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mercredi 20 mars 2024

En pleine sécheresse, des milliers de manifestants contre « le golf de trop »

 

En pleine sécheresse, 

des milliers de manifestants 

contre « le golf de trop »

 

Par Henri Frasque et David Richard (photographies)

18 mars 2024

 
Selon les organisateurs, 4 500 personnes ont manifesté le 16 mars contre ce projet de golf.

Les Pyrénées-Orientales connaissent la pire sécheresse depuis 65 ans. Pourtant, les travaux d’un méga golf ont démarré à Villeneuve-de-la-Raho, près de Perpignan. Une aberration selon les habitants.

Villeneuve-de-la-Raho (Pyrénées-Orientales), reportage

« On mange pas du gazon ! On boit pas du béton ! Non, non, non, à ce projet bidon ! » Des milliers de personnes ont convergé de toutes les Pyrénées-Orientales pour dire leur refus d’un méga golf, samedi 16 mars, sur les berges du lac de Villeneuve-de-la-Raho dans la première couronne de Perpignan.

Cette commune a, pour les organisateurs, vu défiler autant de personnes qu’elle compte d’habitants — 4 500 — (1 500 selon la gendarmerie) contre ce projet qui s’approprierait 160 hectares, avec 529 logements, et le tout en bordure du lac.

Pour les manifestants matinaux, qui ont progressé dans un joyeux cortège, égayé par des fanfares, et ponctué par des démonstrations de « castell » — des pyramides humaines —, ce projet, c’est clairement « le golf de trop », dans un département touché depuis deux ans par une sécheresse historique.

 

Le chantier du Golf de Villeneuve-de-la-Raho a déjà commencé. © David Richard / Reporterre

 

« On a besoin de l’eau pour autre chose que pour un golf. Pour boire, pour faire pousser les légumes », nous explique Justine, 12 ans, venue avec ses parents et sa petite sœur. La famille habite Villeneuve-de-la-Raho. « À cause des restrictions d’eau, on ne remplit plus la piscine, et on ne fait plus pousser de légumes dans le jardin, raconte sa maman Élodie, orthophoniste. On est d’accord pour faire ces efforts. Mais pas pour qu’on utilise l’eau pour un golf. » « Il y a 20 ans, pourquoi pas, renchérit le papa Thomas, enseignant. Mais aujourd’hui, avec une telle sécheresse, c’est complètement aberrant. »

« La priorité, c’est de défendre les terres agricoles »

Le projet fédère largement contre lui. Une vingtaine de partis et d’associations ont appelé à cette manifestation, organisée par Les Écologistes et le mouvement autonomiste Unitat Catalana, depuis le NPA jusqu’aux partisans locaux d’Edouard Philippe.

« La priorité, c’est de défendre les terres agricoles », revendique Victor Tublet, éleveur en bio dans le centre du département et adhérent de la Confédération paysanne. La FDSEA n’a pas appelé à battre le pavé, mais certains de ses adhérents sont venus.


 

Élodie, Thomas, Justine et Lola ont manifesté dans leur commune contre ce « projet d’un autre temps », qui « n’a aucun sens ». © David Richard / Reporterre

 

Seuls défenseurs déclarés du projet : le maire RN de Perpignan Louis Aliot, et le monde économique local, Chambre de commerce et Medef en tête. Et la maire LR de Villeneuve-de-la-Raho, Jacqueline Irles, qui porte à bout de bras ce projet depuis 20 ans, malgré les nombreux recours. L’élue assure que le golf ne puisera pas dans le lac voisin — il en a l’autorisation — mais traitera aux UV les eaux grises de la station d’épuration.

« Ça ne tient pas, balaie Roland Castanier, élu communiste de la ville voisine d’Elne. Ces eaux partent dans l’Agouille de Mar, ce qui permet un renouvellement de l’eau dans les couches superficielles. »

Les Pyrénées-Orientales sont en état de sécheresse depuis deux ans, avec des restrictions de l’usage de l’eau pour ses habitants.© David Richard / Reporterre
 

Quatre-vingt-douze universitaires et chercheurs de l’université de Perpignan ont signé une tribune dans le quotidien local, L’Indépendant, pour dénoncer un projet qu’ils jugent « hors sol ». L’une des signataires, Justine Renard, enseignante en écologie, géosciences et transition des territoires, a pris la parole au mégaphone, devant la mairie, en conclusion de la manifestation, pour rappeler les enjeux face au changement climatique : « Convertir ces 160 ha en green, c’est exclure les êtres vivants, les pollinisateurs, dont nous dépendons de manière vitale », alors que « l’abondance des insectes a chuté de 80 % dans certaines régions agricoles, notamment par l’usage de pesticides ».

« Une aberration »

C’est aussi, a-t-elle dit, « réduire les chances d’assurer la sécurité alimentaire du territoire et de réduire les émissions de nos chaînes d’approvisionnement ». « Accaparer ces terres, cette eau, pour un usage de loisirs destiné à une population privilégiée » est à ses yeux « une aberration » dans un département « parmi les plus pauvres de France ».

À part des élus locaux de droite et d’extrême droite ainsi que les institutions de l’économie, l’opposition au golf est largement partagée. © David Richard / Reporterre

Plusieurs recours ont été déposés par les opposants contre le golf, notamment auprès du ministre de la Transition écologique, pour lui demander de désavouer le préfet du département.

Celui-ci a reconduit la déclaration d’utilité publique du projet en novembre dernier, permettant le démarrage des travaux. Dans le département voisin de l’Aude, le représentant de l’État vient de mettre un coup d’arrêt à un autre projet de méga golf, dans la Montagne noire, le jugeant « d’un autre temps ».

 

Les opposants au golf se sont rendus au lac de la Raho, très touché par la sécheresse.

Rémi Le Fay, 31 ans, cuisinier à Perpignan : « On me dit de ne pas arroser mon potager l’été. Et à côté on va construire un golf. Cette aberration me révolte. »
 

À droite, Ancha, 21 ans, étudiante en génie biologique à Perpignan : « L’eau qui va être utilisée pour ce golf devrait servir à l’agriculture. »

Victor, éleveur à Mosset et adhérent de la Confédération paysanne, Priscilla, assistante maternelle, et leur fils Lou, 3 ans : « La priorité, c’est de défendre les terres agricoles. »
 

Marie Pochon, députée Les Écologistes de la Drôme : « Ce projet va à contre-sens, pour la tenue de nos objectifs climatiques, pour notre résilience en matière de consommation d’eau, et pour notre autonomie alimentaire. »
 

Pour Justine Renard, enseignante en écologie, géosciences et transition des territoires à l’IUT de Perpignan, « accaparer ces terres, cette eau, pour un usage de loisirs destiné à une population privilégiée » est à ses yeux « une aberration » dans un département « parmi les plus pauvres de France ».
 

Justine Renard, enseignante en écologie, géosciences et transition des territoires à l’IUT de Perpignan : « Convertir ces 160 ha en green, c’est exclure les êtres vivants, les pollinisateurs, dont nous dépendons de manière vitale. »
 

Source : https://reporterre.net/En-pleine-secheresse-des-milliers-de-manifestants-contre-le-golf-de-trop?utm_source=newsletter&utm_medium=email&utm_campaign=nl_quotidienne


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