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mercredi 22 novembre 2023

Réautorisation du glyphosate : Bruxelles critiqué

 Le Monde Planète du samedi 18 novembre 2023

 

Réautorisation du glyphosate : 
Bruxelles critiqué


La Commission a tranché en faveur du pesticide, renvoyant la responsabilité des restrictions d’usage aux États

 

Le« Chempark », l’usine principale et le siège social du fabricant pharmaceutique et chimique allemand Bayer AG, à Leverkusen (Allemagne), le 14 mai 2019.

 

Bruxelles - bureau européen

 
La Commission européenne a décidé, jeudi 16 novembre, de prolonger pour dix ans, jusqu’au 15 décembre 2033, l’utilisation du glyphosate, la substance
active et controversée du désherbant Roundup de Bayer (Monsanto), alors qu’en 2017, les Européens n’avaient octroyé que cinq ans supplémentaires à l’herbicide. Cette mesure n’est pas le fruit d’un compromis entre les Vingt-Sept, mais le résultat d’une procédure tout à fait légale qui a donné le dernier mot à l’exécutif communautaire.


Le 20 septembre, la Commission avait mis sur la table sa proposition, que les États membres n’avaient ni adoptée ni rejetée lors d’une première réunion le 13 octobre. Aucun des deux camps n’avait rassemblé la majorité nécessaire de 15 pays représentant au moins 65 % de la population.


Jeudi, Bruxelles a, comme le prévoit la procédure, représenté le même texte aux Vingt-Sept. Avec un résultat identique, même si l’Italie, qui avait soutenu en octobre la proposition de la Commission, s’est, cette fois, abstenue. In fine, aucune majorité ne s’est dessinée pour ou contre le texte.


Conséquence, la Commission a tranché, comme l’y autorise la procédure, et annoncé, dans la foulée de ce deuxième vote, qu’elle actait le renouvellement du glyphosate pour dix ans. Alors que l’autorisation actuelle de la molécule court jusqu’au 15 décembre, «
elle aurait pu revenir avec une autre proposition », affirme Pascal Canfin, le président de la commission environnement du Parlement européen.

« Sans aucune majorité »


Au lieu de quoi, poursuit l’eurodéputé macroniste, sa présidente, « Ursula von der Leyen, a choisi de passer en force en réautorisant le glyphosate pendant dix ans sans aucune majorité et alors que les trois plus grandes puissances agricoles du continent, la France, l’Allemagne et l’Italie, n’ont pas soutenu cette proposition ». « Les délais ne permettaient pas de présenter une nouvelle proposition », assure pour sa part un porte-parole de la Commission.


La France, qui plaidait pour une durée plus courte de sept ans et militait pour que le glyphosate soit «
remplacé par d’autres solutions chaque fois que c’est possible », comme l’a rappelé le ministère de l’agriculture, s’est de nouveau abstenue jeudi, suscitant les critiques de plusieurs ONG.


Ainsi, Foodwatch et Générations futures dénoncent «une trahison, sans surprise, de la promesse faite par le président de la République en 2017 », quand Emmanuel Macron avait promis d’interdire le glyphosate dans les trois ans. «
L’abstention de la France à ce vote et son manque de courage ne sont pas acceptables », estime également Greenpeace, en affirmant que la Commission « préfère se ranger du côté des lobbys de l’agrochimie plutôt que de suivre les avis scientifiques ».


L’eurodéputé socialiste Christophe Clergeau regrette, pour sa part, sur le réseau social X
« la lâcheté et l’hypocrisie de la France » qui, « en s’abstenant (...), laisse la Commission décider seule de condamner l’UE à dix ans de glyphosate ». Sur la même tonalité, son ancien collègue écologiste Yannick Jadot, désormais sénateur, juge que l’UE a réautorisé le glyphosate « avec le soutien implicite de la France ».


« C’est faux », leur répond Pascal Canfin sur X. Avant d’ajouter : « Le pays qui aurait pu faire pencher la balance, c’est l’Espagne, dirigée par un gouvernement socialiste et qui a voté pour ! » « Le gouvernement a tardé à se mobiliser pour trouver une majorité au sein des États membres », ajoute, pour sa part, l’eurodéputée Anne Sander (Les Républicains), pour qui, « en attendant de trouver des alternatives, le glyphosate est nécessaire ».


L’Allemagne s’est également abstenue, même si le contrat de coalition, signé en novembre 2021 par les sociaux-démocrates (SPD), les Verts et les libéraux du FDP, annonce le retrait du glyphosate « d’ici à la fin 2023 ». Compte tenu des divisions entre les écologistes, opposés à l’herbicide, et les libéraux, favorables à son utilisation, le chancelier, Olaf Scholz (SPD), a choisi de ne pas choisir.

Selon Greenpeace, la Commission a préféré « se ranger du côté des lobbys de l’agrochimie

L’Italie, les Pays-Bas, la Bulgarie, la Belgique et Malte se sont également abstenus. Trois pays ont voté contre le renouvellement de l’autorisation du glyphosate : le Luxembourg, l’Autriche et la Hongrie. Les dix-sept autres États membres, Pologne et Espagne en tête, ont soutenu la proposition de la Commission.


Jeudi, la Commission a renvoyé la balle aux États membres, en rappelant qu’ils «
restent responsables des autorisations nationales des produits phytopharmaceutiques contenant du glyphosate et continuent de pouvoir restreindre leur utilisation au niveau national et régional s’ils le jugent nécessaire sur la base des résultats des évaluations des risques ». 

Certes, mais à Paris comme à Berlin on pointe du doigt le risque de « distorsion de concurrence ».


L’exécutif communautaire martèle que sa décision s’appuie sur des données scientifiques et renvoie aux conclusions publiées en juillet par l’Autorité européenne de sécurité des aliments
(EFSA). Celle-ci assure ne pas avoir identifié de « domaine de préoccupation critique» pour la santé humaine, c’est-à-dire des profils de toxicité (cancérogène, mutagène, reprotoxique ou perturbateur endocrinien) susceptibles d’empêcher une nouvelle autorisation de l’herbicide le plus utilisé au monde. A l’inverse, le Centre international de recherche sur le cancer considère, depuis 2015, le glyphosate comme « cancérogène probable ».


Dans son rapport, l’EFSA juge néanmoins
qu’à long terme le risque de toxicité est « élevé » pour les mammifères. Elle reconnaît également ne pas disposer de suffisamment d’éléments pour comprendre l’impact de cet herbicide sur la biodiversité, le microbiote ou encore sur les plantes aquatiques. Dans ce contexte, la Commission a prévu quelques garde-fous – par exemple des « bandes tampons » de 5 à 10 mètres aux alentours des zones pulvérisées ou l’interdiction de la dessiccation, c’est-à-dire l’épandage pratiqué sur les cultures avant récolte, pour accélérer le mûrissement des plants – que nombre d’ONG jugent insuffisants.

Jeudi, le groupe allemand Bayer s’est réjoui de l’annonce de la Commission. « Cette nouvelle autorisation nous permet de continuer à fournir aux agriculteurs de toute l’Union européenne une technologie importante pour la lutte intégrée contre les mauvaises herbes », a déclaré à l’Agence France-Presse un porte-parole.

Virginie Malingre

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