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jeudi 20 juillet 2017

Arrêtez l’acharnement contre Jean-Marc Rouillan

L'article d'hier faisait part d'un financement participatif pour Jann-Marc Rouillan.

"Dans le cadre du pourvoi en cassation de Jean-Marc Rouillan nous lançons un pot commun afin de participer aux frais d'avocats qui s'élèvent à plus de 3000 euros.
Nous vous remercions donc de bien vouloir diffuser et partager ce mail avec vos réseaux afin que la solidarité se concrétise.

Solidairement c'est ici :



 
Pour les personnes qui se posent des questions voici quelques réponses

Arrêtez l’acharnement contre Jean-Marc Rouillan

10 juil. 2017 Par Théo ROUMIER

Blog : à celles et ceux qui luttent et qui résistent

Jean-Marc Rouillan – qui prépare son recours en cassation – est aujourd’hui menacé de retourner en prison. Pourquoi ? Parce que durant quelques brèves secondes il a dit n’importe quoi en février 2016 sur une radio à l’audience confidentielle. Cette affaire est en réalité un symptôme de plus de la dérive liberticide dans laquelle nous a engagé le régime d’état d’urgence.

Jean-Marc Rouillan, comme tout le monde, dit parfois n’importe quoi. On peut penser qu’il l’a fait en parlant du « courage » de ceux qui ont tué des centaines de personnes à Paris le 13 novembre 2015. Le courage est une notion bien subjective et ce n’est pas une notion qui nous vient à l’esprit pour parler de ceux ou celles qui massacrent des êtres humains ; que ces actes soient le fait de personnes agissant « à leur compte » ou au nom d’États (on appelle alors cela une « armée »).

Jean-Marc Rouillan a pu dire ça, n’importe quoi donc, pendant quelques brèves secondes. Mais il faut préciser que c’est dans une interview, en direct, de 58 minutes. Il est fort compréhensible, et même bien légitime, que ces propos aient choqué des victimes et des proches de victimes du 13 novembre. Mais il est scandaleux que des ministres et nombre de politiciens et politiciennes s’en soient saisis pour dénoncer là une « apologie du terrorisme », alors même que l’interview est sans équivoque sur ce qu’il pense et dit de ces groupes qu’il dénonce.

La France en danger : c’est la faute à Radio Grenouille !

Jean-Marc Rouillan a été condamné à retourner en prison, à la demande de celles et ceux qui prétendent nous représenter, parce qu’il parait que ses propos mettent en danger la sécurité publique. Mais alors, sommes-nous si mal protégés ? La curie médiatique a débuté le 7 mars 2016 alors que son interview avait été diffusée le 23 février.

Pendant 14 jours (deux semaines entières !), nous aurions été sous cette menace et personne n’aurait rien fait ? Si on reprend l’argumentation de celles et ceux qui parlent d’apologie du terrorisme, finalement, qui y aura le plus contribué ? Jean-Marc Rouillan via la puissance médiatique, bien relative il faut le dire, de Radio Grenouille (le média qui a diffusé son interview) ou bien les habituels plumitifs des médias dominants qui ont monté en épingle toute cette affaire à travers des chaînes de télévision, des radios et des journaux, en reprenant ces extraits 15 jours plus tard ?

Tout ceci est ridicule. Mais pas seulement ; c’est aussi un signe supplémentaire que le fond de l’air est bien malsain, que l’ultra-répressif se porte bien. Qui croira qu’on peut mériter la prison pour quelques mots sur Radio Grenouille ? La dérive liberticide a pris un cours nouveau avec l’état d’urgence voté par l’Assemblée nationale et le Sénat les 19/20 novembre 20151. C’est un exemple parmi bien d’autres2.

Imposer le silence et la prison ne fait rien avancer

Outre ce nouvel acharnement, nous voulons aussi dire notre désaccord avec ce qui frappe déjà Jean-Marc Rouillan depuis sa libération dite conditionnelle, puisqu’il n’a pas le droit de s’exprimer sur les faits pour lesquels il avait été condamné. Cela a des conséquences, pour lui, bien sûr. Mais aussi collectivement : comment faire le bilan, comment solder historiquement une période de l’histoire quand on interdit d’en parler à certains des acteurs !

En l’occurrence, en ce qui nous concerne, nous ne sommes pas partisans de l’action armée minoritaire alors pratiquée, loin de là. Bien au contraire, nous avons fait le choix du syndicalisme pour construire les conditions d’une profonde transformation sociale, d’une rupture avec le capitalisme s’appuyant sur des mobilisations larges et collectives. Ce choix n’a pas été celui de Jean-Marc Rouillan, tout le monde le sait.

Syndicalistes, que faisons-nous dans cette affaire ?

On peut se demander ce que des syndicalistes ont à dire sur tout ça. Il nous semble que les questions soulevées par cette « ténébreuse affaire » intéressent toutes celles et tous ceux épris de libertés publiques et de débat démocratique. Il n’est ici question que de dénoncer un acharnement institutionnel envers une personne, un exemple de dérive répressive où des mots vaudraient emprisonnement. Notre propos ne porte pas sur les faits d’il y a plus de 35 ans pour lesquels Jean-Marc Rouillan a déjà « payé » comme on dit (et comme d’ailleurs la justice l’avait reconnu en le libérant une première fois). Par ailleurs, sa propre vie ne se limite pas à ces actions.. Pour nous, rien ne justifie aujourd’hui l’acharnement dont il est l’objet : c’est tout ce que nous disons…

La prison pour des mots ? Et quoi pour la mort d’Adama Traoré et les mensonges officiels répétés depuis des mois ? Et quoi pour ceux qui tirent profit d’un système économique qui broie des vies, qui tue les travailleurs et les travailleuses, à coup d’intoxication, de travail dangereux, de normes de sécurité non respectées, de cadences infernales, etc. ? Et quoi pour les crimes coloniaux d’hier et d’aujourd’hui ? Et quoi pour les politiciens et politiciennes qui bloquent le processus de paix au Pays basque et défendent l’apartheid d’État contre le peuple palestinien ?

La prison pour avoir dit n’importe quoi ? Ce n’est pas possible ni sérieux : la surpopulation carcérale est déjà un problème, n’y ajoutons pas toutes et tous ces professionnel-les de la politique, ou toutes et tous ces spécialistes, ces « experts », de tout et de rien qui vont de plateau-télé en plateau-télé… qui encourraient alors des peines très longues pour récidives aggravées !

Christian Mahieux et Théo Roumier, syndicalistes Solidaires dans le Val-de-Marne et le Loiret

Jean-Marc Rouillan prépare aujourd’hui son recours en Cassation. Un soutien financier est organisé ; les chèques, à l’ordre du Secours rouge, sont à adresser à : Ibanez - Boîte Postale 110 - 75921 Paris Cedex 19.

Il y a bien sûr d’autres témoignages de solidarité de militant.e.s du mouvement social et syndical. Ici, en vidéo, les soutiens d’Annick Coupé, Driss El Kherchi, Gaël Quirante : 



 Pour la relaxe de Jean-Marc Rouillan © Jean Asselmeyer


1 : Seulement 6 parlementaires sur 925 avaient voté contre : 3 PS et 3 EELV !
2 : Plusieurs articles du récent numéro 5 des Cahiers Les Utopiques, la revue de l’Union syndicale Solidaires, reviennent sur ce contexte : les résistances, la seconde nature de l’État, la vraie nature de l’antiterrorisme, et aussi les désobéissances au fil de l’histoire…


 Source : https://blogs.mediapart.fr/theo-roumier/blog/100717/arretez-l-acharnement-contre-jean-marc-rouillan

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