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vendredi 5 mai 2017

"Comment tout peut s'effondrer de Pablo Servigne et Raphaël Stevens : extraits

On a reçu ça :

Salut les aminches

Constatant qu’il existe une sélection restreinte concernant un bouquin que j’ai trouvé intéressant – Comment tout peut s’effondrer -, je vous en fais part.
Publication avec l’autorisation de Pablo Servigne.
 
Comment tout peut s’effondrer – extraits 26 nov. 2015
Pablo Servigne et Raphaël Stevens – Seuil – Avril 2015


Ces extraits, courts, n’ont pas laissé de place pour d’autres, trop longs, notamment en pages 16, 32, 35, 46, 55, 75, 79, 81, 86, 63, 64, 69, 137, 170, 171, 184, 215, 217, 223, 225, 232, 233, 238, 241, 250, que j’avais sélectionnés, et ailleurs encore.


p. 10 En 2010 l’armée allemande, la Bundeswehr*, écrivait dans un rapport rendu public : « Il existe une certaine probabilité pour que le pic pétrolier se produise aux alentours de l’année 2010, et qu’il ait des conséquences sur la sécurité dans un délai de 15 à 30 ans. (…) À moyen terme, le système économique global ainsi que chaque économie de marché nationale pourraient s’effondrer. » (*prononcer Boundeussverre)


« Selon les scientifiques, il existe un large consensus sur deux traits communs aux civilisations qui se sont effondrées : elles souffraient toutes d’un orgueil démesuré et d’un excès de confiance en elles. Elles étaient convaincues de leur capacité inébranlable à relever tous les défis qui se présenteraient à elles et estimaient que les signes croissants de leur faiblesse pouvaient être ignorés en raison de leur caractère pessimiste. »

Jeremy Grantham, 2013, investisseur, cofondateur du Grantham Mayo van Otterloo (GMO), l’un des plus grands gestionnaires de fonds de la planète.


p. 11 « Les systèmes tiennent souvent plus longtemps qu’on ne le pense, mais finissent par s’effondrer beaucoup plus vite qu’on ne l’imagine. »
Ken Rogoff, 2012, ancien économiste du Fonds monétaire international.


p.16 Les publications scientifiques qui envisagent des évolutions catastrophiques globales et une probabilité croissante d’effondrement se font de plus en plus nombreuses et étayées.
Les comptes-rendus de l’Académie des sciences de Grande-Bretagne ont publié un article de Paul et Anne Ehrlich à ce sujet en 2013, laissant peu de doutes sur l’issue…


Les conséquences des changements environnementaux planétaires que l’on estimait plausibles pour la seconde moitié du XXIe siècle se manifestent aujourd’hui très concrètement, à la lumière de chiffres de plus en plus précis et accablants.


Le climat s’emballe, la biodiversité s’effondre, la pollution s’immisce partout et devient persistante, l’économie - capitaliste - risque un arrêt cardiaque à chaque instant, les tensions sociales et géopolitiques se multiplient…


il n’est plus rare de voir des décideurs au plus haut niveau et des rapports officiels de grandes institutions (Banque mondiale, armées, GIEC, banques d’affaires, ONG etc.) évoquer la possibilité d’un effondrement, ou de ce que le prince Charles appelle un « acte de suicide à grande échelle ».


p. 22 Le sujet de l’effondrement (…) est un énorme choc qui dézingue les rêves. Au cours de ces années de recherches, nous avons été submergés par des vagues d’anxiété, de colère et de profonde tristesse, avant de ressentir, très progressivement, une certaine acceptation, et même, parfois, de l’espoir et de la joie.


p. 23 …commencer à comprendre puis à croire en la possibilité d’un effondrement revient finalement à renoncer à l’avenir que nous nous étions imaginé, (…) à accepter de voir mourir un avenir qui nous était cher et qui nous rassurait, aussi irrationnel soit-il. Quel arrachement !


Nous avons également la désagréable expérience de voir la colère d’un proche se projeter et se cristalliser sur nous. C’est un phénomène bien connu : pour faire disparaître la mauvaise nouvelle, on préfère tuer le messager, les Cassandre et les lanceurs d’alerte.


p. 26 Quelles politiques envisager, non pas pour éviter cette éventualité, mais pour la traverser le plus « humainement » possible ? Peut-on s’effondrer en étant conscient de ce qui se passe ? Est-ce si grave ?


p. 42 …pour maintenir notre civilisation en état de marche, il faut sans cesse augmenter notre consommation et notre production d’énergie. Or, nous arrivons à un pic.


p. 44 Dans les années 1960, pour chaque baril consommé, l’industrie en découvrait six. Aujourd’hui, avec une technologie de plus en plus performante, le monde consomme sept barils pour chaque baril découvert.


p. 45 …un consensus est en train de naître sur le fait que l’ère du pétrole facilement accessible est révolue et que nous entrons dans une nouvelle époque.


p. 45 Pour certains observateurs optimistes, les estimations concluant à un « pic » seraient basées sur des quantités maximales extractibles bien trop alarmistes.


Un groupe de chercheurs s’est donc penché sur cette controverse en comparant un éventail de scénarios allant des plus optimistes aux plus pessimistes.


Résultat publié en 2014, seuls les scénarios considérés comme pessimistes collent aux données réelles observées sur les onze dernières années.


p. 47 (A propos des ressources utilisant la fracturation hydraulique) …pour éviter la faillite, les compagnies doivent forer toujours plus de puits et envisager toujours plus de dettes, à la fois pour compenser le déclin des puits déjà exploités et pour continuer à augmenter leurs productions qui serviront à rembourser leurs dettes croissantes.


Une course contre la montre dont on connaît déjà l’issue…


p. 48 (Pour les gaz de schiste et dans un rapport paru en 2014) selon l’administration Obama, cet édifice ne tiendra que quelques années après avoir atteint son plafond en 2016.


p. 49 ENR Dans une étude parue en 2010, parmi les probabilités élevées pour que des ressources se retrouvent en situation de pénurie avant 2030, on retrouve l’argent, indispensable à la fabrication d’éoliennes, l’indium composant incontournable pour certaines cellules photovoltaïques, ou le lithium que l’on retrouve dans les batteries.


p. 50 En résumé, on peut s’attendre à un déclin imminent de la disponibilité en énergies fossiles et en matériaux qui alimentent la civilisation industrielle.


p. 54 : En résumé, les énergies renouvelables n’ont pas assez de puissance pour compenser le déclin des énergies fossiles, et il n’y a pas assez d’énergies fossiles (et de minerais) pour développer massivement les énergies renouvelables de façon à compenser le déclin annoncé des énergies fossiles.


Ils poursuivent : Comme le résume Gail Tverberg, actuaire et spécialiste de l’économie de l’énergie, « on nous dit que les renouvelables vont nous sauver mais c’est un mensonge. L’éolien et le solaire photovoltaïque font autant partie du système basé sur les énergies fossiles que n’importe quelle autre source d’énergie. »


p. 59 … en contexte de pic, il n’est plus possible d’extraire des quantités significatives d’énergies fossiles sans une quantité toujours croissante de dettes. (Et pour Gail Tverberg, devenue experte dans l’analyse de l’axe énergético-financier,) le problème auquel nous faisons face maintenant est qu’une fois que le coût des ressources devient trop élevé, le système basé sur la dette ne fonctionne plus.


p. 61 Le plus urgent des facteurs limitants pour l’avenir de la production pétrolière n’est pas la quantité de réserves restantes ou le taux de retour énergétique comme le pensent de nombreuses personnes, mais bien « le temps que notre système économique interconnecté peut encore tenir ». (Gail Tverberg)


p. 62 (Selon Jereny Legett, ancien géologue pétrolier et conseiller énergétique du gouvernement britannique), cinq risques systémiques mondiaux liés directement à l’énergie menacent la stabilité de l’économie mondiale : l’épuisement du pétrole, les émissions de carbone, la valeur financière des réserves d’énergies fossiles, les gaz de schiste et le secteur financier. « un choc impliquant un seul de ces secteurs serait capable de déclencher un tsunami de problèmes économiques et sociaux.(…) » Nous vivons donc probablement les derniers toussotements du moteur de notre civilisation industrielle avant son extinction.


p. 75 … même avec un arrêt total et immédiat des émissions de gaz à effet de serre, le climat continuerait à se réchauffer pendant plusieurs décennies.


p. 77 Une estimation de 2014 montre que le taux de disparition des espèces est aujourd’hui au moins 1000 fois plus élevé que la moyenne géologique relevée sur les fossiles et qu’il est en forte et constante augmentation.


p. 78 … l’effondrement des populations de certains pollinisateurs peut provoquer un effondrement généralisé de tous les pollinisateurs d’un écosystème et donc perturber gravement les plantes qui en dépendent, c’est-à-dire les rendements agricoles.


p. 80 … le déclin en cours de l’entomofaune relève d’un effondrement brutal.


p. 81 … la société ne reconnaît pas encore le déclin de la biodiversité comme un facteur majeur de changement global, au même titre que d’autre « crises » qui mobilisent la communauté internationale, comme le réchauffement climatique, la pollution, le trou dans la couche d’ozone ou l’acidification des océans.


p. 82 L’idée, pourtant simple, que la diversité est indispensable à la stabilité des écosystèmes (c’est le b.a.-ba de l’écologie scientifique) est apparemment encore absente de la plupart des cerveaux des élites politiques et économiques…


p. 83 Au cours du XXe siècle, malgré une population mondiale qui a quadruplé, l’être humain a « seulement » doublé la quantité de biomasse qu’il prélève sur les écosystèmes. Cet « effet retard », qui a préservé bon nombre de forêts, n’est dû qu’à la consommation massive d’énergies fossiles.

(…)
(à l’avenir) le bois servira probablement aussi à maintenir un semblant d’activité industrielle, sachant qu’il faut environ 50m3 de bois pour fondre 1 tonne de fer, soit une année de production soutenable de 10 hectares de forêt.

Raphaël Stevens à gauche et Pablo Servigne à droite

p. 88 … la perturbation (le climat par exemple) provoque des bousculements sur les autres (la biodiversité, les cycles naturels, l’économie, etc.) qui en retour en bousculent d’autres dans un immense effet domino que personne ne maîtrise et que personne ne voit.

… la grande machine industrielle, remarquablement efficace, est paradoxalement de plus en plus vulnérable à mesure qu’elle grandit et qu’elle gagne en puissance.


p. 88 Prenez l’image d’un interrupteur sur lequel on exerce une pression croissante : au début il ne bouge pas, augmentez et maintenez la pression, il ne bouge toujours pas, et à moment donné, clic ! Il bascule vers un état totalement différent de l’état initial.

Juste avant le déclic, on sentait que l’interrupteur sous pression était prêt à céder, mais on ne pouvait pas en prévoir le moment exact.


p. 90 En 2008, une équipe de climatologues a recensé 14 « éléments de basculement climatiques » (…) (le permafrost de Sibérie, les courants océaniques atlantiques, la forêt amazonienne, les calottes glaciaires, etc.) (…) chacun d’eux est capable – à lui seul – d’accélérer le changement climatique de manière catastrophique… et en plus de déclencher les autres !


p. 91 à l’approche d’un point de rupture, il suffit d’une petite perturbation, d’une goutte d’eau, pour que certaines boucles changent de nature et entraînent l’ensemble du système dans un chaos imprévisible et bien souvent irréversible.


p. 92 (Les auteurs d’une étude retentissante de la revue Nature publiée en 2009 et mise à jour en 2015) réunissent un faisceau d’indices montrant que nous, les humains, avons la capacité de bouleverser radicalement et rapidement l’ensemble du système-Terre et que nous en avons pris le chemin.


p. 101 (Notre société est verrouillée.) Cependant, certains verrouillages finissent un jour ou l’autre par sauter. En fait, ils ne font que retarder les transitions.

Le problème aujourd’hui est que nous ne pouvons plus nous permettre d’attendre, et que les verrouillages sont devenus gigantesques.


p. 102 (Avec des ressources plus rares et plus coûteuses à extraire en énergie), le métabolisme de la société atteint un seuil de rendements décroissants qui la rend de plus en plus vulnérable à l’effondrement.


p. 104 …pour espérer survivre, notre civilisation doit lutter contre les sources de sa puissance et de sa stabilité, c’est-à-dire se tirer une balle dans le pied !


p. 104 … nous avons besoin de croissance pour continuer à rembourser les crédits, à payer des pensions, ou même à empêcher la montée du chômage.

En fait, aucune de nos institutions n’est adaptée à un monde sans croissance, car elles ont été conçues pour et par la croissance.


p. 105 Si nous sommes privés de croissance pendant trop longtemps, le système économique implose sous des montagnes de dettes qui ne seront jamais remboursées.


p. 121 (Selon David Korowicz, spécialiste des risques systémiques,) une rupture dans le système financier, les chaînes d’approvisionnement ou les infrastructures peut se propager à l’ensemble de l’économie mondiale et provoquer son effondrement et l’étincelle pourrait venir du pic pétrolier (…) ou d’un déséquilibre global du système financier.

Dans les deux cas, l’effondrement économique global passerait par une phase de perte de confiance généralisée, elle-même causée par l’insolvabilité des États et des banques.

p. 122 … lorsqu’un système devient hautement complexe, les individus deviennent importants (et irremplaçables).


p. 125 (à l’inverse des populations essentiellement paysannes qui ont résisté au Moyen-Age à la peste qui a décimé 1/3 de la population européenne,) dans nos sociétés, très peu de gens savent aujourd’hui survivre sans supermarché, sans carte de crédit ou sans station-service.

Lorsqu’une population devient « hors-sol », (…) elle devient entièrement dépendante de la structure artificielle qui la maintient dans cet état. Si cette structure, de plus en plus puissante mais vulnérable, s’écroule, c’est la survie de l’ensemble de la population qui pourrait ne plus être assurée.


p. 127 Soit on dit les choses telles qu’elles sont, sans détour, mais alors on court le risque d’être d’oiseau de mauvais augure (et on perd toute crédibilité aux yeux de certains), soit on dit les choses de manière édulcorée en évitant les chiffres trop durs (à propos du climat ou de tout autre désastre environnemental) et on court le risque d’être relégué au dernier plan des priorités politiques parce que la situation n’est pas encore jugée trop grave.


p. 129 Conclusion ? Aujourd’hui nous sommes sûrs de 4 choses :

1. la croissance physique de nos sociétés va s’arrêter dans un futur proche ;

2. nous avons altéré l’ensemble du système-Terre de manière irréversible (…) ;

3. nous allons vers un avenir très instable (…) ;

et 4. nous pouvons désormais être soumis potentiellement à des effondrements systémiques globaux.


p. 131 ... il y a rarement de « solutions » techniques qui n’aggravent pas la situation en consommant toujours plus d’énergie et de métaux.

p. 131 Le tableau est devenu évident, massif et étouffant.


p. 143 (/ principe de précaution) « ... s’il faut prévenir la catastrophe, on a besoin de croire en sa possibilité avant qu’elle ne se produise. » Ce nœud est pour Jean-Pierre Dupuy le principal obstacle à une politique de la catastrophe.

Pour lui, les menaces grandissantes ne sont pas à prendre comme des fatalités ou des risques, mais comme des certitudes.


p. 144 L’effondrement est certain, et c’est pour cela qu’il n’est pas tragique. Car en disant cela, nous venons d’ouvrir la possibilité d’éviter qu’il ait des conséquences catastrophiques.


p. 144 … si on annonce trop tôt un effondrement (…), et avec trop d’autorité, par exemple à travers la voix d’un discours officiel d’un chef d’État, il est alors possible de déclencher une panique des marchés ou des populations et de causer par anticipation ce que l’on souhaitait justement différer.

L’autoréalisation pose donc la question stratégique suivante : peut-on s’y préparer tous ensemble sans le déclencher ?


p. 166 … les effondrements observés dans l’histoire ont été permis par des élites qui semblaient ne pas prendre conscience de la trajectoire catastrophique de leur société.


p. 167 Aujourd’hui (…) des cris d’alarme toujours plus perçants s’élèvent régulièrement dans le ciel médiatique.(…) Or, depuis les années 1970, (…) le message est sensiblement le même, à un détail près, les verbes ne sont plus conjugués au futur mais au présent.


p. 168 (Le rapport du Club de Rome de 1972 disait ceci : (…) un effondrement aura très probablement lieu durant la première moitié du XXIe siècle.

(Leur scénario prévoyait qu’) entre 2015 et 2025, l’économie et la production agricole décrochent et s’effondrent totalement avant la fin du siècle, à un rythme plus rapide que la croissance exponentielle qui a suivi la Seconde Guerre mondiale.


p. 171 Le modèle (du rapport Meadows) a non seulement résisté aux innombrables et violentes critiques qui lui ont été adressées depuis le début, mais a même été corroboré par 40 ans de faits.


p. 172 Il est impossible d’avancer une date avec précision, mais ce qui est certain, c’est que chaque année qui passe réduit significativement notre marge de manœuvre.


p. 184 … les groupes humains subissent des catastrophes pour plusieurs raisons : parce qu’ils n’arrivent pas à les anticiper, parce qu’ils n’en perçoivent pas les causes, parce qu’ils échouent dans leurs tentatives de « résolution de problèmes », ou simplement parce qu’il n’y a pas de « solutions » adaptées dans l’état de leurs connaissance.

En fait, ce fameux cinquième facteur accentue la vulnérabilité d’une société – son manque de résilience.


p. 184 -187 L’archéologue et géographe Karl W. Butzer a proposé une nouvelle classification, distinguant les « préconditions » d’un effondrement – ce qui rend la société vulnérable, des « déclencheurs » – les chocs qui peuvent la déstabiliser.

Notre situation diffère des précédentes (…) par la simultanéité de plusieurs « préconditions » et de nombreux « déclencheurs » potentiels ; et, enfin, sur de possibles interactions et autorenforcements entre tous ces facteurs.


p. 206 En Belgique, par exemple, quatrième pays le plus dense du monde, avec 9 habitants par hectare de terre arable, on peut se demander comment se nourrira la population si le système alimentaire s’effondre avant que ne soient mis en place des systèmes agroécologiques résilients et productifs.


p. 208 Même si les causes premières sont le manque de ressources, les déplacements de populations, les famines, les maladies ou les événements climatiques extrêmes, les conflits armés peuvent prendre les apparats de conflits religieux ou de guerres de convictions.


p. 209 Les habitants des pays riches s’habitueront (…) très probablement à des politiques de plus en plus agressives envers les migrants ou envers d’autres États, mais surtout ressentiront de moins en moins cette injustice que ressentent les populations touchées par les catastrophes.


p. 211 Après une catastrophe (…) la plupart des humains montrent des comportements extraordinairement altruistes, calmes et posés. (…) Aussi surprenant que cela puisse paraître, l’image d’un être humain égoïste et paniqué en temps de catastrophe n’est pas du tout corroborée par les faits.


Et 214 … à l’épicentre d’une catastrophe ponctuelle qui ne s’annonce pas, les humains possèdent cette capacité insoupçonnée, ce qui est déjà considérable en soi.


p. 221 Les mythes nous empêchent aussi de voir la réalité des catastrophes. L’obsession de la croissance économique dans nos sociétés modernes est extrêmement puissante.


p.222 Jean-Pierre Dupuis, Pour un catastrophisme éclairé, 2002, p. 142 : « Nous tenons la catastrophe pour impossible dans le même temps où les données dont nous disposons nous la font tenir pour vraisemblable et même certaine ou quasi certaine. […] Ce n’est pas l’incertitude, scientifique ou non, qui est l’obstacle, c’est l’impossibilité de croire que le pire va arriver.»

Autrement dit, l’accumulation de données scientifiques est nécessaire, mais n’est pas suffisante pour traiter pleinement la question de l’effondrement.


p. 227 Soit on dit les choses telles qu’elles sont, sans détour, mais alors on court le risque d’être taxé d’oiseau de mauvais augure (et on perd toute crédibilité aux yeux de certains), soit on dit les choses de manière édulcorée en évitant les chiffres trop durs (à propos du climat ou de tout autre désastre environnemental) et on court le risque d’être relégué au dernier plan des priorités politiques parce la situation n’est pas encore jugée trop grave.

En fait, des expériences en psychologie sociale ont montré que, pour que les gens prennent au sérieux une menace, il était nécessaire qu’ils soient bien informés de la situation et qu’ils disposent d’alternatives crédibles.

(…) L’information la plus complète possible sur les catastrophes est donc l’une des conditions pour favoriser un passage à l’action.


p. 236 En général, les êtres humains ne croient à l’éventualité d’une catastrophe qu’une fois celle-ci advenue, c’est-à-dire trop tard.


p. 239 (/ silence médiatico-politique) … aussitôt qu’un Premier ministre déclarera qu’il prépare le pays à un effondrement, les cours de la Bourse et les populations réagiront avec une certaine nervosité… causant des troubles qui ne feront que précipiter ce qu’il était justement en train d’anticiper.


p. 241 Les transitionneurs n’attendent pas les gouvernements, ils inventent dès à présent des manières de vivre cet effondrement de manière non tragique. Ils ne sont pas dans l’attente du pire, mais dans la construction du meilleur.


p. 249 Personne ne peut connaître le calendrier exact des enchaînements qui transformeront un ensemble de catastrophes en effondrement, mais il est plausible que cet enchaînement soit réservé aux générations présentes.


p. 250 (Intro?) Être catastrophiste, pour nous, c’est simplement éviter une posture de déni et prendre acte des catastrophes qui sont en train d’avoir lieu.


p. 251 (Cascade) Le réchauffement climatique et les effondrements de biodiversité, à eux seuls, annoncent des ruptures de systèmes alimentaires, sociaux, commerciaux ou de santé, c’est-à-dire concrètement des déplacements de populations, des conflits armés, des épidémies et des famines.


p. 251 Aujourd’hui, la mondialisation a créé des risques systémiques globaux et c’est la première fois que la possibilité d’un effondrement à très grande échelle, presque globale, est devenus envisageable.


p. 252 L’utopie a soudainement changé de camp : est utopiste aujourd’hui celui qui croit que tout peut continuer comme avant. Le réalisme, au contraire, consiste à mettre toute l’énergie qui nous reste dans une transition rapide et radicale, dans la construction de résilience locale, qu’elle soit territoriale ou humaine.


p. 253 … alors que, pour Hans Jonas, « la prophétie de malheur est faite pour éviter qu’elle ne se réalise », nous faisons un pas de plus en constatant, 35 ans après, qu’il sera très difficile de l’éviter, et que nous pouvons seulement tenter d’en atténuer certains effets.


p. 253 L’économiste britannique William Stanley Jevons résumait très bien en 1866 cette question du charbon, qui peut s’appliquer à toutes les énergies fossiles, à « un choix historique entre une brève grandeur et une plus longue médiocrité ».


p. 255 … nous sommes nombreux sur Terre, avec un climat agressif et imprévisible, des écosystèmes détruits et pollués (…), et une diversité biologique et culturelle exsangue. S’il n’y a pas de sursaut collectif anticipé, il est donc possible que, dans le grand silence du monde postindustriel, nous revenions à une situation bien plus précaire qu’au Moyen Âge. Et dans ce cas, ce seraient paradoxalement les partisans de la croissance effrénée qui nous auront tous fait revenir à l’âge de pierre ».


p.256 Nous réinventerons des moyens de faire la fête, des moyens d’être présents au monde et à soi, aux autres et aux êtres qui nous entourent (…) Il est temps de passer à l’âge adulte.


www.collapsologie.fr




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