Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

BLOG EN COURS D'ACTUALISATION...
...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

lundi 7 novembre 2016

Chronique des ZAD octobre 2016 : Notre Dame Des Landes, Flamanville, l'horreur policière, Mexique, Calais, Val Tolosa, Bure, Strasbourg, vallée de la Roya, les Chambarrans, Sivens et Rémi Fraisse


Des infos, des liens, des photos pour tout savoir (ou presque) sur ce qu'il s'est passé en octobre 2016 autour des Zones A Défendre : on y parle de Notre-Dame-Des-Landes et de plein d'autres choses.

Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle


PROJET D’AYRAULT–PORT de

NOTRE DAME DES LANDES (44)


Source : ZAD.nadir.org et médias

octobre 2016

Et ailleurs : Flamanville (50) - L’horreur policière – Mexique – Calais (62) – Val Tolosa (31) – Bure (55) – Strasbourg (67) – vallée de la Roya (06) – ZAD des Chambarrans (38) - Sivens/Rémi Fraisse (81) -
 
ZAD de NDDL - 44



 

Infos du 1er au 9 octobre

Samedi 1er octobre



Appel à résistance à l'expulsion et à la manif du 8 sur Taranis news :




Combattons les expansions aéroportuaires - partout !!!

 

On relaie l’appel à une journée d’actions globale contre les projets d’aéroport 

Le 1er octobre, nous nous tiendrons debout côte à côte avec nos camarades du monde entier pour visibiliser nos luttes contre les projets aéroportuaires, la croissance de l’aviation, pour un avenir vivable pour tou-te-s. Des actions - en Turquie, Mexique, France, Autriche, Canada et au Royaume Uni - sont prévues dans la semaine autour du 1er Octobre. Une liste mail met en lien ces initiatives. Pour ceux et celles qui souhaitent la rejoindre, connaître les groupes locaux ou pour participer à la mise en réseau, merci de contacter : norunway3(at)systemchange-not-climatechange.at Voir les évènements

A la Zad, on expérimente la société sans Etat


Article excellent déjà posté sur ce blog ici 

Dimanche 2 octobre


BUS ariégeois pour NDDL : Manif du 8/10 - départ vendredi 7/10 à minuit de Toulouse

RESTE DES PLACES !!!!! FAITES PASSER AUX COPAINS 
Bus au départ de l’Ariège pour NDDL et pour la grande manifestation du 8 OCTOBRE
Départ le vendredi 7 octobre, rendez-vous 22h30 Pamiers place Miliane, minuit Balma Toulouse.

Retour dimanche matin avec le bus de la compagnie Nord Sud 
40€ A/R - 20€ L'ALLER
S’inscrire dès maintenant : au 06 88 93 69 57

Pour ceux qui veulent y passer le week end, vous pouvez joindre Viviane Canal pour du covoiturage à l'adresse suivante : viviane.canal@orange.fr



Lundi 3 octobre



Reçu : l’amicale Dijon-Notre dame des landes s’est fendue d’une vidéo-contribution au chant des bâtons !


Nous avons reçu un tract en forme d’avion : lire la suite ici

Bibliothèque Le Taslu : Appel au monde du livre à défendre la zad de Notre-Dame-des-Landes et sa bibliothèque

Nantes - Appel à témoignages suites aux violences policières de la manif du lundi 26 septembre contre le Climate Chance


Mardi 4 octobre 

 



Le collectif ZAD de Questembert propose un « bourge block » pour la manif de ce




Si vous en avez d’autres, écrivez nous !

Hier soir, des habitant-es des bourgs alentours ont donné une conférence de presse intitulée Des habitants réunis pour soutenir la ZAD à La Paquelais
Un retour du procès de Greg : Le mouvement contre l’aéroport face à la répression de l’état d’urgence ?
Une vidéo d’appel à la manif du 8 en espagnol :


Mercredi 5 octobre

Week-end de soutien à la Zad de Notre-Dame-des-Landes : 

voici les infos pratiques

 






Les samedi 8 et dimanche 9 octobre, le bocage de Notre-Dame-des-Landes sera animé par un grand rassemblement de soutien aux habitants de la Zad, et contre le projet d’aéroport. Comment participer ? Quoi prendre, où aller ? Voici un petit guide.


« Que résonnent les chants de nos bâtons ! » C’est le thème de ce rassemblement organisé sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes, ce week-end. Chacun est invité à prendre un bâton de marche, sculpté et décoré, pour venir le planter dans le sol de la Zad. L’objet fait évidemment référence aux révoltes paysannes et au mouvement du Larzac. « L’objectif n’est pas de constituer un stock d’armes, précisent les organisateurs, mais le bâton a une valeur symbolique, car nous sommes plus que jamais déterminés à mettre des bâtons dans les roues du gouvernement. » Au cours de cette manifestation « festive et familiale », les participants s’engageront ainsi à défendre la Zad en cas d’intervention des forces de l’ordre.

    Que dois-je emporter ?


Indispensable : se munir de bonnes chaussures de marche ou d’une paire de bottes, ainsi que des lampes frontales et des gilets fluo pour le retour dans la soirée. La météo annonce un temps frais, nuageux, mais sans pluie.
Ce week-end peut être aussi l’occasion d’amener du matériel utile à la défense de la Zad. La liste des besoins est régulièrement mise à jour sur zad.nadir.org



    Où et quand ?



Le rendez-vous est donné à 10 h, le samedi 8 octobre.

    Comment m’y rendre ?



En train jusqu’à Nantes, puis chercher un(e) ami(e) ou un covoiturage. Des bus partent aussi de différentes grandes villes de France. On trouve ici des annonces de covoiturage, notamment.

    Où se poser ?



Trois parkings seront aménagés aux Ardillères (au nord), à Rohanne (au sud) et au Pré-Failly (à l’ouest) (voir plan). Les cortèges s’élanceront à partir de ces trois lieux de rendez-vous pour rejoindre la ferme de Bellevue à travers les routes et les chemins. Comptez 4 km de marche depuis les Ardillères, 2,5 km depuis Rohanne et 3,5 km depuis Le Pré-Failly. Seules les personnes à mobilité réduite pourront accéder à la Zad en voiture par le Chêne des Perrières. Un parking sera mis à leur disposition à proximité de la ferme de Bellevue. Le retour aux parkings sera assuré par des bétaillères dès la fin d’après-midi.



Que va-t-il se passer ?



Dès 13 h, le samedi 8 octobre, les bâtons seront plantés autour de la ferme de Bellevue, où un hangar, construit par pièces pendant l’été, sera assemblé. Des prises de paroles sont prévues ainsi que des concerts. Fantazion, El Comunero, Dominique A, Zad Social Rap et Filastine se produiront sur la grande scène de 15 h samedi à 2 h du matin. Tandis que sous un chapiteau, une soirée Fest Noz est organisée à partir de 18 h samedi. Une scène techno prendra le relais à partir de 2 h du matin.


Le dimanche 9 octobre sera consacré à la défense de la Zad avec une formation express, mais géante. De nombreux ateliers de construction seront également organisés ainsi qu’une fête foraine. Tous les détails du programme sont à retrouver ici.

    Où dormir ?



Des campings sommaires avec toilettes sèches seront aménagés aux trois points de rendez-vous (Ardillères, Rohanne, Le Pré-Failly), mais seulement pour le samedi soir. Si vous souhaitez arriver la veille, il est éventuellement possible de loger chez des « voisins ». Les offres et les demandes sont disponibles sur le site http://www.annonces-ndl.org/. Les possibilités de logement sur la Zad sont très limitées, mais il est tout de même possible de passer au point information situé à la Rolandière pour se renseigner.






    Qu’est-ce qu’on mange ?


Des cantines sont prévues, mais en raison de la probable affluence, il faut penser à apporter son pique-nique.

    Où trouver des informations ?




  • Le site de l’Acipa (Association citoyenne intercommunale des populations concernées par le projet d’aéroport), l’association historique des opposants : c’est ici.

  • Le site des occupants de la Zad (Zone à défendre) : c’est ici.

  • Il y a certainement un collectif de soutien près de chez vous, partout en France. En voici une liste


 
Petit montage d’une vidéo avec un détournement du film "La guerre des boutons" pour appeler au rassemblement à Lille en cas d’expulsion : http://www.dailymotion.com/video/x4w5vdy_guerre-des-bocages-comite-zad-lille_news


Jeudi 6 octobre 



Des nouvelles au sujet des barrières juridiques à l’expulsabilité des habitant.es de la zad diffusées par un communiqué de presse aujourd’hui :


Expulsabilité des habitants de la zad : face au refus d’Ago de produire les pièces, les avocats demandent à la Préfecture et aux tribunaux de les communiquer


Ce communiqué ainsi que que les courriers envoyés à la préfecture et aux tribunaux sont disponibles en pièce jointe, ainsi que la lettre type envoyée par les habitant.es de divers lieux de la zad à AGO-Vinci

### Pour rappel - sur les barrières juridiques à l’expulsabilité des habitant.es de la zad

Le gouvernent a annoncé vouloir expulser les habitant.es de la zad à l’automne, mais cette expulsion pose un sérieux problème en terme juridique. Le domicile des habitant.es de la zad est protégé par la loi. Alors même qu’un certain nombre d’entre ell.eux vivant sur une quinzaine de fermes et habitats se sont identifiés à AGO-Vinci, illes n’ont jamais été informé de procédures à leur encontre pour les rendre expulsables. Pourtant, tout.es ont droit à des procédures nominatives, à être défendu.es par un avocat et sont susceptibles d’obtenir des délais. Si des procédures anonymes ont été mise en oeuvre de manière cachée par Ago-Vinci, celles-ci sont abusives et contestables en droit.

### Les nouvelles : refus d’Ago-Vinci d’informer sur les procédures à l’encontre des habitants de la zad

Depuis plus d’une semaine Ago-Vinci refuse de répondre à la demande faite par les avocats de plusieurs dizaines d’habitant.es de la zad de communiquer sur les procédures qu’il aurait pu engager à leur encontre et afin d’obtenir leur expulsion. Cette opacité assumée a évidemment pour but d’empêcher les habitant.es de la zad de se défendre face à un juge, et ce pour mieux les mettre devant le fait accompli lors d’une éventuelle opération d’évacuation de la Zad. Elle montre qu’ Ago-Vinci est déterminé à passer outre le droit au logement.

### Et une demande officielle faite cet après-midi aux tribunaux et à la préfecture

Face à ce refus, nos avocats ((Me Vallee, Me Huriet et Me Marteret) ont envoyé cet après-midi par courriers (ci-joint) une nouvelle demande pour obtenir des informations sur les procédures engagées, d’un coté aux tribunaux concernés (T.I et T.G.I) à Nantes et Saint-Nazaire, de l’autre à la préfecture. Cette demande est effectuée au tribunal parce que toute décision de justice est censée être publique.

Cette demande est aussi adressée à la préfecture parce que le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes est un projet public guidé par l’Etat, dans lequel celui-ci agit en lien serré avec AGO-Vinci. De manière générale la préfecture n’est pas censée effectuer d’expulsion en dehors du cadre légal et dans l’absence de transparence la plus totale vis à vis du droit au logement.

### Ainsi qu’un appel à nos soutiens à solliciter AGO-Vinci par voies téléphoniques et faxs

Face à ce refus, nous demandons également à nos soutiens de nous aider à obtenir auprès d’AGO cette information cachée en leur en faisant la demande par voie téléphonique ou par fax.

### De nouvelles actions à venir

Si aucune information n’était délivrée rapidement par les tribunaux, AGO-Vinci ou la Préfecture, nous envisageons de nouvelles actions juridiques et publiques dans les prochains jours.

### Plus d’informations sur les habitats de la zad et leurs diverses situations juridiques

Des dizaines de personnes arrivées sur la zad, avant 2012 ou depuis, y habitent dans une soixantaine de fermes, maisons et habitats auto-construits. Elles ont construit leurs vies, travaux et activités durablement ici et s’y projettent au coté des habitant.e.s et paysann.e.s dit.es “historiques”. Ceux-ci en souhaitaient pas que les maisons de la zad restent à l’abandon et les champs en friche. Les maisons et habitats de ces habitant.es plus récents sont juridiquement leur domicile. Depuis mars dernier et la fin des procédures d’expropriation à l’encontre des habitant.e.s et paysann.e.s dit.es “historiques”, ceux-ci sont tous considérés légalement expulsables, à l’exception de la famille Herbin au Liminbout . Mais sur la soixantaine de lieux de vie – maisons et habitats auto-construits- d’habitant.e.s arrivés ces dernières années, seul quelques uns ont été l’objet de procédures juridiques d’expulsion. Sur ces quelques lieux, certains comme la Noe Verte, les Haut-fays ou la Maison rose bénéficient d’ailleurs encore de délais donnés par les juges lors des audiences. Les autres lieux et donc la majorité n’ont pour l’instant fait l’objet d’aucune procédure juridique d’expulsion à leur connaissance.


Les courriers envoyés à la préfecture et aux tribunaux sont disponibles en pièce jointe, ainsi que la lettre type envoyée par les habitant.es de divers lieux de la zad à AGO-Vinci.


Documents joints




Radio Klaxon notre super radio préférée lance un appel à "partage d’idées bruyantes" : "on aimerait faire appel à l’intelligence, l’humour, l’expérience, la colère, et à réflexion collective pour partager des idées d’actions futures, des récits du passé, ou même des trucs que vous avez toujours rêvé faire ou voir faire. Du blocage au sabotage, du léger divertissement à l’occupation, du spam à la vraie prise d’info, du coup de pression au harcèlement, tout acte de résistance est beau, utile et nécessaire. 

Seule, à 3 ou à 300, infusons communément notre imaginaire." Voir la proposition complète ici avec tous les détails pour leur envoyer ces fichiers audio. A vos enregistreurs !



Un nouveau chantier vient de s’ajouter à ceux déjà proposés pour le 9 octobre :

Un lieu feministe, tout proche de la ZAD, vient d’ouvrir !
Le lieu est beau, grand, avec plein d’espace différents ( hangar, garage, batiment de vie avec grandes pièces, minipièces, moyenne pièces ), mais il a besoin d’un bon chantier pour qu’ il soit fonctionnel et que l’hiver soit plus doux.

Le lieu s’est ouvert en réaction face aux menaces d’expulsion de la ZAD, pour qu’il puisse servir de base matérielle (accueil, orga ...) à la lutte, et faire vivre et approfondir les solidarités féministes MTPG dans et autour de la zone.

Alors des meufs, des trans, des gouines et des pédés qui ont participé à l’ouverture vous invitent ce Dimanche 9 à mettre la main à la pâte, et à faire un gros chantier collectif, ouvert à tous et à toutes.

Y’aura besoin de monde, et de MATOS et d’outils absolument, pour faire en priorité :

  -La remise en route de l’éléc et des circuits (amène tes fils) 

 -Plomberie (amène tes clés et tes tuyaux) 


 -Fermeture et grosse isolation des pièces (amène ta fenêtre et ta visseuse) 


 -Gros ménage (amène ta bassine et tes produits qui brillent)


Y’aura une cantine pour le midi et le soir.

Pour trouver le lieu : En venant du temple prendre la route de Fay, tourner à gauche sur la D90 juste avant Fay et continuer sur 3 petits km juste après les containers à poubelle. A dimanche !

Une tribune signée de nombreuses organisations est parue dans Libération aujourd’hui : "Notre-Dame-des-Landes : il faut sauver la ZAD".


Un message du Val Susa à Notre-Dame-des-Landes en vue de la manifestation du samedi 8 octobre 2016 dont voici quelques extraits et qui est à lire ici dans son intégralité :

"Nous sommes et serons jusqu’au bout avec les femmes et les hommes qui, à NDDL comme en Val Susa, ont décidé de reprendre en main leur destin contre les destructeurs de leur terre et du monde. (...)

Notre-Dame-des-Landes avec la zad et les habitations détruites et le Val Susa avec le chantier continuent depuis des années la même lutte et ne s’arrêteront jamais. Les jeunes et les plus anciens de nos deux mouvements combattent le gaspillage et la corruption de ces projets monstrueux qui détruisent des territoires entiers, ils veulent un changement et une véritable démocratie depuis la base.


Allez les No TAV et l’Amassada «  a sarà dura ! « (Une délégation de No TAV valsusains ira à NDDL pour la manifestation du 8 octobre.)



Le Comité zad de Rennes lance un appel à ce que les comités réagissent en cas d’expulsion de la jungle de Calais, avec un "rdv place Ste Anne à Rennes s’ils interviennent à la zad ou à Calais".





A lire dans le doc ci-dessous :

http://zad.nadir.org/IMG/pdf/appel-comzad-.pdf


Et aussi sur leur blog, une vidéo pour montrer comment ils se battent contre les hélicos à Rennes et annoncer ce rdv de 18h30 en cas d’expulsion de la zad ou de Calais : https://comitezadrennes.noblogs.org/


On nous envoie une proposition de chanson pour accompagner le chant des bâtons samedi 8 : voir dans l’article dédié aux initiatives pour le 8 octobre.

 
Le 26 septembre, à Béziers, le comité saint-ponais a apposé autocollants, banderoles et casseroles sur la permanence du Parti socialiste, promettant “des plumes et du goudron pour les c....”. Voir ici l’article de presse à ce sujet. (Désolés on transmet cette info un peu tard mais mieux vaut tard …)


Vendredi 7 octobre

 

Ni ici ni à Calais - Ne pas rester silencieux...


On entend via certains médias que la priorité du gouvernement ne serait pas d‘expulser la zad en octobre, mais « d’évacuer la jungle de Calais ». Les forces de l’ordre ne pouvant être sur ces deux fronts à la fois. Face à ce jeu d’un cynisme sans nom de mise en concurrence entre l’expulsion de la zad et celle de la jungle de Calais, le mouvement contre l’aéroport et son monde ne peut rester silencieux.

Pour cela, nous appelons à la solidarité et à l’organisation d’actions maintenant et dans les prochaines semaines contre l’état francais, Vinci et les autres qui seraient impliqués dans l’expulsion de « la jungle » à Calais et à la ZAD de NDDL. Ces deux luttes sont des combats réels contre les politiques impérialistes et racistes de l’Europe et la guerre qu’elle mène contre les « indésirables ».

En mars 2016, des personnes ayant participé à la grève de la faim de 2012 contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes sont venues à Calais rencontrer 9 réfugiés prêts à mourir pour faire arrêter les expulsions de la partie sud de « la jungle ». Ces personnes étaient en grève de la faim contre l’ordre d’expulser plus de 3000 personnes de la seule maison, abris de fortune, cabane en bois ou bâche qu’ils avaient, destruction notamment effectuée par SOGEA, filiale de VINCI.

Pour les paysans de Notre-dame des landes la destruction de ce qui faisait leur vie équivalait à remettre en cause leur vie-même. Dans « la jungle », les maisons, restaurants, épiceries qui sont construites sont des passages où une vie, malgré tout est possible en attendant « de pouvoir commencer à vivre vraiment ». S’il faut participer à la défense de la « jungle » aux cotés de ceux et celles qui y vivent c’est d’une part parce que leurs existences et leurs perspectives sont menacées par un monde gestionnaire et un état policier. Mais aussi parce que, comme à la zad, la « jungle » rend possible des formes d’organisation, d’autonomie, des rencontres et des solidarités. Et comme à Notre-dame-des-Landes, l’état n’a que peu de considérations pour des individus prêts à mettre leur vie en jeu.

Aujourd’hui, en octobre 2016, l’état annonce l’expulsion de la « jungle » dans son intégralité, soit l’expulsion de 10 000 personnes. Comme lors de la destruction de la partie sud du bidonville en mars dernier, le gouvernement veut présenter cette expulsion comme une « opération humanitaire ». L’hypocrisie de ce discours est insupportable face à la violence de la destruction programmée des lieux de vies et à la volonté de contrôle des personnes en transit présentes à Calais.

La « jungle » est d’abord et avant tout partie d’un ensemble répressif conçu pour éloigner, surveiller, contrôler et expulser la population migrante, rappelant des sombres heures de l’histoire occidentale. Loin des yeux, loin du cœur. Tout le monde dans « sa propre » case. La puanteur du racisme est nauséabonde. La montée des idéologies racistes et nationalistes dans toute l’Europe n´est pas une question distincte de ce que nous rencontrons à Calais, et notre solidarité doit également impliquer une lutte contre la montée d’une société fasciste. L’État est en mesure de s´en tirer avec sa répression systématique des migrant.e.s à Calais et ailleurs grâce à notre appui implicite, grâce à notre silence.

Ce qu’il se passe à Calais n’est pas un phénomène isolé ni une exception. C’est la même politique de répression et de gestion des populations, de guerre envers les personnes « indésirées », celles qui s’opposent à l’état par leur mode de vie. Nous considérons que la gestion du territoire et de ses infrastructures relèvent de la même logique que celle du contrôle des populations. Parce que le dispositif répressif et les processus d’expulsion et de refoulement des « indésirables » ne viendra pas à bout de notre volonté de choisir, de construire notre propre vie. Depuis Notre-Dame-des-Landes, nous réaffirmons notre détermination à lutter ensemble contre ces ennemis communs.

Si vous vouliez signer se texte/appel en solidarité, vous pouvez envoyer votre signature à calaissolidarite@antirep.net, elle sera publiée sous ce texte après le mardi 4 octobre.

Notre-Dame-des-Landes: des milliers de personnes attendues sur la ZAD


Les opposants à la construction de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes maintiennent le bras-de-fer avec le gouvernement. Un rassemblement de grande ampleur est prévu samedi sur la ZAD. La CGT de Vinci, concessionnaire du projet, y participe et appelle ses syndiqués à exercer leur droit de retrait pour empêcher le chantier. Le mouvement se développe en rupture avec les partis politiques. 
  

Des milliers de personnes, voire des dizaines de milliers, sont attendues sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes ce week-end pour « empêcher l’aéroport » et protéger la zone contre l’intervention des gendarmes mobiles. Pourtant, la préfecture de Loire-Atlantique n’envisage pas d’interdire la manifestation. Alors que l’état d’urgence est toujours déclaré, cette décision illustre le rapport de force que le mouvement contre le projet d’aéroport du Grand Ouest réussit à maintenir avec les pouvoirs publics. 


Malgré le vote à 55 % en faveur de la nouvelle aérogare, les opposants n’ont pas baissé la garde et s’organisent pour résister en cas d’évacuation de la zone de 1 650 hectares, dans le bocage de la périphérie nantaise, où vivent 200 à 300 occupants. À plusieurs reprises, Manuel Valls a fait savoir qu’il souhaitait vider la ZAD de ses habitants en octobre. Mais avec l’imminence de l’évacuation des campements de réfugiés à Calais et aux alentours, le respect de cette échéance semble improbable. Le 1er novembre, le début de la trêve hivernale rend délicate la perspective d’une évacuation des paysans historiques, de leurs familles et de leur cheptel. En l’absence d’information et dans une défiance maximale envers les institutions, un réseau de veille s’est mis en place pour flairer la moindre amorce de travaux ou l’envoi de troupes. Des tracteurs sont prêts à partir en action de protestation au premier coup de pioche. « La consultation ne change rien au fond du dossier, explique Vincent Delabouglise, porte-parole de COPAINS, un collectif de paysans anti-aéroport : « La déclaration d’utilité publique de 2008 s’est faite sur des données fausses. Notre rôle de paysan est d’agir en lanceurs d’alerte. »

En appelant leurs soutiens à converger sur la ZAD dès 10 heures du matin samedi 8 octobre pour un « manifestival » mêlant prises de parole, ateliers de construction et concerts, « nous voulons placer la zone sous la protection de la population », explique Geneviève Coiffard, une militante locale. « Que résonne le chant de nos bâtons. Être audibles pour créer une hésitation avant qu’ils ne lancent une agression contre la ZAD. » Chaque participant est appelé à venir muni d’un bâton, « outil d’accompagnement de toute notre vie d’homme. Le bâton du voyageur, du colporteur, du pèlerin, qui sert à la protection des troupeaux et des dunes », ajoute la militante. C’est aussi une référence à la lutte pour le plateau du Larzac, référence historique précieuse aux yeux d’une partie du mouvement puisque la lutte des années 1970 s’est achevée par une victoire. Ce week-end, un hangar – et peut-être plusieurs – devrait être construit pour servir d’abri en cas d’expulsion. Le rassemblement affiche un objectif opérationnel qui dit la détermination de ses organisateurs. « Plus le temps avance, plus les gens se mobilisent », déclare Camille, un habitant de la ZAD. Pour Attac, Annick Coupé explique : « Le gouvernement doit mesurer que s’il veut expulser la ZAD, il prend le risque de focaliser sur une question qui pourrait voir beaucoup de convergence après la mobilisation sociale du printemps contre la loi sur le travail et son monde. Des liens se sont tissés avec Notre-Dame-des-Landes. »

 

Ce n’est pas qu’un vœu pieux. Le collectif national des syndicats CGT du groupe Vinci, première organisation syndicale au sein du groupe de BTP, appelle les salariés à faire valoir leur droit de retrait s’ils sont affectés à des travaux en lien avec l’aéroport – et donne le même conseil concernant le mur de Calais et la destruction de « la jungle », ou encore le grand contournement routier ouest de Strasbourg, jugé inutile. Raison invoquée : danger grave et imminent lié aux risques d’affrontement avec les opposants. Mais c’est aussi un message politique, l’affirmation du rejet de ces projets. En mars, le syndicat expliquait dans un communiqué : « Nous ne sommes ni des mercenaires, ni des esclaves : nous ne voulons pas travailler dans un climat de guerre civile, mais dans les meilleures conditions, avec des droits et des garanties collectives », conclut la CGT Vinci, qui ajoute souhaiter œuvrer à des « projets dont nous puissions être fiers pour leur utilité sociale et sociétale ». À l’inverse, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes provient de « rêves mégalomaniaques périmés ».


La CGT Vinci doit participer au rassemblement du 8 octobre sur la ZAD et réclame dans son journal trimestriel, L’Écho des salariés de Vinci, « qu’il ne soit procédé à aucune expulsion ni expropriation sur le site » et « qu’il soit mis un terme à toutes les opérations d’intimidation et de stigmatisation des habitants de la ZAD, auxquels nous réaffirmons notre solidarité ». Pour Francis Lemasson, délégué CGT de Vinci, « ce genre de projet ne peut que dégrader les conditions d’emploi et de salaire ». Une procédure de discussion collective sur le sujet de Notre-Dame-des-Landes a été lancée au niveau confédéral du syndicat et « les lignes commencent à bouger », ajoute-t-il. 


Sur la plateforme de l’actuel aéroport nantais, la CGT AGO milite elle aussi contre le projet de Notre-Dame-des-Landes qui va délocaliser les emplois au nord de la Loire alors que la plupart des salariés habitent au sud. Ses militants ont organisé plusieurs actions de blocage contre la loi sur le travail avec des habitants de la ZAD. Aucun employé du site, exploité par Vinci dans le cadre du contrat de concession de Notre-Dame-des-Landes, qu’il dépende directement du groupe ou de l’un de ses prestataires, n’a été consulté sur le projet de nouvelle aérogare.
« Le temps qui dure avant l’expulsion est mobilisateur », décrit Vincent Delabouglise, de COPAINS, qui raconte être contacté par de « nouveaux militants » : « Ce sont des personnes qui se sont intéressées au sujet à cause de la consultation. Elles ont voté non et demandent comment continuer à militer. Le temps qui nous est donné avant l’intervention est mobilisateur. » Près de 400 personnes ont réservé une place en bus au départ de Paris vendredi soir. Des dizaines de points de départ de covoiturage s’organisent dans des départements parfois très éloignés de la ZAD. Une pétition lancée par les naturalistes en lutte pour exiger du préfet le respect de la loi pour les quatre espèces protégées qu’ils ont découvertes sur la ZAD avait recueilli près de 4 000 signatures le 6 octobre au matin – dont celle de Nicolas Hulot, qui continue ainsi à discrètement soutenir le mouvement.

« Face à une classe politique infantile » 

 

Sénateur EELV de Loire-Atlantique, Ronan Dantec est l’un de ceux qui ont soufflé à François Hollande l’idée d’une consultation citoyenne sur le projet d’aéroport. « Ils ont raté la consultation, regrette-t-il, mais en aucun cas la consultation ne les affranchit de respecter la loi. » Deux échéances juridiques sont couvées du regard par les opposants : le précontentieux avec l’Europe, qui a demandé à la France une nouvelle étude d’impact et prévenu que si les travaux démarraient avant, l’infraction avec le droit européen serait constituée (voir plus de détails ici). Et les recours devant la cour d’appel contre les arrêtés au titre de la loi sur l’eau et les espèces protégées, autorisant la destruction de la zone humide de la ZAD (voir ici). « Évacuer la ZAD de NDDL sans attendre l’issue des recours serait une faute politique, puisque Hollande s’était engagé là-dessus », affirme Ronan Dantec. « Attendre ces deux recours ne coûte rien. Respecter la demande de l’Europe ne fait pas se déjuger le gouvernement. Le trafic de l’actuel aéroport n’a pas explosé, il n’y a aucune urgence. » À trois semaines du deuxième anniversaire de la mort de Rémi Fraisse, ce jeune écologiste tué par un gendarme lors d’un rassemblement contre le barrage de Sivens, il ajoute : « C’est difficile de refaire Sivens, où l’on a aujourd’hui un terrain à moitié démoli, alors que le tribunal a statué que le projet de barrage n’était juridiquement pas conforme. Revenir dans une même situation à Notre-Dame-des-Landes serait terrible. Le coût politique serait extrêmement important. »

En pleine campagne primaire à gauche, le silence de la classe politique sur le sujet est frappant. Pour un Nicolas Sarkozy qui appelle à « libérer » la ZAD de ses occupants, impossible d’obtenir une réaction d’Arnaud Montebourg ou de Benoît Hamon (« Je ne suis pas sûr qu’il ait une position sur l’évacuation de la ZAD », se contente de nous répondre son directeur de campagne). Présent à Nantes fin septembre pour le congrès des HLM, Manuel Valls n’en a pas dit un mot. Seule Ségolène Royal, hors course pour la présidentielle, continue de critiquer le projet d’aéroport. Autre ministre du gouvernement opposée au chantier, Emmanuelle Cosse fait savoir son opposition, mais sans l’exprimer publiquement. 


Au-delà de la discipline gouvernementale, ce désintérêt manifeste l’incompréhension de la gauche partidaire, à l’exception d’EELV et du PG, pour le mouvement contre l’aéroport – le comité national exécutif du PCF est quant à lui favorable à la construction d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes. Cette mobilisation échappe aux repères traditionnels du débat politique en France : un sujet local et technique au départ, un mouvement désobéissant qui conteste le légalisme de la définition de l’intérêt général, un imaginaire libertaire et rural autant inspiré par la Commune de 1871 que de la défense des « communs », née dans les années 2000. Et des alliances politiques inédites : des habitants de la ZAD, marqués par les idées anarchistes, opposés aux technologies et critiques du salariat, montent des actions avec des militants de la CGT en colère contre l’inutilité sociale des chantiers où leur employeur les affecte. Des écologistes pur jus, naturalistes amateurs ou figures de la défense des espèces contre les chasseurs comme Allain Bougrain-Dubourg, défilent au côté de paysans conventionnels, utilisateurs d’engrais et de pesticides, dont certains sont encartés à la FNSEA. Des anticapitalistes et des révolutionnaires « appellistes » côtoient des chrétiens contre l’aéroport. Des décroissants s’unissent avec des réfugiés venus d’Afrique.


Cet assemblage hétéroclite mobilise un nombre considérable de personnes, beaucoup plus que bien des manifestations à Paris (hors loi sur le travail) : 20 000 en janvier à Nantes selon les organisateurs, 50 ou 60 000 en février sur la quatre voies entre Nantes et la ZAD, jusqu’à 40 000 en juillet sur un champ proche de la ZAD. La préfecture a donné des chiffres chaque fois bien inférieurs (7 500 en janvier, 20 000 en février), néanmoins ils reflètent une mobilisation de masse. Cette énergie militante ne s’exprime pas seulement contre une logique d’État – celle de construire un aéroport sur une zone naturelle à protéger devenue un havre d’utopies –, mais aussi par adhésion aux valeurs de solidarité célébrées par un mouvement qui a appris au fil des années à apprécier sa diversité : entre urbains et ruraux, retraités et jeunes en galère, intellectuels précaires et payants frugaux. « Contre l’aéroport et son monde », slogan qui a inspiré ceux des manifestants contre la loi sur le travail « et son monde », on marche, on chante, on danse, on pique-nique, on dort à la belle étoile, on se lie d’amitié, on s’embrasse. On ne se contente pas d’ériger des barricades. « On est face à une classe politique infantile, qui ne comprend rien au dossier de l’aéroport de Notre Dame-des-Landes, ni à la ZAD et qui veut tout détruire », résume Camille, habitant de la ZAD : « La droite et la gauche ont une attitude extrêmement similaire sur cette question. Le tout-répressif voulu par Hollande a été catastrophique. On n’oublie pas Sivens : c’est sous le PS qu’il y a eu un mort à cause d’un projet inutile. »


Rares sont les élus socialistes qui expriment la volonté d'un compromis sur le sujet devenu si clivant de l'aéroport. Députée socialiste dans le Doubs, de l’autre côté de l’Hexagone, Barbara Romagnan s'y risque pourtant et dit trouver « intéressant et respectable le choix de personnes qui consacrent leur temps de vie et engagent leur corps contre l’aéroport, alors que l’on parle beaucoup de désamour des politiques », « même si on n’est pas d’accord sur tout ». Elle constate que « les questions écologiques ne font pas partie de la culture fondamentale des socialistes, qui est marquée par la croissance, le productivisme et la maîtrise de la nature plus que son écoute ». Mais elle considère aussi qu’il faut prendre en compte le résultat de la consultation citoyenne.


Parce que la ZAD s’est créée avec les premières occupations de fermes abandonnées en 2008 et 2009, le mouvement contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a touché l’esprit et le cœur de dizaines de milliers de personnes. C’est de ce point de vue une expérience politique et sociale similaire à celle du plateau du Larzac pour la génération soixante-huitarde. Mais il existe des milliers d’autres territoires menacés de prédation par des projets plus absurdes les uns que les autres : extension d’un golf, d’un parking de supermarché, chaufferie à gaz disproportionnée, cimenterie sur une plage insulaire, autoroutes inutiles, zone d’activité commerciale sans nécessité, carrières de calcaire et mines à l’extraction polluante, centre commercial et de loisir sur des terres agricoles. Des luttes s’y mènent avec courage et très peu de moyens. Elles nourrissent la mobilisation de Notre-Dame-des-Landes, puisque leurs militants s’y rendent, mais ils s’y alimentent aussi en idées et en rencontres. Le mouvement contre l’aéroport se diffuse ainsi peu à peu et contribue à l’émergence de nouvelles formes de politique.


Jade Lindgaard - Médiapart


Dans la bonne humeur, la Zad de Notre-Dame-des-Landes se prépare... à toute éventualité

 
Calmement, les habitants de la Zad de Notre-Dame-des-Landes et ceux des villages avoisinants se préparent à une éventuelle intervention des forces de l’ordre. En organisant des formations « défense » et des tours de garde, mais aussi en continuant leurs activités quotidiennes. Ce week-end, un grand rassemblement de soutien est prévu sur place.


 Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), reportage


Les voitures filent à toute vitesse aux abords de la Zad alors que le soleil commence à poindre sur le bocage de Notre-Dame-des-Landes. La veille, un agriculteur a dit que les forces de l’ordre pourraient se rendre aux Ardillères, un carrefour stratégique situé à l’entrée de la zone à défendre (Zad) de 1.650 hectares. Pourtant, ce matin-là, au lieu-dit, point de fourgon ni de voiture de gendarmerie. Seul le vrombissement des véhicules des riverains rompt le calme de cette matinée brumeuse. « Rien à signaler », constate « Camille », un zadiste, avant de remonter en voiture. Cette fausse alerte n’a pas bousculé les habitudes prises par les zadistes ces derniers temps. Chaque jour, avant l’aube, des habitants prennent leur tour de garde. Pendant une poignée d’heures, ils parcourent les routes et contrôlent les points d’accès de la Zad à l’affût de tout mouvement suspect.

Attisées par la presse locale, les rumeurs d’une évacuation imminente par la force n’ont cessé d’enfler ces dernières semaines, malgré le flou juridique qui entoure la situation des habitants. Manuel Valls, qui avait annoncé une intervention à l’automne, la lancera-t-il ? La question reste en suspens. « Ce qui est sûr, c’est que, depuis 2012, la menace n’a jamais été aussi précise et crédible », dit un autre « Camille ». Les zadistes n’ont pas attendu l’arrivée de la saison des feuilles mortes pour prendre les devants face à cette éventuelle expulsion. Depuis un mois, des week-ends de « défense de la Zad », ouverts à tous, sont organisés sur le site.

    « Vous apprendre à communiquer les uns avec les autres et surtout à vous faire confiance » 

Intitulées « Prêt-e-s pour défendre la Zad ? », ces formations express ont déjà rassemblé 400 à 500 personnes venues de tous les horizons. Bruno Retailleau, le président de la région Pays de la Loire et fervent défenseur du projet d’aéroport, n’a pas manqué de les dénoncer auprès de Manuel Valls. Début septembre, l’élu régional (LR) a demandé au Premier ministre d’interdire ces week-ends, estimant inacceptable « qu’en France, des spécialistes de la guérilla organisent de véritables camps d’entraînement antiflic ».
 

Cette référence paramilitaire fait sourire l’un des organisateurs des formations : « Il s’agit avant tout de donner confiance aux gens, de leur apprendre à s’organiser en petits groupes au moyen de jeux », explique-t-il. Reporterre a suivi une de ces formations.


Que faire en cas d’arrestation ? Comment apprendre à se déplacer sans bruit ? Comment communiquer sans se faire repérer ? Comment se protéger des flashballs et des grenades lacrymogènes ? Tout autant de questions auxquelles répond un briefing théorique. Et pour la mise en pratique, les zadistes ont imaginé une course d’orientation géante. L’objectif ? Attraper le maximum de balises réparties aux quatre coins de la Zad. Bien loin des camps antiflic dénoncés par Bruno Retailleau.


« Attention à vos ennemis », prévient l’un des organisateurs, avant de lancer le top départ de l’une de ces courses d’orientation. « Les ennemis, c’est qui ? Les flics ? » demande l’un des participants qui, pour toute réponse, reçoit des éclats de rire. Dans une ambiance bon enfant, les équipes se mettent en marche. Pendant quatre heures, elles devront parcourir le bocage tout en évitant des policiers cagoulés en patrouille. Le rôle est endossé par des zadistes, qui se prennent vite au jeu en pourchassant les participants à travers champs. Ces derniers n’ont qu’un seul moyen pour se défendre : courir le plus vite possible. Et pour cause : tout contact est interdit. Il suffit d’être touché du bout des doigts pour être emmené dans un commissariat improvisé, où des pseudo-officiers de police judiciaire posent quelques questions avant de relâcher les participants. Lesquels repartent, talkie-walkie dans la poche et carte d’orientation en main, pour trouver les balises.

 
« On ne veut pas faire de vous des guerriers du bocage, mais vous apprendre à communiquer les uns avec les autres et surtout à vous faire confiance », explique un zadiste au terme de ce jeu de poursuite géant qui aura duré plus de quatre heures. Une formation accélérée sera mise en place au cours du week-end de soutien du 8 et 9 octobre, qui doit rassembler des milliers d’opposants au projet d’aéroport sur la Zad. « Le but, c’est que chacun reparte chez soi avec une connaissance de ses limites physiques et mentales en cas d’attaque de la Zad. Mais c’est aussi de faire tomber cette peur que le gouvernement utilise actuellement », explique l’un des organisateurs.

    « Ces menaces d’expulsion ont insufflé une vraie énergie » 


« Ce qu’il est intéressant d’observer, ce que différentes composantes se préparent à défendre la Zad. Et ces différentes façons d’agir sont compatibles et complémentaires », observe « Camille ». Dans un lieu reculé de la zone à défendre, on érige des barricades sous le regard vigilant de Germaine. Avachi sur un siège et muni d’un casque de moto, l’épouvantail ressemble à s’y méprendre à une sentinelle postée là pour défendre l’accès de la maison occupée.


 



À l’autre bout de la Zad, à La Rolandière, on s’attèlle à l’aménagement d’un point d’information et d’un lieu d’accueil en terre-paille, à proximité d’une banderole flashy qui proclame : « Nous sommes la nature qui se défend. » « Ces menaces d’expulsion ont insufflé une vraie énergie », constate un habitant du lieu. Constructions, réparations, mais aussi élevage d’animaux : pour certains, défendre la Zad, c’est avant tout continuer ses activités quotidiennes. Seule la visite quotidienne d’un hélicoptère de la gendarmerie perturbe cette routine.


 
« Ça fait quinze jours que cet hélicoptère parcourt les environs en rase-motte », souligne Julien Fritel. L’habitant de La Paquelais, un village limitrophe de la Zad, en est certain : « Il se trame quelque chose. » Il a décidé de s’organiser avec des habitants d’une dizaine de communes environnantes pour soutenir la Zad en cas d’expulsion. « Toute intervention des forces de l’ordre ne sera pas la bienvenue dans les communes environnantes et elles ne devront pas s’attendre à notre collaboration », déclarent-ils dans un communiqué. « Il est hors de question de revivre une opération d’évacuation comme en 2012, que ce soit pour nos enfants, nous ou les habitants de la zad », prévient Julien Fritel. « Aussi, si l’on remarque tout mouvement suspect, on le signalera aussitôt. Et on offrira un soutien logistique aux zadistes par la suite », insiste-t-il, bien décidé à tenir son rôle de vigie.


 
L’ensemble des chantiers et activités pour le 9 octobre est maintenant annoncé, avec une carte pour repérer les lieux concernés : voir ici




 
Infos de la manifestation du 8 octobre

    Samedi 8 octobre : Que résonnent le chant de nos batons !

9h30 La journée commence, si vous n’êtes pas encore arrivé.e.s, toutes les infos sont ici pour connaitre les rdv, parkings, et autre

Depuis quelques jours déjà les gens arrivent. Hier, ça s’activait pour finir les divers chantiers de préparation, décorer des batons, ainsi que sur tous les chantiers en cours sur divers lieux pour vivre ici, et défendre la zone.

17h00 - un premier récit de ce début de journée.

Trois cortèges sont partis ce matin des Ardillères, du Pré Failly et de Roanne :

 
Plus de 40 000 personnes ont convergé vers Bellevue :


Où a eu lieu la prise de parole commune :
 
Ainsi que le montage d’une 3è ferme du hangar de l’avenir :


Qui réaffirme la solidarité du mouvement avec les migrant-e-s de Calais, eux aussi - voire surtout - menacé-e-s d"expusion :

 
La fête mobilisation continue ce soir avec un spectacle, un fest-noz, des concerts et une scène techno :




17h30 - Pour celleux qui rentrent, attention aux gendarmes : ils sont signalés à Vigneux (entrée de la quatre voies) et au Temple-de-Bretagne (dans le bourg et à l’entrée de la quatre voies). Ils font des contrôles d’alcoolémie et ont arrêté au moins une personne.

Demain, un moment de rencontres intercomités aura lieu de 13h à 15h à la VacheRit

Les escargots sont en Appel à Rennes ce mercredi 12 Octobre à partir de 9h00, car le proc a fait appel de la décision du tribunal qui annule la mise en fourrière des véhicules, obligeant par là l’Etat à payer les frais de mises en fourrière."



Messages de solidarité



Un rassemblement devant l’ambassade de France à Madrid a eu lieu hier : 


 

En VO, la traduction bientôt :

Guerra, guerra, guerra a quien destruye la Tierra
Hoy nos acercamos a la embajada del estado francés en madrid para recordarles que estamos muy pendientes de sus amenazas de desalojo de la Zonade Autonomía Definitiva y que desde la lejanía tampoco queremos ni el aeropuerto ni su mundo. 


También queremos mandar todo nuestro amor a las zadistas que en este fin de semana estarán luchando, como cada día desde hace años, contra un megaproyecto destructor y por la recuperación de nuestras vidas.

Mucha fuerza para este otoño-invierno de intensidades e incertidumbres. Es precioso lo que estais haciendo allá.

Larga vida a la ZAD y a todas sus habitantes !!!

Ni aeropuerto, ni policía, progreso y democracia, fuera de nuestras vidas.

Message de soutien du forum Sabir Maydan sur la citoyenneté méditéranéenne :

We the participants of the 3rd Sabir Maydan Forum on Mediterranean citizenship, currently taking place in Messina, Sicily and representing around 20 countries on all shores of the Mediterranean Sea, express our solidarity with the people of the zad and their supporters on this day when you are demonstrating your solidarity against an Unnecesary and Imposed Mega Project - the Notre-Dame-des-Landes airport - and for the rights and freedoms of the people defending the zad.

In solidarity,

The participants and organizers of the 3rd Sabir Maydan Forum

Messina, 8 October 2016

en français, ça donne : « Nous, les participants au 3è forum Sabir Maydan sur la citoyenneté méditéranéenne qui a lieu en ce moment à Messina en Sicile et où 20 pays tout autour de la Mer Méditerrannée sont représentés, exprimons notre solidarité avec les gens de la ZAD et leurs soutiens en ce jour où vous manifestez votre solidarité contre le projet inutile imposé - l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes - et pour les droits et libertés des personnes qui défendent la ZAD. 
En solidarité.
 Les participants du 3è forum Sabir Maydan. »

MONTREAL (Canada)

Action de solidarité avec la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (France) à la clôture de l’assemblée de l’OACI à Montréal - 07 Octobre 2016.


Alors que les représentant-e-s des gouvernements de 191 pays de l’Organisation de l’aviation civile internationale (OACI), une institution de l’ONU, se rencontraient à Montréal pour discuter « sécurité et environnement » en matière d’aviation internationale, nous avons voulu dénoncer leur hypocrisie et affirmer notre solidarité avec la ZAD de Notre-Dame-des-Landes (NDDL).


 
https://vimeo.com/186098510


À la veille de la fin de semaine de mobilisation internationale contre l’aéroport de NDDL et son monde, nous avons tenu, pendant une demi-heure, des bannières en soutien à la Zone à défendre (ZAD) devant le siège de l’OACI à Montréal, histoire de perturber, quelques instants, leur univers aride. En effet, comment parler d’environnement sans remettre en question la construction d’aéroports inutiles et destructeurs ? Comment parler d’environnement sans remettre en question le système économique et politique qui sous-tend cette folie ? La ZAD de NDDL est non seulement un pied dans la gueule du gouvernement français, AGO-Vinci et de tous les actionnaires de ce projet d’aéroport, mais représente aussi un exemple d’autonomie, d’autodéfense et une brèche dans leur tentative de marchandiser tout ce qui les entoure.

Or, les menaces d’expulsions s’intensifient contre la ZAD. Il nous a donc semblé indispensable de prendre acte de la situation, malgré l’océan qui nous sépare, pour affirmer notre solidarité active et notre soutien complet à ce réjouissant exemple de résistance dont les valeurs et objectifs dépassent le bocage lui-même ! En cas d’expulsion ou non, nous serons là pour soutenir la ZAD autant que nous le pourrons, car elle représente pour nous l’une des plus grandes lueurs d’espoir et d’inspiration de notre temps, non seulement pour nos luttes politiques et écologistes, mais aussi sur tous les aspects de l’existant (autonomie alimentaire, relations sociales, amoureuses, vie quotidienne et autres) !


VINCI, RÉSISTANCE, SABOTAGE VIVE LA COMMUNE VIVE LA ZAD
VOS CAMARADES ET AMI.ES MONTRÉALAIS.ES

Message de solidarité de Trrku (Finlande) :


 
STOCKHOLM (Suède)
Convergence Internationale des Luttes contre les grands projets inutiles : Stockholm soutien la ZAD Notre-Dame-Des-Landes avec une Vélorution
Samedi, 8 Octobre, Stockholm a voulu montrer son soutien à la Zone-A-Defendre de Notre-Dame-Des-Landes pour dire Non au projet de construction d’aéroport et faire pression sur le groupe Vinci et le gouvernement Français depuis l’étranger.
L’évènement a été lie à l’occupation contre le tunnel bypass Förbifärt de Stockholm pour montrer la convergence des luttes contre les Grands Projets Inutiles.



Dans la nuit du 7 au 8 Octobre, la façade d’une filiale du groupe Vinci, Axians, a été repeinte à la bombe avec pour messages « Vinci Dégage » et « ZAD Partout ».

Le lendemain, une Velorution a relié l’ambassade de France aux bureaux de Trafikverket, responsable du projet de tunnel bypass de Stockholm.

Devant l’ambassade de France, des bannières contre le projet d’aéroport ont été dressées sous les yeux des passants curieux et sans l’ombre d’agent de sécurité ou de policier, avec pour messages « Support to ZAD NDDL from Stockholm » (« Soutien à la ZAD NDDL depuis Stockholm ») et « Solidarity with ZAD NDDL » (« Solidarité avec la ZAD NDDL »).


La velorution s’est ensuite mise en route en musique en direction des bureaux de Trafikverket, ou une autre bannière a été dressée pour montrer la convergence des luttes contre les Grands Projets Inutiles par le slogan « No Förbifärt, No NDDL Airport, Samma Kamp » qui signifie « Non au tunnel Förbifärt, Non à l’aéroport à NDDL, même combat ». 

Le projet de Trafikverket, est la construction d’un tunnel autoroutier de 18km, à six voies, qui va passer sous Stockholm pour un coût total d’environ 3 milliards d’euros. Ce projet va inciter à l’usage de la voiture encore plus alors que ce prix permettrait d’offrir les transports publics pour tous en Suède.


PORTO (Portugal) - Message de solidarité En portugais ici


veni, vidi...vinci [1] nous pourrions écrire quelques 
Vers caustiques et 
Incendiaires sur l’empire du béton 
Néo-libéral, ce serait un poème acrostiche [2] qui nous sortirait des entrailles, mais bien que les mots puissent contenir l’essence d’un combat ou toute notre solidarité et notre 
Colère, ce ne seraient que des mots 
Insignifiants.


Nous pourrions organiser une marche, bruyante ou silencieuse, couper le trafic d’une ville et crier des mots d’ordre assourdissants, mais ce ne serait qu’une action symbolique, sans impact immédiat qui se noierait dans le fil de nouvelles des médias traditionnels.

Si Malthus était encore vivant, il serait l’architecte du béton néo-libéral et de ses grands projets inutiles et en même temps, il serait à la tête du monopole des 200 entreprises qui régissent l’empire agro-alimentaire avec sa remorque de graines, poisons et OGM brevetés, orchestrant la géopolitique de la faim. Il serait peut-être, le PDG du consortium qui cherche à expulser les communautés agricoles et détruire des parties importantes de la nature de Notre-Dame-des-Landes, au nom d’une notion de progrès qui est une régression de la relation de l’humanité avec la planète qui nous abrite. Un aéroport qui insiste sur un monde au service du capital, de la destruction de l’environnement et de la concurrence et qui a été, depuis le début, combattu par un groupe de personnes qui, avec les autochtones, ont construit une communauté, fondée sur des principes opposés, appelée Zone à Défendre (ZAD).

Si l’espace de la ZAD est considéré par les autorités françaises comme un "territoire perdu pour la République", de quelle/res publica/- chosepublique - parlons-nous ? Il est clair qu’il s’agit plus de l’avidité du profit qu’une « chose » peut donner à quelques-uns que d’une chose qui appartient à tous, à la communauté, au public. Les gouvernements et les multinationales ont vidé la république de ce qu’elle avait de« public » ne lui laissant que la « chose ».

A un moment où les patrons n’écoutent rien d’autre que le son des pièces qui entrent ou sortent de leurs poches, notre réponse solidaire à l’appel de la ZAD Notre-Dame-des-Landes <http://bit.ly/2bZc7rI> [3] doit passer par le préjudice à infliger systématiquement aux multinationales de la nécropolitique, c’est-à-dire, à ceux qui décident qui vit et qui meurt.

Alors,le vandalisme n’est autre que poésie. Et ce soir, c’est en tant que poètes que nous sommes solidaires avec la lutte de la ZAD et que nous crions contre l’aéroport et son monde aux installations de la représentation de VINCI dans la région de Porto, situées rua da estrada à Crestins.

Un graffiti est un vers 
Un verrou endommagé est un rondeau 
Une pierre est une rime parfaite

Porto 8-9 Octobre 2016


[1] référence aux mots attribués à César : Je suis venu, j’ai vu et vaincu (latin : /veni, vidi, vici/) et le nom donné à la tentative de vider la ZAD en 2012 "Opération César" avec un détournement ironique avec la transformation de /vici/ en vinci. 
[2] acrostiche : poème dans lequel les premières lettres, du milieu ou de la fin des vers forment un mot lors de la lecture verticale. 
[3] http://bit.ly/2bZc7rI
 

Notre-Dame-des-Landes: 
« Ils ont la répression, nous, on a les bâtons »
 

Les opposants au projet d’aéroport ont mobilisé en masse samedi 8 octobre pour leur quatrième manifestation de l’année : entre 12 800 et 40 000 personnes ont marché dans la campagne et planté leurs bâtons en promettant de revenir les chercher en cas d’évacuation. Pour beaucoup, c’était leur première venue sur la ZAD.


Notre-Dame-des-Landes, de nos envoyés spéciaux.-  

C’est une démonstration de force : pour la quatrième fois de l’année, les opposants à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes se sont mobilisés en masse. Entre 12 800 manifestants, selon la préfecture, et 40 000, selon les organisateurs, ont arpenté les chemins de la ZAD samedi 8 octobre pour prévenir le gouvernement : toute tentative d’évacuation de la zone, tout commencement de travaux, rencontrera l’opposition de milliers de personnes. « Nous sommes là, nous serons là ! » entonne la foule à de nombreuses reprises. Le décompte de la préfecture est deux fois plus important que lors de la manifestation de janvier dernier, sur le pont de Cheviré à Nantes. Pour ce nouveau rassemblement, chaque personne était invitée à apporter un bâton à planter sur place, signe de son engagement à revenir le chercher et à défendre la ZAD en cas d’évacuation.

À partir de 7 heures du matin, près de 400 personnes arrivent en bus depuis Paris. Elles se retrouvent à la Vache rit, lieu historique de résistance à l’aéroport sur la ferme de la famille Fresneau. Un groupe de quatre jeunes Parisiens, tout de noir vêtus, attend le départ du cortège dans la pénombre de la grange. Ils sont étudiants travailleurs, et disent ne pas appartenir à un collectif militant particulier mais être habitués des cortèges de tête des manifestations contre la loi Travail. Ils ne veulent pas donner leur nom. L’un d’entre eux est déjà venu en juin pour participer à un chantier : « Contre la loi Travail et son monde, contre l’aéroport et son monde, c’est se battre contre une réalité. Les grands projets, les infrastructures immenses, la libéralisation de toutes les sphères de la vie. » Son voisin déclare : « Je m’en fous de l’aéroport, je viens pour la défense de ce territoire. C’est pour le principe. C’est une vision du monde. La ZAD, c’est l’autonomie, l’autogestion, les prises de décision collectives, réapprendre des techniques, devenir polyvalent. C’est une réappropriation globale. » 

  

L'un des trois cortèges à travers le bocage de Notre-Dame-des-Landes, samedi 8 octobre © Yann Levy / Hans Lucas

  
Une sono posée sur des planches de bois diffuse des chants en espagnol. Une pancarte « Non à l’aéroport » sort d’un vieux seau de peinture. Luc, paysagiste, est venu de Bordeaux pour marcher contre l’aéroport. Il se souvient du Larzac pour lequel il a marché, dans sa jeunesse : « Ça se ressemble parce que dans les deux cas, au départ, ce sont des paysans qui se sont battus. Au Larzac, plein de gauchistes, anarchistes et non-violents sont venus ensuite se battre à leurs côtés. À Notre-Dame-des-Landes, les zadistes sont arrivés avec plein de visions différentes de la société. »

À l’extérieur, deux étudiants en histoire à Paris-I attendent au soleil, bâton en mains. C’est aussi leur première fois sur la ZAD. Fabienne, 19 ans : « J’aimerais bien y vivre, ça a l’air super au niveau des relations humaines. Ils mettent en place des choses qu’on voudrait voir dans le monde entier, comme vivre sans demander d’argent. » Émile a participé à sa « première manif écolo » le 29 novembre 2015 à la veille de la COP21, pour le climat et contre l’état d’urgence. « Nos parents étaient contre notre venue. Ils m’ont dit : tu vas te faire tuer. » Lui : « Et à moi, ils m’ont dit : tu vas attraper des maladies. » C’est sa première fois sur la ZAD : « On a croisé deux agriculteurs ce matin. S’il n’y avait pas la ZAD, il y aurait des blocs de béton à la place. »

Le chant des batons : https://youtu.be/i-Mw4PTBWW0


Un groupe de fonctionnaires municipaux venus de Paris foule le sol de la zone pour la première fois, lui aussi : « On manifeste contre la destruction de la planète, contre les intérêts particuliers qui dominent l’intérêt général. » Pour Virginie : « La ZAD, c’est important. C’est une nouvelle appellation. Elle dit la lutte. » Peu après 10 heures, dans une lumière dorée, trois cortèges s’élancent vers le point de ralliement, la ferme de Bellevue, à l’ouest de la zone. Quelques chansons, une batucada, peu de banderoles, quelques slogans (« Ils ont la répression, nous, on a les bâtons », « On va lutter, on va gagner ») et en passant devant un troupeau de vaches : « Ne nous regardez pas, rejoignez-nous ! » L’atmosphère est tranquille. On entend le bruit des bâtons heurtant le sol. Beaucoup de manifestants ont pris le temps de les sculpter : « ZAD vivra », « Non à l’aéroport ». Un chant résonne, sur l’air de « Dansons la Carmagnole » : « Dansons la zadignole / Ils expulsent les paysans, nous expulsons le parlement / Et quand on sera partis, on expulsera Vinci ! » 

 

Des milliers de bâtons ont été plantés dans le sol samedi 8 octobre à Notre-Dame-des-Landes © Yann Levy / Hans Lucas
  

Parmi les marcheurs, se trouve des militants engagés dans d’autres luttes. Bernard Loup, du collectif pour le triangle de Gonesse, opposé au projet de centre commercial Europa City, en Île-de-France : « Avec Roissy, on a l’expérience de ce qui se passerait après la construction de Notre-Dame-des-Landes : étalement urbain, multiplication de centres commerciaux et d’entrepôts de logistique… tout cela crée une énorme pression foncière. »

Pour Pascoe Sabido, de l’Observatoire des entreprises en Europe (CEO), militant contre les traités TTIP et le CETA : « C’est très important de venir manifester ici. Le lien entre des campagnes contre le libre-échange et l’aéroport, c’est la démocratie : qui décide ? Pour qui et dans quel but ces décisions sont-elles prises ? En 2005, des millions d’Européens ont voté non au TCE, ils n’ont pas été écoutés. En 2016, la consultation sur l’aéroport a été réduite à une échelle favorable au oui. Aucun autre citoyen n’a pu s’exprimer. » 

Le « serment du bâton »

 

Gérard est venu en famille, avec son épouse et ses trois enfants. « On n'habite pas loin, on ne veut pas de cet aéroport. Surtout, on est là aujourd’hui pour montrer qu’on est tous des zadistes. On défendra la ZAD, même si on n’est pas toujours d’accord avec ce qui s’y passe. On a plus de points communs avec les zadistes qu’avec Vinci. » Laurence, étudiante de 23 ans, est venue de Bruxelles : « J’ai envie de venir depuis 2012, là c’était l’occasion. L’énergie ici est dingue, les champs du possible sont grand ouverts. Franchement, à la place du gouvernement français, j’aurais un peu la trouille de voir ce truc qui marche. »

En début d’après-midi, des milliers de personnes se retrouvent sur les 5 hectares du champ de Bellevue où s’alignent un chapiteau, plusieurs échoppes de nourriture ou de boisson à « prix libre », une scène. Des manifestants sont encore sur les chemins, certains n’ont même pas encore quitté les lieux de rendez-vous. Sur la scène principale, toutes les composantes du mouvement prennent la parole. Pour remercier tous ceux qui sont venus « faire entendre le chant de [leurs] bâtons », mais surtout pour « placer la ZAD sous [leur] protection ». L’un d’eux se félicite de voir un « message si puissant, si massif, qu’il portera si fort qu’il éliminera la menace ». Un « serment du bâton » est lu à plusieurs voix. Il se conclut par ces mots : « En ce 8 octobre, nous saisissons nos bâtons, symbole de notre détermination et outil de protection de cette ZAD que nous aimons. En les plantant aujourd’hui, nous scellons dans le sol de Notre-Dame-des-Landes notre serment collectif de revenir, si nécessaire, défendre la ZAD. Nous ne nous soumettons ni à la loi du profit, ni à celle du plus fort : nous sommes là, nous serons là ! » La foule reprend « Nous sommes là, nous serons là », applaudit à tout rompre en frappant les bâtons sur le sol. Suit un message de soutien et de solidarité aux réfugiés de Calais, et un « appel contre les politiques xénophobes et racistes de l’État français ».

Délégué CGT à Vinci, Francis Lemasson prend la parole sur scène : « Ça fait du bien, l’accueil que nous avons eu aujourd’hui. Notre prise de position collective, à la CGT Vinci, est récente, mais c’est une position unanime : nous sommes contre le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Nous nous mobilisons en tant que syndicat car nous savons comment Vinci fonctionne de l’intérieur : Vinci fait des profits privés avec de l’argent public. Nous avons l’impression de renouer avec l’histoire même de notre syndicat. On nous accuse d’être obsédés par Notre-Dame-des-Landes, mais c’est que c’est un projet exemplaire : exemplaire car c’est un projet crapuleux, exemplaire aussi en ce que la ZAD représente en termes de démocratie et de convergence des luttes. Nous avons beaucoup appris au contact des habitants de la zone. Nous portons ce combat contre Vinci et son monde. Nous avons dit à nos membres de prévenir la ZAD dès qu’on leur demanderait de préparer des travaux sur la zone, nous leur avons aussi expliqué que tout salarié peut refuser de travailler s’il se trouve face à un danger grave et imminent. Or travailler sur la ZAD présente un danger grave et imminent, non ? » La foule applaudit. 


Pour Tristan Leroy, de la CGT AGO, présente sur la plateforme de l’actuel aéroport : « Nous sommes fermement opposés à ce projet car nos emplois seront menacés. La CGT AGO participe à cette lutte écologiste et ouvrière sur la base de l’anticapitalisme. En cas d’évacuation, nous serons là ! » Un collectif de riverains, habitants de La Pâquelais, toute proche, s’adresse à la foule. Ils sont trois avec deux enfants sur la scène. Ils s’attristent de la « diabolisation des zadistes » et annoncent : « Toute intervention des forces de l’ordre ne sera pas la bienvenue dans les communes environnantes. »

La mort de Rémi Fraisse, en 2014 à Sivens, ainsi que les violences policières, pendant le mouvement contre la loi Travail comme dans les quartiers populaires, était aussi au centre des discussions. Amal Bentounsi, du collectif « Urgence, notre police assassine », est également montée sur scène. Une grande bannière avec le nom de victimes de la police a été déployée sur le côté de la scène.
 



Geneviève Coiffard, opposante de longue date à l'aéroport © Yann Levy / Hans Lucas
  

Les manifestants convergent ensuite à l’entrée d’un autre champ pour y planter leur bâton. Certains sont de simples bouts de bois ou de bambou ; d’autres, au contraire, sont décorés, sculptés, peints ou portent des slogans. Très vite, le talus est couvert d’une forêt de piques multicolores. Un peu plus loin, une grande structure en bois est en train d’être construite. Ce « nouveau hangar » a été conçu pendant l’été par « des dizaines de charpentiers et charpentières ». Les trois cortèges ont tous pris un élément sur le chemin pour le rapporter sur le chantier. Toute la journée, une dizaine de personnes s’active pour le monter, sous l’œil de centaines de personnes. Une manifestante, émue par cette œuvre collective de construction, compare la carcasse de bois à une cathédrale. Un groupe masqué d’assiettes en carton scande : « Hangar, debout, soulève toi ! »

 

Prise de parole commune du 8 octobre 2016


 

Tout d’abord un très grand merci à vous tous d’avoir répondu si nombreux à l’appel de l’ensemble du mouvement anti-aéroport à venir ici ce 8 octobre sur la zad pour qu’y “résonnent les chants de nos bâtons”. Cette mobilisation, dont la date a été annoncée dès le rassemblement de l’été dernier a été préparée de la manière la plus collective. Des dizaines de cars, de tracteurs, des milliers de vélos, voitures, piétons nous ont rejoint. Merci à tous.
*
Nous avons vécu toute cette année de nombreux épisodes qui n’ont entamé ni la cohésion ni la détermination de notre mouvement.

Il y a presqu’un un an, à l’occasion de la COP21 à Paris, le mouvement a dit combien le projet d’aéroport était climaticide, destructeur de terres vivrières, de biodiversité...
 En montant jusqu’à Versailles en convoi, puis en se rassemblant ici à notre Bourget 44. Avant même la fin de cette COP, la réactivation des procédures d’expulsions vis à vis des personnes ’historiques’ vivant et cultivant sur la Zad a été l’élément déclencheur de très fortes mobilisations devant le tribunal en décembre, puis le 9 janvier sur le périphérique de Nantes. Nous ne sommes pas près d’oublier les images des centaines de tracteurs-fourmis sur le Pont de Cheviré... Devant la persistance de la menace, nous avons organisé une mobilisation nationale le 27 février. Du jamais vu ! les deux côtés de la double-voie Nantes-Vannes envahies sur des kilomètres, la construction de la Vigie... A chaque étape vous avez répondu à nos appels, , toujours bien au delà de nos attentes...

Ces manifestations ridiculisant les tentatives du pouvoir d’accréditer le caractère “minoritaire groupusculaire” du mouvement, le gouvernement a dégainé une arme nouvelle, qu’il nous espérait fatale : un impossible ’référendum’, aussitôt requalifié en ’consultation’, pour le mois de juin. Très vite après son annonce, le mouvement dans son ensemble a dénoncé cette opération d’enfumage. Certains ont tenu des dizaines de réunions d’information, actualisé des argumentaires, réalisé des outils de campagne, et convaincu un nouveau public, comme l’ont prouvé le vote de Nantes, et celui des bourgs proches de Notre Dame. Une autre partie du mouvement a poursuivi, pendant cette période, sans s’impliquer dans la campagne, de nombreux chantiers pour l’avenir de la zad.


Les constructions ont fleuri, les projets agricoles ont pris encore plus d’ampleur. Certains ont participé aux manifestations contre la loi travail, avec présence de tracteurs le 31 mars, ont ravitaillé des occupations, des piquets de grève, comme à la raffinerie de Donges. Tout ceci a renforcé les liens avec les salariés en lutte et avec la jeunesse de Nantes. Le 26 juin au soir, face au résultat de la consultation, nous nous sommes retrouvés tous ensemble, pour réaffirmer que nous ne pouvions nous sentir engagés par les résultats de ce non événement, que toutes nos raisons de poursuivre la lutte étaient intactes. Se croyant malgré tout forts du résultat de cette mascarade, les pro-aéroport et le premier ministre ont confirmé leur intention de procéder cet automne à l’évacuation et à la destruction de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes.


Ces déclarations font fi de la situation juridique du dossier puisqu’entre autres les autorisations de travaux ne sont toujours pas accordées, les recours auprès de la Cour administrative d’appel concernant la loi sur l’eau, et les espèces protégées sont toujours en attente. La plupart des personnes habitant la zad ne sont pas juridiquement expulsables. La procédure de précontentieux, engagée vis à vis de la France par la Commission Européenne n’est pas close. Elle concerne le “saucissonnage” du dossier. La France doit fournir ses réponses par le biais d’un document annexé au Scot Nantes St-Nazaire, dont l’enquête publique est en cours (jusqu’au 21 octobre). Un point d’info spécial dans le rassemblement vous permettra d’en savoir plus.
*
Ce mois d’octobre nous remémore des moments de résistance, mais aussi des moments difficiles : ceux du 16 octobre 2012 et des semaines suivantes, ici, ceux du 26 octobre 2014 à Sivens, avec la mort de Rémi Fraisse, tué d’un tir dans le dos par une arme de la police, mort sur laquelle ses parents essaient encore aujourd’hui de faire la lumière...

Ce mois d’octobre-ci commence par un moment heureux : nous avons vécu ce matin trois magnifiques déambulations sur la zone. Ces 2000 ha de bocage et ce qui s’y vit sont aujourd’hui porteurs d’espoirs indéracinables de défense du vivant, des terres agricoles et de lutte contre la marchandisation du monde. Pour nous il est impensable que tout cela disparaisse.

Depuis ce matin, nous avons fait résonner le sol de milliers de bâtons. Tout-à-l’heure, nous planterons dans la terre de Notre-Dame, ces bâtons que nous vous avons invités à apporter, en symbole de notre volonté commune d’empêcher toute agression contre la Zad et tout démarrage des travaux. S’ils se produisaient, nous viendrions reprendre nos bâtons. Nous plaçons ainsi la ZAD sous votre protection, population, comités de soutien, collectifs de lutte et toutes les personnes, ici ou ailleurs. Cette zad, que nous défendons, nous n’en sommes pas propriétaires, nous voulons être des “passeurs de terres” , pour reprendre l’expression de Michel Tarin.

La journée verra aussi le levage du hangar dit “de l’avenir” dont les éléments ont été fabriqués de manière traditionnelle durant l’été sur la zad par des dizaines de charpentiers et charpentières. Cette oeuvre collective sera une structure commune pour le futur : un atelier menuiserie et charpente pour construire encore longtemps de belles choses sur la zad, et un espace pour penser l’usage commun des forêts. D’autres structures sont en préparation, lieux d’organisation pour la lutte en cas d’aggression. L’une d’elles, un hangar métallique, est aujourd’hui en cours de construction, juste au bord de la zad, près du Liminbout. Nous vous invitons à passer voir ces deux chantiers dans l’après midi, et à 18 heures, les charpentiers vous invitent à venir à leur rencontre sous le hangar de l’avenir.

Vous entendrez donc successivement, d’abord l’expression de l’ensemble du mouvement : 

 -un texte de solidarité avec les 10000 personnes migrantes de Calais dont l’expulsion est programmée. Car nous en sommes pas seuls à vivre sous la menace d’expulsion.
 -le serment des bâtons après lequel nous irons tous ensemble les planter dans le champs voisin.


Nous ferons alors une pause puis reprendrons avec le texte des six points sur l’avenir de la zad ;

Puis, en alternance avec des moments musicaux, vous entendrez d’autres collectifs qui nous sont proches : les voisins solidaires des bourgs alentou ; une prise de parole syndicale : sans doute avez-vous repéré dans les cortèges de ce matin la présence de militants syndicaux, de la CGT et de Sud notamment. Nous saluons tout particulièrement les salariés d’AGO de Nantes Atlantique, et de la CGT Vinci, et les écouterons avec attention. Une intervention des personnes visées par des interdictions de manifester. Des personnes de Bure, de Calais, d’autres qui luttent face aux politiques racistes et coloniales, et des camarades du NO TAV...

Si vous voulez prendre la parole, en votre au nom ou depuis un collectif, il y a un espace consacré à cela dans le champs des batons. Nous vous y lirons des messages de soutien reçus par mail.

Et à 19 heure sous le grand chapiteau, un spectacle cabaret, son et lumière vous racontera des bribes d’histoires de la lutte.

Que résonnent les chants de bâtons !

Texte de solidarité avec Calais 
 
Aujourd’hui nous entendons que si les expulsions n’ont pas lieu immédiatement à NDDL c’est parce que l’état met en priorité l’expulsion de la jungle de Calais. Loin de nous en réjouir nous affirmons notre soutien à toutes et tous les exilé.E.s et autres personnes indésirables au yeux du gouvernement.

A partir du 17 octobre, le bras armé de l’état compte expulser et déporter 10 000 personnes aux quatres coins de France voir dans d’autres pays. Il brise ainsi les réseaux de solidarité et exclu encore une fois toute possibilité de libre-circulation pour une partie de la population , qu’elle fuit les guerres menée notamment par La France, une situation économique difficile ou qu’elle souhaite simplement choisir son pays d’habitation.

Ici comme à Calais, main dans la main avec les multinationales, les politiques agissent dans une logique de gestion des population. Ici comme là-bas, VINCI, parmi tant d’autre voit ses intérêts financiers assurer par la destruction d’habitats, la construction d’un mur ou bien d’un aéroport.

Nous appelons à la solidarité et l’organisation d’actions contre les politiques xénophobes et raciste de l’état français, contre VINCI et les autres qui seraient impliqués dans les expulsions de Calais et à la ZAD de Notre-dame-des-landes.

Nous appelons à écouter et prendre en compte les revendications des habitants de la jungle de Calais.

## serment du bâton et textes communs du mouvement lus à l’arrivée de l’a manifestation du 8 octobre

Voici le serment des bâtons et les autres textes communs du mouvement (texte sur la mobilisation et texte de solidarité avec Calais) lus à l’arrivée de la manifestation du 8 octobre avant que les manifestants viennent planter leur bâtons dans la terre de la zad.

    Le serments des bâtons

Dès notre plus tendre enfance, le bout de bois, puis le bâton, prolongent notre main, en un outil incomparable... Bâtons de l’exploration prudente, pour sonder d’éventuels dangers... Pilons heurtant le riz ou le manioc dans les mortiers, qui scandent la vie quotidienne de tant de villages, en Afrique ou ailleurs... Bâtons pour rouir le chanvre, pour fouler la laine, pour remuer la lessive... comme l’ont fait nos parents... Bâtons du voyage et de l’échange, de celui du colporteur aux mats des plus grands voiliers, qui assuraient partout dans le monde la circulation des cultures.

Bâtons qui nous rassurent et nous soutiennent quand les problèmes ou l’âge sont là, sous forme de tant de cannes... Bâtons de la protection et de la défense, en particulier des troupeaux, ici pour déplacer les vaches, là pour la transhumance des brebis ou contre les prédateurs... bâtons des palissades...bâtons qui maintiennent nos dunes... Bâton du pèlerin... bâton de l’engagement... bâtons de la parole partagée... Oui les bâtons accompagnent nos vies. Et c’est la symbolique de tous ces usages du bâton que nous portons ensemble ce 8 octobre.

Mais bien sûr les bâtons nous parlent aussi de colère et de révolte. Ceux des innombrables jacqueries paysannes qui ont émaillé et construit notre histoire. Et il n’y a pas si longtemps, les paysans du Larzac ont préféré le chant de leurs bâtons de bergers aux bruits de bottes de l’extension d’un camp militaire. Ce qui nous menace ici n’est plus un camp, mais la voracité sans fin des multi-nationales prêtes à toutes les destructions pour la croissance de leurs profits. Ce sont les appétits personnels de leurs soutiens politiques. Ce sont eux qui sont responsables de l’opération César il y a quatre ans déjà, opération que nous avons fait collectivement échouer, ceux qui sont coupables de la mort de Rémi Fraisse. Nous ne pouvons oublier !

Pas plus que nous ne pouvons ignorer dans la période présente, les menaces et indices d’une agression prochaine de la zad, en vue de l’évacuer totalement et de la détruire. En ce 8 octobre, nous saisissons nos bâtons symbole de notre détermination, en tant qu’outils de protection de cette zad que nous aimons : ce que nous souhaitons, c’est que ce message de détermination soit si massif, porté si puissamment par la population, qu’il résonne si fort qu’il puisse éliminer la menace. Selon les choix des personnes ou collectifs qui les amènent ici, ces bâtons sont anonymes ou identifiés de différentes manières. Mais tous sont porteurs de notre engagement commun à ne pas abandonner cette zone au béton et aux avions.

En les plantant ici aujourd’hui, de manière publique et solennelle, nous scellons dans le sol de Notre Dame notre serment collectif, de venir, en cas d’agression de la zone, les reprendre ici face aux forces du désordre, et de participer à la défense à laquelle nous nous sommes préparés, dans la diversité de nos choix et capacités. Et s’il nous est impossible de rejoindre la zone, nous participerons, dans la France entière et bien au-delà, patout où nous serons, aux actions déjà en préparation.

Nous sommes convaincus que la force collective de personnes déterminées, sûres du bien-fondé de leur positionnement, peut encore faire entendre raison à tous ceux qui, à l’instar de Vinci et des élus corrompus, choisissent l’unique objectif du profit maximum pour quelques-uns.

Nous ne nous soumettons ni à la loi du profit, ni à celle du plus fort. Avec Michel Tarin - habitant de Notre-Dame-des-Landes décédé en 2015, ancien du Larzac, qui à mené, avec d’autres, une grève de la faim de 28 jours en 2012 - qui souhaitait tant que résonne le chant de nos bâtons, ensemble nous répétons : « nous sommes là, nous serons là... »

En ce 8 octobre, nous saisissons nos bâtons, symbole de notre détermination et outil de protection de cette ZAD que nous aimons. En les plantant aujourd’hui, nous scellons dans le sol de Notre-Dame-des-Landes notre serment collectif de revenir, si nécessaire, défendre la ZAD. Nous ne nous soumettons ni à la loi du profit, ni à celle du plus fort : nous sommes là, nous serons là !


Photo : © Emmanuel Brossier/Reporterre
 

Infos du 10 au 16 octobre


Lundi 10 octobre

Et il fait toujours beau en ce lundi matin post-week-end-de-folie, les gens repartent tranquillement chez eux, tandis que la vie se poursuit ici au rythme des chantiers pas finis et des constructions à venir, des chants des rouge-gorges et des premières chataignes qui commencent à tomber...



Pour bien commencer la semaine, on conseille de se renseigner un peu sur ses droits (liés à la circulaire du 20 septembre portant sur les les infractions commises à l’occasion des manifestations et autres mouvements collectifs), histoire de pas être pris.es au dépourvu aux prochaines manifs. L’état, à bout d’idées et d’argumentaires crédibles, renforce toujours un peu plus ses possibilités de répression, espérant sans doute qu’en criminalisant nos mouvements on perdrait du soutien. Quelle naïveté ! Nous on a presque hâte aux "stages de citoyenneté"...





Aussi, comme la solidarité va jusqu’aux fins fond des amériques, elle peut aussi bien aller jusqu’au sein d’AGO et de Vinci ! Vous trouverez en fichier joint la prise de parole de personnes des syndicats CGT AGO et Vinci, dont voici un extrait : "Nous avons beaucoup appris des contacts que nous avons eus ici. Notre solidarité est faite de sympathie avec des personnes que nous avons rencontrées en chair et en os, et ça fait qu’on ne nous fera jamais détruire quelque chose ici, parce que pour nous c’est carrément presque sentimental.

zad.nadir.org/IMG/docx/prises_de_parole_-_manifestation_du_8_octobre_2016_1_.docx


►Et encore quelques photos du week-end :








Sur la Zad de Notre-Dame-des-Landes, des milliers de bâtons enracinent la résistance
40.000 personnes se sont retrouvées samedi 8 octobre à Notre-Dame-des-Landes.
 Munis de bâtons symbolisant la détermination, elles ont montré que la résistance au projet d’aéroport reste toujours aussi forte.


- Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), reportage


Chacun plante son bâton sur le cordon de terre, formant vite une longue haie hérissée de piques sur une butte. On dirait un système gaulois de défense contre des légions romaines. Dès midi, samedi 8 octobre, ce bosquet rectiligne a commencé à se coiffer de branches de châtaigner, bambous, manches à balai, et même quelques tringles à rideau.
Autour de 40.000 personnes sont venues ce jour piquer leur bâton que symboliquement, ils et elles reviendront chercher en cas d’attaque de la Zad par la police.


Tout un symbole, des jacqueries de paysans sous l’Ancien régime à la marche du Larzac à Paris en décembre 1978, scandée par le rythme des bâtons de bergers du Causse martelant l’asphalte. Un texte rappelant cette symbolique a été lu devant la butte piquetée de tous ces morceaux de bois, "Le serment des bâtons".


Le matin, trois cortèges de ce peuple à bâtons ont convergé des extérieurs de la zone vers la ferme de Bellevue, occupée depuis janvier 2013. Le départ a été donné sous un joli soleil apparu pour réchauffer ce matin d’automne frisquet démarré à 9°C. Ces bâtons, de simples branches de châtaignier ou de frêne, bien droites ou pas, émondées, taillées. Certains ont été bichonnés, sculptés, gravés des classiques « Vinci dégage », ou peints comme des totems bariolés, ornés de rubans, de perles, de pompons ou de plumes, coiffés de drapeaux ou de ballons de baudruche. Des piquets solides dépassent au-dessus des têtes. Le long du fossé, à chaque point de départ, des stocks de bambous et de branches de bois brut attendent ceux qui n’ont rien prévu.


Le top départ est donné, la troupe démarre à travers champs. Un des bâtons levé à bout de bras sert d’antenne à un poste de radio qui diffuse Radio Klaxon, la radio pirate officielle de la ZAD qui depuis l’opération César squatte la fréquence de Vinci Autoroute et diffuse en direct dans le bocage. Au fil de l’onde des marcheurs, des bribes de discussion évoquent semences paysannes, flics, soupe d’ortie, histoires d’amour. Des baguettes de pain pointent de plusieurs sacs à dos. Les enfants adorent cette histoire de bâtons : « Mais m’man, on pourrait pas le garder, il est trop beau ? » Au détour d’un chemin, une buvette sauvage sur une carriole, puis un stand de crêpes cuites au bord de la haie sur une plaque en fonte, le fameux bilig breton.


Deux hangars pour le présent et le futur
Tout un symbole, des jacqueries de paysans sous l’Ancien régime à la marche du Larzac à Paris en décembre 1978, scandée par le rythme des bâtons de bergers du Causse martelant l’asphalte. Un texte rappelant cette symbolique a été lu devant la butte piquetée de tous ces morceaux de bois, "Le serment des bâtons". 
 

Le matin


Mais la marque de ce week-end, prévu pour montrer la détermination face à la menace de Manuel Valls d’évacuer la Zad cet automne, ne se limite pas aux forêts de bâtons. Deux solides hangars de belles charpentes blondes, toutes en tenons et mortaises, ont été montés, l’un dénommé le « hangar de l’avenir », qui sera confié à un atelier de menuiserie, et l’autre « hangar de la défense », en bordure de la Zad, voué à l’accueil des gens venus en soutien en cas d’opération policière massive. D’ailleurs le slogan vient le rappeler « Nous sommes là, nous serons là ! ». Le comité anti-aéroport de Redon a fait imprimer des autocollants en forme de cœur « J’aime la Zad » que tout le monde porte sur le cœur, forcément.


    Un monde contre un autre



Ficelé à une haie d’épineux, un panneau : « 17 oct 1961 : la police jette les manifestant-e-s algérien-nes dans la Seine. 17 oct 2006 (?) la police expulse les migrant-es de Calais ». Sur le mur d’une ferme : « Ici comme ailleurs, riposte féministe contre les violences sexistes ». A Vinci « et son monde », la Zad oppose son propre monde, fort de valeurs, de solidarités et de revendications.



Le long du parcours qui mène à l’aire centrale du rassemblement, petite surprise à la ferme occupée de Saint Jean du Tertre : un trio vocal féminin juché sur des buses de béton entonne « La Semaine sanglante », en hommage à la Commune, et « La Grève des mères » de Montéhus, « dédiée à la mère de Rémi Fraisse ».

Dans les trouée des haies, des vaches regardent, étonnées de tout ce monde de bon matin. Sur le fil barbelé de leur clôture, une pancarte porte une citation de Michel Tarin, paysan et militant historique de la lutte contre ce projets d’aéroport, engagé dès les premiers jours pour défendre le Larzac, décédé l’an dernier : « Je ne suis pas propriétaire, je suis passeur de terre. »




Une formule qui parle à Sophie Hoarau, formatrice en permaculture dans son village de Roquevaire (Bouches-du-Rhône) : « La terre ne nous appartient pas. On ne peut pas se l’approprier, mais on peut la gérer sur une base de consensus. Les gens qui sont venus se greffer sur ce patrimoine naturel des terres ont développé des techniques locales, résilientes, dans la sobriété et l’autonomie. Ici on passe à l’acte, ça ne reste pas dans des théories intellectualistes. » Si elle a traversé la France, venue en car de Marseille, c’est pour elle exceptionnel : « En général je n’aime pas les manifestations, la foule et je ne viens jamais à ce genre de rassemblement, que j’ai du mal à supporter. Mais j’ai l’impression qu’ici, on est à un tournant de l’histoire et que c’était ma place. Il y a une cohérence, une énergie, l’autogestion, l’acceptation des différences. On retrouve l’esprit original du communisme, de la mise en commun. La symbolique du bâton, sa simplicité, me font penser au "jō", l’arme de l’aïkido, un art martial, science de l’harmonie, qui n’est pas violent. Je l’ai pratiqué il y a une vingtaine d’années, sans trop comprendre la philosophie à l’époque, mais ça me parle bien aujourd’hui. C’est curieux, d’ailleurs, beaucoup de permaculteurs font de l’aïkido... »


Yannick Mainard, lui, a fait la route depuis Poitiers. C’est la cinquième ou sixième fois. La chaîne humaine, l’occupation de la quatre voies, la manif à Nantes le 22 février 2014, il y était. « Cette histoire de bâtons, je ne sais pas d’où ça vient, avant le Larzac... faudrait trouver l’histoire. Bon là, j’ai un peu triché, j’ai amené ma canne en bois que je pense ramener chez moi. L’intervention de la police, je ne sais pas si c’est plausible. Le gouvernement a aujourd’hui tellement de choses à régler, à gauche à droite, en commençant par Calais... Ils sont un peu occupés, quoi. Mais s’il y a besoin, on reviendra, bien sûr. »
Jeff et Richard : « La question essentielle, c’est : Qu’est ce qu’on veut faire de notre monde ? »

Richard et Jeff sont tous deux techniciens de maintenance dans l’industrie, le second dans l’aviation : « Oui je sais... Mais ça n’empêche pas d’être contre ce projet d’aéroport inutile. On en a déjà un aéroport à Nantes, que j’utilise une dizaine de fois par an, pour aller chercher ma fille à Marseille. Ca marche très bien, je ne l’ai jamais vu saturé, même à Noël. Dans un monde dont on atteint les limites, on pourrait faire tant de choses avec les millions d’euros investis dans ce projet. " Pour son copain Richard, cette lutte est importante : « J’essaie de prendre du temps pour y participer. Et chaque fois c’est un plaisir de retrouver tous ces gens, cette énergie de la vie qu’on trouve sur la Zad, qui construit des projets agricoles et politiques. La question essentielle, c’est qu’est-ce qu’on veut faire de notre monde ? Avec l’opposition à la loi Travail, on voit bien qu’une grosse partie des gens veulent changer. Et on perçoit bien les limites du capitalisme et des projets des multinationales. On n’était pas venus avec un bâton, on nous en a donné un en arrivant. S’il faut faire blocus face aux forces de l’ordre on sera présents, avec notre bâton ! »
Un cerf-volant survole une coalition éphémère des chorales dans le pré et les grappes de gens qui pique-niquent ou sculptent leurs bâtons, gravent des spirales, des mots doux pour Vinci avant d’aller le planter avec les autres.
Sous une tente se tient un atelier de fabrication de masque anti-lacrymogène avec des bouteilles en plastique, du charbon et des chambre à air de vélo. Un stand propose des lanceurs de peinture à prix libre. Les sacs à dos s’ouvrent pour déposer des livres pour Le Taslu, la toute nouvelle bibliothèque de la Zad. L’enthousiasme remplit un conteneur.

    La CGT Vinci contre le « projet crapuleux »



Si la solidarité se renforce autour des stands, un verre à la main, devant le "cartel des cantines de lutte", elle se nourrit aussi des prises de parole. Comme celle du délégué du syndicat CGT de Vinci au plan national dénonçant les « profits privés avec de l’argent public et le projet crapuleux d’aéroport alors que ce qui se passe sur la Zad est exemplaire pour la construction des luttes et la démocratie dans le combat », tout revendiquant « la remise en cause du travail que Vinci nous fait faire, sous l’angle de son utilité sociale, ce qui nous fait renouer avec les valeurs historiques de notre syndicat. Au même moment nous apprenons qu’une filiale de Vinci doit construire le mur de la honte à Calais, une autre participer à la démolition de la zone sud de la jungle. Ce n’est plus un point de vue syndical, là on touche à l’abomination ».

    Droit d’alerte, droit de retrait


Il rappelle les deux consignes données par le syndicat aux travailleurs du bâtiment, un « droit d’alerte », s’ils sont sollicités pour des travaux pour l’aéroport, de prévenir aussitôt la Zad et l’Acipa (l’association citoyenne des opposants à l’aéroport) « pour dire quels travaux, où, quand", le tout couplé avec le rappel de l’exercice du droit de retrait prévu par la loi si l’exercice de son travail paraît mettre en « danger grave et imminent » les conducteurs d’engins et autres salariés, « pris dans un contexte d’affrontements ». Un peu plus, il glissait un mot sur la légitimité du sabotage.


Les riverains ont aussi redit leur hantise de voir revenir l’hélicoptère survolant leurs maisons en permanence, les contrôles d’identité jusque devant l’école primaire, déjà vécus et subis en 2012 lors de l’opération César. Ils rappellent au micro qu’ils ne marchent pas dans la manipulation consistant à diaboliser « la Zad avec qui nous vivons en bonne intelligence au quotidien. C’est un lieu d’échange, de fleurissement dans tous les sens du terme, qui invente une nouvelle façon de vivre ensemble ». Ils sont quatre habitants des alentours à se déclarer « prêts à défendre la Zad », prenant le micro pour dire avec fermeté : « Les forces de l’ordre ne doivent pas s’attendre à notre collaboration. » Une déclaration justement faite sous le staccato de l’hélico des gendarmes qui survole le champ depuis le matin et la haie de bâtons hérissée vers le ciel.
 
Source : Nicolas de La Casinière pour Reporterre

Photos : © Emmanuel Brossier/Reporterre. sauf : Enfants et tracteurs (© Hermine Rosset/Reporterre)


Mardi 11 octobre



#FAXPARTOUT, la campagne continue :


Appel à une campagne de fax et appels à Ago-Vinci pour obtenir les informations sur les procédures cachées à l’encontre des habitants de la zad.

voir l’article ici

L'appel d'Hubert Reeves 

contre l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes



L'astrophysicien Hubert Reeves s'associe à une tribune publiée par l'association Humanité & Biodiversité dont il est le président d'honneur. 

Une tribune intitulée "Chronique d'une catastrophe annoncée".

 


"Informé de la prise de position de l'association Humanité & Biodiversité, en tant que président d’honneur de cette association, je m’associe pleinement à la conclusion de ce plaidoyer", explique en préambule le célèbre astrophysicien Hubert Reeves. 
Le plaidoyer en question s'intitule "Chronique d'une catastrophe annoncée... que Humanité & Biodiversité se refuse à accepter !" En voici le texte :
NOTRE-DAME-DES-LANDES Chronique d'une catastrophe annoncée... et qui, de tant de manières, aurait pu être évitée.

Humanité et Biodiversité ne se consolera pas en se disant, et en disant : "on l'avait bien dit : un mauvais projet, une mauvaise analyse des alternatives possibles, une mauvaise consultation avec une question mal posée et un dossier d'information mal fait, et voilà le résultat...". Non, et même si par un heureux hasard ou par bonheur, des épisodes de violences sont évités, il reste que pourrait se réaliser un mauvais projet pour l'environnement comme pour les finances publiques, un projet qui  laissera une profonde amertume dans l'esprit de tous ceux et toutes celles qui ont pris la peine de regarder le dossier de près, d’envisager et proposer des alternatives moins impactantes d’un point de vue social, environnemental et économique.


 Quand on est viscéralement hostile au règlement des conflits par la violence (ce qui anime les responsables de l’association Humanité et Biodiversité), on peut s’imaginer oser appeler à "la non-violence" ceux qui s'opposent au projet, et appeler à la "non-puissance" ceux qui s’autorisent à penser qu’ils ont raison avec 55% de oui à l'issue d'un referendum mal "ficelé" "et restreint géographiquement. "Ce n'est pas parce qu'on a tous les moyens d'exercer sa puissance qu'on doit le faire" écrivait Jacques Ellul dans son livre "Théologie et Technique - pour une éthique de la non-puissance". Ce ne serait ridicule, ni d'un côté, ni de l'autre. Et même en période électorale, il serait plus responsable et respectueux de la part de ceux qui exercent le "pouvoir" de sortir de ce conflit autrement que par la raison du plus fort. Suivre le sens de l'intérêt général, avec ouverture d'esprit et concertation, pour trouver la meilleure solution est essentiel pour accéder à un vivre ensemble harmonieux.

"Il est toujours possible d'arrêter un conflit destructeur de destins et de valeurs démocratiques… La situation à Notre-Dame-des-Landes offre cette opportunité: Humanité et Biodiversité appelle nos responsables politiques à s’en saisir", commente Hubert Reeves. Il s’agit d’éviter des affrontements qui, de musclés, pourraient devenir mortels. Ajouter de la violence aux violences que subit déjà la société française, est insupportable à qui souhaite une société apaisée. En cette période pré-électorale, ne pas aviver les tensions sociales serait plus conforme à ce que l’on attend du monde politique. La France n’est-elle pas la patrie des philosophes des Lumières ?"

Sciences et avenir



 
Mercredi 12 octobre

Hollande « hostile » à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, Valls veut envahir la Zad, Royal non



 
Cacophonie au sommet de l’Etat : Valls veut envahir la Zad, Royal s’y oppose, Hollande dit être contre le projet d’aéroport.


Dans un livre intitulé Un président ne devrait pas dire ça... Les Secrets d’un quinquennat, qui parait mercredi 12 octobre, les deux journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme, ont recueilli les confidences de François Hollande.

 Le président de la République leur aurait notamment confié qu’à titre personnel, il est hostile à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et qu’il pense que ce projet « ne verra pas le jour ».


De son côté, Ségolène Royal, la ministre de l’Environnement, a pris une position très critique sur le projet d’aéroport : le 1e octobre, lors de l’émission « On n’est pas couché », elle a rappelé qu’il faut régler « un certain nombre de contentieux », parmi lesquels la procédure engagée par l’Europe sur l’impact environnemental du chantier.


Déplorant « un déficit démocratique et de transparence sur les décisions prises », elle a déclaré : « Dès le départ, l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes a été surdimensionné, sans doute pour des intérêts financiers ou parce qu’il fallait absolument justifier son déplacement. Jamais il n’y a eu une autorité médiatrice qui a dit : ’Comparons les deux projets, nouvel aéroport ou aménagement de la structure actuelle, et voyons ce qui se passe’. Cela ne sera plus possible car j’ai réformé la procédure de transparence sur les choix des grandes infrastructures. Désormais, des initiatives populaires pourront être prises pour soumettre à référendum local des grands projets d’infrastructures. Malheureusement pour Notre-Dame-des-Landes, cela n’a pas été le cas car il a fallu faire en catastrophe un référendum sans remettre à plat l’ensemble des dossiers, tout le monde était figé sur ses positions. »


Elle est intervenue de nouveau lundi 10 octobre, sur i-Télé, se déclarant défavorable « à l’évacuation par la violence de la Zad. Ça se passerait très mal et ça serait là aussi des violences et des affrontements tout à fait inutiles », avait-elle déclaré, évoquant un « déni de démocratie » dans le dossier.


Manuel Valls, premier ministre, lui a répondu mardi 11 octobre, ré-affirmant sa volonté d’envahir la Zad : l’expulsion est « pour cet automne », dit-il à Ouest-France. « Ça se fera. Il ne peut pas y avoir d’autre voie. »


« La DUP (déclaration d’utilité publique) dure jusqu’en janvier 2018, a-t-il poursuivi. Les grands travaux d’aménagement de l’aéroport, c’est à partir de 2018. Avant, il faut que les travaux de défrichement aient été lancés. Engager des travaux nécessite des moyens, des forces mobiles pour tenir ensuite le terrain et protéger Nantes et Rennes. Si ça ne se fait pas avant mars 2017, ça ne se fera jamais ».




 
La Mauvaise Troupe, collectif auteur de "Contrées, histoires croisées de la zad de Notre-Dame-des-Landes et de la lutte No TAV dans le Val Susa" vient de publier dans le Monde une tribune intitulée "ZAD : Valls sans retour" ::

ZAD : Valls sans retour.

Depuis Notre-Dame-des-Landes par le collectif Mauvaise Troupe


Alors que nous écrivons ces lignes, le bruit de l’hélicoptère tente de briser notre concentration. Il tourne, désormais quotidiennement, là-haut où les avions ne volent pas, répandant sa rumeur de guerre et de reconquête. César1 guette et cherche à impressionner. Parfois il se met légèrement sur le flanc, pour nous mieux observer. Est-il surpris par la ronde des tracteurs qui depuis quelques jours déposent des balles de foin aux carrefours ? Par ces comités de soutien qui viennent repérer les lieux les plus stratégiques où ériger leurs barricades ? Par les formations qui chaque fin de semaine regroupent plus de cent personnes venues se préparer aux expulsions annoncées ? Peut-être l’est-il davantage encore de tous ces gestes qui perdurent. Sylvie et Marcel qui soignent leur troupeau, les moissons du sarrasin, un fest-noz célébrant la récolte de patates, quatre-vingt charpentiers bâtissant l’ossature d’un gigantesque hangar ou une bibliothèque tout juste inaugurée. Son regard peut-il embrasser avec les 2000 hectares toute la richesse de la vie qui les peuplent ? Celle qu’il prétend détruire dans le mois à venir...

Les préparatifs d’une nouvelle opération d’occupation et de destruction du bocage à sept moSans nom 2is des élections présidentielles ont quelque chose d’irréel. Après un printemps de grèves, de blocages économiques, d’agitation de rue contre la loi travail, en plein état d’urgence, quel serait l’enjeu de transformer ce coin de campagne mais aussi la ville de Nantes en véritables poudrières ? Ce n’est certes pas seulement pour construire un aéroport de plus et ainsi honorer les « accords public-privé » avec la multinationale Vinci. S’il est vital pour les gouvernants d’écraser la zad, c’est qu’elle constitue une démonstration insolente d’une vie possible sans eux. Et d’une vie meilleure. À l’heure où la seule prise politique qui nous est proposée consiste à choisir, le nez bouché, le moins pire des affairistes en mesure de battre le FN (mais d’en appliquer le programme), le surgissement d’un territoire hors et contre le principe même de gouvernement leur est insupportable.

Car ici, l’expression « zone de non droit », qu’ils voudraient effrayante, a pris une acception radicalement positive. Contrairement à ce qui a lieu dans les rues des villes « policées », à la zad, personne ne dort dehors et chacun mange à sa faim. De grands dortoirs accueillent les arrivants, un « non-marché » hebdomadaire propose les légumes, la farine, le lait, le pain et les fromages produits sur place, sans qu’un prix ne vienne en sanctionner la valeur. Dans les nombreuses infrastructures collectives, mais aussi dans les échanges ou les travaux collectifs, les relations se basent sur la confiance et la mise en commun, à l’envers des logiques ayant cours qui s’appuient sur le soupçon et l’individualisme. Ce que les cyniques de tous bords taxent d’utopie irréalisable est éprouvé dans les gestes et la matière. Même l’absence de police et de justice - les gendarmes ne fréquentant plus la zone depuis 2013 - n’a pas produit le chaos que d’aucuns auraient imaginé et souhaité. Les opposants à l’aéroport ont démontré qu’ils étaient capables de vivre ensemble sans aucune tutelle les surplombant. Une communauté de lutte a donc patiemment vu le jour, nouant des liens tissés pour résister aux attaques comme au pourrissement. Tout ceci ne va pas sans heurts, évidemment, si déshabitués que nous sommes à décider nous-mêmes de nos devenirs. Nous réapprenons, nous apprenons, et rien n’est plus joyeux et passionnant que de se plonger dans cet inconnu.

C’est pour toutes ces raisons que la zad représente une véritable expérience révolutionnaire, de celles qui redessinent radicalement les lignes de conflit d’une époque. Le mouvement anti-aéroport s’étend aujourd’hui dans des pans de la société habituellement plus sensibles au chantage à l’emploi et à la crise qu’à la défense d’un bocage. Les salariés de Vinci, mais aussi de l’actuel aéroport, ont clairement exprimé, via leurs sections CGT, qu’ils rejoignaient la lutte et ne seraient jamais des « mercenaires ». De même, les lycéens et étudiants mobilisés au cours du mouvement contre la loi travail s’apprêtent à bloquer leurs établissements dès l’arrivée des troupes. Trop d’espoirs sont condensés ici pour que nous puissions être vaincus, il en va de notre avenir, de nos possibilités d’émancipation. Nombreux sont ceux qui le pressentent, se tenant prêts à transformer la bataille de Notre-Dame-des-Landes, si elle a lieu, en véritable soulèvement populaire, capable de rabattre l’arrogance d’un État qui pense pouvoir impunément casser les travailleurs, précariser la population, mutiler les manifestants, tuer Rémi Fraisse, Adama Traoré et tant d’autres, donner un blanc-seing à sa police et continuer allègrement sa chasse aux migrants.


Face à leurs fusils semi-létaux, face à leurs blindés à chenilles, nous aurons les armes séculaires de la résistance : nos corps, des pierres, des tracteurs et des bouteilles incendiaires, mais surtout notre incroyable solidarité. Peu importe que la partie soit inégale, elle l’était tout autant en 2012, quand après des semaines dans la boue, derrière les barricades, nous leurs avons finalement fait tourner les talons. Il y a quelques semaines déjà, alors que sous le hangar de la Vacherit l’assemblée du mouvement touchait à sa fin, un octogénaire se lève, un éclat de malice dans le regard et des cartons plein les bras. Il déballe fièrement les mille lance-pierres qu’il a fabriqués avec quelques complices pour projeter des glaçons de peinture. Tous rient, mais en essaient l’élastique. Car s’il faut à nouveau prendre les sentiers de la guerre pour défendre ce bocage, nous serons nombreux à le faire, ici, partout. C’est ce que nous avons affirmé ensemble une fois de plus lors de la grande manifestation du 8 octobre. Brandissant nos bâtons, nous avons scellé ce serment : nous défendrons ce bocage comme on défend sa peau ; policiers, soldats, politiciens, vous pouvez venir raserSans nom 2 les maisons, abattre le bétail, détruire les haies et les forêts, ne vous y trompez pas : la fin de votre mandat ne suffirait pas à éteindre ce que vous embraseriez à Notre-Dame-des-Landes.


Collectif Mauvaise Troupe

 
Jeudi 13 octobre

Ça parle beaucoup de la zad dans les salons ministériels en ce moment : et même si ce n’est pas notre tasse de thé, on se dit que c’est pas mal de faire un petit retour là dessus, ça s’appellerait :


LE FEUILLETON POLITICARD

Lundi, le ministre de la justice a affirmé que le projet se ferait et qu’il avait demandé à ce que l’on dépoussière l’arsenal juridique susceptible d’être utilisé contre les personnes s’opposant à un projet "d’utilité publique". Puis Ayrault en a remis une couche. Retournement de situation le soir même quand Royal, interrogé sur itélé déclare : "Non, je ne suis pas favorable à l’évacuation par la violence de la Zad. Cela se passerait très mal et ce serait là aussi des violences et des affrontements tout à fait inutiles (...) Aujourd’hui, ce ne serait plus possible de construire l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes avec un tel déficit démocratique parce que depuis, j’ai fait voter la Loi de transition énergétique, j’ai fait voter la démocratisation du droit de l’environnement. La charte du dialogue environnemental a été publiée ».

Mardi, Valls rentre en scène : "La ZAD de Notre-Dame-des-Landes sera évacuée "cet automne. Ça se fera. Il ne peut pas y avoir d’autre voie. La DUP (déclaration d’utilité publique, NDLR) dure jusqu’en janvier 2018. Les grands travaux d’aménagement de l’aéroport, c’est à partir de 2018. Avant, il faut que les travaux de défrichement aient été lancés. Engager des travaux nécessite des moyens, des forces mobiles pour tenir ensuite le terrain et protéger Nantes et Rennes. Si ça ne se fait pas avant mars 2017, ça ne se fera jamais".

Mercredi le feuilleton se poursuit avec des extraits d’un bouquin à paraitre de Hollande où il déclare être contre le projet dans sa forme actuelle, ne pas croire qu’il se construira... « Le plus probable, c’est que ce projet ne sera pas annulé, mais ne verra pas le jour ! » Le porte parole de l’Elysée expliquera que l’expulsion aura bien lieu parce que depuis il y a eu le référendum. Référendum ? Curieusement le mot consultation (ce qui a été soumis fin juin aux seul.e.s habitant.e.s de Loire-Atlantique), qui dit bien le caractère non décisionnaire n’apparait plus. Pratique... En tous cas les élus ragent et demandent au président de se prononcer en personne sur la question.

Jeudi Royal remet une couche en réaffirmant à la télé son opposition à l’usage de la violence. « Je ne veux pas prendre un nouveau risque pour un ouvrage qui n’est plus adapté à la situation ni aux règles en vigueur », mais « cela relève du ministre de l’Intérieur de décider », a conclu la ministre de l’Environnement. Ah ba oui, c’est pratique, ça. Le sénateur PS de Loire-Atlantique est très colère et demande à Royal de démissionner. ça sent le réglement de compte...

Pour en rajouter encore, hors gouvernement, je vous renvoie à un courrier de lecteur qui répond aux propos de Retailleau ce jeudi sur France Inter. Celui ci (le politicien, pas l’aimable lecteur) déclarait l’évacuation nécessaire mais considère qu’il ne faut "surtout pas recourir à la violence". Bon courage.



un dessin de Pato qui date de mars 2016

et un autre...
 
Vendredi 14 octobre



Ce matin les pro-aéroport des ailes pour l’ouest ce sont encore une fois ridiculisés. Ils sont venus apporter des cartons de déménagement à Notre-dame-des-landes espérant nous lancer un ultimatum de départ. Selon leur communiqué de presse :
« Depuis le référendum, la donne a changé. Les citoyens concernés soutiennent ce transfert et le projet verra le jour.

Les Zadistes peuvent encore partir d’eux-mêmes. Après il sera trop tard »

D’ici on voit surtout qu’on est toujours aussi nombreux et nombreuses voir plus... et que les ailes pour l’ouest ce matin n’était encore que... 20.

On relaie l’appel des étudiant.e.s Nantaise à défendre la ZAD "



L’Etat veut lancer le défrichage de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes



L’État prévoit « quelques travaux » de défrichage dans les prochaines semaines sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Cette annonce intervient une semaine après un rassemblement massif où des milliers d’opposants ont prêté le serment de revenir défendre la zone à la moindre amorce de travaux.

Une semaine après l’afflux de plusieurs milliers de personnes (40 000 selon les organisateurs, 12 800 selon la préfecture) contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et pour défendre la zone occupée par ses opposants, la ZAD, l’État annonce vouloir démarrer le défrichage du terrain. « Quelques travaux de défrichage doivent être réalisés au cours des prochaines semaines », indique l’Élysée, confirmant une information de Libération. L’enjeu, explique à Mediapart l’entourage de François Hollande, c’est de « ne pas faire tomber les expropriations ».

Sur les 1 650 hectares de terre déclarés d’utilité publique en 2008 pour y ériger l’aérogare et les routes devant y conduire, environ 650 hectares ont fait l’objet de mesures d’expropriation : les propriétaires de ces parcelles, une cinquantaine de personnes, ont refusé de les vendre à Aéroport du Grand Ouest (AGO), la société concessionnaire du projet où Vinci est très largement majoritaire. La puissance publique s’est alors saisie de leurs terres par le biais d’ordonnances d’expropriation, entre janvier et février 2012.

Mais si au bout de cinq années aucuns travaux substantiels n’ont lieu, les expropriés peuvent en réclamer la rétrocession, au titre de l’article L. 12-6 du code de l’expropriation. Rien n’assure que les juges accorderaient à ces personnes le retour de leurs biens. Mais cela initierait une nouvelle salve de procédures juridiques alors que la déclaration d’utilité publique (DUP) expire, elle, en 2018. C’est tout le fondement juridique du projet d’équipement qui risque de devenir obsolète. La jurisprudence prévoit que l'expropriant rejette la rétrocession si les travaux ont été « sérieusement commencés », ou, pour un programme de travaux, qu'une « partie suffisamment importante du programme d'ensemble » a été réalisée, précise Thomas Dubreuil, avocat. Cette appréciation ne s'effectue pas à l'échelle de parcelles concernées par l'ordonnance d'expropriation, mais à l'échelle de la totalité des parcelles expropriées, et donc de l’entièreté des travaux entrant dans le champ de la DUP. Parmi les expropriés, se trouvent les paysans historiques de la zone. Ils ont refusé d’encaisser l’indemnisation d’expropriation, consignée sur un compte de la Caisse des dépôts et consignation, précise Julien Durand, agriculteur à la retraite et opposant de longue date. 

La forêt de bâtons plantés à Notre-Dame-des-Landes le 8 octobre par des opposants (JL)


Rien ne filtre sur la date ou l’ampleur du défrichage envisagé. Sur d’autres chantiers récents comparables par la topographie des lieux à Sivens (Tarn) – une zone humide – et à Bure (Meuse) – une forêt –, des talus, des taillis et des souches d’arbres ont été arrachés lors des opérations de défrichement. Ces interventions pourraient avoir lieu sur le tracé du projet de barreau routier, au sud de la ZAD, où des fouilles archéologiques préventives ont déjà eu lieu et qui est plus facile d’accès que le cœur de la zone occupée par quelque 250 à 300 personnes. Fin 2015, l’État avait publié des appels d’offres pour le défrichement de la ZAD. Mais les résultats n’ont jamais été publiés.

Sur le papier, ce scénario d’intervention se distingue de celui d’une évacuation de la zone. Mais comme Manuel Valls l’a annoncé mardi dans Ouest France : « L’évacuation, c’est pour cet automne. Ça se fera. Il ne peut pas y avoir d’autre voie. La DUP (Déclaration d’utilité publique) dure jusqu’en janvier 2018. Les grands travaux d’aménagement de l’aéroport, c’est à partir de 2018. Avant, il faut que les travaux de défrichement aient été lancés. Engager des travaux nécessite des moyens, des forces mobiles pour tenir ensuite le terrain et protéger Nantes et Rennes. Si ça ne se fait pas avant mars 2017, ça ne se fera jamais. »

Deux jours plus tard, l’Élysée déclare au quotidien : « Il y a eu un référendum. Le peuple consulté s’est prononcé en faveur de cet aéroport. Les procédures se poursuivent pour qu’il puisse voir le jour. La mise en œuvre des décisions appartient désormais à la préfecture de Loire-Atlantique et au ministère de l’intérieur. Mais il n’y a pas de changement, tout au plus un effet de calendrier. »

Mais l’État peut-il défricher quelques endroits de la ZAD sans l’évacuer ? La semaine dernière, Vincent Delabouglise, porte-parole de COPAINS, un réseau de paysans anti-aéroport, expliquait lors d’une conférence de presse à Paris que le moindre coup de pioche dans le sol de la ZAD serait pris pour « une agression ». Samedi 8 octobre, des milliers de manifestants ont planté des bâtons sur le talus d’un champ et ont prêté le serment de revenir défendre la zone à la moindre amorce de travaux. Une foule de personnes ont participé à des réunions de préparation d’actions de blocage de routes en cas d’envoi de la troupe. Des centaines de tracteurs sont prêts à débouler pour protéger les fermes à la moindre alerte. Le gouvernement est-il prêt à prendre le risque d’un affrontement généralisé, autour de Nantes et potentiellement ailleurs en France à quelques mois de l’élection présidentielle ?

Ces derniers jours, la ministre de l’écologie, Ségolène Royal, a dénoncé à plusieurs reprises les risques d’une expulsion par la force de la ZAD : « Je suis tout à fait opposée à l’usage de la force parce que ça mettrait en danger les forces de l’ordre, qui sont déjà extrêmement mises à contribution, et les occupants illégaux du site. Je ne renonce jamais à obtenir un résultat par la non-violence. C’est ce qu’il faut viser. Il y a déjà eu un mort à Sivens. Je ne veux pas connaître ce type de drame une deuxième fois », a-t-elle déclaré jeudi 13 octobre sur France 2. Lundi, elle avait critiqué sur iTélé un « déni de démocratie, de transparence, un manque de dialogue et d’explications » et qu’elle n’était « pas favorable » à son évacuation « par la violence », car elle « se passerait très mal ».

Mais les élus, de droite et de gauche, du syndicat mixte aéroportuaire ont condamné ses prises de position : « Ces propos d’un ministre qui défie l’autorité de l’État et s’oppose au respect de la loi ne peuvent rester sans suite alors que les forces de l’ordre se préparent à faire respecter la loi de la République et les décisions de justice sur la ZAD. Nous appelons clairement le président de la République et le premier ministre à recadrer Madame Royal qui ne peut impunément bafouer leur autorité et mépriser les citoyens concernés qui ont voté le 26 juin et qui attendent le respect de la loi et de la démocratie. C’est désormais l’autorité non seulement sur la ZAD mais aussi au sein du gouvernement qui est en jeu », ont déclaré Bruno Retailleau, président LR de la Région des Pays de la Loire, Johanna Rolland, la maire de Nantes, Philippe Grosvalet, président (PS) du département de Loire-Atlantique et David Samzun, maire PS de Saint-Nazaire.

Lundi, Jean-Marc Ayrault, ministre des affaires étrangères et ancien maire de Nantes, et l’un des principaux défenseurs du projet d’aéroport, a déclaré sur France Inter : « Il y a eu une forte participation pour un référendum et il y a eu un vote qui est très net. Maintenant, c'est l’État de droit qui doit s'imposer […] Le droit a parlé, la démocratie a parlé. » Pour lui : « On arrive au bout des recours, y compris les procédures européennes. Il n’y a plus d’obstacle juridique et puis il y a eu un choix politique qui a été fait par le président de la République de consulter la population impactée. » Une échéance judiciaire très attendue se tient le 7 novembre : la cour administrative d’appel de Nantes doit rendre sa décision sur les arrêtés préfectoraux autorisant la destruction des espèces protégées de la ZAD ainsi que la déclaration d’utilité publique du programme viaire. Cette audience doit marquer le dénouement d’une longue bataille de recours contre le projet d’aérogare.

Une autre échéance est mise en avant par les opposants : le précontentieux avec l’Europe, qui a demandé à la France une nouvelle étude d’impact et prévenu que si les travaux démarraient avant, l’infraction avec le droit européen serait constituée. Ce document ne peut être remis à Bruxelles avant janvier 2017.

À Paris, l'exécutif continue d'étaler ses divisions à propos d'un sujet sur lequel François Hollande n'a guère de doctrine bien arrêtée. Dans le livre Un président ne devrait pas dire ça des journalistes Gérard Davet et Fabrice Lhomme (Stock, 2016), il semble réfléchir à voix haute, soupesant toutes les hypothèses, disant tout et son contraire. « Je ne suis pas pour le projet en tant que tel », lâche le président. Mais il ajoute aussitôt : « Il n’y a pas de raison de revenir sur ce choix. » Parce que beaucoup d'élus locaux y sont favorables (c'est un argument important pour Hollande), et parce qu'il ne veut pas donner l'impression de laisser gagner des « groupes radicalisés ». Arrêter Notre-Dame-des-Landes, « ça voudrait dire que des groupes radicalisés peuvent, sur certains projets, aller à l’encontre de la volonté des élus. Ça donne un argument, à Sarkozy et à d’autres, sur le thème : “Vous voyez, où est l’autorité de l’État ?” »
Surtout, le président de la République semble totalement insensible aux motivations qui poussent des milliers de personnes à combattre l'aéroport depuis des années. Pour lui, c'est un mouvement ringard et passéiste. « Avant la radicalité, c’était l’usine, qui ne devait pas fermer, un conflit lié au travail… Maintenant, c’est : on ne veut pas du progrès. » À ses yeux, « au Larzac, c’était contre l’armée, c’était populaire. Mais un aéroport, il y a de l’emploi, ce n’est pas populaire ».

François Hollande prévient tout de même, à propos des zadistes : « Le problème, c’est qu’ils se sont installés dans la forêt, ce sera une guérilla pour les déloger, avec un risque de blessés, de morts… L’évacuation ne peut se faire qu’à certaines conditions. »

Lénaïg Bredoux et Jade Lindgaard - Médiapart





Samedi 15 octobre





Suite à l’action "15 000 cœurs pour défendre la ZAD", le Collectif de Redon publie un petit retour/topo et souhaite mettre à disposition les fichiers pour celles et ceux qui voudraient en imprimer.

Mais demain, c’est manif ! 

 on relaie un appel à rassemblement Saint Brévin les Pins : en soutien aux exilé-e-s de Calais et en réponse à la mobilisation de fachos et de leurs allié-es qui s’est tenue samedi dernier et celle prévue ce samedi à Saint-Brévin les Pins.
Rendez-vous devant la mairie de Saint Brévin les Pins (44) dimanche 16/10 à 14h.

Samedi soir : On a eu deux infos, non-confirmées jusqu’à présent, faisant état de possible intervention à partir de lundi. On travaille à vérifier ces infos : on ne lance pas d’alerte pour le moment, on vous tient au courant dès qu’on peut.

Sylvain Fresneau: « Je suis paysan et zadiste »


Issu d’une famille d’agriculteurs installée à Notre-Dame-des-Landes depuis cinq générations, Sylvain Fresneau habite chez lui sans droit ni titre à cause du projet d’aéroport. Alors que l’État veut lancer le défrichage de la zone, il livre son témoignage sur la crise du monde agricole.

Une semaine après l’afflux de plusieurs milliers de personnes contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le 8 octobre 2016, l’État annonce vouloir démarrer le défrichage du terrain, pour ne pas mettre en péril le processus des expropriations. Sur les 1 650 hectares de terres déclarés d’utilité publique en 2008 pour y ériger l’aérogare et les routes devant y conduire, environ 650 hectares ont fait l’objet de mesures d’expropriation : les propriétaires de ces parcelles, une cinquantaine de personnes, ont refusé de les vendre à Aéroport du Grand Ouest (AGO), la société concessionnaire du projet dans laquelle Vinci est très largement majoritaire. Parmi elles, se trouve Sylvain Fresneau, producteur laitier et figure historique de la lutte contre l'aéroport.

Des milliers de personnes se disent prêtes à venir défendre la ZAD contre le projet d’aéroport, comment s’organise la résistance à l’évacuation sur la zone ?

Sylvain Fresneau : Depuis les mois de janvier et de février, dates du jugement d’expulsion [pour les paysans qui habitent sur la ZAD – ndlr], ça a été très tendu. On entendait : « Ils vont venir. » Mais on n’avait pas de nouvelles. Après, il y a eu la consultation citoyenne sur le projet d’aéroport. On pensait qu’ils ne pouvaient pas venir nous expulser avant. Après le vote [à 55 % en faveur de l’aéroport – ndlr], Valls et d’autres ont dit qu’il fallait expulser et qu’il allait dégager la ZAD en octobre. À partir de là, les gens ont commencé à se dire qu’il fallait s’organiser. On fait partie des quatre fermes complètement impactées. On n’a pris aucune mesure de protection. On se pose des questions parfois. On a fait les ensilages de maïs, c’est de la nourriture pour tout l’hiver pour les vaches, on l’a mis ici, sur le site des domaines, dans la ZAD. On s’est posé la question, mais pas longtemps. On s’est dit : on continue à vivre ici. Le fait de faire la démarche de faire les tas à l’extérieur et d’imaginer qu’un jour, on emmènera nos vaches, c’est déjà rentrer dans le processus. Dont on ne veut pas.
 

 

Sylvain Fresneau sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, le 7 octobre 2016
©Yann Lévy/Hans Lucas

 
Ce choix de laisser sur la ZAD le stock d’aliments de votre cheptel, c’est une manière de résister ? 

C’est l’une des manières. Cela fait 40 ans que l’on résiste en faisant la même chose. Ce n’est pas maintenant que l’on va tendre une perche en acceptant de commencer à dégager. Certainement pas. On n’est pas les seuls. Les cinq fermes concernées, on a tous le même objectif : on continue comme ça. On se consulte. On se pose des questions : qu’est-ce tu fais ? J’ai semé des prairies qui vont durer. Là où ils veulent faire la tour de contrôle, on avait une céréale cette année. Après les céréales, dans la rotation chez nous, on sème du ray-grass anglais, c’est une prairie pérenne qui dure minimum cinq ans. On l’a re-semé. Ça veut dire qu’on investit. On a acheté cette semence et on l’a plantée pour que ça dure. Donc on y croit encore. On n’a strictement rien changé à la manière dont on vit ici, dont on s’occupe des animaux. On a continué d’inséminer les vaches, on a toujours des vaches qui vêlent. On continue la vie comme avant. Je crois qu’on devient philosophe et puis, au pire, dans la vie, il n’y aura pas mort d’homme. Même si on perd tout. Mais on ne perd que tout. C’est du matériel, c’est du bien. On a pris du recul avec ce qui nous est arrivé. L’âge peut-être aussi.

En janvier, la justice vous a condamné à l’expulsion de votre ferme. Qu’est-ce qui a changé depuis ?

Un huissier est venu suite aux jugements : « Aujourd’hui, je constate que vous êtes là. Je repasse demain matin, vous me donnerez les clefs, et vous ne serez plus là. » Il est venu le lendemain et on ne lui a pas donné les clefs. Il est reparti en disant qu’il remettait le dossier au préfet. Il a dit que le jour de l’évacuation, il y aura un huissier pour faire l’état des lieux des meubles. Je lui ai demandé dans quelle valise il allait mettre les vaches. Il n’a pas su répondre. Sur la ferme, on a 250 bêtes, dont 80, 90 vaches laitières.

Où le bétail sera-t-il évacué en cas d’expulsion ? 

C’est une bonne question. On ne sait pas s’ils les abattent ou s’ils les gardent quelque part. Je crois qu’ils ne savent pas. ça ne s’est jamais fait. Ce serait un cas d’école. On n’abat pas des bêtes comme ça. Ce serait de la maltraitance à animaux. Ils préféreraient de loin qu’on dise : on s’en va, aidez-nous à déplacer les animaux. En tout, il y a autour de mille animaux sur la ZAD, qu’il faudrait dégager.

Comment justifiez-vous de rester à Notre-Dame-des-Landes alors que les électeurs de Loire-Atlantique ont voté à 55 % en faveur de la construction de l’aéroport ? 

D’abord, le vote n’était qu’une consultation. Il était limité à la Loire-Atlantique parce qu’ils savaient qu’au-delà, ils perdaient le vote. Le conseil régional a mis 60 millions d’euros dans les prospectus et la désinformation. Nous, on a fait des réunions avec les moyens qu’on a. On ne jouait pas dans la même cour. Tout le nord de la Loire-Atlantique a voté contre la ZAD. Les dés ont été pipés. Les zadistes ont été présentés comme des voyous, des terroristes.


Mais pourquoi vouloir rester sur la zone dans ce contexte ? 

Ce sont mes racines. Je partirai sous la menace. On a prouvé pendant l’enquête publique et le débat public qu’il n’y a pas besoin d’un aéroport à Notre-Dame-des-Landes. 1 650 hectares pour faire un aéroport à deux pistes, alors qu’il n’y a qu’une piste à l’aéroport de Genève qui accueille plus de passagers que l’aéroport de Nantes-Atlantique. Là, comme il y a de la terre qu’on peut prendre tant qu’on veut parce que c’est de la terre agricole, on bétonne. Je ne suis pas d’accord.

Votre travail de paysan, pourriez-vous le faire ailleurs ?

Pas dans les conditions que j’ai ici. Je n’aurai jamais la même symbiose avec la terre, les animaux, le relationnel de tout ça. Pour connaître une terre, faut plusieurs années. Il y a une rotation, un assolement, tout ça. Une ferme, il faut au moins dix ans, voire plus. Tout ce qui est autour : entraide, ensilage, les vétos, les inséminateurs, c’est tout un relationnel autour qu’il faudrait recréer, tout en sachant que le jour où on irait autre part, on foutrait la merde là-bas parce qu’on serait mal vus.

Pourquoi ?

Parce qu’on déstabiliserait le système de là-bas, à moins que ce ne soit un coin en désertification qui nous accueillerait à bras ouverts. Les terres se prévoient à l’avance. Un propriétaire sait à disposition de qui il met ses terres dans les années qui viennent. Si quelqu’un arrête pour des raisons X ou Y, c’est convoité. Nous, on arriverait là comme un cheveu sur la soupe.

Vous avez refusé de vendre vos terres à Aéroport du Grand Ouest, le concessionnaire du projet d’aéroport, où Vinci est très majoritaire ?

Oui. Les quatre fermes expulsées en janvier dernier ont toutes refusé de vendre. Ceux qui ont vendu sont partis – il vaut mieux pour eux. Tous les ans, il faut se battre pour toucher les aides de la PAC. Parce que nous sommes habitants sans droit ni titre sur des terres qui ne nous appartiennent pas. On est pire que squatteurs. On n’a même pas de titre de squatteur. Tous les ans, il faut négocier. On y arrive parce qu’on passe directement par le cabinet du ministre de l’agriculture. Mais si ça se trouve, l’année prochaine on ne pourra pas. Et là, plus d’aide PAC… est-ce qu’on continue ? On se pose la question. À 260 euros la tonne, on ne vit plus. Sans les aides PAC, on n’a pas de revenus.

Avez-vous envisagé d’intégrer un circuit de ventes plus directes, à l’écart des réseaux de distribution de l’agriculture productiviste ?

On ne peut plus le faire. On ne peut plus bouger. Si on change la structure de l’exploitation, on explose. La direction départementale de l’agriculture va nous dire : vous avez changé, faut que ça repasse en commission. Faut plus qu’on bouge d’un iota. Faut qu’on garde toutes les surfaces qu’on a. C’est verrouillé pour l’instant. Il y a très peu de gens en France qui sont dans notre situation : on est expulsable du jour au lendemain. On est habitant sans droit ni titre, chez nous. Notre maison n’est plus à nous.
 

Sylvain Fresneau avec son fils, le 7 octobre 2016. ©Yann Lévy/Hans Lucas

 
Qu’est-ce que vous attendez de la campagne présidentielle ? Est-ce que l’expérience de la ZAD vous a fait évoluer politiquement ?

J’y crois de moins en moins. J’ai évolué, mais pas dans le bon sens. Pendant la grève de la faim (quand des paysans de Notre-Dame-des-Landes ont jeûné contre l’aéroport, pendant la campagne présidentielle de 2012), c’est Brigitte, mon épouse, et moi qui avons été négocier l’accord avec les candidats. On a d’abord rencontré l’équipe de Hollande. On avait 5 minutes mais en fait, on est restés une heure et demie. Au début, ils nous ont demandé si on connaissait le dossier. Oui, oui, c’est notre vie. « Jean-Marc Ayrault nous a dit… » On a répondu : c’est faux, et on a expliqué. Le Foll était interloqué par notre façon de réagir. On n’était pas là à tout casser. Après, il nous a demandé une heure de réflexion.


Pendant ce temps-là, on est allés voir le cabinet de Sarkozy, et on a été reçus par NKM. Déjà, fouillés au corps à l’entrée, comme si on était des terroristes. Entre les deux, on était suivis par des RG. Au moins, on savait par où aller, ils nous ont expliqué le chemin. Première chose qu’elle nous dit : « De toute façon, les grévistes de la faim, c’est leur problème. S’il en meurt un, ne nous mettez pas ça sur le dos. » Et puis, le dossier de Notre-Dame, le chantier se fera. Au revoir messieurs-dames. C’était vite fait. On est retournés voir l’équipe de Hollande, on a rediscuté. On a parlé avec Hollande. On voyait que c’était des gens qui avaient envie de savoir. Ça nous a choqués, la différence entre l’humain et le non-humain. Donc, quand on est allés voter, on s’est pas posé de questions. 
On a vécu ça, il en restera quelque chose. De là à revoter Hollande, faut pas déconner. Mais voter NKM ou à droite, certainement pas. Et il y a d’autres partis. Nous, on est multicartes. Si Mélenchon vient demain, on le recevra. Les Verts aussi. Notre-Dame-des-Landes vote écolo car ce sont les seuls qui disent non à l’aéroport.

Vous considérez-vous comme un zadiste ?
 
C’est comme ça que certains agriculteurs me considèrent. Ça ne me gêne pas. Zadiste, pourquoi pas. J’habite dans la ZAD. On est tous zadistes si on habite dans la ZAD. D’autres disent : il y a les bons et les mauvais zadistes. Non, on est tous zadistes si on habite dans la ZAD. On est tous mauvais ou tous bons. On ne va pas trier. Je suis d’abord un paysan. Après, j’habite à Notre-Dame, donc je suis un zadiste. C’est comme ça que je le vois.


Que pensez-vous des projets agricoles sur la ZAD ?
 
Je suis complètement d’accord. Chacun va faire ses preuves. Depuis 2009, il y a des zadistes. Au début, certains voulaient nous apprendre à travailler. Pourquoi pas. On les a vus à l’œuvre. Certains font la traite des vaches, c’est deux fois par jour, c’est le bordel. Et maintenant, on arrive à discuter avec eux. Ils ont les mêmes problèmes que nous (des mammites…). Ils nous demandent comment on fait. Et maintenant, ce sont des copains. Alors qu’au début, c’était des révolutionnaires. Des gens qui veulent faire du maraîchage, OK ! On a été jeunes aussi. Moi aussi j’étais pas d’accord avec papa parce qu’il n’avançait pas assez vite. Ils vont s’essayer. Il faut leur laisser 3 ou 400 hectares de liberté pour qu’ils apprennent. Sur les 1 650 hectares, il y en a 1 000 qui sont déjà exploités par nous et qu’on veut continuer à exploiter comme avant. Entre 250 et 400 hectares seraient disponibles. Il faut les garder pour des essais pour des jeunes comme ça. J’œuvre pour ça. Je me frite avec la Chambre [d'agriculture] là-dessus. Faut d’abord gagner. Et quand on aura gagné, il y aura un autre combat à mener, c’est celui-là.


Ça vous fait évoluer dans vos pratiques de côtoyer des jeunes qui font de l’agriculture sans produits chimiques et de la permaculture ?
 
Oui, on ne met plus d’engrais. On se rapproche du bio. Mais même sans ça, on s’en serait rapproché. J’étais assez proche du bio. Dans notre façon de travailler, on est très extensifs. Peut-être que s’il n’y avait pas le projet, je passerais bio. Mais là, on n’a plus le droit.



Dimanche 16 octobre



Dimanche soir :

Selon des sources qui n’ont encore pas pu être vérifiées ni recoupées, une quarantaine de personnes seraient ciblées pour des arrestations sur et hors Zad.
Ce n’est peut-être qu’une rumeur de plus dans ce jeu de DUP, mais cette éventualité n’est pourtant pas à exclure au vu du contexte répressif général (circulaire datant du 20 septembre mais très actuelle) et du double discours émanant du jeu politique ces dernières heures.
Nous appelons donc chacun-e à se tenir solidaires et prêt-e-s pour la riposte ! Pas d’alerte pour l’instant, mais on reste aux aguets ! ;-)
Merci de suivre les infos sur ce site, et sur : Radio Klaxon

Infos du 17 au 23 octobre


Lundi 17 octobre




6h00 : Rien à signaler pour le moment.


8h00 : Accident sur la D42, il y aura probablement des flics pour gérer ça.

9h00 : Toujours rien à signaler sur la ZAD ni autour.

Selon Ouest France de ce matin, Valls aurait demandé au Préfet de Loire-atlantique de réunir début novembre le concessionnaire de l’aéroport (Vinci) et les collectivités locales pour leur présenter "le plan de l’Etat".

Les politiques se chamaillent encore... un petit résumé dans Le Monde


Nouvelles du hangar : « Le hangar en charpente traditionnelle est officiellement monté à Bellevue, il n’attend plus qu’une couverture.

Nous faisons donc appel à tout généreux donnateur afin de récupérer de la tôle ondulée, ou bac acier. Nous cherchons également de la tôle translucide afin d’avoir des puits de lumière dans le futur atelier.

Vous pouvez les déposer sous le hangar. Des cales seront prévue pour les acceuillir. »



Sur Notre-Dame-des-Landes, Ségolène Royal a raison




Dans la lutte au sein du gouvernement pour engager, ou non, l’expulsion de la Zad, Mme Royal pèse pour la raison et la reprise pacifique des discussions, afin de parler du fond du dossier.


Nous avons souvent critiqué Mme Royal pour son action, et elle s’est toujours comportée de manière bizarre, pour ne pas dire méprisante, à l’égard de Reporterre. Mais nous constatons aujourd’hui qu’elle s’engage de manière intelligente et forte sur la question de Notre-Dame-des-Landes, et nous le soulignons sans hésiter.


Depuis une semaine, une bataille est manifestement engagée au sein du gouvernement autour de la décision de lancer une opération policière contre la Zad de Notre-Dame-des-Landes. Le Premier ministre Manuel Valls pousse à la roue, le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve, hésite, en pesant la difficulté technique de l’opération, M. Hollande, président de la République, évalue en politicien les avantages ou les inconvénients qu’il retirerait d’une telle action.


Face à la brutalité du Premier ministre, la ministre de l’Environnement monte au front - de la communication - avec ténacité. Après plusieurs prises de position les jours derniers, elle a développé sa position dans Le Journal du dimanche, le 16 octobre : « La question, y explique-t-elle, est : quel est l’intérêt général et comment rétablir un ordre juste ? En d’autres termes, est-il pertinent de faire prendre des risques pour une infrastructure inadaptée, comme l’ont dit des experts indépendants ? ». Rappelant le coût du projet d’aéroport, près d’un milliard d’euros, elle dit aussi l’évidence : « Aujourd’hui, un tel projet, qui remonte à des années, mal engagé, ne serait pas autorisé. »

La ministre de l’Environnement propose de tenir de nouvelles réunions de travail « afin de sortir par le haut de cette situation ». Et elle prend position contre l’intervention policière : « Nos forces de l’ordre ont d’autres missions à mener en ce moment, liées au terrorisme, à la situation dans le Calaisis... Pour avoir géré le dossier douloureux de Sivens, où il y a eu un mort et où j’ai dû, difficilement, renouer les fils du dialogue, il est de ma responsabilité - puisqu’il s’agit d’une infrastructure qui relève de mon ministère - d’alerter sur le risque d’une évacuation par la force. Imaginons seulement un instant qu’il y ait mort d’homme, parmi les forces de l’ordre ou du côté des manifestants. Ce serait gravissime ! En répétant cela, je ne fais que défendre l’intérêt général. »

    MM. Valls et Sarkozy ensemble d’accord


L’article de Mme Royal a suscité des réactions immédiates, presque conjointes de Matignon et de Nicolas Sarkozy. Un proche du Premier ministre a fait savoir à l’agence Reuters que le non-respect du résultat du « référendum » était inconcevable. « Bien sûr, l’évacuation devra se faire avec sang-froid et méthode pour éviter les violences mais ne pas le faire, ça serait donc un affaiblissement de l’autorité et un affaiblissement de la démocratie », explique cette source.

« C’est irresponsable de la part de Mme Royal », a pour sa part jugé Nicolas Sarkozy. « Il y a eu plusieurs dizaines de décisions de justice pour confirmer la nécessité de construire cet aéroport. Mieux, François Hollande a organisé un référendum. Un référendum qui a dit que la population, majoritairement, était pour la construction », a ainsi développé le candidat à la primaire de la droite et du centre.


Tant M. Valls que M. Sarkozy font erreur : il n’y a pas eu référendum, qui aurait valeur décisive légale, mais consultation. Au demeurant entachée de tant de biais qu’elle n’a pas grande valeur. De surcroît, de nombreuses procédures judiciaires sont encore en cours, tandis que la procédure européenne n’est pas achevée.


Il est donc urgent de rester l’arme au pied et, plutôt que d’agiter les matraques pour satisfaire on ne sait quel désir d’ordre d’une opinion qui a bien d’autres préoccupations, reprendre les faits, les dossiers, et la discussion. Mme Royal, ici, a raison.







Mardi 18 octobre




6h00 : Rien à signaler.


Ah, si, un message reçu dimanche :

"SOGEA, filiale de Vinci, détruit la jungle et construit des murs contre les exilé.e.-e-s de Calais. 

On s’est dit qu’ils devraient s’occuper de leurs "propres" murs. Nous devions écrire "Zad to Jungle", mais on a eu une défaillance technique. Nous refrapperons.


 
Le Zad Extincteur Crew contre les expulsions"


Et pour celleux qui s’ennuient, le Figaro fait un petit sondage "pour ou contre l’expulsion de la zad"


Demain, dans le cadre du procès en appel des 8 de Goodyear, et contre la criminalisation du mouvement social, la CNT 44 appelle à un rassemblement mercredi 19 octobre à 18h devant la préfecture de Nantes.( le communiqué confédéral de la CNT)




Fin de journée : on ne va pas faire une revue de presse des déclarations contradictoires des un.e.s et des autres, les "médias" se chargeant eux-même de s’autociter mutuellement.
En attendant, on est toujours là, et les discussions, chantiers et préparatifs divers vont bon train.



Mercredi 19 octobre


Comme hier, on va peut-être s’éviter le ping-pong gouvernemental, on trouve qu’on a vraiment mieux à faire/lire.


Par exemple, ici un article concernant la répression qui aurait cours sur la ZAD en cas d’expulsions, dont le cadre juridique serait la fameuse circulaire du 20 septembre :

Sur la Zad, le gouvernement prépare une répression de masse

 déjà publié sur ce blog ici :

http://lemurparle.blogspot.fr/2016/10/le-gouvernement-prepare-une-repression.html

 

Le m(s)inistre de la justice a reçu du courrier ce matin de la part du collectif de juristes et avocats. Illes y expliquent comment la "zone de non-droit" n’est pas celle que l’on croit...

Deux nouveaux recours ont été lancés contre l’arrêté prefectoral autorisant la destruction du campagnol amphibie

Et depuis la pleine lune, les salamandres sont de sortie !


Jeudi 20 octobre
## Communiqué de presse :

→Ce matin, 10h00 - Rassemblement et occupation du cabinet des avocats d’Ago-Vinci au 28 bvd de Launay à Nantes.

Des habitant.e.s de la zad veulent avoir accès aux procédures les concernant.

Ce matin une dizaine d’habitant.e.s de la zad sont venu.e.s demander aux avocats d’AGO-Vinci de les informer des procédures cachées mises en oeuvre pour les expulser. Ils et elles sont accompagné.e.s de quelques dizaines de personnes venues les soutenir avec une banderole "Nous ne sommes pas expulsables !"

La semaine dernière, le gouvernement a de nouveau annoncé vouloir expulser les habitant.e.s de la zad, leurs animaux et détruire leurs maisons à la veille de la trêve hivernale. Pourtant, cette expulsion pose un sérieux problème en termes juridiques : la plupart des habitant.e.s n’ont jamais reçu.e.s de visites d’huissiers. Ils et elles n’ont pas non plus été informé.e.s de procédures les concernant pour les rendre expulsables. Tout.e.s ont pourtant droit à des procédures nominatives, à être défendu.e.s par un avocat et sont donc susceptibles d’obtenir des délais. Si des procédures anonymes ont été mise en oeuvre par Ago-Vinci, celles-ci sont abusives et contestables en droit.

Depuis plus de dix jours, AGO-Vinci, la Préfecture et les tribunaux de Nantes et Saint-nazaire refusent de répondre aux demandes de communiquer sur les procédures d’expulsion mises en oeuvre, qui leur ont été adressées par plusieurs dizaines d’habitant.e.s. Faute de transparence, ces habitant.e.s, qui vivent sur une quinzaine de fermes et habitats, sont dans l’incapacité d’engager des recours face aux procédures qui les visent. Ces habitant.e.s de la zad doivent en effet préalablement y avoir accès pour en obtenir la rétractation. Cette rétention d’information montre qu’AGO-VINCI et la Préfecture, qui se targuent dans ce dossier de respecter la légalité, sont en réalité déterminés à passer outre le droit au logement.

C’est pourquoi les habitant.e.s concerné.e.s ont décidé d’aller demander les informations les concernant là où elles sont, à commencer par le bureau des avocats d’AGO-VINCI. Si cela ne suffit pas, ils et elles iront collectivement s’adresser aux autres instances en ayant connaissance : les tribunaux de Nantes et Saint-nazaire ainsi que la Préfecture.

Depuis, la police est venue et a nassé la cinquantaine de personnes participantes à l’action. Une trentaine a été emmenée en vérification d’identité,
→à 18h30 deux personnes seraient encore à Waldeck, donc probablement en garde à vue.

La lutte juridique continue, avec de nouveaux recours, cette fois pour sauver le campagnol amphibie. Le 7 novembre prochain, 17 recours environnementaux seront examinés en appel. Ils avaient été rejetés en juillet 2015. Aucun n’est suspensif.



> En effet, les rumeurs se font chaque jour un peu plus pressantes : le début du processus d'expulsion de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes serait imminent. Une question de jours - à moins que le gouvernement ne tergiverse à nouveau.

> Défendre la ZAD est essentiel.

> Pour résister à ce projet d'aéroport, qui serait un désastre. Un désastre pour le climat, un désastre pour les paysan.ne.s, un désastre pour le bocage et l'ensemble de ses habitant.e.s - humain.e.s comme non-humain.e.s.

> Pour continuer à faire vivre ce qui se construit sur la ZAD, en termes de pratiques collectives, d'expérimentations politiques, de tentatives, aussi belles que fragiles, d'inventer de nouvelles manière de vivre et de prendre soin les un.e.s des autre - humain.e.s comme non-humain.e.s.

> Ce webinaire sera l'occasion d'échanger avec des occupant.e.s de la ZAD, de faire le point sur la manière dont nous pouvons chacun.e contribuer à résister aux expulsions et sur d'autres initiatives de soutien à la ZAD qui s'annoncent au cours des semaines à venir.

> Si vous souhaitez prendre part à ce webinaire jeudi 20 octobre, merci de bien vouloir vous inscrire !  Il suffira de vous rendre sur notre site web à 20h pour y participer.

> Si vous avez des questions que vous souhaitez poser aux intervenant.e.s à ce webinaire, n’hésitez pas à me les transmettre par mail.


Nicolas Haeringer - 350.org" <350@350.org>


Vendredi 21 octobre

Un nouveau comité zad est en cours de création dans le Val de Marne (94)  : "des habitantes et des habitants du 94 qui sont déjà allés un jour, une semaine ou des mois sur la ZAD et se préparent à la défendre" invitent à une soirée de lancement du comité ZAD94 vendredi 4 novembre "pour se rencontrer, échanger sur les différentes formes de soutien possible à la ZAD et préparer la réaction en cas de nouvelle tentative d’expulsion".



Le syndicat Force Ouvrière de Manitou du site de Laillé (35) (il ne s’agit pas de la maison mère mais d’un site spécifique) nous rejoint dans la lutte contre l’aéroport : ils indiquent dans un communiqué "que le projet d’aéroport de Notre Dame des Landes est inutile et destructeur pour les emplois existants déjà sur Nantes Atlantique ainsi que pour les aéroports du grand ouest" et invitent "[leur] confédération à prendre position contre ce projet d’aéroport et ainsi soutenir la position de la CGT de VINCI". Voir leur communiqué ci-dessous :

http://zad.nadir.org/IMG/pdf/position_fo_manitou_laille_sur_la_zad.pdf

La réunion des habitant.e.s de la ZAD a signé un texte de solidarité avec les mairies au Bakur (Kurdistan de Turquie) à lire ici et dont voici quelques extraits :

"Depuis plus d’un mois les autorités turques ont envahi 28 municipalités au Kurdistan, destitué les Co-maires et les conseillerEs municipaux pour « appartenance à une organisation terroriste » et imposé de nouveaux « administrateurs ». (...) Cet acte est dans la continuité de la stratégie du Président de la République Erdogan, de concentrer tous les pouvoirs dans les mains de l’exécutif et de transformer l’État turc en une dictature. Depuis longtemps l’Europe et la France regardent ce qui se passe sans dire un mot, complices du massacre du peuple kurde ! (...) Aujourd’hui il nous tient à cœur d’annoncer notre solidarité à ces mairies et à la lutte menée par le peuple kurde, au Rojava comme en Turquie. Il ne s’agit pas pour nous de cautionner le système électoral et le simple jeu d’une démocratie électorale, mais celle du peuple kurde, qui n’est pas seulement une lutte pour l’indépendance, mais principalement pour l’autonomie contre l’État-nation, ses dogmes, ses frontières, ses guerres. Et notre solidarité va tout autant sur qui est porté par le mouvement kurde en terme d’autogestion et d’horizontalité, et fait écho à ce qui se met en place sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes !"

 
Les comités de Nîmes et Rouen ont fixé des rdv dans leurs villes en cas d’expulsion de la zad, à voir ici dans l’article qui commence à recenser les rdv annoncés.


Dimanche 23 octobre

 
►Sur la ZAD : il pleut, l’hélico repasse…

Jeudi matin, un groupe d’activistes du Groupe d’Intervention des Grenouilles Non Violentes (GIGNV) et d’Alternatiba Nantes, répondant à un appel d’ANV COP21, s’est invité à la plénière sur le budget du conseil régional Pays de la Loire. Les activistes se sont exprimés à l’intérieur et à l’extérieur de l’hémicycle régional.


Antirépression : Solidaires adresse un courrier aux ministres de l’intérieur et de la justice où il « demandons donc de prendre toutes les mesures afin que soit abandonnées les poursuites dont ont pu être victimes notamment des participant-es à la lutte contre la « loi travail », à la solidarité avec les réfugié-es ou à la défense de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. »

Sinon à Paris, les politiques continuent leurs petites querelles, hier c’était au tour de Ségolène : « Je pense ce ne serait pas judicieux de mobiliser des forces de l’ordre aujourd’hui pour défendre un projet qui n’est pas défendable et pour lequel il y a d’autres solutions, plus intelligentes et plus pragmatiques »

Infos du 24 au 31 octobre

Mardi 25 octobre


Le 6 novembre commence à Rennes une semaine de chantier pour continuer la construction de la cabane de stockage séchage et labo de transfo pour le Jardin médicinal de la zad. Voir ici la demande de matos pour ce chantier.

On nous envoie cette vidéo très chouette : https://vimeo.com/188558966


Mercredi 26 octobre



 
Alors que le premier ministre multiplie les tentatives de déstabilisation grossière et demande aux habitant-e-s de la zad de partir, un certain nombre d’entre eux/elles iront rappeler cet après-midi devant le tribunal de Saint-Nazaire qu’ils/elles ne sont pas expulsables : appel à Rassemblement à 14h pour obtenir les informations sur les procédures cachées à l’encontre des habitants de la zad.



Samedi 29 octobre

Blague vendéenne :
 
L’enfer de la distance pour les vendéens !! « Si l’aéroport de Notre-Dame des Landes (NDDL) voit le jour et qu’aucun pont supplémentaire ne vient franchir la Loire, alors les Vendéens auront une heure de trajet en plus, à peine moins que pour aller prendre l’avion à Bordeaux. Et Orly n’est qu’à une heure et demi de plus. »
Et donc ->

Il y aura alors un intérêt à avoir une structure aéroportuaire en Vendée à la taille des enjeux économiques.
« Si Notre-Dame des Landes (NDDL) n’est pas construit, cela entraînera un encombrement de l’aéroport nantais, et un aérodrome agrandi et adapté proche de La Roche-sur-Yon trouvera alors tout son intérêt. » Telles étaient, brièvement résumées, les deux visions que présentaient Luc Bouard pour expliciter l’ambition de la Communauté d’Agglomération sur ce sujet.



Pour plus de détails sur ce projet ambitieux et ABSOLUMENT nécessaire :

http://www.lereportersablais.com/les-elus-prennent-une-decision-strategique-pour-laerodrome-des-ajoncs-de-la-roche-sur-yon/

Le Canard Enchaîné de cette semaine nous apprend qu’ «
« en petit comité, le premier ministre vient de confier que l’opération 

(évacuation NDDL) n’était pas envisageable car trop risquée ».


Lundi 31 octobre

Un communiqué depuis ici suite à certaines déclarations : Nous ne serons pas les martyrs de Valls :


Nous ne serons pas les martyrs de Valls

Le 26 Octobre dernier, M.Valls, invité de France inter, déclarait au sujet d’une éventuelle tentative d’expulsion de la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes : « les zadistes veulent créer les conditions d’un drame, avec des victimes et des martyrs, de leur côté et du côté des forces de l’ordre. »

Selon lui, nous serions donc en train de planifier la mort de l’un-e des nôtres au profit d’une stratégie de lutte. Quelques jours après la commémoration du meurtre de Rémi Fraisse par la police, le cynisme de M. Valls est le signe d’un gouvernement en mal d’arguments pour tenter de diminuer le soutien massif dont la lutte contre l’aéroport et son monde fait l’objet, en diabolisant les habitant-e-s de la ZAD. Est-il nécessaire de rappeler que dans l’« état de droit » si cher au gouvernement - et que notre présence au-delà de la consultation locale semble tellement contrarier -, la police peut – sans jamais être inquiétée par la justice – mutiler voire tuer pour réprimer dans les quartiers populaires, aux alentours des camps de migrant-es et sur les terrains de résistance, des ZAD jusqu’aux luttes syndicales ? Dans la même année 2014, nous n’oublions pas que la police a également assassiné Abdelhak Gorafia, Houcine Bouras, Timothée Lake, Abdoulaye Camara et encore cinq autres personnes.


En cas de tentative d’expulsion ou de démarrage des travaux, nous serons des dizaines de milliers à défendre la ZAD, sur place et ailleurs, dans notre diversité : occupations des arbres et des lieux de pouvoirs, sittings, affrontements, manifestations, blocages de la police et des flux économiques, sabotages… Uni-es contre un pouvoir en pleine crise autoritaire, nous rappelons que c’est ce dernier qui fixe le niveau de la violence et que nous ne plierons pas devant ses menaces.

Et un communiqué du collectif Jura : 

Suite aux déclarations de ce mercredi 26/10/16 du 1er ministre, réaffirmant son intention de réaliser l’aéroport Notre Dame des Landes, notre collectif exprime son soutien aux résistances qui s’organisent sur place et en région. Puisque Manuel Valls entend expulser les habitants de la zone à défendre et les agriculteurs du site, notre collectif Jura/ Notre Dame des Landes prévient les pouvoirs publics qu’il ne restera pas sans réagir et appelle la population à se mobiliser localement et à intervenir sur le site.

                              « Que résonnent les chants de nos bâtons »




ET AILLEURS

Infos du 1er au 9 octobre

 

Samedi 1er octobre



 

Toutes les infos sont sur : https://expansive.info/Les-Bonnes-Nouvelles-du-camping-autogere-de-Flamanville-131


L’horreur policière :

*« Cette vidéo contient un certain nombre d’images violentes pouvant heurter la sensibilité du public. » *C’est à raison que nous avertit * Youtube* à propos du dernier film d’Usul : « Les flics (tout le monde déteste la police) ». Le vidéaste, cofondateur du collectif citoyen #OnVautMieuxQueÇa contre la loi travail, y brosse le portrait d’une police de plus en plus en plus violente. En toute impunité.

https://blogs.mediapart.fr/jean-pierre-anselme/blog/300916/lhorreur-policiere





Lundi 3 octobre



Plusieurs milliers de personnes ont défilé contre l’EPR de Flamanville

 

Samedi 1er octobre, entre 3.000 et 5.000 personnes ont manifesté jusqu’au pied de la centrale nucléaire de Flamanville. Elles s’opposent à la construction du réacteur EPR, et plus largement à une industrie considérée comme « un fiasco industriel ».

 Siouville-Hague (Manche), reportage

Le rendez-vous aura duré tout le week-end dans la commune de Siouville-Hague, coincée entre l’usine de retraitement de la Hague au nord, et la centrale nucléaire de Flamanville au sud. Samedi 1 octobre, une grand marche a relié la petite ville et la centrale où se trouve le réacteur EPR qui n’en finit pas d’être en travaux. 5.000 personnes, venues de toute la France, y ont participé selon les organisateurs, 3.000 selon la préfecture. Une certitude, le cortège n’en finissait pas de serpenter le flanc des collines jusqu’au pied de la falaise, qui cache, au détour d’un virage, la centrale. Étrange effet de contraste dans ce paysage de jolie carte postale de la côte ouest du Cotentin.
 

Ce jour-là, le ciel était le terrain d’une bataille entre soleil, nuages, pluie et grêle. A peine lancé, le cortège s’est vu gratifié d’une averse de grêle généreuse et fournie, de quoi être trempé jusqu’à l’os, mais les rires ont pris le dessus sur les bougonnements, et le cortège est reparti de plus belle avec ses combinaisons jaunes. De nombreuses associations, allant du réseau Sortir du nucléaire à la Confédération paysanne, en passant par les partis politiques, dont trois candidats à la primaire EELV (Cécile Duflot, Yannick Jadot et Michèle Rivasi), étaient présents. Le cortège a terminé sa route au pied de la centrale tenue sous bonne garde policière. Une centaine de personnes a voulu aller un peu plus loin, au plus près du site d’EDF et des forces de l’ordre, sans que cela ne déclenche de heurt.

    « L’information sur le nucléaire doit être publique »

C’est à mi-route, sur le port de plaisance de Diélette, entre Souiville-Hague et la centrale de Flamanville, que le collectif organisateur, le Can Ouest, et la vingtaine d’associations ayant appelé à la mobilisation, ont pris la parole, affirmant l’importance de clore ce « fiasco industriel qu’est la filière nucléaire ».
 

Marc Denis est physicien, membre du Groupement de scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire (GSIEN). : « L’industrie nucléaire contrôle elle-même ses installations et, si elle le pouvait, éviterait de les réaliser. Les anomalies récemment constatées par l’Autorité de sûreté nucléaire sont graves et préoccupantes. Étant donné les enjeux, l’information sur le nucléaire ne doit pas rester dans l’entre-soi des industriels ; elle doit être publique, analysée par des organismes indépendants afin que la société puisse prendre des décisions en toute connaissance de cause. »
 
Marc Denis : « Les anomalies constatées sur le nucléaire sont graves et préoccupantes »

Si la mobilisation a eu lieu début octobre, c’est parce que les enjeux des mois à venir ne sont pas anodins. Évidemment, il y a le contexte de l’élection présidentielle, mais aussi l’échéance d’avril 2017, date à laquelle, l’EPR de Flamanville est censé être achevé. Un délai qu’il semble difficile de respecter dans la mesure où la construction de ce réacteur dernière génération lancée en 2008, accuse des retards successifs. Sa mise en service était prévue en 2012, mais des anomalies sur la qualité de sa cuve l’ont entre autres retardée, tandis que son coût est passé de 3 à 10,5 milliards d’euros.
Au centre, Didier Anger, un militant de toujours contre le nucléaire.

Sylvie Sauvage, porte-parole du Can Ouest, parle « d’acharnement thérapeutique » et dénonce par ailleurs la volonté de prolonger la durée de fonctionnement des réacteurs existants : ils ont été conçus pour une durée de 25 à 40 ans, mais une vingtaine d’entre eux ont atteint cette limite. Et pourtant « la filière s’acharne à vouloir prolonger leur durée de vie par des rafistolages multiples, d’une fiabilité toute relative, à des coûts exorbitants ». Il s’agit en l’occurrence du « grand carénage » lancé par EDF pour un coût estimé par la Cour des comptes de 100 milliards d’euros.


« La seule industrie qui vend un produit qui ne fonctionne pas »

Véronique Bérégovoy, vice-présidente EELV de la région normande, enfonce le clou en illustrant « ce fiasco industriel » par la récente plainte déposée par l’opérateur finlandais, TVO contre Areva, qui construit avec de grandes difficultés un EPR en Finlande. Mme Bérégovoy pointe aussi les risques induits par la restructuration d’Areva.

Elle estime que « le nucléaire est la seule industrie au monde qui continue de vendre un produit qui ne fonctionne pas ». En effet, malgré les incidents multiples qui émaillent l’histoire de l’EPR, la France vient de signer pour la construction de deux EPR au Royaume-Uni à Hinkley Point.
 

Allan Jeffery est venu du sud-ouest de l’Angleterre, de Bridgewater, à 20 km d’Hinkley Point, pour parler de ce récent accord. « Nous avons tous le même problème. La population semble baigner dans le conte de fées du monde merveilleux du nucléaire, alors que nous savons que ces lendemains qui chantent n’arriveront pas avec une telle technologie. » L’Angleterre dispose de quinze réacteurs répartis dans sept centrales. Cela fait une vingtaine d’années qu’aucune nouvelle construction n’a été entrepris, d’où l’accord sur deux nouveaux réacteurs, accord auquel s’oppose le collectif Stop Hinkley.

Un renouvellement militant difficile

Face à ces enjeux financiers, sanitaires et environnementaux, les organisateurs de la mobilisation ont affirmé « la nécessité de reconstituer un mouvement capable de remporter des combats dans les mois qui viennent ». Sur le port de Diélette, l’un des porte-parole, évoque le surgénérateur Superphénix, un échec majeur de l’industrie nucléaire, en cours de démantèlement : « Nous ne sommes pas Superphénix, car nous ne sommes pas morts, mais nous ne renaissons pas non plus. » Face au constat d’une génération qui ne se renouvelle pas assez, la jeunesse est tout de même présente, à l’image de Marie-Anne et Nayizid, la vingtaine.
 

« Je suis tout nouveau, c’est la première fois que je viens, explique Nayizid. D’habitude j’envoie plutôt des messages de soutien sur les réseaux sociaux. J’espère que cette expérience va me donner envie de plus m’impliquer ». Son amie, Marie-Anne, considère que la délocalisation des conséquences du nucléaire freinent les gens à se mobiliser : « L’uranium est extrait au Niger, c’est loin ; par contre, l’enfouissement de déchets près de chez soi, là les gens se mobilisent ».

    L’EPR de Flamanville, emblème d’une lutte ancrée sur tout le territoire

L’EPR était en ce samedi le sujet du jour, le combat emblématique, mais la lutte contre l’enfouissement de déchets nucléaires à Bure était sur toutes les lèvres.
 
Myriam : « Il s’agit de l’avenir de nos enfants ».

Myriam, qui a passé la nuit sur la route pour venir depuis les Vosges, rappelle les promesses liées à la centrale de Fessenheim qui concentre son attention. « Il faut que l’on soit tous ensemble pour obtenir la fermeture de cette centrale qui est a été promise par le gouvernement. J’ai l’impression qu’il veut prolonger la durée de vie de la centrale jusqu’à l’éventuel accident. C’est grave car il s’agit de l’avenir de nos enfants, des générations futures. Nous devons exiger, et ne plus demander gentiment, la fermeture de cette centrale et des autres. »
 

Pour Johan, il s’agit d’un problème national et international : « Je préside l’association Confluence pour sortir du nucléaire qui représente les habitants des Yvelines, parce que le nucléaire est une question qui nous concerne tous, même si nous n’avons pas de centrales à proximité. »

Jean quant à lui se mobilise sur de nombreuses manifestations. De Notre-Dame-des-Landes à Flamanville, le retraité n’hésite pas à quitter son village, proche de Colmar en Alsace, pour être présent. « Mon combat c’est le nucléaire et les OGM, c’est important pour moi d’être là et pas de me contenter de signer une pétition. Le nucléaire, c’est la mort, c’est pour ça que je suis là. »




Mercredi 5 octobre



 ►A lire : un appel à actions contre les entreprises qui participent aux contrôles aux frontières : http://paris-luttes.info/calais-appel-a-represailles-contre-6789?lang=fr



Au Mexique : Journée de lutte en prison ; Luis Fernando Sotelo, Fernando Bárcenas et Abraham Cortés, militants anarchiste, entrent en grève de la faim. Solidarité avec les peuples et les communautés rebelles ! https://liberonsles.wordpress.com/2016/10/03/mexique-journee-de-lutte-en-prison-luis-fernando-sotelo-fernando-barcenas-abraham-cortes-et-miguel-betanzos/

Infos du 10 au 16 octobre

Mardi 11 octobre

Au mépris de la justice, les promoteurs du centre commercial géant Val Tolosa passent en force


 

Près de Toulouse, la commune de Plaisance-du-Touch entend construire son « centre de loisirs et de shopping » géant malgré un permis de construire annulé. Elle a lancé les travaux de la route d’accès au futur Val Tolosa. Depuis mercredi 5 octobre, vigiles et opposants se font face, les ouvriers au milieu.


 Plaisance-du-Touch (Haute-Garonne), reportage


Une sortie de Toulouse ordinaire. Au loin, des hangars, l’autoroute ; tout près, un lotissement résidentiel. Entre les deux, une prairie finit de sécher sous le soleil généreux de ce début d’automne. Des ouvriers installent de hauts grillages pour en interdire l’accès, sous la garde d’une quinzaine de vigiles envoyés par la société Guintoli (filiale du groupe NGE). Ces travaux sont les préalables à un projet de « centre de loisirs et de shopping » géant, Val Tolosa, situé sur la commune de Plaisance-du-Touch, à l’ouest de Toulouse : 114.000 m², dont 60.000 m2 de surface commerciale, 150 boutiques et un lac. À la manœuvre, le promoteur Unibail-Rodamco, coté au CAC 40.

 
Au premier plan, l’emprise de la route. Au-delà de la clôture, celle du projet de centre commercial.

Mais le centre commercial ne peut vivre sans ses milliers de voitures. Ce sera donc la D924, une quatre voies raccordée à la N124, la voie rapide vers Auch, deux kilomètres plus loin, derrière un bois qui doit être rasé pour laisser la place au bitume. Le département s’est défait de la construction de la nouvelle départementale en juin 2016, confiant la délégation de maîtrise d’ouvrage à la mairie. Ce sont ces travaux que les opposants du collectif Gardarem la Ménuda !, appuyés par le collectif ZAD 31, tentent, sinon de bloquer, du moins de ralentir depuis le début de la semaine dernière. Au moins jusqu’à la prochaine décision du tribunal administratif (TA) de Toulouse, saisi sur l’autorisation de destruction des espèces protégées présentes sur le site (grand capricorne, rose de France, renoncule à feuilles d’Ophioglosse, œdicnème criard, etc.).

« Nous, on a une famille à nourrir, donnez-nous du travail » 

Deux décisions défavorables au « centre de loisirs et de shopping » ont déjà été rendues par la justice : contre le premier permis de construire, par la cour administrative d’appel de Bordeaux, le 14 juin 2016, et contre l’arrêté préfectoral du 29 août 2013 qui autorisait la destruction d’une centaine d’espèces protégées présentes sur l’emprise du site, par le tribunal administratif de Toulouse, le 8 avril 2016. Mais rien n’y fait, Louis Escoula, le maire (Parti socialiste) de Plaisance-du-Touch veut absolument son centre commercial. Et ne veut pas attendre les prochaines décisions de la justice.
 
 

Nombreux le matin, avant l’embauche, les militants ne sont plus qu’une dizaine face aux vigiles, peu après 14 heures, ce vendredi 7 octobre. Pas assez pour faire face aux gros bras. « Ce matin, on était nombreux, ils n’ont pas réussi à nous déloger, mais là, on ne fait que les ralentir », constate Tanguy, venu lui aussi prêter main-forte au collectif. Drôle de chantier, où les vigiles dépassent en nombre les opposants, et même les ouvriers qui s’activent à poser les grillages.

L’atmosphère s’est détendue. Les militants et sympathisants des collectifs Gardarem la Ménuda ! et ZAD31 discutent avec les vigiles.

  La tension a baissé par rapport au matin. La discussion s’engage. Quelques reproches, aussi : « Comment est-ce que vous pouvez faire ce travail ? » « Nous, on a une famille à nourrir, donnez-nous du travail », répond un vigile. Des précaires appelés à la hâte, dont la plupart préféreraient visiblement être ailleurs. Côté opposants, on répond changement de mode de vie, récupération, on parle des enfants aussi. Le discours ne passe pas vraiment, pas le même monde. On se plaint aussi de la brutalité de certains vigiles. Un militant a dû être évacué par les pompiers la veille (une plainte devrait être déposée dans les prochains jours).


« C’est pas Alep » 


Un actionnaire (selon ses dires) de la discrète SAS. PCE, filiale d’Unibail créée spécialement pour le projet, observe la scène à distance raisonnable. Lui refuse de donner son nom, s’agace de nos questions, et finit par partir précipitamment dans un luxueux 4x4 Porsche.

 

Deux gendarmes passent. L’officier est bien renseigné : couleurs des voitures, identité des protagonistes, recours déposés le matin même (trois recours gracieux contre le nouveau permis de construire, déposés auprès de la mairie par le collectif et des commerçants)… Il s’inquiète aussi de la possible venue de renforts de Notre-Dame-des-Landes, et minimise les incidents de la veille : « C’est pas Alep », tempère-t-il. Il se justifie, aussi : « J’ai demandé au tracteur de s’arrêter l’autre jour. »

    Une mante religieuse tente de survivre aux bottes des vigiles




Fin de journée, une partie de l’équipe de vigiles repart. Mal lui en prend. Aussitôt, les opposants se dirigent vers le fond du champ, où les ouvriers de la société Sogecer, sous-traitante de Guintoli pour cette phase des travaux, terminent un segment de la clôture. On s’accroche aux poteaux, impossible de continuer à travailler. Les ouvriers s’agacent, ils veulent terminer pour pouvoir rentrer chez eux. Les vigiles reviennent. Les gendarmes, qui allaient partir, s’approchent aussi. Les ouvriers tentent d’accrocher quand même le grillage, à l’aide d’une sorte de grosse agrafeuse. Cela se passe à quelques dizaines de centimètres de la tête des jeunes et des vigiles : cette fois-ci, la situation est dangereuse, mais les gendarmes observent sans intervenir.

 
Une partie de l’équipe de vigiles s’étant éclipsée, le blocage reprend.

Finalement, les militants sont arrachés aux poteaux, sans méchanceté, mais sans ménagement non plus, souvent traînés au sol sur plusieurs mètres. Un vigile se blesse sur les aspérités du grillage. Des manifestants partent lui chercher un mouchoir. Au milieu de la mêlée, une mante religieuse, insecte protégé, tente de survivre aux bottes des vigiles (elle finira à moitié écrasée).



Le « jeu » se termine à quelques mètres de la route actuelle, où le public s’est élargi : le chef de la sécurité de Guintoli, qui s’inquiète « pour la sécurité de [ses] gars » et « non, pas pour celle des autres » ; Marc Fischer, le responsable de la communication de la mairie, qui « regrette que l’on soit obligés d’en arriver là pour assurer la sécurité du chantier, de ceux qui y travaillent et des manifestants qui se mettent en danger » ; et Philippe Guyot, président de l’association Oui à Val Tolosa… et adjoint au maire à la démocratie participative et à la communication. Ce dernier déclare à qui veut l’entendre « être pour les emplois » : selon le promoteur, 3.000 emplois (cumulés) devraient être créés par la construction du centre commercial, et 2.000 une fois ouvert. Les effets des zones commerciales périphériques sur l’emploi sont pourtant connus depuis des décennies : création d’emplois précaires dans les centres commerciaux contre fermetures massives des petits commerces en centre-ville. Le bilan à long terme est donc loin d’être garanti. « Ce ne sont pas les mêmes types de commerce », balaie Marc Fischer. La périphérie de Toulouse regorge pourtant de centres commerciaux, et au niveau national, la tendance générale est à la baisse de leur fréquentation depuis plusieurs années.
L’un des opposants transforme la lancée d’un vigile qui le repousse en pas de danse.


 

Mercredi 12 octobre 

►Des nouvelles de Bourges où les opposant-e-s à l’abattage des arbres de la place Séraucourt se sont faits évacuer :


Salut Camarades,



Voilà, à Bourges le massacre a commencé ce matin.
150 CRS (qui resteront jusqu’à vendredi sur place pour sécuriser les lieux et partiront ensuite pour Calais), les flics nationaux et les municipaux, plus des détachements de CRS (12) secouristes haute montagne de Briancon, Savoie et Pyrenées étaient présents vers 7h15 ce matin à Bourges, pour permettent aux employés municipaux de mettre les barrières autour de la zone.

Nous étions à peine une cinquantaine de militants sur place, les Berruyers préférant rester au lit ou allez au boulot comme de braves moutons, plutôt que de se mobiliser pour faire entendre leurs mécontentements. Nous avons occupé symboliquement l’ancienne aire du skatepark, là où il y deux ans a commencé la lutte.

Il n’y a pas eu de violence de la part des forces de l’ordre, nous avons quitté les lieux pacifiquement bien encadrés, impuissants face à la machine policière. Les élus et responsables de la ville (adjoints aux travaux, à la sécurité) venus constater que le travail était bien fait se sont fait huer et ne sont pas restés longtemps sur place craignant peut être pour leur sécurité !?

Les tronçonneurs sont sur place et ont déjà commencé le massacre, sous bonne garde.

Beaucoup de colère, des larmes et un sentiment d’impuissance malgré tout le travail effectué par les membres du collectif Luttes Séraucourt. Mais nous n’en avons pas terminé avec la municipalité, le petit roi de Bourges Pascal Blanc (UDI), son conseil municipal, les élus communistes qui ont porté ce projet de destruction et d’endettement de la ville de Bourges.

Jeudi 13 octobre

►Un appel de Bure à venir consolider l’occupation de la forêt libérée de Mandres-en-Barrois à partir du 24 octobre.



►A propos de Calais : La destruction de la "jungle" est annoncée décalée du 17 octobre au 24 octobre. Voir l’article dans Libération qui en cause.. Les autorités parlent de "mettre à l’abri" bel usage de la novlangue pour parle d’expulsion !!!!

Un texte à lire ici « De Vintimille à Calais en passant par Paris et toutes les villes et villages, nous appelons à nous organiser, aux côtés des migrantEs pour la liberté et contre la jungle qui vient. » . signé par l’assemblée générale de mardi dernier qui appelle une nouvelle fois à montrer nos solidarités avec les exilés (NDDL).

Un extrait du texte : "Le temps nous est compté. Peut-être est-il déjà trop tard pour empêcher la destruction du campement. Mais les batailles perdues sont toujours celles qu’on ne mène pas. Qu’au moins s’amorce la contre-offensive. Pour Calais, pour les migrantEs, pour notre monde et notre humanité.

Nous appelons ceux et celles qui le peuvent à aller à Calais pour témoigner de leur solidarité avec les migrantEs, pour témoigner des moyens utilisés par les autorités.

Nous appelons à nous rassembler dans toutes les villes, dans tous les villages, les 15 et 16 octobre, devant les mairies, devant les préfectures, en solidarité avec les migrantEs et contre la destruction du campement de Calais. Et à converger vers Amiens le 19 octobre aux côtés des syndicalistes de Goodyear et de toutes les victimes de la répression et des violences policières.


De Vintimille à Calais en passant par Paris et toutes les villes et villages, nous appelons à nous organiser, aux côtés des migrantEs pour la liberté et contre la jungle qui vient."




Vendredi 14 octobre

Le projet de nouvelle autoroute alsacienne de plus en plus controversé


350 hectares d’espaces naturels, de forêts et de terres agricoles seront-ils détruits en Alsace au profit d’une énième autoroute ? Ce 15 octobre, des associations, des élus et des riverains manifesteront à Strasbourg contre le projet de « grand contournement ouest de Strasbourg » (GCO) [1]. Ce projet de 24 km d’autoroute à péage, conçu dans les années 70, est destiné à désengorger l’actuelle A35 qui traverse Strasbourg. Le concessionnaire n’est autre qu’Arcos, filiale du groupe Vinci [2]. Si le projet arrive à son terme, l’autoroute sera mise en service en 2020.

Avec plus de 518 millions d’euros de travaux, Vinci Concession compte rentabiliser sa future autoroute avec des péages. Le tarif payé par les automobilistes serait « au niveau de ceux de l’autoroute la plus chère de France », selon le site d’informations locales Rue89 Strasbourg [3]. « Quel conducteur privilégiera une autoroute payante à une gratuite ? », interrogent dans une vidéo les opposants. Ceux-ci rappellent que « le GCO va couper en deux le poumon vert à l’ouest de Strasbourg, et augmentera la pollution et le bruit dans les zones péri-urbaines qu’il va traverser ».

Doutes des autorités sur la « pertinence » du projet

Une fois le projet déclaré d’utilité publique en janvier 2008, la région Alsace et le Conseil général du Bas-Rhin votent 30 millions d’euros de financement public pour le GCO en février 2012. Mais quinze mois plus tard, en juin 2013, le rapport de la commission mobilités 21 considère qu’ « il n’est pas possible de retenir le projet [GCO] dans la catégorie des premières priorités », pointant son caractère « controversé » et les nombreuses questions soulevées sur sa « pertinence comme réponse aux problèmes que rencontre l’agglomération de Strasbourg » [4].

En cause, la faible capacité de la nouvelle autoroute à absorber la circulation journalière de l’actuelle A35 [5]. Celle-ci est très prisée par le transport routier européen car elle permet d’éviter les autoroutes allemandes et leur éco-taxe. Sur les 170 000 véhicules empruntant l’A35 chaque jour, 35 000 se détourneraient vers le contournement selon la Chambre de commerce et d’Industrie du Bas-Rhin [6]... Sans que cette nouvelle autoroute ne règle le problème d’accessibilité de Strasbourg aux heures de pointes. « Gaspillage de 300 hectares de terres agricoles », « atteinte à 50 hectares de forêts », « massacre de paysages exceptionnels », « destruction d’espèces remarquables »... Pour les opposants, les conséquences négatives seront bien plus nombreuses.

Blocages de travaux illégaux

Les procédures juridiques et les réunions publiques se sont multipliées [7]. Alors que plusieurs recours n’ont pas encore été jugés et que l’enquête publique relative aux impacts liés à la loi sur l’eau n’a pas eu lieu, les actions de désobéissance civile essaiment. Ces derniers mois, des panneaux des villes ou villages concernés par le tracé du contournement ont été maquillés avec des stickers « Vinci Geh Heim » (Vinci rentre chez toi). Plusieurs cabanes ont également été construites le long du tracé où des militants campent régulièrement [8]. Depuis avril, un nouveau collectif de riverains s’est monté, Les Bishnoïs [9], à l’initiative de concerts, d’animations nature, de forums ou de « zone camping ».


Fin septembre, Vinci et ses filiales ont voulu effectuer des travaux de forages géotechniques pour faire des analyses du sol sur le tracé prévu, mais ils se sont heurtés à plusieurs actions de blocage [10]. Depuis, une enquête est en cours « pour défaut d’autorisation », selon le journal des DNA. De son côté, le groupe Vinci avance « une erreur de transmission de consignes » pour expliquer ce lancement précipité de travaux. Reste que si les travaux ne commencent pas le 1er janvier 2018, la déclaration d’utilité publique de 2008 devient caduque. Il faudrait alors recommencer toute la procédure d’enquête publique.


Le collectif « GCO non merci » appelle à l’abandon de ce projet et à la mise en place de mesures alternatives durables pour rendre les transports collectifs plus attractifs. Un nouveau rapport confirme le manque d’investissement, à l’échelle mondiale, dans les transports en commun et la dégradation de leur accessibilité, à mesure que l’on s’éloigne des centre-villes. « Les transports de masse devraient croître avec les villes, et pourtant dans la plupart des territoires, les pouvoirs publics comptent encore sur le trafic automobile comme premier mode de transport », déplore l’ONG à l’origine de cette étude [11]. « Les impacts du réchauffement peuvent encore être atténués s’il y a assez de volonté politique. La poursuite d’un développement basé sur la voiture, partout dans le monde, est un exemple parfait de cette tragédie. »


Sophie Chapelle - Bastamag



Infos du 17 au 23 octobre


Mardi 18 octobre


Du côté de Calais, ça tergiverse moins, et la justice a donné son avis. pour suivre ce qu’il se passe là-bas, https://calaismigrantsolidarity.wordpress.com/

On relaie aussi un communiqué envoyé depuis la vallée de la Roya 

Communiqué de la coordination PACA de solidarité aux migrants
 
Le 18/10/2016

A l’heure du démantèlement de la « jungle » de Calais, l’Etat prétend organiser l’accueil des réfugiés en les relocalisant dans des CAO sur tout le territoire.


Or, nous, habitants de la vallée de la Roya, faisons face à une situation d’urgence croissante : suite à la fermeture des frontières par la France, notamment celle de Menton, la vallée de la Roya connait un afflux sans précédent de réfugiés en détresse, des femmes, des malades, des mineurs... dans des conditions sanitaires déplorables.


Aussi, notre collectif inter-associatifs de toute la région PACA, constitué d’individus (élus, médecins, infirmières, avocate, agriculteurs, etc.) et d’associations, sans réponse des pouvoirs publics (Gouvernement/Préfecture et le Conseil départemental des Alpes-Maritimes), qui fuient leurs responsabilités, a pris la décision d’ouvrir un lieu d’accueil humanitaire de transit dès ce soir.


Au vu de l’urgence humanitaire et sanitaire, il est indispensable que les pouvoirs publics assument concrètement les conditions minimales de salubrité du lieu : eau, sanitaires, électricité, ainsi que les soins médicaux.


En cas d’expulsion de ce lieu, les autorités demeureront responsables de la mise en danger (Cf. les derniers décès sur l’autoroute Vintimille-Menton) de ces personnes d’autant plus vulnérables à l’approche de l’hiver, que l’on retrouve errant avec de multiples blessures, malades, en sandales dans la montagne... Les Pouvoirs publics ne peuvent continuer à se défausser de leurs responsabilités, en renvoyant indéfiniment et en toute illégalité les réfugiés en Italie, leur déniant ainsi toute possibilité de demander asile, et refusant aux mineurs isolés la protection qui leur est due.
Nous appelons les personnes, les associations et syndicats, les collectifs à manifester leur soutien à notre démarche, en particulier en cas d’expulsion.



Pour la coordination PACA de solidarité aux migrants

Contacts : royacitoyenne@laLa tribune de de l'astrophysicien Hubert Reeves à propos de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. 
 
©ISA HARSIN/SIPAposte.net / roya-citoyenne@laposte.net

Mercredi 19 octobre


Des nouvelles fraîches de la zad de Chambarans où le vent de la résistance souffle toujours : "Cela faisait un bon moment que le vent n’avait pas porté jusque sur internet quelques nouvelles de la zone occupée des Chambarans… Mais le vent souffle toujours : la tempête continue !

Un petit état des lieux juridique…

La nouvelle est presque aussi fraîche que le vent du Nord : le procès du Center Parcs de Roybon va bientôt redémarrer, au tribunal de Lyon. En effet, le 3 novembre, le rapporteur public va se prononcer au sujet du « dossier Center Parcs ». Le procès devrait normalement se tenir dans les semaines qui suivront. Seront jugés en même temps l’appel de Pierre et Vacances et les recours des opposant-es. Pour rappel, Pierre et Vacances demande à faire annuler la suspension de l’autorisation de travaux, c’est-à-dire qu’ils veulent pouvoir continuer leurs travaux même si tous les recours ne sont pas encore traités. De leur côté, les opposant-es font appel sur la destruction des espèces protégées et déposent un recours sur les problèmes d’assainissement dus au projet. La réponse du tribunal de Lyon ne doit pas être considérée comme irréfutable, car il sera toujours possible par la suite de saisir le conseil d’État ou l’Europe. Mais il y a un risque que Pierre et Vacances puisse redémarrer les travaux sans avoir à attendre la fin des démarches juridiques. Soyons donc prêt-es à redonner souffle à la tempête ! Et si jamais le tribunal continue d’empêcher les travaux… Hé bien, nous ne savons pas trop ce que fera Pierre et Vacances. Mais cela nous laissera vraisemblablement plus de temps pour réfléchir et vivre nos vies !"


►Deux moments pour marquer la mort de Rémi Fraisse, un rassemblement et une marche, sont prévus les 23 et 26 octobre. Plus d’infos ici et ici

La folie bétonnière ne s’arrête jamais : projet de construction d’une troisième piste à Heathrow (Londres) et consultation prochaine sur le sujet. "There is only one way to prevent aviation from wrecking the planet. We need to fly much less" (Il n’y a qu’une façon d’empêcher l’aviation de faire couler la planète. Il faut bien moins prendre l’avion)


A Calais, la déportation des migrant.es de la jungle s’organise... L’état s’installe et prépare son opération guerrière contre "l’ennemi intérieur" et perpétue ses politiques racistes, xénophobes et délétères. Des nouvelles sur : https://passeursdhospitalites.wordpress.com/2016/10/18/le-commissariat-volant-et-le-hangar-mysterieux/
 
Mais malgré tout, on y fait du son : https://soundcloud.com/user-848538838


Jeudi 20 octobre




Des projets merdiques, il y en a plein, cf l’article de Reporterre sur les différentes luttes actuelles en Europe.




On relaie l’appel à soutien de Roya citoyenne, une assos qui lutte à la frontière franco-italienne pour soutenir les migrant-es.
Contre toutes les frontières, solidarité internationale !


Vendredi 21 octobre


On nous transmet ici une liste des rassemblements organisés en mémoire de Rémi Fraisse (on n’aime pas franchement facebook mais on n’a pas d’autres sources sur ce sujet pour l’instant). Ni oubli, ni pardon !


Infos du 24 au 31 octobre


Lundi 24 octobre


Trois jeunes femmes blessées par des « pro-barrages 



Dimanche 23 octobre, en début d’après-midi un peu plus de 150 personnes se sont retrouvées à Sivens (Lisle-sur-Tarn, Tarn), sur le site du projet de barrage. Rémi Fraisse y est mort il y a deux ans, dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014, victime d’une grenade offensive lancée par un gendarme.


Les intervenants ont rappelé que, porté par le Conseil Général du Tarn avec la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne (CACG), abandonné en mars 2015, le projet s’est avéré « illégal », la Cour d’appel de Toulouse ayant annulé en juin 2016 trois des arrêtés qui avaient permis le démarrage du chantier.


Avant de parvenir sur le site de Sivens, le cortège qui souhaitait rendre hommage à Rémi Fraisse s’est retrouvé face à une vingtaine de personnes, favorables au barrage, parmi lesquelles Pascale Puibasset, adjointe au maire de Lisle sur Tarn, habitante de la vallée du Tescou et responsable de l’association Vie eau Tescou, groupe rejoint par plusieurs dirigeants de la FDSEA 81, dont Philippe Jougla, le président du syndicat agricole.


Alors que les deux groupes étaient « au contact », trois jeunes femmes ont été blessées, l’un des membres du groupe des « partisans du barrage » leur ayant donné un coup de couteau dans le ventre. La gendarmerie s’est interposée. A la fin du rassemblement, les victimes et les témoins de cette agression - « Elle a été photographiée » indiquaient plusieurs personnes - se sont réunis et le dépôt d’une plainte semblait le plus probable.

Source : Le Tarn libreReporterre

    INFOS EXPULSIONS CALAIS :

     

On va relayer des infos sur les expulsions de la "jungle" de Calais. Une page spéciale sera mise à jour quotidiennement.




Pour se tenir informé, en plus de la page spéciale sur le site, on vous conseille le blog d’un camarade calaisien, passeurs d’hospitalités


Mardi 25 octobre

Deux ans après la mort de Rémi Fraisse, la justice continue à prendre son temps

Il y a deux ans, dans la nuit du 25 au 26 octobre, Rémi Fraisse était tué par l’explosion d’une grenade lancée par un gendarme sur le site du barrage de Sivens. Alors que le dossier a été requalifié en « homicide involontaire », l’une des avocates de la famille fait le point sur l’enquête et raconte les premiers mois de l’instruction, notamment les rejets systématiques des actes demandés par la défense.


Maître Claire Dujardin est l’une des avocates de la famille de Rémi Fraisse.

Reporterre – Cela fait deux ans que le dossier Rémi Fraisse est ouvert, six mois que le principal gendarme mis en cause a été placé sous le statut de témoin assisté. Où en est l’instruction ?



Me Claire Dujardin — Le dossier avait été ouvert sous le statut de « violences entraînant la mort sans intention de la donner », il a été requalifié en « homicide involontaire ». Cette qualification juridique implique que l’on ne se situe plus sur une faute d’imprudence, de négligence, une faute de non-respect des règles de sécurité et des règles d’usage des armes. C’est intéressant, car, nous, les avocats de la famille, avions fait ce raisonnement.


En restant sur une faute pénale, il aurait été compliqué de démontrer qu’il y a eu un lien direct. Comment démontrer que ce gendarme savait qu’il utilisait une grenade et que, même s’il n’avait pas l’intention de tuer, il l’a quand même utilisée dans l’intention de blesser ? Cette hypothèse ne tenait pas la route. Il y aurait eu un acquittement. En revanche, démontrer que les gendarmes ont fait usage d’une arme qui n’aurait pas dû être utilisée, démontrer que l’ordre qui a été donné n’était pas un ordre légal, démontrer que cet ordre a été utilisé dans des conditions qui n’ont pas respecté les règles de sécurité parce qu’on était de nuit, c’est ce qui ressort du dossier et cela permettra peut-être d’avoir une condamnation. Et puis, le fait de placer le gendarme sous le statut de témoin assisté pouvait permettre de le mettre en examen s’il y avait d’autres éléments mis en avant. Ce statut de témoin permet de remonter le fil de l’histoire, c’est ce que font maintenant les juges d’instruction.


Depuis sept mois, Anissa Oumohand et Élodie Billot, les deux juges chargées de l’instruction, remontent la chaîne de commandement. Jusqu’où sont-elles allées ?


Elles ont auditionné trois autres gendarmes, le chef du gendarme, le chef du peloton, le chef du groupement et elles vont en auditionner deux autres. C’est ce qu’on avait demandé et c’est la suite logique de la requalification et de ce qui ressort du dossier. Mais cela fait quand même deux ans que l’instruction a été ouverte, personne n’a été mis en examen. Peut-être les juges ne peuvent-elles pas aller plus vite et il faut s’accommoder de ce temps judiciaire. Si elles ont besoin d’un an de plus, mais que cette année permet d’entendre tout le monde, de confronter tout le monde et d’aboutir à un dossier ficelé, pourquoi pas ? Mais il y aussi une autre possibilité : celle de faire le strict minimum, d’auditionner la hiérarchie, afin de clore le dossier.



En juillet dernier, l’enquête de Reporterre a révélé l’existence d’un peloton de gendarmes ayant agi de manière dissimulée. Qu’en pensez-vous ?


La version qui est développée par Reporterre est plausible, sauf qu’on ne peut pas la démontrer, car on n’a pas une instruction qui a envie de creuser cette piste. Quand on est juge d’instruction, on instruit à charge et à décharge, quand on a un élément intéressant, il faut aller creuser cet élément, qu’il aille dans un sens ou dans l’autre, car l’idée est d’aller chercher la vérité judiciaire. Nous avons envie que les juges tirent cette corde-là, mais, si elles ne la tirent pas, on ne va jamais pouvoir le démontrer.
Le mémorial sur la Zad de Sivens en octobre 2015, là où Rémi Fraisse était mort un an plus tôt.

L’enquête de Reporterre montre aussi qu’il existait des liens entre certains gendarmes et des membres du gouvernement, comme l’actuel Premier ministre. Peut-on lier ces rapports à de possibles pressions sur les juges Billot et Oumohand ?


Le processus est beaucoup plus insidieux, voire intrinsèque au système judiciaire. On ne passe pas un coup de fil en disant « Tu ne dois pas ouvrir ce dossier », mais il y a le parquet, qui peut chercher à savoir comment avance le dossier, donc cela veut dire que le parquet suit le dossier. Un collègue peut donner des conseils de prudence aux juges d’instruction. Ce n’est pas un coup de fil du Premier ministre, c’est tout un monde qui est lié à la hiérarchie, avec des regards, des carrières, mais ce ne sont pas des pressions directes. On sait que ce dossier est suivi, médiatisé. L’État n’a pas besoin de dire qu’il surveille ce dossier.

Aviez-vous constaté des anomalies dans les premières phases de l’instruction ?


Dans un premier temps, la brigade de recherche de la gendarmerie de Toulouse a été saisie en urgence pour effectuer les opérations, l’IGGN (Inspection générale de la gendarmerie nationale) a aussi été saisie pour mener une enquête administrative. Ce sont donc des gendarmes locaux qui ont instruit une affaire sur d’autres gendarmes locaux. De manière générale, des policiers instruisent sur des policiers, des gendarmes sur des gendarmes et, du coup, la démarche est faussée.


Dès lors que l’on demande à des gendarmes d’enquêter sur d’autres gendarmes et que l’on se contente de l’enquête de l’IGGN, on sait que chacun va réciter son catéchisme, dire que tout s’est bien passé, que le cadre légal a été respecté, il n’y a plus d’objectivité.


Dès le début de l’enquête, on a constaté que les auditions des témoins ne se faisaient pas de manière objective et sereine, ce qui ajoutait de la difficulté à l’instruction. L’enquête des gendarmes a été faite à décharge, on a tout fait pour ne pas donner d’éléments qui sortent du cadre légal ou qui pourraient incriminer les gendarmes. À partir de là, c’était compliqué. Autre élément : toutes nos demandes d’acte ont été rejetées.

 
Quels actes ? 
 

On a demandé très rapidement une reconstitution. Les juges d’instruction ont refusé, ce qui est quand même très lourd. Dans un dossier qui va concerner des particuliers ou un dossier criminel, quand on demande la reconstitution, on en fait une, parce que cela permet de comprendre ce qu’il s’est passé. On a fait appel, bien entendu, et là, c’est la chambre de l’instruction qui a refusé. En général, quand on fait appel, le président doit réunir les trois juges de la chambre d’instruction pour organiser une audience, entendre les parties civiles, avoir l’avis du parquet, du procureur. Normalement, voilà comment ça se passe, sauf que le président a le pouvoir de ne pas réunir la chambre de l’instruction s’il estime que l’on n’a pas besoin d’organiser une audience. C’est ce qu’il a fait. Systématiquement, nos demandes d’actes ont été rejetées et systématiquement le président de la chambre d’instruction a rejeté nos appels sans organiser d’audience. On a aussi demandé à ce que les différents gendarmes de la hiérarchie soient entendus, notamment le préfet, ce qui a aussi été refusé. On s’est également rendu compte que ni les juges d’instruction, ni le procureur, ni la gendarmerie n’avaient l’intention de rechercher des témoins directs. La première année, on s’est retrouvé avec toutes ces difficultés.

Rémi Fraisse, quelque temps avant son décès.

Désormais, qu’attendez-vous des suites de ce dossier ?


Je pense qu’on a appris pas mal de choses. On arrive à reconstituer ce qui s’est passé, on connaît l’emploi du temps, on sait où était Rémi, on sait que ça s’est passé en un quart d’heure, qu’il était là au mauvais endroit au mauvais moment. On sait aussi que ce n’est pas un accident, je ne dis pas que l’on a voulu tuer quelqu’un, mais, quand on lance autant de grenades offensives dans des conditions comme celle-ci, ce n’est pas un accident. Aujourd’hui, nous sommes sur le volet pénal, mais nous pourrons aussi mener des combats autrement, on peut utiliser d’autres volets, le volet administratif, celui de la Cour européenne. Je constate aussi qu’il n’y a pas de tournant pour l’instant. La politique est toujours la même. On va intervenir à Notre-Dame-des-Landes, à Calais. La politique de maintien de l’ordre n’a pas changé, les violences continuent, la police se réarme. Sivens est le symbole de l’échec de cette politique, mais, malgré la gravité de ce qui s’y est passé, les leçons n’ont pas été tirées.


Entretien avec Claire Dujardin - Propos recueillis par Vanessa Vertus - Reporterre


Des rassemblements sont prévus demain le 26 octobre en hommage à Rémi Fraisse, d’après ce que l’on sait au moins à Toulouse, Grenoble, Paris, Strasbourg, Brest, à Clermont-Ferrand, à Dunkerque et à Nantes.

Les rassemblements de demain sont par ailleurs recensés
ici, avec la possibilité d’ajouter votre date.

Extrait de l’appel pour le rdv à Paris :
"Dans un climat nauséabond où les menaces d’expulsion de la zone à défendre de Notre-Dame-Des-Landes sont régulières et à prendre au sérieux, où la frange la plus radicale de la police organise des grèves sauvages pour demander un droit qu’elle s’accorde déjà, c’est-à-dire le droit de pouvoir utiliser leur arme à feu pour « se défendre », où un syndicat de police appelle à manifester pour soutenir cette institution mortifère le jour de la mort de Rémi, nous ne voyons qu’une seule solution, qui est de se rassembler pour rendre hommage à Rémi et toutes les victimes des violences policières."

Un peu de pub pour radio Klaxon : des lives sur le sujet des expulsions à Calais ont lieu toutes la semaine sur radio Klaxon à 18h. Et c’est super parce que c’est écoutable en streaming en ligne ! Radio Klaxon, la radio pirate faite par des pirates qui n’ont jamais fait de radio.

Deuxième journée d’expulsion à Calais aujourd’hui... on essait de continuer à relayer des relayer des informations sur la page spécial ici ->https://zad.nadir.org/spip.php?article4118]. La rage au ventre et les pensées tournées vers tous les gens qui sont là-bas que ce soit dans des pensées de solidarités pour les migrantes ou de la colère envers les flics et autres démolisseurs qui rendent possible la déportation de 8 000 personnes...

Hier un rassemblement a eu lieu devant la préfecture de Nantes et d’autres rassemblement sont prévus un peu partout en France. La liste mise à jour à lire là.

Sivens, Europacity, Roybon… Les opposants aux grands projets jugés inutiles ont-ils fait plier les bétonneurs ? 

 



Le quinquennat de François Hollande a été marqué par l’émergence et la multiplication de mouvements contestant la pertinence de certains grands projets d’infrastructures : l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes bien sûr, mais aussi le barrage de Sivens (Tarn), le village artificiel de Roybon (Isère), le méga centre commercial Europacity en région parisienne, la décharge industrielle de Nonant-le-Pin en Normandie, ou encore la ligne grande vitesse entre Lyon et Turin. Où en sont ces projets ? Les occupations et les recours en justice ont-ils réussi à les remettre en cause, à susciter un véritable débat sur leurs pertinences, ou non, au vu de leurs coûts et des pollutions et destructions qu’ils induisent ?

Ce 26 octobre, les mouvements opposés aux grands projets jugés inutiles et polluants, commémoreront la mort de Rémi Fraisse, 21 ans, tué il y a deux ans par une grenade offensive sur le chantier du barrage de Sivens, dans le Tarn. Parallèlement, ces mêmes mouvements se préparent à une éventuelle évacuation de la « zone à défendre » de Notre-Dame-des-Landes, en Loire-Atlantique, qui fait obstacle à la construction d’un nouvel aéroport international. L’occasion de faire le point sur les grands projets contestés qui ont défrayé la chronique pendant le quinquennat de François Hollande.


  1. Notre-Dame-des-Landes : vers le bras de fer sur la« zad » ?

 Pays-de-la-Loire
 Lieu : Notre-Dame-des-Landes (44)
 Coût : 600 millions d’euros
 Bénéficiaire : Vinci



Situé à 17 km au nord-ouest de Nantes et à 80 km de Rennes, le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes défraie la chronique depuis plusieurs années. Initié en 1968, le projet est ensuite rangé dans un carton pour cause de crise pétrolière... pour être relancé trente ans plus tard, afin de remplacer l’aéroport de Nantes, jugé trop étroit. 

En février 2008, le projet est déclaré « d’utilité publique » et l’État confie au groupe de BTP Vinci la construction et la gestion – pour 55 ans – de ce futur aéroport. La mobilisation locale se relance et une association, l’Acipa, fédère agriculteurs, élus locaux et citoyens opposés au projet [1]. Des militants écologistes ou libertaires décident de venir vivre sur la « zone d’aménagement différée » – périmètre sur lequel doit être bâti l’aéroport – qu’ils rebaptisent « zone à défendre » (zad).

À l’automne 2012, l’État tente de faire évacuer la « zad » pour lancer les travaux. Les forces de l’ordre se heurtent à une très forte résistance. Elles sont obligées de renoncer à reprendre la « zad » après plusieurs semaines de violences. Sur place, les liens se resserrent entre opposants et de nombreux projets alternatifs voient le jour sur ses 1200 hectares de champs, de bocages et de bois : boulangeries, semailles, constructions, occupations des fermes abandonnées, friperie, ateliers de réparation agricoles.... le tout géré collectivement, au sein de diverses assemblées qui vivent et expérimentent une démocratie directe. De 100 à 300 personnes occupent désormais la zad en permanence, dont huit agriculteurs qui refusent leur expropriation.

Début 2016, quelques semaines après la conférence sur le climat, les agriculteurs demeurant sur la zad sont sommés d’évacuer leurs fermes. Un mois plus tard, des dizaines de milliers de personnes, venues de tout le pays se retrouvent à Notre-Dame-des-Landes, là où les travaux sont censés commencer deux semaines plus tard. Pour tenter de sortir de l’ornière, François Hollande lance une consultation, qui se déroule fin juin. Le « oui » l’emporte à 55% avec une participation de 51%. Mais les opposants dénoncent le périmètre restreint du référendum : seuls les habitants de Loire-Atlantique ont voté alors que deux autres départements – Ile-et-Vilaine et Morbihan – sont directement concernés. Ils annoncent la poursuite de l’occupation.

Alors que les travaux sont promis pour l’automne, et que les menaces d’expulsion planent à nouveau sur la zad, une nouvelle manifestation d’envergure s’est déroulée les 8 et 9 octobre dans le bocage nantais. 40 000 personnes ont défilé au « chant du bâton ». « Celles et ceux qui habitent et cultivent la Zad ne la quitteront pas ! Il n’y aura jamais d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ! » préviennent les opposants. En cas d’évacuation par la force, les comités de soutien créés dans toute la France annoncent des blocages, avec des centaines de tracteurs en renfort. Les syndicalistes CGT du groupe Vinci et ceux de l’aéroport de Nantes Atlantique ont également annoncé qu’ils se mobiliseraient en cas d’intervention policière.

Voir tous nos articles sur Notre-Dame-des-Landes.

  1.  L’utilité publique du barrage de Sivens finalement infondée

 Occitanie
 Lieu : Sivens, près de Gaillac (Tarn)
 Coût : 20 millions d’euros pour la collectivité
 Bénéficiaire : la CACG, une société d’économie mixte


C’est un vieux projet de retenue d’eau, envisagé depuis 1989. Il est porté par le Conseil général et la Compagnie d’aménagement des coteaux de Gascogne (CACG). Le 2 octobre 2013, la préfecture du Tarn prend un arrêté de déclaration publique. Les 1,5 millions de m3 d’eau retenus, sur deux kilomètres de long pour 250 mètres de large, permettraient d’irriguer plus de 300 hectares de cultures alentour. Pour les opposants, ce projet, qui va submerger 30 hectares de zones humides, est un « réservoir d’eau à 25 maïsiculteurs pour leur arrosage ». Alors que l’ouvrage, dont le coût est estimé à 20 millions d’euros sur 29 ans, est intégralement financé sur fonds publics, il bénéficiera principalement à des exploitants privés.

Devant le démarrage imminent des travaux, une zone à défendre est établie le 23 octobre 2013 par le Collectif « Tant qu’il y aura des bouilles ». L’occupation permet de repousser les opérations de défrichement pendant plus d’un an. Les travaux démarrent finalement le 1er septembre 2014 sous présence policière, malgré les manifestations. Rémi Fraisse, militant écologiste, est tué dans la nuit du 25 au 26 octobre 2014 par une grenade offensive lancée par un gendarme. La mort de ce jeune manifestant marque l’arrêt du chantier. Elle est concomitante de la publication du rapport des experts nommés par le ministère de l’Écologie qui étrillent un projet « médiocre » (projet surdimensionné, bénéficiant à peu d’agriculteurs, faiblesse de l’étude environnementale…). Des arguments développés depuis des mois par les opposants à la construction du barrage. Le 6 mars 2015, alors que le Conseil général du Tarn vote le redimensionnement du projet, la Zad est évacuée.

Finalement, la justice donne raison aux opposants le 1er juillet 2016. Le tribunal administratif de Toulouse annule trois arrêtés fondateurs du premier projet de barrage de Sivens – relatifs à la déclaration d’utilité publique, à la destruction des espèces protégées et à l’autorisation de défrichement. En clair, les travaux entrepris étaient juridiquement illégaux, les occupants avaient donc toute la légitimité pour protéger la zone humide. Saluant ces décisions, la famille de Rémi Fraisse dit constater « avec douleur que si les recours administratifs et le dialogue environnemental avaient été respectés, les travaux n’auraient pas démarré et cette tragédie ne serait jamais arrivée ». Ces annulations compliquent par ailleurs le projet de nouveau barrage redimensionné car il doit se fonder sur une nouvelle déclaration d’utilité publique et une nouvelle enquête publique. Les opposants continuent de faire valoir d’autres voies alternatives pour alimenter en eau les terres agricoles alentour.

  1. Un projet de méga-décharge quasi bloqué

 Normandie
 Lieu : Nonant-le-Pin, près d’Argentan (Orne)
 Coût : 6,5 millions d’euros [2]
 Bénéficiaire : Guy Dauphin Environnement (GDE)


« Virer une multinationale est un sacré défi ! », lançait à Basta !, en juin 2014, un opposant au projet de méga-décharge de Nonant-le-Pin, dans l’Orne. Un défi en passe d’être réalisé ? En mai dernier, la Cour d’appel de Nantes a donné raison aux opposants de ce projet de décharge mené par Guy Dauphin Environnement (GDE), une filiale d’un groupe lié à la société de courtage pétrolier Trafigura. Cette dernière est tristement connue pour avoir déversé des produits toxiques dans le port d’Abidjan, il y a 10 ans, provoquant la mort de 17 personnes et l’intoxication de milliers d’autres (lire notre article).

Depuis 2006, GDE tente d’installer une nouvelle décharge en plein cœur d’un territoire réputé mondialement pour son élevage de chevaux. Au total, le site recueillerait 2,5 millions de tonnes de déchets, notamment de l’industrie automobile, sur l’équivalent de 50 terrains de football, pendant 17 ans. L’entreprise affirme que ce projet créerait 12 emplois directs, puis 90 autres grâce à une nouvelle usine de retraitement des déchets à quelques kilomètres de Nonant-le-Pin. Les riverains, eux, voient rouge : l’ouverture d’une décharge provoquerait des pertes économiques considérables pour le monde du cheval et la région, ainsi que la pollution de l’environnement et des eaux de surface.

A partir d’octobre 2013 et pendant un an, l’entrée du site est bloquée par les opposants afin d’empêcher GDE de déposer des déchets. Les procédures judiciaires se multiplient, notamment grâce à la solidarité financière du monde du cheval. La lutte est marquée par une forte mixité sociale des opposants : du propriétaire de haras jusqu’au boulanger retraité du coin, le projet de décharge rassemble des mondes sociaux qui, d’ordinaire, ne se croisent que rarement. Quand certains tiennent un barrage, distribuent des tracts ou proposent un plan alternatif de développement économique de la région, d’autres assurent un travail de lobbying au sommet de l’État, notamment auprès de Ségolène Royal.

C’est d’ailleurs la ministre de l’Environnement qui s’est rendue sur place, le 20 mai dernier, après l’annonce de la Cour d’appel de Nantes. La juridiction, qui estime que l’exploitation de cette décharge entraîne en effet des « risques pour la santé, la sécurité, la salubrité publique, et pour l’environnement », annule l’autorisation d’exploitation de la décharge. GDE affirme « ne pas comprendre un tel revirement de la part de la justice et des pouvoirs publics, qui crée une insécurité juridique défavorable à tout investissement industriel dans notre pays ». L’entreprise a déposé un recours devant le Conseil d’État, tandis que d’autres procédures, civiles, pénales et administratives, déposées par les associations d’opposants ou GDE, sont toujours en cours. « Notre mobilisation sera active tant que ces terres n’auront pas été rendues à des activités respectueuses de l’environnement », préviennent les opposants qui espèrent que la jurisprudence de cette mobilisation servira à d’autres combats.


  1. Le Center Parcs de Roybon en suspens

     

 Auvergne-Rhône-Alpes
 Lieu : Roybon, en Isère
 Coût : 113 millions d’euros de subventions publiques
 Bénéficiaire : Pierre & Vacances


C’est à mi-chemin entre Lyon, Grenoble et Valence qu’un autre projet d’envergure suscite une forte opposition, jusqu’à entraîner la création d’une nouvelle « zad » depuis fin 2014. En cause ? Le groupe Pierre & Vacances, 1,18 milliard d’euros de chiffre d’affaires annuel, veut y implanter un Center Parcs : 1 021 cottages sur 200 hectares, au cœur du bois des Avenières, en pleine zone humide (lire notre article). Largement soutenu par la collectivité, à hauteur de 113 millions d’euros d’après les calculs de l’association Pour Chambaran sans Center Parcs (PCSCP), le projet doit entraîner l’embauche de 700 personnes pour faire tourner les installations, dont une bulle tropicale de 9 000 mètres cubes « à 29 degrés toute l’année ». Sauf qu’une grande partie des emplois s’annoncent précaires et très mal payés (notre enquête).

Décidé en 2007, ce projet a été retardé par les nombreux recours déposés par l’association PCSCP. De nombreux avis négatifs ont été rendus [3]. Mais ceux-ci n’étant que « consultatifs », le Préfet de l’Isère a décidé d’autoriser les travaux. Alors que le groupe entame le défrichement en octobre 2014, la mobilisation sur place croît rapidement (notre reportage dans la Zad). Depuis le 16 juillet 2015, les travaux sont bloqués : le tribunal administratif de Grenoble a invalidé l’arrêté préfectoral autorisant la destruction de la zone humide (voir ici). 40 hectares de forêt sur les 80 prévus ont pourtant déjà été défrichés. Pierre & Vacances a fait appel de la décision.

Alors que la Cour d’appel n’a toujours pas rendu sa décision, le Conseil régional d’Auvergne Rhône-Alpes a adopté le 14 avril, une subvention de 4,7 millions d’euros en faveur de ce Center Parcs. Une décision étonnante alors même que Laurent Wauquiez, président de la région Auvergne - Rhône-Alpes, a promis de serrer la ceinture du budget régional, avec 75 millions d’euros d’économies annoncées. Dans l’éventualité d’une reprise des travaux, l’association PCSCP mène d’autres recours, notamment à l’échelle européenne. Les occupants de la Zad de Roybon organisent régulièrement des chantiers de construction participatifs. Une première réunion de coordination des opposants aux Center Parcs s’est par ailleurs tenue au printemps 2016 en Saône-et-Loire pour « partager expériences et idées pour la suite »


  1. Le coût de la ligne grande vitesse Lyon-Turin fortement contesté

     

- Auvergne-Rhône-Alpes
- Lieu : Vallées de Suse, Alpes (France, Italie)
- Coût : 26 milliards d’euros
- Bénéficiaires : Réseau ferré de France, Réseau ferré d’Italie et un futur partenaire privé pour la gestion des équipements


Initié au début des années 90, le projet de ligne à grande vitesse Lyon-Turin est confirmé par un accord franco-italien signé le 30 janvier 2012. La société franco-italienne Tunnel Euralpin Lyon Turin (TELT [4]), dont l’État français est actionnaire à 50 %, est en charge de la construction du tunnel transfrontalier sous les Alpes de 57,5 kilomètres. Côté italien, le projet suscite une vaste opposition de la part des « No Tav » (pour Treno a alta velocità, train à haute vitesse). Entre occupations de chantier, batailles rangées contre les forces de l’ordre et manifestations de milliers de personnes, ils sont parvenus à retarder de plusieurs années le lancement des travaux.

Les critiques portent notamment sur le coût pharamineux de l’ouvrage qui ne cesse d’augmenter. En 2012, la direction du Trésor estime le coût du Lyon - Turin à plus de 26 milliards d’euros, dont 11,3 milliards d’euros pour les aménagements côté français ! [5] « Pour le seul tunnel de base de 57 km, le kilomètre coûterait plus de 200 millions d’euros ! », s’insurge Daniel Ibanez, fervent opposant au projet. « Comment expliquer que ce projet sera équilibré économiquement, quand on sait que l’axe Perpignan-Figueras, dont le coût était de 25 millions d’euros par kilomètre, a fait faillite en juillet 2015 au bout de cinq ans ? » Un nouveau référé de la Cour des comptes publié le 29 août 2016 confirme que le financement du Lyon-Turin est « largement hors de portée budgétaire ». Des soupçons de corruption massive, au profit de la mafia italienne, plane également sur le chantier (lire ici).

Selon les opposants, ce projet à 26 milliards permettrait de gagner une heure seulement de trajet entre Paris et Milan (voir ici)... Les associations mobilisées regrettent l’absence de véritable débat public sur l’utilité de ce projet pharaonique, et préfèrent la modernisation de la ligne « historique » qui relie déjà les deux métropoles. Le 18 avril 2016, la majorité écologiste et citoyenne de la ville de Grenoble a voté le désengagement du protocole de financement signé par la majorité socialiste précédente. Un vote qui pourrait être suivi par d’autres collectivités.


  1. Le méga complexe Europacity : une consultation publique ignorée

     

 Île-de-France
 Lieu : Gonesse, Val d’Oise
 Coût : 3,1 milliards d’euros (privé), 686 millions d’euros (public)
 Bénéficiaire : Alliages & Territoires – filiale d’Immochan, appartenant au groupe Auchan


Annoncé en 2011, ce projet qui pourrait engloutir les dernières terres agricoles de la Plaine de France, au nord de Paris. Le géant de la distribution Auchan envisage d’ouvrir en 2024 un méga-centre commercial de 80 hectares, dont 23 hectares de commerces – l’équivalent de 33 terrains de football ! –, 2 700 chambres d’hôtels, des restaurants, et même des pistes de ski et de luge (notre enquête). Le chantier du complexe EuropaCity s’inscrit dans une zone d’aménagement concertée (Zac) qui projette de bétonner 280 hectares au total.

L’investissement de 3,1 milliard d’euros est entièrement privé, assure Alliages & Territoires [6]. Mais selon le Collectif pour le triangle de Gonesse (CPTG [7]), les aménagements préalables de la Zac – routes et bretelles, ligne 17 du métro, gare, murs anti-bruits... – sont estimés à 686 millions d’euros par l’autorité environnementale [8]. Pour justifier l’utilité publique, les promoteurs avancent la création de 11 500 emplois directs et de 6 000 emplois indirects [9]. De quoi appâter de nombreux élus locaux malgré le manque de fiabilité de ce type d’estimations.


Une consultation publique s’est déroulée du 15 mars au 30 juin au cours de laquelle les opposants au projet ont pointé le risque de destruction du tissu économique existant. Mais la commission nationale du débat public avait à peine présenté les résultats des débats, que Alliages & Territoires annonçait la poursuite du projet [10] Cette annonce « montre que l’utilité de ce débat n’a été qu’une mascarade » ont réagi les opposants. Une initiative est prévue à Paris le 8 novembre pour « régionaliser l’opposition à Europacity » et élaborer des alternatives au projet, précise Bernard Loup du CPTG, à Basta !. Des procédures juridiques sont en cours à l’échelle nationale et européenne.



Mercredi 26 octobre




On relaie une liste des différents rassemblements organisés partout en France en mémoire de Rémi Fraisse. N’hésitez pas à la compléter pour informer d’autres rassemblements dont vous auriez connaissance et/ou à en organiser près de chez vous...



A Nantes, il y a un appel à une marche aujourd’hui à 18h30 de la préfecture, où des objets pourront être déposés en hommage, jusqu’au Commisariat de Waldeck. En mémoire de Rémi, afin que l’espoir revive et que cessent les violences de l’État, des milices et l’impunité policière

Vinci est l’entreprise qui détruit la « jungle » de Calais


Le collectif national des syndicats CGT de Vinci dénonce dans un communiqué publié ce mercredi 26 octobre le rôle de leur entreprise dans le nettoyage de la « jungle » de Calais. Alors que les migrants sont évacués de ce camp de fortune qui a pu regrouper jusqu’à 10.000 occupants, l’État a désigné une société privée pour effectuer le nettoyage de la zone.


Plus précisément, selon le syndicat, il s’agit de la SNH (Sogea Nord Hydraulique), une filiale de Vinci « qui assure le démantèlement du camp de Calais en prenant la précaution de faire porter à ces salariés des tenues neutres afin de ne pas être reconnue dans les médias ! »


« Ces salariés sont contraints à intervenir dans des conditions d’hygiène et de sécurité déplorables et dangereuses (insalubrité, risques d’épidémie, incendies, explosions ...), dans un contexte d’affrontement avec les forces de police », s’inquiète le syndicat.


Il rappelle également que l’État « dispose largement des moyens de le faire par lui-même en envoyant les militaires du génie qui ont les compétences nécessaires pour ce travail. »


Source : Communiqué de presse de la CGT Vinci - Reporterre

 

À la frontière franco-italienne, les habitants de la vallée de la Roya risquent la prison pour avoir aidé les migrants :






Samedi 29 octobre



À Calais, chasse aux migrants et convergence entre zadistes et No Border :






Quimper, soutien aux migrants de Calais
Répondant à l’appel de l’inter-comité de Notre-Dame-des-Landes, d’Ensemble et du NPA, 70 personnes se sont retrouvées ce samedi après-midi place de la résistance pour manifester leur soutien aux migrants.



Des nouvelles de Roybon :

Le rapporteur public de la cour administrative d’appel (CAA) de Lyon « penche pour une annulation des arrêtés autorisant la construction du Center Parcs de Roybon » (http://www.ledauphine.com/isere-sud/2016/10/28/center-parcs-de-roybon-le-rapporteur-public-pour-l-annulation-des-autorisations).

Le rapporteur public confirmerait ainsi l’annulation de l’arrêté préfectoral "loi sur l’eau" mais demanderait aussi à ce que le deuxième arrêté autorisant la destruction d’espèces protégées soit annulé. Le magistrat estime en effet – contrairement au Tribunal administratif de Grenoble qui n’avait pas retenu l’annulation de ce deuxième arrêté –« qu’il n’y a pas d’"intérêt public majeur" justifiant la destruction de ces espèces. »

Le 3 novembre 2016, débutera l’audience devant la cour d’appel de Lyon qui devra statuer sur quatre recours rejetés en première instance : deux recours au titre de la loi sur l’eau portés par Pierre & Vacances, deux autres portés par les associations s’opposant au projet (FRAPNA, PCSCP et Fédération de la pêche de la Drôme) dont l’un concerne la destruction des espèces protégées et l’autre, l’assainissement.

Il est fort probable que le tribunal suive le rapporteur public ; c’est souvent le cas. Cependant n’oublions pas qu’il arrive de temps à autre que le jugement final ne tienne pas compte de l’avis du rapporteur public. C’est ce qu’il s’était déjà passé en première instance concernant le recours de PCSCP demandant l’annulation de l’arrêté préfectoral du 15 octobre 2012 concernant l’assainissement où « alors que le rapporteur public avait donné raison aux opposants, le tribunal administratif avait finalement débouté l’association ».(Center parcs : quatre recours jugés le 3 novembre par la cour d’appel de Lyon | Place Gre’net)

Les porteurs du projet et leurs affidés ne désarment pas. Malgré ces nouvelles qui ne leur sont pas favorables, l’association Vivre en Chambaran organisait hier soir un rassemblement.

Sur la place Saint Romme autour de la Statue de la Liberté quelque 150 personnes auraient répondu à l’appel de l’association. (Cf. le Dauphiné libéré d’aujourd’hui, 29 octobre 2016)

Pierre & Vacances peut être fier de ses militants ou miliciens patronaux sur qui il pourra toujours compter et qui se retrouveront devant la cour d’appel de Lyon jeudi 3 novembre. Contre toute raison – les entreprises le savent et toutes en jouent indubitablement –, l’argent et les promesses d’en bénéficier attireront toujours les yeux du miséreux et du concupiscent.







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