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lundi 19 juillet 2021

SOLIDARITE AVEC LES SANS PAPIERS EN GREVE DE LA FAIM EN BELGIQUE ! Mourir pour des papiers ?

Message reçu du Réseau Education Sans Frontière (RESF)

"Comme tout le monde le sait, 450 sans papiers sont en grève de la faim depuis 50 jours en Belgique pour demander leur régularisation. Le gouvernement belge semble prêt à les laisser mourir plutôt que de leur donner le droit de vivre normalement dans le pays où ils sont (et travaillent !) pour beaucoup depuis des années, voire des dizaines d’années !

De nombreuses personnalités ont publié un appel sur Médiapart pour appeler à la solidarité avec ces femmes et ces hommes en lutte : Mourir pour des papiers ? | Le Club de Mediapart A lire (pas nécessaire d’être abonné à Médiapart), à faire lire, à faire circuler.

Pour contribuer au soutien des sans papiers en lutte en Belgique, nous appelons le maximum de personnes à envoyer des mails – un mail, 10 mails, 100 mails ! — au premier ministre belge Alexander De Croo, à la ministre de l'Intérieur Annelies Verlinden et au secrétaire d'Etat à l'Asile et à la Migration Sammy Mahdien disant explicitement que notre condamnation de leur politique s’adresse également aux gouvernants français, complices des gouvernants belges par leur silence mais aussi et surtout en menant sur ces questions une politique tout aussi abjecte que la leur.

Destinataires :

contact@premier.bekabinet.verlinden@ibz.fgov.be;info.mahdi@mahdi.fed.be

 

Mourir pour des papiers ? 


« Réduits à n’être que des corps par leur exploitation économique, ils ont fait de leurs organismes le dernier lieu de la lutte pour la reconnaissance de leur statut légal ». À Bruxelles, où plus de 450 personnes sans papiers ont entamé une grève de la faim pour leur régularisation, la situation devient critique. De nombreuses personnalités, dont Ken Loach, Judith Butler, Noam Chomsky ou encore Christiane Taubira appellent le gouvernement belge à renouer urgemment le dialogue avec les grévistes de la faim.
 
 

Farida, 51 ans, est née en Belgique. Toute sa famille, sauf elle, a la nationalité belge. Farida a un travail. Elle fait le ménage dans des bureaux et des bâtiments publics, pour 6 à 8€ de l'heure. Sa dernière demande de régularisation a été rejetée et elle est désormais sous le coup d’un ordre de quitter le territoire. 

Kiran a fui la guerre civile au Népal pour introduire une demande d’asile en Belgique, il y a 16 ans. Alors que sa procédure de demande d’asile était en cours, il a signé un contrat de travail. Il était alors payé 10€ de l’heure. Après que sa demande ait été déboutée, son salaire est tombé à 2.50€ de l’heure. Sa fille, née en Belgique, a aujourd’hui 5 ans et parle le néerlandais à l’école. La famille a introduit cinq demandes de régularisation, toutes rejetées.  

Mohamed vit en Belgique depuis 17 ans. Il garde précieusement une photo de l’inauguration d’un de ses chantiers. « J'ai fait les chantiers de services publics (...) On a creusé des tunnels [de métro] pour faciliter l'accès entre les 4 lignes. C'était vraiment dur et ce qui reste gravé dans ma mémoire, c'est qu'il n'y avait pas assez d'oxygène », se rappelle-t-il. Mohamed travaillait pour un sous-traitant « sans assurance, sans rien ». « Si on avait de la chance, il nous payait 3 euros de l'heure », assure-t-il. 

Farida, Kiran et Mohamed font partie des 475 sans-papiers rassemblés au sein d’un collectif qui occupe trois lieux bruxellois (deux universités et une église) et qui, depuis plus de 50 jours, se sont mis en grève de la faim.

Après avoir épuisé les registres classiques de l’action politique (interpellations, manifestations, etc.) et poussés à bout par l’extrême précarité dans laquelle ils ont dû traverser la période de la pandémie, ces hommes et ces femmes se sont tournés vers un ultime recours : rendre visible dans leur chair la violence dont ils sont les victimes au quotidien.

Réduits à n’être que des corps par leur exploitation économique, ils ont fait de leurs organismes le dernier lieu de la lutte pour la reconnaissance de leur statut légal. D’après les médecins qui les accompagnent, cette grève de la faim est entrée dans la phase dite « critique » il y a deux semaines. Leurs organismes, ayant brulé tous les sucres et graisses, consomment désormais ses propres organes, dont le cœur. Le danger de mort devient alors réel et immédiat. 

Les revendications des sans-papiers en lutte sont simples : une régularisation des grévistes de la faim dans un premier temps et la mise à l’agenda politique de critères clairs et permanents de régularisation des sans-papiers, sous la supervision d’une commission indépendante, dans un second temps.  

Le secrétaire d’Etat à l’asile et à l’immigration, le démocrate-chrétien Sammy Mahdi, refuse d’ouvrir la moindre négociation sur ces bases. Il justifie la rigidité de sa position politique par un contre-argument massue. Ces sans-papiers ont reçu de la part de l’Etat un ordre de quitter le territoire, auquel ils n’ont pas obéi. Ils seraient donc les seuls responsables de leur situation. 

Ce formalisme juridique suffit-il à justifier le déni de tout statut juridique aux sans-papiers ?

Il permet surtout de passer sous silence le fait que la Belgique (et l’Union Européenne de façon plus large) produit l’irrégularité des migrants.

Il y a 150.000 personnes qui vivent et travaillent en Belgique sans papiers. En Europe, une étude du Pew Center estime qu’ils sont entre 3.9 et 4.8 millions dans cette situation. Cette irrégularité massive a été engendrée par une batterie de politiques publiques délibérées. Les États européens ont collectivement et drastiquement réduit les voies d’accès légales à l’immigration.

Ils ont encouragé des pratiques restrictives et arbitraires au sein de leurs administrations, durcissant notamment les conditions de renouvellement des titres de séjour temporaires – ce qui a fait basculer nombre de migrants dans l’irrégularité. Ils ont externalisé la tâche délicate du contrôle des frontières, la confiant à des États tiers peu soucieux du bien-être des migrants comme la Turquie ou la Libye.

Enfin, ils ont créé des marchés du travail segmentés entre travailleurs avec et sans papiers, qui encouragent le « dumping social » dans les secteurs économiques impossibles à délocaliser (construction, horeca ou soins à la personne) et favorisent l’exploitation d’une main d’œuvre précarisée. 

Ce formalisme juridique méconnaît aussi la singularité de l’histoire récente des politiques migratoires belges.

À intervalles réguliers, la Belgique redécouvre la présence d’un nombre important de sans-papiers sur son territoire et prend conscience que cette situation est intenable à long terme. La Belgique procède alors à des campagnes temporaires de régularisation (comme en 1999-2000 puis en 2009-2010) en jurant à chaque reprise que, cette fois-ci, c’est la dernière. La France ou l’Espagne ont depuis longtemps conclu que cette gestion erratique de la question des sans-papiers était contre-productive. Ils ont préféré établir des critères clairs et permanents (tels que la durée du séjour, des attaches durables, une situation d’emploi) en vertu desquels ils régularisent de façon continue et sur base individuelle les personnes qui rentrent dans ces critères. 

Le gouvernement belge – comme nombre d’autres gouvernements à travers l’Europe - se rend coupable d’une lourde faute politique. Il est tétanisé par la montée en puissance de la droite nationaliste. Il cherche à s’en distinguer en se réclamant d’une politique migratoire « ferme mais humaine ».

Ce qu’il signifie par là, c’est qu’il applique une version édulcorée du programme migratoire des partis nationalistes tout en manipulant une rhétorique qui rend hommage aux droits de l’homme et aux normes du droit international.

Une telle approche est un double échec. Elle donne raison aux nationalistes sur le fond tout en souillant les valeurs universelles qu’elle invoque.

Pour lutter contre l’extrême droite, on ne coopte pas son programme. Pour lutter contre l’extrême-droite, on conteste ses idées dans le discours comme dans les actes.  

Pour toutes ces raisons, nous invitons urgemment le gouvernement belge à renouer le dialogue avec les grévistes de la faim en vue de leur régularisation et à ouvrir une vrai débat politique sur leur revendication de critères clairs et permanents de régularisation. 

Signatures : 

Ken Loach réalisateur 
Luc et Jean-Pierre Dardenne réalisateurs 
Noam Chomsky Philosophe 
Roger Waters Musicien 
Christiane Taubira Auteure 
Agnès Jaoui réalisatrice
Agnès B Artiste 
Brian Eno Musicien
Costa Gavras réalisateur 
Michele Ray Gavras productrice 
Saule Chanteur
Susan George Auteure
Dominique Gros Documentariste
Radu Mihaileanu réalisateur
Cédric Herrou activiste 
Dominique Blanc Actrice
Judith Butler Philosophe
Irène Jacob Actrice 
Marianne Denicourt Actrice 
André Wilms Actrice
Yanis Varoufakis Universitaire  
Jean Ziegler Universitaire 
Ai Wei Wei réalisateur 
Peter Gabriel Musicien
Bouli Lanners réalisateur
Virginie Ledoyen Actrice
Natacha Regnier actrice
Liam Cunningham acteur
Jeanne Balibar actrice
Marius Gilbert epidemiologiste
Emmanuel André epidemiologiste
Robert Guediguian réalisateur
Françoise Tulkens ancien juge, vice président  and vice-presidente de la Cour européenne des droits de l'Homme
Annemie Schaus rectrice de l'ULB 
Aki Kaurismaki Réalisateur
Mike Leigh Réalisateur
Etienne Balibar Philosophe
Philippe Geluck Artiste
Barbara Hendricks, cantatrice 

Universitaires : 
Eric Fassin, 
Joan W. Scott
Pierre Galand
Andrea Rea 
Magalie Bessone 
Sebastien Chauvin 
Agnès Chetaille 
David Paternotte 
Massimo Prearo 
Mieke Verloo 
Anne-Sophie Crosetti 
Isabelle Stengers 
Valérie Amiraux 
Justine Lacroix 
Valérie Piette 
Maïté Maskens
Achille Mbembé 
Isabelle Rorive, Equality Law Clinic 
Leila Belkhir Doctor 
Nadia Fadil 
Phillip Ayoub 
Sarah Bracke 
Annalisa Casini 
Karen Celis 
Gianmaria Colpani 
Tommy De Ganck 
Michiel De Proost 
Louise de Morati 
Alexandre Donnen 
Rosanna Gangemi 
Nathalie Grandjean 
Ahmed Hamila 
Ov Cristian Norocel 
Claire Pelgrims 
Bruno Perreau 
Geoffrey Pleyers 
Laurence Roudart 
Massimo Prearo 
Anne Morelli 
Carlo Ruzza 
Surya Monro 
Sahar Aurore Saeidnia 
Maria Martin de Almagro 
Jean-Yves Pranchère 
Emanuela Lombardo 
Lynne Segal 
Olivier Klein 
Aurélie Aromatario 
Sonia Corrêa 
Julie Carlier 
Hassan Bousetta 
Tivadar Vervoort 
Sara Cosemans 
Florian Trauner 
Shannon Damery 
Marjolein Schepers 
Valerie De Craene 
Ken Plummer 
Dirk Jacobs 
Marco Martiniello 
David Jamar 
Rachida Lamrabet Author and jurist 
Francine Bolle 
Elsa Mescoli 
Joren Janssens 
Tom Claes 
Brunilda Pali 
Pascal Debruyne 
Virginie Guiraudon 
Donatella della Porta 
Marie Goransson 
Clément Dessy 
Mariska Jung 
Christine Schaut 
Joëlle Smets 
Katrien De Graeve 
Caroline Closon 
Vincent Engel
Jean-Jacques Heirwegh
Sarah Demart
Aude Merlin
Robin Vanbesien
Ruth Loos
Myra Marx Ferree
Kenneth Bertrams
Caroline Ibos
Cecile Piret
Jean Puissant
Martin Deleixhe
Iman Lechkar
Daniel Zamora
Abdellali Hajjat
Claude Calame
Christian Vandermotten
Jean Vogel
Thomas Berns
Mona Claro
Patrizia Zanoni
Henk de Smaele
Muriel Sacco
Sandrine Detandt
Joël Noret
Jouke Huijzer
Patricia Mélotte
Nellie Konijnendijk
Sigrid Vertommen
Mylène Botbol-Baum
Anya Topolski
Aymar Nyenyezi Bisoka
Claire Martinus
Benedikte Zitouni
Aurélie Bouvart
Wannes Dupont

Source : https://blogs.mediapart.fr/les-invites-de-mediapart/blog/150721/mourir-pour-des-papiers

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