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mercredi 27 janvier 2021

Cancer et glyphosate : le complément d’expertise de l’Anses n’aura pas lieu

 

Cancer et glyphosate : 

le complément d’expertise 

de l’Anses n’aura pas lieu

 

Donneuse d’ordre d’une étude sur l’herbicide controversé, l’agence française a exigé du Centre international de recherche sur le cancer qu’il collabore avec les industriels, ce que celui-ci a refusé.

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Publié le 1er janvier 2021

 

Une boîte de désherbant au glyphosate, dans un champ de moutarde, à Ouzouer-sous-Bellegarde (Loiret), en 2017. CHRISTIAN HARTMANN / REUTERS

Le glyphosate est la plaie des agences réglementaires. En mars 2018, le gouvernement avait saisi l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) afin qu’elle mette sur pied et finance une série d’études susceptibles de trancher la controverse sur la cancérogénicité de l’herbicide.

Le premier volet de ces travaux avait été confié à un consortium de laboratoires publics qui s’est retiré mi-juillet 2020. Le second était attribué au Centre international de recherche sur le cancer (CIRC), mais lui aussi vient de signifier à l’Anses qu’il renonce.

Le gendarme français des pesticides l’a annoncé début décembre 2020 avec une singulière discrétion, en ajoutant à l’un de ses communiqués de presse, daté du 23 juillet, une brève note de bas de page de deux lignes. « En octobre 2020, peut-on y lire, le CIRC a fait part à l’Anses de sa décision de retirer son programme d’étude sur la toxicité du glyphosate afin de se recentrer sur de nouvelles priorités de recherche. » Une version qui diffère sensiblement de celle du CIRC.

Conflits d’intérêts

En juin 2020, la révélation de conflits d’intérêts internes à la procédure d’attribution des fonds de recherche avait déjà créé le trouble. Plusieurs chercheurs ayant été choisis par l’Anses pour établir le cahier des charges des études à mener avaient en effet candidaté et leur laboratoire avait remporté l’appel d’offres. Le cahier des charges avait été validé par un groupe d’experts de l’Anses dans lequel siégeait de surcroît l’un des chercheurs lauréats.

Cette situation avait été dénoncée à l’Assemblée nationale par les députés Delphine Batho (Génération écologie, Deux-Sèvres) et Loïc Prud’homme (La France insoumise, Gironde). Devant la controverse, le consortium désigné par l’Anses avait renoncé, à la mi-juillet, à conduire les études en question.

Cette  fois,  ce  sont  les  exigences  de  l’Anses  à  l’égard  du  CIRC  qui  ont  conduit  à  un  désaccord  sur l’implication  des  industriels  dans  le  projet,  et  finalement  au  retrait  de  celui-ci. «  A l’origine,  le  CIRC  a répondu  à un appel d’offres de l’Anses  pour  étudier  les  mécanismes  d’action  potentiels  du  glyphosate  sur le  développement  du  cancer  », explique-t-on  à  l’agence  onusienne  basée  à  Lyon,  et  chargée  d’animer  la recherche  sur  le  cancer  au  niveau  mondial. 

Le but  du projet  proposé par le CIRC était «  d’apporter  des  données  de  qualité  sur  les  mécanismes d’action  épigénétiques  du  glyphosate  liés  au  développement  du  cancer  » . Selon l’agence onusienne, « ce projet  dans  son  ensemble  n’a  pas  été  retenu  pour  financement  par l’Anses,  qui  a  décidé  de  financer uniquement  la  partie  consacrée  à  l’effet  génotoxique [toxicité pour  l’ADN]  du  glyphosate  ». 

Mais en septembre 2020, l’Anses  aurait  requis  du  CIRC  qu’il  collabore  avec  les  sociétés commercialisant  des  produits  à  base  de  glyphosate,  réunis  au  sein  du  Glyphosate  Renewal  Group (GRG),  qui  réunit  des  firmes  comme Bayer, Syngenta, Nufarm, etc. «  L’Anses  a  formulé  deux  requêtes, assure-t-on  au  CIRC. Le  glyphosate  qui  sera testé  dans  l’étude  du CIRC  devra provenir du GRG  et le protocole  utilisé  devra  être  transmis  à  ce  dernier.  » 

Créée au milieu des  années  1960  à  l’initiative du président  Charles  de Gaulle pour animer la  recherche sur le  cancer autant que  pour préserver celle-ci des influences extérieures, l’agence  onusienne  est généralement  jalouse  de  son  indépendance. 

Conditions « inacceptables » 

Ces  deux  conditions  ont  été  jugées «  inacceptables  », selon le CIRC, et «  la  décision  de  se  retirer  du projet  a  été  communiquée à l’Anses  le  2  octobre  »  . Trois  jours  plus  tard,  raconte-t-on à  l’agence onusienne,  l’Anses faisait  machine arrière et  se disait  finalement  prête à  financer l’étude aux conditions  du  CIRC,  sans  implication  des  industriels  et  sans  partage  du  protocole  de  recherche.  Trop tard. 

«  Une évaluation  du glyphosate  ayant  déjà  eu  lieu  et  restant  valide  à  ce  jour,  il  nous  a  semblé  préférable de  ne pas prendre part à ce projet  sur  la  génotoxicité  en  France  »,  conclut-on au  CIRC. En  2015,  l’agence onusienne a  en effet  classé le glyphosate,  pesticide le plus utilisé au monde,  comme «  cancérogène probable »   pour l’homme,  ouvrant  une controverse majeure avec  les agences réglementaires américaines  et  européennes,  qui  contestent  cette  classification. 

Sollicitée,  l’Anses  n’est  pas  en  mesure  de  répondre  aux  questions  du Monde  et  renvoie à  l’audition de son directeur  général,  Roger  Genet,  par  les  parlementaires  de  la  mission  d’information  sur  le  suivi  de la  stratégie  de  sortie  du  glyphosate. «  J’ai  le  regret  de  vous  annoncer  que  le  CIRC (…) nous a écrit début octobre  pour  nous  indiquer  qu’il  renonçait  »  a  déclaré  M.  Genet au cours de son audition  du 27 octobre  

« La directrice  générale  du  CIRC  m’a  indiqué  que,  dans  le  cadre  de  leur  nouveau  plan  stratégique 2021-2025,  le  choix  du  CIRC  a  été  de  se  reconcentrer  sur  des  études  épidémiologiques,  de  faire  des  choix et  finalement  de renoncer  à conduire  un certain  nombre de travaux qui étaient  plus  des  travaux in  vitro sur  des  cultures  cellulaires, a-t-il  poursuivi. Elle  m’a  donc  adressé  un  courrier  final  le  23  octobre  pour m’indiquer  que,  compte  tenu  de  ces  réorientations  des  priorités  scientifiques,  le  CIRC  préférait  renoncer aux travaux  pour lesquels  il  avait  soumis  un  projet.  » 

Ainsi,  aucune  des  études  sur  le  glyphosate  pilotées  par  l’Anses  ne  verra  finalement  le  jour  avant  la réévaluation  de  l’herbicide  controversé,  en  cours  au  niveau  européen.  Cette  réévaluation  doit s’achever en  2022  et déterminera la réhomologation  du célèbre  herbicide.

Stéphane Foucart

 

Source : https://www.lemonde.fr/planete/article/2021/01/01/cancer-et-glyphosate-le-complement-d-expertise-de-l-anses-n-aura-pas-lieu_6064983_3244.html?utm_term=Autofeed&utm_medium=Social&utm_source=Facebook&fbclid=IwAR3l2Vq-wKtn8U4pMypdby3TWB7d7kI-ZBvTeBjZnyKfmkQhD816Emem3bw#Echobox=1609513760

 

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