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mardi 28 janvier 2025

Des nazis ? Où ça, des nazis ?

UN SEUL DANS LA FOULE

Des nazis ? Où ça, des nazis ?


Le


 

On ne peut plus rien dire, on vous traite de nazi ! Regardez cette photo : des gens qui saluent, qui remercient et qui vous envoient leur cœur. Aussitôt les wokistes crient au nazisme ! Voyez sur cette image : ils ont même entouré le seul qui ne salue pas, comme par hasard, un seul dans la foule ! Mais qui est ce type qui ne salue pas ?

On va le découvrir. Mais d’abord il faut revenir au 9 janvier dernier, marqué par cette rencontre historique entre Elon MUSK et Alice WEIDEL, leader de l’AFD (Alternative für Deutschland), parti d’extrême droite proche des mouvements néo-nazis allemands. L’AFD est crédité de 20 % d’intentions de vote pour les législatives du 23 février et Elon MUSK, qui possède une importante usine TESLA à Berlin, est venu lui apporter son soutien avec ce message diffusé sur toute la planète : « only the AfD can save Germany » (« seul l’AfD peut sauver l’Allemagne »).

Une formidable promotion pour ce parti. Elon MUSK tient à soutenir toute l’extrême droite européenne et même mondiale. Dans leur entretien, la patronne de l’AfD est formelle : Hitler « était communiste et se considérait comme socialiste ». « Oui », confirme Elon Musk. Alice Weidel, grande admiratrice de Trump, dénonce la bête immonde dont le ventre est encore chaud : « l’antisémitisme est profondément ancré à gauche et ça a toujours été le cas ». On dirait du Philippe Val.

Vous le savez, l’histoire ne repasse pas les plats ou alors c’est sous forme de farce. Mais là, on peut faire un rapprochement entre les deux génies américains de l’automobile : Elon MUSK et Henry FORD (1863-1947).

 

Certes Musk n’en n’est pas encore au niveau de Ford qui avait commencé par vendre 16 millions de Ford T. Mais ils ont des points communs. L’Allemagne par exemple. Elon MUSK vient soutenir un parti d’extrême droite avec une franche coloration néo-nazie. Avant lui, Henry FORD a puissamment soutenu Hitler dont il fut l’intime. Non seulement par un cadeau de 35 000 reichmarks en 1939 pour l’anniversaire du Führer mais aussi par un soutien militant pour la destruction des juifs. Henry Ford était un antisémite acharné. Pas le seul aux États-Unis. On a passé sous le tapis l’histoire de l’Amérique antisémite et pronazie comme le fut le grand aviateur Charles Lindbergh avec son mouvement America First, titre qui sera repris par Donald Trump. Elon Musk ne fait que reprendre la coutume du salut nazi à l’américaine, fréquent dans plusieurs mouvements de masse des années 1930. Ford a été un de mes principaux inspirateurs, disait Hitler qui lui remit la grand-croix de l’ordre de l’Aigle allemand. Certes, à côté, Musk fait encore petit joueur. Dans son usine TESLA de Berlin, il doit rémunérer ses 12 000 salariés alors qu’Henry FORD, qui produisait pour la Wehrmacht, utilisait sur place déportés et prisonniers pour un bol de soupe. Et pas de souci avec les écolos à l’époque, alors qu’aujourd’hui ces wokistes attaquent Elon Musk à cause des 500 000 arbres qu’il a dû faire abattre près de Berlin pour implanter son usine prévue pour produire 1 million de voitures par an ! Mais comme dit son grand ami Donald Trump, le réchauffement climatique est un « canular ».

Mais alors qui est cet homme qui ne salue pas ?

Le 22 mars 1991, le journal Die Zeit publie cette photo retrouvée par hasard dans ses archives en faisant un appel à témoignages. Une lectrice réagit. Cet homme est son père, August LANDMESSER, elle l’a reconnu. Elle s’appelle Irène, elle raconte preuves en main. L’histoire de l’homme qui refusait de saluer Hitler va faire le tour du monde.

Le 13 juin 1936, dans le port de Hambourg, le Führer en personne est venu assister au lancement du navire Horst Wessel. La foule unanime et tous les ouvriers saluent ce grand moment. Sauf un qui reste les bras croisés. Il est immédiatement arrêté, ne pas saluer était un délit grave. Il s’appelle August LANDMESSER. Ce blasphème va lui coûter cher.

Ouvrier sur le chantier naval, August a 26 ans en 1936.

En 1931, il s’est inscrit au parti nazi, espérant ainsi augmenter ses chances de trouver un travail. Mais entre-temps, début 1935, il s’est marié avec Irma ECKLER. Petit souci, Irma est juive.

August est exclu du parti pour Rassenschande, c’est à dire « honte raciale », et Rassenverrat, traîtrise envers la race. Un aryen et une juive, ces mariages sont interdits à partir de 1935 et tout contact sexuel est puni de prison. Irma et August ont un premier enfant fin 1935. Ils tentent de s’enfuir au Danemark mais ils seront arrêtés par les autorités allemandes et condamnés pour « déshonneur envers la race allemande ». Ils ont un second enfant en 1937.

 August sera condamné aux travaux forcés. Envoyé dans un bataillon disciplinaire, il meurt en Croatie le 17 octobre 1944. Sa femme Irma a été déportée et assassinée dans le camp de Ravensbrück en 1942. Leurs deux filles réussissent à survivre dont Irène qui, donc, cinquante ans plus tard, racontera l’histoire de cette photo vue des millions de fois.

Une image qui va rejoindre les icônes des poings tendus des athlètes aux Jeux olympiques de Mexico en 1968 et aussi celle de « Tank Man », l’homme seul qui arrête un tank sur la place Tian’anmen le 5 juin 1989 à Pékin. Résistance absolue contre une tyrannie absolue par un homme qui se tient seul les mains nues.

Mais on s’interroge tout de même. Et si l’homme était manchot ? Et d’ailleurs est-ce bien lui ? D’autres aussi croiront y voir leur ancêtre. Et puis il y a les autres sur la photo, cette foule, tous ceux qui tendent le bras avec zèle, soumission ou approbation, qui les a reconnus ? Quand la photo est publiée en 1991, combien de leurs descendants ont reconnu leurs ancêtres dans cette foule ? Combien auraient pu en être fier ? Ou assumer ou être honteux devant une telle soumission ? Ou un tel enthousiasme ? Certains regards sont tournés vers l’objectif du photographe. Peur du contrôle ? Approbation ? Résignation ?

Aujourd’hui, au bout des millions de bras tendus qui saluent, il y a le carré lumineux des téléphones pour photographier l’homme le plus riche du monde. Mais il y a aussi l’homme assis qui refuse. Il y a ces rares grains de sable qui représentent la banalité du bien et qui, loin des pompeux toutologues, rallument la foi révolutionnaire des guetteurs d’étincelle.

Daniel Mermet


Source : https://la-bas.org/la-bas-magazine/textes-a-l-appui/des-nazis-ou-ca-des-nazis

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