On a reçu ça :
Ci joint lettre de protestation au Rédac Chef de France Info contre publicité rédactionnelle en faveur du chauffage électrique.
Jean
Monestier
Le Soler, le 25.02.2015
Monsieur le Rédacteur en Chef
de France Info
116, avenue du
Président KENNEDY
75220 PARIS CEDEX 16
Réf : 15L25LTB
Objet : Chauffage électrique.
Monsieur le Rédacteur en Chef,
Peut-être
allez-vous penser que je suis un rouspéteur professionnel, mais, si je vous
écris, cela signifie que je vous écoute. Je pourrais parfois vous envoyer un
petit mot pour vous dire tout le bien que je pense de telle ou telle
intervention, mais mon temps et mon énergie sont comptés, et je donne une
certaine priorité à ce qui compromet l’avenir.
Dimanche
1er février, France Info a reçu le responsable de l’entreprise
Thermor, qui fabrique des ballons pour l’eau chaude sanitaire et des radiateurs
électriques. On pourrait vous accuser de publicité déguisée, puisque vous avez
cité la marque, mais je trouve toujours intéressant d’apprendre qu’il est
apparemment possible d’entreprendre autrement que dans la ligne libérale pure
et dure : fabrications volontairement localisées en France, politique du
personnel dynamique et motivante, développement inscrit dans la durée. Tout
cela est bel et bon.
Par
contre, cet entretien contenait une ode au chauffage électrique. Fut-il
agrémenté d’une certaine évolution, comme la protection des résistances ou
l’accumulation de la chaleur aux heures creuses, ce mode de chauffage reste une
épouvantable gabegie énergétique, puisqu’il faut générer trois calories au
départ pour en utiliser une sur le point d’utilisation. Les deux autres
partent dans l’atmosphère et les
eaux de nos fleuves et de nos océans. Je vous rappelle que ce mode de chauffage
a été interdit dans les logements neufs, de même que la publicité en sa faveur,
lors du premier choc pétrolier. J’ai encore dans mes archives des décrets et
autres textes parus au Journal Officiel et signés d’Ornano, Chirac, ou Giscard
d’Estaing. Mais le parc nucléaire fut construit, en dépit de tous les problèmes
non résolus, et dans le plus grand mépris des générations futures. A quel
respect de leur part oserions-nous prétendre dans ces conditions ? Les
lobbies qui murmurent à l’oreille des décideurs politiques l’ont emporté et une
croissance dopée par les énergies fossiles (y compris nucléaire) allait pouvoir
reprendre de plus belle, bien que la loi des rendements décroissants en
restreigne progressivement l’efficacité dans notre recherche de la prospérité.
Les publicités un moment interdites fleurissent partout, y compris sur votre
antenne. On aurait pu nous parler des ballons d’eau chaude qui intègrent les
calories provenant de capteurs solaires thermiques, celles venant d’une
chaudière à bois, et, à titre de recours ultime, celles provenant d’une
résistance électrique de secours. On a préféré mentionner les millions de
logements chauffés à l’électricité qui fondent à la fois la demande en base et
une justification obstinée à poursuivre à tout prix dans cette voie énergétique
dans issue.
France
Info a donc ici 40 ans de retard et travaille contre la transition énergétique,
la vraie, celle décrite par exemple dans le projet Négawatt. Mais quelqu’un de
votre rédaction a-t-il jamais ouvert les documents issus de l’association
Négawatt ? Je suppose que vous préférez nourrir votre réflexion de la
propagande gouvernementale, soigneusement prédigérée par les communicants, et
dont le véritable objectif, objectif déjà meurtrier et bientôt criminel, est le
« business as usual ». Oui, je soutiens que par de tels propos
consensuels sur le chauffage, vous contribuez à rendre la planète inhabitable,
y compris bien sûr pour vos propres descendants. C’est pourquoi, parce que je
ne suis pas encore mort, je me sens obligé, même si la probabilité d’être
entendu est infime, de vous mettre en garde. Je ne vous écris pas dans mon
propre intérêt, mais dans celui des générations montantes, que l’on prive
méthodiquement de tout avenir possible, que ce soit dans les domaines des
ressources naturelles, du lien social, et de l’emploi, cet emploi que l’on
refuse obstinément de partager au nom de la Croissance, déesse d’une religion
non encore révélée, déesse d’autant plus puissante qu’elle n’existe plus,
puisqu’elle était assise sur des énergies fossiles abondantes et bon marché.
Je
n’aurai pas l’outrecuidance, moi, petit vermisseau citoyen, de parler au nom
d’une expertise assise seulement sur de nombreuses lectures. J’aimerais
seulement proposer à votre curiosité éventuelle les livres d’auteurs sérieux
dont je vous communique ci-dessous une liste volontairement limitée, et dont
cette lettre n’est qu’une sorte de synthèse maladroite et incomplète.
Veuillez
agréer, Monsieur le Rédacteur en Chef, l’expression de mes
Salutations citoyennes atterrées.
Jean
Monestier.
« SIX
DEGRES - Que va-t-il se passer ? », par Mark Lynas, Editions Dunod
2008 - collection Quai des sciences.
« L’effondrement des Sociétés Complexes »,
de Joseph A. Tainter, édité par Le Retour aux Sources - 2013,
traduit de « The collapse of Complex
Societies », édité par Cambridge University Press - 1988.
« Le
Manifeste Négawatt », par l’association Négawatt,
rédigé par Thierry Salomon, Marc Jedliczka, et Yves Marignac, édité par
Domaine du possible - Actes Sud 2012.
« Vert paradoxe », Le piège des solutions
écoénergétiques, de David Owen, Editions Écosociété - 2013.
« Prospérité
sans croissance - La transition vers une économie durable » par Tim
Jackson,
Editions Etopia & De Boeck
2010.
« La fin de la croissance », de Richard
Heinberg, Editions Demi-Lune - Collection Résistances - 2012, traduit de
« The end of growth : adapting to Our New Economic
Reality », édité par New Society Publishers - 2011.
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