Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
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Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

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mercredi 5 juillet 2017

Chronique des ZAD juin 2017

Des infos, des liens, des photos pour tout savoir (ou presque) sur ce qu'il s'est passé dans ou autour des ZAD (Zones A Défendre) : on y parle de Notre Dame Des Landes, de Bure, d'EuropaCity et de plein d'autres sujets.

Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle précieuse. 


PROJET D’AYRAULT – PORT de 


NOTRE DAME DES LANDES (44) 


Source : ZAD.nadir.org et médias 

  Juin 2017 

Et ailleurs :  Rémi Fraisse - Bordeaux (33) - Bure (55) - Bouriège (11) - 
Roybon (38) - Sivens (81) - Europa city (95) - Tunnel du Lyon-Turin (73) 



ZAD de NDDL - 44

Infos du 1er au 4 juin



Jeudi 1er juin


Rassemblement de solidarité avec la famille Herbin :


Viens participer aux premiers César de la Résistance !

 

Jeudi 8 juin 2017, à 10h au tribunal de Saint-Nazaire


Rassemblement de solidarité avec la famille Herbin : Viens participer aux premiers César de la Résistance !

Ce pourrait être le scenario d’un film. Certains s’y sont d’ailleurs essayés. Sorti récemment en salles, le film documentaire “Les pieds sur terre” raconte avec justesse un morceau de l’histoire du hameau du Liminbout, théâtre d’une improbable rencontre entre paysan-nes, habitant-e-s, et squatteur-euses. Mais aujourd’hui, la vie et l’avenir de ce village se jouent d’abord sur le terrain de la lutte et notamment dans les salles obscures du tribunal de Saint-Nazaire, le 8 juin prochain.

Par un improbable concours de circonstance juridique aux rebondissement multiples, les Herbin sont aujourd’hui les derniers habitants historiques de la ZAD qui sont encore en situation d’arracher un délai légal supplémentaire avant expulsion ! Tous les autres sont d’ores et déjà expulsables à tout moment.

Pour tous les habitants historiques, la seule garantie de n’être pas expulsés du jour au lendemain repose sur le rapport de force qu’ils ont contribué à établir par leur implication dans le mouvement. Un rapport de force qui accule le gouvernement à prendre une décision politique aux conséquences imprévisibles, qui l’oblige à se lancer dans une opération policière de masse aux allures de remake de peplum s’il entend expulser quiconque habite la ZAD.

A peine nommé, le gouvernement est déjà englué dans les contradictions de son casting. Il annonce une médiation pour pouvoir mieux prendre demain une décision qu’il est incapable de prendre et d’assumer aujourd’hui. A la veille de la nomination annoncée des trois médiateurs, la date du 8 juin s’annonce comme un premier test.

Si cette médiation n’est pas un vulgaire montage pour noyer le poisson en attendant les résultats des législatives, si l’option de l’abandon du projet d’aéroport est vraiment de nouveau une option sur la table, on peine à imaginer que la famille Herbin se voit refuser un délai supplémentaire avant expulsion, au prétexte de l’urgence prétendue d’un projet qui rame depuis 1974 !

Le 8 juin prochain, nous serons là, tous ensemble, à Saint Nazaire pour affirmer : plus rien ne justifie aujourd’hui la précarité que subissent les habitants historiques. 
 
Parce que nous avons toujours voulu rire de ces moments désagréables pour en tirer de la force ; parce que Claude élève des canards et qu’en ce moment c’est le festival de Cannes ; parce qu’une proposition de médiation qui ne soit pas assortie d’un moratoire immédiat sur les expulsions et les expropriations, c’est un peu du cinéma ; parce que la famille Herbin est à l’affiche simultanément sur les écrans et les tribunaux, parce qu’on attend toujours la sortie du film « opération César 2 »,

Nous organisons un rassemblement de solidarité devant le tribunal, pour décerner après la montée des marches, le premier César de la résistance à la famille Herbin ! Si tu aimes te costumer, ramène ta robe de soirée, ton smoking, ton appareil de paparazzi… Quoi qu’il en soit, nous on s’occupe des petits fours et du tapis rouge !

Les Q de plomb



Flash-back pour celles et ceux qui ont loupé les épisodes précédents ...


Depuis les années ’90, la famille Herbin loue une maison au village du Liminbout sur la ZAD de Notre-Dame-des-Landes. Peu après leur installation, le gouvernement Jospin relance le projet d’aéroport qui, depuis, plane tel une épée de Damoclès au-dessus de leurs existences.

Depuis la validation de la DUP en 2008, ils vivent, comme tous les habitant-e-s historiques de la ZAD, dans une situation de grande incertitude. Ils font parti de celles et ceux qui, malgré les pressions diverses, ont refusé toute négociation avec AGO-VINCI. A partir de ce moment, rester devient résister, refuser de laisser la place à ce projet inutile et nuisible.

Avec d’autres locataires en lutte, rassemblés à l’époque dans le collectif “des habitants qui résistent”, il lancent en 2008 un appel “à venir vivre ici” parce “qu’un territoire se défend avec celles et ceux qui l’habitent.” Autour de quelques verres de rouges cette joyeuse bande vient de donner naissance à la ZAD.

Au fil des rencontres la famille Herbin constitue le collectif des Q de plombs. Le principe est simple : produire sa bouffe, la partager lors de grands banquets, et faire se rencontrer autour d’un verre les mondes qui font cette lutte. C’est à ses innombrables et mémorables heures passées le séant sur une chaise à ripailler gaiement et à refaire le monde que le collectif doit son nom improbable.

Pendant ce temps, la propriétaire de la maison que loue la famille Herbin produit un faux en écriture et vend son bien à AGO-Vinci en faisant croire qu’il est “vide de tout habitant”. La multinationale ne s’en rend compte qu’après l’achat. Elle entame alors une procédure d’expulsion.

En automne 2012, la ZAD est le théâtre d’une opération de maintien de l’ordre sans précédent. Check-point, occupation militaire, affrontements épiques et tragiques. La maison mitoyenne de celle des Herbin est détruite à coup de tractopelle sous leurs yeux. Les détonations incessantes dans la foret rythment la vie quotidienne. Comme nombre d’habitant-e-s historiques, ils ouvrent leur maison aux squatteurs fraîchement expulsés. Geste déterminé qui s’avérera déterminant.

Après l’échec de la commission de dialogue, et la fin de l’occupation militaire, une tranquillité relative se réinstalle sur la ZAD, mais les procédures se poursuivent, au fil des coups de théâtre judiciaires. En mai 2015, la famille Herbin est déclarée expulsable dans un délai de 18 mois. En réaction, une équipe d’habitués des Q de plomb composée d’habitant-e-s de la ZAD, de paysans et d’artisans du coin, entame un grand chantier de rénovation de la grange de la maison pour y fonder une auberge et marquer notre détermination à rester et à défendre cet endroit coûte que coûte.

Aujourd’hui plus que jamais, les banquets battent leur plein.

Après une longue litanie de procès, le 8 juin constitue pour la famille Herbin le dernier recours pour obtenir encore un délai supplémentaire.

Quel que soit l’issue du procès, nous ferons tout pour qu’ils puissent continuer, commes tous-tes les habitant-e-s de la ZAD à vivre là longtemps.

Les Q de plomb
Vendredi 2 juin

Trois médiateurs pour étudier le dossier de Notre-Dame-des-Landes

 

Le Premier ministre a annoncé les noms des trois médiateurs chargés de reexaminer le projet d’aéroport : MM. Badré et Feldzer et Mme Boquet. Cette annonce soulève des doutes chez les opposants et des commentaires furieux chez les promoteurs du projet.

  
Nantes, correspondance

Et un, et deux, et trois médiateurs. Le trio d’experts nommé hier est censé s’atteler à une mission supposée débrouiller le dossier Notre-Dame-des-Landes. Il s’agit de Mme Anne Boquet, ancienne préfète de région Bourgogne, M. Michel Badré, ancien président de l’Autorité environnementale du Conseil général de l’environnement et du développement durable, et de M. Gérard Feldzer, ancien pilote de ligne et ami très proche de Nicolas Hulot.

  • Sur la photo, de gauche à droite : Edouard Philippe (Premier ministre), Michel Badré, Gérard Feldzer et Anne Boquet, Elisabeth Borne (ministre des Transports) et Nicolas Hulot (ministre de la Transition écologique).

Mais les règles du jeu ne sont pas encore connues. Leur feuille de route est assez floue : « Envisager les solutions permettant de répondre aux impératifs d’aménagement, dans un dialogue apaisé avec les acteurs et dans le respect de l’ordre public », selon le communiqué de Matignon. En revanche, leur rapport devra être rendu le 1 décembre 2017 au plus tard.

Parmi les opposants au projet, déjà rompus à l’exercice et qui ont participé à de nombreuses commissions, auditions et consultations, l’accueil est dubitatif.

Les commissions et procédures d’écoute et d’expertise se sont succédées depuis la commission du dialogue mise en place en novembre 2012 par Jean-Marc Ayrault, alors Premier ministre et qui était déjà composée de trois experts. La dernière en date, le rapport de trois experts missionnés par Ségolène Royal ministre de l’Environnement avait été très affaiblie par l’initiative de la consultation en juin 2016 lancée par Manuel Valls.

Les profils choisis pour le dernier trio ne paraissent pas suspects aux opposants, mais quelle sera l’étendue de la mission ? Pour Thierry Masson, membre du Collectif des pilotes de lignes opposés à Notre-Dame-des-Landes, Gérard Feldzer inspire le respect : « Il a une très grosse sensibilité environnementale et du coté aéronautique une compétence reconnue. C’est un Monsieur. Autodidacte et brillant. Mais quand à la mission des médiateurs, je n’ai aucun avis tranché. Ces processus-là sont toujours capables de nous surprendre... On a déjà pas mal donné dans le genre. » 
 
Du côté du collectif CéDpa (Collectif des élus doutant de la pertinence du projet d’aéroport), Françoise Verchère veut bien voir et rejouer le jeu, mais pas tout gober : « Avec la commission du dialogue, on nous a écouté, et on a voulu nous expliquer ce qu’on n’aurait pas compris et ce qu’il faut penser. Nous avons soulevé le besoin d’études complémentaires indépendantes, qui sont passées à la trappe. On a été échaudés. Avec ces médiateurs, on ne saute pas de joie, mais c’est toujours mieux qu’une évacuation musclée... Mais je ne veux plus être écoutée. Il faut qu’on prenne les points un par un, qu’on les soumette à l’épreuve de vérité, et qu’on travaille sérieusement pour qu’il y ait des consensus. Cette fois, on voudrait savoir quel est le cadre de la mission et être associé à la méthode. On va refaire la liste des questions à approfondir. Qu’on regarde ce qui est possible, ce que ça coûte vraiment. On ne peut pas échapper à des études, sur le plan d’exposition au bruit, sur le coût réel du maintien de l’actuel aérport, et sur la faisabilité de construire sur les sols de Notre Dame des Landes où de très sérieux doutes techniques ont surgi. »

Le tout avec des études indépendantes, fiables, pas menées par la DGAC, Direction générale de l’aviation civile, dont les contre-expertises des opposants ont démontré qu’elles étaient pipées.
 
 
La DGAC a commis de stupéfiantes erreurs, sa crédibilité est mise en doute.
« Si ça semble pouvoir aboutir, on participera encore, mais il faut des garanties, sur la méthodologie et sur le contenu », dit Mme Verchère.
 
Dans un rapport de 44 pages, les élus du CéDpa avaient déjà commenté la consultation du 26 juin 2016. Au delà de l’analyse critique sur cette initiative du gouvernement Hollande, ils et elles dessinaient les contours d’une méthode qui leur paraitrait pragmatique et fiable : « Il y avait d’autres solutions que la consultation telle qu’elle a été menée. Par exemple celle de la convention de citoyens. Une convention est mise en place sur un sujet précis et ponctuel qui fait controverse ; les citoyens tirés au sort qui la composent, reçoivent une information complète et contradictoire, selon un protocole rigoureux. La convention est dissoute dès le rendu de son avis. Ses travaux sont protégés des influences des lobbies et doivent être sérieusement étudiés par les décideurs.

Voilà qui serait digne d’une démocratie moderne et continue. Comme nous l’avions écrit dès 2015, seules la loyauté des débats, la transparence et l’honnêteté, dans toutes ses acceptions, peuvent permettre de sortir de l’impasse. Il est encore temps. Il faut enfin mener les études INDEPENDANTES sur le coût réel de la rénovation de Nantes-Atlantique et sur le bruit. 
Comment s’assurer de cette indépendance ? Nous voyons à ce stade trois conditions à remplir :

. les deux parties, pro-NDDL et anti-NDDL, co-rédigent le cahier des charges ; 

. chaque partie choisit son (ses) expert(s) et ceux-ci travaillent ensemble ; 

. le suivi de l’étude est fait conjointement par les deux parties. Le résultat sera, nous en sommes convaincus, bien différent de ce que l’on a présenté aux électeurs de Loire-Atlantique en juin 2016. »

    Les profils des trois médiateurs




Le trio des médiateurs chargé d’une mission de six mois affiche un âge de comité de sages. Gérard Feldzer, 73 ans, est ancien pilote proche de Nicolas Hulot et ancien conseiller régional d’Ile de France sous l’étiquette EELV. 

Michel Badré, 69 ans, ancien ingénieur à l’Office national des forêts, est membre depuis 2015 du Conseil économique social et environnemental en tant que représentant des associations de défense de la nature et administrateur de l’association Humanité et Biodiversité, association qui a pris ses distances avec le résutat de la consultation de Notre-Dame-des-Landes, et rejoint les opposants sur la nécessité d’études indépendantes.

Anne Boquet, 65 ans, a été préfète dans l’Indre, des Yvelines, de Bourgogne et de Côte d’Or, a aussi été haut commissaire en Polynésie, directrice générale des services de la communauté urbaine Nice-Côte d’Azur et dernièrement inspectrice générale aux finances. Enarque et haute fonctionnaire bon teint, elle est la seule des trois à ne pas avoir laisser filtrer publiquement de position sur le projet d’aéroport nantais.

    Les partisans du projet stupéfaits

     

Pour les pro aéroport, les personnalités choisies pour mener la mission ne sont pas de bons missionnaires.

Le président socialiste du département de Loire-Atlantique boude : « Sans éclairage du Premier ministre d’ici là, je ne me rendrai pas au rendez-vous organisé sur le sujet mardi prochain à Matignon. La feuille de route ne correspond pas aux engagements pris jusqu’à présent sur ce dossier par le nouveau Président de la République, qui avait dit vouloir "respecter le résultat du référendum et faire cet aéroport" » s’agace Philippe Grosvalet, méfiant à la découverte du casting des experts mandatés : « Les profils des trois médiateurs nommés ce jeudi 1er juin par le Premier ministre ne garantissent ni l’impartialité, ni l’indépendance de leur mission. Là encore, c’est contraire aux engagements du Président de la République. » 
 
A la tête de la Région des Pays de la Loire, le toujours très remonté Bruno Retailleau, LR, tonne : « J’apprends avec stupéfaction que l’expert aéronautique nommé par le Gouvernement pour la médiation à Notre-Dame-des-Landes n’est autre que Gérard Feldzer, opposant notoire à l’aéroport du Grand Ouest, ancien directeur de campagne de Nicolas Hulot en 2006-2007 et ancien Conseiller régional d’Île-de-France sur la liste Europe Écologie entre 2010 et 2015. Je rappelle que ce parti soutient officiellement l’occupation illégale de la ZAD et a remis en cause le résultat de la consultation démocratique du mois de juin dernier. »

La principale association pro-NDL, Des ailes pour l’Ouest, refuse mordicus de participer à « une parodie de conciliation », tout en fustigeant la nomination de « deux opposants notoires comme médiateurs ».


Samedi 3 juin



Oh la la : "Trois médiateurs de la société civile ont été nommés par Matignon pour mettre un point final au projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes et leur a accordé un délai court : les médiateurs devront trouver une solution d’ici le « 1er décembre au plus tard ». Apparemment ça ne plaît pas trop aux pro aéroport qui définissent cette nomination comme une mascarade, car ce n’est pas eux qui les ont choisi. En effet c’est Retailleau qui avait déclaré cela, tout en oubliant sa tentative de pétition obscure et prouvée corrompue, la consultation amalgamée référendum, etc....

Quand un zadiste voit « Problemos », 

la comédie qui s’inspire de la Zad

 


 
« Problemos », première œuvre de cinéma grand public à parler de la Zad, a été réalisé par le comique Éric Judor. Une comédie que Reporterre est allé voir avec un habitué de la Zad de Notre-Dame-des-Landes, pour confronter expérience et fiction.

« Les “zadistes” font l’expérience que tout le monde a envie de faire un jour : voir ce qui se passe si on s’installe sur un terrain et qu’on vit ensemble. » La phrase est de Noé Debré, coscénariste de Problemos avec l’humoriste Blanche Gardin. C’est donc la direction qu’ils ont décidé d’explorer avec leur film, réalisé par Éric Judor, moitié du duo « Éric et Ramzy ». Dans Problemos, Victor et Jeanne, deux jeunes Parisiens accompagnés de leur petite fille font escale dans une « Zad » pour saluer leur ami Jean-Paul. Installés avec une communauté sur une petite prairie, ils combattent la construction d’un parc aquatique dans une zone humide. Un matin, ils s’aperçoivent que le reste du monde a disparu et qu’ils sont les seuls survivants d’une pandémie mondiale. Toute la question est alors de savoir comment la communauté va s’organiser dans ce nouveau monde.


Loin des comédies franchouillardes lourdingues à la Dany Boon, Éric Judor est connu pour des productions plus singulières — il n’y a qu’à voir sa série Platane. D’autant plus que pour Problemos, les auteurs se référent pêle-mêle à Podemos, aux Zad et à Nuit debout… il n’en fallait pas plus pour attiser notre curiosité. Nous nous sommes donc rendus à une séance avec Camille (prénom modifié), qui fréquente la Zad de Notre-Dame-des-Landes depuis 2010. Et nous n’avons pas été déçus. Bien sûr, le film reste éloigné de la réalité en ce qu’il présente la Zad comme une sorte de bizarre colonie de vacances. Mais il aborde de nombreux thèmes qui sont matière à discussion comme l’autorité, le capitalisme, le sexisme, l’exclusion, etc.

Premier verdict : « une comédie moyenne », selon Camille. « Le seul truc fidèle à la réalité, c’est le fait que les zadistes veulent construire autre chose. Après, leur image est souvent ridiculisée. Ce n’est pas un film d’abrutis, mais les idées ne tiennent pas la route. D’ailleurs, le film se contredit. À partir du moment où le reste du monde disparaît, un personnage explique aux autres qu’ils vont enfin pouvoir “vivre comme ils l’entendent”. Mais, c’est déjà supposé être le cas ! Sur la Zad, la révolution se passe déjà. »

    « On nous dit que le capitalisme serait naturel » 


Un film forcément empreint de clichés, selon lui mal exploités. Un exemple : dès que le couple arrive sur la Zad, leur ami leur demande de laisser leurs portables dans une boîte, à la fois pour se détacher matériellement de l’objet, mais aussi parce que des personnes électrosensibles vivent sur le camp. « Ce dernier cas peut arriver. Mais, plus généralement, si on ne veut zéro téléphone dans certains endroits, c’est pour des questions de surveillance policière. Et ça, le film n’en parle pas. » Autre exemple : l’une des adolescentes de la colonie est persuadée d’être dans une émission de téléréalité. « Ce fétichisme est pointé du doigt… jusqu’à ce que le personnage d’Éric Judor essaie de s’en servir pour coucher avec. Le potentiel artistique est invalidé. »


Camille reconnaît quelques passages bien sentis dans le film, comme lorsqu’un élu écologiste moustachu apparaît devant le cordon de CRS pour exhorter les zadistes à exprimer leur mécontentement dans les urnes plutôt que via leur lutte. « C’est plutôt juste, cette image du type qui débarque de derrière les fourrés et qui symboliquement se trouve, à l’écran, du côté des policiers, note Camille. Après, à la Zad, il y a une diversité des approches : certains sont légalistes [ils prônent l’action dans le cadre de la loi, par les urnes, par exemple], d’autres non. »

« L’autre chose que je reconnais, ce sont les ateliers que l’on voit dans le film, sur la question du sexisme ou des règles… Après, les femmes en discutent entre elles [dans le film, les hommes assistent aussi aux échanges]. Mais les féministes sont caricaturées comme des castratrices avec des velléités de pouvoir », note Camille.

Le problème selon lui réside dans le message du film. « On nous dit que le capitalisme serait naturel et que “naturellement”, nous construisons nos enclos, nous reproduisons des rapports de domination. » Ce parti-pris est assumé par les auteurs. La question est présente dans le film notamment à travers le personnage de Simon, mis en quarantaine par le reste de la communauté. Profitant de sa retraite solitaire, il s’aménage une cabane équipée de tout le confort moderne à deux pas de la prairie.
 

    En creux, c’est aussi la question de l’autorité qui est posée

Un habitat qui suscite des jalousies de la part des autres, condamnés à « rendre des services » au quarantenaire — ramasser les œufs, nettoyer ses fenêtres — en échange de l’utilisation de sa douche. En somme, le capitalisme en vitesse accélérée. « Certains ont des cabanes tout équipées sur la Zad. Sauf qu’ils les ont construites de manière collective, ça change tout », note Camille. Le moment où la fameuse « maison » est détruite par les flammes lui a d’ailleurs fait penser à des scènes vécues. « À la Zad, des cabanes ont brûlé de façon obscure. Et, comme dans le film, tout le monde se réunit malgré les embrouilles pour déplorer l’événement, ce sont des moments de grande solidarité. »

Y a-t-il une inclination naturelle à reproduire des rapports marchands ? Camille reconnaît que ces débats traversent toujours la Zad. « À Notre-Dame-des-Landes, il y a le “No Marché”, où ceux qui produisent les choses sur la Zad peuvent mettre à disposition leur production, à prix libre. Certains considèrent ça comme capitaliste. »



 
 
En creux, la question de l’autorité est aussi posée par le film. À plusieurs moments surgit le problème du « qui doit décider », « faut-il un chef »… Sur ce point, la fiction tranche et fait de ses personnages des êtres trop hétérogènes pour prendre des décisions collectives. « Alors qu’à Notre-Dame-des-Landes, tu peux avoir 600 personnes en AG et c’est plus efficace qu’à l’Assemblée nationale, raconte Camille. Plus généralement, la conflictualité, ça existe sur la Zad. Mais ça fait avancer les choses. Or, dans le film, il ne ressort généralement pas grand-chose de ces situations. »

Lui préfère un autre film pour représenter le combat de Notre-Dame-des-Landes : le Domaine des dieux, le dernier Astérix réalisé par Alexandre Astier. « C’est un promoteur romain qui veut imposer son hôtel sur le lieu de vie des Gaulois, qui vont résister à l’envahisseur. C’est clairement une référence à la Zad ! » L’opération policière de 2012 visant à déloger les zadistes s’était d’ailleurs appelée « l’opération César », comme le rappelle Camille. « Et, en plus, ils s’étaient donné le nom des perdants ! »

Problemos, film réalisé par Éric Judor, mai 2017, 1 h 25.

 

Infos du 5 au 11 juin

Mardi 6 juin

Le patron de Vinci empoche à nouveau 

deux millions d’euros


Xavier Huillard est le PDG (président directeur général) de la société Vinci. Celle-ci veut construire l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le grand contournement autoroutier de Strasbourg, lance la route du littoral à un prix extravagant à La Réunion et a réalisé la désastreuse ligne TGV Tours Bordeaux, entre autres Grands projets inutiles. Autant de projets, notons-le, radicalement antinomiques à ce que devrait être une politique de lutte contre le changement climatique.

M. Huillard a une motivation profonde : l’argent.


Outre son salaire de 2,5 millions d’euros par an, Xavier Huillard s’est enrichi de 2 millions supplémentaires ces derniers mois en vendant des « stocks options », actions reçues gratuitement et qu’il peut vendre à sa guise.

Le PDG de Vinci a ainsi vendu le 14 février 10.000 actions de Vinci au cours de 69 €, le 2 mars 7.525 actions à 69 €, et le 28 avril 10.000 actions à 77 €. Soit un total de 1.979.225 €.


Ces chiffres sont connus du fait que, légalement, les dirigeants des grandes entreprises doivent déclarer leurs opérations sur les actions de leurs propres entreprises auprès de l’Autorité des marchés financiers (AMF). C’est une obligation prévue par l’article L-621-18 du Code monétaire et financier.


On peut trouver ces informations en cherchant sur le site de l’AMF, où il faut cliquer dans la colonne de droite sur « Décisions et informations financières » et ensuite chercher la société concernée.


On peut aussi recourir au site Les transactions qui collecte toutes ces données.

Reporterre

Mercredi 7 juin


On a eu connaissance hier, lors de l’AG mensuelle du mouvement, de la lettre de mission des trois médiateurs (à lire ici). 
 

Objectif : "apaiser l’ensemble des acteurs et de rétablir l’ordre public" ! Les médiateurs doivent tenir compte, à la fois, de la consultation de juin 2016 et du "rapport d’étude sur les alternatives pour le développement aéroportuaire du Grand Ouest" ... Et on apprend incidemment qu’ils vont proroger la DUP, au cas où …


Jeudi 8 juin


EXCLUSIF : Après plusieurs de suspence - insoutenable - le jury de la première édition des Césars de la Résistance (tribunal de St Nazaire) a remis le premier oscar à... Claude et Christiane Herbin ! parmis les 6 nominés présents, le sous commandant Marcos, Spartacus, Robin des bois, Davy Crocket et Louise Michel.


  http://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/saint-nazaire-44600/nddl-un-humoristique-cesar-de-la-resistance-la-famille-herbin-5048190

 
Des nouvelles de l’instruction contre le comité de soutien de Nantes


Rappel des circonstances. En février 2017, 3 personnes qui sont titulaire d’un compte bancaire lié à des activités de soutiens antirep (Le comité de soutien aux inculpé-e-s à Nantes) ont été convoquées par la gendarmerie dans le cadre d’une instruction par rapport à un délit de presse qui interdit de faire des appels à dons en vue de payer des amendes et des frais de justice (une loi de 1881). Après ceci silence radio jusqu’à récemment...


... où au moins 7 personnes qui ont eu du soutiens de ce comité ont été appelées par la gendarmerie pour être convoqué et ou pour subir des questions directement par téléphone. "qui fait partie de ce comité ?", "Connaissez vous les personnes titulaire de ce compte ?", "Est-ce que l’argent que vous avez reçu a servi à payer des amendes ?", ...

De nombreuses personnes ont reçu du soutien du comité Nantais, et toutes pourraient potentiellement être contacté par la gendarmerie.



Samedi 10 juin



AntiRep 

 

 

Va pas falloir mollir. Alors que l’interdiction de manifestera a été censurée par le Conseil Constitutionnel (plutôt une bonne nouvelle) mais le gouvernement prévoit de faire passer les mesures "exceptionnelles" de l’état d’urgence dans le droit commun...



Dimanche 11 juin



La vie suit son cours sur la ZAD. Le champ de patates collectif a été buté hier :




Mardi 13 juin

Des nouvelles de l’instruction contre le comité de soutien de Nantes


Rappel des circomstances. En février 2017, 3 personnes qui sont titulaire d’un compte bancaire lié à des activités de soutiens antirep (Le comité de soutien aux inculpé-e-s à Nantes) ont été convoquées par la gendarmerie dans le cadre d’une instruction par rapport à un délit de presse qui interdit de faire des appels à dons en vue de payer des amendes et des frais de justice (une loi de 1881). Après ceci silence radio jusqu’à récemment...

... où au moins 7 personnes qui ont eu du soutiens de ce comité ont été appelées par la gendarmerie pour être convoqué et ou pour subir des questions directement par téléphone. "qui fait partie de ce comité ?", "Connaissez vous les personnes titulaire de ce compte ?", "Est-ce que l’argent que vous avez reçu a servi à payer des amendes ?", ...

De nombreuses personnes ont reçu du soutien du comité Nantais, et toutes pourraient potentiellement être contacté par la gendarmerie.

Vue le risque d’incriminer soi même ou quelqu’un d’autre, il est conseillé de ne rien déclarer à la police.

Infos du 12 au 18 juin



Mercredi 14 juin




No borders

Invitation à une semaine intergalactique sur la zad du 12 au 20 août. A transmettre à tou-te-s nos ami-e-s d’ici et (surtout) d’ailleurs !


Jeudi 15 juin




AntiRep

A Rennes, le Collectif contre la criminalisation du mouvement social appelle à un rassemblement ce samedi 17 juin, à 14h, place de la mairie. En effet, suite à la manifestation "Ni Le Pen ni Macron" du 27 avril, 5 militants sont placés en détention depuis le 31 mai. Une histoire de répression abracadabrante (et effrayante) dans laquelle le policier qui a menacé les manifestants avec son arme ne se retrouve, lui, pas inquiété ... Plus d’infos ici : https://expansive.info/Rassemblement-contre-la-repression-des-manifestations-Samedi-17-juin-511
 
La Bibliothèque du Taslu propose par ailleurs un après-midi "Scribes solidaires" le mardi 20 juin en soutien aux 5 incarcérés.

NDA : et en prime, toujours à Rennes :

 

A Rennes, deux témoins finissent menottés 

après le procès d'un manifestant




Deux jeunes femmes, venues témoigner au procès d’un manifestant contre la loi travail accusé d’avoir jeté en avril des projectiles sur les policiers, sont ressorties menottées de la salle d’audience. Placées sous le statut de témoin assisté, elles sont poursuivies pour faux témoignage, une procédure rarissime.



Le 7 juin 2017, un manifestant de 27 ans est jugé au tribunal correctionnel de Rennes. Cet homme, sans casier judiciaire, est accusé d'avoir lancé des pierres sur des policiers de la brigade anticriminalité (BAC) lors d’une manifestation « Ni Le Pen, ni Macron » organisée à Rennes le 27 avril par l’extrême gauche.


Il a été interpellé à 13 h 40 pont de Nantes par des policiers de la BAC, qui tentaient à coups de gaz lacrymogène et de tirs de Flash-Ball d’empêcher des manifestants de rejoindre le centre-ville de Rennes. Le jeune homme, au chômage, n’a pas de casier judiciaire, mais il est dans le viseur des policiers de la BAC qui l’interpellent par son nom de famille et le désignent sur un PV comme un « perturbateur ». Les deux policiers interpellateurs indiquent en procédure avoir trouvé une pierre rose dans sa main, qui aurait chuté au moment de son interpellation, et en avoir retrouvé une autre au milieu du pont, qu’il leur aurait jetée. Aucun n’a été blessé.


Lors de sa garde à vue, le jeune homme a affirmé que la pierre avait dû être glissée dans sa poche ou sa sacoche. « Je ne l’ai pas senti sur le coup », a-t-il dit aux enquêteurs. Il a nié avoir pu jeter quoi que ce soit. Habitué à filmer les manifestations rennaises, il tenait, selon lui, dans une main une chaise pliante pour « s’asseoir en cas de nasse » et dans l’autre une caméra Gopro, qui filmait et aurait disparu lors de son plaquage au sol.

« Les policiers m’ont sans doute arrêté pour récupérer mes images, a-t-il déclaré devant le tribunal selon Ouest-France qui a suivi l’audience. Les pierres, ils les ont rajoutées pour justifier mon arrestation. » Les policiers ont, eux, fait l’hypothèse que d’autres manifestants aient pu récupérer la caméra.

Lors du procès, la défense fait citer deux jeunes femmes, de 21 et 32 ans, témoins de la scène et retrouvées grâce au collectif rennais « Défense collective » (lire aussi le récit de l'audience par des membres du collectif). Elles ne l’ont pas vu jeter de projectile, mais en revanche affirment avoir vu un policier glisser quelque chose dans sa poche arrière au moment de son interpellation.


« J’ai vu un jeune homme qui avait un tabouret dans une main et un autre objet dans l’autre, nous explique au téléphone l’une de ces deux témoins, une auto-entrepreneuse de 32 ans. Donc il ne pouvait pas lancer quoi que ce soit. Il s’est fait violemment interpeller par des policiers en civil. On a vu un policier en civil glisser quelque chose dans sa poche arrière. Quelqu’un lui a demandé : “Qu’est-ce que vous faites ?”, et le policier a ressorti l’objet, a répondu “C’est la pierre qu’il m’a lancée”, puis l’a remise dans sa poche. » Elle est en revanche incapable d’identifier le jeune homme en question, dont elle n’a pas vu le visage.


À l’issue de leurs témoignages, le président Nicolas Léger avertit les deux jeunes femmes des risques de poursuite en cas de faux témoignages et, chose inhabituelle, les fait réintégrer la salle des témoins surveillée par un policier. « Il était très virulent », se souvient la jeune femme de 32 ans. Après avoir délibéré, le président du tribunal fait revenir les témoins vers 19 h 30 et énonce le verdict du tribunal : le manifestant est jugé coupable et condamné à six mois avec sursis et une interdiction de manifester durant trois ans en Ille-et-Vilaine.

Le président demande alors aux policiers présents dans la salle d’interpeller et de menotter les deux femmes pour faux témoignages. Elles sont dans la foulée présentées au procureur qui ouvre, comme le prévoit le code de procédure pénale, une information judiciaire pour faux témoignages, puis à un juge d’instruction. Elles ressortent de la cité judiciaire le soir même, placées sous statut de témoin assisté et sans contrôle judiciaire. Leurs téléphones ont été saisis pour les besoins de l'enquête.

Prévue par l’article 457 du code de procédure pénal, la procédure est très rarement utilisée en correctionnelle. « Soit les témoins ont déjà témoigné auparavant dans la procédure et ont changé de version lors de l’audience, soit le tribunal a des éléments objectifs et matériels pour démontrer que les témoins ont fait un faux témoignage », explique Catherine Glon, présidente de la section rennaise du Syndicat des avocats de France (SAF). Or, « aucun élément dans le dossier n’est de nature à démontrer qu’elles ont fait un faux témoignage », estime-t-elle. Son syndicat remarque d’ailleurs qu’en l’absence d’indice grave ou concordant, le juge d’instruction a choisi de ne pas les mettre en examen, mais de les placer sous statut de témoin assisté. Il s’agit d’un statut obligatoire à partir du moment où une personne est nommément visée par le réquisitoire introductif du procureur.

Dans un communiqué, le SAF a dénoncé le 9 juin « la brutalité de la méthode utilisée et son caractère manifestement démesuré » face à « des citoyens qui n'exercent que le droit légitime de rapporter à la justice ce qu'ils estiment avoir constaté ». « Cela va être compliqué pour la justice de prouver non seulement que ce qu’elles ont décrit n’est pas vrai, mais de plus, qu’il s’agit d’un mensonge délibéré, que ce n’est pas le fruit d’une méprise », estime Me Thierry Normand, qui a assisté la plus jeune des deux femmes, étudiante à Rennes, devant le magistrat instructeur.


L’auto-entrepreneuse, très choquée, proteste quant à elle de sa bonne foi. Elle affirme que ce midi-là, elle retournait à sa voiture « en marge de la manifestation » après avoir déjeuné avec une amie, quand elle a vu un puis deux manifestants se faire frapper par des policiers sur le pont de Nantes. « On s’est approchées pour dire qu’il n’avait rien fait, mon amie a reçu un coup de matraque et un policier nous a couru après en nous criant de dégager. On s’est mises à l’écart. » C’est à leur retour qu’elle aurait aperçu l’interpellation « assez musclée » du jeune homme avec le tabouret. « J’ai accepté de témoigner car le comportement des policiers m’a semblé inapproprié et d’une grande violence, explique-elle. Ils ont voulu nous mettre un coup de pression, mais il ne faut pas que ça fasse peur aux gens témoins d’injustice, au contraire. »

Depuis le début de la contestation contre la réforme du code du travail en mars 2016, Rennes connaît une forte répression policière et judiciaire. Sur le plan administratif, le préfet d’Ille-et-Vilaine a pris des dizaines d’interdictions de séjour visant des militants de gauche, ainsi empêchés de manifester. Un rapport d’Amnesty International a récemment dénoncé un détournement de l’état d’urgence. Sur le plan judiciaire, « à chaque manifestation, il y a un gros déploiement policier et un traitement en comparution immédiate des manifestants », souligne Me Nicolas Prigent, qui défend l’auto-entrepreneuse.

« Le message envoyé est qu’on a pas le droit de contredire des policiers et que si vous faites citer des témoins, ils risquent d’être arrêtés à l’audience, ce qui est extrêmement brutal et humiliant », estime Me Olivier Pacheu, avocat du prévenu qui a fait appel.

Vice-président du tribunal, Nicolas Léger s’était déjà illustré dans l’affaire Bagelstein (relatée ici). Le 26 mai 2017, une manifestation avait été organisée devant la sandwicherie Bagelstein de Rennes, en réaction à ses publicités sexistes et homophobes. Après une altercation entre le patron et l’un des militants, quatre étudiants, pourtant sans casier judiciaire, s’étaient retrouvés en prison. En première instance, le tribunal présidé par Nicolas Léger avait en effet condamné ces quatre étudiants à des peines allant de trois mois ferme pour l’auteur du coup de poing (deux jours d’ITT pour le restaurateur) à un mois ferme avec incarcération immédiate.


En octobre 2016, une fois la peine purgée, ces sanctions très sévères avaient été ramenées par la cour d’appel de Rennes à des peines de prison avec sursis (deux mois pour l’auteur du coup de poing et huit jours pour les trois autres prévenus).

Louise Fessard - Médiapart

Vendredi 16 juin


NDDL


Stupeur et consternation.

Quand la situation politique nous oblige à des choses improbables, il faut, comme le bambou, savoir faire preuve de souplesse. Ainsi nous voyons nous réduis à relayer sur le site zad.nadir, une pétition... d’entrepreneurs... contre l’aéroport à NDDL !!


Morceaux choisis :


"La pétition en ligne lancée sur le site Change.org est directement adressée au président de la République Emmanuel Macron. Elle se prononce pour un agrandissement de l’aéroport de Nantes Atlantique, et contre le projet Notre-Dame-des-Landes, jugé "inutile et coûteux".


À l’origine de la mobilisation, on retrouve des entrepreneurs vendéens. Parmi les premiers signataires, Philippe de Villiers, ancien président du Conseil général de Vendée, Jacques Bankir, ancien directeur de la compagnie Air France ou encore Jean-Paul Dubreuil, président du groupe Dubreuil qui détient les compagnies Air Caraïbes et French Blue.


"C’est un mauvais projet pour la Vendée, qui va nous enclaver pour longtemps", indique ainsi Philippe de Villiers. "Avec Notre-Dame-des-Landes, Nantes se tire une balle dans le pied. Cet aéroport est totalement inutile", ajoute l’ancien PDG d’Air France Jacques Bankir." 

 

 
Appel à don : 
 

Nous souhaitons refaire une dalle dans la Smala (environ 50 m2) pour y poser le futur plancher. 

 sacs de ciment
 sable (2 tonnes)
 gravier (3 tonnes)
 un niveau laser (en prêt)


Pour ceux qui ne connaissent pas encore la smala, il s’agit de la magnifique maison des enfants qui existe et fonctionne depuis plusieurs mois déjà à la Wardine. Si vous avez un peu de ces matériaux et que vous ne savez plus quoi en faire, vous pouvez les déposer à la Wardine une personne du collectif vous accompagnera jusqu’aux espaces prévus pour.

le collectif la Smala


Infos du 19 au 25 juin




Lundi 19 juin




La chaleur est écrasante, mais il en faudrait plus pour démotiver les troupes ! Hier avait lieu sur zone la deuxième édition des chantiers des 4 saisons. Selon les envies, il était possible de participer à la finalisation de la fontaine au lieu-dit Gourbi, à l’entretien de la D281, à la réfection de panneaux d’entrées de bourg aux abords de la ZAD, et pour les planqué-es ;) y’avait aussi un chantier ramassage de cassis (en vue d’en faire des bonnes confiotes à la conserverie de la Noé verte).


Le chantier le plus improbable a été proposé par un groupe de bien nommé-es « hach’arné-es ». Le but ? transporter des troncs d’arbres entiers par traction humaine entre les 100 noms et Bellevue pour construire un appentis au hangar. Après un départ difficile, le convoi a réalisé l’exploit en moins de trois heures (avec un arrêt cantine végane à la Wardine). Pour se requinquer, l’équipe a poursuivi la journée avec le ramassage des foins à Bellevue. Des acharné-es on vous dit !!!!
 



 
Luttes sociales : luttes sur la métropole
 
Luttes sociales. Journée de mobilisations contre la casse sociale de masse programmée (mais aussi l’état d’urgence normalisé, le développement de l’état policier, l’asservissement salarié, la gouvernance par ordonnance, le délit de solidarité, le racisme institutionnalisé, etc etc…..) Un peu partout en France, un Front social s’organise, comme à Nantes aujourd’hui, place Bouffay à partir de 18h.


Mercredi 21 juin




AntiRep



Nous relayons ce communiqué du Front Social Nantes suite aux violences policières de lundi soir (vous le trouverez aussi en pièce jointe)

Nantes le 19 juin 2017

COMMUNIQUE DE PRESSE DU FRONT SOCIAL NANTES

A l’appel du Front Social Nantais s’est tenu lundi 19 juin 2017 un rassemblement pour mobiliser contre le projet d’ordonnances Macron. Nous n’acceptons pas cette casse du droit du travail, qui plus est dans une procédure d’urgence.

Notre manifestation a été organisée autour d’une action symbolique, la construction d’un mur devant une agence bancaire. A ce moment les forces de l’ordre, BAC en tête, ont chargé violemment, matraqué et blessé des manifestants. Ces procédés sont inacceptables. Et ils augurent mal de la prétendue concertation du gouvernement sur la casse du droit social. C’est aussi une mise en garde face à l’état d’urgence permanent de Macron. Plus que jamais la liberté de manifester est remise en cause.

Nous sommes déterminé-e-s à mener notre combat pour en finir avec ces politiques au service des privilégié-e-s, contre les intérêts des classes sociales défavorisées et nous appelons les travailleurs et les travailleuses, les chômeurs et les chômeuses, les précaires, les jeunes, les retraité-e-s à participer à toutes les initiatives contre les ordonnances Macron et à rejoindre le Front Social. Prochain rendez-vous : jeudi 22 juin, 20 h, devant la Maison des Syndicats.

Si des camarades devaient être poursuivi-e-s à la suite de notre rassemblement, nous serons tou-te-s ensemble pour les soutenir.

Si vous avez été témoin des violences policières vous pouvez contacter le legal team de Nantes au 06.75.30.95.45 ou à l’adresse legalteamzad@riseup.net ou directement le front social de Nantes par mail frontsocialnantes44@riseup.net.

JEUDI 22 JUIN - Réunion du Front Social - 20h à la Maison des syndicats ! https://nantes.indymedia.org/articles/38030



une autre video quasi intégrale


photos :



Estelle Ruiz


Recensements par le Front Social
Couverture médiatique Photos et vidéos


Une ambaZADa pour les luttes du monde

 


Appel de l’AmbaZADa


 
Au cœur de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, un nouveau projet sort de terre : la Construction d’une Base Intergalactique qui abritera les luttes d’ailleurs et d’ici.

Une cabane destinée à organiser tout type d’événements, à la disposition des collectifs, des dynamiques militantes et des peuples minorisés.

Un outil de rencontres, de solidarités et de convergences, afin de joindre nos forces. Un lieu fonctionnel et accueillant où l’on pourra se sentir chez soi et avec les autres.

Un appel mondial est lancé pour ouvrir, enraciner et colorer ce projet de l’ambaZADa, dans ce territoire déjà traversé par des pratiques de vies et de résistances venues de nombreux horizons, afin d’asseoir les bases d’un réseau interplanétaire.

Un chantier collectif de construction se tiendra cet été. Ce sera un moment important d’échange de cultures, de savoir-faire, d’expériences et de vies communes qui déboucheront surement sur d’autres initiatives, car tel est l’objectif.

Un campement autogéré et participatif sera monté près du site à partir de fin juillet jusqu’à la fin du mois d’août, avec plusieurs semaines de rencontres entre les comités de soutien contre l’aéroport du 7 au 14 et des journées Intergalactiques* du 12 au 20 Août (*en référence au rassemblement Intergalactique du Chiapas en 1996 et à l’appel Zapatiste « En haut les murs, en bas à gauche les brèches » de février 2017, à venir en aide aux réfugié-e-s d’où qu’illes viennent et où que nous soyons).

On vous donne rendez-vous dès cet été pour faire circuler ensemble, la sève d’un avenir sans aéroport ni frontières.

 
Terre et liberté !

Contact : ambazada.nddl@riseup.net

Pisser dans l’herbe... Théâtre sur la prison




La pièce Pisser dans l’herbe… a été créée en décembre dernier à la Parole Errante, Montreuil. Produite par le Théâtre du Sable, écrite en collaboration avec Christine Ribailly, bergère détenue pendant quatre ans, ce spectacle s’est aussi nourri de lettres de Philippe Lalouel, Émilie D. et du livre Pourquoi faudrait-il punir ? de Catherine Baker.

Pisser dans l’herbe… est interprété par Philippe Giai-Miniet et mis en scène par Marie Paule Guillet. La pièce dresse un tableau qui interroge la justice, l’administration Pénitentiaire et les modes répressifs préconisés depuis toujours.
 


Christine Ribailly :


En septembre 2015, j’étais en prison depuis près de 3 ans, quand j’ai reçu une lettre d’un inconnu. Ce théâtreux parigot (il râle quand je le définis comme ça alors j’en profite dans ce court texte !) se disait enthousiasmé par mes lettres publiées dans l’Envolée et autres sites militants anticarcéraux et abolitionnistes. Il voulait en faire une pièce de théâtre et la monter. J’étais un peu circonspecte, surtout, ce que je ne voulais pas, était de devenir une égérie, un porte-­drapeau. Alors j’ai proposé à d’autres filles d’écrire aussi (ça n’a pas soulevé un grand enthousiasme, certes). Une correspondance importante s’est mise en place avec Philippe. En même temps qu’il écrivait "Pisser dans l’herbe...", il découvrait peu à peu la prison en écrivant à d’autres enfermés ou en s’impliquant dans des réseaux militants. Je corrigeais les textes au fur et à mesure pour limiter les erreurs techniques et l’approche trop "épique" de la lutte par rapport à la survie en prison. Au bout d’un an, le texte était finalisé et riche d’échanges divers. Bien que je ne connaisse rien à la mise en scène, Philippe et Marie Paule ont continué à me raconter leur travail, leurs idées... et je continuais à les commenter. Maintenant la pièce est montée. Je ne peux pas la voir. Je ne sais pas quand je le pourrais. Mais elle est le fruit de collaborations multiples entre taulard(e)s et/ou artistes. J’espère qu’elle permettra des débats et des actions pour qu’un jour CRÈVE LA TAULE !

Vous pouvez jeter un oeil au blog du spectacle en cliquant sur le lien


le jeudi 6 juillet 2017, 20h30 à Bitche, 3 rue de Bitche, Nantes

le vendredi 7 juillet 2017, 20h30 La Wardine, chemin de suez, Zad de Nddl
Bar, infokiosque, Prix de soutien


Vendredi 23 juin




Le jeu de chaises musicales gouvernemental se poursuit, et les têtes de ministres tombent les unes après les autres sans même que l’on ait esoin de souffler dessus. Après quelques révélations sur les conflits d’intérêts liés à la Fondation Hulot, on se demande bien qui sera le prochain…



Fait beaucoup plus intéressant, on a reçu une petite carte postale depuis Exarcheia, à Athènes, quartier anarchiste où l’un des squats a voulu manifester sa solidarité avec les territoires en lutte, dont la ZAD :


 

 

Bien le merci à vous !




Samedi 24 juin

La fédération CGT du bâtiment 

se prononce contre le projet d’aéroport

 


Alors que la CGT Vinci avait déjà exprimé son opposition au projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, c’est désormais toute la fédération du bâtiment, au sein du même syndicat, qui demande son abandon.


La Fédération Nationale des Salariés de la Construction, du Bois et de l’Ameublement (FNSCBA-CGT) a adopté, lors de son Congrès jeudi 22 juin, la motion à une large majorité. Elle « demande l’abandon du projet de création d’un nouvel aéroport de Nantes à Notre-Dame-Des-Landes, au bénéfice d’une modernisation de l’aéroport existant de Nantes-Atlantique, au nom de la défense des emplois industriels et agricoles concernés, ainsi que de la préservation d’un patrimoine naturel riche et nécessaire aux générations futures. »


Par ailleurs, la motion « condamne la criminalisation croissante des mouvements sociaux et demande l’abandon de toutes les poursuites engagées contre les habitants de la ZAD de Notre-Dame-Des-Landes, comme de toutes les menaces d’expulsion brandies à leur encontre. »

    Source : courriel de la CGT-Vinci sur Reporterre


Infos du 26 au 30 juin

Mercredi 28 juin

Invitation à constituer un réseau de ravitaillement 

des luttes dans le pays Nantais

 

"Sur les quartiers, fréquemment aussi, il y a des ventes directes de légumes organisées par les paysans-travailleurs et des ménagères. Les ventes directes ont commencé en 68, puis, à chaque grève ouvrière à Nantes, aux Batignolles, Ugico, Saulnier-Duval. Et tous les ans, lorsque la grève dure plus de huit jours, les paysans viennent vendre leurs produits.(...) Le but est de faciliter les contacts vivants entre ouvriers et paysans, et même de commencer à remettre en question la division sociale "villes/campagnes". Des groupes de chômeurs, d’immigrés ayant de vrais besoins de subsistance installent des petits stocks-magasins dans des caves de HLM "Le petit marché de la rue du Drac".


Extrait de la revue Camarades, entretien avec un autonome nantais, 1976


La longue histoire des luttes et des solidarités dans le pays nantais se prolonge aujourd’hui sur de multiples fronts (loi travail, migrants, etc.). Nous habitons le bocage mais nous voulons continuer à contribuer de mille et une façons aux luttes qui se mènent en ville, et nous savons que nous ne sommes pas les seul-e-s.


Une façon parmi d’autres d’alimenter ces luttes, c’est justement de les nourrir, avec une partie des productions qui viennent des campagnes proches. Manger ensemble, ou mettre en partage de la nourriture en dehors des logiques marchandes.


Depuis la zad, nous tentons d’ors-et-déjà des dynamiques dans ce sens en ravitaillant d’autres luttes avec ce que nous auto-produisons ; que ce soit de manière régulière (squat de migrant-e-s à Nantes, cantines...) ou ponctuelle (piquets de grève, place ou amphi occupé...). Nous savons que beaucoup de paysan-nes le font de manière informelle. L’idée c’est de relier et d’étoffer ces gestes de ravitaillement.


Parce que ces gestes de solidarité sont précieux et aident à tenir ; parce que nous voulons renforcer la circulation et les liens entre les mondes en lutte ; parce qu’il est urgent de s’essayer à d’autres formes de distribution des denrées alimentaires que celles dictés par l’économie capitaliste ; nous vous adressons cette invitation à constituer ensemble un réseau de ravitaillement des luttes dans le pays nantais.


L’idée est d’organiser un réseau qui relie les multiples initiatives ponctuelles des un-e-s et des autres pour ravitailler de manière plus conséquente les luttes urbaines. Concrètement, nous recherchons des paysan-ne-s prêts à participer à ce réseau en fournissant des produits alimentaires issus de leurs fermes, qu’il s’agisse d’invendus, de dons ou de produits vendus à prix coûtant ou solidaire.


Le projet c’est d’établir dans un premier temps une liste de producteurs solidaires. On imagine à partir de là être en capacité de prévenir tout le monde lorsqu’il y a une occasion d’activer ponctuellement le réseau (mouvement social, grève, occupation...) et d’organiser des tournées pour récupérer et acheminer les denrées à bon port.


Pour celles et ceux qui seraient intéressés par du ravitaillement régulier, le réseau pourrait aussi fournir des produits supplémentaires pour renforcer les tournées déjà existantes qui contribuent à alimenter les squats de migrant-e-s à Nantes.


Pour discuter de tout cela, nous vous proposons de se retrouver le vendredi 30 juin à 20h a la ferme de Bellevue.


Pour nous contacter : reseauravitaillementluttes@riseup.net et bientôt un numéro de téléphone…


Vendredi 30 juin

Lettre de soutien aux habitant.e.s 

de Malagnou à Genève



Pour plus d’informations :

https://malagnou.noblogs.org/




AILLEURS


Infos du 1er au 4 juin


Jeudi 1er juin

Haïbun pour Rémi Fraisse

 
 
Un « haïbun » est une composition littéraire mêlant prose et haïku. Françoise Kérisel, lectrice de Reporterre, nous a adressé ce texte en hommage à Rémi Fraisse, écrit avant que le drame d’octobre 2014 revienne dans l’actualité.


« Il a deux trous rouges au côté droit »

Rémi Fraisse est ce botaniste de 21 ans tué au bord du Tarn une nuit d’octobre 2014.

Il était de ces manifestants qui protestaient contre cette violence faite à la terre, à la nature. Un barrage de technocrates, retenue d’eau géante, allait se décider, pouvant casser l’équilibre de la faune, de la flore, chasser l’harmonie et la beauté du lieu.

Dans le vieil étang
plonge-t-elle encore
la grenouille de Bashô ?

Je me rappelle que Rémi Fraisse avait choisi pour objet d’étude ce que la vie a de plus fragile : un bouton d’or aux pétales en forme de cœur, en voie de disparition. Cette fleur est de la famille des renoncules, au nom-même habité d’une rainette — ranoncula, petite grenouille qui elle aussi se fait rare. Ces appellations nous touchent. Et Rémi a pour patronyme Fraisse, qui désigne le frêne…

Abritant, protégeant rana la rainette, ce bouton d’or a pour armes ses feuilles,
les ophioglosses ou langues de serpents, bien insuffisantes, face à la brutalité des méthodes nouvelles.

Comment reprendre les combats de Rémi Fraisse, si ce n’est en évoquant comme lui la grenouille rare planquée parmi ces renoncules menacées, au bord des marécages ?

Comment soutenir la cause de Rémi Fraisse et écarter une fin de procès en non-lieu, quand Rémi a perdu la vie en ces lieux-là, près de Sivens ?

Non-lieu ?

« Hommage à Rémi »
clament les pancartes -
veillée à la renoncule.
Françoise Kérisel Reporterre



Squatteurs, zadistes, 

ils se présentent aux législatives

 
Adrien Doutreix et Alexandre Mahfoudhi, affiliés au mouvement pour la décroissance, sont candidats aux législatives en Gironde. Habitués des zads, nomades, squatteurs, ils veulent porter la parole de la rue, des plus précaires, et mettre en pratique une « démocratie radicale ».

  • Bordeaux (Gironde), correspondance

Le lancement de leur campagne s’est fait devant leurs cabanes de sans-abri, avec une poubelle comme pupitre. Depuis, leurs réunions publiques, sous forme d’assemblées comme à Nuit debout, ont lieu sur des places, dans des parcs, sous les platanes des bords de Garonne, ou devant un parking à étages. À la fois SDF, zadistes, squatteurs, décroissants, ils ont décidé de s’inviter sur un terrain où « tout est fait pour qu’il ne [leur] soit pas accessible » : les élections législatives.

Partis à cinq, ils ne seront finalement que deux à figurer parmi les candidats officiels : Adrien Doutreix dans la 1re circonscription (avec sa suppléante Sandra Aimard), et Alexandre Mahfoudhi dans la 2e (avec Amaya Rivere). Les autres (Vishnou, Kamel et Ayonn), n’ont pas pu aller au bout de leur démarche faute de suppléant — « c’est compliqué à trouver chez les anars », confie l’un d’eux — et d’habileté administrative. Vishnou (Stephen Rault, de son vrai nom), « candidat officieux » dans la 3e circonscription, jouera le rôle de mandataire financier d’Adrien Doutreix.

On s’étonne d’abord de leur démarche, imaginant qu’elle ne doit pas très être partagée dans leurs milieux. « On s’attendait à plus de désaccords, avoue Alexandre Mahfoudhi. Il y a un noyau opposé à toute démarche légaliste et “citoyenniste”. Mais beaucoup comprennent l’intérêt de se présenter pour prendre du temps de parole », rapporte-t-il. Pour eux, l’idée est aussi de « tenir une nouvelle barricade », complémentaire des barricades physiques et judiciaires. « Et puis, il ne faut pas résumer nos candidatures aux zads et aux squats. »

    « Je suis SDF. 

    C’est douloureux de le dire. 

    On est une caste, nous, les pauvres »


C’est tout de même là qu’ils se sont rencontrés. Notre-Dame-des-Landes, où Vishnou a vécu et même eu des enfants entre 2011 et 2014. Sivens, où ils étaient présents avant la mort de Rémi Fraisse, et où Alexandre a réalisé un mémoire sur le parcours de ces jeunes qui quittent la ville pour les luttes à la campagne. Mais aussi Échillais, Agen, ou encore Villenave-d’Ornon, la locale et brève occupation contre un « golf immobilier ».

Adrien Doutreix et Sandra Aimard, candidats dans la 1re circonscription de Gironde.
Malgré ces expériences communes, chacun se présente avec son propre vécu et ses préoccupations centrales.

  • La « démocratie réelle maintenant » et les assemblées populaires pour Adrien : « L’agora mondiale des indignés, le 25 octobre 2011, est la base de mon éveil politique », explique celui qui a aussi participé à Nuit debout Bordeaux ;
  • Les squats pour Vishnou : « Le squat permet de rapporter le pouvoir à l’échelle la plus étroite possible. Il devient une structure politique de base, qui rend l’État obsolète. »
  • Enfin, la situation des jeunes pour Alexandre : « Le suicide est la première cause de mortalité chez les 15-25 ans en France, la 2e au niveau mondial. Ces jeunes ne veulent plus vivre dans nos sociétés de violence, de prédation et sans perspective positive. C’est un signal très puissant qui doit être entendu. »

À chacune de leurs sorties (manifestation pour la libération de onze Soudanais fuyant le Darfour et enfermés au centre de rétention de Bordeaux, commémoration du suicide en 2008 de Benoît Buron, SDF qui sortait de 48 h de garde à vue), ils déploient une grande banderole sur laquelle on peut lire : « Nous n’allons pas disparaître. » Ils l’ont récupérée lors de l’expulsion d’un squat cet hiver, l’Alouette. « Le message consiste à affirmer qu’ils peuvent expulser, punir, contraindre, mais nous n’allons pas disparaître et nous ne lâcherons rien », précise Adrien. « Certains, comme Juppé récemment, entendent maltraiter les pauvres pour qu’ils ne reviennent pas, qu’ils aillent se cacher. Mais on ne peut pas régler les problèmes en les niant », complète Alexandre.

    « La peur de sortir du système, 

    de ne plus manger à la mangeoire »


Ils se sont regroupés derrière le nom de « Laikos », « populaire », en grec ancien (qui a donné la « laïcité », mais ce n’est pas ce qui les intéresse ici). « Le peuple, par opposition à l’aristocratie », précise Alexandre. Selon lui, « c’est la volonté de ne pas nous couper des plus démunis, de la rue et son occupation qui réunit nos candidatures ». Lui vit cela comme un coming-out : « Je suis SDF. C’est douloureux de le dire. On est une caste, nous, les pauvres. »

Ces parcours qui les ont façonnés en font les représentants d’une pratique de la décroissance. « D’échec en échec, tu construis un rapport humble à l’espace-temps. Le nomade ne prend rien ni n’enlève rien aux autres. Les gens de la rue ressentent au fond d’eux un affaiblissement du sentiment de compétition. Ils ne veulent plus se bagarrer pour prendre aux autres un logement, un travail, etc. Mais affrontent la peur de sortir du système, de ne plus manger à la mangeoire. »

Alexandre Mahfoudhi, candidat dans la 2e circonscription de Gironde, avec Amaya Rivere comme suppléante.
Adrien, lui était infirmier. Il a pris une disponibilité de trois ans après un accident du travail alors qu’il approchait le burn-out, mais reste fonctionnaire hospitalier. « Arrêter de travailler a été un choix, en ça, je me sens vraiment décroissant », explique-t-il. Leurs candidatures font partie des seize rattachées à la décroissance (avec notamment Éric Pétetin, candidat dans les Pyrénées-Atlantiques). Même si le mot ne leur convient pas parfaitement, et qu’ils préfèrent parler de « bien vivre ».

Leurs propositions concrètes ne sont pas neuves : la réquisition des bâtiments vides (22.000 dans la métropole bordelaise) pour loger les personnes à la rue, la gratuité des transports en commun, un nouveau mode de décision des grands projets et la reconnaissance du statut de lanceur d’alerte en matière environnementale… Mais surtout, la « démocratie radicale », inspirée par toutes les expériences qu’ils ont vécues. « Si je suis élu, affirme Adrien, je remettrai l’ensemble de mes prérogatives de député à une assemblée constituée des personnes volontaires de la circonscription. Pour que chacun puisse expérimenter la “démocratie réelle maintenant” et devienne législateur. »

    « Le schéma de la discussion autour d’un feu » 


Une sorte de « #mavoix » donc, mais sur les places publiques plutôt que sur internet, avec des décisions par consensus plutôt que par le vote. Et un ancrage idéologique fort : « Je suis porteur de valeurs, opposé à toute forme de domination (anticapitaliste, antispéciste, antiraciste et antisexiste), poursuit Adrien. Ce sont les lignes rouges de la tolérance contre lesquelles je n’irais jamais. Mais j’ai confiance en l’intelligence collective pour qu’elles ne soient pas dépassées. »
Vishnou (Stephen Rault, de son vrai nom), 
« candidat officieux » dans la 3e circonscription de Gironde.
« Beaucoup de gens commencent à être rompus à ce genre d’exercice. Même nos concurrents les utilisent parfois. Même si je n’étais pas élu, en ayant cette pratique on prend position pour l’avenir, on donne aux autres le goût et la capacité d’une autre organisation politique », selon lui, même si la mayonnaise tarde à prendre ces jours-ci à Bordeaux. Alexandre est un peu plus nuancé sur l’utilité à court terme de ces assemblées. Il y voit d’abord un moyen de recréer du commun : « C’est le schéma de la discussion autour d’un feu, qu’on a vécu dans les squats et les zads. Ce qui en ressort n’est pas forcément du décisionnel, mais de l’échange, du commun dans le langage. »


Justement, tous les deux sont bien conscients de ce qu’ils partagent avec les autres candidats de gauche à ce scrutin, et affirment ne pas vouloir ajouter à l’éclatement des candidatures. Ils aimeraient pouvoir aboutir à une candidature unique de la gauche radicale, comme l’explique Adrien : « Avec une assemblée publique, toujours, on pourrait arriver à un consensus entre nous tous et donner un mandat à un seul candidat, explique-t-il. Nous avons 70 à 90 % de notre pensée en commun. Mais les partis sont institutionnalisés, ils se présentent aussi pour bénéficier de la rente du financement public. » Nomades, les membres de Laikos ne sont eux pas prêts d’en arriver là.


Infos du 5 au 11 juin

Lundi 5 juin

Cigéo : 

M. Hulot, protégez les hiboux de Bure !


À cheval sur la Meuse et la Haute-Marne se prépare l’installation d’un centre d’enfouissement de déchets nucléaires, dit Cigéo. Un collectif d’opposants — syndicats de paysans, de travailleurs, associations environnementales, collectifs d’habitants — demande au ministre Nicolas Hulot de prendre position contre cette « poubelle atomique ».


Les auteurs de la lettre sont : les opposant-es d’ici et d’ailleurs, des habitant-es de Mandres-en-Barrois, les associations Burestop 55, Bure zone libre, Asodedra, Cedra 52, Eodra, les habitants Vigilants de Gondrecourt le Château, les habitants Vigilants de Void-Vacon, Meuse nature environnement, Mirabel Lorraine environnement. La liste de leurs soutiens est à la fin de la lettre ouverte.


Monsieur le ministre, vous avez déclaré le 12 novembre 2011, à la suite de la catastrophe de Fukushima, que « le propre d’un accident nucléaire, c’est d’être inestimable dans le temps et dans l’espace. Et là s’arrête le risque acceptable dès lors que l’on ne maîtrise ni ne mesure plus ses conséquences ». Nous partageons totalement votre constat.

Vous êtes ministre à présent. Des spécialistes vous assureront que les déchets [1] produits par l’industrie nucléaire seront bien gérés. Si, comme vos prédécesseurs, vous n’écoutez qu’une seule voix, celle des acteurs du nucléaire, la seule ayant accès à votre cabinet, qui affirme que le stockage nucléaire en grande profondeur est une solution, alors vous vous tromperez gravement. Vous pourriez apposer un blanc-seing sur un projet comportant lui aussi, comme l’accident nucléaire de Fukushima, des « risques non acceptables, parce que personne ne maîtrise ni ne mesure les conséquences » de l’énorme complexe Cigéo, projet d’enfouissement des déchets nucléaires, qui sacrifie non seulement un territoire, mais menace durablement le pays tout entier et les centaines de générations à venir.

Contrairement à ce que vous affirmera l’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs), elle ne sera jamais prête, bien qu’affichant des certitudes de façade. Donner prochainement le feu vert à Cigéo, c’est engager le pays de façon irréversible dans un chantier titanesque dont nul ne pourra prétendre maîtriser les risques. Des experts indépendants l’ont prouvé de manière irréfutable. Confiner une telle masse de déchets radioactifs à moins 500 mètres sous terre peut mener à des explosions souterraines liées à la nature de certains déchets. Un incendie en grande profondeur serait ingérable. La contamination de nappes phréatiques serait inévitable, car la radioactivité s’échappera un jour des colis de confinement. Dans tous les cas, des rejets aériens massifs de gaz radioactifs sont assurés, sans parler de la multiplication de transports nucléaires à haut risque pendant plus d’un siècle.

    La pièce maîtresse d’un énorme mensonge 

Contrairement à ce que vous affirmeront certains parlementaires, l’opinion publique n’accepte pas Cigéo, malgré les mesures déployées : efforts financiers considérables, promesses de développement local, impasse systématique sur les dangers réels ou encore processus de concertation truqué. Tout est plaqué, brutalement, sans aucun choix possible. Depuis 30 ans, sur plus de 25 sites explorés en France, des milliers de gens ont refusé de servir de caution, de cobayes ou de fusibles. Presque partout, ils ont mené à l’échec toutes les tentatives d’implantation. L’ampleur inédite de cette opposition doit peser dans la balance des décisions. N’avez-vous pas déclaré aussi, sur i-Télé, en 2016 : « Ces déchets, il faut bien en faire quelque chose, mais, en tout cas, on ne peut pas imposer comme ça [ce projet] à des populations locales, sous prétexte qu’[elles] sont dans des endroits un peu éloignés (…), sans concertation, sans transparence. »
Le seul « laboratoire de recherche géologique » finalement installé à Bure est la pièce maîtresse d’un énorme mensonge : la filière électronucléaire serait propre, gérable et peu coûteuse, alors qu’elle est au bord du gouffre. Les pouvoirs publics savent que le stockage géologique est un mythe dangereux qui ne résout rien. Argument de vente pour de nouveaux réacteurs nucléaires, il tente de masquer une impasse phénoménale.


En 2018, le gouvernement pourrait être amené à signer une « phase industrielle pilote » : cette fausse phase de « test grandeur nature » masque un feu vert irréversible au chantier qui engloutirait les 5 milliards d’euros provisionnés à ce jour. 
Trouver les 30 à 40 milliards suivants, nécessaires au fonctionnement du stockage, resterait à la charge de nos enfants et arrière-petits-enfants. N’avez-vous pas dit ce 12 novembre 2011 : « Dans la même veine, ignorer la durée de vie et la dangerosité à très long terme des déchets est incompatible avec la notion première du développement durable, puisque c’est une délégation de risque aux générations futures. » 
 

Votre conscience d’homme public soucieux de la préservation de la planète vous engage à agir : il faut mettre fin à cette politique énergétique irresponsable, mettre au centre de la table les erreurs passées, assumer ce passif et ne pas alourdir la dette.

    Une situation conflictuelle alarmante


Des centaines d’habitant.e.s refusent d’être condamnés à vivre, à respirer et à survivre sur la plus grande « poubelle atomique » d’Europe. Ne soyez pas sourd comme tant d’autres à la multitude de signaux d’alerte obstinément envoyés aux décideurs — dont vous faites à présent partie — par des personnes de tous âges, en lutte pied à pied dans le bois Lejuc depuis juin 2016, où l’Andra a tenté de commencer les travaux préparatoires de Cigéo en toute illégalité. Ces militants, qu’on appelle « les hiboux de Bure », ont choisi d’y résider, parfois dans les arbres pour mieux les protéger, faisant preuve d’un incroyable courage qui en dit long sur leur détermination. L’opposition ne cesse de s’amplifier localement et nationalement. Des pays voisins s’inquiètent. En Meuse et en Haute-Marne, le climat de répression s’intensifie, cherchant à détruire toute cohésion sociale. Cautionnerez-vous une situation conflictuelle alarmante en prenant le risque de la voir s’aggraver ?


La cession du bois Lejuc à l’Andra est au centre d’une controverse largement médiatisée depuis un an. Est-il moralement acceptable de faire porter un tel fardeau aux onze conseillers municipaux de Mandres-en-Barrois, sommés d’abandonner leur forêt communale ? Savent-ils qu’ils engagent la destruction inévitable de tout un territoire de vie en ouvrant la porte à un inconnu menaçant l’humanité ? Et que penser des soupçons de conflits d’intérêts affectant un certain nombre de conseillers municipaux du fait de leurs liens avec l’Andra, comme le met en exergue un nouveau recours juridique déposé le 22 mai 2017 par pas moins de 35 habitant-es ?
Face à cette situation d’urgence et réaffirmant une opposition totale au principe de l’enfouissement des déchets nucléaires, nous demandons instamment :


  • que le gouvernement ne tente aucune évacuation du bois Lejuc à Mandres-en-Barrois, occupé par les opposants depuis presque un an, sous peine de voir la situation de tension actuelle s’aggraver ;

  • que le gouvernement reçoive les scientifiques et associations qui depuis plus 20 ans ont recueilli les éléments d’approfondissement du dossier Cigéo révélant les risques et qui veulent, au nom de l’intérêt général, apporter leur éclairage (vous avez déclaré récemment, au JDD : « Je connais ce dossier, mais je veux l’étudier davantage. ») ;

  • que le gouvernement stoppe tout projet d’enfouissement profond des déchets radioactifs ;

  • que le gouvernement engage en urgence la remise à plat de l’ensemble de la politique énergétique du pays. La sortie du nucléaire est impérative et ne doit pas être repoussée aux décennies à venir, il en va de la survie de l’humanité. Le passage aux énergies renouvelables et économies d’énergie, à des techniques créatrices d’emploi et autrement plus soutenables et novatrices, fait partie des demandes qui doivent aboutir au plus vite.

    LES AUTEURS DE CETTE TRIBUNE ONT REÇU LE SOUTIEN DES ORGANISATIONS SUIVANTES

Attac France, Agir pour l’environnement, Réseau « Sortir du nucléaire », Confédération paysanne, Novissen (1000 vaches), FNE Grand-Est, Sortir du nucléaire Moselle, SDN 89, Collectif Sortir du nucléaire 79, STOP EPR ni à Penly ni ailleurs, Collectif Halte au nucléaire du Gard, Action des citoyens pour le désarmement nucléaire (ACDN), Auxilia conseil en transition, Association pour la restauration et la Protection de l’environnement naturel du Tonnerrois, Adeny-Association de défense de l’environnement et de la nature de l’Yonne, MAN Nancy, Confédération paysanne des Vosges, Confédération paysanne de Meuse, Association A.P.P.E.L.S (55), Attac 55, Association Vie Environnement Respect Nature (Avern), Cade (Collectif des Associations de défense de l’environnement Pays basque et Sud des Landes), Collectif les Dindons de la farce, Droit au soleil, Effet de serre toi-même, Collectif Non au gaz de schiste du canton de Fayence, Association Artisance, Association Gecnal de Sarreguemines (57), Union syndicale solidaires, Syndicats des travailleurs du rail SUD-Rail, Cyber@cteurs, collectif Stop gaz de schiste Anduze, Collectif citoyen de Pézenas, Castelnau et Guers, Collectif du Céressou, Collectif de Campagnan-Saint-Pargoire (contre le Linky), Eco’lectif de Gignac…


Mardi 6 juin

Le tribunal de Nancy 

donne le feu vert 

à la cession du bois Lejuc 

à l’Andra

 

Mardi 6 juin, le tribunal administratif de Nancy a rejeté la requête des 33 habitants de Mandres-en-Barrois qui demandaient la suspension de la délibération du conseil municipal du 18 mai dernier. Cette délibération a confirmé la cession du Bois Lejuc à l’Andra.

 

Le bois Lejuc est l’objet d’une intense bataille tant sur le terrain que dans les prétoires. Il est toujours occupé par plusieurs dizaines d’opposants qui refusent de voir la forêt détruite au profit de la poubelle nucléaire Cigeo.

Ce jugement n’est qu’une étape dans de longues procédures juridiques. Les soupçons de conflits d’intérêt entre certains conseillers municipaux et l’Agence nationale seront étudiés sur le fond dans une future audience dont la date n’est pas encore communiquée.

Aujourd’hui, légalement, il ne manque plus que les autorisations de défrichement pour que l’Andra puisse débuter ses travaux. Depuis le 26 avril, les opposants sont aussi sous la menace d’une expulsion policière.

Reporterre


Mercredi 7 juin

 

Bure, nous assumons le sabotage face au désastre nucléaire 

 

L. a été condamné à 4 mois de prison avec sursis pour avoir saboté des grilles autour du futur site de la poubelle nucléaire CIGEO à Bure. Voici la lettre lue devant les juges où il revendique pleinement son acte. Que vaut quelques grilles tombées face au risque d'une contamination radioactive et la destruction complète d'un territoire ?

Mesdames, Messieurs, 
 

Puisque votre tribunal a statué illégal le défrichement orchestré par l'ANDRA dans le bois Lejuc sans donner de peine de prison, ne serait-ce que du sursis aux responsables de ce massacre.


Puisque votre tribunal a condamné un camarade à 6 mois de prison avec sursis et 2 ans d'interdiction de territoire alors qu'il ne faisait que défendre cette forêt afin d'empêcher son défrichement.


Sachez que je n'attends rien de votre institution que l'on nomme avec ignorance justice où rien n'est fait contre les voleurs en costard des affaires Clearsteam, Panama papers ou Luxleaks en passant par Fillon alors que des clochards voleurs de pâtes sont en prison.


Il y a la souffrance que le nucléaire a engendré, toutes ses victimes qui ne sont plus là pour en parler. Et voici que l'on juge, celles et ceux qui osent s'en indigner. Si se taire aujourd'hui, c'est faire souffrir d'autres demain, voici, avec honnêteté, les raisons d'une rage qui n'en finit plus de monter.
« Dans la mesure où seul l'intérêt public est concerné, le châtiment est justifiable, si nous franchissons cette frontière, notre propre conduite devient criminelle. » - Thoreau, écrit de Jeunesse




Ce projet n'est pas porté par l'amour de l'humanité, sinon ils l'écouteraient cette humanité quand en 2006 elle demandait avec une pétition de 50 000 signatures à la main, la tenue d'un référendum local. 


Ils l'auraient écoutée en 2013, quand les villageois de Mandres-en- Barrois exprimaient lors d'une consultation, leur opposition majoritaire à l'échange de leur forêt.


L'ANDRA sait être matinale pour s'accaparer un bois communal. C'était en juillet 2015 et « L'avenir appartenait à ceux qui se lèvent tôt ». Le vote a été fait à 6 h du matin avec quelques conseillers municipaux en conflits d'intérêt, actant l'échange à bulletin secret.


Chez l'ANDRA, on aime l'argent, pas les gens, d'ailleurs du fric, ils en ont tellement qu'ils peuvent vous en passer en l'échange de votre consentement. Il suffit de demander au GIP - le Groupement d'Intérêt Public-  ces 60 millions d'euros qui arrosent chaque année les départements de Meuse et Haute-Marne. Un accompagnement économique pour faire accepter une poubelle atomique. Le paroxysme du poids de l'argent sur nos vies.


Satisfait ou matraqué ! Parce que oui, si le fric ne vous attire pas et que vous êtes un peu trop dérangeant, il y a les flics qui tirent des flashball et lancent des grenades de désencerclement. Les patrouilles de gendarmes qui pullulent depuis que l'ANDRA projette de polluer ce territoire.


Pourquoi s'attaquer au grillage ? Cela ne vous intéresse surement pas, pas plus que ce gendarme qui m'a dit pendant le trajet vers le commissariat : « Tu aimerais bien que je vienne péter ton grillage autour de ta maison ? Bon ben là c'est pareil. » Voilà la fonction policière imagée dans toute sa splendeur. Réprimer la conséquence sans jamais chercher à en comprendre l'origine, un grillage autour d'un projet de poubelle nucléaire serait le même que celui autour d'une maison. 


Et vous, messieurs dames les juges, lorsque vous dites que vous n'êtes pas là pour juger les idées, la motivation mais les faits vous vous abaissez au même niveau et c'est vous que l'on appelle justice ?


Prendre autant de temps à parler d'où je viens, de mon statut social, ne serait-ce pas révélateur d'une justice de classe ? Cela changerait-il quelque chose à la peine prononcée si je suis un banquier ou plutôt un chômeur ? Un français ou un étranger ?


Nommer cela justice n'est qu'une odieuse supercherie. Sachez qu'au regard de toutes personnes habitant dans une maison, il n'existe aucune crainte de voir les manifestants qui se sont attaqués à l'ANDRA débarquer chez eux pour abattre leur clôture.


« Eh bien, messieurs, il n'y a plus de criminel à juger, mais les causes du crime à détruire. Oui je le répète, c'est la société qui fait les criminels, et vous jurés, au lieu de les frapper, vous devriez employer votre intelligence et vos forces à transformer la société. Du coup, vous supprimeriez tous les crimes, et votre œuvre, en s'attaquant aux causes, serait plus grande et plus féconde que n'est votre justice qui s'amoindrit à en punir les effets. » - Ravachol
L'industrie nucléaire à toujours eu une gestion des déchets à la hauteur de son humanité. Pendant plusieurs années et peut-être encore aujourd'hui, des fûts de déchets nucléaires d'origine européenne furent largués sur les côtes somaliennes. Lors du tsunami de 2004, une vague a fait remonter ces fûts sur la plage faisant apparaître des saignements et malformations chez les somaliens.


Cette pollution dévastatrice, s'ajoutant à la pêche intensive des bateaux occidentaux avaient fini par excéder les populations locales et petits pêcheurs qui s'organisèrent en « Gardes côte volontaires de Somalie ». Ils lancèrent des assauts armés contre ces cargos de la mort. On les a appelé les « pirates somaliens » en montrant seulement des images de violences, se gardant bien d'en expliquer l'origine qui mettrait en lumière notre part de responsabilité. L'essentiel étant de les stigmatiser afin de légitimer une répression d'envergure militaire.


Voici ce que l'un des leaders des pirates, Sugule Ali, déclara : « Il s'agit de mettre un point final à la pêche illégale et les déchargements dans nos eaux. Nous ne nous considérons pas comme des bandits de la mer. Nous considérons que les bandits sont ceux qui pêchent illégalement et jettent leurs poubelles. »


Il y a quelques décennies, la solution officielle pour les déchets nucléaires fut de les balancer dans la Manche et l'Océan Atlantique. L'abandon de cette folie ne fut pas le fruit de la filiale nucléaire qui l'avait mise en place, c'est sous la pression des manifestants et actions qu'ils furent contraint d'arrêter.


Aujourd'hui, ils projettent de les mettre sous terre, mais les diverses oppositions locales à chaque endroit où ils essayèrent les firent reculer. Apprenant de leurs défaites, ils sont venus à l'assaut de la Meuse de manière plus stratégique. Ils achètent les terres agricoles pour dissuader les paysans en bail précaire et déversent ces millions d'euros pour le silence des élu.e.s et de celles et ceux qui en bénéficient.


« Je rêve d'un peuple qui commencerait par brûler les clôtures et laisserait croître les forêts. » - Thoreau


Ce projet apporte la mort avec lui, c'est une condamnation qui plane sur des milliers de générations, il est nécessaire de mettre à mort ce projet. Il en va de la sauvegarde de l'humanité, la leur, ils l'ont troqué contre des mannes financières, des vigiles tortionnaires, les matraques et grenades policières.
De cette manifestation du 18 février, je ne regrette rien, si ce n'est de ne pas être resté au coeur de l'action collective qui a mis à terre les grilles de l'ANDRA. J'ai voulu en faire tomber une de plus, alors que le groupe se repliait, j'ai cru que je serais assez fort pour le faire seul avec une pince monseigneur. Je pensais pouvoir repartir en courant, si les gendarmes chargeaient. 


Malheureusement, une crampe s'est déclarée en même temps que le stress et ma course fut laborieuse, j'ai fini plaqué au sol par un gendarme. L'interpellation dure plusieurs longues minutes, les gendarmes n'arrivent pas à me remonter, ils sont 4. Je n'arrête pas de leur parler, d'exprimer l'indignation contre ce projet, leurs regards fuient le miens, ils soupirent et perdent leur force au fur et à mesure que la parole se libère. J'ai même cru à un moment qu'ils me laisseraient partir.


Mais le commandant DuBois est venu redonner par sa présence la force de la soumission qu'incarne sa supériorité hiérarchique. Je continue tout de même à parler, le commandant m'étranglera pendant plusieurs longues secondes pour que je me taise. Je ne pouvais ni respirer, ni parler. Des marques de strangulations seront notés par le médecin pendant ma garde à vue. Serais-je encore libre si c'était moi qui avait étranglé le commandant ? 


Nous ne faisons que nous attaquer aux structures matérielles de l'ANDRA et c'est une violence contre des personnes que les gendarmes ont délibérément exercé contre nous. Qu'ils s'écartent de notre chemin révolutionnaire et ils ne seront plus victimes de jets de pierre ou autre joyeuseté. Un manifestant a dû se faire opérer au pied suite à une grenade policière, il craignait de ne plus pouvoir marcher.
Le projet d'enfouissement de déchets nucléaires doit être freiné, entravé et donc saboté pour la légitime défense de la santé, du sol, de l'air et de l'eau.


« C'est bien beau de s'opposer, mais vous proposez quoi ? »


Au regard de la gestion laborieuse que la filiale nucléaire a réalisé en Somalie, dans la Manche et dans divers sites d'enfouissement aux multiples accidents (Nouveau Mexique ou en Allemagne), il semble évident qu'il ne faut pas laisser la gestion des déchets nucléaires à ces individus irresponsables.


"On ne résout pas les problèmes avec les modes de pensée qui les ont engendrés" - Albert Einstein


Il est important de reconnaître avec honnêteté, sans le mensonge qu'un nuage radioactif s'arrête à la frontière, que nous ne savons pas quoi faire et nous n'avons jamais su quoi faire des déchets nucléaires. Dès lors, l'arrêt immédiat de la production de ses déchets est une évidence.


Cette question de la gestion devrait être prise en compte par la société toute entière, en finançant des recherches indépendante. Où trouver l'argent ? Il y a 60 millions d'euros déversés dans le département de la Meuse et Haute-Marne, afin d'acheter le consentement de celles et ceux qui demain seront irradiés. Redirigeons cette somme dans la recherche d'alternative. Tenter de trouver des solutions par la science, plutôt que l'achat des consciences.


Il y a les PDG du nucléaire, nucléocrates et autres personnes qui se sont fait des millions, voir milliards de bénéfices sur le dos de notre vie, il faudra également qu'ils rendent l'argent, pour la survie de l'humanité.

L. un tombeur de grilles – sauvonslaforet sur Médiapart
 

Infos du 12 au 18 juin

 
Jeudi 15 juin


Des nouvelles et un appel à soutien en provenance de Bouriège (11), où un convoi d’éoliennes est bloqué depuis plusieurs jours et le bras de fer engagé avec les forces de l’ordre, les autorités et la société Valeco.


Samedi 17 juin

 

Des élues demandent à Nicolas Hulot 

de s’opposer au Center Parcs de Roybon

 

Article déjà paru sur le blog ici :

 

http://lemurparle.blogspot.fr/2017/06/des-elues-demandent-nicolas-hulot-de.html 

 

 

Europacity : une lettre ouverte à Nicolas Hulot


Il s’agit d’un projet pharaonique de parc d’attraction destiné à attirer 30 millions de visiteurs par an – autant que l’ensemble des parcs français, associé à ’un centre commercial taille XXL qui s’ajoutera à l’offre déjà existante en Ile de France. Construit sur les meilleures terres agricoles de la région, il sera situé dans un couloir aérien – là même où le Concorde s’est écrasé en 2000




Alors même que l’argumentaire des promoteurs est basé essentiellement sur la création d’emplois, les conséquences de ce projet ont suscité, en particulier sur le site du débat public consacré à Europacity, une opposition massive et argumentée, tant de la part des collectivités locales, associations et syndicats que de celle des particuliers qui se sont exprimées sur le projet.


Vous vous demanderez peut-être comment les associations et syndicats engagés dans l’opposition au projet peuvent se prononcer contre un projet présenté comme créateur d’emplois sur la région ? 

- Parce que les précédents n’incitent guère à la confiance : nous avons à l’esprit l’exemple d’Eurodisney, qui n’a jamais créé le nombre d’emplois promis et vit financièrement sous perfusion de sa maison-mère. Plus récemment, Aéroville, situé près de l’aéroport de Roissy, n’a tenu ses promesses ni en termes de fréquentation, ni en termes d’emplois créés. Le millénaire à Aubervilliers est lui aussi en grande difficulté. 

- Parce que le contexte actuel n’est pas favorable à ce genre d’entreprise : cela s’explique parfaitement bien par le développement des achats en ligne, responsable des taux de croissance faibles de ce secteur : en effet, la fréquentation de ces centres croît de 1% par an alors que ces centres se développent au rythme de 3% par an. Les « marchands » suivent donc une « logique » qui leur est propre, celle de croire qu’on peut développer l’offre sans que la demande suive, ce qui est une hérésie sur le plan économique. Nous avons récemment appris que le secteur de la grande distribution aux  Etats-Unis est en grande difficulté, ce qui implique que, comme d’habitude, nous nous décidons à imiter les américains au moment où ceux-ci font le constat que leur modèle « marche » de moins en moins bien.

- Parce que la création d’un centre commercial  est synonyme de pertes d’emplois ailleurs : le phénomène a particulièrement touché la ville de Béziers et la chambre de commerce de l’Hérault a évalué que pour un emploi créé en centre commercial, il y en avait trois qui disparaissent ailleurs, notamment dans les commerces de proximité. C’est ainsi qu’on aboutit à une désertification des centres-villes dont souffrent un grand nombre d’agglomérations.

- Parce que bizarrement, ces emplois détruits ne sont jamais pris en compte dans ces promesses de créations d’emploi : il n’y a d’ailleurs aucune étude sur les répercutions d’Europacity sur les emplois dans les départements limitrophes et pour cause : le comité « d’experts » qui a élaboré le projet  a été formé par Auchan, sous la présidence de la famille Mulliez. A la question « qui paie ces experts », posée par un des participants au débat public de 2016, il n’a pas été répondu ! On a donc de sérieuses raisons de créditer ces « études » de la même objectivité qu’un rapport de Servier sur les effets secondaires du Médiator ! 

L’opposition est d’ailleurs révélatrice d’élus de la Seine-Saint-Denis, à une très grande majorité opposés au projet et d’élus du Val d’Oise, en majorité favorables : ceux qui savent avoir tout à y perdre contre ceux qui croient avoir tout à y gagner. Monsieur le Ministre, l’opposition concurrentielle entre territoires ne fait pas une politique d’aménagement du territoire.

- Parce que ce genre d’activité n’a jamais créé que des emplois précaires, peu qualifiés et mal payés  à un moment où le déclin industriel de notre pays prend des proportions alarmantes. La CGT soutient un projet de revitalisation de l’ancien site PSA d’Aulnay, basé sur le développement et la localisation dans la zone d’entreprises « start-up » et de sociétés dédiées à la transition énergétique, qui pourrait s’intégrer dans un projet plus vaste d’aménagement d’un triangle de Gonesse entièrement dédié à l’exploitation agricole par des méthodes respectueuses de l’environnement et de la diversité. Un projet de ce type existe : c’est le projet CARMA, contre lequel le maire de Gonesse a mis son véto. Ce serait pourtant la moindre des choses qu’une question qui intéresse tous les franciliens, et même au-delà, ne soit pas décidée par la baronnie locale et, à travers elle, par les lobbies des affaires !


- Parce que les données récemment analysées par Jacqueline Lorthiois, membre du CPTG, confirment le caractère fallacieux et mensonger de ces promesses de création d'emploi.


Une autre raison d’opposition à ce projet réside dans l’investissement des deniers publics dans le projet : pour la modification des infrastructures routières et ferroviaires liées à Europacity, il a été  avancé un budget de un milliard d’euro. C’est beaucoup pour un projet qui ne répond qu’aux besoins des nantis qui fréquenteront ce parc privé, lorsque des manques criants se font sentir ailleurs : justice « en voie de clochardisation » selon la formule de Médiapart, hôpitaux publics au bord de la crise de nerfs, manque d’entretien du réseau ferroviaire, comme en témoigne la catastrophe de Brétigny. C’est aussi beaucoup quand on sait que la famille Mulliez paie ses impôts en Belgique, mais sait se souvenir qu’il existe un état français lorsqu’il s’agit de le mettre à contribution. 


Il y a enfin les raisons qui touchent plus particulièrement votre ministère de l’environnement : ce projet de bétonnage de terres agricoles qui comptent parmi les plus riches d’Ile de France n’est que la partie émergée de l’iceberg. C’est, en France, 10% des terres agricoles qui ont été bétonnées en l’espace de 50 ans. Aujourd’hui, le domaine agricole disparaît au rythme de 60000 hectares par an et, à ce rythme, c’est une surface égale aux deux départements des Landes et de la Gironde qui auront disparu en 2050. Ce sont des données à prendre avec le plus grand sérieux car c’est la famine que nous sommes en train de préparer pour les générations futures.


Monsieur le Ministre, vous vous êtes déclaré opposé à la destruction, au profit d’un aéroport, de la zone humide de Notre-Dame des Landes. Ce sont les mêmes raisons qui devraient vous pousser à vous opposer à la bétonisation anarchique qu’incarne Europacity : la disparition d’une zone humide à proximité d’une grande ville a une influence défavorable sur son climat. Il est estimé que si Europacity et les projets qui sont situés dans la proximité immédiate voient le jour, la température dans la capitale augmenterait de deux degrés. Ce qui ferait perdre aux parisiens les bénéfices de la COP21, si toutefois celle-ci était couronnée de succès.


Le débat public sur Europacity qui a eu lieu en 2016 a été révélateur : il a d’abord montré une opposition largement majoritaire au projet, tant au niveau des particuliers qui y ont participé qu’à celui des collectivités  locales et associations qui se sont exprimées dans un cahier d’acteur. Malgré cela, le consortium Immochan-Wanda poursuit son projet comme si de rien n’était, notamment en allant faire sa propagande dans certaines écoles. Cette tentative de manipulation de la jeunesse n’a que peu à voir avec des cours d’éducation civique et nous voulons ici traduire l’irritation de citoyens qui ne se sentent pas écoutés, même quand ils disent des choses raisonnables.

Certaines données, évoquées dans le site du débat public, nous disent comment cela se passe dans  d’autres capitales : Copenhague a adopté un plan de développement urbain en forme de main, la paume représentant le centre-ville et les doigts les zones de développement ; Berlin et Londres ont des densités de population respectives de 3900 et 5300 habitants par kilomètre carré, contre 21000 à Paris intra-muros. Ce qui manque à cette dernière, ce sont les espaces verts -11% de la superficie contre 40% à Berlin et à Londres. Pour la qualité de vie des habitants d’Ile de France, il serait grand temps de renoncer au schéma de développement haussmannien qui a trop longtemps été le notre.


Dans le domaine de l’aberration, il y a aussi celle qui pourrait coûter des vies humaines : Europacity est, en effet, construit dans la proximité immédiate du site de la catastrophe du Concorde et, pas très loin, il y a eu le crash du Tupolev. C’est donc dans une zone de catastrophe aérienne potentielle, encadrée par deux aéroports et le terrain d’aviation de la FEDEX, qu’est projetée la concentration humaine des clients d’Europacity. Si par malheur, la chute d’un avion faisait des victimes, le concepteur et le maire de Gonesse sont-ils prêts à en endosser la responsabilité morale et pénale ? Ou bien, n’ont-ils pas envisagé cette éventualité et diront-ils, comme l’ont fait les édiles de la Faulte-sur-Mer, « c’est la fatalité » ?


Des promesses d’emploi fallacieuses, l’implication du contribuable dans un projet qui ne bénéficiera qu’au concepteur, la destruction de terres agricoles, une démarche contraire à celle de la COP21, l’irresponsabilité des décisionnaires, tout cela nous semble des raisons suffisantes pour manifester une opposition irréductible au projet.


Et à vous, monsieur le Ministre de l’environnement ?


Veuillez croire, monsieur le Ministre, à nos plus respectueuses salutations.


PIERRE SASSIERBlog sur Médiapart


Infos du 19 au 25 juin




Mardi 20 juin



Sivens (Tarn) - Collectif pour la sauvegarde de la zone humide du TESTET


    Nouvelles Actualités :

     






Mercredi 21 juin

Pas de petit déjeuner pour l'Andra ! 

 

Des opposant.e.s au projet d'enfouissement de déchets radioactifs CIGEO à Bure revendiquent l'action de sabotage du mercredi 21 juin 2017 où ils se sont introduits à l'aube dans l'hôtel restaurant 3 étoiles de l'Andra. 
 

Les 16 et 18 février 2017, les opposant.es au centre de stockage radioactif Cigéo revendiquaient la destruction des grilles de l'écothèque, un projet annexe du laboratoire, censé en verdir l'apparence. Ce mercredi 21 juin, c'est cette fois l'hôtel-restaurant trois étoiles, situé à quelques mètres de la future plate forme de réception et de conditionnement des déchets nucléaires, qui a été pris pour cible.
Depuis son implantation à la frontière de la Meuse et de la Haute-Marne il y a une quinzaine d'années, l'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs n'a eu de cesse de s'immiscer méthodiquement dans les consciences, dans les porte-feuilles des communes, dans les sorties scolaires, dans les paysages ruraux etc. Le rond-point entre Saudron et Mandres, qui regroupe le laboratoire, son pôle technique, les archives d'EDF, l'écothèque et l'hôtel-restaurant, est un bon exemple de cette omniprésence. Comble de l'envahissement, il devrait bientôt accueillir une boulangerie, pour qu'enfin plus personne dans la région ne puisse aller chercher son pain sans avoir affaire à l'Andra. Mais bizarrement, chacun des projets pour lesquels elle est prise à partie est présenté comme n'ayant rien à voir avec Cigéo... 
 

En attaquant l'écothèque en février, nous affirmions haut et fort qu'elle n'était pas un musée écologique déconnecté du futur stockage, mais bien une pièce de l'acceptabilité sociale du projet. Il en va de même pour l'hôtel-restaurant du Bindeuil, conçu pour accueillir dans des chambres luxueuses non pas des touristes venus visiter un cimetière atomique, mais bien des ingénieurs du nucléaire, des délégations venues visiter le laboratoire, et pourquoi pas des officiers de gendarmerie. Il ne s'agit nullement d'un hôtel meusien quelconque, qui aurait été pris pour cible par pur appétit de destruction : il s'agit du sabotage matériel de l'un des chevaux de Troie de l'Andra. 
 

Que cet hôtel appartienne à la commune de Bure montre bien jusqu'où l'industrie nucléaire est allée pour mouiller jusqu'au cou les pouvoirs publics locaux dans son plan de conquête. Ce n'est pas seulement par l'intermédiaire du Groupement d'Intérêt Public (qui arrose la région en millions d'euros) que les mairies sont tenues, mais également par des projets économiques comme l'hôtel du Bindeuil : une manne financière à deux pas du laboratoire, entièrement dépendante de son activité. 
 

La semaine de chantiers et d'actions qui se déroule du 19 au 26 juin au bois Lejus a vocation à pérenniser l'occupation qui bloque depuis un an maintenant l'avancée de Cigéo. Elle est une tribune pour dénoncer l'invasion du territoire par l'Andra, et la militarisation qui l'accompagne. C'est à cette fin que des opposant.es sont allé.e.s le 20 juin défiler pacifiquement à l'entrée de Mandres, en portant une banderole « carrefour libéré » : pour dénoncer les contrôles incessants dont font l'objet opposant.es et habitant.es confondu.e.s, dénoncer la surveillance policière constante, les fouilles de véhicules abusives et intrusives, les survols d'hélicoptère etc. 
 

Cette semaine est aussi l'occasion de réaffirmer la détermination des opposant.es et de porter un message clair : l'Andra n'est pas la bienvenue en Meuse, quel que soit le visage sous lequel elle entend se présenter. En ces temps de débâcle de l'industrie nucléaire, il semble acquis qu'il n'est pas tenable, pour les entreprises et pour les collectivités territoriales, de travailler main dans la main avec elle sans s'exposer au ras-le-bol de celles et ceux dont l'avis a été bafoué depuis vingt ans. 
 

Il est vain d'agiter à Bure le spectre des « casseurs », de l'« ultra-gauche », des « jeunes encagoulés » ou de la mouvance « anarcho-zadiste ». Ce qui s'agite ici, c'est une colère et une indignation trop longtemps contenues. Nous voulons que l'Andra parte et emporte avec elle son laboratoire, son écothèque et son hôtel trois étoiles. Nous ouvrirons nous-mêmes la boulangerie.

sauvonslaforet sur Médiapart

 

Sur le chantier du Lyon-Turin, 

seule la facture se creuse

 


Le chantier du tunnel Lyon-Turin franchit une nouvelle étape, mercredi 21 juin, avec la présentation de 81 appels d’offres à attribuer d’ici à 2019. Pourtant, la Cour des comptes lance une nouvelle alerte sur « la pertinence » qui n'est « toujours pas établie » du projet. Et les travaux accusent du retard.


Saint-Martin-la-Porte (Savoie), envoyé spécial.– 

Quatre-vingt-un appels d’offres, douze chantiers et 20 000 entreprises attendues, pour un coût estimé à 5,5 milliards d’euros sur cette partie des travaux : le projet de ligne à grande vitesse entre Lyon et Turin, avec son long tunnel ferroviaire en plein cœur des Alpes, continue d’affoler les calculettes. Ce mercredi 21 juin à Lyon, au siège de la région Auvergne-Rhône-Alpes, ce projet pharaonique franchira une nouvelle étape avec la présentation officielle de ces différents marchés dont l’attribution se fera progressivement d’ici à 2019. Et ce malgré la nouvelle alerte de la Cour des comptes, dans son dernier rapport sur le budget de l’État en 2016, rendu public le 31 mai dernier : après avoir « relevé l’absence de rentabilité socio-économique et les incertitudes quant à son coût et son financement » en 2012, celle-ci constate aujourd’hui « la montée en puissance de [ce] grand projet très coûteux pour les finances publiques et dont la pertinence n’est toujours pas établie », regrettant par ailleurs qu’il n’ait « toujours pas fait l’objet d’une contre-expertise » (voir la Note d’analyse de l’exécution budgétaire de la mission Écologie, développement et mobilités durables).

Mais rien ne semble pouvoir arrêter ce projet, contesté des deux côtés des Alpes depuis sa genèse, il y a plus de 25 ans. Sauf, peut-être, la réalité opérationnelle du chantier à Saint-Martin-la-Porte (Savoie) : moins d’un an après leur lancement, les travaux de la première galerie accusent déjà du retard. Présentée comme une galerie de reconnaissance de 9 kilomètres, au même gabarit que le futur tunnel de base, elle doit en réalité s’intégrer ensuite à l’ouvrage définitif du tunnel ferroviaire qui prévoit de s’étendre, en deux tubes parallèles, sur 57,5 kilomètres. Problème, le tunnelier a été bloqué pendant plusieurs mois, incapable de progresser dans la roche que cette galerie rencontre, à environ 200 mètres sous terre. Inaugurée en grande pompe le 21 juillet 2016 par Manuel Valls, alors premier ministre, cette gigantesque machine de 2 400 tonnes a commencé le creusement de la montagne en septembre 2016, avec un rythme de croisière attendu de 300 à 400 mètres d’avancée par mois. Mais sept mois plus tard, fin mars 2017, « Federica » – nom donné au tunnelier en hommage à l’épouse décédée d’un ouvrier du chantier – ne se trouvait qu’à un peu plus de 300 mètres de son point de départ, selon les responsables du chantier. Un ralentissement qui confinerait presque à l’immobilisation, si l’on en croit les documents officiels publiés par le promoteur : « Le chiffre : 308. C’est le nombre de mètres creusés par le tunnelier “Federica” à la fin décembre 2016 », indiquait ainsi la Lettre d’information n° 5 du chantier de janvier 2017 (page 3). Entre décembre 2016 et avril 2017, le tunnelier n’aurait donc quasiment pas avancé.
Manuel Valls lors de l'inauguration du tunnelier du Lyon-Turin, le 22 juillet 2016 (DR) 
 
Pourtant, le promoteur refuse d’évoquer le moindre arrêt du chantier : « Il n’y a jamais eu de phénomène de blocage. On travaille 24/24 h et 7/7 j, sur ce chantier », assure Alain Chabert, directeur général adjoint de TELT (Tunnel Euralpin Lyon-Turin), le promoteur public. Une version largement infirmée par différents articles : dès janvier par Le Monde, qui évoquait un problème « depuis trois semaines », puis à nouveau par la presse locale, Le Dauphiné Libéré relatant que « le tunnelier “Federica” est à l’arrêt » dans un article du 16 mars. En février, TELT reconnaissait lui-même, dans une vidéo postée sur Twitter, que « le tunnelier est à l’arrêt parce qu’il a atteint un terrain géologique trop mou ».


Cette interruption du chantier est, en effet, justifiée par la rencontre d’une couche géologique délicate : « Il y a un front houiller, charbonneux et très humide. Cela fait un terrain pâteux, qui ne se tient pas bien », explique à Mediapart un géologue de TELT. Dans le jargon, on appelle cela un phénomène de convergence : les roches se déforment sous l’effet du creusement et peuvent ainsi rétrécir le diamètre du trou effectué. « Cela crée des poussées dissymétriques contre lesquelles il faut lutter. C’est comme la tomme de Savoie : si vous faites un trou dedans, la pâte se referme derrière », compare Alain Chabert.




Première conséquence, la roue de coupe en tête du tunnelier, censée broyer la roche par son mouvement circulaire, mouline dans le vent. Et malgré sa force de poussée – 8 888 kilonewtons – qui en ferait le tunnelier le plus puissant au monde, impossible de creuser : la machine, longue de plus de 130 mètres, qui charrie sur son train-suiveur une chambre de survie, la salle des commandes et un nombre impressionnant de conduits de ventilation, n’évacue plus de gravats sur son tapis roulant. Au-dehors, les habitants des villages alentour restent pour l’heure protégés du bal des camions prévus pour transporter les déblais de ce creusement : « On nous avait annoncé un camion toutes les deux minutes, mais on n’en voit aucun pour le moment », fait remarquer une riveraine.


Seconde conséquence, les voussoirs – ces morceaux de béton en forme d’arc assemblés par neuf pour faire un anneau qui constitue la voûte du tunnel – se trouvent directement fragilisés. Lors de notre visite sur place, le mardi 28 mars, plusieurs parmi les derniers posés laissaient entrevoir de grandes fissures, par lesquelles s’échappent des filets d’eau abondants. L’activité de la dizaine d’ouvriers alors présents sur le tunnelier consistait d’ailleurs à poser des cintres métalliques en soutien sur les voussoirs. Selon Bernard Sosnowski, directeur de l’usine à voussoirs, 210 anneaux avaient alors été posés, fin mars 2017, sur les 5 825 attendus. Soit seulement 10 par rapport à la dernière comptabilité dont faisait état la même lettre d’information, qui en annonçait 200 en décembre 2016.


La nouvelle ministre des transports familière du dossier

 




Joint à la fin du mois d’avril, le promoteur assurait s’être « totalement sorti des impacts géologiques qui ont gêné “Federica”, qui a repris une vitesse de percement normale », selon les termes employés par Lysiane Soubeyrand, directrice de la communication à TELT. Une information que pourrait confirmer l’accident survenu jeudi 6 avril, sur le chantier de Saint-Martin-la-Porte. « C’est un problème de manque de vigilance d’un conducteur d’engin qui, en manœuvrant, a écrasé l’un de ses collègues contre la paroi », rapporte l’entreprise, qui parle d’un « accident sans gravité ». Selon nos informations, cependant, une enquête serait en cours du côté de l’inspection du travail de Chambéry, tandis que le procureur a nommé un juge d’instruction pour accident grave du travail. Contacté, l’inspecteur du travail chargé de ce dossier, Hubert Guirimand, a répété qu’il n’était pas autorisé à s’exprimer : « Nous ne communiquons pas auprès de la presse sur les accidents du travail. » Il n’a toutefois démenti aucune de nos informations.


À ces incertitudes en matière de sécurité s’ajoute la question du coût que réveille inévitablement le blocage du chantier. Par la ratification parlementaire de l’accord franco-italien en janvier, le coût des travaux de cette section transfrontalière du tunnel est fixé à 8,3 milliards d’euros. Pour l’heure, car la facture pourrait s’élever jusqu’à 9,6 milliards, à terme. L’État français s’est engagé à prendre à sa charge près de 2,5 milliards d’euros de cette somme globale, mais d’autres sources de financement restent pour le moment incertaines, à l’image de la Métropole grenobloise, qui a décidé en février dernier de conditionner le financement des 227 millions d’euros prévus à la démonstration de « bénéfices indiscutables » pour l’agglomération. Au total, l’ensemble du projet pourrait coûter au minimum 26 milliards d’euros, selon la Cour des comptes.
Le retard pris par le chantier pourrait-il alourdir sensiblement le coût des travaux ? TELT a refusé de nous communiquer son évaluation financière du coût/jour d’un chantier qui mobilisait 411 emplois en février 2017. Les informations autour de ce chantier restent soigneusement filtrées. Lorsque Mediapart a cherché à interroger le constructeur du tunnelier, NFM Technologies, qui a vendu la machine pour près de 16 millions d’euros à TELT, un devoir de silence nous a été opposé : « Notre client ne nous donne pas contractuellement l’autorisation de nous exprimer sur ce sujet. Une clause demande de ne pas communiquer. La machine lui appartenant désormais, c’est TELT qui a aujourd’hui l’autorité de donner les informations sur le sujet », explique l’attachée de communication. À l’extérieur du chantier, dans la vallée de la Maurienne, c’est l’omerta la plus totale : « C’est une vallée qui vit très mal sa désindustrialisation massive. Le mythe de l’emploi y est très fort. Personne n’ose vraiment raconter ce qu’il s’y passe, de peur de perdre son travail », analyse Daniel Ibanez, principal opposant au projet.

C’est à faire toute la lumière sur ce dossier que la nouvelle ministre des transports, Élisabeth Borne, devra rapidement s’atteler. L’ancienne directrice de cabinet de Ségolène Royal au ministère de l’écologie ne débarque pas de nulle part : en 1996, elle avait été nommée membre titulaire de la commission intergouvernementale chargée de préparer la liaison ferroviaire, structure issue du premier accord passé entre la France et l’Italie au sujet du Lyon-Turin. L’année suivante, c’est comme conseillère technique chargée des transports qu’Élisabeth Borne avait rejoint le cabinet du premier ministre Lionel Jospin, premier chef de gouvernement à engager concrètement la France dans ce projet, avec la signature en janvier 2001 du deuxième accord transfrontalier, qui prévoyait la naissance du promoteur public, Lyon-Turin Ferroviaire, devenu TELT en 2015.


Avec la ministre rattachée à Nicolas Hulot, Emmanuel Macron a donc choisi une personnalité qui connaît parfaitement le dossier, depuis ses origines. Un signal fort envoyé aux promoteurs par celui qui a rappelé son soutien au projet pendant la campagne présidentielle. Car le temps joue désormais contre les défenseurs du Lyon-Turin : attendus pour la fin d’année 2018, ces 9 kilomètres ont déjà vu leur échéance repoussée à 2019. C’est à leur achèvement, seulement, que la suite des travaux pourra commencer : il en restera alors 46 autres à construire. Largement de quoi creuser, toujours un peu plus, l’incroyable facture de ce grand projet.

Barnabé Binctin - Médiapart

Vendredi 23 juin

En vidéo, un an d’occupation du bois Lejuc 

contre la poubelle nucléaire

À cheval sur la Meuse et la Haute-Marne, l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs entend construire un centre d’enfouissement des déchets radioactifs, dit Cigéo. Il y a un an, des militants antinucléaires investissaient un point stratégique de ce projet, le bois Lejuc. Reporterre raconte en video cette année d’occupation.
Bois Lejuc (Meuse), reportage

Le bois Lejuc, dans la commune meusienne de Mandre-en-Barrois, voisine de celle de Bure, est une zone stratégique du projet d’enfouissement des déchets de l’Andra. Au début de l’été 2016, des militants antinucléaires l’ont occupé, avant d’en être expulsés, puis d’y revenir au cours d’un été de grande mobilisation. Entre rebondissements juridiques et aléas policiers, les « hiboux de Bure » vivent toujours dans les arbres.

Dès le premier jour, les occupants ont construit des cabanes, des barricades et planté des potagers dans le but de s’installer durablement dans un lieu devenu depuis le point de ralliement du mouvement contre la « poubelle nucléaire ».

C’est une partie de cette année d’occupation que vous raconte Reporterre, alors que les « hiboux » du bois Lejuc célèbrent, jusqu’au 26 juin, leur premier anniversaire par un « goûter interminable » au cœur du bois (Infos ici).


Le parquet requiert un non-lieu : 

l’affaire Rémi Fraisse étouffée 

 


Le procureur de Toulouse requiert un non-lieu pour clore le dossier de la mort de Rémi Fraisse à Sivens, après que toutes les demandes de sa famille auprès de la justice ont été rejetées. S'il rend hommage au jeune homme, le magistrat estime qu'aucune faute pénale ne peut être retenue contre qui que ce soit. Les juges d'instruction doivent bientôt rendre leur ordonnance.





L’enterrement judiciaire de l’affaire Rémi Fraisse, ce jeune pacifiste tué à 21 ans par la grenade offensive d’un gendarme mobile, le 26 octobre 2014 à Sivens (Tarn), se précise. Selon des informations obtenues par Mediapart, le procureur de la République de Toulouse, Pierre-Yves Couilleau, a requis un non-lieu pour clore le dossier. Mediapart a pris connaissance de son réquisitoire, un document de 137 pages, signé le 20 juin. Après avoir repris l’ensemble des expertises, la chronologie des faits et les nombreux témoignages du dossier, le procureur a eu des mots apaisants pour la famille Fraisse, en mettant l’accent sur les qualités de Rémi, « un jeune homme totalement intégré, calme, pondéré et pacifique ».


Lire ci-dessous des extraits du réquisitoire :
Il s’agit d’une « affaire dramatique », d’un « enchaînement de faits », d’une « tragédie », écrit le magistrat. Mais malgré les nombreux dysfonctionnements apparus dans la chaîne administrative et militaire dans les heures qui ont précédé la mort de Rémi Fraisse – dont l’absence d’autorité civile la nuit des événements et le manque de clarté des consignes données –, le procureur conclut qu’aucune faute pénale ne peut être retenue contre qui que ce soit. Il n’y a, selon lui, ni « violation manifestement délibérée d’une obligation de prudence ou de sécurité », ni « faute caractérisée exposant autrui à un risque d’une particulière gravité ». Il se prononce donc pour un non-lieu en faveur du gendarme mobile qui avait lancé la grenade offensive mortelle, actuellement placé sous le statut de témoin assisté, et de tous les autres protagonistes du dossier.
Il reviendra maintenant aux juges d’instruction de Toulouse de se prononcer en rendant une ordonnance et de suivre ou non les réquisitions du parquet, mais l’issue du dossier ne fait guère de doute. Aucune mise en examen n’a été prononcée en près de trois ans d’instruction et la justice a mis un point d’honneur à ne pas pousser trop loin les investigations dans cette affaire. La clôture de l’affaire Rémi Fraisse par un non-lieu est plus que probable.


L’impartialité du tribunal de Toulouse mise en cause



L’ensemble de cette affaire a été maltraité par les services de l’État. Pendant 48 heures après la mort du jeune homme, les pouvoirs publics (préfecture du Tarn, parquet d’Albi, Direction générale de la gendarmerie nationale, ministère de l’intérieur) feignent d’abord d’ignorer les circonstances de la mort de Rémi Fraisse et multiplient des déclarations tendancieuses, alors que les premières constatations effectuées sur place ne laissent aucun doute sur le jet d’une grenade offensive vers le jeune manifestant et l’explosion mortelle de l’engin qui l’a tué à bout touchant.

Le 29 octobre 2014, soit trois jours après le décès de Rémi Fraisse, deux juges d’instruction toulousaines, Anissa Oumohand et Élodie Billot, sont chargées d’une information judiciaire contre X pour « violences par personne dépositaire de l’autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner ». Mais une fois saisi, le tribunal de grande instance de Toulouse (compétent pour les affaires militaires) s’illustre par sa volonté de ne pas se fâcher avec la gendarmerie, la préfectorale ou le gouvernement Valls. Pourtant, dès les premières heures de l’enquête, une possible direction est montrée par un lieutenant-colonel de gendarmerie, qui déclare sur procès-verbal : « Le préfet du Tarn nous avait demandé de faire preuve d’une extrême fermeté », comme le révèle Mediapart le 12 novembre 2014. Les deux juges d’instruction s’abstiendront de s’engouffrer dans cette voie et le ministère de l’intérieur se retranchera derrière des démentis répétés, Bernard Cazeneuve jurant avoir donné des consignes de prudence.

Pendant près de trois ans, les avocats de la famille Fraisse ont demandé aux deux juges d’instruction de remonter la chaîne de responsabilités. Mais les magistrates ont confié les investigations à des gendarmes, qui ne bousculent pas trop leurs collègues et officiers supérieurs (ce qui peut se comprendre), alors qu’ils se montrent parfois désagréables – voire menaçants – avec certains témoins. Sans surprise, l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN) dédouane ses hommes, qui n’auraient commis aucune faute pendant cette nuit de violences à Sivens, même si le tir en cloche d’une grenade offensive n’est pas réglementaire. L’usage de cette arme de guerre, qui a déjà tué Vital Michalon en 1977, est tout de même interdit par Bernard Cazeneuve. Un minimum.

Debout sur les freins, les juges toulousaines refusent d’organiser une reconstitution sur les lieux du drame, puis d’entendre le préfet du Tarn. La partie civile avait sollicité l’audition de Thierry Gentilhomme, alors préfet du Tarn, ainsi que la transmission de ses communications écrites avec les gendarmes et l’exécutif national la nuit du 25 au 26 octobre 2014, en ciblant Beauvau, Matignon et l’Élysée. Cela aurait permis de retracer heure par heure les ordres donnés cette nuit-là (dont les consignes de fermeté évoquées par un officier), ainsi que les informations dont disposaient les autorités avant et après la mort de Rémi Fraisse. Quant aux demandes d’actes sur la légalité de l’usage des grenades offensives, ou le caractère privé des terrains de Sivens où les forces de l’ordre ont été déployées en masse, elles sont également rejetées, comme toutes les questions qui fâchent.

En revanche, magistrats et gendarmes font preuve d’un zèle étonnant pour décortiquer le passé, la vie privée et les relations du jeune Rémi Fraisse, ce qui heurte profondément ses proches. On ne trouvera, dans ce volet de l’enquête, que des témoignages de ses engagements écologiques et citoyens, mais rien à reprocher à celui qui est – faut-il le rappeler ? – la victime. Quant aux alertes sur l’extrême tension qui régnait sur place, notamment les violences exercées par des agriculteurs et par des membres des forces de l’ordre sur des zadistes, elles figurent dans le dossier d’instruction, mais sans que les juges n’en tirent des conséquences particulières sur les responsabilités du préfet, des officiers de gendarmerie et du ministère de l’intérieur.

L’État s’est braqué sur un projet de barrage très controversé pour montrer sa puissance et il a fait usage d’une force redoutable, de violence froide, pour défendre un bout de terrain. Certes, cette nuit-là, à Sivens, des jeunes ont bombardé les forces de l’ordre avec divers projectiles, mais aucun gendarme mobile n’a été blessé. Et selon le décompte officiel, le nombre d’engins tirés par les militaires est impressionnant : plus de 700 grenades en tout genre. À savoir 312 grenades lacrymogènes MP7, 261 grenades lacrymogènes CM6, 78 grenades explosives assourdissantes F4, 10 grenades lacrymogènes instantanées GLI, 42 grenades offensives OF, ainsi que 74 balles en caoutchouc LBD 40 mm. Les grenades offensives OF, les plus dangereuses, sont lancées à la main, à 10 ou 15 mètres maximum (lire ici les récits des gendarmes présents sur place).

De nouveaux témoins se manifestent auprès des enquêteurs pour mettre en cause le rôle des gendarmes mobiles la nuit du drame, et l’un d’eux déclare sur procès-verbal que Rémi Fraisse s’avançait pacifiquement vers les gendarmes, les mains en l’air, quand il a été tué, comme le révèle Mediapart le 25 mars 2016.

Dans un rapport du 1er décembre 2016, le Défenseur des droits pointe la responsabilité du préfet du Tarn, dont les ordres n’étaient pas clairs. Il « constate le manque de clarté et les incompréhensions entourant les instructions données aux forces de l’ordre par l’autorité civile, préfet et commandant du groupement de gendarmerie départementale, ainsi que les incertitudes sur l’état d’esprit dans lequel elles devaient assurer leur mission : fermeté ou apaisement, entre défense de la zone ou riposte ou retrait des militaires ».

Le Défenseur des droits note également « qu’en l’absence de l’autorité civile, à partir de 21 h 30, le choix de l’adaptation des objectifs et du dispositif à mettre en œuvre, malgré ce flou, a été laissé à la seule appréciation de la hiérarchie opérationnelle sur le terrain ». En clair, les gendarmes ont été placés dans une situation où ils ont fait usage de la force pour défendre une « zone de vie » qui ne présentait pas grand intérêt, jusqu’au drame.

Les juges d’instruction n’en tiennent aucun compte : le préfet ne sera pas inquiété. Elles ne cherchent pas plus à savoir si le ministre de l’intérieur Bernard Cazeneuve ou le premier ministre Manuel Valls, dont plusieurs hommes de confiance sont restés en poste après son départ de la place Beauvau, ont pu jouer un rôle dans cette démonstration de force fatale. Il s’agit pourtant du premier manifestant tué sous un gouvernement socialiste depuis Guy Mollet. Aucune mise en examen n’a été prononcée et les juges s’acheminent tranquillement vers une ordonnance de non-lieu. Pour relancer l’enquête, les avocats de la famille Fraisse déposent une plainte pour faux témoignages contre les gendarmes et une autre pour subornation de témoins, le 18 janvier 2017. Quelques jours plus tôt, les juges avaient fait savoir qu’elles avaient achevé leurs investigations.

De guerre lasse, la partie civile finit par demander le dessaisissement de la juridiction toulousaine en mettant en cause son impartialité, dans une requête en suspicion légitime déposée le 27 mars à la Cour de cassation. Cette requête a été rejetée sèchement par la chambre criminelle le 16 mai.

Michel Deléan - Médiapart

Rémi Fraisse : le procureur veut le non lieu, 

mais oublie des éléments décisifs


Article déjà paru sur le blog ici :

 

http://lemurparle.blogspot.fr/2017/06/remi-fraisse-le-procureur-veut-le-non.html


Infos du 26 au 30 juin


Vendredi 30 juin

Le procureur du Tarn poursuivi 

pour avoir détruit la mémoire de Sivens

Fin mai 2015, un incendie abîmait la Métairie neuve, centre névralgique de la Zad de Sivens. Trois jours plus tard, elle était rasée sur l’ordre des autorités. Pour les membres du Comité Sivens, cette destruction était illégale à plus d’un chef. Ils ont porté plainte contre Claude Derens, le procureur d’Albi. Le jugement est attendu ce 30 juin.
 Albi (Tarn), correspondance

Si, parcourant la forêt de Sivens, vous débouchez sur la petite vallée du Tescou que longe la minuscule D132, vous n’y trouverez pas la moindre trace de la bataille tragique qui s’y est déroulée il y a plus de deux ans. Sous les chardons et les pousses de saules, seuls les familiers des lieux ou de la lutte retrouveraient la dalle d’argile réalisée en vue du barrage où est tombé Rémi Fraisse dans la nuit du 25 octobre 2014. Un an plus tard, pour commémorer la mort du jeune homme, un groupe d’artistes y avait érigé une belle sculpture en pierre et roues de charrette en bois cerclées d’acier de 1,8 tonne et plus de 2 mètres de haut. Mais, malgré ses dimensions imposantes, le monument a vite disparu — vraisemblablement évacué par des riverains « probarrage ».

Manœuvre décisive dans cette véritable guerre d’effacement livrée par ces « probarrages » et les pouvoirs locaux : la destruction de la Métairie neuve, centre névralgique de la Zad entre 2013 et 2015. Il y a encore deux ans, ce vaste corps de ferme du XVIIIe, propriété du conseil départemental, comportant maison, four à pain et dépendances, structurait toute la vallée. Il n’en reste pas une pierre. Fin mai 2015, quelques semaines après l’expulsion de la Zad, le bâtiment, dont le plan local d’urbanisme (PLU) de la commune de Lisle-sur-Tarn interdit formellement la destruction, a été victime d’un mystérieux incendie volontaire puis, immédiatement après, rasé sur ordre des autorités du Tarn.


« L’ex-préfet du Tarn Thierry Gentilhomme, le président du conseil départemental, Thierry Carcenac, aujourd’hui sénateur et la maire de Lisle-sur-Tarn, Marilyn Lherm, sont allés très loin dans l’illégalité pour détruire la Métairie neuve, résume Fabienne Egidio, membre du Comité Sivens, un groupe de Tarnais qui multiplie les actions en justice depuis la démolition du bâtiment. Cette ferme était le symbole de la lutte, à qui la justice a finalement donné raison en annulant la déclaration d’utilité publique du barrage. C’était aussi un rappel tangible d’un crime policier resté impuni, la mort de Rémi Fraisse. » Plus concrètement, les commanditaires de la destruction voulaient rendre toute réoccupation impossible, n’ayant pas — à ce jour — renoncé à faire construire un barrage.


    « On s’est aperçu que le procureur 

    était lui aussi directement mêlé 

     à la destruction de la Métairie neuve » 



Après avoir porté plainte de nombreuses fois sans succès contre Thierry Gentilhomme, Thierry Carcenac et Marilyn Lherm, Fabienne Egidio et Christiane Savary viennent de porter plainte contre le procureur d’Albi en personne, Claude Derens, pour « complicité de destruction de biens en réunion », « entrave à la justice », « abus d’autorité » et « complicité de violation d’un règlement d’urbanisme ». « Rien d’étonnant à ce qu’aucune de nos plaintes n’ait abouti en deux ans ! s’exclame Christiane. Petit à petit, en obtenant des dates et des pièces, à mesure de l’avancement des procédures, on s’est aperçu que le procureur était lui aussi directement mêlé à la destruction de la Métairie neuve. »

Petit retour en arrière. Le 6 mars 2015, les militants antibarrage sont expulsés manu militari de la Métairie neuve. Le 13 mars, Thierry Carcenac, président du conseil départemental, écrit à la maire de Lisle-sur-Tarn :


« Monsieur le préfet du Tarn m’a sollicité afin qu’il soit statué de manière urgente sur le sort à réserver aux bâtiments de la “Métairie neuve”, leur destruction apparaissant selon lui comme la seule solution permettant d’empêcher toute réinstallation de personnes sur le site de Sivens.
Je souscrits [sic], au regard de l’impérieuse nécessité de rétablir durablement l’ordre public sur la zone, à la mise en œuvre, dans les délais les plus brefs, de l’opération de démolition sollicitée par le représentant de l’État. »


Problème : le bâtiment est frappé d’une interdiction de démolir, ce que savent bien le préfet et Thierry Carcenac, qui ajoute dans la même lettre : « Il s’avère que cet immeuble a été inventorié comme bâtiment remarquable de la commune de Lisle-sur-Tarn, à conserver. Les prescriptions attenantes mentionnées au plan local d’urbanisme indiquent que la “démolition du bâtiment est interdite”. ».

    « Le lien entre l’incendie et 

    la démolition est évident » 


Heureusement, les miracles existent. Car c’est un véritable miracle pour les autorités du Tarn qui se produit, le 28 mai 2015, à Sivens : la Métairie neuve est incendiée en pleine nuit ! Les pompiers retrouvent sur place des bidons d’essence d’origine agricole. Le matin même, alors que les bâtiments sont encore fumants, un agent de Thierry Carcenac contacte la maire de Lisle-sur-Tarn pour l’informer qu’il souhaite « procéder rapidement à la destruction de ce bâtiment suite à l’incendie ». Le 29 mai, l’avocat du département du Tarn envoie un fax et un courriel au procureur pour s’assurer qu’il donne son aval à cette destruction. Le 30 mai, la maire de Lisle-sur-Tarn adresse au préfet et au procureur un « arrêté de péril imminent » ordonnant, pour raisons de sécurité, la destruction des bâtiments aux frais du propriétaire. L’arrêté comporte trois blancs.


« Cet arrêté est grossièrement illégal, analyse maître Bernard Viguié, conseiller juridique des plaignantes. Premièrement, un arrêté de péril ne vaut jamais permis de démolir pour un bâtiment protégé par un PLU, encore moins sans expertise. Deuxio, un procureur ne peut pas raisonnablement avaliser la destruction d’un bâtiment dans les heures qui suivent un incendie volontaire. Ensuite, il est impossible à un maire d’ordonner une destruction aux frais du propriétaire. Quatrièmement, il n’y avait aucun problème de sécurité : seule la toiture avait été endommagée par l’incendie, les murs étaient parfaitement d’aplomb, comme le montrent les photos ; le bâtiment était en rase campagne dans une zone inhabitée et pour couronner le tout, la départementale qui y accédait était interdite à la circulation et surveillée par la police ! En fait, conclut-il, ils se sont entendus pour habiller une action illégale d’un arrêté de péril complètement bidon. »

Le lundi 1er juin 2015, à la première heure, une grande entreprise albigeoise de travaux publics vient démolir le bâtiment. « Encore plus illégal ! s’insurge Bernard Viguié. Il y a un délai règlementaire de deux mois, pour permettre des recours au tribunal. D’autre part, l’assemblée du conseil départemental, propriétaire du bâtiment, est la seule à pouvoir décider du sort de ses immeubles. Or, elle ne s’est jamais réunie pour en décider. » Ce que confirme Philippe Folliot, conseiller départemental qui vient d’être élu député de la 1re circonscription du Tarn : « J’ai appris la destruction de ce bâtiment par la presse. Elle n’a pas été discutée par le conseil départemental. On nous a dit après coup que c’était un immeuble menaçant ruine et que le président avait le pouvoir règlementaire de le faire détruire. » Une explication qui s’avère totalement fantaisiste.


« Le lien entre l’incendie et la démolition est évident, commente Christiane Savary. Contactée soi-disant le vendredi 29 mai, sans avoir pu voir le moindre document exécutoire en règle, cette grande entreprise de travaux publics se présente avec ses pelles mécaniques et tout le matériel dès le lundi matin aux aurores. Quelle disponibilité ! »

    « On a là quatre délits caractérisés, 

    dont un est passible 

    de dix ans d’emprisonnement » 


Autre élément troublant, la destruction des scellés de l’incendie volontaire — bidons d’essence — ordonnée par le procureur le 1er février 2016, avant même que la plainte visant l’incendie volontaire n’ait été classée, et trois jours après le dépôt d’une plainte avec constitution de partie civile pour la destruction de la Métairie neuve contre le préfet du Tarn, Thierry Carcenac, et la maire de Lisle-sur-Tarn. « Un tel comportement ne semble pouvoir se justifier que par le fait que les incendiaires sont connus par certaines personnes mises en cause pour la destruction totale des bâtiments », soulignent les plaignantes. « S’il y avait eu le moindre soupçon pesant sur des militants antibarrage, on aurait au contraire multiplié les prélèvements, les auditions et les perquisitions… »

« Comment un procureur peut-il donner son feu vert à la destruction de bâtiments protégés par la loi 24 h après un incendie criminel ? demande maître Bernard Viguié. Comment justifier la destruction de scellés avant le classement d’une affaire ? Le fait pour un magistrat d’utiliser son pouvoir pour empêcher l’application des lois et commettre des délits est particulièrement grave. On a là quatre délits caractérisés, dont un est passible de dix ans d’emprisonnement. Claude Derens devrait d’ores et déjà faire l’objet d’une mesure suspensive et ne plus être autorisé à siéger au tribunal. »


Contactée par Reporterre, Monique Ollivier, procureure générale de Toulouse, préfère ne pas commenter la plainte contre le procureur Derens. Quant à l’arrêté de péril justifiant la destruction de la Métairie neuve, il a été attaqué par des membres du Comité Sivens au tribunal administratif, qui rendra son jugement le 30 juin. Y aura-t-il un juge suffisamment courageux pour transformer un sénateur, un ancien préfet et un procureur en délinquants ?

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