Ce blog rassemble, à la manière d'un journal participatif, les messages postés à l'adresse lemurparle@gmail.com par les personnes qui fréquentent, de près ou de loin, les cafés repaires de Villefranche de Conflent et de Perpignan.
Mais pas que.
Et oui, vous aussi vous pouvez y participer, nous faire partager vos infos, vos réactions, vos coups de coeur et vos coups de gueule, tout ce qui nous aidera à nous serrer les coudes, ensemble, face à tout ce que l'on nous sert de pré-mâché, de préconisé, de prêt-à-penser. Vous avez l'adresse mail, @ bientôt de vous lire...

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...MERCI DE VOTRE COMPREHENSION...

lundi 5 mars 2018

Chronique des ZAD du mois de février 2018



Des infos, des liens, des photos pour tout savoir (ou presque) sur ce qu'il s'est passé dans/autour des ZAD (Zones A Défendre) pendant ce mois de février 2018 ; on y parle de Notre Dame Des Landes, de Bure, de l'anti CGO de Strasbourg, et de plein d'autres sujets.

Merci à l'auteur, membre du Collectif de Soutien NDDL66, pour cette compilation mensuelle précieuse.  

NOTRE DAME DES LANDES (44) : Enraciner l’avenir
Source : ZAD.nadir.org et médias
Février 2018
Et ailleurs : Rapport sur les infrastructures - Hambach (Allemagne) – Amassada (12) – Roybon (38) - GCO (67) – Europacity (95) – ligne Lyon-Turin (73) et Val Susa (Italie) – Bure (55) – manif à Paris pro-kurde de Syrie – abandon du projet minier Sudmine au Pays basque (64) - Non à la Montagne-pellets (19) – Landivisiau (29) -  

ZAD de NDDL - 44


Infos du 1er au 11 février

Jeudi 1er février

DERNIERES INFOS :

 Les besoins de coups de main se précisent doucement pour le rassemblement du 10 février https://zad.nadir.org/ecrire/?exec=article&id_article=5101
 
 Appel à arbres et plantations pour le 10 fev - Enracinons l’avenir de la zad ! https://zad.nadir.org/spip.php?article5100

 Hébergement / camping : A peu près, la plupart des lieux d’accueils de la zad semblent d’ores et déjà surchargés de demande d’hébergement à ce moment là, donc à moins que vous ayez déjà réservé une place, ne comptez pas là-dessus. Il y aura des possibilités de camping sur prairie le soir même sur des parcelles dédiées à ça. Prévoyez des changes et de quoi avoir chaud. Il est aussi possible et recommandé de chercher des hébergements chez des particuliers par le biais de ce site : www.annonces-ndl.org

Pourquoi converger massivement sur la zad le 10 février ?  

MISE A JOUR : Le projet d’aéroport a donc été, enfin, abandonné, nous vous invitons à fêter la victoire avec nous sur ce territoire que notre lutte a protégé des appétits carnassiers des bétonneurs. La lutte continue, car il faudra défendre l’avenir de la zad contre celles et ceux qui voudront en faire un territoire normalisé.

Depuis des décennies, les 1.650 ha de la zad étaient menacés par un projet d’aéroport climaticide, destructeur de terres nourricières, de zones humides et de liens sociaux. En lieu et place de ce projet, des paysan.ne.s résistant.e.s ont continué de vivre sur leurs terres et de nouveaux.elles habitant.e.s sont arrivé.e.s dans les 10 dernières années. Il s’invente sur la zad des formes de vie, d’habitats et d’agriculture fondées sur le partage, la rencontre, le soin du vivant et des biens communs.

En ce 17 janvier 2018, le gouvernement a enfin décidé de renoncer à ce projet mortifère. Le 9 février, la Déclaration d’Utilité Publique du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes sera caduque. Nous serons alors heureux de célébrer dès le lendemain la préservation de ce bocage, avec toutes celles et ceux qui ont accompagné cette longue histoire de lutte victorieuse au cours des dernières décennies ainsi que celles et ceux qui ont envie de le découvrir.

Alors que le gouvernement a annoncé sa volonté de mener à bien des expulsions au printemps, nous poserons ensemble le 10 février les prochains jalons de l’avenir de la zad de Notre-Dame-des-Landes. Nous y affirmerons :

■ La nécessité pour les paysan-ne-s et habitant-e-s exproprié.e.s de pouvoir recouvrer pleinement leurs droits au plus vite.

■ Le refus de toute expulsion de celles et ceux qui sont venu.e.s habiter ces dernières années dans le bocage pour le défendre et qui souhaitent continuer à y vivre ainsi qu’à en prendre soin.

■ Une volonté de prise en charge à long terme des terres de la zad par le mouvement dans toute sa diversité - paysans, naturalistes, riverains, associations, anciens et nouveaux habitants.

■ Le besoin, pour le mettre en œuvre, d’une période de gel de la redistribution institutionnelle des terres.

■ Le désir partagé que ce territoire reste un espace d’expérimentation sociale, environnementale et agricole.

Cette journée sera aussi l’occasion de montrer notre solidarité vis-à-vis de diverses résistances contre des projets destructeurs et autres luttes sœurs.


Si le gouvernement décidait envers et contre tout de mener à bien des expulsions sur la zad, il nous faudrait alors être aussi fort nombreux.ses à réaffirmer notre volonté de l’empêcher.

Nous vous appelons donc à vous organiser dès aujourd’hui pour se retrouver nombreux.ses sur la zad le 10 février et enraciner son avenir.

Chacun.e est invité.e le 10 février à apporter pousses, arbustes ou arbrisseaux pour enrichir les haies du bocage et marquer l’enracinement de chaque lieu défendu.

Nous rappelons ci-dessous les bases communes que s’est donné le mouvement dans la perspective d’un avenir sans aéroport au-delà de l’abandon du projet.

Parce qu’il n’y aura pas d’aéroport, ce texte en 6 points a pour but de poser les bases communes nécessaires pour se projeter sur la ZAD une fois le projet d’aéroport définitivement enterré.

Il a été réfléchi au sein d’une assemblée régulière regroupant les différentes composantes du mouvement de lutte dont l’objectif est de penser l’avenir des terres une fois le projet abandonné et longuement débattu à plusieurs reprises, dans de multiples composantes et espaces d’organisation du mouvement.

Nous défendons ce territoire et y vivons ensemble de diverses manières dans un riche brassage. Nous comptons y vivre encore longtemps et il nous importe de prendre soin de ce bocage, de ses habitant-e-s, de sa diversité, de sa flore, de sa faune et de tout ce qui s’y partage. Une fois le projet d’aéroport abandonné, nous voulons :

1 - Que les habitant-e-s, propriétaires ou locataires faisant l’objet d’une procédure d’expropriation ou d’expulsion puissent rester sur la zone et retrouver leurs droits.

2 - Que les agriculteurs-ices impacté-e-s, en lutte, ayant refusé de plier face à AGO-VINCI, puissent continuer de cultiver librement les terres dont il-elles ont l’usage, recouvrer leurs droits et poursuivre leurs activités dans de bonnes conditions. 
 
3 - Que les nouveaux habitant-e-s venu-e-s occuper la ZAD pour prendre part à la lutte puissent rester sur la zone. Que ce qui s’est construit depuis 2007 dans le mouvement d’occupation en terme d’expérimentations agricoles hors cadres, d’habitat auto-construit ou d’habitat léger (cabanes, caravanes, yourtes, etc), de formes de vies et de luttes, puisse se maintenir et se poursuivre.

4 - Que les terres redistribuées chaque année par la chambre d’agriculture pour le compte d’AGO-VINCI sous la forme de baux précaires soient prises en charge par une entité issue du mouvement de lutte qui rassemblera toutes ses composantes. Que ce soit donc le mouvement anti-aéroport et non les institutions habituelles qui détermine l’usage de ces terres.

5 - Que ces terres aillent à de nouvelles installations agricoles et non agricoles, officielles ou hors cadre, et non à l’agrandissement.

6 - Que ces bases deviennent une réalité par notre détermination collective. Et nous porterons ensemble une attention à résoudre les éventuels conflits liés à leurs mises en œuvre.

Nous semons et construisons déjà un avenir sans aéroport dans la diversité et la cohésion.

C’est à nous tout-e-s, dès aujourd’hui, de le faire fleurir et de le défendre.

DÉROULÉ de la journée et soirée :

10h30 Accueil des bus à Notre-Dame-des-Landes, café, tartines, chants, plantations d’arbres, balades.
12h00 Arrivées sur la zad, pique-nique dans le sac (stationnements fléchés à partir des bourgs environnants) et ralliement d’un des deux points de départ des déambulations. (1. Gourbi - 2. Saint-Jean-du-Tertre)
13h00 Déambulations en musique vers Bellevue
15h00 Grand moment de convergence au niveau du hangar de l’avenir et du champ des bâtons
17h00 Fête - Fest-Noz / Concerts / Rave / Spectacles / Cantines Populaires (programme détaillé du fest-noz plus bas dans cet article, les autres à venir sur les sites)

INFOS PRATIQUES

PLANTER SUR LA ZAD

À chaque point d’arrivée sur zone, les apports de végétaux seront collectés pour être protégés, mis en nourrice et-ou directement plantés selon les conditions météo. Pensez aux bottes 😄

ACCÉDER EN VOITURE Le bocage est fragile notamment en cette saison : merci de respecter les zones qui seront proposées et ne pas se garer dans les champs ni sur les chemins.

Le stationnement des véhicules sera fléché à partir des bourgs environnants : il sera linéaire le long des voies qui seront mises en sens unique. Pour limiter le nombre de voitures, penser au covoiturage et à la fin de parcours en vélo 😄 Repérage conseillé de la localisation précise de votre véhicule pour le retour du soir 😄 parking pour les personnes à mobilité réduite à proximité de Bellevue ( si tout se passe comme prévu : parking au Limimbout avec possibilité de navette jusqu’à Bellevue, lieu d’arrivée des déambulations et lieu de l’après-midi et des concerts).

Le plan de circulation sur la Zad pour le 10 février :
 
ACCEDER EN CAR
Les cars sont attendus au bourg de Notre-Dame-des- Landes. Accueil des participants et animations sont prévus en matinée.
Déplacement en BUS. voir ICI

COVOITURER / ACCUEILLIR ou SE LOGER
Un site permet de répertorier annonces de demandes et propositions d’hébergement, de covoiturage : www.annonces-ndl.org
Un camping (hivernal ...) sera également prévu sur place.
Pour toute question complémentaire concernant l’hébergement : hebergementnddlzad@riseup.net


PARTICIPER
Des bénévoles sont bienvenus, nombreux s’inscrire sur / 10fev18ndlzad@riseup.net

GRANDES DEAMBULATIONS CARNAVALESQUES
Cette célébration se déroulera trois jours avant le mardi gras, en pleine période de carnaval. S’il est une fête qui permet de narrer la geste des humbles chahutant les puissants, c’est bien celle-ci. Nous souhaitons donc qu’elle vienne inspirer le ton, le rythme et l’esthétique de la journée. [...] Lire la suite ici

PROGRAMME DU FEST-NOZ (sur le Champ des bâtons)

 
POUR PLUS D’INFOS

www.acipa-ndl.fr - zad.nadir.org Pour tous renseignements sur le 10 février : 10fev18ndlzad@riseup.net

Le rassemblement du 10 février est initié par le mouvement contre l’aéroport et pour l’avenir de la zad (Naturalistes en lutte, Copain, habitant.e.s de la zad, Acipa, Coordination des opposants)

En Bonus, une petite vidéo à diffuser et relayer qui appelle au rassemblement du 10 février

Appel à arbres et plantations pour le 10 fev - 

Enracinons l’avenir de la zad !


"Le 8 octobre 2016, vous aviez pu vous initier au « planter de bâton », le 10 février 2018, venez parfaire « votre planter de Marron » ! Un des symboles forts de cette journée sera la plantation d’arbres pour que le bocage vive longtemps, pour que nos projets croissent et fleurissent durablement.

Quelques conseils pour que ce projet se passe au mieux : 

 Les principaux lieux de plantations seront des haies bocagères et des vergers. Les arbres recherchés sont avant tout des arbres d’espèces sauvages des campagnes, et des fruitiers. 

 Qu’importe l’essence (éviter d’amener les lauriers palme, buddlejas, cerisiers à grappe, mimosa dangereux pour la nature...) pourvu que vous ayez l’ivresse de voir grandir d’ici quelques années votre arbre sur la ZAD ! 

 En raison de la saison (non propice à la plantation), votre plant sera couvé en pépinière au niveau de Bellevue puis planté dans l’année pour développer des haies forestières ou fruitières. 

 Nous vous demandons si possible de les étiqueter (espèce, variété, et plus si vous le voulez). Pensez à des étiquettes et des encres qui résistent à la pluie ! - A votre arrivée sur site, déposez votre arbre dans les bétaillères. Attention vous risquez quand même de marcher un peu avec les arbres : il faut qu’ils soient faciles à porter. -Pour ceux qui partiront du Gourbi, le Landes’art s’invite également à la fête du végétal ! Sur le chemin de Suez, dans la continuité de la Riottière, nous vous invitons à participer avec l’artiste, Marie-Hélène Richard, à la finalisation d’une œuvre land’art. Cette œuvre sera pérenne. Vous pourrez venir la voir évoluer dans le temps. Sur ce même circuit , vous pourrez participer à la plantation d’un verger (les arbres seront sur place, à coté de la wardine). 

 Ne vous embarrassez pas d’outils, vous devrez déjà vous occuper de votre plant


Si vous ne pouvez amener d’arbre, amenez des graines d’arbres ! (en sachet et étiqueté si possible)

Enracinons l’avenir de la zad dans le bocage !"

    Infos traflics :

Pour l’instant il n’y a plus de contrôles systématiques aux abords de la ZAD. On ignore si les arrêtés préfectoraux ont été renouvelés.

Dimanche 4 février

Comités locaux :

 

RADIO ZEF, radio locale de Blois, a convié le comité NDDL 41, à participer à une émission sur l’ancien projet d’aéroport et sur la zad. A ECOUTER ICI

 


Appel du collectif syndical à participer, 

le 10 février à la manifestation organisée à NDDL




L’avenir de la ZAD, bien commun des luttes, commence tout de suite

Comme vous le savez, le gouvernement a décidé d’abandonner le projet de transfert de l’aéroport de Nantes Atlantique vers le site de Notre-Dame-des-Landes. Le rapport de forces a payé et fait plier le gouvernement associé à une puissante multinationale du BTP, Vinci. Une victoire significative. Mais l’avenir de cet espace, que nous considérons comme un bien commun des luttes, a toujours besoin de soutiens.

Le 10 février, le Collectif syndical invite toutes et tous les syndicalistes qui veulent exprimer leur solidarité contre toute perspective d’expulsion d’habitant.e.s de la ZAD à se retrouver à 11 h, sur le lieu « Le Gourbi » pour déambuler ensemble jusqu’à Bellevue, où a lieu ce grand rassemblement visant à poser « les prochains jalons de l’avenir de la zad de Notre-Dame-des-Landes ».

Nous vous proposons d’y convier tout.es vos syndiqué.es

Fraternellement,
Le Collectif Syndical contre l’aéroport et son monde
Fait à Nantes le 29 janvier 2018



Collectif syndical contre l’aéroport à NDDL et son monde. Créé en 2016 à la suite du mouvement social contre la loi El Khomry, nous sommes plusieurs syndicats et syndiqué -es portant une voix syndicale contre l’aéroport de NDDL et l’expulsion des habitant-es de la ZAD.


Signataires : Union Départementale Solidaires 44, CNT 44, CGT AGO, Collectif National des Syndicats CGT de Vinci, CGT Travail-Emploi-FP 44, CGT CDC et des syndiqués CGT opposés à l’aéroport.

Pour tout contact : syndicnon@riseup.net
https://blogs.mediapart.fr/collectif-syndical-contre-laeroport-de-nddl/blog

►À Notre-Dame-des-Landes comme ailleurs, seul un territoire en lutte peut s’opposer à la normalisation industrielle agricole:


https://zad.nadir.org/spip.

Lundi 5 février

NDA : carte de la D281 pour mieux situer les lieux



 

09h30min : Les flics sont allés jusqu’aux entrées de la ZAD sur la RD 281 ce matin. Une voiture brûlée qui nous a été "offerte" cette nuit a été enlevée par des camarades et les flics on reculé jusqu’au Bois Rignoux côté Paquelais. Par contre illes restent du côté des Planchettes avec un mur anti-émeute et des camarades vigilants en face. De notre côté, on compte laisser les cantonniers travailler en respectant les précautions prévues avec les naturalistes, et on veut toujours les plans et les plannings de travaux. Il y a des contrôles dans les environs (NDDL, Bois Rignoux, etc.). Pour les dernières infos écoutez Radio Klaxon !



10h20min : Les flics ne sont PAS en mode expulsion, illes prétendent "protéger" les cantonniers. Des camarades sont sur place derrière une barricade et sont vigilant.e.s. En attendant, merci de ne pas faire tourner de fausses rumeurs ! Toutes les infos sur Radio Klaxon


11h20min : Les flics ont viré le mur anti-émeute sur la RD 281 et les camarades on démonté la moitié de la barricade pour laisser une chicane. On demande toujours aux flics de partir avant de partir nous.


11h30min : Les flics sur la D281 ont reculé jusqu’aux machines des cantonniers.


13h00min : Des photos de ce matin :






Communiqué sur la situation sur la D281 sur la ZAD et sur le dispositif policier


Ce matin un dispositif policier s’est mis en place pour accompagner les travaux de défrichage sur la partie nord de la route d281 sur la zad. Il avait été décidé collectivement par les occupant.e.s de laisser faire les travaux sur la route en respectant les précautions prévues avec les naturalistes. Nous souhaitons par ailleurs toujours les plannings de travaux et le rapport environnemental. A partir du moment où aucune intervention sur des habitats n’est programmée, nous ne souhaitons pas faire monter la tension ni avec les ouvrier.e.s ni avec le dispositif policier. Nous demandons aux personnes qui arriveront pour la mobilisation du 10 d’être conscient de ces enjeux et à la Préfecture de cesser de faire monter la tension de son côté. Nous souhaitons que le dispositif policier reparte au plus vite, que les travaux se fassent sans lui en tenant compte de nos demandes à ce sujet et que la situation ne se fige pas.


A faire tourner sur les résaux sociaux !


17h00min : Les flics sont partis, on discute de la suite...

 




19h00min : Appel à être vigilant-e-s sur la route demain matin à 7h à Lama Fâché (croisement de RD281 et la route des Fosses Noires)

 

 

Aujourd’hui, contrairement à ce qui avait été demandé en échange de la levée du blocage des travaux, une dizaine de poids lourds bâchés des flics sont entrés sur la ZAD, pour « protéger les travaux » qui n’étaient pas bloqués, en fouillant un lieu de vie au passage, ce que nous avons vécu comme une provocation.

Nous appelons tou.te.s les sympathisant.es du mouvement contre l’aéroport et pour l’avenir de la ZAD à venir demain pour des rassemblements pacifiques pour veiller à ce que les travailleurs passent sans les flics et pour protéger tous les lieux de vie pour empêcher toute tentative d’expulsion.

Des occupant.e.s de la ZAD

Mardi 6 février



Infotraflic :

Une certaine quantité de flics a re-débarqué sur la route ce matin, par plusieurs accès (Bois Rignoux et Epine), à priori au moins une quinzaine de bâchés en tout, plus d’autres véhicules d’assistance technique. Un mur anti-émeute est en train d’être monté aux Planchettes. Les keufs disent qu’ils vont rester toute la journée pour assurer le déroulement des travaux, à priori ils veulent finir dans la journée.


Infotraflic :
Donc les flics comptent rester là, ils sont plutôt en mode "apaisement", ils ont posé les boucliers à terre, viré leurs casques. Ils se positionnent quoi. Ils ont accueilli les machines qui ont commencé les travaux. Une autre partie arpente la route avec des détecteurs de métaux.

2 tracteurs bloquent l’entrée de la route des fosses noires, une quarantaine de personnes sur place. n’hésitez pas à passer nous voir
Une personne a été plaquée au sol sur le chemin de l’Epine.
A Bison, les flics ont arrêté d’avancer, ils sont à 150m au sud et 200m au nord de Bison.

Infotraflic : 9h30 : Situation calmo-tendue, des keufs un peu partout arpentent la route, il y des gens postés un peu partout autour, et tout ce joyeux petit monde écoute klaxon (à priori, même les flics, alors d’ailleurs on leur fait une playlist un peu dédicacée). A priori pas de contrôles, mais y aurait une physionimiste à Lama, du coup ils sont sans doute aussi vachement là pour faire du fichage. Gaffe à vous ! Le directeur de cabinet de la préfète a débarqué il n’y a pas longtemps, on ne sait pas encore trop pourquoi.

 

Les travaux ont commencé à Lama et s’avancent en direction des Planchettes.

10h00 : le "dir cab" est toujours là, sans pour autant qu’il serve à grand chose. Il ne sait pas dire quand les travaux vont finir. Evidemment, il pense que ça se passe mieux parce qu’il y a les keufs.
On n’est pas d’accord, et on veut toujours que les flics partent !
D’ailleurs, ils sont aussi rentrés dans les champs pour "protéger" leurs machines. Encore une limite qu’on avait posé, et qui a été dépassée.

Keufs, hors de nos lieux, hors de nos vies


Infotraflic :10h25 : les travailleurs disent qu’ils prévoient de finir les travaux jusqu’à Lama aujourd’hui, puis qu’ils reviendraient demain pour faire la partie sud (Lama-Bison). Un flic a dit qu’ils revenaient demain, le dir-cab avait l’air de dire ça aussi.


Infotraflic : 12h10 : Des flics commencent à remonter dans leurs véhicules et à repartir (ceux qui étaient côté Planchettes) vers les Ardillières. Les travaux continuent par ailleurs.

 

Et quand même, on aurait bien aimé plus de neige !

Pour des retours sur la journée, on a pas encore vraiment eu le temps de se poser à plusieurs pour raconter. Des micros-témoignages déjà entendues ressortent :
 une personne plaquée à terre avec son vélo à l’aube sur le chemin de l’épine, et des dires des copain-es là-bas, les flics profitaient de la nuit pour mettre la pression
 certains flics armés lourdement (genre des famas)
 des insultes sexistes à la sortie ("t’es qu’une salope", "on va vous niquer", des grands classiques...)

Pour des retours en images, petit reportage au fil de la journée sur la route [ici]...



Mercredi 7 février

Infotraflic :

 

Salut à tou.tes et bon matin. Ici, on s’est encore réveillé.es au bruit de l’hélico puis au bruit des bottes sur la route. Les flics sont arrivés par le sud (au bois Rignoux) et ont commencé à remonter la route avec au moins une vingtaine de véhicules (bachés, 4x4, fourgons...) jusqu’au point où les travaux ont été arrêtés hier (au niveau du Sabot), poussant au passage vers le Lama les copains qui étaient à Bison fumé. Les keufs ont aussi ramené un gros joujou, une espèce de fourgon armé d’un bras téléscopique de 2-3 m, au bout duquel il y a une caméra, et peut-être d’autres trucs genre des micros. Sans doute que c’est pour compléter le drone...
Voilà, maintenant, fonctionnariat oblige, on attend 9h pour le début des travaux.


8h55 : augmentation des effectifs, des renforts de keufs arrivent en véhicules. Puis les véhicules de la dde sont arrivés par le bois rignoux. Le cortège de machines ressemble à celui d’hier.


9h10 : Les machines se sont arrêtées et commencent le déblayage du bord de la route au niveau de Bison fumé. La physio des flics est avec les machines de débroussaillage. Si ça se déroule comme hier, du côté où les machines débroussaillent, les flics se déploient dans les champs en sécurisant un périmètre de 20-25 m pour soit-disant "éviter les projections". C’est le genre de manœuvre où on redoute des débordements policiers et on invite donc les copines/copains alentours à venir nous aider à protéger les lieux de vie.
Au dernier décompte de flics, on en était à environ 28 véhicules entre Lama et Bois Rignoux.

11h00 : Les travaux continuent côté Est de la route (côté Jessy-Sabot) et ont dépassé la cabane du Jessy et sont maintenant à une trentaine de mètres du Sabot. Paraît que ça se passe plutôt bien. Ils feront ensuite le côté ouest (100 noms) de la route. Tout ça sous une petite neige de flocons vraiment trop beaux, en forme d’étoiles et tout. Et à la douce écoute des morceaux du ZSR.

Pour l’instant, aucun contrôle n’a été signalé aux abords de la zone. Merci de prévenir si c’est le cas !

Jeudi 8 février

Infotraflic :

 

Aujourd’hui flics se sont positionnés au sud de Bison Futé sur la D281 et les travaux ont continué à l’extérieur de la ZAD côté La Paquelais. A priori illes ont fini l’étape du défrichage et ne reviendraient probablement pas demain matin.


La Zad vivra



Le projet d’aéroport de Notre-Dame-des-Landes abandonné, le défi qui se pose maintenant à la Zad est la pérennité vivante du mouvement. Les auteur(e)s de cette tribune expliquent les tensions nées de la réouverture de la « route des chicanes » et décrivent une gestion collective « de la surface la plus importante possible » des terres, en se dirigeant vers une « assise légale ».

Des habitant.e.s des lieux suivants : le Moulin de Rohanne, la Rolandière, les 100 noms, la Hulotte, Saint-Jean du Tertre, les Fosses noires, la Baraka et Nantes réunis dans le CMDO (Conseil pour le maintien des occupations).



« Il n’y aura pas d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes », disions-nous souvent, pour démontrer notre entêtement, pour en faire une prophétie. Le 17 janvier, cet énoncé a été inscrit en lettres capitales dans un pays entier. C’est maintenant une phrase toute bête, mais qui signe un fait historique d’une ampleur inégalée ces 40 dernières années : la première grande victoire politique de toute une génération. Il aura fallu remonter à la lutte des paysans du Larzac pour lui trouver un équivalent, tant notre présent en est avare. Et c’est un mauvais comparant, puisque ici, c’est contre une succession de gouvernements hostiles que nous l’avons emporté, sans qu’aucun candidat n’inscrive l’abandon dans son programme. Sans excès de pacifisme, également, ce que n’ont pas manqué de souligner les chroniqueurs s’en référant au statut emblématique de zone de « non-droit » de la Zad et à sa défense acharnée en 2012. Il serait erroné de croire que seules les pierres et les barricades ont permis de gagner. Pourtant c’est bien leur usage qui a rendu la décision d’abandon à la fois aussi impérieuse et aussi dure à avaler pour Macron. « Céder la Zad aux radicaux », voilà ce que les éditorialistes ont reproché au président, occultant le fait qu’un mouvement de lutte dans son entier ait bataillé un demi-siècle durant en usant de toutes les formes de résistance légales ou illégales. Pour éviter l’humiliation, l’État a donc monté une pièce de théâtre un peu branlante : une médiation, d’abord, puis une foule de réunions avec les élus locaux, et enfin le mime d’une expulsion avortée, pour faire oublier ses menaces, ses renoncements, ses reniements, pour étouffer le oui vainqueur à la consultation de 2016, bref le caractère scandaleux d’une telle déculottée. Malgré tous ces efforts, la victoire scintille au milieu des ordures médiatiques et politiciennes. Elle n’a eu à dire que deux petits mots : « Et toc ! »


Le 17 janvier 2018, à Notre-Dame-des-Landes.

Ce que ces mots font de bien dans une époque où tout nous porte à croire qu’il est vain de se battre, chacun peut le sentir. Leur insolence est proportionnelle à la pression constante pesant sur le bocage depuis presque une décennie, ou au sein des manifestations de rue dans les villes de France. Le 17 janvier, des messages nous sont parvenus de toute l’Europe, tant l’expérience de la Zad est emblématique, du fait de sa durée, de sa consistance, de sa capacité d’agrégation et de son audace. Mais ce qui nous toucha plus encore, ce furent les accolades que nous donnèrent les anciens sous le hangar de la Vacherit, celles et ceux qui avaient gagné au Pellerin, au Carnet, à Plogoff et qui levaient leurs verres au retour de cette saine peur des notables de ne plus pouvoir mener leurs grands projets dans ce pays.

Si nous étions à nouveau en danger imminent d’expulsion, tous s’engagent à venir rebarricader les routes qui mènent à la Zad 


Pourtant, il n’est pas simple de gagner. D’autant que dans une volonté de revanche quasi unanime, journalistes, élus et entrepreneurs s’accordaient à dire que si l’État devait abandonner ce projet d’aéroport, il fallait au moins que cela permette dans la foulée de se débarrasser des « Zadistes ». Il s’agissait alors d’appuyer sur ce qui aurait pu enfin isoler les occupants illégaux de leurs voisins, de leurs camarades paysans, naturalistes et syndicalistes. Ainsi, la préfecture nous a-t-elle enjoint de démonter tout ce qui obstruait la D281, sous peine d’une intervention policière immédiate dont le périmètre demeurait délibérément flou. Les gardes mobiles étaient stationnés dans les environs, contrôlant les véhicules dans les bourgs jouxtant la Zad. Cette injonction avait des accents pour le moins cocasses, puisque c’est la même préfecture, en 2013, qui avait fermé cet axe, rouvert immédiatement par le mouvement. Mais cette route n’est pas simplement un axe, c’est un symbole. 

Chargé de notre histoire avec ses fameuses chicanes à la fois poétiques et chaotiques, ses dessins meulés dans le goudron, ses ronces qui regagnent sur le bitume, ses usages improbables… et les désaccords qu’elle engendrait cycliquement entre nous. Car si elle était ouverte à la circulation, elle n’était pas toujours facile à emprunter, notamment pour les paysans qui peinaient parfois à y faire passer leurs machines agricoles. Elle générait également angoisses et rancœurs de la part de nombre de nos voisins, du fait de comportements parfois hostiles de certains barricadiers, et beaucoup se sont résignés à ne plus l’emprunter. Une fois l’abandon prononcé, il devenait impossible de continuer à défendre avec force les chicanes de la route alors que les villageois se prononçaient pour son ouverture totale et qu’une partie très importante du mouvement estimait ce geste nécessaire afin d’être en position de maintenir une lutte pour l’avenir de la Zad. L’État a donc tenté de jouer sur ce point de discorde pour ne pas totalement perdre la face. Nous étions alors nombreux à nous dire que si nous ne rouvrions pas la route, l’intervention promise était fort probable. Elle aurait offert au gouvernement le récit dont il rêvait : les fameux « 50 radicaux » dont la presse faisait ses choux gras, à côté des barricades, coupés du reste du mouvement qui refusait de s’engager à ce sujet. Cela aurait pu ensuite servir de tremplin à des arrestations ou à l’expulsion de certains habitats. Dans les jours qui ont suivi l’abandon, le déblayage de la D281 est devenu le point nodal autour duquel se jouerait l’éclatement définitif du mouvement ou la possibilité de le voir croître et perdurer au-delà du 17 janvier. Devait-on prendre le risque de tout perdre — l’expérience de la Zad, une défense unie des lieux occupés, un avenir commun avec les autres composantes — pour un symbole ? Nous avons en assemblée décidé que non, sans possibilité pour cette fois de parvenir à un consensus. Certains ont très mal pris cette résolution, et il a fallu de longues discussions, tournant souvent à la franche engueulade, pour finalement démonter les deux cabanes construites sur la route. L’une d’elles est en reconstruction dans un champ bordant la D281. Mais les tensions autour de la route et des travaux de réfection subsistent.
Sur la « route des chicanes » - les Planchettes - en janvier 2018 avant sa réouverture totale.

Il importe pourtant pour l’avenir immédiat que ce démontage ait été l’occasion de renouveler une promesse solennelle prononcée par toutes les composantes : si nous étions à nouveau en danger imminent d’expulsion, tous s’engagent à venir rebarricader les routes qui mènent à la Zad. Et cela aussi souvent que nécessaire. C’est ainsi que le mouvement répond par le haut à la fois à ses dissensus internes et au pouvoir, pour qui la D281 peut servir à son tour de symbole pour énoncer un « retour à l’ordre ». Symbole factice car la zone est toujours occupée, mais leurre suffisant pour que l’État accepte l’ouverture de négociations sur l’avenir des lieux. En ce qui nous concerne, nous retenons de cet épisode difficile une démonstration supplémentaire de la volonté de ceux qui ne sont pas occupants de s’engager pour continuer avec nous après l’abandon. Ce n’était pas une évidence à l’heure où l’objectif initial de certains avait été atteint. Ce l’est d’autant moins quand les relations humaines se crispent durement. Mais la continuité de la présence de ces camarades marque, plus que jamais, le désir de futur commun. Ce désir autrefois improbable a pris corps au cours des années de danger et de défis partagés, de chantiers et de fêtes. Autant d’expériences sensibles qui ont bouleversé les prêts-à-penser politiques et les frontières de chaque composante. Autant de refus de se résigner à un simple retour à la normale. Cependant, il ne faut pas considérer ce désir de continuer au-delà de l’aéroport comme un acquis, mais comme un équilibre fragile dont nous devons prendre soin, car c’est lui qui alimentera maintenant la lutte.

Occuper de nouveaux terrains et y installer des projets à même rabattre la convoitise des « cumulards » et l’arrogance des gouvernants 


Bien que nous ne soyons pas habitués à vaincre, nous ne sommes pas pris de court par la victoire contre l’aéroport. Nous avions eu il y a des années déjà une intuition fondamentale : une victoire, cela se construit. Ainsi, bien qu’elle ait constitué une forme de rupture, ce qu’elle met en branle avait été réfléchi par le mouvement dès l’issue de l’opération César. Nous n’avons pas à inventer dans l’urgence ce que nous voulons arracher, le texte des « six points pour l’avenir de la Zad » l’avait énoncé dès 2015. C’était un glissement fondamental : d’une lutte contre un projet, nous passions lentement à une lutte pour pérenniser et amplifier ce que nous avions édifié sur ce territoire au travers du combat. Et depuis le 17 janvier, c’est l’horizon commun que nous partageons.

Pour y parvenir, nous pouvons désormais nous appuyer sur la légitimité que nous venons d’acquérir : il a été admis que nous avions raison. De nombreuses conséquences en découlent. Par exemple, la défense inconditionnelle de l’amnistie pour tous les inculpés du mouvement anti-aéroport. Mais aussi et surtout un principe simple : celles et ceux qui ont permis que ce territoire ne soit pas détruit sont les plus à même de le prendre en charge.


La fin de la déclaration d’utilité publique le 9 février bouleverse le statut des terres de la Zad. Sur les 1.650 hectares de l’emprise aéroportuaire, 450 sont cultivés de longue date par les paysannes et paysans résistants qui entendent bien retrouver leurs droits. 270 ont été arrachés à la gestion de la chambre d’agriculture par le mouvement pour y mener des expériences agricoles collectives. Et 530 hectares de terres sont toujours redistribués temporairement aux agriculteurs qui ont signé un accord amiable avec Vinci. À ce titre, ceux-ci avaient touché des compensations financières et obtenu pour certains des parcelles en dehors de la zone. Pourtant, ils continuent à exploiter et à percevoir la PAC sur ces terres qu’ils ont cédées à Vinci, touchant ainsi le beurre et l’argent du beurre. Les plus avides pourraient dorénavant revendiquer la priorité sur de futurs baux et profiter des terres sauvées de haute lutte par le mouvement pour agrandir leur exploitation.

Par ailleurs, les anciens propriétaires en lutte qui ont refusé tout accord avec Vinci pourront retrouver leurs biens expropriés et choisir de leur redonner un usage classique, ou plus collectif en les faisant entrer dans une entité foncière commune. La bataille pour les terres se place donc au cœur de la lutte pour les mois voire les années à venir.

Le défi qui se pose maintenant au mouvement de manière brûlante tient à la possibilité d’une gestion collective de la surface la plus importante possible et de prévenir un risque d’éclatement.


 
Car si la surface de la Zad se trouvait par trop morcelée, la conséquence pourrait être la fin progressive de la force commune qui bouillonne ici, pour faire place à une somme éparpillée d’individus ou de groupes poursuivant chacun des objectifs propres. On imagine que les plus isolés pourraient être expulsés, et que d’autres seraient acculés à rentrer petit à petit dans les cadres économiques que la Zad a si bien su faire exploser jusqu’ici. Une portion importante des terres pourrait repartir à des formes d’agriculture productivistes et peu soucieuses de l’adéquation qui s’est trouvée ici entre les activités humaines et le soin du bocage. Et ce sont bien sûr les institutions agricoles classiques qui les reprendraient en main. C’est pourquoi dès ce printemps nous devrons continuer à occuper de nouveaux terrains et à y installer des projets à même de rabattre la convoitise des « cumulards » et l’arrogance des gouvernants qui menacent d’expulser des lieux de vie dès le 1er avril.

    Créer des précédents qui continuent à repousser le seuil de ce que les institutions peuvent accepter 

     

     

 Télécharger la carte pour mieux la lire :

Carte des communs de la Zad.
C’est pourquoi nous avons également l’ambition de faire entrer les terres de la Zad dans une entité issue du mouvement de lutte. La décision consistant à lui donner une forme légale est l’aboutissement de discussions entre les composantes et l’assemblée. C’était le choix que nous pouvions assumer tous ensemble, en conciliant les objectifs des uns et des autres, et donc en maintenant un rapport de force dans le futur. Cette entité viserait à englober le fourmillement de la Zad pour en maintenir la richesse, véritable manteau sous lequel les marges d’invention et de liberté pourraient continuer à se développer. Elle ne serait qu’une forme, la plus cohérente possible bien sûr avec nos désirs. L’essentiel résidera encore et toujours dans la manière dont on habite à la fois cette forme et ce territoire.

Ce choix de se diriger vers une assise légale a été pour beaucoup ici contre-intuitif, remuant au plus profond les prérequis politiques d’une bonne partie des occupants. Il nous a obligés à nous demander sérieusement ce à quoi on tenait. À nous demander ce qui permettrait encore à l’avenir d’assurer la pérennité de toutes les activités et de tous les lieux de vie. Nous sommes certains que ces questions complexes ne se résolvent pas par des diatribes défiantes sur la trahison supposée des uns ou des autres et par un fatalisme radical sur des lendemains aseptisés. Nous ne pouvons nous satisfaire des prophéties autoréalisatrices qui prédisent que les expériences de commune libre finissent à tout coup écrasées ou réintégrées. Nous pensons au contraire qu’il s’agit, dans ce moment de basculement, de discerner ce qui permettra au mieux une fidélité aux promesses que l’on s’est faites pas à pas sur l’avenir. Le pari en cours est loin d’être encore gagné. Il nécessite une confiance inouïe entre nous, entre les composantes, les personnes. Confiance dans nos buts, dans nos pratiques, et dans le respect que chacun leur porte. Une telle confiance est un fait rare de nos jours. Nous sommes bien conscients du fait que toute légalisation comprend bien évidemment des risques de normalisation. Mais ce que l’on envisage prend plutôt le chemin inverse : créer des précédents qui continuent à repousser le seuil de ce que les institutions peuvent accepter. En espérant que ces coins enfoncés dans la rigidité du droit français servent à bien d’autres que nous à l’avenir. C’est parce que nous croyons en cette hypothèse que nous avons décidé d’aller défendre notre vision de l’avenir de la Zad face à l’État au sein d’une délégation commune regroupant toutes les composantes. Ceci plutôt que de laisser place à des tractations séparées qui pousseraient ceux qui s’y prêteraient à la défense d’intérêts singuliers et donc parfois clivants. Cette délégation sera l’émanation des assemblées du mouvement, qui continueront, parallèlement, à mener les actions nécessaires pour arracher ce que les négociations n’assureraient pas.
  • La deuxième partie de cette tribune sera publiée demain, vendredi
    Pour contacter les auteurs : et-toc(arobase)riseup.net
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Vendredi 9 février

Curieuse, accueillante et aventureuse, la Zad est sans limite



Au cœur de la vie de la Zad, expliquent les auteur.e.s de cette tribune, se trouve un rapport singulier à la propriété du territoire, approchant celui des communs. Le combat qui suit l’abandon du projet d’aéroport vise la maîtrise collective des terres et à « faire vivre cette manière de les partager, et redonner ainsi un tout autre sens à l’idée de travail ou d’activité ».


Voici la deuxième partie de la tribune « La Zad vivra » dont nous avons publié le premier volet jeudi.


Le poêle soudé dans un chauffe-eau ne parvient pas à tiédir l’atmosphère de la grande salle de la Wardine. La centaine de personnes prend place, qui dans un canapé, qui sur un banc. Derrière leur cercle tirant sur l’ovale, les murs entièrement recouverts de peintures renvoient à une ambiance plus proche du concert punk que de la réunion. La petite foule est bigarrée, en âge, en style, en mode de vie. Une paysanne prend la parole. Sa ferme se situe à une trentaine de kilomètres de la Zad, pourtant, lorsqu’elle évoque ces 1.650 hectares, on pourrait croire qu’elle y est née et qu’elle compte y finir sa vie. C’est comme ça qu’elle en parle, c’est à ce point qu’elle y tient.

On dit souvent « le territoire appartient à ceux qui y vivent », pour marquer une rupture avec les velléités technocratiques de l’État. Ici, c’est bien plus que ça. Il appartient à un mouvement, non par la propriété, mais par le combat. Et depuis l’abandon, la salle de l’assemblée est toujours aussi pleine, remplie de ces gens qui formeront le cœur non pas juridique, mais réel, de l’entité que nous appelons de nos vœux et qui lutteront pour que les façons de vivre que l’on a bâties ici perdurent et s’approfondissent. Ces dernières reposent sur un type de partage pour le moins inhabituel.

S’il existe en effet un endroit où la possession de capital n’est pas source d’orgueil et de valorisation, c’est bien cette zone. Beaucoup de choses y sont d’ailleurs gratuites, on peut utiliser des tracteurs, des outils ou des livres sans jamais mettre la main à la poche. Cela ne signifie pas qu’il n’y ait pas comme partout circulation de monnaie. C’est son usage qui diffère, et son symbolisme : nous voudrions que payer ne soit pas le remboursement facile d’une absence d’implication dans le commun, un dédouanement. S’il y a un peu d’argent, donc, il y a par contre une lutte acharnée et quotidienne contre la logique économique qui voudrait que chaque geste entre dans un calcul de valeur. Nous tentons au contraire de lui substituer nos liens, nos attachements, la confiance et un certain sens de l’engagement. La réciprocité scrupuleuse n’est pas exigée, car les échanges ne sont pas pensés à l’échelle individuelle, mais à celle du territoire. Si le boulanger donne un pain à une personne du Zad social rap, il ne calcule pas à combien de couplets se chiffre sa farine. La première ligne de comptabilité des services rendus n’a pas encore été écrite. Évidemment, rien ne nous garantit que tous jouent le jeu ; c’est à la fois un pari et une question d’équilibre. Le soin apporté à la qualité des relations et des perspectives communes conjure bien mieux l’économie que le bannissement du moindre euro…

    C’est indémêlable, et c’est tant mieux 


C’est ainsi que l’on conçoit la production, mais aussi l’espace : les prés, les forêts, les fours à pain, les ateliers… Comme des communs. Cela ne veut pas dire que tout est indifféremment à tous. Celles et ceux qui ont construit, qui entretiennent ou utilisent régulièrement des espaces, s’y projetant pour plusieurs années, n’ont évidemment pas le même poids quand il s’agit de décider ce qui y adviendra. L’usage vient empêcher que le chaos ne prenne la place de la propriété. Parallèlement, le mouvement déploie son inventivité afin que les besoins des nouveaux venus désirant s’impliquer soient satisfaits. La bataille qui s’ouvre aujourd’hui n’est donc pas uniquement un combat pour les terres, pour le foncier, mais surtout pour faire vivre cette manière de les partager, et redonner ainsi un tout autre sens à l’idée de travail ou d’activité. Et ce faisant elle dépasse de loin les seuls 1.650 hectares de la Zad.


Il y a quelques mois, en passant le long du chemin de Suez, on pouvait entendre des chants résonner en basque, en breton, en italien, en occitan, en polonais, et parfois même en français. Ils émanaient du chantier de l’AmbaZada, un double hangar destiné à devenir l’ambassade des luttes et des peuples du monde entier à la Zad. Cette idée a vu le jour au sein du comité de soutien basque, qui a organisé des « brigades  » venues nombreuses participer à la construction de l’édifice avec des occupants. Des groupes pourront y passer quelques jours ou semaines, y parler de leurs combats, s’y organiser avec nous, tout en buvant un verre au bar. Nous pourrons y approfondir la coordination entre les luttes territoriales qui s’est formée l’an dernier, et ainsi être plus forts, nombreux et organisés partout où un projet menace une contrée.


Ces dernières semaines, nous entendons beaucoup parler d’une pacification de la Zad, et de son avenir de « zone agricole alternative ». Il ne serait plus à l’ordre du jour de lutter ici puisque aéroport il n’y aura pas. D’autres disent que désormais, Notre-Dame-des-Landes pourrait devenir une base d’appui matérielle pour les autres luttes, puisque le front a disparu. Nous préférons quant à nous ne pas opposer front et base, car les deux sont ici intimement liés. C’est la conjugaison des traditions offensives des paysans locaux et de l’assise de la Zad qui ont permis d’assurer une production importante et de l’apporter sur les piquets de grève à Nantes. C’est encore cette hybridation qui portera son énergie jusqu’aux bois de Bure, au quartier libre des Lentillères, aux collines de Roybon ou sur le causse de Saint-Victor. De même, la force matérielle de la Zad (menuiserie, meunerie, forge, conserverie, radio pirate, barnums, sonos, tractopelle et semences…) grossit et se constitue grâce à l’appui d’agriculteurs et salariés en lutte.

C’est indémêlable, et c’est tant mieux. Car conserver et densifier ces liens-là nous met à l’abri d’un devenir agricole pacifié tout autant que d’une zone radicale à la marge. Ce sont bien encore et toujours la circulation et l’échange qui permettront à la Zad de ne pas se refermer. Plus elle vit curieuse, accueillante et aventureuse, et plus son territoire réel s’étend bien au-delà de son périmètre.

     Une saison vient de se finir sans que l’on ait encore basculé dans la suivante 

     


Sous les ardoises du hangar de l’avenir, à la nuit tombée, nous préparons la zbeulinette, une caravane dépliable contenant mille et un rangements en bois. Elle est désormais le véhicule de notre présence dans les luttes nantaises. Chargée de nourriture, de boisson, de musique et de livres, elle détone quelque peu au milieu des boulevards haussmanniens. Ce n’est pas une caravane de soutien, car nous sommes intrinsèquement pris dans la plupart des combats qu’elle approvisionne. Demain, c’est à l’université qu’elle ouvrira ses ailes. Sur le parking, dès l’aube, des groupes déplacent le matériel nécessaire à l’édification de barricades : un amphithéâtre de la faculté et le château du rectorat sont occupés par des étudiants et des mineurs sans papiers. Nous déployons notre attelage, ses tables et son système de son. Déjà, les dix biligs qu’elle cachait commencent à fumer dans l’air glacial. Les galettes de la Zad ont une réputation qui date du mouvement contre la loi Travail. Les jeunes s’approchent donc rapidement, en commentant le tour de main des crêpiers. Savent-ils ce qu’il a fallu de réparations de matériel agricole, de chantiers communs, de récoltes, de meuniers pour que cette farine se transforme en galettes ? Peu importe après tout, l’essentiel est que la faim s’apaise, que la chaleur pénètre les corps.


Il n’existe nulle part ailleurs dans le pays un espace tel que celui de la Zad, regroupant autant de capacités matérielles tournées vers la lutte. Cœur d’une circulation réelle, il est aussi celui d’une circulation des idées et des imaginaires, des projections les plus folles. L’assise temporelle et matérielle qui manque tant à nos combats et que l’on pourrait enraciner ces prochains mois permettrait à la fois de donner une tout autre ampleur aux mille activités qui existent à la Zad, et de concrétiser ces projections. Créer un hameau ouvrier avec nos camarades syndicalistes (respectant le style architectural de la Zad !), rendre les habitats existants à la fois toujours plus commodes et plus loufoques, greffer des fruitiers dans toutes les haies du bocage, constituer un troupeau-école pour apprendre l’élevage, ouvrir un centre social, un centre de soin, une maison des anciens, agrandir la bibliothèque, construire un hammam, faire entrer des terres hors Zad dans l’entité, rendre régional voire national le réseau de ravitaillement des luttes, se doter d’une imprimerie… La liste est longue de toutes les envies que nous inspirent ces quelques centaines d’hectares. Elle est ouverte également aux vôtres : les terres que nous allons occuper au printemps attendent des installations, qu’elles soient ou non agricoles. Il nous est difficile de mesurer aujourd’hui tous les bouleversements que l’abandon va engendrer. Une saison vient de se finir sans que l’on ait encore basculé dans la suivante. Ce temps nouveau, nous devons l’arracher, le construire, l’inventer. Et c’est avec nos rêves qu’on façonnera ces métamorphoses.

Rendez-vous le 31 mars en cas de menaces d’expulsion et au printemps pour se projeter sur de nouvelles terres !


18h01min : Infotraflic  : 

 


Contrôles de flics à l’entrée de la Pâquelais au niveau parking Jules Verne, entrée Bois Rignoux au niveau de l’arrêt de bus.


Il n’ y a plus de contrôle à Vigneux mais ils semblent changer de points régulièrement autour de la zone



Pas DUP !!!

Ce 9 février 2018, 10 ans après la signature du décret, la déclaration d’utilité publique concernant le projet d’aéroport est définitivement enterrée. Cette avancée contre le bétonnage est un joie immense qui arrive avec pas mal de questions, comme le montre notamment ce texte« mouvement, ou est ta victoire ? ».

La presse relaie des points d’interrogations : « que deviendra la ZAD et les zadistes du point de vue du droit » se demande l’Humanité. Alors que l’Obs enflamme sa flute sans sommation : « la résistance et l’insurrection semblent être la réponse aux maux politiques et étatiques ». Brrrrref...Quoi que nous réserve l’avenir, on ne pourra pas nous enlever qu’on se sera bien marré-es (même si pas seulement, hein !). Et qu’on a bien l’intention de continuer. Alors rendez vous dès demain pour la suite….


Samedi 10 février


Entre Notre-Dame-des-Landes et le Larzac, une longue histoire de soutien


Des milliers de personnes sont attendues à Notre-Dame-des-Landes samedi 10 février pour la fête de la victoire, au lendemain de l’expiration de la déclaration d’utilité publique de l’aéroport. Ces quarante ans de lutte doivent autant au Larzac que des mobilisations du Grand Ouest.

Novembre 2012, manifestation de réoccupation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes après l’échec de l’évacuation des occupant·e·s par les gendarmes. Une banderole accrochée à l’arrière d’une bétaillère : « Gardarem nostra dona ». Nous garderons Notre dame (des landes), comme les paysan·ne·s de l’Aveyron proclamèrent pendant toutes les années 1970 : « Gardarem lou Larzac ».

10 février 2018, après l’abandon du projet d’aéroport par le gouvernement, des milliers de personnes sont attendues dans le bocage de la ZAD pour fêter la victoire et « enraciner l’avenir », au lendemain de l’expiration de la déclaration d’utilité publique de l’aéroport. Pour les plus ancien·ne·s, la manifestation aura des airs de victoire du Larzac. En mai 1981, avec l’arrivée de la gauche au pouvoir, le plan d’extension du camp militaire du Larzac avait été mis à l’arrêt, après dix ans de mobilisation.

Pendant tout ce temps, les échanges n’ont pas cessé entre la lutte antimilitaire du plateau et les paysans-travailleurs de Loire-Atlantique emmenés par le leader syndical Bernard Lambert.


Préparation de la fête de la victoire de Notre-Dame-des-Landes, le 9 février 2018 (©Vladimir Vasiliev)


En 2003, lorsqu’un autre gouvernement socialiste, conduit par Lionel Jospin, relance le projet d’aéroport en organisant une enquête publique, des habitant·e·s du Larzac reprennent contact avec Julien Durand, paysan et militant du village, pour proposer leur aide et partager leur expérience. Une rencontre s’organise sur le plateau. « On a comparé les deux situations et on a discuté d’un système de lutte. » L’idée naît ainsi de créer des comités locaux de soutien.

Entre le Larzac et Notre-Dame-des-Landes, les liens sont anciens, fournis et agités. Ces luttes compagnes se sont beaucoup apportées l’une à l’autre. Mais cette transmission ne concerne pas directement tout le mouvement contre l’aéroport. Pour une partie des occupant·e·s de la ZAD, le Larzac d’aujourd’hui est un repoussoir : légal, normalisé, amadoué par le système. Et représenté par un seul leader, José Bové, star des médias et élu au Parlement européen. Tout ce qu’elles et ils ne veulent pas devenir. Pourtant, la société collective des terres du Larzac (SCTL), qui gère les terres gagnées par la lutte, sert aujourd’hui de référence aux anti-aéroport pour imaginer un système foncier permettant que perdure la liberté autogestionnaire de la ZAD.

« Le Larzac, c’était une lutte contre les militaires, résume Julien Durand. On avait des objecteurs de conscience en Loire-Atlantique et on en avait abrité. » Sa première fois sur le plateau du Larzac, c’est en 1973. Il découvre le plateau, avec son épouse et ses enfants, lors d’un voyage d’études du CDJA (Comité des jeunes agriculteurs).

Quand les 103 paysans du Larzac entrent en rébellion contre l’armée qui veut étendre son camp d’entraînement, à l'Ouest, le bocage est secoué de conflits entre propriétaires fonciers et fermiers qui leur louent leurs terres. En 1973, lors de la grande marche du Larzac, les Paysans travailleurs sont en première ligne. Ce mouvement militant veut rapprocher milieux ruraux et ouvriers autour de l’idée de la valeur d’usage contre les inégalités et l’exploitation générée par la propriété privée. Il a été fondé et est dirigé par une figure centrale en Loire-Atlantique, Bernard Lambert, syndicaliste paysan puis député, auteur des Paysans dans la lutte des classes. Sur le plateau, il déclare une phrase devenue l’emblème du syndicalisme agricole de gauche : « Jamais plus les paysans ne seront des Versaillais. C’est pourquoi nous sommes ici pour fêter le mariage des Lip et du Larzac. » Et veut croire que « le Larzac sera le laboratoire foncier de la France ».


Julien Durand, au local de l'ACIPA, Notre-Dame-des-Landes, 9 février 2018 ©Vladimir Vasiliev


L’année suivante, en 1974, l’État crée une zone d’aménagement différé autour de Notre-Dame-des-Landes, en prévision de la construction d’un aéroport. « C’est Bernard Lambert qui nous a prévenus le premier, se souvient Julien Durand. En tant que responsable syndical, il avait eu accès à une carte de futurs aménagements. « Sur Notre-Dame-des-Landes, il y a un point, je ne sais pas ce qu’il en sortira. » Le leader syndical est proche de paysans de la zone, Alphonse et Joseph Fresneau. Il s’y rend et y passe du temps. Il fut « mon père spirituel en syndicalisme », considère Julien Durand.

Un comité Larzac se crée dans le département, des paysan·ne·s participent à la construction de la bergerie de la Blaquière, grand moment d’action collective sur le plateau. « On peignait sur les routes d'ici : “Larzac-Notre-Dame-des-Landes : même combat” », se souvient Julien Durand. Entre les deux creusets de lutte, Michel Tarin, paysan de Notre-Dame joue un rôle-clé. En 2012, il participe à la longue grève de la faim des anti-aéroport, qui arrache un accord de moratoire sur les expulsions au candidat socialiste François Hollande. Il est mort en 2015. « Quand la zone d’aménagement différé a été créée en 1974, j’ai pris une claque, décrit Julien Durand. Pour nous, c’était une lettre de licenciement collectif. La terre était notre usine. On s’est battu contre, sur cette base. On allait à la messe et on sortait avant la fin pour distribuer des tracts contre l’aéroport ou pour une lutte foncière. On était taxés de rouges. »

Après l’annonce de l’abandon en janvier 2018, des paysan·ne·s du Larzac ont fait passer au maire de Notre-Dame-des-Landes une note sur les STECAL, les secteurs de taille et de capacité d’accueil limitée, un dispositif créé par la loi ALUR de Cécile Duflot qui autorise l’habitat léger dans des secteurs couverts par les plans locaux d’urbanisme. Les échanges d’expertise continuent entre les deux terres de lutte paysanne.


En 1981, année de l’abandon de l’extension du camp militaire, une délégation du Larzac avait voyagé jusqu’au Japon ou des paysans se mobilisaient contre la destruction annoncée de leurs terres au profit de l’aéroport de Narita. C’était l’une des grandes luttes paysannes de l’époque. Elle fut perdue par les agriculteurs japonais. Mais sa mémoire se prolonge dans les rassemblements contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes où un documentaire sur la lutte japonaise est montré. Encore une correspondance.

« Je suis un paléo-zadiste ! »



« Je suis un paléo-zadiste ! J’étais un occupant sans droit ni titre », sur le plateau du Larzac sourit José Bové. Le paysan a écrit un texte avec le député LREM Matthieu Orphelin imaginant un projet d’« agriculture durable et de biodiversité » pour la ZAD. En coulisses, il rencontre des conseillers ministériels au sujet de l’avenir de la zone. Il est toujours sociétaire de la SCTL du Larzac, étudié de près aujourd’hui par l’assemblée des usages de la ZAD, qui regroupe les différentes composantes du mouvement anti-aéroport (ACIPA, les agriculteurs de COPAINS, les naturalistes en lutte, la coordination et des habitant·e·s de la ZAD).


Cette structure, c’est une conquête du mouvement du Larzac, qui permet un usage foncier collectivement géré. « On voulait une alternative, que les paysans soient capables de gérer eux-mêmes les usages des terres, résume José Bové. L’idée de base, c’est de créer des conseils municipaux des terres. L’idée de génie a été le transfert des terres via un bail emphytéotique. » L’État reste propriétaire, il loue les terres à la SCTL qui prend en charge toutes les obligations du propriétaire sauf le droit de vente. Conséquence : les terres ne sont pas vendables, pas cessibles, et sont indivisibles.


José Bové retrace la genèse de cette innovation juridique : si des paysans voulaient se détacher de la propriété agricole « c’est qu’on savait que tout le monde ne pouvait pas acheter. Si tu achètes, les banques se retrouvent au cœur du système et à chaque génération tu dois rembourser. D’où l’idée plutôt de gérer les usages, comme pour un commerçant qui n’achète pas ses murs, mais le droit à y exercer son activité de vente ».


Dans les années 1970 et 1980, la question foncière était fortement débattue. Elle était l’objet de batailles théoriques chez les syndicats agricoles et des chercheurs de l’Inra, et de luttes paysannes contre les conditions économiques difficiles des fermiers. « Il y avait une pression terrible sur le foncier qui créait une ébullition sur le terrain et a créé un débat public », rappelle José Bové. Dans les fermes et devant les tribunaux des baux ruraux, se livrent des batailles acharnées autour de la durée des baux, la valeur des loyers et les critères d’accès au foncier.


Préparation de la fête de la victoire de Notre-Dame-des-Landes, le 9 février 2018 (©Vladimir Vasiliev)

Le mouvement du Larzac et des Paysans travailleurs réclament la création d’offices fonciers, « des sortes de conseils municipaux des terres », résume Bové. Le Parti socialiste en défend une version étatiste, centralisatrice, mais les abandonne une fois au pouvoir. « Les offices fonciers, au fond c’était une idée léniniste, commente José Bové aujourd’hui. La SCTL, c’est une idée libertaire. » Sa forme particulière « a été formalisée par Daniel Boscheron, qui était juge à la Cour de cassation, cofondateur du Syndicat de la magistrature avec Louis Joinet, et Chantal de Crisenoy, chercheuse à l’INRA sur le foncier ».


L’État délègue la gestion des terres à la SCTL, qui, à son tour, la loue aux agriculteurs ou habitant·e·s du plateau qui exercent une activité. Ce sont des baux de carrière sur vingt ou trente ans, jusqu’à l’âge de la retraite. « Les terres et les maisons sont des outils de travail, tu n’y restes pas si tu n’y travailles plus, précise Bové. Cela a permis d’améliorer les droits des fermiers : s’ils aménagent et font des travaux dans des bâtiments qui ne leur appartiennent pas, ils peuvent, à leur départ, les céder à leur valeur d’usage. C’est un système de prêt à usage. »


Pour Julien Durand et ses camarades Paysans travailleurs dans les années 1970 : « L’intérêt des offices fonciers, c’était d’organiser le portage du foncier par l’État, la région ou le département. » La lutte des paysans travailleurs en Loire-Atlantique semble porter ses fruits. Les fermages y sont moins chers qu’ailleurs. « Ici, il n’y a pas de châtelain, pas de notaire, pas de médecin, résume Julien Durand, tout le monde disait Notre-Dame-des-Landes est ingouvernable. »


En 2013, les paysans du Larzac profitent de la présence des socialistes au pouvoir pour prolonger le bail de la SCTL jusqu’en 2083. Le ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, se rend sur le plateau pour la signature. Mais des militant·e·s s’opposent à sa venue, et dénoncent le soutien du gouvernement à l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Des défenseur·e·s de la ZAD vivent l’épisode comme une trahison. Invité en 2014 au rassemblement estival des opposant·e·s à l’aéroport, son intervention est perturbée et le son interrompu.


Julien Durand, au local de l'ACIPA, Notre-Dame-des-Landes, 9 février 2018 ©Vladimir Vasiliev

Ces heurts, conflits et désaccords n’empêchent pas les nombreux gestes communs : la mobilisation des tracteurs autour des manifestant·e·s, la tracto-vélo montant vers Paris en 2015, en plein état d’urgence pour finir aux portes du château de Versailles, comme les tracteurs du Larzac étaient montés à la capitale. Le hangar de l’avenir, avec ses gargouilles de triton et son « ZAD » écrit en ardoise sur le toit, où scintille le fantôme de la bergerie construite collectivement sur le plateau de l’Aveyron.


Ce sont deux mouvements et deux histoires distinctes. Mais les échanges permanents entre elles montrent un partage d’outils de lutte et d’imaginaire. La ZAD de Notre-Dame-des-Landes n’est pas un ovni d’extraterrestres squatteurs qui s’est un jour posé sur le bocage de la périphérie nantaise. Elle s’enracine dans une histoire longue et dense, où les un·e·s sont redevables des autres.


Jade LindgaardMédiapart




NDA : En bonus pour ce 10 février, le film « Tous au Larzac » de 2011 racontant la lutte vue du côté des paysans du Larzac

https://youtu.be/zurxTVEiYBg



La Parisienne Libérée : « Les zadistes »



Profitant du carnaval, le président se déguise en grenouille et adresse un discours passionné aux habitants de la ZAD : les zadistes sont courageux, les zadistes sont formidables, les zadistes sont sensibles, les zadistes sont uniques !




Dimanche 11 février


En attendant les photos, on se fait un petit tour de la presse :

 Pour des récits de la journée de rassemblement, on a une dépêche AFP reprise par tous les merdias mainstream, qui n’a rien trouvé de plus original que de nous ressortir la même soupe insipide sur la soit-disant "minorité radicale". Minorité certes (le off était organisé par des gens vivant plutôt à l’Est de la zad), radicale, pas plus que nous tou.tes ! N’en déplaise aux semeurs de division...

 Mais il y en a quand même qui ont pris la peine de se bouger ! Récit de la journée et de l’ambiance, et questionnements pour l’avenir dans le Monde.

 Dans Libé on lit comment cette lutte s’est inspirée de mille et unes autres, et pourquoi ça en fait une lutte unique

Et ici et encore quelques articles (dont ici des photos et ici de la radio) pour finir ce premier dimanche de la zad pas DUP ;) (avec une mention spéciale ’franche marade’ en lisant le Dauphiné libéré, ça arrive pas si souvent...)


Merci à toutes et tous de vous êtes déplacé.es jusqu’ici pour fêter la fin du projet d’aéroport, et l’enracinement de la zad ! Malgré le froid, la boue, et même un peu de pluie le soir, des dizaines de milliers de personnes ont arpenté la zad et sont venues échanger avec nous sur la lutte pour l’avenir de la zone. Des intercomités sont d’ailleurs en cours à la wardine, pour continuer d’y réfléchir ensemble.


Pour rigoler un peu sur les décomptes, les organisateur-trices annoncent 30 000 à 40 000 personnes, la préfecture.... 8000 !

    APPEL A PROTEGER LES LIEUX DE VIE


On vient de vivre une semaine d’occupation militaire, fouilles des lieux de vie, contrôles, harcèlement et surveillance par drone, hélico, appareils video et micro directionnels.

On appelle à ce que des gens viennent montrer leur soutien aux habitant.e.s au bord de la route et protéger leurs lieux de vie. Dans ce cadre on ne veut pas d’actions contre les flics qui pourraient mettre en danger ces mêmes habitant.es.

Suite à des discussions collectives, on était plein à se mettre d’accord le samedi 29 dans une réunion appelée largement pour que les travaux aient lieu dans de bonnes conditions. Nous ne voulons plus de la présence policière, et nous voulons de la transparence autour des étapes de travaux et les rapports environnementaux, et aussi qu’ils respectent leurs engagements avec les naturalistes en lutte.

Merci de votre soutien !
Des occupant.e s réuni.es le 11/02


Infos du 12 au 18 février
Lundi 12 février

VIDÉO - A Notre-Dame-des-Landes, la fête de la victoire



De la joie, immense, et de l’énergie, inépuisable. Samedi 10 février, on a fêté sur la Zad la victoire de Notre-Dame-des-Landes. Reportage vidéo.


Notre-Dame-des-Landes (Loire-Atlantique), reportage

Quelle fête, les ami.e.s ! Ce samedi 12 février, il y avait plus de 20.000 personnes, venues de toute la France, venues fêter sur la Zad la victoire sur le projet d’aéroport. Une magnifique victoire, couronnant près de cinquante ans de lutte ! C’était la joie, et aussi plein d’énergie pour faire reculer les destructeurs du monde partout en France.

    VOIR LA VIDÉO : https://youtu.be/9G1xqk_enUc



Premier bilan et prise de parole commune au nom du mouvement contre l’aéroport


Samedi 10 au moins 30 000 personnes sont déjà arrivées sur la zad pour la mobilisation du 10 février et pour « enraciner l’avenir ». Deux cortèges sont parti du Gourbi et Saint-Jean-Du-Tertre avec 8 fanfares et 10 chorales venues de tous le pays, un triton, un crocodile et un dragon géants, ainsi que diverses représentations de projets contestés. Tout le monde s’est rassemblé dans un des champs de la ferme de Bellevue où une effigie du défunt projet d’aéroport a été brûlée en musique dans l’esprit du carnaval et dans la joie de la victoire de notre lutte. Des groupes continuent à affluer, alors que la fête va se poursuivre dans la soirée. Nous sommes d’ores et déjà entièrement satisfait de cette mobilisation et de cette démonstration de soutien au projet porté par les différentes composantes de la lutte pour le futur de ce territoire unique. Dans un premier temps, cette mobilisation démontre aussi un refus de toute tentative d’expulsion des habitant.e.s actuel.le.s de la zad au printemps.

Vous trouverez ci-dessous le texte de la prise de parole commune du mouvement de 16h00 énoncée à plusieurs voix sur un chariot de foin à côté du hangar de l’avenir.


    Notre Dame des Landes 10 février 2018 : Enracinons l’avenir !

Prise de parole commune au nom du mouvement contre l’aéroport (Acipa, Adeca, Copain44, Naturalistes en lutte, des habitant-e-s de la zad, Coordination des orgas opposantes)

Bonsoir à tous/toutes ! Et tout d’abord un immense merci pour votre présence ! Lorsque nous avons choisi ce slogan pour notre rassemblement « Nddl enracinons l’avenir » nous étions encore dans cette interminable période où nous attendions et espérions l’annonce de l’abandon, sans encore oser y croire. Nous avons fait ce choix moins parce qu’il nous semblait pertinent pour tous les cas de figure possibles que parce que depuis de longues années déjà nous nous projetons vers l’avenir.

Aujourd’hui, la victoire est totale pour ce qui était la première phase de notre lutte : l’abandon de l’aéroport confirmée par l’expiration de la Déclaration d’Utilité Publique (DUP). Nous la fêtons ensemble aujourd’hui, dans un soulagement immense, dans les cris, les pleurs, les étreintes avec vous tous/toutes qui nous avez soutenu-e-s.

Cette première phase a été une lutte populaire et fraternelle, qui au fil des années a su faire agir côte à côte ce que nous avons appelé ses « composantes » formelles ou moins formelles. Ce sont des paysan-ne-s, des propriétaires, des citoyen-ne-s de la région, des associations et organisations syndicales (paysannes et ouvrières), environnementales, citoyennes, politiques, d’élus... sans oublier des collectifs à base professionnelle (juristes, pilotes, chefs d’entreprise... ), les bien nommé-e-s « naturalistes en lutte », les occupant-e-s venus défendre la zone à partir de 2007, les paysan-ne-s de COPAIN, les 200 collectifs Nddl créés partout en France. Cette liste est non chronologique et non exhaustive, tant toutes les énergies se sont interpénétrées avec des formes d’actions très différentes pour parvenir à la première victoire : l’abandon du projet d’aéroport. La DUP, cet outil de destruction préméditée, ce véritable vol de terres au profit d’intérêts privés sous couvert d’Utilité Publique, a expiré hier. Les mensonges de l’État et la faillite de ses procédures de décision ont éclaté aux yeux de tous

Aujourd’hui, le mouvement a dégagé collectivement la D281 pour rendre à ses usager.es/voisin.es la possibilité d’une utilisation partagée. Il faut répondre à leurs besoins de circulation et prendre en compte les problèmes de sécurité des riverains (ralentisseurs, limitations de vitesse, corridors pour amphibiens et autres hôtes du bocage..), tout ceci en discussion entre les services de l’État et les Naturalistes en Lutte notamment. Les divers chantiers nécessaires à la remise en état de la route sont en cours, . Ils vont durer encore plusieurs semaines

Cette victoire, nous la fêtons dans une ambiance particulière, car nous sommes trois jours avant le mardi gras, en pleine période de carnaval. C’est la fête des humbles chahutant les puissants, la fête des passages, où une saison vient de se finir sans que l’on ait encore basculé dans la suivante. La fin de cette lutte d’un demi-siècle contre l’aéroport laisse place à de nouveaux enjeux et combats, ici et ailleurs. Le carnaval ne célèbre pas un changement d’ère, il l’accompagne, voire le suscite. Nous sommes ici pour enraciner l’avenir : car enracinés, nous le sommes depuis longtemps déjà, enracinés par nos pères et mères dans ces landes qu’ils ont travaillées, choyées... Ils et elles sont présent-e-s ici avec nous, comme le sont tant de camarades qui ont puisé sans compter dans leurs forces pour notre lutte. Nous avons une pensée très forte pour tous ceux et celles qui nous ont quitté-e-s avant de voir notre victoire

Enraciné-e-s, nous le serons plus encore par tous ces arbres dont nous allons prendre soin et que nous planterons dès que le temps le permettra.

Ces plantes sont venues de partout, certaines apportées par des collectifs venu s d’autres luttes. Nous avons très délibérément placé notre fête de la victoire sous le signe de la solidarité avec ces collectifs . Cette solidarité s’est construite depuis longtemps déjà, lorsque nous nous sommes rendu-e-s compte très concrètement à travers nos rencontres que nous racontions tous et toutes la même histoire : destruction de terres nourricières et de bio-diversité, gaspillage d’argent public, mépris des populations, cadeaux à Vinci ou à d’autres multinationales, sans compter la folie des projets liés au nucléaire...

Dans notre fête de ce jour, nous avons tenu à laisser une large parole à ces luttes sœurs, qui portent leurs messages depuis ce matin dans les déambulations, qui ont brûlé avec nous les projets dont elles exigent la disparition. Elles nous ont soutenu-e-s, nous ont inspiré-e-s autant que nous-mêmes avons pu le faire.

Nous les invitons à saisir avant leur départ, si elles le souhaitent, les bâtons plantés le 8 octobre 2016, gages de notre serment de défendre le bocage de Nddl. Ils deviendront ainsi les gages de notre solidarité vis-à-vis d’eux. Ils deviendront les canaux de ce grand réseau de luttes par où circulera notre commune énergie... Saluons la présence de camarades en lutte contre différents projets : projet d’enfouissement nucléaire à Bure, LGV Lyon-Turin, projet de centrale à gaz de Landivisiau, projet de parc d’attraction de Guipry- Messac, projet de Central Parc de Roybons, la ferme des mille vaches Pour toutes ces luttes sœurs, nous sommes là, nous serons là !

Enfin voici les principaux éléments sur le projet d’avenir commun que nous envisageons pour la zad. Une délégation commune du mouvement est prête à le porter auprès des différentes structures institutionnelles qui se penchent déjà sur la propriété des terres, sur leur usage et celui des communs de la zad...

Dans l’objectif de la réalisation de nos six points, nous avons envisagé deux étapes principales : La première étape qui s’ouvre aujourd’hui concerne en priorité l’usage des terres et des communs. Elle a quelques objectifs majeurs.

– Nous voulons faire entendre le plus rapidement possible notre refus d’expulsions qui n’ont plus aucune raison d’être une fois acté l’abandon du projet. La date annoncée du 31 mars est très proche. Et ce message doit être entendu immédiatement. c’est l’une des raisons de cette mobilisation.

– Nous voulons que les habitant-e-s qui le souhaitent puissent se projeter dans un avenir commun sur la zad,. Cet avenir sera construit de manière collective et solidaire. Nous veillerons à la sauvegarde des éléments naturels fragiles.

– Pour obtenir cela, dans l’immédiat nous exigeons le gel de la redistribution institutionnelle des terres. afin qu’elles n’aillent pas à l’agrandissement d’exploitations déjà existantes.

– La création d’une entité juridique provisoire, reconnue et représentative de l’ensemble du mouvement, est en cours. Elle doit permettre de réaliser les actes officiels concernant la zone : des mandats de gestion des terres ou des communs, des signatures de convention précaires d’exploitation... Il s’agit de permettre par le biais de cette association la meilleure protection possible pour tous les types de projets, agricoles ou non agricoles, conventionnels ou hors cadre... Cela peut se faire en particulier par la reconnaissance d’un droit d’expérimentation sur la zone. Il s’agit d’élargir les possibles.

– Cette première étape devra également porter une exigence d’amnistie pour les faits et procédures engagées dans le cadre de la lutte contre le projet d’aéroport.

Tous ces points exigeront un important travail collectif, le maintien du rapport de force que nous avons su créer, et votre soutien à tous et toutes.

La deuxième étape doit nous permettre la mise en place d’une entité pérenne issue du mouvement qui prenne en charge les terres de la zad. Il nous faut du temps pour bâtir cette structure : rappelons que la solution pour les terres du Larzac par la création de la Société Civile des Terres du Larzac a mis trois ans à s’élaborer.

La situation est inédite.Il va être très long de démêler les questions de propriété sur la zone, et nous ne disposons d’aucune jurisprudence. De nombreuses réflexions, des rencontres avec d’autres lieux, et d’autres structures (personnes utilisant les fonds de dotation...) ont déjà eu lieu et vont se poursuivre. Nous devons exiger du temps.

Nous nous projetons ensemble dans l’avenir, confiant-e-s face à nos incertitudes, aux difficultés qui ne manqueront pas de survenir mais que nous saurons dépasser.

Nous sommes au premier jour des saisons futures !

09h30min : zad forever 

 

bonjour,

Après ce week end de fête dont on vous fait parvenir quelques photos au plus vite, retour sur la route ce matin pour le feuilleton "travaux sur fond bleu"

Les flics sont arrivés vers 7H45 et les machines sont maintenant là, pour le curage des fossés. ce matin, entre les Planchettes et Lama faché.

13h30min


Le curage des fossés continue. Les flics sont là, des camarades protègent les lieux de vie.

Grosvalet n’a rien de mieux à faire que demander à récupérer les parcelles de la ZAD, qui avait été rachetées à l’amiable par le département... (Le Monde, France 3


Nouvelles de la journée sur la route. Ce lundi, les flics sont arrivés un peu avant 8 heures du matin à une quarantaine de camions, avec comme les derniers jours, tout leur équipement de fichage. A noter que cette fois-ci, ils ne paradaient pas avec des fusils-mitrailleurs. Aujourd’hui encore, nous étions nombreu.ses.x présent.e.s sur la route pour surveiller les flics (afin d’éviter qu’ils fouillent des lieux de vie comme ils l’ont fait les semaines passées) et soutenir les camarades qui habitent en bord de route et qui subissent la présence policière.


En plus des occupant.e.s de la zad, il y avait pas mal de personnes venues pour faire face avec nous à l’occupation militaire de la zad. La journée s’est déroulée sans incidents. Aux différents lieux où nous étions, on pouvait entendre des trompettes ou des copain.e.s chanter. On remercie les personnes qui se sont occupées du ravitaillement en thé/café/nourriture. Il faisait grand soleil et certain.e.s nous ont bien fait rire en renvoyant, à l’aide d’un miroir, les rayons du soleil pour éblouir les flics qui entravaient la circulation ou cherchaient à nous filmer. Les travaux se sont déroulés entre Lama Faché et les Planchettes. Les flics sont partis avec les travailleur.euse.s vers 16H30 et annoncent qu’ils reviennent demain matin.

Voici les infos sur les travaux glanées auprès des services départementaux en charge des travaux et présents aujourd’hui sur la route : Les travaux de curage des fossés sont prévus pour 10-15 jours. Le curage n’est pas profond sauf à certains endroits où ça bouche et là où il y a de grandes souches, principalement avec une trapézoïdale. Cette étape inclue aussi d’enlever certaines entrées de champs qui ne sont plus utilisées. Ils avancent à la vitesse d’1 km linéaire par jour environ.


Après il y a une prochaine étape avec une entreprise de travaux publics qui referont les buses qui sont cassées ou bouchées ou pas aux normes : C’est aussi eux qui feront la chaussée, l’enrobé, la peinture et la signalisation.


Il y a encore des obstacles qui empêchent les travaux. Ceux-ci doivent être réglés dans la semaine, toujours d’après les services départementaux. Il s’agit de tout ce qui se trouve à moins de 4 mètres du bord du bitume. Ça inclue la cabane des planchettes, la barricade du sabot et l’est de Bison futé. Tout doit être mis dans l’alignement des haies. Par exemple le camion dans la haie doit être reculé de deux mètres, le camion en face de Jessy et la caravane doivent être reculés de 1 mètre par rapport à la caravane actuelle. Ils ont aussi dit qu’ils n’autoriseraient pas de pont levis tant que celui-ci touchera à la chaussée une fois baissé. Ils veulent enlever le passage piéton en face de Jessy. En face de Bison est, ils veulent aussi creuser un petit fossé pour que l’eau s’évacue vers le champ de la discorde.


Ils ont pour ordre de refaire une route qui soit circulable à 90 km/h et disent que les ralentisseurs sont dangereux hors agglomération. Ils précisent que c’est avec la préfecture que l’on doit voir pour les ralentisseurs

D281 : un appel à protéger les lieux de vie pour les jours à venir et un communiqué du mouvement : « Circulation sur la route D281 : nous seront attenti.ve.s à tou.te.s les usager.e.s ».

Mercredi 14 février



►2 Papis de notre dame des landes font de la Résistance :




Ambazada :

 


De la Bretagne au Pays Basque - Brigade de rencontres et de solidarités du 24 mars au 1er avril 2018

Communiqué de presse commun post 10 février 

au nom du mouvement contre l’aéroport

 



Communiqué de presse commun post 10 février au nom du mouvement contre l’aéroport (Acipa, Adeca, Copain44, Naturalistes en lutte, des habitant-e-s de la zad, Coordination des organisations opposantes au projet)

La fête a été belle ! D’immenses mercis ! La fête a été belle !

Elle a rassemblé à Notre-Dame-des-Landes des dizaines de milliers de personnes (30 à 40 000) venues de toute la France et bien au-delà, pour marquer ensemble la fin de la Déclaration d’Utilité Publique et soutenir l’avenir de la zad, dans des conditions météo... humides. Nous remercions chacun-e , soutien de toutes les initiatives ou arrivé-e pour une première découverte sur le terrain. Merci encore aux très nombreuses personnes bénévoles, d’ici et d’ailleurs, qui ont permis le succès de cette fête. Merci aux comités de soutien, toujours fidèles à nos mobilisations, merci pour l’organisation des cars. La lutte a été riche et depuis longtemps les projets de vie sur la zad intéressent, d’abord par les échanges qu’ils suscitent.

Après la victoire sur la première phase de la lutte (abandon de l’aéroport, expiration de la DUP), le temps est venu de la seconde phase : poursuivre et développer les activités déjà engagées, en créer de nouvelles. Ces diverses expérimentations et constructions, nous voulons les enraciner dès aujourd’hui sans pression administrative ni policière. Toutes les personnes participantes à la fête sont venues réaffirmer le refus de toutes expulsions, l’exigence du gel de la redistribution institutionnelle des terres et le besoin de temps pour construire l’avenir ; elles seront vigilantes jusqu’au 31 mars et après.

Un grand merci aussi pour les arbres et pousses amené-e-s en soutien pour symboliser l’enracinement dans le bocage : nous les planterons dès que la nature le permettra.

D’immenses mercis enfin aux diverses luttes qui sont venues partager notre joie : nous ne les oublions pas. Elles nous ont dit puiser auprès de nous de l’espoir. Nous mènerons ensemble les combats pour bâtir une société qui ne soit pas inféodée au profit, mais basée sur la solidarité !

La zad vivra ! 12 février 2018

Vendredi 16 février

►On relaie un appel à contribution afin d’écrire une histoire des comités locaux. Parce que sans elles et eux, sans leur force décentralisée et sans leur joyeuse détermination, l’aéroport à NDDL serait sans doute encore dans les tuyaux. Big up, donc, à tous les comités de soutiens avec qui on a partagé tant de beaux moments de lutte. Et avec qui on espère bien continuer !!


Dimanche 18 février


La ZAD, unie, jamais ne sera vaincue !

 




Texte commun de la CNT 44 et du Collectif nantais contre l’aéroport à propos de la situation de la ZAD.

Le gouvernement a plié. C’est rare. Le rapport de forces instauré depuis des années, dans l’unité des composantes, paysans, citoyens, associations, zadistes, comité locaux, syndicalistes, a produit ce qui motive nos luttes : une victoire arrachée aux pouvoirs, État et collectivités au service d’une multinationale du BTP. Aussitôt, le Premier ministre a tendu un piège au mouvement, lui enjoignant de nettoyer la route des chicanes avec un ultimatum à peine voilé et une menace de le faire par la force si cette «  normalisation » n’était pas exécutée par les militant.es. Ce qui ne s’est pas fait sans douleur pour une partie des zadistes vivant autour de cette route et qui n’ont pas participé aux assemblées où les composantes ont décidé de donner ce gage de bonne foi à l’État. L’urgence étant d’aborder les négociations pour obtenir le gel de la redistribution des terres, le refus des expulsions à la fin de la trêve hivernale, l’amnistie des militant.es du mouvement qui ont été condamné.es...

Cette réponse immédiate à l’exigence des autorités pour la route des chicanes a laissé dans l’amertume des zadistes parmi les plus précaires. Le mouvement contre l’aéroport et son monde a toujours affirmé que toutes les formes d’occupation avaient jusqu’ici leur place, en déployant un sens inventif de la composition et une attention aux autres. Il faut être vigilant.es maintenant et demain sur des fractures sociales et politiques qui pourraient s’opérer.

Toute lutte porte en elle les risques d’avoir ses gagnants et ses laissé.es pour compte. Comme les salarié.es titulaires embarquant intérimaires et précaires et les oubliant au moment de recueillir les gains du rapport de force créé collectivement. Ou les Katangais, zonards et autre prétendus «  voyous » de Mai 68 sacrifiés à la répression après la fin des occupations de facs.

La phase qui s’ouvre pour la Zad met sur le devant de la négociation celles et ceux qui ont des projets agricoles, économiques, activités qui ont toute raison de demeurer dans la zone à développer, suivant les héritages de ce mouvement de lutte. Dans un monde où une certaine valeur travail fonde la légitimité de bien des actes en société, il serait extrêmement dommageable que le mouvement contre l’aéroport et son monde oublie que ce n’est pas le seul critère pour exister et qu’un jugement de classe en arrive à disqualifier celles et ceux qui n’entrent pas dans ce cadre.

Un autre monde est possible. Si la ZAD est un bien commun des luttes, c’est uni.es, jusqu’au bout, que ça le restera.

La CNT Nantes et le CNCA/Nantes Nécropole

Infos du 19 au 28 février


Lundi 19 février


Nous préférons le vent de révolte à celui de l’aménagement verdâtre des territoires


    Déclaration commune lue lors du rassemblement du 10 février 2018 à la zad de NDDL

     

par des habitant.e.s de territoires en lutte

Ça y est, ils l’ont abandonné, ce projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes. C’est pas trop tôt ! Un peu partout, on se réjouit de cette victoire, de ce qu’elle représente : la possibilité de bloquer ces projets d’aménagement absurdes et destructeurs qu’on voudrait nous imposer, la possibilité d’oser imaginer à nouveau gagner et défaire le rouleau compresseur de l’Etat et du profit.

Les médias posent la question : cet abandon va-t-il renforcer les autres luttes ? Nous, nous savons déjà que oui. D’ailleurs, le gouvernement s’y attend lui aussi. Pourquoi sinon Edouard Philippe, premier ministre, en annonçant le retrait du projet se serait-il senti obligé d’affirmer que l’État va continuer à « aménager le pays », en prenant désormais en compte « une meilleure qualité de vie [et] un plus grand respect de l’environnement » ? Les voilà déjà à préparer l’opinion publique à accepter leurs autres projets pourris (et ceux d’investisseurs privés).

Ce qu’ils nous préparent en vérité c’est toujours le même projet. Une guerre généralisée au vivant, au nom de l’économie, sous couvert d’ « aménagement des territoires ». Une guerre avec son lot de nouvelles mascarades et d’opérations policières. Avec son mélange de répression et de « consultation », comme ils disent. Qu’ils nous consultent autant qu’ils veulent, qu’ils essaient ! Quand c’est non, c’est non. A Bure, Roybon ou l’Amassada, c’est non. Les autoroutes, centres de commerce ou de loisir, lignes à grande vitesse, centrales biomasse, projets nucléaires ou d’éolien industriel, éco-quartiers, smart cities, d’extraction de sable, de minerais ou de souches, c’est non.

Nous l’avions déjà dit en décembre lors d’un communiqué commun à plusieurs territoires en lutte, nous le répétons aujourd’hui : leur écologie n’est pas la nôtre. Elle est avant tout un prétexte pour intensifier l’administration et le contrôle des territoires et de leurs habitants, ces territoires dans lesquels nous vivons. Leur monde uniforme n’est pas le nôtre, non plus. Que le capitalisme soit vert Center Parc, noir pétrole, gris béton, jaune nucléaire ou rouge sang, nous savons qu’il sera toujours couleur d’uniforme.


À Notre-Dame-des-Landes comme dans tant d’autres endroits, nous ne nous contentons pas de combattre. Nous ne sommes pas ces mercenaires de la cause écolo que dépeignent certains médias, ces djihadistes verts qui n’auraient qu’une seule envie : se battre. Nous nous battons parce que nous avons des mondes à défendre. À Notre-Dame-des-Landes, ce sont d’autres formes d’organisation sociale et politique qui se sont vécues pendant les années de lutte, et aujourd’hui nous déclarons que ce sont elles, avec leur beauté comme leurs difficultés quotidiennes, que nous voulons défendre.

Nous manifestons notre soutien à l’ensemble du mouvement contre l’aéroport, à toutes celles et ceux qui vivent dans ce bocage rebelle que nous aimons tant. Nous manifestons notre soutien à toutes celles et ceux qui s’organisent pour maintenir une vie commune sur la zone, pour consolider définitivement dans les temps qui viennent cet espace hors-normes à distance de l’État, et assurer que selon le texte en six points, ce soit une entité issue des différentes composantes du mouvement qui prenne en charge son avenir.

Nous ferons tout pour que subsiste à Notre-Dame-des-Landes cette aventure unique qui en inspire tant d’autres ailleurs, dans tous les endroits où pulsent nos cœurs farouches. Et nous affirmons que si l’État se risque à expulser n’importe quel lieu ou habitant-e de la Zad, en jouant sur la division, il nous trouvera sur son chemin.

Pour finir, nous le répétons, et le répéterons encore : les luttes continuent, se rencontrent, se renforcent. Depuis Dijon, dans le quartier libre des Lentillères foisonnant depuis 10 ans, nous comptons bien mettre en échec leur sinistre projet d’éco-quartier et de capitalisme vert. Depuis Bure, du bois Lejuc occupé jusqu’aux dizaines de maisons et d’apparts habitées tout autour, nous continuerons de construire un mouvement de résistance au désert atomique. Depuis la baie de Lannion comme depuis le plateau de Millevaches, nous continuerons à nous opposer à l’extension infinie de l’extractivisme. Depuis Roybon comme depuis l’Amassada, nous continuerons à préférer le vent de la révolte à celui de l’aménagement verdâtre des territoires.

À Notre-Dame-des-Landes comme dans tant d’autres territoires en lutte, rien n’est fini !

VIVE LA ZAD ET SES MONDES !

Premiers signataires :

Collectif de l’Amassada (Saint-Victor et Melvieu)
Collectif biomasse critique (plateau de millevaches)
Collectif grains de sable dans la machine (baie de Lannion)
Le Quartier Libre des Lentillères (Dijon)
Des opposant.e.s à l’A45 (axe Saint-Étienne - Lyon)
Des occupant.e.s de la forêt de Roybon (Isère)

Mercredi 21 février



►Le groupe (p)artisan.ne.s propose un texte sur l’autonomie, un schéma des interconnections entre activités artisanales sur la zad et des images des ateliers organisés le 10 février, voir ici.



Samedi 24 février



►Nantes :

Et pendant ce temps là à Nantes…



Le Carnaval des luttes s’est baladé ce samedi à travers les rues...malheureusement certains portent toujours les mêmes costumes bleus et ont été particulièrement relous.



Il y a eu au moins 6 interpellations, violentes, une copine trainée par les cheveux et frappée à la tête en même temps, un autre plaqué à terre et frappé, d’autres coups et insultes et plusieurs personnes qui terminent à Waldeck.


La manif s’est terminée là-bas pour aller soutenir les camarades interpellé.e.s


Non à la montagne à pellets 

 


La video de l’affrontement entre le dragon PELLETOX (allié aux autres monstres froids) et le triton géant de la zad, est enfin en ligne !


Avec une pensée spéciale pour les camarades de Bure : ni aéroport, ni usine à biomasse... ni poubelle nucléaire !

La ZAD vs PELLETOX : EPISODE II https://vimeo.com/256951940


Samedi 24 février

À nos soutiens, 

contre la présence policière 

sur la D281.



Depuis 3 semaines, la zad vit une énorme présence policière. Sous prétexte d’encadrer des machines de travaux, entre 20 et 50 fourgons des gendarmes mobiles occupent la D281 tous les jours, empêchant les gens d’emprunter la route et engageant une opération de fichage et de harcèlement. Il faut bien imaginer ce que cela représente : des centaines de gendarmes mobiles à quelques mètres de lieux de vie, entravant nos déplacement et nous isolant les un.e.s des autres.

On constate que cette opération policière a des objectifs moins banals que protéger une débroussailleuse. Il y a un énorme programme de fichage et de surveillance : des passages réguliers de l’hélico et d’un drône, la présence d’un camion avec caméra télescopique et une antenne d’écoute, des physionomistes, et la prise d’images vidéo constante. En plus de surveiller et ficher, les flics ont visité (comprendre par là : entrer et tout retourner) plusieurs lieux de vie en l’absence de leurs occupant.e.s, et une voiture a été embarquée. Il y aussi un objectif d’intimidation, avec un dispositif énorme arrivant parfois avant l’aube comprenant des camions bâchés la première semaine avec présence d’armes à feu automatiques, en plus des unités du PSIG et une unité antiterroriste. On se demande d’ailleurs combien coûte une telle opération…

Où on sommes-nous ? Actuellement, les travailleureuses ont débroussaillé les bords de la route et curé les fossés, et illes sont en train de refaire des entrées de champs. Ensuite, illes refont la chaussée, puis la peinture et la signalisation. Les dates de fin du chantier ne sont pas claires, mais si la situation ne change pas, cela signifie une présence de gendarmes mobiles sur la route jusqu’à fin mars, date à laquelle le gouvernement annonce expulser les « occupants illégaux ».

Des engagements pris à l’oral devant des occupant.e.s et des naturalistes par le département n’ont pas été respectés. Le débroussaillage a été fait plus près que prévu, les fossés surcreusés malgré le fait que c’est pas la période pour du curage complet à cause des habitats des amphibiens, et plusieurs entrées de champs ont été enlevées. De notre côté, il y a eu plein d’efforts pour que les travaux puissent bien se passer, avec deux cabanes démontées et une troisième déplacée.

La position des occupant.e.s, qu’on tient depuis des discussions collectives entamées au début des travaux, c’est qu’on veut laisser les travaux validés collectivement se poursuivre. On exige la transparence autour des travaux, et l’obtention des documents des travail et d’études, y compris celui de leurs experts environnementaux, pour validation collective. On exige que la route soit adaptée pour tout.e.s, y compris les habitant.e.s proches, et dans cette optique qu’elle soit limitée en vitesse à 50km/h avec des sections à 30 et des ralentisseurs. Et on exige que les demandes des naturalistes soient prises en compte.

À partir d’aujourd’hui, on exige que la présence policière cesse. L’état profite de ce prétexte pour faire du harcèlement et du fichage. À quelques jours du début des négociations avec l’état et à quelques semaines des éventuelles expulsions, leur présence est une provocation. On peut facilement imaginer que leur stratégie est d’augmenter la tension sur la zone et d’espérer le dérapage qui permettra aux médias et au gouvernement de montrer qu’il y a ici des radicaux à expulser. Si la demande de retrait des policiers et gendarmes n’est pas entendue, nous nous organiserons pour faire en sorte qu’ils partent. On demande aux comités de soutien de rester attentifs.

Il y a plusieurs vidéos qui témoignent, comme celles-là : https://www.youtube.com/watch?v=u8tov8RWjbE https://www.youtube.com/watch?v=W-HOZzcEXkg

Des occupant.e.s, le 23 février 2018.


AILLEURS



Infos du 1er au 11 février


Jeudi 1er février

Rapport sur les infrastructures : 

on se calme sur les grands projets, 

et vivent les transports du quotidien


Le rapport consacré aux infrastructures de transport à l’étude — parmi lesquelles plusieurs grands projets inutiles et imposés comme le contournement est de Rouen, les nouvelles lignes TGV dans le Sud-Ouest et l’autoroute A45 — a été publié jeudi 1 février. Reporterre le décrypte et vous le propose en téléchargement.


Soupirs de soulagement du côté des opposants à l’A45 entre Lyon et Saint-Etienne, grincements de dents chez ceux qui luttent contre le Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) ou le contournement est de Rouen. Telles pourraient être les premières réactions à la lecture du rapport du Conseil d’orientation des infrastructures (COI), dévoilé ce jeudi 1er février à 10 h et très attendu des réfractaires aux grands projets inutiles et imposés – autoroutes sur des terres agricoles, ligne à grande vitesse écartelant forêts et zones humides, et autres chantiers titanesques destructeurs de biodiversité. « Tout n’est pas possible, il faut choisir, définir des priorités parmi les projets nombreux espérés par les territoires », a rappelé Philippe Duron, président du CIO, en introduction de cet épais document de 180 pages consacré à l’entretien et au développement des infrastructures de transport ces vingt prochaines années



Le rapport du Conseil d’orientation des infrastructures
https://reporterre.net/IMG/pdf/2018.02.01_rapport_coi.pdf 

Le rapport se donne plusieurs lignes directrices : la modernisation des « transports du quotidien » très dégradés, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (une obligation de la loi de transition énergétique), le tout avec un budget contraint. Partant de là, il propose trois scénarios correspondant à trois niveaux de dépense, du plus bas au plus élevé, et qui conditionnent directement l’avenir des grands projets d’infrastructures :

 Le scénario 1 prévoit d’affecter 48 milliards d’euros en vingt ans à l’Agence de financement des infrastructures de transport de France (AFITF), soit 2,4 milliards d’euros par an. Ce budget, en hausse de 25 % par rapport à la période 2012-2016, reste néanmoins insuffisant pour remettre en état les infrastructures existantes. Surtout, il exige de mettre en pause tous les grands projets pour encore cinq à dix ans, et repousse ainsi leur achèvement à 2050 environ.

 Le scénario 2, « bâti pour permettre de satisfaire les priorités fixées par le président de la République », accorde 60 milliards d’euros en vingt ans à l’AFITF – une hausse de 55 % par rapport à 2012-2016. Il permettrait « d’améliorer les mobilités du quotidien pendant une dizaine d’années à un niveau d’ambition élevé » et d’avancer dans les premières phases des grands projets. Plusieurs possibilités de nouvelles recettes sont étudiées pour rendre cette trajectoire possible : affectation d’une part plus importante de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE – la taxe appliquée à la pompe pour le gazole et l’essence sans plomb notamment) à l’AFITF, application plus stricte du principe de pollueur-payeur, notamment pour les poids lourds et les utilitaires, moindres subventions aux transports en commun, etc.

 Le scénario 3, avec 80 milliards d’euros en vingt ans à l’AFITF – soit un doublement du budget 2012-2016 – permettrait de réaliser tous les grands projets tout en tenant les objectifs de modernisation de l’existant. Mais « la majorité du conseil s’interroge sur la possibilité d’atteindre un tel niveau de dépenses dans le cadre financier et budgétaire que connaissent actuellement l’Etat et les collectivités territoriales appelées à financer environ à parité ces projets ».

    Plusieurs projets — Lyon-Turin, GCO de Strasbourg, Canal Seine Nord — passés à la trappe


Partant de là, le rapport passe en revue les projets déjà à l’étude et qui ont vocation à être cofinancés par l’AFITF. Mais pas un mot sur le grand contournement ouest (GCO) de Strasbourg, qui a obtenu une prolongation jusqu’à 2026 de sa déclaration d’utilité publique (DUP), malgré l’avis défavorable du Conseil national de protection de la nature. Ceux qui se battent contre des chantiers financés par des sociétés de projet publiques ad hoc – à savoir le Grand Paris Express, le Charles de Gaulle Express et le canal Seine Nord – resteront aussi sur leur faim.

Ce principe exclut également le Lyon-Turin. Le rapport indique seulement qu’il n’y a pas d’urgence à développer les nouvelles voies d’accès au tunnel, en particulier entre Grenay et Saint-Jean-de-Maurienne. « Il semble peu probable qu’avant dix ans, il y ait matière à poursuivre les études relatives à ces travaux qui seront au mieux à engager après 2038 », peut-on lire dans le document.

Mais ce rapport, entre autres chantiers, évoque le sort de plusieurs grands projets inutiles et imposés suivis de longue date par Reporterre.

  • Le Grand projet ferroviaire du Sud-Ouest (GPSO) saucissonné et étalé

Le GPSO consiste en la réalisation d’une nouvelle ligne à grande vitesse (LGV) entre Bordeaux et Toulouse, et d’une autre entre Bordeaux et l’Espagne passant par Dax, pour un total de 417 kilomètres. Mauvaise nouvelle pour les opposants à ce vaste chantier qui menace aussi bien la zone humide du bassin du Ciron, responsable du microclimat du Sauternes, que la forêt du parc naturel régional des Landes de Gascogne : le rapport valide au moins la portion Bordeaux-Toulouse. « Même si dans le cadre des discussions certains membres ont pu s’interroger sur la possibilité de mettre en œuvre d’autres solutions (…) qui permettraient d’apporter une réponse aussi satisfaisante et peut-être moins coûteuse pour la collectivité, le conseil dans son ensemble ne conteste pas l’intérêt d’une liaison à grande vitesse entre la ville capitale et la quatrième métropole nationale et en soutient la réalisation la plus rapide possible. Il exprime en revanche en la matière une position beaucoup plus nuancée pour la ligne nouvelle Bordeaux-Dax. »

Pour autant, selon le conseil, le projet doit faire l’objet d’un phasage et étalé dans le temps. Première étape, s’attaquer aux travaux nécessaires en sortie nord de Toulouse et en sortie sud de Toulouse, dès cette année selon les scénarios 2 et 3, ou à partir de 2028 dans le scénario 1. Ensuite, engager le chantier pour la section Toulouse-Agen sur la période 2023-2027 (scénarios 2 et 3) ou 2033-2037 (scénario 1). S’atteler également à la réalisation de la section Bordeaux-Agen sur la période 2023-2027 (scénario 3), 2028-2032 (scénario 2) ou après 2038 (scénario 3). Les travaux de la portion Bordeaux-Dax, eux, sont repoussés après 2038.

  • La nouvelle ligne Montpellier-Perpignan retardée

Le projet de ligne nouvelle ferroviaire de 155 kilomètres entre Montpellier et Perpignan, apte à la grande vitesse, est censé alléger la section actuelle Montpellier-Béziers, déjà saturée. Ce projet a déjà donné naissance à une aberration, la gare de La Mogère, au sud de Montpellier, bâtie sur des terres agricoles en pleine zone inondable.

Le conseil estime que ce projet « présente des opportunités intéressantes » mais estime irréaliste sa réalisation rapide et suggère la réalisation d’études pour améliorer la circulation des trains sur la portion de voie saturée entre Montpellier et Béziers. Il recommande le report du chantier pour la nouvelle section Montpellier-Béziers à la période 2023-2027 (scénario 3 et 2, selon les priorités retenues) voire 2033-2037 (scénario 1 et 2, selon les priorités retenues). La section Montpellier-Perpignan ne devrait pas voir le jour avant la période 2028-2032 (scénario 3) ou 2032-2037 (scénario 2) et pourrait même être repoussée après 2038 (scénario 1).

  • Le contournement est de Rouen validé

Le projet de contournement autoroutier de Rouen.

Ce projet crée un contournement par l’est de l’agglomération rouennaise en reliant l’A28 au nord (au niveau de Quincampoix) à l’A13 au sud (au niveau d’Incarville), avec un barreau de raccordement à Rouen pour la desserte directe des zones d’activités. « Le conseil s’est montré partagé sur ce dossier qui rencontre une opposition locale forte et soulève des questions importantes d’intégration environnementale  », peut-on lire dans le document. Las, « la situation actuelle [le conseil évoque en annexe du rapport une « congestion quasi permanente des voies d’accès à l’agglomération »] est assez significativement insatisfaisante pour que la poursuite du projet paraisse opportune ». Il est donc recommandé de poursuivre les études et procédures et d’engager le projet dès cette année jusqu’en 2022 (scénarios 2 et 3) ou un peu plus tard, sur la période 2023-2027 (scénario 1).

  • L’A45 soumise à un « débat public multimodal »

Le projet consiste à créer une nouvelle liaison Lyon et Saint-Etienne pour soulager « l’actuelle A47 surchargée et dangereuse » telle qu’elle est décrite dans le rapport. Tant pis pour la centaine d’espèces protégées recensées sur le tracé. La signature du contrat de concession, qui suppose une participation publique de 800 millions d’euros (ou plutôt 1,5 milliards d’euros selon les opposants), est toutefois suspendue. « Ce projet continue de diviser très fortement tant les élus que la société civile de la région Auvergne-Rhône-Alpes », observe le conseil. La commission Mobilité 21, elle, avait pointé le risque que cette nouvelle infrastructure aggrave encore les embouteillages déjà importants aux abords de l’agglomération lyonnaise.

Le rapport recommande donc à l’Etat d’organiser un débat public multimodal dès 2019, dont l’objectif serait d’évaluer et de mettre en cohérence tous les projets de transport du territoire (A45, mais aussi contournement ferroviaire de Lyon et accès au tunnel Lyon-Turin). Et d’attendre les conclusions de ce débat avant de signer le contrat de concession.

 

Hambach


Soirée de Solidarité avec les Hambi9, AZ Cologne, jeudi 1 féb. 17-23 h. Ce jeudi, une soirée pour discuter, écrire des lettres et envoyer des livres et des zines aura lieu au Centre Autonome à Cologne. Le Café sera ouvert à 19h00 tandis que la fabrication de bannières commencera à 17h00 dehors. Apportez des cartes postales, des zines et des livres, de la peinture et des pinceaux et une carte usb ou sd avec des images et du texte au format jpeg qui pourraient convenir aux bannières. https://foret.hambachforest.org/blog/?noredirect=fr_FR

Vendredi 2 février

Le rapport sur les infrastructures plutôt bien accueilli par les associations


Que faire après un rapport qui loue les « mobilités du quotidien » et la fin des grands projets d’infrastructures ? Si les opposants à ces derniers se réjouissent que le document aille dans leur sens, ils ne se contentent pas de ses conclusions. Et entendent bien porter sur le devant de la scène leurs propositions alternatives.


Hier, jeudi 1er février, a été publié le rapport du Conseil d’Orientation des Infrastructures (COI) (infos et téléchargement ici). Présidé par Philippe Duron, le COI annonce, pour reprendre les mots d’Elisabeth Borne, ministre chargée des Transports, lors d’une conférence de presse le même jour, « une rupture historique après des décennies d’une politique des grandes infrastructures, qui avait fini par ne plus prendre en compte les demandes des citoyens ». Finis les grands projets : le tunnel sur la ligne ferroviaire Lyon-Turin, la ligne Montpellier-Perpignan, l’A45 entre Lyon et Saint-Étienne sont retardés ou mis en pause. Place à la « régénération et à la modernisation » de l’existant afin d’améliorer les « mobilités du quotidien », comme le déclarait Emmanuel Macron le 1er juillet, qui envisageait d’« articuler les mobilités entre le TGV, le TER, le transport urbain, le vélo, la voiture ».

Comment expliquer cet apparent revirement du gouvernement ? Karima Delli, membre de la COI et députée écologiste européenne, inscrit le rapport dans la lignée de la COP 21 : « L’urgence climatique nécessite la réduction des gaz à effet de serre émis par le secteur des transports, et le rapport apporte des solutions à la transition écologique. » « Ce qu’il y a de bien dans ce rapport, précise l’élue EELV, c’est qu’il rentre pleinement dans le XXIe siècle, en imaginant des mobilités agréables et du quotidien à la place des grands projets infrastructurels. »

Pour nombre d’opposants à ces projets, c’est surtout l’abandon de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes qui a motivé ce basculement. Pour Laurent Pinatel, représentant de la Confédération paysanne et opposant à l’autoroute A45, « Notre-Dame-des-Landes a amené dans le débat public la question du sur-accaparement des terres agricoles, que l’on prend dorénavant en compte dans les projets d’infrastructures ». Daniel Ibanez, qui se réjouit de la mise en pause du Lyon-Turin, voit également dans Notre-Dame-des-Landes un renouveau démocratique, grâce à la « réappropriation par la population de son droit fondamental d’apprécier, et d’évaluer, les grands chantiers publics ». Un point que rejoint Karima Delli, pour qui « Notre-Dame-des-Landes a donné la méthode du dialogue et l’envie de débattre pour sortir des crispations ».

    Le contournement est de Rouen 

    maintenu pour servir les intérêts locaux 

    de la République en marche ?


Opposant à l’un des rares grands chantiers maintenus, le contournement est de Rouen, Guillaume Blavette considère que le rapport Duron obéit à une logique bien plus politicienne. « Je constate que La République en marche met la priorité là où elle a des ambitions. Il s’agit de servir sa clientèle locale. Si le projet se maintient à Rouen, c’est très certainement parce que le parti espère conquérir la ville et que Sébastien Lecornu brigue la région Normandie. » À l’inverse, « le rapport a bloqué l’A45 et le Lyon-Turin pour faire obstacle à Laurent Wauquiez ».

Néanmoins, Guillaume Blavette remarque des « signes encourageants » dans le rapport, qui reconnaît l’existence de « divergences » au sein des élus locaux, et le « manque de robustesse » du document. « Le rapport prévoit une réalisation immédiate de l’autoroute. Or, d’un point de vue technique, c’est impossible tant que les études, notamment hydro-géologiques, ne sont pas finies. » En outre, le nombre de camions circulant à l’est de la ville est nettement inférieur aux prévisions, ce qui laisse une lueur d’espoir – ironique – au porte-parole du collectif Non à l’autoroute A133-A134 : « Je souhaite bonne chance aux concessionnaires autoroutiers prêts à débourser 500 millions d’euros de leur poche pour un projet qui pourrait leur faire perdre du pognon ! »

Pour autant, si la plupart des mouvements d’opposition à ces grands projets se réjouissent du rapport, aucun ne verse dans l’optimisme béat. Tous réclament l’abandon officiel des projets, et non leur simple suspension. « Il faut abroger la déclaration d’utilité publique pour enterrer définitivement l’A45 et développer l’existant », dit Laurent Pinatel. D’autant que les recommandations prétendument nouvelles du COI proviennent en réalité des arguments des opposants, à l’instar du Collectif des associations de défense de l’environnement (CADE), qui dans un communiqué de presse, s’amuse de la décision de suspendre le grand projet ferroviaire du Sud-Ouest : « Qui a dit cela ? Le CADE, et dès 1992. » D’où une attitude sceptique envers les autorités, qu’énonce avec clarté Daniel Ibanez : « Je n’attends rien de leur part. C’est nous qui portons les faits et les documents. »

          Pour les associations, 

           

          le défi est de devenir 

           

          force de proposition


Cet état d’esprit gagne jusqu’aux promoteurs du vélo, apparemment grand gagnant du rapport. Olivier Schneider, président de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB), note certes « une reconnaissance historique » du vélo dans les mobilités, mais estime le montant alloué – 350 millions d’euros sur quatre ans – « insuffisant ». « Pour mettre en place un système vélo complet et cohérent, assure-t-il, la FUB demande 200 millions d’euros par an ». Le président de la fédération regrette surtout le caractère autoritaire du budget, sur lequel seul le ministère des Transports aura la mainmise : « Imposer aux collectivités des pistes cyclables ne tient pas lieu de pédagogie autour du vélo. »

Dès lors, que faire après le rapport Duron ? Tous les opposants le soulignent : il faut profiter de l’occasion pour « remettre sur la table le débat public, appuyé sur une base documentaire, autour des vraies priorités régionales, dit Daniel Ibanez, et non pas se contenter de choisir entre des solutions toutes faites ».


Passer ainsi de force d’opposition à force de proposition, par exemple en « relocalisant l’agriculture » à la place de l’A45, ou en « retirant un million de camions de la route » dans la vallée de la Maurienne. Et surtout, en changeant les modalités de la gouvernance des infrastructures. Ce que dit Olivier Schneider à propos du vélo vaut pour tous les autres projets : « Un plan vélo conséquent doit intégrer l’ensemble des acteurs du vélo, et non le seul ministère des Transports. Il faut y associer les ministères de la Santé, des Sports, de la Cohésion des territoires, de l’Éducation nationale pour former les enfants, de l’Intérieur pour prévenir les vols, mais également les entreprises, les associations d’usagers et, plus généralement, la société civile. »


L’éolien industriel, faussement écolo mais vraiment répressif

 



L’éolien industriel s’appuie sur un mensonge majeur, affirme l’auteur de cette tribune : il serait une énergie parfaitement « verte », « propre », « renouvelable ». Les mécanismes de ce discours écoblanchissant ont été analysés par les militants de l’Amassada, lieu emblématique de l’opposition à l’éolien industriel. Ils sont exposés à une vive répression.


Jean-Baptiste Vidalou est l’auteur de Être forêts. Habiter des territoires en lutte (Zones, 2017). Il a écrit ce texte pour l’Amassada, lieu emblématique de l’opposition à un grand projet d’éolien industriel à Saint-Victor-et-Melvieu (Aveyron).



Tous les jours, nous entendons la même petite musique : « L’énergie est notre avenir, économisons-la », « L’élec-verte, vous vous y mettez quand ? », « EDF, changer l’énergie ensemble »… Propagande des énergéticiens en tout genre pour nous faire accepter cette idée qu’ils sont et seront les « sauveurs de l’humanité », ceux qui répareront, comme on répare une machine en panne, le climat de la planète. Ceux qui « solutionneront » la hausse dramatique des températures, ceux qui seront les géo-ingénieurs prêts à contrôler une « Nature » devenue trop chaotique. Mais cette caste de grands industriels n’a pas seulement pour but de poursuivre son extractivisme délirant, de produire de l’énergie, toujours plus d’énergie — quoi qu’il en coûte de la vie sur Terre — mais aussi de produire du mensonge. Qu’il y ait, présentement, une transition énergétique menée par les grands groupes du nucléaire, du gaz, du pétrole, paraît tellement grossier qu’il faut un paquet de mensonges bien ficelés pour faire accepter la farce. Le greenwashing opéré par la prétendue transition est maintenant dénoncé sur la place publique. Le dernier livre de Guillaume Pitron, La guerre des métaux rares. La face cachée de la transition énergétique et numérique, en est un exemple : notre mode de vie « high-tech et vert » ne tient que par les chaînes d’extraction de métaux rares dans les mines de Chine. Avec les désastres humains et environnementaux qu’on connaît. Mais ce sont ces « métaux stratégiques », qui rendent possibles la production de toutes nos batteries de voitures électriques, nos iPhone, nos écrans plats, nos tablettes et bien sûr les aimants de nos éoliennes industrielles.

    Un coup de semonce répressif 

     


Emboîtant le pas à cette critique, cela fait plus de trois ans que nous nous mobilisons, depuis l’Amassada, contre ce greenwashing. Trois ans pendant lesquels les mécanismes sordides des grands groupes de l’énergie ont été décryptés. Trois ans d’analyses avec la collaboration d’historiens, d’ingénieurs, de militants, de praticiens, d’artisans, pour montrer que la solution ne viendra pas du « tout électrique », ni des « réseaux intelligents », ni des « objets connectés » que promeuvent EDF, RTE, Enedis et consorts mais bien d’inventions low tech, de politiques de décroissance radicale, d’agroécologie, de constructions autonomes, de décisions locales et en assemblées populaires, d’expérimentation sociale, d’une nouvelle culture collective née de la lutte.

Et c’est sans doute de tout cela, de toute cette dynamique hétérogène et créatrice, que le pouvoir en place veut faire table rase, en donnant un coup de semonce répressif. Car lorsque, le 25 janvier dernier, 13 habitants et habitantes de plusieurs communes du sud de l’Aveyron se voient embarqués par un contingent de plus de 80 gendarmes, au prétexte qu’ils auraient participé au blocage d’un chantier éolien, de quoi s’agit-il sinon d’un coup de semonce ? Un coup de semonce qui annonce les opérations policières pour détruire le hameau de l’Amassada, pour détruire ce qui a été créé depuis trois ans contre l’implantation du méga transformateur RTE.


Le dispositif est connu depuis la criminalisation des mouvements sociaux et le ciblage des militants écologistes par le harcèlement judiciaire. C’est une technique courante depuis la COP21 pour affaiblir les contestations. Ici, dans le sud de l’Aveyron, cinq personnes ont reçu des convocations d’assignation en référé au tribunal de Rodez. Le groupe Théolia-Futuren-EDF EN, maître d’œuvre de ce chantier éolien qui a été bloqué le 12 décembre 2017, demandait à la justice d’interdire à ces cinq personnes un espace comprenant routes et chemins de randonnée autour du chantier éolien de Crassous, et ce pendant 14 mois, sous peine d’une amende de 2.000 euros par heure de présence… Le tribunal de grande instance de Rodez a rejeté, le 1er février, la demande de « référé d’heure à heure » concernant ces cinq personnes, mais en précisant que la procédure est bien applicable pendant toute la durée du chantier. Un coup de semonce donc.


      Des militants poursuivis par une société 

       

      connue pour « ses magouilles boursières 

       

      et les endettements à répétition »

       


La chose est assez cocasse pour être révélée : l’entreprise Théolia se fait d’abord connaître en 2007 par ses magouilles boursières et les endettements à répétition sur le dos de ses petits actionnaires. Elle détient des parcs éoliens en Allemagne, au Maroc, en France, en Italie. En 2015, l’entreprise change de nom pour devenir Futuren, histoire de « tourner la page » de ses déboires financiers, avant d’être rachetée à 60 % par EDF EN en 2017. Et c’est ce groupe Théolia-Futuren- EDF EN, qui fait maintenant appel à la justice pour intenter une judiciarisation de l’opposition à l’éolien industriel… Elle se permet d’embaucher un huissier de justice et un cabinet d’avocats, Green Law (là aussi, on rigole, la « loi verte »…), dont la spécificité est l’accompagnement juridique des projets d’aménagement et des projets éoliens en particulier. Cabinet dont le but clairement annoncé est de simplifier et d’accélérer les procédures d’implantation de l’éolien industriel.

Il est quand même piquant, lorsqu’on connaît les moyens mis en œuvre par les groupes de l’énergie pour masquer aux populations locales leur « prospection » de nouveaux parcs éoliens, d’entendre leurs représentants gloser sur la « concertation nécessaire avec les territoires ». Ce qu’il s’agit très pragmatiquement pour eux d’opérer, et comme le déclare à demi-mot, en janvier 2018, le rapport favorable de la commission d’enquête publique pour le projet RTE de transformateur du sud de l’Aveyron, c’est de faire passer leurs projets d’aménagement comme un sacrifice nécessaire des territoires. « La solidarité nationale, rendue possible par le réseau électrique, et dans le cadre des projets RTE, doit l’emporter sur le nombre des habitants impactés par ces projets dans les territoires ruraux. » Au mépris des habitants s’ajoute donc le vieux chantage de la « sécurisation » du réseau : sans transfo, ce sera la coupure, mon petit monsieur…

Mais ce que RTE fait mine de ne pas comprendre, c’est que la solidarité, eh bien ! elle ne passe pas par des lignes THT. Elle passe à même les rencontres entre les corps, à même la mise en commun de nos idées. Les assemblées de lutte, ici, comme ailleurs, si elles ont pris comme point de départ l’opposition au transformateur et aux éoliennes industrielles qui l’accompagnent, ont été bien au-delà de cette opposition en politisant tous les aspects de la vie quotidienne. C’est évidemment à cette légitimité de s’organiser sans eux, de décider sans ses experts mandatés, que RTE tentera de s’attaquer. Et ils le feront avec la force de ses juristes et de la police. Mais ils trouveront devant leurs machines notre solidarité à nous tous. Seule la lutte transforme.

Pour l’Amassada. sur Reporterre

VISIONNEZ LE FILM « PAS RES NOS ARRESTA »


Ce film retrace l’histoire de l’Amassada et de l’opposition au transformateur électrique à Saint-Victor-et-Melvieu (Aveyron).



    Être forêts, de Jean-Baptiste Vidalou, éditions Zones, octobre 2017, 144 p., 14 €.


Dimanche 4 février


Amassada :

 

Avis de non recevoir pour Théolia et sa filiale : La décision de justice suite au procès de lundi 1er février est tombée : la procédure en référé menée par Théolia contre 5 de nos camarades a été rejetée. Pas de condamnation donc, et une fin de non recevoir pour les plaignants. Même si cette nouvelle semble bonne, elle cache cependant la possibilité pour les entreprises privées de recourir de plus en plus à ce genre de procédure abusive, et en toutes circonstances. Gardons l’œil ouvert sur ces dérives, et ne lâchons rien ! Appel Entier ICI.

"Notre-Dame-des-Landes, et après ?" - Depuis la forêt occupée de Roybon

 


Mercredi 17 janvier 2018

Aujourd’hui on se réjouit, on danse, on se serre dans les bras et on fait tourner la nouvelle : le projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes est abandonné. Ainsi c’est donc possible de bloquer ces foutus « grands projets » ! Et contrairement à ce que dit Retaillleau (sénateur de Vendée et conseiller régional des Pays de la Loire), ce ne sont pas « les zadistes qui ont gagné », ce sont les paysan.nes, les habitant.es, celles et ceux qui se battent depuis plus de quarante ans contre cette absurdité. Ce sont aussi celles et ceux qui, poussé.es par leur révolte, sont allé.es s’installer là-bas et se sont fait paysan.nes à leur tour, habitant.es, gardien.nes. Ce sont ces liens, cette solidarité et cette force dont nous nous réjouissons aujourd’hui.

Le gouvernement a annoncé, en même temps que le retrait de l’aéroport, que « les squatteurs devront partir d’ici le printemps prochain ». Quelle illusion de croire qu’il sera possible d’arracher ces liens, ces vies construites à Notre-Dame depuis plusieurs années et ancrées aussi profondément dans le sol !

Face à ceux qui prétendent décider de nos vies, nous résisterons, comme toujours. Nous serons à Notre- Dame pour défendre la ZAD, nous serons dans les villes pour crier notre colère, nous serons à Bure, à l’Amassade, à Roybon, partout où il faudra lutter. Ce « nous », ce ne sont pas les « mercenaires des luttes  » que dépeignent les médias, ce sont tous ces humains qui ont encore un peu de bon sens. Tou.tes celles et ceux qui sentent qu’il y a un truc qui cloche dans ces projets d’aménagement pharaoniques et polluants, qui brisent nos liens aux autres et au monde.

Nous répétons que l’abandon de l’aéroport ne sera pas l’occasion d’expulser d’autres lieux occupés. Si des négociations sont mises en place à Notre-Dame pour conserver les terres, nous accordons notre confiance à TOU.TES celles et ceux qui y habitent, et nous serons à l’affût de toute tentative de scission ou de traitements inégaux. Nous comprenons le besoin de pérenniser certains espaces, autant que nous comprenons le refus du « retour à l’état de droit » (Puisque l’état central cherche à nous aménager et que son droit n’est pas juste).

Nous rappelons aussi que la construction d’une poubelle nucléaire, d’un méga-centre commercial (Gonnesse) ou d’une LGV (Lyon-Turin) ne sont pas négociables. Ce sera non, toujours non. Partout en fRance des gens se battent, occupent, bloquent des projets absurdes. De ces refus naissent des mondes nouveaux. On bâtit, on cultive, on organise nos vies ensemble. Nous avons cessé de croire que « la croissance va reprendre et le chômage baisser », que « demain ça ira mieux »... Nos vies sont belles MAINTENANT. Nous ne sommes pas dans le refus de tout, bien au contraire : nous défendons un certain rapport aux autres, à la terre et au monde. Nous ne voulons ni « exploiter » ni « aménager », nous voulons « faire avec ». Cela bouleverse tout, de notre intimité jusqu’à notre organisation politique, et c’est pour cela que nous dérangeons.

Ici à Roybon nous étions venu empêcher la construction d’une usine à touristes et la destruction de ce milieu forestier, dénoncer les magouilles de Pierre et Vacances et leurs fausses promesses. Comme à Notre-Dame nous nous sommes installé.es et avons tissé des liens. Et après l’abandon du projet de Center Parcs, nous ne savons pas encore comment, mais nous resterons. Pour continuer à bâtir des vies autres, et pour que cette lutte ne soit pas effacée par l’histoire officielle.

Ceci est un cri de victoire.

Ceci est une invitation à se retrouver à Roybon, à Notre-Dame ou ailleurs.

Ceci est un encouragement à résister, à bâtir, à vivre.


Assemblée de lutte contre Center Parcs
Mardi 6 février


GCO :

De nombreux rassemblements appelés par les opposant.e.s au Grand Contournement Ouest de Strasbourg dans les prochais jours

Ce Mercredi 7 février 2018 rendez-vous devant la préfecture à Strasbourg de 17h à 19h.
A l’appel d’habitant.e.s de la ZAD et militant.e.s du mouvement anti-GCO, nous invitons villageois, paysans et élus impactés ou non, militants du collectif et toutes celles et tous ceux qui n’acceptent pas le déni de démocratie et qui sont d’accord avec nous, à nous rassembler tous les mercredi devant la préfecture* à Strasbourg de 17h à 19h dans un esprit non-violent, pacifiste, mais déterminés : chacun amène de quoi partager un moment convivial. A vos panneaux, banderoles et tout ce qui peut nous faire voir et passer des messages. Soyez imaginatif.

Vendredi 9 février 2018
Une action « Occupe ton rond-point » : à Vendenheim de 17h à 18h30 -infos événement ici

Mercredi 14 février 2018
On remet ça devant la préfecture à Strasbourg de 17h à 19h. A vos panneaux, banderoles et tout ce qui peut nous faire voir et passer des messages. Soyez imaginatif.

Vendredi 16 février 2018 Deux actions « Occupe ton rond-point » programmées :

à Wolfisheim de 17h à 18h30 - Rond-point proche de l’A351 (à côté du Super U) info événement ici
 
à Vendenheim de 17h à 18h30 - Rond-point à l’entrée sud du village - infos événement ici

Vendredi 16 février 2018
au spot de Kolbsheim : projection-discussion-soutien du documentaire « Nous les zadistes RADIS-CO (zad de NDDL) » à partir 19h30 / projection à 20h suivi d’une bouffe-discussion.

Samedi 17 et dimanche 18 février 2018
CARNA’ZAD sur la ZAD du moulin à Kolbsheim. Week-end entre ateliers et moments ludiques.

EUROPACITY :

Nouvelle enquête publique sur le Triangle de Gonesse


Après l’enquête publique de juin dernier préalable à la modification du Plan local d’urbanisme (PLU) par la mairie de Gonesse (Val d’Oise) et malgré l’avis défavorable rendu par le commissaire-enquêteur le 30 juillet 2017, la déclaration d’utilité publique (DUP) se prépare.

Une nouvelle enquête publique concernant la zone d’aménagement concerté (ZAC) du Triangle de Gonesse est donc ouverte jusqu’au 21 février. Elle constitue un préalable aux expropriations devant être mises en œuvre dans le cadre du projet d’aménagement du triangle de Gonesse et de l’enquête parcellaire préalable pour obtenir la DUP foncière.

« Notre détermination pour préparer l’avenir de Gonesse dans le cadre du Grand Paris sera aussi forte en 2018 », a martelé le maire (PS) de Gonesse Jean-Pierre Blazy lors de la présentation de ses vœux à la population le 10 janvier dernier. M. Blazy a précisé que 40 % du foncier avaient déjà été acquis par l’Etablissement public foncier d’Ile-de-France.

Une réunion publique s’est tenue dans une atmosphère pesante le 31 janvier dans la salle municipale, où une trentaine de personnes se réclamant d’un collectif des « vrais gens », arborant des t-shirts noirs « oui au Triangle de Gonesse », ont tenté de peser dans le débat. Seuls quatre élus de Gonesse ont plaidé pour le projet.

Entre la France et l’Italie, un tunnel d’aberrations économiques



Trois recours déposés mercredi 7 février contre le projet de tunnel ferroviaire Lyon-Turin font apparaître des éléments dévastateurs pour ce chantier à 26 milliards d’euros.



Un silence de premier ministre en dit parfois plus qu’un long discours. Lors de sa visite en Savoie en janvier, Édouard Philippe n’a pas prononcé un mot en public sur le projet de tunnel ferroviaire Lyon-Turin. L’encombrant dossier à 26 milliards d’euros, concernant la construction d’un tunnel ferroviaire pour transporter du fret et des personnes sous les Alpes entre la France et l’Italie, a été tenu à distance par Matignon. Il avait pourtant été confirmé par Emmanuel Macron lors d’un sommet franco-italien à Lyon en septembre, sans que de nouveaux appels d’offres ne soient lancés.


L’utilité publique de ce projet pharaonique, fondé par un traité international signé en 2001 par Paris et Rome, n’a jamais autant été remise en cause. Dans un récent rapport, la Commission d’orientation des infrastructures suggère de reporter la réalisation des accès français au tunnel : « La démonstration n’a pas été faite de l’urgence d’engager ces aménagements, dont les caractéristiques socio-économiques apparaissent à ce stade clairement défavorables. » En juillet, la ministre des transports Élisabeth Borne avait annoncé mettre le Lyon-Turin en pause.

Mercredi 7 février, trois recours doivent être déposés contre la prorogation de la déclaration d’utilité publique, datant de 2007 et rallongée de cinq ans en décembre 2017. Des riverains et plusieurs associations saisissent le Conseil d’État et le gouvernement : Vivre et agir en Maurienne, les Amis de la Terre et des particuliers opposants au Lyon-Turin. Ce n’est pas la première fois que le projet franco-italien est attaqué. Mais ces nouvelles procédures font apparaître des éléments dévastateurs pour le dossier : insondable flou des estimations de coût, erreurs abyssales sur les chiffres de fréquentation, absence de financement avéré.
    Où sont les financements du Lyon-Turin ?
Les financements du Lyon-Turin se répartissent entre la France (25 %), l’Italie (35 %) et l’Union européenne (40 %). Pour la France, la somme s’élèverait à environ 2,2 milliards d’euros pour le seul tunnel franco-italien, auxquels il faudrait ajouter 2,57 milliards pour tenir compte de travaux supplémentaires décidés en 2012.

En juillet 2016, inaugurant le chantier, Manuel Valls a annoncé que la France paierait 2,2 milliards d’euros sur dix ans. Mais cet argent n’a pour l’instant pas été engagé par l’État. C’est le ministère des transports qui le reconnaît dans une réponse à la Commission d’accès aux documents administratifs (CADA), saisie en septembre par Daniel Ibanez, opposant au Lyon-Turin, et Raymond Avrillier, ancien élu écologiste de la mairie de Grenoble.


Élisabeth Borne a informé la commission « qu’à ce jour les travaux définitifs de la section transfrontalière n’avaient pas été lancés » et que « les engagements financiers de l’État correspondant à ces travaux n’avaient donc pas encore été engagés ». Sollicité à ce sujet en décembre par Mediapart, le ministère n’avait pas répondu à nos questions. Pourtant, des travaux ont bel et bien commencé (lire notre article). La galerie de reconnaissance de Saint-Martin-la-Porte est en cours de creusement, « dans l’axe et au diamètre du tunnel de base » précise Telt (Tunnel euralpin Lyon-Turin), le maître d’ouvrage, une société publique franco-italienne. Trois descenderies – puits donnant accès au tunnel – ont déjà été réalisées.

Sur quels fonds sont-ils financés ? Un indice apparaît dans le droit de réponse d’un élu local, Michel Bouvard, ancien sénateur et vice-président du conseil départemental de Savoie. Dans le journal La Maurienne, il explique que les travaux actuels sont définitifs et qu’ils ont été « basculés » en travaux de reconnaissance « pour en permettre l’exécution dans les meilleurs délais et bénéficier du financement de 50 % de ces travaux par l’Union européenne ». Définitifs ou provisoires ? La querelle du statut des travaux n’est que la traduction d’une acrobatie budgétaire. Car de son côté, l’Union européenne a accordé 813 millions d’euros de subvention au Lyon-Turin sur l’exercice 2016-2019. 
Mais cet argent ne peut venir qu’en complément des fonds publics nationaux. L’Europe n’a accepté de payer que 40 % des travaux. Il semble qu’aujourd’hui, elle en soit la seule source financière. Surtout, si toute la somme allouée n’a pas été dépensée à temps, elle n’est pas reportée. C’est le principe « Use it or loose it ». Si bien que la France a déposé une demande de prorogation de la subvention jusqu’en 2023.


Ce bricolage budgétaire cache mal une situation financière et juridique périlleuse pour le projet de tunnel. Car le traité franco-italien de 2001 – article 16 – exige la disponibilité des fonds en préalable au lancement des travaux définitifs. Le Conseil d’État prend très au sérieux cette question. En 2016, il a annulé la déclaration d’utilité publique (DUP) de la LGV Limoges-Poitiers car elle ne contenait « aucune information précise » sur son mode de financement, entachant ainsi l’évaluation économique du projet et, in fine, nuisant à l’information de la population.

Interrogée par Mediapart sur l’origine de son financement, Telt nous répond à côté, expliquant que des appels d’offres sont en cours pour les premiers travaux définitifs (tranchée couverte de Saint-Julien-Mont-Denis et puits d’Avrieux). Les contrats de maîtrise d’œuvre du tunnel de base viennent en effet d’être attribués à 13 bureaux d’études, pour une valeur prévisionnelle de 90 millions d’euros, comme l’a expliqué Le Moniteur.
Pour Gwénola Brand, avocate de l’un des recours formés par des opposants à la prorogation de la DUP : « Vous avez le droit de proroger une DUP si les conditions n’ont pas été modifiées. Or elles l’ont été. Le projet n’est plus le même : le tunnel est différent, les coûts sont plus élevés. La Cour des comptes alerte en 2012 et 2016 sur l’explosion catastrophique et inquiétante des coûts de ce projet. »
    Coûts impossibles à déterminer
Ce flou sur la source des financements est d’autant plus incompréhensible que les sommes en jeu sont colossales. Les sommes à payer menacent l’équilibre de l’Agence de financement des infrastructures de France (Afitf), a alerté la Cour des comptes dans un référé en août 2016.


Extrait du rapport des Ponts et chaussées de 2003 sur les infrastructures de transport et le Lyon-Turin


Sur ce graphique, datant d’un rapport de 2003 des Ponts et chaussées et repris en 2009 par la Cour des comptes, on voit nettement « la bosse » de dépenses du Lyon-Turin. En contradiction flagrante avec le discours de l’exécutif sur la priorité aux investissements pour les transports du quotidien.

Mais d’un document à l’autre, les coûts du Lyon-Turin varient. En 2006, l’enquête publique estime que le projet coûtera en tout 16,9 milliards d’euros. Mais le tableau d’investissement présenté dans l’enquête publique sur les accès français au tunnel, en 2012, chiffre le total à 24 milliards (en valeurs 2009). En 2002, Telt estimait le coût du projet à 12 milliards d’euros. Mais en 2012, la direction du Trésor l’a réévalué à 26,1 milliard d’euros. Pour Daniel Ibanez, un des requérants contre la prorogation de la DUP, ce surcoût « doit être regardé comme une modification substantielle de la rentabilité interne interdisant toute prorogation de l’utilité publique ». Il cite l’exemple des travaux d’études et de reconnaissances, chiffrés à 371 millions d’euros en 2002, mais comptabilisés à hauteur de 986 millions d’euros dans le bilan comptable de la société en 2016. Soit trois fois plus.

De son côté, Telt dément le moindre changement : « Les faits sont les suivants : en euros constants, l'estimation du coût de la section sous maîtrise d'ouvrage Telt (tunnel de base et raccordement aux lignes historiques) n'a pas évolué depuis plus de 10 ans. »

Autre aberration : le projet change de forme avec les années et les documents. En 2006, l’enquête publique porte sur la construction d’un  tunnel alors qu’en 2012, la France s’engage pour 33 km de tunnels double tube en plus, appelés Belledonne et Glandon. En 2006, l’enquête publique présente un tunnel de 53,1 km alors qu’en 2012, Telt annonce 57,5 km. Au départ, la section commune part de la ville de Saint-Jean-de-Maurienne, pour ensuite démarrer dans le sillon alpin. Non seulement le projet est incompréhensible, mais ces modifications permanentes sapent l’analyse de la rentabilité socio-économique du projet, qui n’est plus calculée sur le bon périmètre d’investissement, analyse Daniel Ibanez.

Gwénola Brand estime que l’« on trouve dans ce dossier des éléments assez inhabituels. À commencer par le caractère extrêmement vague des coûts du projet, qui varient dans le temps. Si vous lisez aujourd’hui l’enquête publique, vous êtes dans l’incapacité de dire combien va coûter le Lyon-Turin. Vous ne pouvez pas non plus savoir combien de temps le tunnel fera gagner au transport de personnes et de marchandises. On y trouve aussi des éléments très surprenants. Par exemple, le temps de trajet de la ligne en prévision est indiqué sans prise en compte des temps d’arrêt en gare et est comparé avec le temps de trajet actuel avec la prise en compte des arrêts en gare. J’ai rarement vu un dossier aussi orienté dans la présentation de l’intérêt du projet. C’est paradoxal compte tenu de l’ampleur de ce projet et de son coût. On est face à une décision politique ».
    Chiffres de fréquentation gravement erronés
Autre faille béante du dossier : les prévisions erronées de circulations routières et ferroviaires de marchandises. En 2006, l’enquête publique s’attend à 2,8 millions de poids lourds en 2017 dans le trafic des tunnels de Fréjus et du Mont-Blanc. Mais en 2017, n’y passèrent qu’1,4 million de camions, un peu moins de la moitié. Pour le ferroviaire, en 2006, le maître d’ouvrage s’attend à 16 millions de tonnes de fret en 2017 sur l’actuelle ligne de Modane. Mais le maximum constaté a été de 3,5 millions, décrit Daniel Ibanez. Au total, le tonnage de marchandises ayant circulé aux passages routiers et ferroviaires a été d’environ 25 millions de tonnes en 2017, contre 61,1 annoncés par le maître d’ouvrage.

Ces écarts très significatifs entre estimations prospectives et réalité observée faussent le bilan socio-économique du projet, déclaré d’utilité publique. Daniel Ibanez : « Il y a un arbitrage à faire entre la situation réelle et les prévisions de fréquentation ferroviaire et routière du maître d’ouvrage. Elles se sont substantiellement trompées, elles sont hyper exagérées. Résultat : en tenant compte des chiffres réels de fréquentation, le projet ne répond plus aux critères d’utilité socio-économique. »

Les effets de ce type d’erreurs sont très concrets. En 2015, la LGV Perpignan-Figueras a été placée en liquidation judiciaire à cause de ses pertes financières. Le transport de fret n’a atteint que 8 % des prévisions et celui des personnes 15 %, selon le rapport financier SNCF Réseau de juin 2016. 
L’exemple frappe d’autant plus l’esprit que ce tronçon figure dans le même corridor européen que le Lyon-Turin, dont le bassin de population est deux fois moindre. Le prix du kilomètre de ligne était de 24,8 millions d’euros. Si l’on se fonde sur une somme de 10,4 milliards d’euros pour le tunnel de base du Lyon-Turin (57 km), le coût du kilomètre atteindrait 174 millions d’euros.
    Des alternatives qui ne sont pas prises au sérieux par les décideurs
Alors que l’expertise de la haute administration insiste depuis le départ, en 1998, sur l’absence de saturation et la possibilité de renforcer les flux sur les rails existants, les gouvernements l’ont toujours ignoré. En 2003, le Conseil général des ponts et chaussées et l’Inspection générale des finances estiment qu’« il est improbable que les infrastructures existantes soient saturées en 2015 ». Au même moment, Réseau ferré de France (RFF) défend la modernisation des lignes existantes, afin d’améliorer les capacités de transit.

« Contrairement à ce qu’il s’est passé pour Notre-Dame-des-Landes, où jusqu’au bout la DGAC a refusé d’accepter le développement de l’actuel aéroport, pour le Lyon-Turin, depuis le premier jour la haute administration a dit que les lignes actuelles n’étaient pas saturées et répondaient aux besoins », résume Daniel Ibanez.

Dix-sept ans après la signature de son traité fondateur, ce dossier d’aménagement est devenu monstrueux par sa taille et sa technicité. Mais les questions qu’il soulève sont très simples : Qui définit l’intérêt général en fonction de quels critères ? Pourquoi un projet peut-il être modifié après avoir été déclaré d’utilité publique ? Pourquoi les alertes de l’administration n’ont-elles pas été entendues ? Comment expliquer que les gouvernements successifs envisagent de dépenser autant d’argent public pour un tunnel, alors que les voies de transport environnantes ne sont pas saturées ? Toutes les failles démocratiques mises en exergue par les médiateurs au sujet de l’aéroport de Notre-Dame-des-landes (mauvaise information du public, absence d’étude sérieuse d’alternatives, vision biaisée de l’intérêt général) se retrouvent dans le dossier du Lyon-Turin.

Jade LindgaardMédiapart


En Maurienne, le village qui dit non


Privée de ses sources d'eau, menacée par des mètres cubes de remblais : en Maurienne, la commune de Villarodin-Bourget, 520 habitants, paie un lourd tribut à la construction de la ligne ferroviaire. L’opposition au Lyon-Turin s’y organise.


Villarodin-Bourget (Savoie), envoyée spéciale.- L’abandon du projet d’aéroport à Notre-Dame-des-Landes (NDDL) les fait rêver. À quelques kilomètres en amont de Modane, à l’entrée de la Haute-Maurienne, les habitants de Villarodin-Bourget combattent eux aussi un de ces grands projets qu’ils étiquettent « inutiles et imposés » : le Lyon-Turin ferroviaire. « NDDL, c’est un peu une jurisprudence. Peut-être va-t-on arrêter de décider à notre place et enfin s’interroger sur le bien-fondé d’un projet décidé en 1991 sur la base de prévisions de trafics surestimées ? », espère le maire adjoint Philippe Delhomme. Le parallèle avec l’aéroport avorté du Grand Ouest s’arrête toutefois là. Dans les montagnes savoyardes, nulle ZAD pour incarner l’opposition et attirer l’attention des autorités publiques et des médias. Nul signe extérieur d’insurrection. Juste une commune pacifiquement rebelle, la seule de la vallée de la Maurienne à oser s’opposer à ce projet d’une ligne à grande vitesse dont 80 % de l’activité serait consacrée au fret, et qui nécessite le percement d’un tunnel de 57 kilomètres sous les Alpes.

Et pourtant… Les autorités surveillent avec attention Villarodin-Bourget, actuellement recouverte par la neige, tombée en abondance depuis décembre. Fin janvier, Philippe Delhomme a reçu dans son chalet la visite surprise des gendarmes. « Ils avaient appris que j’avais lancé une invitation pour une conférence aux élus italiens NO TAV du val de Suse, raconte celui qui est aussi professeur d’histoire-géographie à Modane. Ils voulaient savoir ce qui se tramait. Ils redoutent qu’une ZAD s’installe ici. » 
  
Le conflit de « la descenderie »

Car Villarodin-Bourget, qui compte 520 habitants (près de 6 000 l’hiver), présente les caractéristiques d’un foyer de contestation potentiel. « Commune support d’ouvrage » pour le chantier du Lyon-Turin ferroviaire, elle est celle qui a le plus souffert des travaux préparatoires, et qui sera, côté français, la plus affectée par le chantier. À l’été 2016, la caravane cycliste contre les « Grands Projets inutiles », partie du val de Suse, y avait d’ailleurs fait étape.

Étendue sur deux versants, la commune est située dans le parc national de la Vanoise. Côté ubac, le village de Villarodin et la station de ski de La Norma ; côté adret, Le Bourget. Et au milieu coule une rivière, l’Arc. Sous la neige, on aperçoit vaguement un terre-plein bétonné, en contrebas du Bourget. C’est l’entrée de la « descenderie », l’objet du premier conflit. Cette galerie, réalisée entre 2003 et 2007 par la société Tunnel euralpin Lyon-Turin (Telt), le promoteur chargé de la réalisation de la section transfrontalière, s’enfonce sous la montagne pour rejoindre le tracé du futur tunnel. En phase de construction, la descenderie sera utilisée pour excaver le tunnel de base et remonter les déblais. Une fois l’ouvrage en fonction, elle servira à la ventilation et à l’accès des équipes de maintenance et de secours.

 Les quatre années de chantier de la descenderie restent un cauchemar pour les habitants : ballet incessant de camions, de jour comme de nuit, tirs de mines, flots de poussière lâchés par l’unité de concassage… « Ils [les promoteurs du Lyon-Turin] avaient dit que les déblais seraient évacués par bande transporteuse, rappelle le maire, Gilles Margueron, mais elle n’a fonctionné que trois mois, ils ont tout transporté en camions. » « Ils avaient promis de ne pas faire de tirs d’explosifs la nuit, mais on était sans arrêt réveillés », ajoute Philippe Delhomme. 

Un beau matin, Villarodin-Bourget s’est aussi retrouvée « à sec », les fontaines taries, tout comme une partie du réseau communal d’eau potable. « En creusant, ils avaient capté les sources qui alimentaient le village », explique le maire adjoint. Telt reconnaît la responsabilité du chantier dans l’assèchement de la commune et, en compensation, construit un aqueduc de cinq kilomètres pour acheminer l’eau d’une source d’altitude, sous le col de la Masse. Mais trop peu minéralisée, celle-ci doit être mélangée à de l’eau venue de La Norma pour être potable.


Pas de quoi rassurer les élus locaux. « La source du col de la Masse n’est pas pérenne car elle provient de névés. Or ici, nous sommes dans le pôle de sècheresse de la Savoie, avec un déficit pluviométrique marqué. S’ils ont préféré financer une nouvelle canalisation plutôt que de nous rendre les sources, avance Philippe Delhomme, c’est qu’ils vont avoir besoin d’eau en quantité phénoménale pour le forage du tunnel et l’avancée du tunnelier. » Une interprétation que Telt rejette vigoureusement. « L’eau ne disparaît pas, rétorque Éric Vaillaut, responsable de la concertation avec les collectivités locales. Elle reste dans le massif. Elle est pompée en permanence dans la descenderie, puis rejoint des bassins de décantation, avant d’être rejetée dans l’Arc. » « D’ailleurs, l’association de pêche de Villarodin utilise les bassins pour élever des truites », souligne-t-il.

Après les poissons, les moutons

Au bord de la rivière, justement, se dresse une drôle de colline aux contours bien réguliers sous la neige : c’est là que Telt a entassé 500 000 mètres cubes de déblais. « Ils avaient promis qu’ils seraient stockés provisoirement puis enterrés ou valorisés pour les voies ferrées », affirme le maire. Malgré l’opposition vigoureuse des habitants et de la direction du parc de la Vanoise, le dépôt est resté « dans une zone à fort risque d’inondation ». « On ne peut plus s’en débarrasser car la butte a été terrassée, végétalisée », soupire l’élu. Là encore, Telt se défend en jouant la carte écolo. Après les poissons, les moutons : « Aujourd’hui, grâce au succès de la revégétalisation du site, des agriculteurs y font paître leurs troupeaux », vante Éric Vaillaut.

La commune n’en a pas fini avec les avanies : Telt va implanter la zone de chantier du tunnel de base dans le secteur des Moulins, un terrain composé de dizaines de parcelles de jardins en cours d’expropriation. « On aura une carrière à ciel ouvert au cœur des trois villages et cela durant dix à quinze ans, sans parler du défilé des camions, déplore Gilles Margueron. Pour nous qui vivons essentiellement du tourisme, c’est un coup dur. » Les élus s’opposent aussi à l’ensevelissement de la commune sous le monceau de déblais que Telt leur réserve : 3 à 4 millions de mètres cubes devraient être entreposés sur une zone aujourd’hui recouverte de pins sylvestres. « Telt va revaloriser un maximum de déblais, sous forme de granulats pour le béton ou les chaussées, minimise Éric Vaillaut. Notre objectif n’est pas de les mettre en tas. »


Les élus de Villarodin ont beau se battre pied à pied contre le projet, ils enchaînent les défaites : malgré une majorité de voix contre, qui se sont exprimées durant l’enquête publique en 2010, et la preuve apportée que les enquêtes d’impact environnemental avaient été bâclées, le préfet délivre la déclaration d’utilité publique. La commune écope des déblais honnis. « On a été obligé par l’État d’inscrire dans notre plan local d’urbanisme une zone réservée Lyon-Turin », se résigne le maire. Conséquence, Telt peut racheter les terrains expropriés pour une bouchée de pain : « De 50 centimes d’euro le mètre carré pour la bonne terre des jardins de la zone des Moulins, on a seulement obtenu de monter à 2 euros », ajoute Gilles Margueron, amer.


Longtemps, la majorité des habitants et des élus ont été favorables au Lyon-Turin, se souvient l’élu, qui dirige l’école de ski de La Norma. « On pensait que c’était la bonne solution pour délester l’autoroute des camions. À vrai dire, on ne savait pas grand-chose du projet », reconnaît-il. En Maurienne, les habitants sont plutôt taiseux sur le sujet. « Ils ne bougent pas tant qu’ils n’ont pas un caillou dans leur jardin, regrette le maire. Alors que le projet concerne toute la région, les Alpes ! »

Le fatalisme résigné d’une vallée habituée aux grands chantiers imposés par l’État – des barrages hydroélectriques à la construction du tunnel du Fréjus, puis l’autoroute de Maurienne – le dispute à l’espoir d’une manne économique. Telt fait miroiter la création de 6 000 à 10 000 emplois directs et indirects sur les dix ans que durera le chantier de construction du tunnel, dont une majorité sera réservée aux Mauriennais. « Mais quid des emplois qui seront supprimés ? » interroge Philippe Delhomme, qui évoque, à titre d’exemple, la fermeture annoncée des gares de Modane et de Saint-Michel-de-Maurienne.


Pour garder sa liberté d’expression et de contestation, le conseil municipal a décidé de bloquer l’argent issu de la vente de terrains communaux expropriés sur un compte à la Caisse des dépôts. « On n’y touchera pas, assure le maire. On ne veut pas collaborer au chantier. » Dans cette même logique, les élus ont aussi voté le refus des aides et compensations financières que Telt distribue aux communes de Maurienne. Un fonds d’accompagnement et de soutien territorial (Fast) de 32 millions d’euros, mis en place par l’État en 2015, est géré par Telt pour les mesures compensatoires et l’aide au développement territorial. Quant au « contrat de territoire » Grand Chantier signé en 2016 par l’État, la Région, le département de la Savoie et le syndicat du pays de Maurienne, il alloue, d'ici à 2020, 40,7 millions d’euros à l’accompagnement du chantier et du territoire.aver le tunnel de base et remonter les déblais. Une fois l’ouvrage en fonction, elle servira à la ventilation et à l’accès des équipes de maintenance et de secours.


« Comment voulez-vous que les communes osent s’opposer ensuite ? » interroge Philippe Delhomme. Même Villarodin-Bourget a cédé une fois au rouleau compresseur de la tentation, confesse Gilles Margueron : « On a accepté de l’aide pour la construction de la maison d’assistance maternelle. » Une petite brèche qu’Éric Vaillaut ne manque pas de souligner : « Villarodin-Bourget a profité du Fast pour ce projet. On sait que le maire ne nous aidera pas, précise-t-il. Mais on continue de discuter avec lui. »


À Villarodin-Bourget, l’opposition s’est initialement cristallisée autour des nuisances, « sur la seule défense de notre territoire », reconnaît Gilles Margueron. Lorsqu’il est élu, en 2008, avec une équipe municipale opposée au Lyon-Turin, mais isolée dans la vallée, il cherche du soutien auprès des NO TAV du val de Suse, qui connaissent le projet sur le bout des doigts. Les élus rencontrent aussi la figure de la coordination française contre le Lyon-Turin, Daniel Ibanez. « Là, on a compris qu’on nous avait menti : le trafic des camions dans la vallée n’a pas été multiplié par cinq, comme on nous l’annonçait dans les années 1990, et il y a bien une solution alternative avec la ligne ferroviaire existante », résume Philippe Delhomme.


« Les élus de Villarodin-Bourget ont constaté que claquer 26 milliards pour ce projet, c’est irresponsable, confirme Daniel Ibanez. Les prévisions des promoteurs du Lyon-Turin tablaient sur un trafic de 2,7 millions de poids lourds par an entre la France et l’Italie. Aujourd’hui, en cumulé aux tunnels du Mont-Blanc et du Fréjus, il n’en passe que 1,36 million. Depuis vingt ans, tous les services de l’État – du Conseil général des ponts et chaussées à l’Inspection générale des finances – dénoncent ces hypothèses de trafic surestimées et rappellent que la ligne ferroviaire existante sous le tunnel du Fréjus n’est ni saturée ni obsolète. »

À Villarodin-Bourget, la contestation a mûri au fil des années, passant du « nymbisme » à l’opposition franche et globale. La commune remet aujourd’hui en cause l’utilité publique même d’un projet pharaonique et irréversible, une fois le tunnel sous les Alpes creusé. Les préconisations du rapport Duron, remis au gouvernement jeudi 1er février, ont de quoi les réjouir. Si la ligne ferroviaire en elle-même – projet hautement politique et diplomatique puisque relevant des relations entre la France et l’Italie – n’est pas remise en cause, le rapport Duron égratigne sa justification, à savoir les prévisions d’augmentation du trafic de fret entre les deux pays. « Les caractéristiques socio-économiques apparaissent à ce stade clairement défavorables », écrit le COI. Il en conclut que les travaux d’accès au tunnel transfrontalier seront au mieux « à engager après 2038 »


Eliane Patriarca (Médiacités) sur Médiapart

Côté italien, le débat s’est émoussé



Plutôt absente de la campagne électorale, la question de la ligne Lyon-Turin pourrait resurgir de plus belle après le vote du 4 mars. Surtout en cas de victoire du Mouvement 5 étoiles, dont le chef de file a dit vouloir bloquer le projet.


C’est un peu Notre-Dame-des-Landes en version transalpine. Le chantier le plus controversé du pays. En Italie, la question de la construction de la ligne ferroviaire à grande vitesse Lyon-Turin (appelée TAV, Treno Alta Velocita) a longtemps été au centre des débats. Voilà une vingtaine d'années que les habitants du val de Suse protestent contre ce projet et, depuis cette région du Piémont, le conflit s'est déplacé vers les hautes sphères de la politique, où les positions divergent.

Historiquement, les partis de droite et le Parti démocrate (PD) sont favorables à la TAV, alors que la gauche plus critique y est opposée. Mais l'opposition à la construction de la ligne Lyon-Turin a surtout été un cheval de bataille du Mouvement 5 étoiles. Depuis toujours opposé au projet, le M5S voit dans la TAV le symbole même de ces « grands travaux inutiles » qui coûtent cher et n'apportent rien au pays. Beppe Grillo lui-même s’est rendu plusieurs fois dans le val de Suse d’où, en 2011, il avait harangué les manifestants NO TAV avec des déclarations au vitriol : « Ici, l’État est en train de tester la dictature… ce que nous sommes en train de faire, c'est une guerre civile. » 
 
Depuis les élections législatives de 2013, l'attention médiatique autour de la construction de la ligne Lyon-Turin est progressivement retombée. La question est absente de la campagne électorale. Mais tel un vieux serpent de mer, elle devrait bientôt resurgir. Si la coalition de droite (formée par Forza Italia, la Ligue du Nord et Fratelli d'Italia) remportait le scrutin du 4 mars, nul doute que le projet continuerait. Durant ses deux mandats de président du Conseil (de 2001 à 2006 et de 2008 à 2011), Silvio Berlusconi a poursuivi le projet de la TAV.

Pour ce faire, il a toujours été appuyé par ses alliés de la Ligue du Nord et ce, même si des politiques du parti fédéraliste ont parfois émis des réserves sur la TAV. C'est le cas de l’actuel leader de la Ligue du Nord, Matteo Salvini lui-même, qui déclarait en 2015 que, s’il était au gouvernement, « il y aurait un référendum car il revient toujours aux citoyens de décider ». Une affirmation qu’il faut remettre dans son contexte, puisque Salvini avait fait ces déclarations alors qu'il se trouvait au Piémont, à une époque où l'alliance avec Berlusconi n'était pas encore scellée.

Dans l’éventualité d'un gouvernement mené par le Parti démocrate, là aussi, le projet de la TAV devrait se poursuivre. En 2013, Matteo Renzi écrivait dans son livre Oltre la rottamazione (Au-delà du renouvellement) que « la TAV risqu[ait] d'être un investissement hors d'échelle et hors du temps » et parlait « d'ouvrage inutile ». Mais depuis, de l'eau a coulé sous les ponts puisque sous son mandat, le projet a bel et bien continué. Le programme du PD pour ces élections ne cite pas directement ce dossier mais, en l'état actuel des choses, rien n'indique que les démocrates pourraient changer d'opinion sur la question.

Pour les opposants au projet, l'espoir réside donc surtout dans un éventuel exécutif 5 étoiles ; afin de balayer tous les doutes, le 10 septembre dernier, Luigi Di Maio, chef de file du Mouvement, déclarait que « si nous gouvernons, nous bloquerons la TAV ». Mais si à première vue la ligne du M5S semble claire, force est de constater que le programme du Mouvement version 2018 ne mentionne pas l’arrêt de la TAV. On y parle « de mettre un terme à la période des grands travaux inutiles », mais sans citer explicitement la ligne Lyon-Turin. Un détail peut-être, mais le programme du 5 étoiles en 2013 stipulait lui, noir sur blanc, la volonté d’« arrêter immédiatement la TAV dans le val de Suse ».

Malgré cet “oubli”, difficile de croire que le Mouvement 5 étoiles n’arrêterait pas la construction de la ligne Lyon-Turin en cas de victoire aux élections. En ce sens, la nouvelle candidature au siège de sénateur, dans les listes du M5S piémontais, du militant NO TAV Marco Scibona représente un message clair. En réalité, le vrai problème pour Di Maio consistera à trouver une majorité parlementaire pour arrêter le projet. Les voix du M5S ne suffiront sûrement pas ; mais alors, vers qui se tourner ?

Il faudra nécessairement regarder à gauche du PD, mais la liste Libres et égaux ne semble pas faire de l'arrêt de la TAV une priorité, puisque celle-ci n'est jamais citée directement dans son programme, même si l'on y déclare que les investissements publics doivent être « diamétralement opposés à la logique des grands travaux ».

Finalement, le seul mouvement qui se présente aux élections en citant explicitement la ligne Lyon-Turin dans son programme est Potere al Popolo (« le pouvoir au peuple »). Ici, il est écrit noir sur blanc qu'il faut aller vers « un arrêt des grands travaux, en commençant par la TAV en val de Suse ». Par ailleurs, le mouvement présente, dans la circonscription du Piémont, la candidate Nicoletta Dosio, une militante NO TAV de longue date. Néanmoins, si l'on se fie aux sondages, Potere al Popolo a peu de chances de faire élire des représentants au Parlement lors des prochaines élections. Après le 4 mars, le Mouvement 5 étoiles risque donc de se retrouver sans alliés dans sa bataille contre la ligne Lyon-Turin. Une situation qui ne fera pas peur au Mouvement, lequel a jusqu'ici construit son succès grâce à ses batailles menées en solitaire.

Beniamino Morante - Médiapart

Dimanche 11 février

Après NDDL, maintenant Bure !


Il est clair que le gouvernement se servirait bien de la vitrine de l’abandon de l’aéroport à NDDL pour avancer au bulldozer sur les autres grands projets inutiles et imposés comme Bure, étouffer la lutte sous la pression policière et l’asphyxie judiciaire. Nous appelons à un week end de mobilisation le 3-4 mars 
 



Au lendemain de la fête pour l’abandon de l’aéroport à Notre dame des Landes le 11 février, alors que nombre d’opposants à la poubelle nucléaire CIGEO étaient parties dans l’ouest, une dizaine de gendarmes s’engouffraient au petit matin dans le bois Lejuc. Travail de reconnaissance pour une future expulsion ou simple provocation ?


Ce qui est certain, c’est qu’ici à Bure, la tension monte autant que la lutte s’accroît et se renforce. Les prochains mois vont être déterminants. Des rumeurs courent dans le Canard enchainé que Macron souhaiterait expulser la zone au printemps en même temps que Roybon. Les procès s’enchainent : mi janvier un camarade a été condamné à un mois de prison ferme pour rébellion au cours de la perquisition que nous avons subi. Il avait refusé de se lever de son lit. C’est historique. C’est la première fois qu’un ami prend du ferme. Le 13 février, deux opposants seront également jugés pour la destruction du mur illégal construit par l’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs en aout 2016. Cet acte de sabotage collectif et joyeux avait ouvert la voie à l’occupation du bois Lejuc pour stopper les travaux de la poubelle nucléaire. Plus généralement, plane au dessus de nous le délit d’association de malfaiteurs. Une peine qui peut valoir jusqu’à 10 ans d’emprisonnement. Est-ce à ce prix là que nous devons payer notre engagement contre l’un des projets les plus nuisibles de notre époque ?

Il est clair que le gouvernement se servirait bien de la vitrine de l’abandon de l’aéroport à NDDL pour avancer au bulldozer sur les autres grands projets inutiles et imposés, étouffer la lutte sous la pression policière et l’asphyxie judiciaire.

Nous devons être vigilant.e.s. La conflictualité et les projecteurs médiatiques vont peu à peu se déplacer d’ouest en est. Bure sera sans aucun doute la seconde manche dans cette bataille que nous menons corps à corps contre l’État et les aménageurs. Les autorités seront mieux armées que dans le bocage nantais, ils auront eu le temps de mûrir leur premier échec et seront renforcés par le poids du lobby nucléaire.

Face à ces menaces, nous devons répondre par un sucroit de solidarité et se préparer à défendre ardemment le bois Lejuc. Partout en France, des copain.e.s s’organisent, construisent des cabanes, relayent, informent pour contrer la propagande de l’industrie atomique. Le mouvement ne cesse de grandir depuis plusieurs années, et sur place nous n’avons jamais été aussi nombreux, combien serons nous demain ?!

Nous appelons à venir à Bure le week-end du 3 et 4 mars pour marcher vers la forêt et montrer notre soutien aux occupant.e.s du bois
Dimanche 11 février

Syrie


Retour en images sur la mobilisation à Paris samedi, contre le gouvernement turque et les pratiques meurtrières d’Erdogan, notamment sur Afrin, commune de Syrie du Nord. Pour plus d’infos sur ce qu’il se passe à Afrin, ça se passe (entre autres) par ici.


Infos du 12 au 18 février

Mardi 13 février

À Bure, l’État harcèle les opposants à la poubelle nucléaire


Deux procès d’antinucléaires s’ouvrent aujourd’hui mardi à Bar-le-Duc. Ils sont l’écume de vagues répétées d’inculpation sous les prétextes les plus divers. L’objectif de cette stratégie judiciaire est de faire taire les opposants à la poubelle nucléaire de Bure.




Ce mardi 13 février au tribunal correctionnel de Bar-le-Duc (Meuse) se joue un nouvel épisode dans la bataille judiciaire que semblent mener les pouvoirs publics contre les opposants à la poubelle nucléaire de Bure.

Deux procès, trois accusés, qui viennent s’ajouter à la longue liste des interpellés, gardés à vue, mis en examen, condamnés. Premier volet de cette énième audience, deux sexagénaires, retraités et militants historiques de la lutte antinucléaire, comparaissent pour dégradation du bien d’autrui commise en réunion et refus de prélèvement ADN. D’après l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), à l’origine de la plainte, ils ont activement participé le 14 août 2016 à l’abattage d’un mur dans le bois Lejuc, censé protéger la zone où elle projetait alors de réaliser les travaux préparatoires au chantier de Cigéo.

Comme l’avait raconté Reporterre, ce jour-là, 400 personnes se sont livrées à « un acte de sabotage collectif et joyeux », renommé poétiquement « la chute du Bure de Merlin ». Trois générations étaient présentes, des locaux, des militants historiques, des jeunes, des paysans, certains masqués, d’autres non, contre ce mur devenu le symbole du passage en force de l’Andra. Quelques semaines plus tôt en effet, le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc avait condamné les défrichements illégaux de l’Andra et enjoint l’agence à réhabiliter la forêt dans un délai de six mois.

     « Des centaines de mauvaises photos pixelisées prises par hélicoptère ne veulent rien dire »


Pourquoi alors cibler deux personnes en particulier parmi les centaines présentes ?

D’après le ministère public, les deux prévenus ont été identifiés grâce à des photos prises depuis un hélicoptère de la gendarmerie : « Un était vu en train de tirer sur une corde afin de faire tomber des éléments du mur, l’autre apparaissait en train de donner des directives », a détaillé Olivier Glady, procureur, à nos confrères de L’Est républicain.. L’Andra a chiffré les dégâts à 1,6 million d’euros.

Pour Me Ambroselli, l’avocat des deux opposants, « ce procès vise, en désignant deux boucs émissaires, à diviser l’ensemble du mouvement. Ils ont choisis de poursuivre non pas des “casseurs”, non pas des “zadistes”, mais deux retraités connus comme le loup blanc, engagés de longue date, pour faire peur à tous les militants associatifs », analyse-t-il. Une opposante abonde : « Ce qui gêne les pouvoirs publics, c’est cette union entre des citoyens qui privilégient les moyens légaux de lutte, avec d’autres, plus tournés vers la désobéissance civile. » Faire peur pour faire taire, attaquer en justice pour diviser sur le terrain.


Car, pour étayer les faits, le dossier pénal parait bien mince : « Des centaines de mauvaises photos pixelisées prises par hélicoptère ne veulent rien dire, estime Me Ambroselli. S’il faut condamner toutes les personnes qui étaient présentes le 14 août, on n’a pas fini d’avoir des procès ! » Une membre de l’équipe juridique de la lutte anti-Cigéo, qui a épluché le dossier, approuve :« Ce n’est pas à nous de faire la preuve de notre innocence. Il n’y a pas d’élément à décharge dans ce dossier ; nulle part, il n’y est fait mention de l’illégalité du défrichement, de la remise en cause de la propriété de l’Andra sur le bois. » Sur cette affaire comme sur les autres, l’Andra n’a fait aucune communication, préférant « ne pas commenter les procédures en cours ».

Ce mardi sera jugé un autre opposant, un Meurthe-et-Mosellan de 22 ans poursuivi pour diffamation. Dans un témoignage livré au site Mediapart, il avait accusé un commandant de gendarmerie de l’avoir étranglé lors d’une manifestation le 18 février 2017.

Voici ce qu’il écrivait à propos de sa participation à la manifestation du 18 février, au cours de laquelle des grilles entourant les bâtiments de l’Andra ont été mises à terre : « J’ai voulu faire tomber une grille de plus, alors que le groupe se repliait (…) Malheureusement, j’ai fini plaqué au sol par un gendarme. L’interpellation a duré plusieurs longues minutes. Je n’arrêtais pas de leur parler, d’exprimer l’indignation contre ce projet (…) Mais le commandant Dubois est venu redonner par sa présence la force de la soumission qu’incarne sa supériorité hiérarchique. J’ai continué tout de même à parler, le commandant m’a étranglé pendant plusieurs longues secondes pour que je me taise. Je ne pouvais ni respirer ni parler. Des marques de strangulations seront notées par le médecin pendant ma garde à vue. » À la suite de cette déclaration, le commandant Dubois a porté plainte pour diffamation.

    « Tout devient prétexte à jugement : ainsi, on nous construit des carrières judiciaires » 


Dégradation en réunion, diffamation : des procédures « ordinaires », pourrait-on dire. Si ces deux procès cristallisent autant l’attention — un grand rassemblement est prévu devant le tribunal avec le soutien de plusieurs partis et organisations syndicales ou associatives —, « c’est qu’ils reflètent le tournant judiciaire de la répression et la criminalisation du mouvement », estime Jean-Marc Fleury, de l’association des élus de Lorraine et Champagne-Ardenne opposés à l’enfouissement des déchets radioactifs (Eodra). En un an, près de quinze procès contre des opposants anti-Cigéo ont eu lieu, donnant lieu à des condamnations à des amendes ou à de la prison avec sursis. Lors de la première audience de l’année, le procureur de la République Olivier Glady a d’ailleurs prévenu qu’il n’était pas question « qu’une partie du territoire de la République échappe à l’application des règles de droit ».

En janvier, un militant, vivant à la Maison de la résistance à Bure lors de la perquisition du 20 septembre 2017, a écopé d’un mois de prison ferme pour rébellion et refus de test d’alcoolémie. « C’est tombé sur moi, mais ça aurait pu être n’importe qui d’autre, observe-t-il. Les gendarmes m’ont réveillé à 6 h du matin, ils m’ont bousculé, emmené manu militari. Oui, je me suis cogné la tête contre un mur, j’ai refusé le contrôle, je n’ai rien déclaré pendant la garde à vue, mais je ne suis coupable de rien ! C’est absurde, on n’a jamais vu une condamnation aussi lourde pour aussi peu de choses. » 
 


Certains sont convoqués pour refus de prélèvement d’ADN, d’autres pour outrage. En mars prochain, un opposant connu pour cultiver un grand jardin sera jugé pour « port d’armes » : dans sa camionnette, les gendarmes auraient trouvé… une pelle à tarte, un câble électrique et deux opinels.

« À défaut de nous reprocher des faits concrets, on se retrouve à devoir répondre d’un véhicule mal garé ou pour une pelle à tarte, note un opposant qui préfère rester anonyme. Tout devient prétexte à jugement : ainsi, on nous construit des carrières judiciaires. Nous devenons connus de la justice, connus de la police, et donc suspects de tout. Nous nous retrouvons ainsi la cible de la surveillance et de la répression. » Ainsi, cette jeune femme qui, lors d’un banal contrôle d’identité dans une gare, découvre qu’elle est fichée S et est donc signalée comme « en lien avec des mouvements violents ». Son tort : être passée à Bure.

Un harcèlement judiciaire qui pourrait s’intensifier dans les mois à venir, à la suite de l’enquête pour association de malfaiteurs lancée dans la foulée des dégradations commises à l’hôtel-restaurant de l’Andra à Bure en juin dernier. Dans ce cadre, cinq perquisitions ont été menées dans des domiciles d’opposants en septembre, et les convocations en audition libre se sont succédé. « Nous avons de bonnes raisons de penser que ces convocations vont aller en s’intensifiant au cours de l’année 2018 et qu’elles visent à nourrir une procédure bien plus lourde destinée à étouffer la lutte avec sa judiciarisation et une intimidation policière », écrit l’équipe juridique du mouvement. « L’association de malfaiteurs institue un cadre pervers, car tout le monde peut se retrouver dedans : les associations qui aident financièrement, les gens qui hébergent, les agriculteurs qui prêtent du matériel. Cela crée une psychose car tout ce que nous faisons et déclarons peut être retenu contre nous », observe un militant qui s’est penché sur la question.

    En parallèle, la pression policière s’intensifie à Bure et alentour


Pour les associations antinucléaires, « ce dispositif judiciaire s’appuie sur une motivation politique qui a pour objectifs de décourager les personnes de plus en plus nombreuses rejoignant le mouvement antinucléaire et de construire de toutes pièces une grossière image d’organisation préterroriste, d’un dangereux réseau de militant-es écologistes français et même étrangers ». Face à « cette pluie de convocations », elles ont lancé une pétition et un appel à la mobilisation dénonçant « une campagne de diabolisation, uniquement destinée à justifier une répression de plus en plus lourde » : désormais, « tout est prétexte à nous convoquer, devant les gendarmes jusqu’aux tribunaux. On nous filme, on nous fiche, on prend nos empreintes digitales et notre ADN, on perquisitionne nos outils de communication et nos maisons, on nous surveille : on nous harcèle. » 
 
En parallèle de la judiciarisation de la répression, la pression policière s’intensifie à Bure et alentour. Au bois Lejuc, les opposants voient arriver chaque semaine des gendarmes agressifs : « Certains nous lancent des insultes homophobes, nous provoquent, ils urinent sur les barricades », témoigne l’un des habitants. Plusieurs personnes nous ont par ailleurs indiqué qu’une équipe de gendarmes de Toulouse aurait explicitement fait référence à la répression menée à Sivens afin d’intimider les opposants. Pour les gens du coin, il est devenu impossible de se déplacer sans être contrôlé, filmé, photographié. Un habitant de Bonnet, à quelques kilomètres de Bure, nous fait part de sa lassitude : « Des véhicules banalisés s’arrêtent régulièrement devant chez moi. Pourtant, ils ont déjà pris des dizaines de photos, connaissent ma plaque d’immatriculation par cœur. Que veulent-ils de plus ? » Comme d’autres, il a pris l’habitude lui aussi de filmer et de photographier ces intrusions. « Témoigner de ce que nous vivons, c’est notre meilleure réplique », assure-t-il.

Pour le moment, loin de se scinder, le mouvement semble avoir gardé sa farouche détermination et son sens de l’humour : ce mardi, des places pour assister à « la comédie andra-matique Les inculpés du mur, au théâtre de la Justice, par la compagnie Les hiboux de Bure » seront distribuées. 
 



Mercredi 14 février

Bure : « Nous sommes tous des tombeurs de mur »



Audience très politique, mardi 13 février, au tribunal de grande instance de Bar-le-Duc, où étaient jugés deux hommes pour la démolition d’un mur érigé par l’agence des déchets nucléaires dans une forêt de la Meuse, ainsi qu’un troisième militant, pour la publication d’un billet de blog sur Mediapart.



Bar-le-Duc (Meuse), envoyée spéciale.-  C’est mardi gras et dans la salle d’audience correctionnelle du tribunal de grande instance de Bar-le-Duc, la métaphore animalière hante l’esprit du procureur de la République, Olivier Glady. Le tribunal juge ce matin-là deux hommes retraités, tous deux prénommés Christian, militants antinucléaires accusés d’avoir participé en août 2016 à la démolition du mur de béton que l’agence des déchets radioactifs, l’Andra, avait érigé dans le bois Lejuc en prévision de travaux de reconnaissance liés au projet de centre d’enfouissement des rebuts nucléaires, Cigéo.


Ils sont poursuivis pour dégradation de bien d’autrui et refus de prélèvement ADN. Lors de la destruction des plaques de béton, plusieurs centaines de personnes étaient présentes, dont une grande partie arboraient des masques de hibou, l’animal totem des défenseur·e·s de la forêt et opposant·e·s au centre de déchets nucléaires. « Les fameux hiboux, qu’est-ce qu’ils assument ?, tonne le procureur. Je ne vois devant le tribunal que deux prévenus qui ont eu la maladresse ou l’imprévoyance de ne pas se masquer. Les 198 autres sont bien planqués. S’ils sont dans la salle, je veux bien m’asseoir quelques minutes pour les laisser s’avancer. Si ce sont des volatiles, plutôt que des chouettes de Minerve, ce sont des nuées de moineaux qui s’envolent dès que les gendarmes arrivent. »

Les travées de la petite salle du tribunal débordent de monde. Beaucoup de militant·e·s, plutôt jeunes, et aussi une rangée de gendarmes en uniforme assis dans le public. Cinq heures d’audience, et un face-à-face se construit peu à peu entre le procureur de la République et les opposant·e·s assis·e·s dans la salle, dont certain·e·s participent à l’occupation du bois Lejuc. L’huissier fait régner l’ordre dans les bancs, intime le rangement de quelques téléphones portables et escorte vers la sortie les personnes jugées trop bruyantes par le juge.

Lucie Simon, avocate des prévenus : « Ceci est un procès politique. La manière dont l’enquête a été menée est à charge. Il y a une confusion entre l’État nucléaire et le procureur de la République. » Ce dernier lui répond directement : « J’apprends aujourd’hui que je suis un vassal de l’État nucléaire », mais « quand le ministère public agit en rapport avec une poursuite, c’est une action positive ». Il tient ensuite à « restaurer son honneur » en affirmant avoir « infligé » de nombreuses plaintes sans suite à l’Andra et aux gendarmes : « Pour une poursuite ouverte, il y en a cinq ou six sans suite », décompte-t-il.

Christian Vincent et un militant anti-Cigéo, le 13 février 2018 (JL)
 
Dans son réquisitoire, il explique : « Quand j’ai pris la décision de mener ce dossier à terme, je me doutais que cela secouerait la sphère des opposants, en raison de sa dimension symbolique. Il ne faudrait quand même pas comparer le bois Lejuc au mur de Berlin et au rideau de fer… » Sa haute silhouette, légèrement voûtée, domine depuis son estrade les deux prévenus qui paraissent tassés sur leur siège et le regardent, l’air soucieux.


Un peu plus tard, il critique à haute voix les militant·e·s anti-Cigéo qui « se font justice eux-mêmes » : « Qui les a désignés ? Quelle est leur légitimité électorale ? Je ne me souviens pas avoir jamais été consulté sur la désignation de gardiens. Qui vous a instaurés nos gardiens ? »


Les deux hommes jouent, eux aussi, une partition très engagée. Exerçant leur droit au silence, ils refusent de répondre aux questions du juge et lisent chacun une déclaration. « Je ne suis pas coupable, je n’ai pas dégradé le mur. Oui, j’étais dans les bois. Je suis fier de cette action et je m’y associe », explique Christian Vaugin. « La Meuse n’a-t-elle pas assez de tombes qu’il lui faille en plus un tombeau radioactif ? » Quant à son refus de prélèvement ADN, il explique : « Quand on m’a présenté les photos, au premier regard j’ai compris que ce n’était pas moi. J’ai accepté qu’on prenne ma photo et mes empreintes mais pas l’ADN, trop intrusif dans mon intimité. » Christian Vincent est aussi catégorique : « Je déclare ne pas avoir participé à cette démolition. Par contre, je salue ceux qui l’ont fait. » Les discours sont salués par de longs applaudissements. Ils suscitent la colère de l’avocate de la partie civile : « Le tribunal n’est pas une tribune. Quand je parle, on me demande de parler plus fort. Mais on n’est pas dans une salle de spectacle ! »

Devant le tribunal de grande instance de Bar-le-Duc, 13 février 2018 (JL).

Leur témoin, Jean-Marc Fleury, président d’Eodra, l’association des élus contre l’enfouissement des déchets nucléaires, et ancien maire de Varney : « Nous sommes tous des tombeurs de mur. Est-ce un délit ? Je ne le crois pas. Cette émotion est difficilement compréhensible si on ne l’a pas vécue. La chute de ce mur, c’est un fait marquant de vingt ans de lutte. Le citoyen a le droit, le devoir parfois, de s’opposer à un projet d’État. »


Christian Vincent est soupçonné d’être un instigateur de la démolition du mur, car les gendarmes croient le reconnaître sur une photo où un homme sous un bonnet tend le doigt devant lui. Comme s’il donnait des indications, commente son dossier pénal. « Ou comme s’il demandait une cigarette », se moque son avocate, ce qui fait pouffer de rire une jeune femme dans le public, aussitôt expulsée de la salle. Christian Vaugin, instituteur à la retraite, est identifié sur une photo par un enquêteur « alors qu’avec d’autres il tire sur une corde pour faire tomber des éléments du mur en béton ». Mais l’accusé dément formellement. Il porte des lunettes, contrairement à l’homme sur l’image prise par l’hélicoptère des gendarmes.

« Pas à pas, vous approchez de l’outrage au tribunal »


Parmi les arguments mis en avant par la défense, il y a l’imbroglio juridique entourant la construction du mur de l’Andra. En juin 2016, l’agence fait clôturer la forêt en vue d’y conduire des travaux de défrichement. Mais 15 jours plus tard, à la faveur d’un pique-nique, des militant·e·s occupent le bois. Ils en sont bientôt expulsés. Et pour éviter qu’ils n’empêchent les travaux, l’agence fait alors déposer de hautes plaques de béton sur plus d’un kilomètre de long. Ce sont ces blocs qui sont renversés, brisés et tagués (« nous sommes un mouvement de masse ! ») mi-août par plusieurs centaines d’anti-Cigéo – entre 500 et 600 selon les militant·e·s, de 200 à 250 selon la police. Mais quelques jours plus tard, le tribunal administratif juge que l’Andra n’avait pas l’autorisation nécessaire à ces travaux. L’agence a six mois pour se régulariser, sous peine de devoir rendre les lieux à leur état initial. Comme la cession du bois Lejuc est également invalidée par la justice, les anti-Cigéo considèrent que le mur est illégal. « Tous ces agissements peuvent constituer des infractions pénales », dénonce la défense des deux accusés, qui pointe que l’Andra a pu bénéficier d’une transaction pénale alors que les deux Christian sont poursuivis : « Il y a une inégalité patentée dans le traitement des dossiers. »


Pour l’Andra, l’avocate Carine Bourel défend au contraire que l’obligation de reboisement était assortie d’un délai de six mois. Les opposant·e·s « vont à l’encontre d’une décision de justice qu’ils sont eux-mêmes suscitée ». À ses yeux, « le droit de manifester est essentiel. Mais ce n’est pas le droit de casser et de dégrader ». L’agence estime le coût des dégâts à 1,6 million d’euros.

Une fois entrée dans la technique juridique du dossier, la défense des prévenus ridiculise la procédure : la photo qui a servi à identifier l’un des deux Christian sur le lieu du délit est celle prise au commissariat. Les images prises depuis les hélicos sont trop pixelisées. Les numéros de téléphone des deux hommes n’apparaissent pas dans les relevés de bornes téléphoniques des enquêteurs. Quant aux empreintes ADN qu’ils ont refusé de donner, « à quoi cela servait-il de les prendre puisque ce sont des photos qui sont censées les incriminer ? Ce n’est pas un moyen proportionné de prendre leur ADN », démontre Muriel Ruef.

Reste du mur de l'Andra dans le bois Lejuc, janvier 2017 (JL).
Autre face-à-face, autre querelle : un troisième opposant à Cigéo était jugé mardi matin. Loïc Schneider, 23 ans, devait répondre de l’accusation de diffamation portée contre lui par le commandant de gendarmerie Bruno Dubois pour un billet de blog publié sur Mediapart. Dans ce texte, le jeune homme accuse le militaire de l’avoir étranglé lors de son interpellation, en février 2017, lors d’une action collective contre l’Andra. « Je ne pouvais ni respirer, ni parler », décrit le militant. Le gendarme dément catégoriquement : « On a dû utiliser la force proportionnée à la nécessité de le maîtriser. À aucun moment n’a été exercée de violence gratuite. » Et le procureur s’en prend à Mediapart et à sa charte de participation : « le diffuseur s’exonère de sa responsabilité » et « ouvre le parapluie ». Le jeune homme a tenu à se défendre seul, sans avocat, « pour avoir le plus d’espace possible pour s’exprimer. J’ai envie de dire les choses comme je les entends ».

Il s’exprime sans respecter les codes du tribunal, s’attirant les foudres du président – « pas à pas, vous approchez de l’outrage au tribunal » – et la condescendance du procureur de la République : « Ça me laisse embarrassé, il se heurte à des problèmes de connaissance juridique. » Le ministère public considère que le jeune homme « est dans un autre monde » et démontre « une exaltation d’inspiration religieuse, comme s’il était mû par un fanatisme ». Il imagine que Loïc Schneider voit dans le commandant « une figure paternelle ». Le véritable père du prévenu proteste à voix haute. Il est exclu de la salle. Jugements le 10 avril pour les trois accusés.

Pendant les audiences, un rassemblement se tient devant l’entrée du tribunal. Un squelette a été posé sur les marches de l’église et une marionnette géante représente les « gens d’armes ». On discute, on chante et on casse la croûte dans les effluves de vin chaud. Jean-Pierre Simon, agriculteur condamné à deux mois avec sursis pour avoir prêté un tracteur et une bétaillère aux militants pour l’occupation du bois Lejuc en juin 2016, est venu « pour soutenir les Christian, par solidarité. On ne peut pas les laisser tout seuls sur un acte comme ça. C’est la force du mouvement de trouver des gens qui s’engagent ». Le concernant, la pression s’est à peine relâchée. Il raconte qu’un collègue venu chercher chez lui du matériel agricole s’est fait suivre pendant 10 km par une voiture de la gendarmerie. Au moment où les procès s’achèvent, une manifestation commence à quelques kilomètres de là, à Montier-sur-Saulx, contre la fermeture du collège. Le maire et les anti-Cigéo accusent le projet de nucléaire d’accélérer la désertification du territoire.

Jade Lindgaard - Médiapart


GCO 

 

Zad du Moulin - Alerte ! En ce 14 février Vinci est venu en force et installe des piquets le long du chemin et dans la forêt.. ‼ Besoin de renforts sur site pour soutenir un maximum les zadistes et montrer que nous ne laisserons pas la forêt de Kolbsheim, se faire raser sans bouger ! » http://zaddumoulin.fr/flash-infos-14-02-2018-alerte-rassemblement

Jeudi 15 février

Devant la mobilisation, le projet minier en pays basque nord est abandonné



L’entreprise minière Sudmine a annoncé ce jeudi 15 février l’abandon du projet d’exploration aurifère au Pays basque. Le journal local Mediabask a d’abord publié l’information, avant que Vincent Bru, député MoDem de Cambo-les-Bains (Pyrénées-Atlantiques), commune située au cœur du périmètre à prospecter, la confirme dans l’après-midi.

Le permis exclusif de recherche accordé à Sudmine rencontrait une forte opposition locale. En septembre dernier, près de 2.000 manifestants avaient défilé à Bayonne pour réclamer son abandon. En cause : la menace que l’exploitation minière faisait peser sur les AOP basques – piment d’Espelette, fromage Ossau-Irraty et porc Kintoa – et le tourisme.
Sources : Sud-Ouest - 20minutes
Photo : Rassemblement des opposants au projet de Sudmine à Saint-Pée-sur-Nivelle, en juin 2016 (© CADE : Collectif des associations de défense de l’environnement du Pays basque et du sud des Landes)

sur Reporterre

Vendredi 16 février



Bure

 

Force et courage aux camarades de Bure : ils font face à la répression et à la judiciarisation du combat contre la poubelle nucléaire. Maintenant que le projet de NDDL est enfin abandonné, pas question pour le premier sinistre de laisser " des zones s’enkyster sur des parties du territoire national ". Ca rappelle un peu les diatribes baveuses de feu Manuel Valls. On souhaite à Edouard la même trajectoire que son prédecesseur, vers le vide sidéral et au-delà :D

Dimanche 18 février

Pourquoi y avait-il un dragon sur la zad le 10 février ?


Tout le monde a vu passer le dragon "PELLETOX" au rassemblement sur la zad samedi dernier, mais bien peu ont eu l’occasion de comprendre ce qu’il faisait là. Cette construction, emmenée par des habitants du plateau de millevaches en Limousin, symbolisait l’usine biomasse Carbon Ingen’R Bugeat-Viam (CIBV) qui menace de s’installer à proximité de chez nous. Cette unité expérimentale se propose de fabriquer un équivalent du charbon à partir du bois vert pour fournir les centrales à charbon EDF et les chaudières urbaines.


L’approvisionnement de l’usine repose essentiellement sur l’arrachage de souches après des coupes à blanc, et nombreux sont ceux qui craignent qu’il se tourne même vers le bois sur pied (notons en passant que les coupes rases sont malheureusement très courantes chez nous, ce qui était déjà largement problématique et sera pourtant encouragé par un tel "débouché" pour les "rémanents" ; quant à l’arrachage de souches et au prélèvement de brachages, c’est une aberration écologique et la promesse d’aggraver la stérilisation des sols à court terme, aussi largement contestée). L’exploitation industrielle de biomasse proposée par CIBV représente pour nous l’ouverture d’un nouveau marché extractiviste surfant sur la vague du "greenwashing" dans un contexte où l’utilisation de cette ressource en remplacement des énergies fossiles a déjà largement démontré l’étendue de son absurdité (en témoignent les éléments fournis par les opposants à diverses centrales biomasse, dont celle de Gardanne, ainsi que les rapports de nombreuses associations comme le FERN).



Notre association « Non à la Montagne-pellets » a étudié le dossier CIBV avec attention, et maintient toute son opposition à la construction de cette usine dans un contexte où le projet avance à grande vitesse (l’enquête publique, largement discutable, étant déjà achevée). 
 
Nous invitons celles et ceux qui le souhaitent à contribuer dès maintenant à prendre connaissance de ce projet nuisible (et des projets similaires), des raisons de notre opposition, et à donner de l’écho à ces luttes.

N’hésitez pas à nous contacter pour toutes questions.

Non à la Montagne-pellets !

contacts : nonalamontagnepellets@riseup.net et http://nonalamontagnepellets.fr

A lire également : Lettre ouverte : contre une usine à pellets dans la montagne limousine

Infos du 19 au 28 février

Lundi 19 février


GCO 
 Retour en photos, vidéos et textes sur le carna’zad organisé par la zad du moulin ce week-end. 
 



GCO


Appel à mobilisation et occupation de la zad du moulin qui subit une pression de plus en plus forte depuis plusieurs semaines et craint que celle-ci redouble dans les jours à venir. PLUS D’INFOS ICI

Hambach 

 

Un son de solidarité pour les camarades emprisonné.e.s dans le cadre de la lutte pour défendre la forêt de Hambach contre un projet géant de mine de charbon A ECOUTER ICI

Jeudi 22 février


NDA : Hasard ? Anniversaire de la manif du 22 février 2014 à Nantes pour NDDL (2 yeux crevés)


Opération policière en cours au Bois Lejuc, à Bure. Les premiers témoignages

 



Les gendarmes ont investi ce jeudi 22 février, à 6 h 30 du matin, le bois Lejuc, près de Bure, site du projet d’enfouissement des déchets nucléaires. Reporterre recueille les premiers témoignages d’occupants des bois, dans les arbres.




Réveil brutal pour les occupants du bois Lejuc, dans lequel l’Andra (Agence nationale de gestion des déchets radioactifs) voudrait commencer des travaux : à 6 h 30, les gendarmes ont encerclé et investi le bois de 220 hectares. De son côté, le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb annonçait l’opération par tweet :

 
Sous l'autorité de la préfète de la Meuse, une opération menée par la @Gendarmerie a débuté ce matin à 6h15 visant à mettre fin à l’occupation illégale du Bois-Lejuc, site destiné au projet d’intérêt national Cigéo, situé nord de la commune de #Bure.

Voici le témoignage d’un « hibou », recueilli au téléphone à 8 h par Reporterre :

« Ce matin, j’ai reçu un appel, et au même moment, j’ai vu de la lumière venir du sol. Je pensais que c’était des copains, et puis c’était les gardes mobiles au pied de l’arbre, à 6 h 30. Ils avaient des Maglight, des lampes très puissantes. Ils exploraient la forêt, les chemins tout autour, ils ont sécurisé la zone, comptaient le nombre de barricades, qui sont innombrables.

On est deux, dans le Grand Chêne, dans une cabane à 25 mètres de hauteur. On a relevé les cordes. Là, une équipe de cinq gendarmes mobiles sont au pied de l’arbre. Un hélicoptère tourne non stop. Je vois onze gardes mobiles, sans casque, qui nous surveillent et commentent ce qu’on fait, on les entend. Ils se cachent quand on prend des photos. Je vois aussi deux personnes gradées qui viennent d’arriver. Là, les gendarmes sont en train d’installer une caméra, pour nous filmer.

Il y a sept cabanes comme la nôtre dans le bois. »

Nous avons recueilli aussi les propos de « Sylvain », un habitant proche de Bure :

« C’est une surprise totale : on n’attendait pas d’expulsion avant la fin de la trêve hivernale. L’Andra ne peut lancer aucun chantier alors qu’on est en période de nidification des oiseaux, et il faut faire une étude d’impact avant tout nouveau défrichement. Et tous les recours ne sont pas épuisés.

Ce qui se passe est en totale contradiction avec ce qu’a dit Nicolas Hulot à l’Assemblée nationale il y a quelques mois : il ne voulait pas de brutalité et il voulait de la concertation. On devait voir Sébastien Lecornu (secrétaire d’Etat auprès du ministre de la Transition écologique) vendredi !

On peut faire le parallèle avec Sivens : ils expulsent alors qu’on ne sait pas quelle est la situation juridique, puisque tous les recours ne sont pas épuisés.

On appelle à des rassemblements ce soir à 18 h devant toutes les préfectures. »

Reporterre

Pour mémoire :

Au bois Lejuc, on résiste dans les arbres

 

Evacuation des opposants au site d'enfouissement de Bure


Les opposants qui occupent le site du futur centre d'enfouissement de déchets radioactifs de Bure ont commencé à être évacués jeudi, a annoncé le ministre de l'Intérieur.


PARIS (Reuters) - Les opposants qui occupent le site du futur centre d'enfouissement de déchets radioactifs de Bure ont commencé à être évacués jeudi, a annoncé le ministre de l'Intérieur.

"Sous l'autorité de la préfète de la Meuse, une opération menée par la gendarmerie a débuté ce matin à 6h15 visant à mettre fin à l'occupation illégale du Bois-Lejuc, site destiné au projet d'intérêt national Cigéo, situé au nord de la commune de Bure", a annoncé Gérard Collomb dans un communiqué.

Cette évacuation "vient mettre à exécution une décision de justice du tribunal de grande instance de Bar-le-Duc", précise-t-il.

Dans un avis rendu en janvier, l'Autorité de sûreté nucléaire a estimé que le futur centre, dont la mise en service est prévue en 2026 ou 2027, ne pourra pas, en l'état, stocker certains déchets prévus en raison d'un risque d'incendie.

Reuters sur Médiapart


Alerte Bure - Evacuation en cours !


FIL INFO :

06h15 : 15 camions de GM passent. Les GM rentrent par les vigies sud, sud-est, nord

06h35 : ils embarquent des gens

07h05 : Deux camions au Chauffour, sur la route entre la maison et le bois. des flics entre Ribeaucourt et Nord.
Pas de contrôles depuis Mandres, mais la route vers la forêt bloquée par deu fourgons de GM.

07h35 : Réquisitions pour fouilles des véhicules et contrôles des passagers à Cirfontaines. Les seules routes bloquées sont celles qui mènent directement à la forêt -Ribeaucourt/Nord, Mandres/Sud.
Un hélicoptère tourne en permanence, voitures banalisées à Bure.

08h00 : Les flics commencent à démonter la vigie Sud.

08h10 : Les flics commencent à détruire la barricade Sud. Deux bulldozers dans la forêt.

ACTUALISATION OPÉRATION D’EXPULSION DU BOIS LEJUC

L’expulsion de la forêt de Bure est en cours depuis tôt ce matin. Les GM sont en nombres, il y a déjà eu des arrestations et des personnes résistent dans les arbres.

L’expulsion du bois se poursuit.

À la barricade nord : A priori la moitié des personnes à la barricade Nord auraient été interpellées, 4 dont on n’a pas de nouvelles et le reste aurait pu repartir après vérification d’identité.

La totalité des gents présents à la vigie sud-est également. Il n’y a pour l’instant pas de nouvelles de la vigie sud. Une partie des personnes a pu se replier en sécurité.

Plusieurs personnes résistent actuellement dans les arbres, une vingtaine de flics tout en bas.

Sur le chemin du Chauffour une dizaine de personne est encerclée.

À 08h15 camions militaires et bulldozers ont commencé à rentrer par la vigie sud pour détruire les installations.

À 08H30 site vmc.camp inaccessible. Nous travaillons dessus et vous tiendrons au courant par tous les réseaux d’informations. Relais sur manif-est.info en attendant.

RÉSISTER

L’Etat a clairement choisi d’adresser un signal très fort partout en France et ailleurs pour démultiplier la résistance, en choisissant le passage en force. Alors que la trêve hivernale n’est pas terminée. Alors que l’Andra ne pourra commencer aucun travaux dans le bois du fait de la période de nidification à partir du 15 mars. Alors qu’un sac de noeuds de recours juridiques et administratives ligote encore l’éboueur de l’atome : recours administratif contre la propriété de l’Andra suite à l’échange municipal du bois du 18 mai 2017 ; nécessité d’évaluation environnementale prescrite par l’Autorité Environnementale en octobre 2017, etc l’Agence ne peut pas commencer ses travaux préparatoires comme ça.. L’Etat répond par une opération d’expulsion surprise, avec un gros dispositif, avec une propagande médiatique savamment huilée sur tous les fronts dés le petit matin.

Le 20 septembre lors de la perquisition sur les différents lieux de vie à Bure des dizaines de rassemblements avaient fleuri partout en France, et des comités de lutte s’étaient créé dans la foulée. Nous devons maintenant continuer de nous organiser sur place et partout en France. Plus que jamais Bure doit être partout, faire partie de nous, nous devons être des milliers maintenant à nous lever contre l’horreur nucléaire et l’atomisation qu’iels nous préparent, et réagir.

Listes des rassemblements déjà prévus en France et ailleurs :

 À Bar-le-Duc à 18h, rendez-vous devant la Préfecture
 Nantes à 18h devant la préfecture
 St-Nazaire à 18h devant la sous-préfecture

 Plus d’infos à venir.

Merci d’envoyer les infos à burepartout at riseup.net et sauvonslaforet at riseup.net pour coordonner l’organisation de la résistance, informer sur l’organisation des rassemblements ! Plus d’infos bientôt !

Suivi sur vmc.camp (crashé pour l’instant) / burestop.eu / et surtout : https://manif-est.info/Expulsion-en-cours-au-bois-Lejuc-416.html?lang=fr

On ne nous atomisera jamais ! Que Bure vive partout !

Tel presse : 07 53 54 07 31

À FAIRE TOURNER MASSIVEMENT !

Appel à rassemblements partout en France ce soir à 18h !
Appel à la création de comité de lutte partout où c’est possible !
Appel à converger vers Bure dès maintenant !

Le gouvernement lance l'évacuation du site de Bure


Le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, a lancé l’évacuation du site de Bure, jeudi matin très tôt. Cette évacuation intervient le jour même où Sébastien Lecornu, secrétaire d’Etat auprès de Nicolas Hulot, se rend dans la Meuse. Les associations, qui contestent ce projet d’enfouissement de déchets hautement radioactifs, excluent désormais toute rencontre avec le secrétaire d’Etat. 
 
Les opposants qui occupent le site du futur centre d'enfouissement de déchets radioactifs de Bure ont commencé à être évacués , a annoncé le ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb. « Sous l'autorité de la préfète de la Meuse, une opération menée par la gendarmerie a débuté ce matin à 6h15 visant à mettre fin à l'occupation illégale du Bois-Lejuc, site destiné au projet d'intérêt national Cigéo, situé au nord de la commune de Bure », a annoncé Gérard Collomb dans un communiqué publié tôt, jeudi 22 février

Cette évacuation « vient mettre à exécution une décision de justice du tribunal de grande instance de Bar-le-Duc », précise-t-il. 500 gendarmes, dont cinq escadrons de gendarmerie mobile, sont mobilisés pour mettre à exécution cette décision de justice prise en avril.


C’est sur ce site de Bure, que le projet Cigéo prévoit d’enfouir 85 000 mètres cubes de déchets nucléaires à haute activité. De nombreuses associations environnementales ainsi que les habitants du village sont opposés à ce projet. L’été dernier, l’Autorité de sûreté nucléaire et de l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire avaient conforté leur opposition, en émettant des doutes sur la fiabilité du site de stockage souterrain, tel qu’il est, pour l’instant, conçu. La décision de l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) de repousser à la mi-2019 la demande d’autorisation de création de Cigéo semblait également aller dans leur sens.

L’ordre d’évacuation a été pris alors que Sébastien Lecornu, secrétaire d’Etat auprès du ministre de la transition écologique doit se rendre aujourd’hui dans la Meuse. La porte-parole du collectif Bure Stop a regretté cette intervention des forces de l’ordre : « C’est absolument invraisemblable, car la visite de M. Lecornu était prévue aujourd’hui. Il devait nous rencontrer demain en tant qu’opposants », a expliqué une porte-parole du collectif Bure Stop, en excluant désormais toute rencontre avec le ministre

Après l’annulation de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes, le gouvernement semble vouloir ne pas donner le sentiment qu’il plie devant les associations écologistes qui contestent de nombreux projets inutiles, dont celui de Bure. Christophe Castaner, secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, a défendu la décision prise par M. Collomb, ce jeudi sur BFM TV. « Il y a occupation illicite d’un espace par des gens qui ne sont pas de gentils écologistes dans la forêt, mais des gens qui vont souvent manifester de façon violente, en se cachant. (…) Ce projet d’enfouissement est scientifiquement la meilleure solution. (…) Il n’est pas question qu’on laisse s’enkyster des gens qui décident ce qui est bon pour la nation, pour eux, contre la loi. »a-t-il expliqué.


EN DIRECT - Opération policière en cours au Bois Lejuc, à Bure. (Reporterre)


9 h 42 : Cinq interpellations ont déjà eu lieu. Des bulldozers détruisent les « vigies » sud et nord ; des camions bâchés sont là, sans doute pour emporter les matériaux. Vingt gendarmes sont postés au pied du Grand chêne. Des contrôles routiers ont lieu sur les routes environnantes.



9 h 51 : Les gendarmes investissent le terrain de la Maison de la résistance, à Bure. Ils n’ont pas de mandat. Sylvain nous raconte : « Putain, ils utilisent les gaz lacrymos sur le terrain, j’ai un drone au-dessus de la tête et j’ai 50 mobiles en face de moi. Ça pue le gaz lacrymo [il tousse]. Les gens sont barricadés dans la maison. » Pour l’heure, les gendarmes ne semblent pas vouloir rentrer dans cette maison, qui est une propriété privée légalement habitée. À 9 h 56, les gendarmes se retirent.



10 h 08 : Témoignage de Jean-Marc Fleury, président de la Coordination nationale des élus opposés à l’enfouissement des déchets radioactifs (Eodra) : « Hier, la préfecture nous a appelés pour nous proposer de rencontrer le ministre Sébastien Lecornu ce jeudi matin. On a dit oui et on préparait la délégation. Et ce matin, on assiste à l’expulsion ! Permettez-moi de vous le dire, c’est dégueulasse. C’est indigne de la démocratie et de la parole d’un ministre. Tout cela augure mal de la suite. On a l’impression qu’ils font tout pour que ça devienne, ce que ça n’était pas, une Zad. Là, ce qu’ils cherchent, c’est le rapport de force. Est-ce que c’est eux qui pourront garder 500 personnes en permanence sur place ou est-ce que c’est nous ? Maintenant, la question, elle est là. »

10 h 23 : Juliette Geoffreoy, porte-parole du Cedra (Collectif contre l’enfouissement de déchets radioactifs), indique à Reporterre par téléphone : « La zone est complètement bouclée, que ce soit pour les journalistes ou les soutiens potentiels. Il y a 500 gendarmes pour 15 occupants du bois. Évidemment, en agissant en février, le gouvernement savait qu’il y aurait moins de monde.
Côté associatif, on veut rappeler que les expulsions ont lieu alors que la visite de Sébastien Lecornu [Secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique] a lieu aujourd’hui et demain. On avait rendez-vous avec Sébastien Lecornu demain matin. Mais une rencontre d’une heure dans un bureau de la préfecture, avec quelques représentants associatifs triés sur le volet, ce n’est pas ça, la concertation ! Il n’y a pas de bons et mauvais opposants, il y a un collectif d’opposants et il faut parler avec tout le monde. Cette concertation est un vrai mensonge, on est choqués et surpris. Par cette action, ils essayent de nous diviser mais nous restons un mouvement uni et déterminé dans ce combat commun.


On a bien vu depuis des semaines que le gouvernement agitait le spectre de l’arrivée de
“zadistes violents” à Bure, mais c’était pour légitimer l’usage de la force. L’exécutif se place du côté de l’État de droit, mais il intervient alors que l’Andra [Agence nationale de gestion des déchets radioactifs] a défriché illégalement un bois dont le titre de propriété est toujours contesté. »

10 h 41 : Dans la Maison de la Résistance : « Nous sommes soixante dans la maison. Les gendarmes sont en train d’entrer. Ils sont en tenue anti-émeutes. » La communication s’interrompt.

11 h 15 : Finalement, les gendarmes ne sont pas entrés dans la maison, mais... à l’instant... Ils défoncent les portes"

11 h 30 : Les gendarmes ont défoncé les portes de la Maison de la résistance et perquisitionné au motif qu’ils auraient constaté une violence volontaire caractérisée en flagrance « mais, en fait, c’est juste mettre un coup de filet sur tout le monde », indique un opposant à Reporterre. Les occupants de la maison sont regroupés et retranchés sur la mezzanine et les gendarmes menacent de les attaquer.


11 h 48 — Les gendarmes menacent d’envahir l’étage de la Maison de la résistance


11 h 56 — Nouveau témoignage en provenance de l’intérieur de la Maison de la résistance. « Les gens se tiennent en cercle et s’agrippent les uns aux autres, les gendarmes essaient de les exfiltrer un par un, on ne sait pas si c’est pour un contrôle d’identité ou autre chose. Les gens chantent et résistent. Ça peut durer un moment. »

 
12 h 21 : Des opposant.e.s sont interpellé.e.s un.e à un.e dans la Maison de résistance à Bure et exfiltré.e.s par le jardin.

12h 30 : Trois personnes sont en garde à vue à la suite des opérations de police à #Bure , un certain nombre de personnes au #BoisLejuc dont on est sans nouvelles

12h 45 - Une trentaine de personnes sont barricadées dans les dortoirs de la Maison de la résistance. Des contrôles d’identité sont en cours dans la maison, au rez-de-chaussée. Des dizaines de gendarmes y ont pénétré. On compte cinq personnes en garde à vue. L’avocat Me Delalande a demandé à ce qu’elles regroupées dans la même gendarmerie, pour qu’elles puissent voir leur avocat, dans le cadre du respect des droits de la défense. Les gendarmes les dispersent dans différents sites en Meuse.


À Bure, devant la Maison de la résistance, un peu après 14 h.

14 h 15 : Selon notre journaliste présente sur place, les gendarmes poursuivent l’évacuation, un par un, des habitants de la Maison de la résistance, à Bure. Ils emmènent ensuite ceux dont ils ne connaissent pas l’identité, laissant libres les autres.Il resterait une bonne dizaine d’habitants à l’intérieur de la maison.
15 h 15 : À l’Assemblée nationale, la députée Mathilde Panot (France insoumise) interroge le ministre de la Transition écologique, Nicolas Hulot, en rappelant qu’il s’était déclaré contre Cigéo : « S’il vous reste un brin de cohérence, pourquoi ne quittez-vous pas ce gouvernement où vous servez de caution à cette violence contre des citoyens qui défendent l’intérêt général ? ». Réponse de M. Hulot, qui affirme que rien n’a été acté à Bure : « Il faut distinguer les oppositions citoyennes, celles qui sont dans un cadre légal, et celles qui sont dans un cadre non légal. Il y a là une question d’ordre public. »
 

15 h 30 : Témoignage de « Sylvain » : « Je suis sorti de la Maison de résistance. On a subi une expulsion assez violente. Ils sont entrés à coups de bélier, et ont cassé toutes les portes, ont tout saccagé. Les gens, une quarantaine, se sont réfugiés en haut, assis en se tenant les coudes accrochés les uns aux autres. Plusieurs ont été frappés, étranglés, molestés, les gendarmes nous ont tous tirés. Ça a été d’une violence assez rude, ce qu’on a vécu. Je ne vois pas comment on peut ensuite parler de dialogue avec la société civile. »


15 h 46 : Le secrétaire d’État Sébastien Lecornu donne une conférence de presse à Bar-le-Duc, préfecture de la Meuse :
« Ce matin, le Gouvernement a rétabli l’ordre pour que la concertation qui dure depuis 1990 puisse reprendre.
L’Etat de droit est la condition de la concertation et le préalable à une discussion sur le projet. Il ne pourrait en être autrement. 
«


15 h 50 : Le lapsus du ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb :
 
Joli lapsus de l'intérieur, qui confond occupation et évacuation dans sa déclaration sur #Bure : « Nous ne voulions plus qu'un certain nombre de lieux puissent être évacués indument » > https://twitter.com/twitter/statuses/966640010823917568

16 h 28 : « Les gendarmes ont quitté la Maison de résistance à Bure en emportant avec eux les dernières personnes conduites en vérification d’identité. Sept personnes en garde à vue à cette heure », indiquent les opposants au projet sur Twitter


16 h 40 : L’Agence nationale de gestion des déchets radioactifs (Andra) annonce dans un communiqué que « les autorités ont sécurisé le bois Lejuc dont l’Andra est propriétaire et qui était illégalement occupé par des opposants depuis plusieurs mois ». « Cette opération va permettre à l’Andra de réaccéder au bois Lejuc pour le remettre en état », se réjouit l’agence.
Un communiqué moqué par les opposants au projet : « On veut “nettoyer”, “remettre en état”, c’est juste pour y mettre un héritage radioactif empoisonné pour des milliers d’années pour nos enfants ! Quand l’@Andra_France méprise le monde », a réagi Yannick Rousselet, de Greenpeace sur Twitter.


17 h 47 : « France nature environnement condamne l’utilisation de toute forme de violence et en appelle à une gouvernance enfin renouvelée, pour un projet qui engage non seulement un territoire, une nation entière mais également les générations futures », a déclaré l’association dans un communiqué.


18 h 00 : Début des rassemblements de soutien aux opposants à Cigéo expulsés ce jour, devant les préfectures, un peu partout en France. Sauf à Lille, où le rassemblement a été interdit, selon Stéphanie Bocquet, d’Europe Écologie Les Verts.
 
On a jamais vu ça !
Interdiction de manifester place de la République !
#Lille #BURE #Cigeo

18 h 10 : Le Réseau Sortir du nucléaire, copropriétaire de la Maison de résistance avec l’association Bure zone libre, a annoncé ce jeudi en fin d’après-midi avoir porté plainte pour « violation de domicile ». Les gendarmes « ont procédé à une perquisition des lieux, tout cela sans l’assentiment des habitants de la maison, sans décision du juge des libertés et de la détention et hors la présence des habitants, de représentants de ceux-ci ou de témoins », dénonce-t-il dans un communiqué.

18 h 38 : Des rassemblements de soutien se sont formés un peu partout en France.

Bure : appel à résistance, rassemblements, création de comités partout !


Les gendarmes tentent de rentrer dans la Maison de résistance de Bure après avoir chargé dans les rues alentours et fait des sommations. La situation est très tendue, en parallèle de l’expulsion en cours dans la forêt. Appel à soutien et lutte partout ! Ce texte est un premier communiqué, d’autres suivront, d’autres voix, d’autres témoignages… 
 
Ce matin à 6h15 a débuté l’expulsion du Bois Lejuc par 500 gendarmes avec grand renfort de communication de la part du ministère de l’Intérieur, et les chaînes d’infos en continu branchées sur les images sensationnelles de blindés militaires massés près de ce bois, de cabanes envahies au petit matin, de gendarmes en cagoule munis de tronçonneuse et caméras embarquées...

L’opération, censée mettre à exécution une décision d’expulsabilité rendue l’année passée par le Tribunal de grande instance de Bar-le-Duc, intervient avant l’épuisement des recours juridiques (notamment sur la propriété de l'Andra sur le bois) et avant la fin de la trêve hivernale alors que plusieurs structures d’habitation et d’occupation avaient été installées aux abords et au coeur de la forêt. Alors même également que l’EODRA (association des élus opposés à l’enfouissement) avait domicilié en janvier son siège social dans la forêt. L’Andra ne pourra légalement commencer aucun de ses travaux dans le bois : l’Autorité Environnementale a prescrit en octobre 2017 à l’Andra la réalisation d’une évaluation environnementale avant tous travaux préparatoire, la période de nidification à la mi-mars empêche tous travaux, et l’Andra n’a pas d’autorisation de défrichement. 

Comme en 2012 à Notre-Dame-des-Landes, les bulldozers suivent immédiatement les gendarmes, on rase au plus vite les lieux de vie sans laisser le temps de récupérer tous les effets personnels. Déjà suite à une première expulsion du bois en juillet 2016 les machines de l’Andra avaient défriché illégalement une partie conséquente des arbres avant que l’opposition ne réinvestisse et ne réoccupe la forêt à la mi-août 2016. 

À cette heure, des arbres restent occupés par plusieurs hiboux. Une vingtaine de gendarmes mobiles sont en bas. Plusieurs personnes ont été interpellées lors de l’opération, de multiples vérification d’identité ont eu lieu, ou sont encerclées sur des chemins menant à la forêt. Au moins une personne a été placée en garde à vue. Des affrontements violents ont lieu dans le village de Bure même et la police tente, sans réquisition et avec des sommations d’entrer par la force dans la Maison associative de la Résistance. 

RÉSISTER PARTOUT

Cette expulsion entérinée par le gouvernement Macron intervient dans un contexte de durcissement dramatique du contexte social à l’encontre du monde du travail, des étudiants, des migrant-e-s, . C’est la mise en place d’un modèle industriel et social à l’américaine qui précarise, piétine allègrement l’environnement et les populations et s’impose par la force et l’intransigeance. Le président Macron marche dans les pas de Margaret Thatcher: tolérance zéro, le message est clair.

Cette opération foudroyante est avant tout une manœuvre politique à la mise en scène minutieusement orchestrée pour empêcher que l’abandon de l’aéroport à Notre-Dame-des-Landes ne galvanise la résistance partout en France. Une opération pour tenter d’enrayer tout le soutien national qui s’organise peu à peu, avec comme symbole une petite maisonnette crée par le comité de soutien de Dijon qui devait être installée dans la semaine, la première cabane d’un comité de soutien. Dans les mots décharnés de la Préfète, c’est « un projet de construction en dur manifestant la volonté des opposants de s’installer durablement ». Nous disons que c’est un mauvais pari. Nous sommes déjà installé-e-s durablement, dans la forêt et partout autour dans les villages que nous habitons, mais aussi partout ailleurs en France où chaque opération de police multiplie les soutiens. Ce matin l’Etat a choisi d’envoyer un signal très fort qui nous confirme que la résistance doit continuer de s’organiser partout en France et au-delà et que Cigéo est un point crucial dans la pérennité d’une industrie nucléaire qui s’impose par la force sous couvert de concertation. 

Lorsque nous avons commencé à occuper le bois Lejuc en juin 2016 nous n’aurions jamais imaginé que nous y serions 1 an et demi plus tard, que l’Andra devrait reculer, que des dizaines de comités se créeraient partout en France. Les ministres auront beau jouer le traditionnel jeu de la dissociation sur BFM entre les « méchants cagoulés » à nettoyer d’urgence et l’opposition citoyenne pacifique, ce discours n’a jamais pris à Bure où nous luttons dans mouvement protéiforme et complémentaire. Tous les médias parlent de la « ZAD de Bure », pour mieux créer le parallèle avec NDDL dans l’esprit des gens. Nous avons toujours dit que s’il y avait une ZAD à Bure, c’était celle de tout un territoire, partout, parce que l’horreur atomique et le rouleau compresseur étatique qui la sous-tend ne connaissent pas de frontières quand il s’agit de broyer les existences des gentes et leurs territoires de vie au nom du profit et du contrôle. 

La pornographie policière et médiatique des images de destruction et la mise en scène du « retour à l’Etat de droit » ne satureront pas nos têtes et nos cœurs, ne recouvrira pas tout ce qui s’est vécu depuis des années à Bure et tout autour, et ce qui va se vivre dans les années à venir. Expulser le bois Lejuc ce matin, c’est taper et attaquer partout toutes celles et ceux qui sont venu·e·s sur place par milliers dans les années passées et portent déjà en elles et eux partout, un morceau de Bure. 

Chaque attaque nous renforce dans notre détermination, on ne nous atomisera jamais ! 

LES RENDEZ-VOUS

Ce texte est un premier communiqué écrit à chaud, d’autres suivront, d’autres voix, d’autres témoignages. Nous appelons d’ores et déjà :

  • À organiser des rassemblements partout en France ce soir à 18h devant les Préfecture et ailleurs, déjà :

    • À Bar-le-Duc, préfecture, à 18h
    • À Paris, 18h30 place Saint-Michel
    • À Nantes, 18h, devant la Préfecture
    • À Saint-Nazaire à 18h30 devant la sous-préfecture
    • À Blois devant la Préfecture à 18h
    • À Toulouse à 18h devant la Pref
    • À Rouen à 18h devant la Pref
    • À Nîmes à 18h devant la Préfecture
    • À Fougères à 18h devant la sous-préfecture
    • À Lyon à 18h devant la Préfecture
    • Au Puy-en-Velay à 18h devant la Pref,
    • À Longwy à 18h devant la permanence du député 17 route nationale - Villers-la-Montagne
    • À Quimper à 18h devant la Préfecture
    • À Épinal, 18h, devant la Préfecture
    • À Dijon, 18h, place du Bareuzai
    • À Limoges, 18h, place de la Préfecture 
    • À Grenoble, 18h, devant la Préfecture
    • À Lille, 18h, place de la République devant la Préfecture
      • À Saint-Brieuc, 18h, rassemblement place de la Préfecture
      • À Châteaubriand (44), rassemblement devant la sous-préfecture, 14 rue des Vauzelles
      • À Tours, 18h, place Jean Jaurès
      • À Poitiers (86), 18h, rassemblement devant la Préfecture
      • À Agen, 18h, rassemblement devant la Préfecture (adresse à confirmer)
      • En Autriche, Vienne, 18h, rassemblement devant l’Ambassade
      • À Belfort, 18h devant la préfecture
      • À Chambéry, 18h, devant la préfecture
      • À Troyes, 18h, devant la Préfecture à Troyes
      • À Orléans, 18h devant la préfecture
      • À Bourges, 18h devant la préfecture
      • À Montargis, 18h devant la préfecture
      • À Lorient, 18h, rassemblement devant la sous-Préfecture
      • À La-Roche-sur-Yon, 18h, rassemblement devant la Préfecture
      • À Strasbourg, 18h, appel à rassemblement devant la Préfecture 
      • À Colmar, 18h, appel à rassemblement devant la Préfecture
      • À Mulhouse, 18h, appel à rassemblement devant la Préfecture
      • À Loches, 18h, appel à rassemblement devant la Maison d’État
      • À Gap, 18h, devant la Préfecture
      • À Bayonne, 18h, devant la Préfecture
      • À Saint-Étienne, 18h, rassemblement devant la Préfecture
    • À Annecy, 18h, rassemblement devant la Préfecture
    • À Cergy-Préfecture (Val d’Oise, 95), 18h, en haut des escalators de la gare
    • À Rennes, 18h, rassemblement devant la place Saint-Anne
      • À Ajaccio, 18h15, rassemblement devant la Préfecture
      • À Châlons-en-Champagne, 18h15 rassemblement devant la Préfecture
      • À Valence, 18h, rassemblement devant la Préfecture
      • À Albi (81), 18h, rassemblement devant la Pref
    • À Millau (12), 18h, rassemblement devant la Pref
      • À Angers, 18h, rendez-vous au Château
      • À Metz, 18h, devant la préfecture
      • À Bordeaux, 18h, 2 place de l’esplanade (Préfecture)
      • À Besançon, 18h, place de la Préfecture
      • À Vannes, 18h, rassemblement de soutien devant la Préfecture
      • À Montpellier, 18h, rassemblement place de la Préfecture, 34 place des Martyrs de la Résistance Coutances, 18h30, À Coutances, 18h30, Hôtel de Ville
    • À Reims, 18h, rassemblement sous-Préfecture
    • À Redon, 18h, rassemblement devant la sous-Préfecture
    • À Alès, 18h, rassemblement devant la sous-Préfecture
    • À Laon (Aisne), 18h, rassemblement devant la sous-Préfecture
    • À Foix (09), 18, rassemblement devant la Préfecture
    • À Oloron-Sainte-Marie (84), rassemblement devant la sous-Préfecture
    • À Châlons-sur-Saône (71), 18h, devant la sous-Préfecture
    • À Auxerre, 18h, rassemblement devant la Préfecture
    • À Saint Gaudens (31), 18h devant la sous Préfecture
    • À Clermont Ferrand (63), 18h30 devant la Préfecture
    • À Chaumont (52), 18h devant la Préfecture
    • À Bruxelles, Belgique, 19h, rassemblement devant l’ambassade
    • À Bressuire (79), 19h, devant la sous-préfecture 
    • À Evreux, 18h, rassemblement devant la Préfecture
    • À Rodez, 18h, rassemblement devant la sous-Préfecture

  • À converger à Bure dés maintenant pour celles et ceux qui peuvent pour soutenir : rassemblement à 16h à Mandres-en-Barrois pour la venue du ministre Sébastien Lecornu et à la Préfecture de Bar-le-Duc à 18h.  
     
  • À ce que partout des comités de luttes continuent de se créer et s’organiser pour amplifier encore plus la résistance.  
     
  • D’autres appels et rendez-vous suivront.
Pour coordonner et lister les appels à rassemblement et autres initiatives : écrire à sauvonslaforet at riseup.net et burepartout at riseup.net

Autres communiqués :
    – Coordination Stop Cigeo : burestop.eu 
sauvonslaforet - Blog : la lutte à Bure sur Médiapart 
 

Un site où suivre les événements en continu : manif-est.info

Bure 

 

Point de situation à Bure à 16h15 :

 Les gendarmes viennent de quitter la Maison de Résistance avec les derniers opposant.e.s présent.e.s dedans afin de les emmener en vérification d’identité dans les commissariats environnants.

 Les ami.e.s reprennent possession de lieux pas mal chamboulés par des tentatives de barricadage des lieux et l’intrusion brutale des forces de police

 Les premièr.e.s interpellé.e.s de la Maison de résistance sortent progressivement des commissariats et sont cherché.e.s et accueilli.e.s par les ami.e.s autour.

 5 personnes sont à cette heure toujours placées en garde à vue

 Pas de nouvelles de l’état des lieux au Bois Lejuc à cette heure

 Plus d’une cinquantaine de rassemblements ont lieu en France ce soir en protestation à l’expulsion (liste sur le site www.vmc.camp)


Bure : contre la poubelle nucléaire et l’expulsion militaire, 

rendez-vous devant les préfectures à 18 heures

 



Ce matin, c’était le grand déploiement des forces de gendarmerie pour déloger les occupants du site de Bure en lutte contre l’installation d’une poubelle nucléaire. Les associations nationales se sont aussitôt mobilisées. Elles ont propagé l’alerte avec une rapidité qui a laissé nos adversaires pantois. Les Insoumis ont relayé du mieux qu’ils pouvaient. Aussitôt ont accouru sur le site tous ceux qui le pouvaient pour défendre le site et les occupants. Caroline Fiat, députée insoumise riveraine, s’y rendit aussitôt en alertant toute la liste des députés insoumis pour qu’ils relaient l’alerte. De son côté, Mathilde Panot, députée insoumise qui coordonne la campagne sur la votation pour sortir du nucléaire, alertait les réseaux insoumis de tout le pays.


Bure est un petit village de la Meuse : 82 habitants. C’est aussi le lieu choisi par l’agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (ANDRA) pour installer la grande poubelle de la filière nucléaire française. Il s’agit d’un projet d’enfouissement des déchets nucléaires que les centrales françaises produisent et dont les maîtres du nucléaire ne savent plus quoi faire. Ce projet, appelé « Cigéo », prévoit d’enterrer 85 000 mètres cubes de déchets hautement radioactifs et à vie longue. Et cela sous une zone habitée. Curieusement, Nicolas Hulot, qui avait été un opposant régulier à la construction du site, a désormais considéré que c’était « la moins mauvaise solution ».

Pourtant, le 15 janvier dernier, le rapport de l’Autorité de Sureté Nucléaire (ASN) évaluant ce projet pointe des failles importantes dans le dossier présenté par l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra). Il relève notamment le manque de précisions sur la gestion du problème particulier des « déchets bituminés ». Il s’agit de boues radioactives emballées dans des matrices en bitumes. Ce genre de colis pose de sérieux risques d’incendies. En effet, le bitume utilisé peut, dans certaines conditions, s’enflammer. Les déchets eux-mêmes peuvent monter en température dans certains cas.

Dès lors, l’agence pour la sureté du nucléaire estime qu’un départ d’incendie est donc possible et qu’il pourrait se propager aux autres déchets stockés sur le site. Cet accident s’est déjà constaté sur des sites comparables dans le monde. Par exemple, aux États-Unis, le site de stockage de déchets radioactifs du Waste Isolation Pilot Plant, dans le Nouveau-Mexique, a subi un incendie en 2014. À cette occasion, un relâchement de radioactivité dans le milieu ambiant a été constaté. De façon plus générale, le rapport de l’ASN pointe le fait que la sécurité du site n’est pas garantie en cas d’aléas naturels. Enfin, la question de potentiels actes de malveillance est aussi posée. L’association Greenpeace a récemment montré dans un rapport les failles de certaines installations nucléaires.

Les craintes sur la viabilité d’une telle installation ont été encore confirmées par une thèse révélée dans un article du Monde, la semaine dernière. Elle est le travail d’un historien des sciences de l’EHESS qui a été salarié de l’Andra pendant 3 ans. Il a étudié la façon dont les ingénieurs de l’Andra ont travaillé pour convaincre de la faisabilité et de la sureté d’un projet comme celui de l’enfouissement des déchets à Bure. Dès le début des années 2000, les scientifiques ont établi l’impossibilité d’apporter une preuve scientifique de la sureté d’une telle installation. En effet, aucun modèle scientifique ne peut simuler l’évolution du site pendant une période de temps assez longue.

À partir de là, le travail des scientifiques et ingénieurs de l’Andra consiste à réunir des faisceaux d’indices, à construire des scénarios pour convaincre les décideurs. Quitte à « toiletter » les données. Ainsi, la thèse rapporte dans la bouche d’un cadre de l’Andra à propos d’un phénomène géologique qui créé un risque de fracturation de la roche, les mots suivants : « on a été un peu light ». Ou encore, que pour plus de la moitié des déchets concernés, les connaissances sont estimées par les chercheurs eux-mêmes comme « mauvaises ou nulles ».

En Suède, récemment, la justice a retoqué un projet d’enfouissement des déchets radioactifs. Pour la justice suédoise, il était impossible de prouver que les capsules enfouies ne fuiteraient pas. La probabilité que le projet conduise à des fuites radioactives dans le sol était donc non nulle. Ce constat, qui finira par être partagé en France, montre qu’a l’heure actuelle, après un demi-siècle d’existence, l’industrie nucléaire n’a pas réussi à trouver de solution viable pour les déchets qu’elle produit. Et pourtant, nos dirigeants persistent dans l’entêtement nucléaire, une industrie dont nous ne maitrisons pas les conséquences. Il est temps d’arrêter. C’est la seule solution raisonnable.

Ce soir on se retrouve devant les préfectures à 18 heures. Et du 11 au 18 mars prochain on participe à la votation citoyenne pour la sortie du nucléaire.

Le blog de Jean Luc Mélenchon

Bure: évacuation du site du bois Lejuc 
 
Camille, opposante au projet d’enfouissement de déchets radioactifs à Bure :
01. Bure, évacuation musclée, manifs à 18h : Camille
Télécharger le MP3 - Écouter dans une nouvelle fenêtre
Jacques Lerai, membre de l’association des élus meusiens et haut-marnais opposés à l’enfouissement des déchets radioactifs et porte-parole du Collectif Contre l’Enfouissement des déchets Radioactifs (CEDRA) :
02. Bure, évacuation musclée, manifs à 18h : Jacques Lerai
Télécharger le MP3 - Écouter dans une nouvelle fenêtre
Caroline Fiat, députée La France Insoumise de Meurthe-et-Moselle :
03. Bure, évacuation musclée, manifs à 18h : Caroline Fiat
Télécharger le MP3 - Écouter dans une nouvelle fenêtre



STOP CIGEO/BURE - Communiqué du 22 février
Lettre ouverte à M. Sébastien Lecornu, Secrétaire d’État auprès du ministre d’État, ministre de la Transition écologique et solidaire
par Les associations d’opposant.es citoyen.nes et élu.es : Burestop55, Bure Zone Libre, Cedra52, Eodra, Habitants vigilants de Gondrecourt-le-Château, MNE, Mirabel LNE, et des Hiboux de Bure - LIRE ICI


►Ce soir à Nantes, plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées puis ont manifesté contre l’expulsion des camarades de Bure expulsés ce matin du bois Lejuc et perquisitionnés

Cette expulsion ne signe en aucun cas la fin de la résistance à Bure.
Pour les semaines et mois à venir il va falloir continuer de se coordonner et s'organiser un peu partout.
Il pourrait être bon qu'à l'issue des rassemblements les différentes personnes décident de rendez-vous ultérieurs rapides via leurs comités, ou pour en créer un s'il n'existe pas encore, et qu'on continue de faire le point ensemble à distance, à évaluer les besoins, etc. C'est d'ores et déjà chouette de faire un point sur les ressources matérielles dans chaque ville pour soutenir les personnes expulsées de la forêt.

La situation et la suite seront bientôt précisées mais nous n'en resterons bien sûr pas là. Nous appelons déjà un maximum de monde à converger pour le week-end du 3 & 4 mars qui était initialement prévu pour un « renforcement de l'occupation » et des « rencontres intercomités » (https://vmc.camp/2018/01/18/ ) ! Le programme risque d'évoluer.

Lyon-Turin : le gouvernement italien reconnait 

que les chiffres du projet sont erronés


Le gouvernement italien vient de reconnaître, dans un document publié par l’Observatoire de la Connexion Ferroviaire Lyon-Turin, que « beaucoup des prévisions officielles de l’Union Européenne [quant à ce projet] ont été démenties par les faits ».

Les 58 millions de tonnes de fret transportés chaque année par les camions et 39 millions par rail à l’horizon 2035, chiffres qu’avançaient les promoteurs du Lyon-Turin, relèvent du domaine de la fantaisie, comme le montrent les tableaux statistiques sur la fréquentation réelle du parcours. À l’inverse, ces mêmes tableaux indiquent que les moins de quinze millions de tonnes de fret, route et rail confondus, qui traversent le tunnel de Fréjus, ne représentent qu’un neuvième de la capacité totale dudit tunnel. La ligne existante est donc suffisante.
Source : Presidio Europa sur Reporterre


Vendredi 23 février

EXCLUSIF - À Bure, dans un arbre du bois Lejuc, 

que les militants ré-occupent

 


Ce vendredi matin, une action de ré-occupation du bois Lejuc est lancée par plusieurs opposants au projet Cigéo. Une journaliste de Reporterre est sur place. Reportage en direct. Et récit de la journée d’hier, en partenariat avec Radio Parleur.
    - Bure (Meuse), reportage
En ce vendredi matin, aux premières heures, une action de ré-occupation du bois Lejuc a commencé par plusieurs militants. Afin de témoigner, je suis dans un arbre, avec deux d’entre eux et une journaliste belge. Le message des activistes : « Nous ne lâchons rien et continuons à défendre la forêt. Hier, c’était une expulsion symbolique, une opération de communication du gouvernement. »

Un froid de canard et un thermos... d’eau chaude. Lorène Lavocat à droite.

Nous sommes arrivés au milieu de la nuit, et avons assisté au lever du soleil. Le ciel s’est levé sous la canopée. On entend des oiseaux, et dans le lointain, des bulldozers.

Toutes les cabanes n’ont pas été détruites, telle la Communale. Nous sommes dans une autre cabane intacte, que nous avons retrouvée avec les cordes d’accès. Il fait très froid. Nous sommes avec deux habitants du bois, et la journaliste indépendante Isabelle Masson-Loodts.

10 h 54 - On est toujours en haut de la plate-forme. On n’a pas vu de policiers, mais un hélicoptère tourne en permanence autour de nous. On a vu passer d’autres opposants, donc à priori, il y a du monde dans le bois, mais du haut de l’arbre, il n’est pas possible de savoir combien. D’autres arbres seraient occupés. Tous les accès connus des gens qui vivent dans le bois depuis un an ne sont pas connus des forces de l’ordre. On nous a même apporté des couvertures, de la nourriture, de l’eau.

11 h 59 - On nous a rapporté des couvertures en plus. Un nouveau groupe est arrivé en bas de l’arbre, je pense qu’il s’agit de journalistes. Il y a une demi-heure, nous avons échangé des cris avec d’autres cabanes - ce qui indique que d’autres cabanes du bois sont occupées. Je dirais que nous avons entendu des cris provenant de trois directions différentes. Nous savons que des gendarmes sont présents dans le bois parce que nous avons vu des opposants passer en courant, qui nous l’ont appris. Mais nous n’avons pas vu les gendarmes passer après eux.

« N’en déplaise à la préfète de la Meuse et au secrétaire d’État Sébastien Lecornu qui se pavanaient hier dans le bois lejuc avec les caméras de BFM TV, disant que l’expulsion était terminée et que la forêt pouvait de nouveau accueillir les pires rebuts de la filière nucléaire, des hibous et chouettes de Bure ont profité de la nuit pour refaire leur nid dans la forêt en haut des arbres », ont écrit des opposants au projet Cigéo dans un communiqué intitulé « Nous sommes là, nous serons là ! », mis en ligne ce vendredi matin.

12h30 - Pendant ce temps là, l’avocat des opposant Samuel Delalande fait le point avec Reporterre sur les personnes arrêtées hier : « Je suis en contact avec cinq personnes ayant été mises en garde à vue hier. Trois ont été libérées et sont convoquées au tribunal correctionnel de Bar-le-Duc le 12 juin prochain, les deux autres sont transférées devant un juge et passent en comparution immédiate aujourd’hui. Nous allons demander le report des jugements pour préparer notre défense. On reproche à ces personnes des faits d’outrage, de violence, mais ce n’est pas caractérisé. »
    14 h 00 - C’est toujours calme autour de notre cabane. Un petit groupe d’une personne du bois et de deux journalistes est passé nous voir. Ils nous ont dit qu’il y avait beaucoup de gendarmes dans le bois ainsi que des vigiles de l’Andra, et que c’est un cache-cache pour les éviter.D’autres cabanes sont occupées, mais il n’y a pas d’expulsion en cours. Peut-être parce que les gendarmes "grimpeurs" sont déjà repartis. En tout cas, tout va bien pour l’instant. Et on vient de savourer un petit déjeuner de dattes, de chocolat et de carottes.




16 h 20 - Avec Isabelle, nous sommes redescendus de l’arbre sans encombre, et sommes retournées à travers la forêt jusqu’à notre véhicule. Grande surprise : sur le chemin, nous n’avons croisé aucune âme qui vive, en tout cas aucun gendarme. Une fois revenues à la Maison de la résistance, à Bure, nous constatons que beaucoup de gens sont arrivés, ils sont plus nombreux qu’hier. Sans doute les appels à soutien ont-ils porté leurs fruits. Pendant ce temps, les deux "Hiboux" avec qui nous avons occupé la plate-forme y sont toujours : ils continuent à aménager une cabane à partir de bâches, de palettes et de couvertures. Le ravitaillement va bientôt leur parvenir. En ce qui nous concerne, retour sur Paris, et on vous donne demain matin, sur Reporterre, des compléments de récit sur cette journée. ...


L’action du gouvernement à Bure est-elle légale ? Rien n’est moins sûr



Jeudi 22 février, à l’aube, les gendarmes ont lancé l’expulsion des occupants du bois Lejuc, opposés au projet Cigéo de poubelle nucléaire. Si le gouvernement argue vouloir faire respecter une décision de justice, les avocats des opposants estiment, eux, que l’intervention est frappée d’illégalité. Reporterre fait le point sur ces arguments juridiques.

500 gendarmes pour déloger 15 opposants. (NDA : 33 flics par manifestant !) C’est une opération de gendarmerie de grande ampleur qui a eu lieu hier jeudi 22 février dans le bois Lejuc, à Mandres-en-Barois, dans la Meuse. Les habitants des quelques maisons installées dans la forêt, qui occupaient le terrain pour s’opposer au projet d’enfouissement de déchets nucléaires Cigéo, ont été expulsés. L’intervention a démarré aux environs de 6 heures du matin, puis s’est poursuivie dans le village voisin de Bure, à la Maison de résistance, siège du mouvement d’opposition. Selon les personnes jointes sur place par Reporterre, puis d’après notre journaliste arrivée à Bure dans la matinée, la quarantaine de personnes qui s’y étaient regroupées ont été évacuées une à une du bâtiment. Certaines ont été placées en garde à vue et réparties dans différentes gendarmeries de la Meuse.

« Nous ne voulons plus en France qu’il y ait des lieux de non-droit, où nous pouvons nous installer en dehors de toute règle, disait, quelques heures après le début de l’intervention, le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, devant les micros et les caméras. Sur ce lieu, une ordonnance avait été prise par le tribunal d’instance de Bar-le-Duc, qui avait permis d’utiliser la force pour expulser ceux qui étaient présents indûment. Donc, nous avons fait exécuter ce matin cette mesure. »

Les opposants ne s’attendaient pas à cette opération de gendarmerie. Ils s’étaient presque habitués à la présence très importante des forces de l’ordre sur place. Et les conditions juridiques ne leur paraissaient pas réunies pour une expulsion. S’est-elle déroulée dans la légalité, comme l’affirment le gouvernement et l’Andra ? Rien n’est moins sûr.

    L’ordonnance d’expulsion est-elle valide ?


Première interrogation, l’ordonnance évoquée par Gérard Collomb pouvait-elle s’appliquer pour cette expulsion ? Il s’agit d’une ordonnance du tribunal d’instance de Bar-le-Duc, délivrée il y a plus d’un an, en janvier 2017. « Elle n’est plus valable, estime Me Étienne Ambroselli, avocat des opposants. Elle a été prononcée contre des gens qui n’habitent plus dans le bois ! » 
 
Par ailleurs, cette ordonnance justifiait le recours à une « procédure non contradictoire » : l’huissier de justice n’ayant pu identifier les habitants du bois Lejuc, le tribunal a estimé qu’il pouvait prononcer l’expulsion sans les entendre. Voilà pourquoi les forces de l’ordre ont pu débarquer hier matin sans que personne n’ait été prévenu. Mais depuis la délivrance de l’ordonnance, une association d’élus, l’Eodra, a installé son siège dans l’une des maisons construites dans le bois Lejuc. « Elle a déclaré ce domicile en préfecture, et pourtant, il ne lui a été notifié aucune procédure d’expulsion », dit Me Ambroselli. Le droit prévoit, quand quelqu’un est menacé d’expulsion et peut être identifié, qu’il soit prévenu… « L’association a subi une violation de domicile. Des gens ont été expulsés en plein hiver sans aucun respect des règles de base ! La raison d’État permet de violer allègrement l’État de droit », poursuit l’avocat.

Orée du bois Lejuc, jeudi 22 février.

« Le gouvernement applique une décision de justice », a estimé de son côté, dans l’après-midi, le secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique Sébastien Lecornu. « Ces occupants illégaux ne bénéficient pas de la trêve hivernale puisqu’aucun occupant illégal n’était installé à temps plein sur le site. Il s’agissait de relais organisés par les squatteurs dans des bivouacs précaires.Tout est fait pour empêcher la constitution d’une Zad, c’est-à-dire des constructions en dur. Et je le dis clairement, l’État reviendra autant de fois qu’il le faudra. »

    Le titre de propriété du bois Lejuc contesté


Pour exiger une expulsion, il faut que le propriétaire revendiqué ait un titre de propriété valable. Or, la saga judiciaire autour de la propriété du bois Lejuc est loin d’être terminée : la contestation devant les tribunaux est toujours en cours. L’Andra (Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) estime être la propriétaire du bois : le maire de Mandres-en-Barois a effectivement signé l’acte faisant de l’agence le maître des lieux. Mais cet acte est fondé sur une délibération du conseil municipal du village qui a été annulée par la justice. Si une deuxième délibération du conseil municipal a bien validé, à nouveau, le fait que l’Andra devienne propriétaire des lieux…, aucun nouvel acte de propriété, appuyé sur cette nouvelle délibération, n’a encore été signé par le maire. « Cette expulsion repose sur un acte de propriété de l’Andra qui est illégal et atteint d’une nullité absolue », estime Me Étienne Ambroselli.


De son côté, l’Andra affirme s’inscrire dans la légalité et cite les décisions de justice lui ayant donné raison. « L’intervention des gendarmes dans le bois Lejuc fait suite à plusieurs décisions de justice de 2017 qui reconnaissent le caractère illégal de l’occupation du bois Lejuc, bois dont l’Andra est pleinement propriétaire », a déclaré l’agence dans un communiqué, hier jeudi dans l’après-midi.

    « Violation de domicile » à la Maison de résistance à Bure


Le contexte de l’intervention à la Maison de résistance de Bure est aussi fortement contesté par le réseau Sortir du nucléaire, propriétaire des lieux avec l’association Bure zone libre. Le premier a déposé plainte hier jeudi pour violation de domicile. « Fracassant les portes et fenêtres, [les gendarmes] ont forcé avec brutalité les personnes qui s’y étaient réfugiées à sortir. Ils ont ensuite procédé à une perquisition des lieux, tout cela sans l’assentiment des habitants de la maison, sans décision du juge des libertés et de la détention et hors la présence des habitants, de représentants de ceux-ci ou de témoins », a justifié l’association dans un communiqué. À noter qu’une perquisition demande habituellement la présence des personnes dont le domicile est perquisitionné.

Devant la Maison de résistance, à Bure, jeudi 22 février. 

Le procureur de la République de Bar-le-Duc, Olivier Glady, a expliqué à l’AFP que la perquisition était « commandée par les événements de la matinée, des violences sur les gendarmes et la mise en place d’obstacles sur la voie publique à Bure. Les gendarmes sont entrés dans la Maison de résistance à la recherche de suspects ».

    Les recours contre Cigéo ne sont pas encore épuisés


Enfin, cette opération a lieu alors que plusieurs procédures judiciaires menacent toujours l’avenir du projet Cigéo. Par exemple, la cession du bois Lejuc à l’Andra, les négligences concernant le potentiel géothermique du sous-sol de Bure, ou le coût annoncé du projet (voir la liste des procédures dans l’encadré ci-dessous).


Les opérations de jeudi matin ont même ravivé l’énergie des avocats des opposants, qui ont lancé, et vont continuer de lancer, de nouvelles procédures. Outre la plainte pour violation de domicile dont nous vous parlions ci-dessus, l’association réseau Sortir du nucléaire va contester dès aujourd’hui, vendredi 23 février, l’ordonnance ayant servi de fondation juridique aux expulsions, ou encore le titre de propriété de l’Andra sur le bois Lejuc devant le juge civil (il doit déjà passer devant le juge pénal le 10 avril prochain). Et, afin de souligner que l’Andra elle-même a du mal à respecter le droit, le réseau Sortir du nucléaire compte bien demander une citation directe du directeur général de l’Andra, Pierre-Marie Abadie, devant le tribunal correctionnel de Bar-le-Duc, afin qu’il réponde « personnellement et pénalement » d’infractions que le réseau reproche à l’agence : défrichement illégal du bois Lejuc, destruction illégale d’espèces protégées, et construction sans autorisation d’urbanisme d’un mur, toujours dans ce même bois


À fleurets mouchetés, la bataille juridique s’intensifie autant que celle qui se mène sur le terrain. Malgré cette intervention surprise, les opposants estiment avoir encore du temps devant eux. En effet, en juin 2017, une décision de l’Autorité environnementale a contraint l’Andra à reprendre à zéro toutes les procédures pour les travaux dans le bois Lejuc. « Ils doivent faire une étude d’impact et une enquête publique, ils sont très loin de pouvoir légalement faire quoi que ce soit dans ce bois », assure Me Ambroselli. Les « hiboux » peuvent encore espérer quelque répit.


    LES ACTIONS JURIDIQUES 

    TOUJOURS EN COURS CONTRE CIGÉO



° Un recours contre la deuxième délibération du conseil municipal de Mandres-en-Barois cédant le bois Lejuc à l’Andra attend encore d’être jugé sur le fond ;


° le recours reprochant à l’Andra d’avoir négligé le potentiel géothermique de Bure doit passer devant la Cour de cassation (or, aucun projet d’enfouissement de déchets radioactifs ne doit être fait sur un site pouvant susciter un intérêt pour la géothermie) ;


° le recours contre l’arrêté pris par Ségolène Royal fixant un coût pour Cigéo inférieur à ce qu’a calculé la Cour des comptes est également en attente d’une audience ;


° les recours contre l’arrêté préfectoral actant le changement de propriétaire du bois Lejuc attendent encore une décision de justice ;


° les recours contestant le fait que le bois Lejuc ait été remis par l’Andra dans le régime forestier courent encore ;


° enfin, une plainte contre l’Andra pour défrichement illégal, destruction d’espèces protégées et construction d’un mur sans autorisation d’urbanisme doit aussi être instruite.



Marie Astier - Reporterre


Evacuation à Bure: le coup de force met fin au dialogue


Le bois Lejuc est réoccupé par quelques dizaines de personnes vendredi matin, 24 heures après son évacuation par 500 gendarmes. L'expulsion des opposant·e·s au projet d’enfouissement de déchets nucléaires suscite l’indignation des associations locales anti-Cigéo, des écologistes et d’une partie de la gauche.


A peine 24 heures après une vaste opération d'évacuation, le bois Lejuc, proche du village de Bure (Meuse) est réoccupé par quelques dizaines de personnes, annonce un militant vendredi matin. L'expulsion la veille d'une quinzaine de personnes par 500 gendarmes était «  une vaste opération politique et médiatique, une mise en scène passant par des images de la préfète paradant devant les barricades détruites, mais le bois n'a jamais cessé d'être occupé, décrit cet opposant au centre d'enfouissement de déchets nucléaires Cigéo. La forêt s'étend sur 220 hectares, ils ne vont pas réussir à la garder. »

Des journalistes se trouvent dans les arbres avec des occupant·e·s, qui racontent leur reprise de la forêt sur leur compte twitter (@ZIRAdies) et sur leur blog Sauvons la forêt sur Mediapart. Ils appellent toutes celles et tous ceux qui le peuvent à converger vers Bure. Un grand nombre de gendarmes est toujours mobilisé sur place. L'intervention policière à Bure commence à ressembler à l'opération César, en 2012, d'évacuation de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, qui s'était soldée par un échec pour les pouvoirs publics devant le grand nombre de personnes qui étaient venues soutenir les zadistes.

L’évacuation forcée du bois Lejuc, occupé depuis un an et demi par des opposant·e·s au projet d’enfouissement de déchets nucléaires Cigéo, pourrait avoir l’effet contraire à celui escompté par le gouvernement. Jeudi matin à l’aube, environ 500 gendarmes ont évacué la quinzaine de personnes qui se trouvaient dans cette forêt proche du village de Bure, à la frontière entre la Meuse et la Haute-Marne.

« Nous ne voulons plus qu'il y ait en France des lieux qui soient des lieux de non-droit, et où donc on puisse s'installer en dehors de toute règle », a déclaré quelques heures plus tard le ministre de l’intérieur, Gérard Collomb, selon qui « il faut bien qu’un jour la loi soit respectée ». Droit dans ses bottes, Sébastien Lecornu, secrétaire d’État auprès du ministère de la transition écologique, en déplacement lui aussi dans la Meuse ce matin-là, a renchéri par un tweet : « Dans un État de droit, les oppositions doivent s’exprimer de manière légale. Depuis ce matin le #BoisLejuc à #Bure est évacué des occupants illégaux. »

Sollicité par Mediapart jeudi matin, le ministère de l’intérieur justifie l’évacuation par un projet d’habitat en dur prévu dans la forêt – une simple cabane, conteste un opposant –, l’accroissement des violences et la rupture du dialogue, selon eux. On peut s’opposer mais dans le respect de l’État de droit, insiste la place Beauvau. L’entourage de Gérard Collomb assure que le secrétaire d’État était prévenu de l’opération, et devrait rencontrer les opposant·e·s agissant dans un cadre légal.

Sauf que l’intervention musclée, suivie d’une intrusion de gendarmes mobiles en tenue anti-émeute dans la maison de la résistance, logement collectif légal appartenant au réseau Sortir du nucléaire et à l’association Bure Zone Libre, a outré les associations légalistes d’opposant·e·s au projet. « S’ils pensent qu’il n’y a pas de lien entre les opposants, ils se trompent !, explique à Mediapart Jean-Marc Fleury, président d’Eodra, l’association des élus contre l’enfouissement des déchets nucléaires, et ancien maire de Varney. Les soi-disant "illégaux" sont avec nous dans la discussion. On se connaît et on s’apprécie. Le bois Lejuc n’est pas une ZAD, c’est une occupation symbolique. Si le ministre pense faire le malin en annonçant avoir évacué 15 ou 16 personnes, demain il y en aura 200 ou 300 à expulser ! Si demain il y a une ZAD à Bure, les pouvoirs publics n’auront qu’à s’en prendre à eux-mêmes. »

Toute légale que soit son association, le président de l’Eodra appelle à réoccuper le bois : « Il faut le reprendre pour montrer notre détermination et empêcher l’Andra d’avancer plus vite que la musique. On y retournera et peut-être qu’on y fera des choses illégales. »

Porte-parole du Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs (Cedra), une association locale historique d’opposant·e·s, Juliette Geoffroy, explique : « On ne peut pas parler de dialogue et de concertation, et en même temps faire usage de la force et de brutalité ! Le gouvernement envoie 500 gendarmes contre 15 personnes dans le bois. Le 20 septembre dernier, c’était 200 gendarmes pour perquisitionner les dix personnes qui se trouvaient dans la maison de la résistance à Bure, c’est innommable. »

Dans un communiqué commun, huit collectifs locaux anti-Cigéo ont joint leurs voix à celles des « hiboux de Bure », nom qu’aiment se donner les occupant·e·s du bois, pour dénoncer « le signal détestable et très inquiétant quant à la conception de la concertation » par le gouvernement. « Est-ce ainsi que se pratique la démocratie ? Visite diplomatique, promesses d’emploi et de développement nucléaire d’un côté, et, simultanément, brutalité et répression aveugles envers une opposition pourtant chaque jour plus confortée ? »


Au total, une personne a été arrêtée jeudi matin, pour avoir lancé un cocktail Molotov en direction des gendarmes, selon la préfecture de la Meuse ; sept personnes ont été placées en garde à vue selon le procureur de la République et une quarantaine de personnes conduites au commissariat pour vérifier leur identité, selon la legal team.

« Elle s’est effondrée avec une majesté incroyable »



« Comment Nicolas Hulot, qui prétendaitqu’on ne pouvait pas imposer un projet comme ça par la force”, compte-t-il justifier cette opération ? a réagi le réseau Sortir du nucléaire, co-propriétaire de la maison de la résistance à Bure. Cette opération de police est profondément révoltante, alors même que les failles techniques de Cigéo sont de notoriété publique : risque d’incendie souterrain, impossibilité d’intervenir et récupérer les déchets en cas d’accident, rejets en surface considérables. »


Des occupant·e·s du bois ont quant à eux interpellé Sébastien Lecornu sur Twitter : « Vous avez réussi à leur faire croire que l'opération de ce matin n'allait pas encore provoquer plus de “troubles” et rendre difficile la réalisation d'un projet qui va concentrer une colère décuplée par ce passage en force à #Bure ? #languedebois dans la #Meuse. « 

Conférence de presse de Sébastien Lecornu, jeudi 22 février (DR).


Les associations locales conviées à rencontrer Sébastien Lecornu vendredi matin ont toutes annulé leur venue : « Pour qu’il y ait concertation, il faut qu’il y ait de la confiance. Or là, il n’y a plus du tout de confiance », explique Jean-Marc Fleury. L’élu estime par ailleurs peu « respectueux » de n’avoir été invité que mercredi soir à rencontrer le secrétaire d’État vendredi matin.


Jeudi, à 18 heures, des dizaines de rassemblements étaient annoncés devant les préfectures pour protester contre l’évacuation de la forêt. Le soir, à Bar-le-Duc, une conférence de presse devait réunir plusieurs associations s’élevant contre le projet de site d'enfouissement. De nombreux appels à soutien ont circulé toute la journée sur les réseaux sociaux : depuis la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, mais aussi la Confédération paysanne ou encore l’amassada, un collectif d’opposant·e·s à l’éolien industriel dans l’Aveyron. « Une fois de plus, le choix du nucléaire est aujourd’hui synonyme de réponse par la force », a dénoncé Greenpeace, qui « condamne toute méthode violente et toute forme de répression des voix d’opposition à de tels projets ».

Pour le sénateur écologiste Ronan Dantec : « Le projet de #bure, c’est d’un coup le déficit de la SNCF sans aucun service rendu si ce n’est cacher la poussière radioactive sous le tapis. » Pour l’eurodéputé Yannick Jadot, « l’urgence, c’est d’expulser #Bure de la liste des lubies du lobby nucléaire ». Députée France insoumise (FI) de Seine-Saint-Denis, Clémentine Autain a jugé « totalement injuste » l’évacuation et appelé à la solidarité « avec ceux qui agissent pour la santé et les biens communs ! ». Pour France nature environnement (FNE) : « Aujourd'hui à Bure, une envie profonde de dialogue, ainsi que l'espoir d'une gouvernance enfin renouvelée, ont été violemment attaqués par les manœuvres d'un Gouvernement qui vient de compromettre la possibilité d'avoir ce vendredi 23 à Bar-le-Duc un échange apaisé et tourné vers les alternatives à l'enfouissement avec les opposants à Cigéo. »

Jeudi après-midi, lors de la séance de questions au gouvernement, la députée FI Mathilde Panot a interpellé Nicolas Hulot, présent dans l’hémicycle au sujet de l’évacuation : « Le libéralisme d’Emmanuel Macron s’exerce contre nos libertés. Votre écologie s’exerce contre les écologistes M. le ministre. » Le ministre de la transition écologique lui a répondu : « Je n’ai pas l’impression d’être fondamentalement en porte-à-faux avec ma conscience. J’aurais préféré ne jamais avoir à traiter ce sujet-là, qu’on n’arrive pas à cette situation-là avec ces déchets ultimes dont personne ne veut. »


Mais une fois cette gêne personnelle formulée, il fait siens les éléments de langage de ses collègues gouvernementaux : « Il faut bien distinguer les oppositions citoyennes, qui sont nécessaires, légitimes, pertinentes et ont montré très souvent que les raisons d’inquiétudes étaient fondées, celles qui sont dans le cadre légal et celles qui sont dans un cadre illégal. »


Le bois Lejuc s’étend sur 221 hectares. Il se trouve à l’aplomb du futur centre d’enfouissement, où l’agence nationale de gestion des déchets radioactifs (l’Andra) veut enfouir 500 mètres sous terre les déchets les plus dangereux du système nucléaire français. C’est là que sont prévues de sortir les cheminées d’aération du site souterrain. Depuis deux ans, l’agence veut donc y conduire des travaux préparatoires, systématiquement bloqués par les anti-Cigéo, par des recours juridiques ou des actions de sabotage.

« Week-end de renforcement de l’occupation »


Cette forêt est au cœur d’une intense bataille politique entre promoteurs et détracteurs de Cigéo. Historiquement, elle appartenait à la commune de Mandres-en-Barrois. Le 2 juillet 2015, le conseil municipal de ce village meusien a accordé tous pouvoirs à son maire, Xavier Levet, pour signer l’acte d’échanges entre le bois communal, le bois Lejuc, et une forêt possédée par l’Andra, le bois de la Caisse. Mais en février 2017, la justice a annulé la délibération approuvant la convention d’échange foncier car le vote avait eu lieu à bulletin secret à la demande du maire (voir ici notre article).

En mai, le conseil municipal a de nouveau voté, à une voix près cette fois-ci, en faveur de la cession du bois Lejuc à l’Andra, dans une mairie interdite d’accès par des barrages policiers. Cette nouvelle délibération fait aujourd’hui l’objet d’un recours au fond, déposé par le réseau Sortir du nucléaire – après le rejet d’un référé. Dans ces conditions, les opposant·e·s considèrent que l’Andra n’est pas propriétaire de la forêt de la discorde. « Le bois n’appartient pas à l’Andra, affirme leur avocat, Étienne Ambroselli. La nouvelle délibération est incapable de régulariser un titre de propriété a posteriori. » Pour l’agence, au contraire, il ne fait pas de doute qu’elle est propriétaire du bois.

Entre les parties, les désaccords atteignent un paroxysme. Jeudi après-midi, l’Andra s’est réjouie d’une opération « importante qui va permettre de retrouver un climat plus apaisé » et annoncé son intention de nettoyer le bois car « il a été très endommagé ». La phrase peut sonner comme une provocation alors que c’est cette même agence qui, en 2016, a défriché une partie du bois, sans en avoir l’autorisation, afin d’y élever un mur de béton de plus d’un kilomètre de long. Avant que la justice ne la condamne à l’abattre et à remettre la forêt en état si elle ne parvenait pas à régulariser sa situation. Elle a finalement obtenu une transaction pénale avec le procureur de la République (voir ici à ce propos). En un an et demi d'occupation, les « hiboux » du bois Lejuc y ont construit quelques cabanes, au sol ou dans les arbres.



Banderole déployée à Poitiers, jeudi 22 février 2018 (DR).


Il semble bien peu probable que l’évacuation du bois Lejuc éteigne la contestation de son usage par l’Andra. Ce dernier continue de faire l’objet de plusieurs recours juridiques : contre la délibération du conseil municipal de Mandres-en-Barrois, contre son retrait du régime forestier, contre son défrichement et contre la transaction pénale après la construction du mur de béton. À la suite des critiques de l’IRSN, les experts de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), l’Andra a annoncé en juillet dernier qu’elle repoussait d’un an, à mi-2019, le dépôt de la demande d'autorisation de construction (DAC) de Cigéo. Au plus tôt, sa construction ne pourrait intervenir qu’en 2022, et son entrée en fonctionnement en 2027 ou 2028.


Par ailleurs, le réseau Sortir du nucléaire annonce jeudi vouloir porter plainte pour violation de domicile après l’intrusion de dizaines de gendarmes dans la maison de la résistance à Bure. En fin d’après-midi, la préfecture de la Meuse déclare avoir évacué tou·te·s les occupant·e·s du bois Lejuc. Mais la légalité de ces expulsions est contestée par les avocats des opposant·e·s. En 2017, la justice avait rendu un jugement d'expulsion à l'encontre du seul occupant déclaré de la forêt, Sven Lindstrom.

Mais les autorités ne l'ont jamais vu et il n'a donc jamais été évacué. L’ordonnance sur requête signifiée aux personnes présentes dans la forêt jeudi matin ne comportait pas leurs noms. Elle ne leur avait pas été présentée auparavant, les empêchant ainsi de se défendre. Pour Jean-Baptiste Eyraud, porte-parole de Droit au logement, cette manière d’agir « ne respecte pas le droit à la défense ». Le DAL dénonce ces pratiques d’expulsions « non contradictoires » et rappelle que seule une décision de justice peut permettre d’enfreindre la trêve hivernale.

La bataille de Bure risque ainsi de s’envenimer dans les prochaine semaines. Un « week-end de renforcement de l’occupation » était prévu sur place début mars. « On n'a pas vraiment de mots pour décrire ce qu’on a ressenti et ce que représente la destruction de ce lieu qu’on a tant aimé », ont témoigné par écrit des occupant·e·s du bois, après la destruction de leur barricade au nord de la forêt. « Quand on est arrivés au niveau de la barricade, vers 9 heures du matin, le dispositif policier était en place, le bulldozer était démarré mais la destruction n’avait pas encore commencé. À notre arrivée, ils ont éteint leur machine et s’en est suivi un long face-à-face entre nous et les flics. Au bout de 20 minutes de ce face-à-face, d’autres véhicules de police sont arrivés en renfort et ils ont remis en route la machine de destruction. Alors, on s’est postés au plus près de la barricade. On ne pouvait rien faire d’autre que de faire face, le cœur serré, sans croire ce qu’on voyait. On n’a pas pu prendre une vidéo de la destruction de la cuisine du Futur, faute de place dans l’appareil photo. Elle s’est effondrée avec une majesté incroyable,  sa boule à facette a tenu le coup. » Sur leur compte Twitter, ils annoncent : « We’ll be back. »
Jade Lindgaard - Médiapart


A Bure, le gouvernement engage la « concertation » avec gendarmes, bulldozers et arrestations




500 gendarmes ont procédé le 22 février à l’évacuation du Bois Lejuc, près de Bure (Meuse), occupé par les opposants à la « grosse poubelle nucléaire », le projet de centre d’enfouissement de déchets radioactifs (Cigéo). Selon les autorités, le bois, qui s’étend sur 220 hectares, serait entièrement évacué de ses habitants – y compris celles et ceux qui occupaient des cabanes aménagées à la cime des grands arbres, parfois situées à 20 mètres de hauteur. Des escadrons de gendarmerie tentent désormais d’empêcher l’accès à la forêt. Néanmoins dans la matinée du 23, le compte twitter des opposants continuait à diffuser des vidéos sur place, et revendiquait la présence de militants « partout dans la forêt », appelant à « converger vers le bois » et à « manifester partout en France ».




Ce 23 février au matin, sept personnes restaient encore en garde à vue suite à cette évacuation, qui s’est aussi soldée par une perquisition improvisée – la deuxième en sept mois – dans la « maison de résistance Bure zone libre », dans le village de Bure. Présent sur place, le procureur de Bar-le-Duc, Olivier Glady, connu des opposants pour ses réquisitions à charge dans les nombreux procès qui ont émaillé la lutte ces derniers mois, a pris prétexte d’obstacles sur une route pour pénétrer dans cette habitation privée devenue centre névralgique de l’organisation collective contre Cigeo.

Les associations locales, dont le réseau Sortir du nucléaire, ont décidé de riposter d’abord sur le terrain judiciaire. Le réseau a annoncé le 22 au soir qu’il portait plainte pour « violation de domicile », étant copropriétaire de la maison de Bure depuis des années. La « maison de la résistance » avait déjà fait l’objet d’une perquisition le 20 septembre... Le bois Lejuc lui-même fait déjà l’objet de nombreux contentieux depuis 2016. Sa propriété est contestée : l’Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra), en charge du projet Cigéo, a cherché à l’acquérir après un « échange » voté par le conseil municipal de la commune voisine de Mandres-en-Barrois. Deux procédures sont en cours, au pénal comme au civil, et une décision est attendue pour le 10 avril prochain.

    État de droit ?


D’autre part, l’ordonnance d’expulsion produite par le procureur ce 22 février est très fragile : elle date en fait du 26 avril 2017, et ses termes n’auraient pas été respectés lors de l’évacuation. Sans oublier le défrichage illégal opéré sur le bois avant l’occupation, sanctionné par un jugement du 1er aout 2016 du TGI de Bar-le-Duc. Le 13 février dernier, devant le même tribunal, deux opposants comparaissaient en correctionnelle pour avoir participé à la destruction, le 14 août 2016, d’un mur en béton, installé par l’Andra pour se « protéger des zadistes ». Le procureur Olivier Glady a réclamé 4 et 5 mois de prison avec sursis – et 300 euros d’amende pour refus de prélèvement ADN.

La fragilité de ces procédures – de l’acquisition du bois à la perquisition d’un domicile privé – tranche avec les déclaration de Sébastien Lecornu, Secrétaire d’État auprès du ministre de la Transition écologique et solidaire (Nicolas Hulot). « L’État de droit est en effet la condition absolue de la concertation et le préalable à une discussion sur le projet. Il ne pourrait en être autrement », a-t-il déclaré à Bar-le-Duc suite à l’évacuation musclée. La visite du ministre sur place se voulait pourtant « apaisante » pour aller rencontrer les acteurs du projet Cigeo et les associations qui s’y opposent, arguments scientifiques (voir ici) et juridiques à l’appui.

    Nicolas Hulot apostrophé


La coordination Stop Cigeo, qui fédère l’action des opposants au projet de l’Andra, a boycotté le rendez-vous, s’étonnant d’avoir pris connaissance du programme de la visite du ministre uniquement par voie de presse, la veille, pour un rendez-vous furtif vendredi matin… « Étiez-vous au courant de cette opération musclée, qui accompagne votre visite de façon si peu glorieuse, crédible, honorable ? », condamne la coordination dans une lettre ouverte diffusée dans l’après midi. « Opération filmée, dont les images passent en boucle sur les médias, preuve que tout était bien anticipé, et que la propagande est plus importante que l’information…Vous ne nous rencontrerez pas demain vendredi, car il ne peut plus être question comme annoncé, de volonté de concertation, ni de reprendre le dialogue dans ce lourd dossier Cigéo », a déclaré Stop Cigeo.

A Paris, le ministre d’État Nicolas Hulot a été apostrophé lors de la séance de questions à l’Assemblée nationale par par une députée de La France insoumise, Mathilde Panot, arborant la photo montrant Nicolas Hulot, avant qu’il soit ministre, pausant parmi les opposants à Cigeo. « Je n’ai pas l’impression d’être en porte-à-faux avec ma conscience. J’aurais préféré ne jamais avoir à traiter ce sujet là, que l’on arrive pas à cette situation avec ces déchets dont personne ne veut », s’est défendu le ministre, avant d’ajouter : « On n’a pas brûlé les étapes à Bure. Rien n’est définitif, rien n’est acté. » En soirée, plus de 70 rassemblements se sont déroulés partout en France en solidarité avec les opposants.

 A relire : A Bure, habitants et paysans refusent que leur territoire devienne une « grande poubelle nucléaire »
Jérôme ThorelBastamag - Photo : ValK


La stupidité autoritaire

 



Force et bêtise : le gouvernement a montré jeudi 22 février deux aspects de son visage. Force brutale, on l’a raconté ici. Mais bêtise, aussi, quand le ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb, explique dans un lapsus : « Nous ne voulions plus qu’un certain nombre de lieux puissent être évacués indûment. » Ou quand l’Andra annonce qu’elle va « nettoyer le bois » — alors qu’elle veut à terme y installer des bouches d’évacuation des gaz radioactifs… Sébastien Lecornu, secrétaire d’État à la Transition écologique, affirme aussi que « la concertation dure depuis 1990 ». On mettra sur le compte de la jeunesse — M. Lecornu est né en 1986 — cette plaisanterie : dès 1987, l’opposition très vive dans tous les sites pressentis en France par les gouvernements de l’époque a fait reculer ceux-ci, et si Bure a été choisi, c’est essentiellement parce que ce territoire peu peuplé paraissait plus faible.

Et en ce qui concerne la concertation à Bure, elle s’exprime par une répression policière continue depuis des mois — qui témoigne d’un État policier bien plus que d’un État de droit — et par le déversement d’argent aux limites de la corruption depuis des années, dans un territoire à qui on veut faire accepter une installation occupant à terme 300 hectares d’entreposage en surface de déchets radioactifs, des galeries souterraines courant sur 300 km, une émission continu de gaz radioactifs, et la consommation d’eau de 500 m3 par jour — sans compter les risques, sur lesquels on va revenir.


La constante référence à « l’État de droit » relève du même registre de la plaisanterie sinistre, alors que presque tous les actes entrepris par le gouvernement ou l’Andra donnent lieu à des contestations juridiques, où les autorités sont régulièrement sanctionnées. On se rappelle aussi que M. Macron, alors ministre de l’Économie, a tenté maintes fois, en 2014 et 2015, de faire passer en douce le projet Cigéo sous forme d’un « cavalier législatif » — le Conseil constitutionnel l’avait alors recalé.

La concertation supposerait que l’on réponde aux questions que posent les élus et les médias libres aux autorités. Mais quand des députés demandent au gouvernement la publication de la carte des sites de déchets nucléaires existant en France ou des informations sur le projet de stockage en piscine à Belleville-sur-Loire, ils ne reçoivent pas de réponse.

    C’est bien M. Macron qui est en cause, et c’est bien de stupidité qu’il s’agit


La stupidité autoritaire : voici donc l’attitude adoptée par M. Macron face au problème lancinant des déchets nucléaires. C’est bien M. Macron qui est en cause, et c’est bien de stupidité qu’il s’agit. Expliquons-nous.

On l’a vu, M. Macron agit depuis des années pour imposer l’enfouissement des déchets nucléaires, si nécessaire à l’industrie nucléaire, dont il reste un vigoureux promoteur. Ne rêve-t-il pas, par exemple, de vendre six réacteurs EPR à l’Inde, où il se rend dans quelques semaines ? Mais pour cela, il est indispensable de faire croire que l’on maîtrise toute la chaîne, dont ce si ennuyeux problème de déchets toxiques pour des centaines de milliers d’années. De surcroît, la question est si importante qu’elle relève in fine de la responsabilité du président de la République.

Mais pourquoi stupide ? Comme beaucoup de gens très intelligents, M. Macron croit pouvoir comprendre tous les problèmes, même ceux dont il ignore l’essentiel. À peu près dénué de culture scientifique, M. Macron fait comme l’immense majorité de la classe dirigeante française, il croit ce que lui disent les « experts » de l’industrie nucléaire. Et donc, il croit ou fait mine de croire — selon l’élément de langage repris par tous les ministres et députés qui s’expriment sur le sujet — qu’il y a « les déchets » et que les enfouir est « la moins pire des solutions ».

L’ennui, c’est que cet apparent bon sens est stupide, et que le répéter revient à entretenir la société dans l’ignorance des enjeux réels.

Il n’y a pas les déchets : il y a plusieurs types de déchets (actinides mineurs, plutonium, Mox, combustible uranium usé, uranium de retraitement), qui chacun pose des problèmes techniques différents. Autrement dit, le système français est si intelligent qu’alors que les autres pays nucléaires ont déjà bien du mal à se dépêtrer d’un seul type de déchets — le combustible uranium usé —, nous en avons cinq sur les bras ! Le comprendre et le dire ferait avancer le débat.

Pourquoi sommes-nous dans ce casse-tête à cinq branches ? Parce que la France nucléariste est si intelligente qu’elle s’obstine dans le retraitement, dont personne d’autre ne veut et qui transforme un type de déchets en cinq types, à un coût faramineux.

La moins pire des solutions ? Allons donc ! Pourquoi ne pas étudier l’entreposage au sec, refaire le point sur la transmutation des déchets, arrêter le retraitement — et puis, bien sûr, sortir du nucléaire, qui continue à produire année après année des dizaines de tonnes de produits hautement radioactifs ?

Il faudrait enfin reconnaître que le projet Cigéo est très loin d’être mûr techniquement, que l’engagement de réversibilité (reprise éventuelle des déchets enfouis) pose des problèmes pour l’instant insolubles à un coût raisonnable, que les déchets bitumés issus de la filière graphite-gaz génèrent un risque d’incendie très préoccupant, que le Mox oblige à reconfigurer la physique du stockage, que le coût et le dimensionnement de tout le projet sont en réalité indéterminés.

En bref : arrêter de produire les déchets, arrêter le retraitement, reconfigurer un éventuel Cigéo, réfléchir aux alternatives — voilà ce qu’un gouvernement responsable et intelligent poserait sur la table.

En reconnaissant que c’est une opposition tenace et réfléchie de femmes et d’hommes de tous horizons qui permet de poser ces questions que les nucléaristes prétendent faire taire par les matraques.

Bure

 

LE vendredi 23, après la journée d’expulsion, le Bois Lejuc est réoccupé. Communiqué commun des différentes composantes de la lutte A LIRE ICI.



Samedi 24 février

Bure : une plate-forme dans les arbres évacuée par les gendarmes



A 14h, une des cabanes a été expulsée. Les occupants sont libres, « fatigués mais vont bien ». Un groupe d’opposants devrait partir de la Maison de la résistance afin d’aller soutenir ceux qui restent dans l’arbre restant. Pour l’expulsion, au moins deux pompiers, trois policiers spécialisés dans la grimpe et six gendarmes seraient présents.
Source : Reporterre

GCO

Les opposant.e.s au grand contournement ouest de Strasbourg ont préparé un comité d’accueil à la filiale de Vinci pour préparer le chantier. Par ailleurs, l’autorité environnementale a rendu un avis pas vraiment favorable au projet. PLUS D’INFOS ICI.

Lundi 26 février


Bure - Maintien du WE 3/4 mars : https://zad.nadir.org/spip.php?article5192

Selon le Syndicat des avocats de France, 

l’opération policière à Bure ne respectait pas le droit

 


Dans un communiqué publié le 24 février, le Syndicat des avocats de France a dénoncé le non-respect du droit par l’action policière menée le 22 février à Bure par le gouvernement. Voici son texte :

« Une fois de plus, les pouvoirs publics choisissent la politique de la criminalisation des oppositions citoyennes alors que la question de l’enfouissement des déchets nucléaires mériterait un débat national d’ampleur eu égard à l’importance et à la complexité des enjeux.

« L’Etat croit pouvoir exécuter une décision d’expulsion de nature civile, en usant d’ordonnances sur requête datant de plus d’un an, sans que les occupants n’aient reçu le moindre commandement de quitter les lieux et sans qu’ils puissent utilement saisir un juge avant l’exécution de cette décision afin de faire entendre leurs arguments et de bénéficier de délais, alors que l’Etat ne justifie d’aucune urgence particulière à expulser maintenant et que les occupants sont parfaitement identifiés.

« Cette stratégie délibérée d’agir par surprise pour éviter l’office du juge est contraire au droit au procès équitable. Elle a déjà été utilisée à Sivens, et déclarée illégale dans un arrêt du 18 avril 2014 de la cour d’appel de Toulouse, comme étant contraire à l’article 6 de la Convention européenne des droits de l’Homme. Les leçons des erreurs commises à Notre-Dame-des-Landes et Sivens n’ont pas été tirées. Une procédure en rétractation de ladite ordonnance sera déposée dans les prochaines heures au TGI de Bar-le-Duc.

« En outre, tout est fait pour empêcher l’exercice des droits de la défense, dans la mesure où les occupants du bois Lejuc, qui ont été arrêtés et placés en garde à vue, sont éparpillés dans plusieurs lieux de privation de liberté. Le SAF s’indigne que des auditions de garde à vue ont eu lieu sans la présence de l’avocat sollicité.

« La maison de la résistance, lieu d’hébergement du réseau local Sortir du nucléaire et des différents collectifs qui luttent contre le projet d’enfouissement des déchets nucléaires, a fait l’objet d’une perquisition sans cadre légal et par la force. Une plainte a été déposée pour violation de domicile.

« Par ailleurs, il convient de préciser que la propriété de l’ANDRA n’est nullement établie à la date d’aujourd’hui. Plusieurs procédures sont en cours à ce sujet. Le respect de l’Etat de droit suppose que ces recours soient examinés avant tout projet d’expulsion, contrairement à ce que déclare le Premier ministre.

« Le SAF dénonce cette opération d’expulsion par la force qui ne respecte ni les droits élémentaires des opposants, ni les procédures ni les concertations sur le terrain entre les différents acteurs. »


Lyon-Turin : 

une infographie pour tout savoir, en dates et en chiffres, 

de ce projet discuté



Laurent Wauquiez visite le chantier du Lyon-Turin ce lundi 26 février. L’occasion de faire le point sur un projet hyper-coûteux et à l’utilité très discutable. En chiffres et en dates, une infographie pour comprendre le débat sur cette ligne ferroviaire.

Sous les Alpes, « Frederica » creuse, patauge, s’enraille dans la roche. Depuis octobre 2016, ce tunnelier de 138 mètres de long et 11,3 mètres de diamètre perce un tunnel de 57 kilomètres pour joindre la France à l’Italie. L’objectif ? Rapprocher Paris de Milan grâce à une ligne à grande vitesse, désengorger les routes savoyardes des camions de marchandises, et améliorer les échanges économiques transalpins. Mais, 27 ans après son lancement, le projet Lyon-Turin est encore au cœur d’une guerre des chiffres entre opposants et partisans.

Le 7 février dernier, trois recours ont été déposés contre le décret prorogeant pour cinq ans la déclaration d’utilité publique (DUP) de la liaison ferroviaire Lyon-Turin. Le premier a été adressé au Conseil d’État par Vivre et agir en Maurienne, les deux autres sont des recours gracieux envoyés au Premier ministre et au ministère de la Transition écologique et solidaire par l’association les Amis de la Terre et une coordination d’opposants au projet. Tous dénoncent le fait que la DUP du Lyon-Turin, établie en décembre 2007, ne correspond plus au projet actuel, et qu’une nouvelle enquête publique doit être menée. Et pour cause : les divergences entre les prévisions de la DUP et les calculs des opposants sont nombreux.

La construction du tunnel est évaluée à 8,6 milliards d’euros, auxquels il faut ajouter le coût de construction de trois autres tunnels sur le trajet Lyon-Chambéry jusqu’au tunnel transfrontalier. Il faut aussi compter avec la construction de la gare internationale de Saint-Jean-de-Maurienne. Soit un total d’un peu plus de 16 milliards d’euros selon la DUP de 2007. Mais la Cours des comptes estimait en 2012 le coût total du projet à 26 milliards d’euros, si ce n’est plus. L’addition serait partagée à 40 % par l’Europe, 35 % par l’Italie et 25 % pour la France… Et par les voyageurs : il est envisagé d’augmenter le prix des péages et des billets pour financer une partie des travaux.

    Trafic transfrontalier au point mort


Le nouveau réseau est destiné à 80 % au transport de fret afin de désengorger les vallées en Savoie et de réduire la pollution émise par les poids lourds. Selon les données récoltées par Daniel Ibanez, économiste et opposant au projet, 80 % de la pollution actuelle dans la région est émise par les automobiles, 15 % par les transports régionaux, et seulement 5 % par les camions transfrontaliers. Un calcul auquel s’ajoute la question des trafics entre la France et l’Italie : si les pro-Lyon-Turin défendent l’idée que la ligne permettrait de fluidifier les échanges entre les frontières et d’augmenter leur volume, ils stagnent pourtant depuis longtemps. « On s’aperçoit aujourd’hui que les prévisions faites en 2006 pour justifier l’utilité publique pour 2017 ne se sont pas réalisées. En 2017, sur les 2.772.000 camions prévus, il n’en est passé que 1.062.000, explique Daniel Ibanez. 16 millions de tonnes de marchandises étaient prévues sur le rail, il en circule actuellement 3 millions et demi. Fatalement, la ligne existante n’est pas saturée. Il y a plus de 20 moyens que nous soulevons dans les recours pour montrer que la situation est substantiellement différente, et qu’on ne peut pas proroger une utilité publique si tout a changé. »

La question des temps de trajet est également disputée. Aujourd’hui, il faut sept heures de voyage pour relier Paris et Milan en train. Le Comité pour la liaison européenne Transalpine prévoit de raccourcir cette course à quatre heures. Mais l’estimation est jugée « à la louche » par les opposants, qui ont calculé que la nouvelle liaison se ferait en 5 h 25, à condition que le train ne marque aucun arrêt. Soit un gain réel de seulement 1 h 35 au lieu de 3 heures.

Pas de quoi inquiéter « Frederica », qui continue de creuser… Quand elle le peut. Arrêté pour maintenance pour le second hiver d’affilé, le tunnelier est à la peine. Si la date de mise en service du réseau est toujours fixée à 2030, le retard qui s’accumule nous éloigne chaque année du bout du tunnel Lyon-Turin.

(NDA : pour voir l’infographie, article sur Reporterre )


Landivisiau :

News, appel à soutiens et communiqués de l’association "Landivisiau doit dire non à la centrale" : http://www.nonalacentrale-landivisiau.fr/

GCO : ZAD du moulin :
Flash infos de la Zad du Moulin : appels à soutien face aux travaux en cours. MOBILISATION - BESOIN DE RENFORTS : Nous renouvelons notre appel à venir renforcer les défenses sur le terrain... sur la zad du moulin, au vergé ou au spot. Nous rappelons que rien n’est plié. http://zaddumoulin.fr/flash-infos-26-02-2018-alerte

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