LÉZAN Un village auto-géré “expérimental” attire des milliers de personnes
Entre Massillargues-Atuech et Lézan, plusieurs milliers de personnes étaient réunies pendant deux semaines dans un village "laboratoire" où tous les habitants vivent en communauté. Une expérience que les organisateurs souhaitent développer à plus grande échelle et de manière pérenne dans la région cévenole.
La tendance altermondialiste prend de plus en plus d'ampleur, en particulier dans les Cévennes. En 2012, un collectif d'associations locales créent un éco festival multiculturel, "Le souffle du rêve", pour promouvoir un mode de vie, et découvrir des traditions des peuples du monde. Progressivement, l’événement devient un lieu de vie solidaire où chacun est responsable de son empreinte énergétique. "Faire la fête n'est pas que consommer, c'est partager avec éthique", assure Sébastien, dit Uto, coordinateur.
Compost, toilettes sèches, électricité au photovoltaïque et au groupe électrogène à huile de friture, pendant 16 jours, ils sont plusieurs milliers à venir expérimenter ce village auto-géré, loin de la vie quotidienne basée sur l'hyper-consommation. Même des chefs d'entreprises sont venus tester ces vacances hors-normes. "Ca donne envie de recommencer. Ca recharge les batteries", témoigne un "habitant".
Concrètement, la vie s'organise de manière classique, à quelques différences près : des chantiers collectifs sont mis en place pour bâtir des aménagements destinés à la communauté, comme des drains ou des maisons qui resteront après le départ des occupants ; une cuisine est ouverte avec de la nourriture cultivée par des bénévoles, et un village pour enfants est installé, avec des jeux et des cercles de parole. "C'est lieu familial où l'alcool n'est pas le bienvenu", précise Uto. Pendant la journée, des débats, des concerts et des ateliers sont organisés - le tout à prix libre -, tandis que des artisans vendent leurs créations.
Acquérir la ressourcerie du Vigan
Ce village "sans gouvernant" où le travail devient une activité, n'est pas un événement sans lendemain pour les organisateurs. "C'est un prétexte pour informer sur la transition", souligne Sylvie, qui a quitté emploi et logement pour arborer un nouveau mode de vie basé sur l'échange et le troc. L'association R D'évolution souhaite ainsi racheter l'ancienne usine de textile de la ressourcerie du Vigan pour en faire un lieu d'abondance. De nombreux matériaux recyclés y sont déjà construits. "On a déjà 30 000 € et on se donne encore 2 ans pour récolter 270 000 € supplémentaires grâce aux recettes de la cuisine et au financement participatif", annonce Uto. Les militants souhaitent également acquérir 100 m² de terrain aux alentours pour y organiser des rassemblements pérennes et des formations à l'agriculture. "On a déjà des fruits et des salades sur place".
A terme, l'association R D'évolution a pour objectif de proposer des parcelles à ceux qui souhaitent changer de vie, et ainsi généraliser un retour à la terre. Une utopie ? "C'est une démarche dans l'air du temps. Il existe de nombreux habitats groupés en Europe, même si la France est un peu en retard. Ce n'est pas une démarche si marginale que ça", répond Sylvie.
Eloïse Levesque
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