Sans les travailleurs migrants,
la France serait incapable
de produire des fruits et légumes
Les
travailleurs migrants sont cruciaux dans le secteur agricole en France
pour pallier le manque de main d’œuvre. Ils sont pourtant
quotidiennement maltraités, aussi bien dans des exploitations que par
les politiques publiques mises en œuvre.

Chervotez des lois ou publiez des circulaires racistes : qui récolte vos fruits et légumes ? En France – premier producteur agricole européen – les bras manquent pour cueillir et ramasser les fraises, melons, tomates, haricots et autres courgettes que nous mettons, jour après jour, dans nos assiettes. Et sans les saisonnières et saisonniers étrangers, il serait impossible de fournir les stocks dont nous avons besoin pour nous nourrir. es parlementaires et politiques qui
Combien sont-iels ? Difficile à dire, tant les irrégularités et cachotteries caractérisent le secteur. En mars 2020, alors que les frontières étaient fermées à cause du confinement, la FNSEA évoquait 200 000 travailleurs manquants. Seule certitude : la proportion de ces saisonniers, dont les contrats durent entre trois et six mois maximum, ne cesse d’augmenter. La plupart d’entre eux sont marocains, tunisiens et polonais, mais aussi roumains ou latino-américains. Ils sont devenus incontournables dans le Sud-est mais aussi dans le Lot-et-Garonne et en Bretagne.
Partout, leurs conditions de travail sont intolérables. Parlons par exemple de Java,
qui s’épuise plus de dix heures par jour, six jours par semaine, pour
un salaire incertain, qui n’égale parfois que cinq euros de l’heure
après 20 ans d’ancienneté. Ou de Yasmina, qui a enchaîné les contrats
dans l’emballage de fruits et légumes, puis dans les serres de fraises
avec des journées de 15 heures sans pause et sans toilettes. Regardons
du côté de Driss, Boojma, Khalid et leurs collègues, sommés de trimer aux champs sans être payés après avoir acheté leur « droit » de travailler pour 12 000 euros !
Ils et elles évoquent aussi les conditions de vie insalubres, la promiscuité, les douches qui ne fonctionnent pas, la faim, la soif, et les violences sexistes et sexuelles. Le tout dans une insultante impunité, puisque moins de 10 % des exploitations agricoles sont inspectées, et encore moins condamnées.
Depuis quelques années, sous l’impulsion notamment du Codetras, Collectif de défense des travailleuses et travailleurs étrangers dans l’agriculture, certains de ces scandales sont arrivés dans les tribunaux. Avec quelques résultats : depuis 2021, plusieurs sociétés de travail temporaire et leurs dirigeants ont été condamnées pour violation des règles européennes du travail détaché mais aussi pour travail dissimulé, marchandage et conditions d’hébergement indignes.
Des affaires sont encore en cours, dont celle de Yasmina, que basta! avait racontée en 2020, et qui repassera au tribunal le 22 mai prochain.
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