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vendredi 19 octobre 2018

Ils volent au secours des migrants en Méditerranée


https://www.youtube.com/watch?v=48b5SgzAI7A


Ils volent 

au secours des migrants 

en Méditerranée

Dans cette édition d'Insight, notre reporter Anelise Borges a accompagné les bénévoles de l'ONG Pilotes volontaires lors d'une mission de surveillance au-dessus de la Méditerranée. à l'heure où les dirigeants européens font preuve d'une grande division en matière de politique migratoire, l'ONG tente dans les eaux internationales au large de la Libye, de repérer des bateaux de migrants en détresse et de trouver des solutions pour leur porter secours en mer.

À une altitude de 2000 pieds, la Méditerranée révèle toute sa beauté. Mais cette mer qui sépare l'Afrique de l'Europe sait se montrer redoutable : elle figure parmi les passages maritimes les plus meurtriers au monde pour les migrants qui fuient la pauvreté et la violence. L'an dernier, plus de 3000 personnes se sont noyées dans ses eaux.

Benoît Micolon fait partie de ceux qui veulent empêcher de tels drames. Avec son ami José Benavente, il a acheté un avion monomoteur pour le compte de leur ONG Pilotes volontaires. Et depuis quelques mois, il assure des missions de surveillance au-dessus des eaux internationales au large de la Libye. Son objectif : repérer les embarcations de migrants avant qu'il ne soit trop tard.

"Je ne sais pas comment ils sont arrivés jusque là"


"Notre objectif premier, c'est que ces gens ne se noient pas," souligne le pilote. "Après, on est en droit d'espérer qu'ils ne soient pas ramenés dans un lieu qui n'est pas sûr pour eux," ajoute-t-il.
Ce jour-là, Benoît Micolon vole aux côtés de Carola Rackete. Elle l'assiste pour la navigation et elle communique avec les autorités côtières.

Quelques heures après notre décollage, un bateau est localisé. "Donc c'est bien un rubber boat, un bateau en caoutchouc gonflable comme la plupart des embarcations qu'on voit," précise Benoît. "Mais c'est extrêmement rare qu'ils arrivent à parcourir une distance aussi importante, on est à plus de 150 km des côtes : je ne sais pas comment ils sont arrivés jusque là," fait-il remarquer avant d'ajouter : "On va essayer de voir l'état de leur embarcation : est-ce que les boudins sont encore bien gonflés ou pas ?"

Carola envoie un message à un centre de commande géré par un bénévole de l'ONG qui informe le centre de coordination des secours compétent. Mais aucun navire de garde-côtes ne peut être déployé sur la zone. Et comme il n'y a pas non plus de navire humanitaire à proximité, Benoît et Carola doivent trouver une solution par eux-mêmes.

"Là, notre centre de commande nous demande de chercher des bateaux qui seraient capables de secourir l'embarcation qu'on vient de trouver - on a déjà eu ce cas de figure - ; probablement, qu'il n'arrive pas à coordonner avec les Libyens quoi que ce soit, c'est hyper loin des côtes," explique le pilote. "Mais on va trouver un bateau cargo, un ravitailleur, un pêcheur, n'importe quoi, tout ce qui va nous tomber sous la main, on ne peut rien faire d'autre," reconnaît-il.


Appel de détresse à un cargo à proximité


Notre pilote est obligé de s'éloigner de l'embarcation des migrants. Il sait que ses occupants ont peu de temps devant eux. Leur bateau est à l'eau depuis au moins 12 heures et il peut commencer à se dégonfler et à couler à tout moment. Un navire cargo singapourien se trouve justement à quelques milles de là.

Carola émet un appel de détresse. Après plusieurs échecs pour établir la communication, le capitaine du navire reçoit le message et répond qu'il va porter secours au canot pneumatique.
Mais notre avion ne peut pas rester sur place pour vérifier le bon déroulement de l'opération. Nous devons retourner à terre.

"Nous retournons vers Lampedusa après quatre heures et demi de vol : c'est parce que le soleil se couche et que nous ne pouvons pas prendre de risques en volant de nuit," précise notre reporter Anelise Borges. "Nous savons qu'un autre bateau a été repéré non loin d'ici, mais nous n'avons pas assez de temps pour nous rendre sur place et vérifier dans quel état il est ; mais une chose est sûre : ce genre de situation se produira de nouveau," dit-elle. "Tous ceux qui participent à ces missions le disent : d'autres embarcations continueront de prendre la mer avec à leur bord, d'autres migrants qui veulent tenter de rejoindre l'Europe depuis la Libye," indique-t-elle.

Faire sa part


Les obstacles sont nombreux pour les bénévoles comme Benoît et Carola. Ils expliquent que leur travail se complique à mesure que le sentiment anti-migrants grandit en Europe et et que bien sûr, la poursuite de leur mission dépend de la générosité des donateurs.

Les deux Pilotes volontaires restent déterminés : tant que certains n'auront pas d'autre choix que de tenter de traverser la Méditerranée, ils répondront présents à bord de leur avion baptisé Colibri. À l'image de ce petit oiseau qui dans une légende amérindienne, essayait d'éteindre un feu avec quelques gouttes d'eau, ils veulent malgré leurs moyens dérisoires, faire leur part eux aussi.





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