit en août dernier, un cortège de près de 700 personnes a repris la route en sens inverse pour rejoindre le laboratoire en repassant par Bure. Sur place, un important dispositif policier retranché derrière un mur de barbelés et des grilles anti-émeutes gardait tout le pourtour de la place forte. Une image aussi saisissante que celle d’un mur d’un kilomètre enserrant un bois : celle de l’industrie nucléaire acculée, retranchée derrière ses hautes murailles gardées par la soldatesque.
La foule, unie, au pas rythmé par le son roulant de la batucada, le martèlement métallique des pierres sur les glissières de sécurité, et des hurlements de hiboux et de loups a poursuivi son chemin avec détermination,dans une ambiance électrique. Elle s’est déployée en arc-de-cercle depuis la route, tout au long du bâtiment de l’écothèque, et une bonne partie du cortège, avançant et reculant tour à tour vers les grilles, est finalement parvenue à renverser une grande partie de celles qui avaient réchappé à la virée nocturne de l’avant-veille, sous une pluie de grenades lacrymogènes. Hors de portée des tirs, le reste des manifestant.e.s de tous âges et horizons les encourageaient, enthousiastes, en cris et en musique, tout en peinturlurant la route et enflammant le grand phénix bariolé construit à cet effet, symbole d’une lutte populaire qui renaît de plus belle depuis quelques années. Une ambiance loin de celle décrite par la préfecture qui voudrait réduire une colère populaire légitime, longtemps refoulée, à l’acte isolé d’une « cinquantaine d’individus cagoulés ». Mais l’éternel discours médiatico-policier de la minorité de casseurs ultraviolents n’a plus de prises face au réel : celui de la solidarité joyeuse et sans faille de l’ensemble de la manifestation pour attaquer directement le laboratoire, sur son terrain, pour la première fois depuis 25 ans . Si le monde qu’on nous promet est celui que promeut l’Andra quand elle s’impose par la résignation à une population méprisée, alors oui, nous sommes tout.e.s les casseur-heureuses de ce monde-là.
Face aux tombeur.ses de grilles, les gendarmes mobiles, répliquant par des charges aux grenades de désencerclement et assourdissantes ont blessé en quelques minutes une vingtaine de personnes, dont deux d’entre elles ont du être évacuées vers l’hôpital, tandis que plusieurs autres arboraient des plaies multiples dues aux éclats. Malgré la violence de cette réponse, qui est intervenue alors que les manifestant.es se retiraient peu à peu, tout le monde est rentré sereinement à Bure.

Le soir, ce sont des centaines de personnes qui, après s’être restaurées à la Maison de Résistance, ont rejoint un champ mis à disposition par un agriculteur, pour assister à un concert sous un chapiteau de cirque. Sur place, bar, infokiosque, tentes collectives et espace de premiers secours étaient prêts à accueillir tout ce beau monde enjoué. La folle ambiance de liesse s’est prolongée tard dans la nuit. De l’aveu de nombre de personnes, c’était une journée historique qui restera gravée dans les mémoires, un de ces moments où on effleure la réalité d’un autre monde possible, la possibilité d’une prise pour inverser le cours des choses.

Après la chute du mur de la honte l’été dernier, ce sont les grilles du laboratoire qui sont tombées ce samedi 18 février à Bure. En quelques mois le bastion qui se croyait immuable et intouchable s’est fissuré : suite à 25 ans de lutte qui ont vu des dizaines de milliers d’habitant.e.s de la Meuse et de la Haute-Marne manifester, pétitionner, organiser des campements puis céder progressivement à la résignation et la fatigue, l’espoir aujourd’hui renaît. On s’autorise à croire à nouveau à un autre avenir pour la Meuse et la Haute-Marne que celui d’intestin atomique militarisé.

Les opposant.e.s au projet CIGÉO

www.vmc.camp - contact presse : 07.53.54.07.31 - automedia.bure@riseup.net
facebook Bure à Cuire / twitter ZIRAdiées
Dans la presse bourgeoise, on note la présence, remarquée, d’un bus venu de Notre-Dame-des-Landes, parce que la solidarité est notre arme !

La lutte contre l’enfouissement des déchets nucléaires s’amplifie à Bure

Des centaines d’opposants au projet Cigeo d’enfouissement des déchets nucléaires ont convergé à Bure samedi 18 février. Reportage photos.

Bure (Meuse), reportage
C’était le moment pour les hiboux de Lorraine et de France, les opposants à Cigeo, projet d’enfouissement des déchets nucléaires, de sortir du bois Lejuc pour montrer leur détermination. Et ils l’ont fait en nombre ce week-end. Le 22 février, le tribunal de Bar-Le-Duc doit rendre son jugement sur l’expulsion des occupants cette forêt visée par l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra) pour y faire les futurs puits de ventilation de Cigeo. Six jours plus tard, le tribunal administratif pourrait remettre en cause la propriété de l’Andra sur le bois, le rapporteur public ayant souligné des vices de procédure dans la délibération du conseil municipal de la commune de Mandres-en-Barrois, propriétaire du bois.
Il était donc l’heure pour les manifestants (masqués pour tenter d’éviter la répression) de montrer leur détermination. Et ce fut fait avec brio.
De nombreux manifestants portaient un masque de hibou
Une foule hétéroclite et colorée de près de 700 personnes a en effet convergé vers le bois Lejuc samedi 18 février où différents « animations-ateliers » les y attendaient. Avant de prendre la direction de l’Ecothèque (bâtiment où l’Andra conserve des échantillons d’espèces locales). Après avoir mis à terre une partie des grillages déjà endommagés lors d’une action quelques jours auparavant, des affrontements ont eu lieu avec les gendarmes mobiles et des barricades ont été érigées.

« Nous vivons un moment crucial, où nous pouvons consolider notre puissance ou subir des revers, au regard des échéances juridiques commentaient Michel et Sylvie au moment de regagner samedi soir la maison de résistance à Bure. Et la destruction des grilles de l’Ecothèque, lieu où l’Andra affirme (aux centaines d’enfants et adultes qui s’y rendent) qu’elle protège l’environnement et notamment la forêt, alors qu’elle a défriché illégalement le bois Lejuc l’été dernier et envisage d’en raser une bonne partie pour ses installations nucléaires, n’est que l’expression d’un ras-le-bol. Cette énergie nous a été imposée, tout comme ce laboratoire et ce projet Cigeo. Il est donc légitime que cette colère s’exprime. »
« Ici, que ce soit dans une cabane en haut d’un chêne centenaire, à la maison de résistance, dans une caravane retapée, dans des maisons peu à peu habitées et dans tous les autres espaces dans lesquels nous mettons notre amour, nous voulons devenir un point de ralliement contre la poubelle nucléaire, un espace de convergence contre toutes celles et ceux qui veulent mettre au pas nos existences au nom du fric, du contrôle social, ou des frontières. Nous voulons faire de Bure un lieu où il fait bon vivre et s’organiser, là où l’Andra mise sur 150 ans de nettoyage par le vide. »

Plusieurs centaines de personnes, dont de nombreux locaux et anciens d’une lutte vieille de plus d’un quart de siècle, ont grossi les rangs samedi vers le bois Lejuc, qu’elles comptent bien défendre. « Ça faisait très très longtemps qu’on avait pas vu autant de monde », se réjouissaient des habitants du territoire.
Des dizaines de gendarmes mobiles ont tenté de barrer la route aux manifestants, décidés à rejoindre les installations de l’Andra. Malgré l’utilisation d’un nombre très important de grenades de désencerclement ou lacrymogènes, ils n’ont pu empêcher la destruction des grilles de l’Ecothèque.
Attaque des grillages entourant l’Ecothèque
Ils ont blessé plusieurs manifestants avec leurs grenades, puis procédé à quatre interpellations, avant de sonner la charge à la tombée de la nuit, après plusieurs heures d’affrontements. Il s’en est fallu de peu pour que le cortège fasse plusieurs percées. A noter que l’Ecothèque avait déjà été l’objet d’une action deux jours plus tôt. « Cet endroit est le summum de l’hypocrisie et du mensonge de l’industrie du nucléaire et de l’Andra, qui prétend à ceux qui s’y rendent qu’elle préserve l’environnement », expliquait Gilles, l’un des hiboux.

Samedi, une fois dans le bois Lejuc « encore et toujours libéré des gendarmes et de l’Andra », dixit un Camille, mais aussi tout au long de la journée de dimanche, les hiboux ont renforcé les barricades.
Car ces dernières sont attaquées depuis quelques semaines, les représentants de l’agence effectuant quelques visites dont certaines ont failli virer au drame, comme lorsqu’un ingénieur a aspergé d’essence des militants. Qu’allait-il faire s’il n’avait vu la caméra en train de le filmer ?
Des rubans jaunes, couleur du collectif Bure stop, ont été accrochés aux arbres pour les protéger symboliquement, les pans du mur de béton détruit l’été dernier ont été colorés, et des concerts ont fait danser jours les présents.
Moment fort de la journée de samedi, les prises de parole ont permis de faire circuler les infos sur la lutte à Bure et ailleurs (rassemblement antinucléaire les 11 et 12 mars à Strasbourg, etc.), et aux hiboux de crier : « Gardez vos déchets, nous gardons la forêt. Andra dégage, résistance et sabotage ! »
Mercredi 22 février

L’exaspération grandit contre le projet d’enfouissement des déchets nucléaires à Bure


La justice a renvoyé au 6 avril sa décision d’expulser ou non de la forêt qu’ils occupent, pour en bloquer les travaux, les opposants au projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires. Sur place, l’exaspération grandit et des heurts se sont produits avec les gardes mobiles.

Les opposants au projet Cigéo d’enfouissement des déchets nucléaires ne seront pas expulsés tout de suite de la forêt qu’ils occupent pour en bloquer les travaux.  Le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc (Meuse) a annoncé mercredi 22 février qu'elle renvoyait au 6 avril sa décision concernant la requête de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra, créée en 1979). L'Andra réclame l’expulsion du bois Lejuc de son seul occupant officiellement déclaré, Sven Lindstroem, par la force publique.

Prise une première fois en juin dernier par des anti-Cigéo, expulsés en juillet, la forêt de 220 hectares a été réoccupée en août. Depuis, plusieurs dizaines de personnes s’y relaient, passant les nuits glaciales de l’hiver dans les cabanes qui y ont été construites. La personne visée par l’assignation en référé de l’Andra est un jeune homme venu de Finlande, ne parlant pas français, installé dans le bois depuis le mois d’octobre, dans la cabane « la Communale » avec « ses ami.es », décrit l’avocat des opposants, Étienne Ambroselli. Il aurait répondu à « l’accueil chaleureux » des habitants de la maison et « n’a fait surtout que répondre à son désir de vivre en forêt ». Il symbolise la centaine de militants qui se partagent, mi-février, entre la maison de la résistance de Bure, lieu de vie collectif des opposants à Cigéo, et le bois.
L’Andra a acquis la forêt en 2015 à la suite d’un échange de parcelles avec une commune, dans des conditions aujourd’hui attaquées devant la justice par des détracteurs du projet. Le bois Lejuc se trouve au-dessus du futur site de stockage de déchets. L’agence souhaite y conduire des travaux de forage et des relevés de terrain afin de préparer sa demande d’autorisation de travaux, prévue pour 2018. Le chantier est annoncé pour 2021 et la mise en service de Cigéo en 2025.

C’est pour bloquer ce processus que plusieurs centaines de personnes ont commencé à l’occuper, l’été dernier. Après leur expulsion, l’agence a fait ériger un mur de béton pour les empêcher d’y revenir et débuter le défrichement du bois. Mais ces travaux ont été interrompus par une décision du tribunal de grande instance de Bar-le-Duc en août, qui a également ordonné la remise en état du site, à cause de leur absence d’autorisation. Le mur gît désormais sur le sol, renversé et brisé par les militants qui en ont transformé les pans en simulacres de pierres tombales. En guise de cimetière symbolique du système nucléaire (voir ici notre reportage).

En mai dernier, le Sénat a adopté une proposition de loi sur les modalités de création de l’installation de stockage en couche géologique profonde des déchets radioactifs prévue à Bure, dans la Meuse. Mais tandis que le cadre légal de Cigéo se met en place, localement, une véritable bataille se livre désormais contre le projet. Samedi 18 février, plusieurs centaines de personnes – 700 selon les organisateurs – ont manifesté contre le projet et la présence de l’Andra. À l’issue de la manifestation, les grilles entourant le site du laboratoire ont été renversées, comme on peut le voir sur cette vidéo tournée par les manifestants.
Des débris du mur du bois Lejuc ont été déposés par les marcheurs en signe de protestation, et certains ont fini en projectiles contre les gardes mobiles. Des affrontements ont eu lieu avec les gendarmes disposés pour protéger le bâtiment du laboratoire, qui ont usé de grenades pour le défendre. « On aime faire tomber les murs », explique à Mediapart un opposant. Des personnes ont pénétré dans l’écothèque du site, lieu d’exposition ouvert au public et symbole pour ses détracteurs du greenwashing de l’agence depuis que s’y est tenue, l’année dernière, une exposition sur les forêts.

Selon la préfecture de la Meuse, « un groupe d’une cinquantaine d’individus cagoulés, armés de pierres ou d’engins incendiaires, s’est attaqué à la clôture de l’écothèque, un bâtiment appartenant à l’Andra, puis a élevé une barricade de pneus et les a enflammés ». L’Andra a déposé plainte et deux personnes ont été interpellées.
Contactée par Mediapart, l’agence explique que « la mobilisation est liée aux avancées significatives du projet : une troisième loi en juillet dernier, le passage en avant-projet détaillé, la remise d’un dossier d’options de sûreté à l’Autorité de sûreté nucléaire, un Comité de Haut Niveau en décembre, le lancement du travail sur le contrat de développement du territoire demandé par le premier ministre et piloté par la préfecture, le lancement des concertations en local sur les aménagements de Cigéo… C’est un projet d’ampleur, il est donc parfaitement normal qu’il y ait des questions et il est même important que nous puissions débattre ».

Mais pour l’Andra, « ce qui n’est pas normal, en revanche, ce sont les actes violents et illégaux conduits par une partie de l’opposition à l’encontre des personnels et du matériel. Nous remarquons qu’au-delà de la mobilisation contre le projet, s’exprime de la bouche même des opposants une opposition au nucléaire voire au “système”. Depuis plusieurs mois, cette mobilisation s’est durcie médiatiquement, juridiquement, numériquement et physiquement. Même si cela concerne une minorité, c’est une minorité qui use de méthodes violentes et qui entend imposer ses idées par la force. Face à cela, nous avons le soutien du territoire, que ce soient les habitants, qui viennent chaque année visiter nos installations, ou les élus qui, hier par exemple, se sont exprimés à la suite des dégradations qui ont été commises contre nos installations la semaine dernière ».

« On se sent colonisés par la pieuvre nucléaire »

 

Pourtant, en vingt ans de mobilisation contre le projet de site destiné à accueillir les déchets nucléaires les plus dangereux, qui concentrent 90 % de la radioactivité produite par les centrales électriques d’EDF, rarement l’hostilité s’est manifestée de façon si offensive. Les principales associations opposées au projet, habituées à des marches pacifiques, ont exprimé leur solidarité avec l’attaque contre le site de l’Andra.

Pour le Réseau Sortir du nucléaire : « Cette journée de mobilisation, qui a allié rassemblement grand public, découverte de la vie des occupant-e-s de la forêt, protestation devant l’écothèque et soirée festive dans le bois, a également permis d’affirmer une solidarité sans faille entre opposants, habitants, associations historiques et nouveaux arrivés dans la lutte. »

Pour l’association Stop Bure, « face à des années de ce traitement indigne d’une démocratie, il est inévitable que la colère finisse par s’exprimer hors des espaces tolérés par les autorités et autrement qu’avec la fleur aux dents ». Dans un communiqué, elle précise que l’écothèque visée par les manifestants est « le parfait symbole de l’hypocrisie du projet », « une sorte de musée qui prétend “préserver la mémoire de l’environnement”. Unique en France, ce bâtiment est la matérialisation parfaite du mépris dans lequel nous sommes tenus : “Ne vous inquiétez pas braves gens, notre projet respecte l’écologie.” ».

Dans le bois Lejuc, les restes du mur bâti par l'Andra et abattu par les opposants, 10 janvier 2017 (JL).
Pour tous ces militants, Cigéo n’est qu’une « poubelle nucléaire ». Pour l’Andra, « on peut jouer sur les mots, il n’en reste pas moins que plus de 30 % des déchets de haute activité et 60 % des déchets de moyenne activité à vie longue existent et quand bien même on arrêterait le nucléaire demain, il faudrait bien en faire quelque chose. L’Autorité de sûreté du nucléaire a considéré, et à sa suite le Parlement en 2006, que le stockage profond est la solution la plus sûre pour gérer ces déchets à long terme. Tous les pays nucléarisés s’orientent vers la même solution. De la même façon, on peut assumer le terme “moins mauvaise solution”, en attendant, c’est la seule aujourd’hui qui existe pour ne pas reporter la charge de ces déchets sur nos descendants ».

A ce jour, aucun projet d’enfouissement en couche profonde n’a été mené à terme sans rencontrer de problème. En 2014, des incidents graves se sont produits au Waste Isolation Pilot Plant (WIPP), site qui accueille les rebuts du programme d’armement nucléaire américain dans des cavernes de sel à 640 mètres de profondeur. Il ne devrait pouvoir reprendre son activité complète qu’en 2021 et sa remise en état pourrait coûter 2 milliards de dollars. En 2011, le gouvernement Obama a mis un terme au centre de stockage de Yucca Mountain, dans le Nevada. En Allemagne, l’ancienne mine de sel d’Asse, en Basse-Saxe, reconvertie en site de stockage de rebuts radioactifs, est en cours de désenfouissement depuis 2010 en raison de graves problèmes d’infiltrations d’eau.

Ancien maire de Ménil-la-Horgne (Meuse), toujours adjoint municipal et membre de l’association des élus opposés à l’enfouissement de déchets radioactifs, Claude Kaiser décrit
« une montée de l’exaspération » sur place contre le projet Cigéo : « On arrive au terme d’un long processus de mépris et d’humiliation des pouvoirs publics et de l’Andra. Depuis vingt ans, on utilise les voies institutionnelles classiques : pétitions, appels aux députés. Il y a eu des débats publics, de la pseudo-démocratie. À chaque fois, cela n’a eu aucune influence sur le processus de décision. On a l’impression d’être face à un rouleau compresseur. »
À l’image d’autres opposants, l’ancien élu dénonce le versement de millions d’euros aux deux départements directement concernés par Cigéo, la Meuse et la Haute-Marne – 30 millions par an pour chacun, près d’un demi-milliard d’euros depuis 2000 –, aux groupements d’intérêts publics (GIP) créés pour mettre en œuvre des mesures d’accompagnement économique du laboratoire de Bure. « Personne n’échappe à cet argent. On nous achète avec de la verroterie. On se sent colonisés par la pieuvre nucléaire. Peut-être est-ce légal, mais c’est immoral. »
De son côté, l’Andra affirme souhaiter « que le projet bénéficie au territoire. Il concède un effort pour accueillir les déchets produits par toute la France, il est donc normal qu’il bénéficie en retour de retombées économiques, d'emplois… C’est pourquoi les producteurs de déchets réalisent des investissements : plate-forme EDF à Velaines et Saint-Dizier, bâtiments d’archives EDF à Bure et d’Areva à Houdelaincourt, projet CEA Syndièse à Saudron ».

Traces du défrichement du bois Lejuc, Meuse, janvier 2017. (JL)
Claude Kaiser tient à préciser qu’il ne rejette pas Cigéo parce que c’est « chez nous », mais parce que « la nature du projet est inacceptable : si on enfouit les déchets, on en perd le contrôle. Il faut les garder en surface et se laisser le temps de trouver une vraie solution. Il faut s’en occuper et non pas les cacher sous le tapis ». Samedi dernier, quand les grilles de l’Andra ont été abattues, « ce n’était pas le fait d’une petite minorité de cagoulés, militants professionnels, insiste-t-il. J’ai vu des bérets et des bretelles qui participaient. Je sais que c’est répréhensible, mais c’est comme un cri qui sort après une période de retenue ».

D’ici à la fin du mois de février, d’autres échéances judiciaires sont attendues. Le 27 février, la cour d’appel de Nancy doit rendre sa décision sur la contestation par l’Andra du jugement qui a stoppé les travaux de défrichement de la forêt, faute d’autorisation. Le lendemain, le tribunal de grande instance de Nancy doit se prononcer sur la cession du bois Lejuc par l’Andra. La rapporteure publique s’est prononcée en faveur de l’annulation du transfert, voté un matin, à bulletins secrets, par des élus municipaux.

En fonction de ces jugements, Cigéo pourrait prendre du retard sur son calendrier officiel. Tous les regards, des porteurs du projet comme de leurs détracteurs, se tournent vers Notre-Dame-des-Landes où, près de dix ans après la déclaration d’utilité publique, les travaux n’ont toujours pas démarré.
Jade Lindgaard Médiapart


Mercredi 22 février

BURE : 

Ce mercredi, la justice doit se prononcer sur l’expulsion d’un militant installé dans le bois Lejuc, sur la commune de Mandres-en-Barrois, là où Cigéo doit être construit.
Dans quelques jours, le tribunal de Bar-le-Duc dira en appel si les travaux de défrichement entrepris par l’Andra dans ce bois étaient légaux – en première instance la justice avait ordonné l’arrêt des travaux.
Enfin, mardi prochain, le tribunal de Nancy se penchera sur les conditions de cession de ce bois à l’Agence.

Infos du 27 au 28 février

Mardi 28 février


BURE : !!
Mardi 28 février 2017, le tribunal administratif de Nancy a suivi l’avis de la rapporteure publique et invalidé la cession du Bois-Lejuc par la commune de Mandres (55) à L’Andra. La municipalité meusienne a 4 mois pour régulariser la vente par une nouvelle délibération.


Bure : le tribunal de Nancy invalide la cession du bois Lejuc à l’Andra

Mardi 28 février, le tribunal administratif de Nancy a invalidé la cession du bois Lejuc à l’Agence nationale des déchets radioactifs. Cette forêt, occupée depuis plusieurs mois par des antinucléaires, est une pièce essentielle du projet d’enfouissement des déchets radioactifs.

« Heureux et soulagé. » Michel Labat habite Mandres-en-Barrois (Meuse). Depuis plus d’un an, il se bat pour que le bois communal — dit bois Lejuc — ne devienne pas propriété de l’Andra, l’Agence nationale des déchets radioactifs. Ce mardi 28 février, le tribunal administratif de Nancy lui a donné raison, en annulant la délibération du conseil municipal qui entérinait la cession du bois à l’Agence.

« C’est un poids de moins, depuis le temps qu’on l’attendait ça », soupire-t-il. Pourtant, quand l’affaire commence à l’été 2015, Michel Labat ne croit pas pouvoir gagner ce bras de fer. Car ce bois Lejuc est un lieu hautement stratégique pour l’Andra, qui prévoit d’installer son centre d’enfouissement des déchets nucléaires dans les sous-sols argileux de cette forêt. Dès 2013, elle propose ainsi à la commune de Mandres-en-Barrois (voisine de Bure) de le lui céder en échange d’autres parcelles et de promesses d’emplois pour les habitants. Mais, à l’issue d’une consultation, 50 habitants sur 86 refusent. « Nous sommes attachés à ce bois communal, qui fait partie de notre histoire depuis le XVIIIe siècle. Nous allons nous y promener, chasser, faire nos affouages. Il n’est pas question d’en faire une poubelle nucléaire », explique Michel Labat. Chaque jour, qu’il vente ou qu’il neige, ce quinquagénaire au sourire inaltérable va ainsi marcher dans la forêt.

Or, le 2 juillet 2015, après plusieurs réunions à huis clos, le conseil municipal se retrouve convoqué à 6 h du matin pour voter à bulletin secret l’échange des 220 ha du bois Lejuc à l’Andra contre d’autres parcelles situées à proximité. Sept conseillers sur onze se prononcent alors pour la cession de la forêt. Un vote « sous haute tension » d’après certains témoignages, avec la présence d’agents de l’Andra, mais qui permet au maire de signer un contrat d’échange avec l’Agence. « Ce vote à bulletin secret est une manière de garantir l’indépendance des votes sachant que les opposants étaient présents dans la salle du conseil pour faire pression sur les élus », fait valoir l’Andra.

    « C’est une victoire collective » 


Mais, pour Michel Labat, l’affaire est entendue : « Cette procédure frauduleuse est inacceptable. » Le 21 août 2015, il conteste avec 30 autres habitants de Mandres-en-Barrois la légalité de la délibération, en signant une demande de recours gracieux. Quatre mois plus tard, face à l’absence de réponse, il finit par déposer un recours en excès de pouvoir devant le tribunal administratif de Nancy, avec trois voisins. D’après eux, la cession du bois Lejuc est illégale pour plusieurs motifs. D’abord, il s’agit d’une cession à vil prix : les parcelles cédées en échange sont de moindre valeur. Ensuite, certains élus sont dans des situations de conflits d’intérêts, car ils comptent des membres de leur famille employés par l’Andra ou ses sous-traitants, ou se sont vus accorder par l’Andra des baux agricoles précaires et des baux de chasse dans le bosquet.
Une cabane du bois Lejuc.
C’est le dernier motif — celui des irrégularités lors de la délibération — que les juges lorrains ont finalement retenu mardi 28 février. En effet, le vote à bulletin secret, proposé par le maire, ne peut être mis en œuvre que s’il fait l’objet d’une demande effectuée par le tiers des conseillers municipaux… ce qui n’a pas été le cas. Lors de l’audience du 31 janvier 2017, la rapporteuse publique a ainsi demandé l’annulation de la délibération pour vice de procédure. Le tribunal administratif reprend donc ses conclusions, puisqu’il estime « que le vice de procédure, qui a permis de déroger à la règle générale selon laquelle le vote a un caractère public, a privé le public de la garantie de connaître le sens du vote des membres du conseil municipal »... et invalide le vote.

« C’est une victoire collective, souligne Michel Labat. Nous n’y serions jamais arrivés sans les associations ni les jeunes qui occupent la forêt depuis six mois ! » Le bois Lejuc est en effet habité depuis l’automne par une poignée d’opposants à la poubelle nucléaire, qui empêchent l’Andra de commencer les travaux de déboisement.

    « Si l’Agence est juridiquement toujours propriétaire, cette propriété est de plus en plus fictive » 

Que va-t-il se passer désormais ? Le conseil municipal a quatre mois pour régulariser la situation en procédant à une nouvelle délibération. Mais pas sûr que les élus approuvent toujours la cession. Pas sûr non plus que tous les élus prennent part au vote, au vu des conflits d’intérêts potentiels. « Rien n’est joué », estime Maître Samuel Delalande, un des avocats des plaignants.

« Cette décision ne signifie pas pour autant le blocage du projet, et encore moins son arrêt », a pour sa part assuré l’Andra à l’AFP. Pour l’Agence, l’annulation de la délibération porte « uniquement sur une question de forme : le conseil municipal a voté cette délibération à bulletin secret, or pour cela il aurait fallu qu’un tiers au moins des conseillers en fasse la demande formelle », ce qui n’a pas été le cas. Il n’y a donc aucune raison de remettre en cause le projet Cigéo d’enfouissement des déchets radioactifs.

Son porte-parole a ensuite précisé à Reporterre par courriel : « L’Agence prend acte de cette décision et attend la suite des évènements. En tout état de cause, quelle que soit l’issue de l’affaire, cela ne signifie pas pour autant le blocage du projet, et encore moins son arrêt.

Si l’Andra ne pouvait pas mener les opérations de caractérisation sur le bois Lejuc dans l’immédiat, cela l’obligerait à les reporter mais n’empêche pas les autres études liées à la conception de Cigéo d’avancer pour le dépôt de la demande d’autorisation de création. »

Pourtant, si le conseil échoue à prendre une telle décision, l’échange du bois Lejuc sera annulé, et la forêt redeviendra propriété de la commune de Mandres-en-Barrois. Pour pouvoir poursuivre son projet, l’Andra devra alors passer par l’expropriation… ou changer de lieu. Cette décision de justice pourrait donc compromettre le projet d’enfouissement de déchets radioactifs. « Aujourd’hui, l’Andra n’a plus aucune légitimité pour poursuivre les travaux au bois Lejuc ni pour expulser les militants. Car si l’Agence est juridiquement toujours propriétaire, cette propriété est de plus en plus fictive, souligne Me Delalande. Le sort du bois Lejuc est désormais entre les mains des habitants et des élus de Mandres ».

D’ici à fin juin, Michel Labat compte bien convaincre élus et habitants de refuser l’échange. « Le combat continue ! » lance-t-il. Et « pour se donner du courage », il ira à nouveau se promener parmi les hêtres, les chênes et les noisetiers du bois Lejuc.


 
 
 
 
 
 
 

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